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Conséquences de la libéralisation financière sur la croissance économique en RDC.


par Nathan KAYOMBO KANGULUMA A MUREZ
Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Economiques et de Gestion 2019
  

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CHAPITRE DEUXIEME : REVUE DE LITTERATURE

Il sera question dans ce chapitre de passer en revue quelques approches théoriques et empiriques sur la libéralisation financière et de la croissance économique.

Section I : APPROCHES THEORIQUES.

A. LA LIBERALISATION FINANCIERE.

Du point de vue théorique, la littérature de la libéralisation financière a été fondée, comme évoqué précédemment, suite à l'édification de l'école de la Libéralisation financière par McKinnon Ronald (1973) et Shaw Edward Stone (1973). Les travaux des pionniers de l'École néolibérale certifient que la libéralisation financière est le moyen le plus efficace pour stimuler l'épargne domestique, augmenter les investissements productifs et assurer une croissance durable dans les pays en voie de développement.

1) Approche de McKinnon Ronald et Shaw Edward Stone

Selon McKinnon (1973) les économies des pays en voie de développement souffrent d'une fragmentation qui se manifeste à travers des distorsions importantes dans tous les secteurs de l'économie. « La fragmentation est définie comme le fait que les entreprises et les ménages sont tellement isolés qu'ils doivent faire face à des prix effectifs différents pour la terre, le capital et les marchandises et qu'ils n'ont pas accès aux mêmes technologies ».

D'après McKinnon, l'intervention de l'Etat afin d'équilibrer les investissements et diriger l'épargne vers les investissements prioritaires, peut paraitre légitime. En effet, l'Etat est contraint d'intervenir dans le cas où il estime que les ressources ne sont pas suffisamment dirigées vers des secteurs socialement désirables. Pour McKinnon (1973), ces interventions ne font qu'aggraver la situation et la fragmentation de l'économie et il en résulte un cercle vicieux. « Plus l'intervention de l'Etat est importante, plus la fragmentation de l'économie est grande ; plus cette dernière s'accroit, plus les autorités sont incitées à intervenir » (McKinnon, Monnaie et le capital dans le developpement économique. etablissement Brookings Institution Press., 1973).

C'est à partir de ce concept que McKinnon dénonce les effets pervers de la répression financière et la fixation des taux d'intérêts à des niveaux bas afin que les gouvernements puissent se financer à moindre coût. En effet, McKinnon préconise la libéralisation des taux

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d'intérêts qui augmenterait l'épargne ainsi que l'investissement et par conséquence la croissance économique à long terme.

À la différence de McKinnon, Shaw (1973) démontre que le plafonnement du taux d'intérêt à des niveaux bas, permet certes à l'Etat de se financer à moindre coût, en contrepartie il résulte en une réduction de l'épargne à cause des taux d'intérêt réels négatifs sur les dépôts, ce qui réduit le potentiel des banques à drainer des capitaux, limitant ainsi la mise en oeuvre de projets d'investissement

Cependant, Shaw (1979), insiste que : « les plafonnements effectifs et la baisse des taux créditeurs réels intensifient l'aversion pour le risque et la préférence pour la liquidité des intermédiaires. Les banques accordent une place privilégiée dans leurs portefeuilles aux emprunteurs à la réputation bien établie, aux entreprises commerciales qui ont connu une longue période de stabilité. Il n'y a que peu d'incitation à l'exploration d'opportunités de prêts nouveaux et plus risqués ». (Shaw, E.S. libéralisation financière dans le development économique. Oxford Université Press., 1973 P502)

Finalement, les analyses de McKinnon et Shaw présentent quelques différences. En effet, McKinnon expose sa théorie dans le cadre d'une économie fragmentée et dans laquelle le système financier est sous-développé et incapable de remplir ses fonctions d'intermédiaire financier. Alors que l'analyse de Shaw est présentée dans le cadre d'une économie où le système financier est peu développé, mais est capable de transférer l'épargne des agents en excès de financement vers les agents en besoin de financement.

2) Prolongement de la théorie de McKinnon et Shaw a) L'analyse de Basant KAPUR et Donald MATHIESON.

Le modèle de KAPUR (1976) suppose une décomposition du capital en deux catégories : un capital fixe et un capital circulant. Une partie du capital fixe est non utilisée. Le capital circulant détermine le niveau de production. Les intermédiaires financiers interviennent uniquement pour le financement du capital circulant (Kapur Basant K., 1976, « Alternative stabilization policies for less-developed economies », The Journal of Political Economy, vol. 84, n°4, p. 777). L'investissement en capital a deux objectifs :

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? Permet le remplacement du capital circulant utilisé durant le processus de production ;

? Servir à 1'accumulation du capital dans le but d'accroitre le volume de production.

À l'actif du bilan des intermédiaires financiers figurent les prêts accordés ainsi que les réserves obligatoires détenues auprès de la Banque centrale. Au passif, on retrouve les dépôts de la clientèle publique. Le taux de rendement offert sur les dépôts joue un rôle considérable. S'il est trop faible, les ressources du système bancaire diminuent, entrainant une baisse du volume des crédits accordés. Les entreprises sont alors limitées dans leur capacité à investir dans le capital circulant, il en résulte un ralentissement de la production et donc de la croissance. De plus, en situation de répression financière, l'État opère sur le taux des réserves obligatoires, il peut le fixer très élevé. Dans ce cas se réduisent d'autant les fonds prêtables des intermédiaires financiers, et baisse le volume de l'investissement, affectant négativement encore le développement économique.

