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Le développement des ports de plaisance en droit de l’urbanisme et de l’environnement.


par Yao Justin OUATTARA
Université La Rochelle - Master 2 Droit public 2020
  

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Section 2 : La problématique des sédiments de dragage portuaire et la nécessité d'une compensation écologique

Les sédiments de dragage portuaire sont dommageables pour l'environnement lorsqu'ils sont déversés sur un site. Ils sont considérés comme des déchets nécessitant un encadrement strict (paragraphe 1). Cependant leur transformation peut s'avérer impossible quand les sédiments sont inutilisables. Dans ce cas une compensation écologique est nécessaire (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'encadrement strict du rejet des sédiments en mer

Les sédiments issus des opérations de dragage portuaires posent des questions quant à leur gestion. Les contaminants sont à l'origine de la nocivité des sédiments dragués. Leur rejet en mer s'avère être une solution mais cette pratique n'est pas sans incidence sur le milieu marin. Les rejets en mer font de ce fait l'objet d'un encadrement juridique de plus en plus rigoureux.

Il conviendra de présenter dans un premier temps le cadre règlementaire du rejet des sédiments en mer (A) et dans un second temps l'évolution qui tend à privilégier la gestion à terre (B).

A. Le cadre règlementaire du rejet des sédiments en mer

Le rejet en mer est soumis à une règlementation contraignante et complexe. Il sera ici question de mettre l'accent sur le cadre règlementaire68. Des sources juridiques internationales, européenne et nationale définissent les modalités de l'immersion en mer des boues de dragage.

Au plan international plusieurs convention fixent un cadre de protection contre les pollutions marines plus précisément les immersions de certains déchets en mer. La Convention de Londres69 fixe des objectifs de recherche scientifique et technologique pour prévenir, réduire, éliminer la pollution due à l'immersion. Cette convention interdit en son article 4.a le rejet en mer des matériaux de dragage. Exceptionnellement sur le fondement du protocole de 1996, les « déblais de dragage » peuvent faire l'objet de rejet en mer. Cependant la convention laisse le soin aux États de fixer les seuils pour lesquels le rejet en mer pourrait être acceptable. Les états délivrent des permis après la vérification de la nocivité des sédiments dont l'immersion est projetée. Il existe plusieurs autres conventions qui visent également la

68 Jl ne s'agira pas de s'intéresser aux aspects techniques et pointues.

69 Convention de Londres du 29 décembre 1972 sur la prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion de déchets.

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protection du milieu marin comme la convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée de Barcelone de 1976 et son protocole « immersions ».

Au niveau européen, plusieurs directives européennes, prévoient des règles spécifiques à la gestion des sédiments de dragage.

La Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM)70, entrée en vigueur le 15

juillet 2008, constitue le pilier environnemental de la politique maritime de l'Union Européenne. Elle fixe l'objectif d'atteindre le bon état écologique des eaux marines en 2020. Sur la base de cette directive seront mise en place les aires marines protégées (AMP). Le rejet en mer de substances issues de dragage portuaire pourrait donc se heurter aux objectifs de préservation de l'état écologique des eaux marines dans ces AMP. En sus la Directive Cadre 76/464/CEE sur la pollution de l'eau prévoit des listes de substances dangereuses et imposent aux États membres de prendre des mesures appropriées pour éliminer la pollution des eaux par les substances dangereuses. La directive impose aux États de mettre en place un plan d'action, dans le cadre des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE).

Au plan national, la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau est fondamentale dans la

question du rejet de dragages en ce sens qu'elle vise une gestion équilibrée de l'eau et garantir sa qualité. Au niveau règlementaire plusieurs textes traitent des conditions relatives à l'évaluation de la qualitéì des sédiments et des procédures administratives à respecter pour la réalisation des travaux.

Le décret n° 2001-189 du 23 février 2001 modifiant le décret n° 93-742 du 29 mars 1993 relatif aux procédures d'autorisation et de déclaration prévues par l'article 10 de la loi n°

92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau et modifiant le décret n° 93-743 du 29 mars 1993 relatif à la nomenclature des opérations soumises àÌ ces procédures. Ce décret précise que, lors de l'examen des données de qualitéì des sédiments, la teneur à prendre en compte est la teneur maximale mesurée, mais que des dépassements peuvent être tolérés selon le nombre d'échantillons analysés.

En ce qui concerne la qualité des sédiments, des seuils à titre indicatif sont prévus par une circulaire du 14 juin 200071. Ainsi,

au-dessous du niveau N1, l'impact potentiel est en principe jugé neutre ou négligeable. Entre le niveau N1 et le niveau N2, une investigation complémentaire peut s'avérer nécessaire en fonction du projet considéré et du degréì de dépassement du niveau N1. Dans l'hypothèse où le niveau N2 est dépassé, une investigation complémentaire est généralement nécessaire car des indices notables laissent présager un impact potentiel négatif de l'opération. Il faut alors mener une étude spécifique portant sur la sensibilitéì du milieu aux substances concernées, avec au moins un test d'écotoxicité globale du sédiment, une évaluation de l'impact prévisible sur le milieu.

70 Directive cadre stratégie pour le milieu marin n° 2008/56/CE.

71 Circulaire n° 2000-62 du 14 juin 2000 relative aux conditions d'utilisation du référentiel de qualité des sédiments marins ou estuariens présents en milieu naturel ou portuaire.

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Au regard de la législation en vigueur, le principe qui prévaut est l'interdiction formelle de l'immersion des déchets ou d'autres matières en mer72. Cependant des dérogations à cette interdiction sont prévues. Ainsi les rejets des déblais de dragage sont autorisés73 dans des conditions bien déterminées.

Le rejet des sédiments reste soumis à un régime spécial de déclaration ou d'autorisation au titre du code de l'environnement74 et sont pris en compte. Le niveau de contamination N1 et N2, les volumes mais également la distance par rapport aux zones conchylicoles ou de cultures marines. Pour la délivrance du permis d'immersion, une étude d'impact environnementale est exigée. L'étude d'impact permet une évaluation environnementale plus rigoureuse en vue d'apprécier le potentiel impact que pourrait avoir le rejet sur l'environnement (à savoir la qualité de l'eau, les espèces et leur milieu de vie...).

En définitive il convient de retenir que les rejets des boues de dragage en mer sont certes autorisés mais strictement encadrés. Ils dépendent fortement du niveau de dangerosité des déblais en question. Dans l'hypothèse où l'autorité qui délivre l'autorisation en l'occurrence le préfet se rend compte que le rejet peut avoir des incidences négatives sur l'environnement, celui-ci dispose d'un droit d'opposition en refusant l'autorisation sollicitée sur le fondement du décret75 relatif aux procédures d'autorisation et de déclaration.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon