2. Être à l'écoute
La crise de la représentation est le corollaire de
l'injonction qu'il est fait aux parlementaires mais à tous les
représentants politiques en général d'être toujours
plus à l'écoute de leurs citoyens et de leurs demandes.
Mon parlementaire estime que nous sommes « dans une
période au cours de laquelle les gens ont un véritable
désamour de leur politique » et « qu'il est fondamental de
pouvoir mettre en place le plus de facilités possibles pour que (les
citoyens) puissent nous contacter via internet : en répondant rapidement
aux messages privés sur réseaux sociaux ou en mettant en place
une boîte aux lettres sur le site par exemple48 » .
46KOC MICHALSKA Karolina et VEDEL Thierry, « Les
pratiques informationnelles durant la campagne présidentielle »
dans « Le Vote normal: les élections présidentielle et
législatives d'avril-mai-juin 2012 », sous la direction de
PERRINEAU Pascal, Paris, Presses de Sciences Po, 2013, p. 59
48Entretien téléphonique avec Nadine,
Députée, 25/08/2020
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Cette injonction à répondre à toutes les
sollicitations et tout le temps modifie l'activité parlementaire avec le
besoin croissant de faire appel à des collaborateurs
spécialisés dans les méthodes de communication.
Roginsky et Perrier affirment que « les acteurs
politiques sont conscients que c'est la prescription qui leur est faite, et
ceux qui maîtrisent le mieux l'outil technique parviennent à
donner l'impression d'échanger pour donner l'impression d'être
à l'écoute49 ». À l'appui d'un entretien,
les deux chercheuses relatent le fait qu'un assistant parlementaire en charge
de l'animation des pages Facebook et Twitter tient aussi un rôle de
modérateur des échanges qui peuvent survenir entre les
internautes. Il s'agit de montrer l'ouverture d'esprit et l'écoute du
député en laissant les débats avoir lieu, tout en
surveillant ce qu'il se dit et en vérifiant la pertinence des propos.
De cette manière, un internaute éprouvera
davantage de satisfaction (voire de valorisation) si son post ou tweet a fait
l'objet d'une réaction par un(e) député(e) plutôt
que par un citoyen lambda. L'élu montrera à son tour davantage
d'écoute et fera preuve d'une proximité avec les citoyens.
Si les médias sociaux donnent aux élus
l'occasion de faire perdurer des procédés de domination (qui
étaient déjà à l'oeuvre avant l'arrivée de
ces dispositifs), ils restent limités et ne transforment pas
fondamentalement les pratiques traditionnelles de communication politique.
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