Dans son analyse, Kapur (1976) insiste sur les problèmes soulevés par 1'inflation, elle est aussi exacerbée par les effets de la répression financière. (Kapur Basant K., 1976, «

Alternative stabilization policies for less-developed economies »,
The Journal of Political Economy, vol. 84, n°4, p. 795)
En contexte d'inflation élevée, deux types de politiques sont possibles :

? La première consiste à réduire le taux de croissance de la masse monétaire. Ce qui se traduit par une réduction de la base monétaire, une diminution du volume des crédits distribués par les intermédiaires financiers et donc par une diminution de la croissance économique ;

? La deuxième consiste à libéraliser le marché financier. Ce qui permet une augmentation du taux d'intérêt servi sur les dépôts menant à une croissance de la demande d'encaisses réelles et donc à une augmentation de la demande de dépôts bancaires. Ce phénomène présente deux effets positifs : d'une part, les ressources des intermédiaires financiers augmentent, les plaçant en position de pouvoir augmenter leur offre de crédits ; d'autre part, 1'inflation baisse. Kapur privilégie évidemment la politique de libéralisation financière pour ce qu'elle permet en termes de contraction de l'inflation, de stimulation de l'investissement et donc de la croissance économique.

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À contre-courant de ce que stipule Kapur, Donald MATHIESON (1979) suppose que la totalité du capital fixe est utilisée. Les intermédiaires financiers financent autant les investissements en capital fixe qu'en capital circulant. Mathieson, dans la droite ligne des théoriciens de la libéralisation, postule également que l'investissement est directement lié au développement économique ; à mesure que s'élève le volume d'investissement, la croissance économique gagne en importance. (Mathieson Donald J., 1979, « reforme financier et politique de stabilization dans une économie en développement », Journal of développement economics, vol. 7, n°3, p. 359)

L'investissement dépend du rendement du capital et du taux d'intérêt réel préteur des banques. Une augmentation de 1'inflation anticipée entraine une augmentation de l'investissement car elle réduit le taux d'intérêt réel sur les prêts. Par contre, un renchérissement du coût réel du crédit décourage l'investissement. (Donald Mathieson J 1979)

L'offre de fonds prêtables dépend positivement du volume des dépôts et négativement du coefficient de réserves obligatoires imposées par l'État. Le taux d'intérêt réel servi sur les dépôts dépend de l'offre et de la demande de fonds prêtables. Consécutivement à une politique de répression financière menant à une augmentation du taux des réserves obligatoires, une augmentation se ressent dans un taux exigé par les banques sur les prêts. Les investissements accusent ainsi une dépression du fait de la hausse des taux préteurs, dépression aussitôt répercutée sur la croissance économique. Que la répression financière prenne la forme d'un plafonnement du taux préteur, le taux d'intérêt servi sur les dépôts se fixe au-dessous de son niveau d'équilibre concurrentiel car les banques tentent de préserver leur marge. La diminution de la rémunération des dépôts démotive les agents à déposer auprès des banques, ce qui entraine directement une réduction de l'offre de crédits aux entreprises. Le niveau du stock de capital se fixe à un niveau inférieur à 1'optimal lorsque les taux d'intérêt se déterminent librement sur le marché (Mathieson Donald J., 1979, « reforme financier et politique de stabilization dans une économie en développement », Journal of développement economics, vol. 7, n°3, p. 395).

b) Analyse de MAXWELL J. Fry

M.J. Fry (1995) fut l'un des premiers à soutenir et compléter la théorie originelle de McKinnon et Shaw. Il a enrichi la thèse des fondateurs en spécifiant les fonctions d'investissement et d'épargne. Par conséquent, pour Fry (1995) la croissance de la production de

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toute économie dépend, entre autre, de l'accumulation du capital qui, à son tour, requiert une épargne suffisante pour satisfaire l'investissement nécessaire. Ainsi, la libéralisation des taux d'intérêt sur les dépôts affecte positivement l'épargne domestique sur le long terme, favorisant ainsi l'investissement et permettant d'atteindre une première allocation optimale des ressources.

Par ailleurs, Fry (1995) précise que même après une dérégulation des taux d'intérêt, la composante domestique de l'épargne, c'est-à-dire, la somme de l'épargne publique et de l'épargne privée, cette dernière étant constituée de l'épargne des ménages et de celle des entreprises, est insuffisante dans la plupart des pays en développement (Maxwell J. FRY, monnaie et le capital ou l'approfondissement financier dans le développement économique, 2nd ed. Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1995).

Ainsi, la possibilité du financement externe induite par la libéralisation financière permet aux pays d'éviter la contrainte de liquidités (Liquidity Squeeze, en anglais), qui peut donner lieu à la contraction de l'économie. En fait, l'accroissement de l'épargne stimule l'investissement productif qui crée des emplois et permet donc d'utiliser le capital humain partout où il se trouve. En d'autres termes, l'accès aux capitaux étrangers permet d'exploiter le potentiel de croissance en investissant dans des projets rentables au-delà de ce qui serait permis par la seule épargne des résidents. (Maxwell J. FRY 1995 idem).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius