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Investissements et croissance économique. Cas des secteurs de l’énergie et de l’eau au Bénin.


par Mahougnon Raymonde Marie Claire HOUANGNI
Ecole nationale d'économie appliquée et de management - Diplôme d'Ingénieur Statisticien Economiste 2017
  

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2.1.1.2. Théorie de la croissance

Depuis Adam Smith et sa « richesse des nations », la croissance occupe l'esprit de nombreux économistes. De nos jours, deux (02) analyses tendent à être privilégiées :

§ la première et la plus ancienne repose sur le modèle néo-classique développé par Ramsey22(*) (1928), Solow23(*) (1956), Swan24(*) (1956), Cass25(*) (1965) et Koopmans26(*) (1965) ; avec Solow (Prix Nobel 1987), la figure pensante. Cette théorie des années 60, a été enrichie durant les années 80 afin de tenir compte d'un certain nombre de critiques ;

§ la seconde, la croissance endogène, semblerait ouvrir de nouvelles perspectives.

2.1.1.2.1. Analyse néoclassique de la croissance : modèle de Solow

A la suite d'une réflexion critique sur le modèle keynésien de croissance développé par Harrod et Domar (HD)27(*), Robert Solow a construit un modèle qui s'inscrit ainsi dans une perspective néo-classique et est à la base des théories de la croissance endogène apparues dans les années 1980.

Le modèle HD distingue trois (03) taux de croissance différents : (i) le taux de croissance naturel (taux de croissance de la population active, exogène), (ii) le taux de croissance effective (taux de croissance observé) et (iii) le taux de croissance garanti (celui qui assure l'équilibre sur le marché des biens). La stabilité de la croissance est garantie par l'égalité entre le taux de croissance effective et le taux de croissance garanti; ce qui est rarement le cas, même sur le long terme. Le modèle HD décrit donc une croissance fondamentalement instable qualifiée d'être sur le « fil du rasoir », (ou encore en anglais « on a knife-edge of equilibrium growth »). C'est sur ce résultat que Solow va formuler sa principale critique à l'encontre du modèle HD.

Pour remédier à l'opposition entre taux de croissance naturel et taux de croissance garanti, Solow se débarrasse du postulat des proportions fixes, c'est-à-dire de la non-substituabilité des facteurs de production capital et travail. Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que les facteurs de production connaissent séparément des rendements décroissants : une même augmentation du volume d'un des facteurs de production répétée plusieurs fois entraîne une augmentation de moins en moins grande de la production. Par contre, les rendements d'échelle sont supposés constants. Il pose également comme hypothèse que les facteurs de production sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En posant que la population connaît un taux de croissance qu'il qualifie de « naturel » (non influencé par l'économie), le modèle déduit trois (03) prédictions :

§ augmenter la quantité de capital (c'est-à-dire investir) aura pour effet d'augmenter la croissance : en effet, avec un capital plus important, la main d'oeuvre augmente sa productivité apparente ;

§ les pays pauvres auront un taux de croissance plus élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins de capital, et connaissent donc des rendements plus faiblement décroissants, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays riches ;

§ en raison des rendements décroissants des facteurs de production, les économies vont atteindre un point où toute augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note toutefois que cette troisième prédiction est irréaliste : en fait, les économies n'atteignent jamais ce stade, en raison du progrès technique qui accroît la productivité des facteurs. Autrement dit, pour Solow, sur le long terme, la croissance provient du progrès technique. Toutefois, ce progrès technique est exogène au modèle, c'est-à-dire qu'il ne l'explique pas mais le considère comme donné (telle une « manne tombée du ciel »).

Ce modèle, développé dans un environnement de concurrence pure et parfaite, utilise une fonction de production néo-classique à rendements factoriels décroissants et à rendements d'échelle constants avec substituabilité des facteurs de production28(*) On se situe en économie fermée dans laquelle l'entreprise produit un bien unique à partir de la combinaison de trois (03) facteurs : le travail (L), le capital (K) et les connaissances (A), c'est-à-dire l'efficacité du facteur travail ou encore le progrès technique. Le modèle postule en outre que les niveaux initiaux du capital, du travail et du progrès technique sont fixés, et que L et A croissent à un taux exogène constant.

Partant de ces hypothèses, le modèle de croissance néo-classique implique l'épuisement à terme de la croissance du capital par tête et par conséquent celle de la croissance du revenu par tête. Un épuisement qui s'explique par les rendements marginaux décroissants du facteur accumulable, le capital. Comme les facteurs sont rémunérés à leurs productivités marginales, la décroissance des rendements a pour effet une diminution de l'incitation à investir.

Du fait de l'épuisement du revenu par tête, la croissance de long terme n'est expliquée que de manière exogène par la croissance de la population et la nécessité de couvrir la dépréciation du capital. Seule(s) la croissance de la population et/ou l'introduction d'un progrès technique exogène permettraient d'augmenter la productivité des facteurs. La mise en évidence de l'existence d'un facteur résiduel représentant le niveau de la technologie ne permet pas de pallier les faiblesses du modèle de croissance néoclassique dans la mesure où le progrès technique reste exogène.

Aussi, l'une des implications du modèle de Solow est qu'en considérant que le progrès technique est universellement partagé, deux (02) pays l'un développé et l'autre moins développé, mais ayant le même taux d'épargne vont tendre vers un même PIB par tête. Ce principe connu sous le nom de « Principe de convergence » n'est en réalité vérifié que pour peu de pays, ce qui constitue l'une des critiques majeures à l'encontre du modèle de Solow.

Dès lors, le modèle de Solow qui ajoute un investissement en capital humain à l'investissement en capital technique, permet à la fois d'expliquer la convergence de certains pays et l'accentuation des inégalités mondiales entre pays pauvres et pays riches. La convergence provient des efforts d'investissement en capital humain et en capital technique de pays qui comblent ainsi leur retard (ils peuvent transférer chez eux les techniques de production des pays les plus en avance, grâce à une main d'oeuvre mieux formée).Le modèle de Solow s'est cependant écarté de la réalité en considérant que la croissance économique par tête devait peu à peu diminuer et finir par cesser de progresser : ainsi en l'absence d'innovations technologiques continues, la croissance du produit/habitant cesse (application de l'hypothèse des rendements décroissants et d'une croissance limitée : Ricardo et Malthus). Les observations ont montré que la croissance économique progressait même à un rythme ralenti et demeurait un fait majeur de toutes les économies développées.

En outre, dans le modèle de Solow, l'Etat ne peut jouer aucun rôle particulier dans le processus de croissance, puisque ce dernier relève des facteurs exogènes. Les tenants de la croissance endogène vont montrer au contraire qu'une intervention de l'Etat peut stimuler la croissance en incitant les agents à investir davantage dans le progrès technique. Pour inciter à investir en capital humain, l'Etat peut aussi favoriser l'accès à l'éducation. On assiste ainsi à une réhabilitation des dépenses publiques, non pas dans une perspective de régulation conjoncturelle, mais dans une perspective structurelle de croissance à long terme (effets d'apprentissage de Romer (1986)29(*), l'accumulation du capital humain par Becker ( 1962 )30(*), gains de productivité de Barro(1997 )31(*)).

* 22Mathematical theory of saving (economic journal), Ramsey, 1928

* 23« A contribution to the thery of economic growth», Quarterly Journal of Economics, 1956

* 24 Economic growth and capital accumulation, Swan, 1956

* 25 Optinium growth in an aggregative mode of capital accumulation

* 26 On the concept of optimal economic growth, Koopmans, 1965

* 27« Expansion et Emploi », (Domar, 1947) et « Théorèmes Dynamiques Fondamentaux » (Harrod, 1948)

* 28Une fonction de production Y = F(K,L) est dite néoclassique quand les propriétés suivantes sont satisfaites :


·


· les conditions d'Inada (1963) :

* 29 D'après P. Romer, 1986, Le progrès technique est issu de l'apprentissage par la pratique.Audrey Reynier (2008), Progrès technique et innovation - Page 26

* 30Alain Chamak, ?Céline Fromage (2006), Le capital humain - Page 21

* 31Jean-Didier Lecaillon, ?Jean-Marie Le Page, ?Christian Ottavj (2008), Économie contemporaine: Analyse et diagnostics - Page 242

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld