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Efficacité de la collecte des déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé

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par Joel Sotamenou
Université de Yaoundé II - Soa, Cameroun - DEA 2004
  

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UNIVERSITE DE YAOUNDE II- SOA
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II - SOA

Faculté des Sciences
Economiques et de
Gestion

Faculty of Economics
and
Management

B.P. 1365 Yaoundé - Cameroun Tél. (237) 221 34 41 / Fax (237) 223 79 12

P.O. Box 1365 Yaoundé - Cameroon

Tél. (237) 221 34 41 / Fax (237) 223 79 12

Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire
(P.T.C.I.) en Economie

10ème promotion

Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA)
en Sciences Economiques

EFFICACITE DE LA COLLECTE DES
DECHETS MENAGERS ET
AGRICULTURE URBAINE ET
PERIURBAINE DANS LA VILLE DE
YAOUNDE

Par :

Sotamenou Joël

Maîtrise en Analyse et Politiques Economiques
Licence en Agri-Business

Sous la direction du

Et l'encadrement du

Professeur Kamgnia Dia
Bernadette

Agrégée des Facultés des
Sciences Economiques et de
Gestion

Docteur Laurent René
Parrot

Docteur en Economie Chercheur au CIRAD

Année académique
2003-2004

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : DE LA PLURALITE DES CONCEPTS A L'APPRECIATION DE L'EFFICACITE DE LA GESTION DES DECHETS MENAGERS 7

CHAPITRE I : DES CONCEPTS RELATIFS A LA GESTION DES DECHETS AUX GENERALITES SUR LES DECHETS MENAGERS 8

I-1. LA TYPOLOGIE DES CONTRATS ET LE CONCEPT DE BIEN PUBLIC/SERVICE PUBLIC 8

I-2. : GENERALITES SUR LES DECHETS ET POLITIQUES DE GESTION 18

CHAPITRE II : LA COLLECTE DES DECHETS MENAGERS A YAOUNDE : UN SERVICE INEFFICACE 28

II-1. BILAN DES POLITIQUES DE GESTION DES DECHETS A YAOUNDE 28

II-2. APPRECIATION DE L'EFFICACITE DU SERVICE DE COLLECTE DES DECHETS MENAGERS 39

DEUXIEME PARTIE : IMPACT DU RECYCLAGE DES DECHETS MENAGERS SUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AGRICOLE URBAINE ET PERIURBAINE 56

CHAPITRE III : AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE : THEORIES ET EVIDENCES 57

III-1. ANALYSE DE LA DEMANDE D'INNOVATION 57

III-2. L'AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE : UNE ACTIVITE MONTANTE ET CONTROVERSEE 62

CHAPITRE IV : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA DEMANDE DES DECHETS MENAGERS RECUPERES ET RECYCLES 71

IV-1. LE CADRE CONCEPTUEL : LE MODELE LOGIT 71

IV-2. LE MODELE EMPIRIQUE 82

CONCLUSION GENERALE 94

i

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

RESUME

La présente étude a pour objectif principal d'évaluer l'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé. Pour cela, nous avons tout d'abord apprécié l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé. Ensuite, les déterminants de l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés à partir de l'estimation d'un modèle Logit portant sur leur demande dans les bas-fonds de Yaoundé (Nkolondom, Etoug-Ebé et Ekozoa) ont été identifiés. Enfin, nous avons proposé une stratégie de collecte des déchets ménagers qui soit compatible avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé.

Mots clés : Récupération, Recyclage, Déchets ménagers, Agriculture urbaine et périurbaine, efficacité ; Bas-fonds.

ABSTRACT

The present study has a mean objective the evaluation of the impact of domestic waste recovery and valorisation on the urban and semi-urban agriculture development in Yaoundé. For this purpose, we have firstly analysed the efficacity of de domestic waste collection in Yaoundé. Secondly, with the help of Logit model, we have identified the determinants of their usages or adoption in the swamping areas of Nkolondom, Etoug-Ebé and Ekozoa. Thirdly, we came out with dependable result on a collection strategy of domestic waste, which matches with the urban and semi-urban agricultural development preoccupation.

Keys Words: Recovery, Valorisation, Domestic waste, Urban and semi-urban agriculture, Efficacity, Swamping area.

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

INTRODUCTION GENERALE

1. CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

Selon l'ONU (2001), la population mondiale a atteint 6 milliards à la fin du siècle dernier et chaque année, elle augmente de 90 millions. Dans les PVD, 10 000 personnes de plus naissent toutes les secondes (Günter, 1996). Quant à la production alimentaire mondiale, elle a progressé plus vite que la croissance démographique, passant de 2410 à 2800 Kcal dans les pays développés, contre 2010 à 2680 kcal dans les PVD. Elle a permis de réduire significativement la proportion de sous-alimentés de 37% entre 1969 et 1971 à 17% entre 1997 et 1999, malheureusement le nombre de sous-alimentés dans les PVD reste toujours important : estimé à 956 millions entre 1969 et 1971 ce nombre est demeuré à 777 millions entre 1997 et 1999 (FAO, 2001). Afin de réduire de moitié le nombre de sous-alimentés dans le monde en 2015, objectif fixé par le Sommet Mondial de l'Alimentation à Rome en Italie, il faut que la production alimentaire mondiale continue à accroître (FAO, 1996).

Si l'Afrique subsaharienne voit sa population doubler tous les 20 ans avec un taux de croissance de 3%, la production agricole n'a cependant progressé que de 2% ces 30 dernières années. Pour maintenir l'équilibre, la production vivrière devra alors augmenter de 4% (Günter, 1996). D'ici 2020, 2 africains sur 3 vivront en ville (Drechsel et al, 1999). Ils devront par conséquent produire plus de vivres, de qualité et en quantité suffisante pour faire face à la demande toujours croissante en nourriture.

Face à l'accroissement continu de la population, pour maintenir ou accroître les rendements agricoles appropriés, le système de gestion de la fertilité dans les différents agro-écosystèmes urbains et périurbains devrait favoriser un fort taux d'utilisation d'engrais chimiques et de la matière organique (Kouemo, 2002). Malheureusement, non seulement les prix des engrais sont non seulement élevés, mais aussi leur coût sur l'environnement est connu (Tchanou, 1999 ; Temple, 2002). L'agriculture urbaine et périurbaine à travers sa fonction de recyclage des déchets ménagers à l'état simple (épluchures de manioc, de banane, fientes de poules, lisiers de porc...) et décomposé (le compost) joue le rôle de filtre par rapport à l'environnement et de préservation des ressources naturelles de production (Lekane et al, 2003).

Ainsi est-il admis aujourd'hui que les agriculteurs africains, pour accroître leur production, devraient améliorer la productivité en intensifiant leur mode d'exploitation des terres. Pour le faire de façon durable, ils devront renforcer la richesse des sols en éléments nutritifs. Ceci exigera entre autres, l'utilisation des doses d'engrais de plus en plus élevées. A ce jour, de nombreux processus de fermentation naturelle permettent la récupération et le recyclage de matières organiques, même à partir des cycles non végétaux, tels les déchets ménagers qui nous intéressent.

La croissance de la population urbaine et l'extension continuelle de l'espace occupé entraînent d'énormes difficultés dans la gestion de l'environnement (Diop, 1996). Ainsi, de nombreuses villes produisent-elles des déchets dont elles ne peuvent pas se débarrasser.

Selon le rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde (1992), les municipalités des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire consacrent souvent entre 1/5 et 1/2 de leurs budgets aux services de la voirie, alors que beaucoup de déchets ne sont pas enlevés. C'est le cas à Karachi (Pakistan), Dar-es-salam (Tanzanie) et Djakarta (Indonésie) oi'i respectivement 2/3, 4/5 et plus de 30% des déchets solides générés ne sont pas collectés.

La ville de Yaoundé a connu une véritable explosion démographique de l'époque coloniale à nos jours. A cette époque, sa population comptait 100 000 habitants répartis sur 1250 ha environ (Ngnikam, 2000). Selon Kengne Fodouop et Bobda (2000) son taux de croissance annuel est estimé à 7,3% (6% au plus bas). Le CIPRE (2002) quant à lui et bien d'autres auteurs estiment à 6,8% le taux de croissance annuel de la population de Yaoundé qui s'élève aujourd'hui à 1 700 000 habitants. Dans ce contexte, l'approvisionnement de la ville semble être un enjeu majeur des politiques de développement.

Selon Tchuente (2002), la sécurité alimentaire s'est beaucoup dégradée au Cameroun car l'évolution des productions alimentaires n'a pas suivi l'accroissement démographique. C'est pourquoi le Cameroun s'est engagé à résoudre ce problème par un programme d'accès privilégié à une agriculture performante et à une sécurisation alimentaire durable. Ce programme vise un appui au développement de la filière horticole en milieu urbain et périurbain et un aménagement des bas-fonds marécageux dont la réserve en eau en période sèche rend possible l'exploitation de ses terres (Temple-Boyer, 2002). Avec la croissance de l'agglomération, l'agriculture vivrière est repoussée toujours plus loin du centre de la ville. Les populations sont de plus en plus mobiles et les habitudes alimentaires se modifient. Les cultures maraîchères sont devenues la principale préoccupation des agriculteurs pour alimenter les marchés de la ville car elles permettent à l'exploitant de tirer un revenu important sur une surface qui diminue (Smith et al, 2004).

En outre, dans un contexte de pauvreté de plus en plus croissante au Cameroun1 oi'i 52% des ménages sont sous - alimentés (Kamgnia et Timnou, 2000), dans les bas-fonds des quartiers Etoug-Ebé, Ekozoa (Centre ville), Nkolodom, Akokdoé, Nkolbisson, etc., hommes, femmes et enfants se lancent dans des activités agricoles aussi variées que le maraîchage, la floriculture, la pisciculture, l'élevage du petit bétail, la culture des eucalyptus et des champignons. De plus, entre 44% et 68% de ménages ne supportent pas les coûts de besoins primaires et plus de 50% vivent en dessous du seuil de pauvreté depuis les années 80 (Fambon et al, 2000). De ce fait, l'activité agricole urbaine et périurbaine, vu son importance, est devenue une importante source d'emploi et donc de revenus pour bon nombre de jeunes citadins.

Malheureusement, bien qu'humide, les bas-fonds2 de Yaoundé sont peu fertiles. Aussi les agriculteurs, pour la plupart d'entre eux, ont-ils recours aux fertilisants de tout genre pour améliorer leur production. D'une part le souci d'augmenter la production par l'utilisation intensive des intrants agricoles s'impose et d'autre part d'énormes quantités de déchets ménagers sont produites au

1 Selon l'INS, en 2002 plus du quart de la population active de Yaoundé gagnaient moins du SIMG soit 23 500 FCFA/mois. Les salaires ont été réduits sans toutefois être indexés après la dévaluation du franc CFA de janvier 1994.

2 Zone basse du paysage, à fond plat ou concave, située à la tête des réseaux hydrographiques. Ce sont des vallons et des petites vallées inondables qui recueillent des eaux de ruissellement en provenance de bassin versant (Lavigne Devile et Boucher, 1996).

2

quotidien et ne subissent aucun processus de traitement. L'agriculture, s'inscrivant donc dans le paysage urbain, il devient impératif d'établir son lien avec les déchets ménagers. Selon Smith et al (2004), ce lien repose sur des techniques de traitement des déchets et effluents, qui doivent aboutir à des coproduits facilement utilisables pour l'agriculteur, sans dangers pour la santé et avec risque minimum sur le milieu naturel.

Comme l'activité agricole, la gestion durable et efficace des déchets ménagers à travers les opérations de récupération et de recyclage participent à l'amélioration des conditions de vie des populations. Malheureusement, selon Ta Thu Thuy (1998), à Abidjan (Côte d'ivoire), Accra (Ghana), Dakar (Sénégal) et à Yaoundé (Cameroun), le taux de collecte des déchets solides municipaux ne dépasse pas 60%, avec une moyenne située entre 30 et 40% de la production.

La gestion des déchets dans la plupart des Etats est reléguée au second plan alors que, au même titre que les préoccupations de bonne gouvernance, les transports, l'éclairage public, la fourniture d'eau potable, la construction des infrastructures, la lutte contre les MST, IST et SIDA, les déchets devraient faire l'objet d'une attention particulière. Ainsi, comme le dit Waas (1990), peu de décideurs voient le déchet en terme d'environnement, leur gestion devenant l'affaire des municipalités.

Selon Hebette (1996), un taux de collecte faible (moins de 75%) a des conséquences graves sur la santé des populations et sur l'économie urbaine. En effet, l'insuffisance de la collecte des déchets ménagers crée des dépôts sauvages qui ternissent l'esthétique urbaine et le déversement des ordures aux abords des routes rend la circulation routière difficile et freine l'activité touristique. Le rejet des déchets dans les caniveaux obstrue le milieu récepteur qui conduit à de fréquentes inondations et génère certaines maladies dues à la propagation des germes. De ce fait, l'élaboration des politiques de gestion durable et efficace des déchets devient l'une des priorités de tous les gouvernements de la communauté internationale. En outre, plusieurs actions ont été entreprises dans ce sens par le gouvernement camerounais.

Au Cameroun, la collecte des déchets ménagers est assurée depuis 1968 par la seule société HYSACAM (Hygiène et Salubrité du Cameroun) qui est une ancienne filiale de la Lyonnaise des Eaux (France). C'est ainsi que tous les jours en moyenne 520 tonnes de déchets ménagers sont collectées à Yaoundé (essentiellement dans les quartiers et les secteurs de la ville accessibles aux engins de ramassage) pour une production totale journalière estimée en moyenne à 1200 tonnes soit un taux de collecte moyen de 43%.

Selon Ngnikam (2000), plus de 30% des déchets ménagers sont déversés dans des décharges sauvages, 10% sont récupérés et valorisés par des filières de valorisation artisanale ou industrielle et près de 10% sont rejetés dans des cours d'eau. L'enquête CAVY de l'INS mené en 2002 révèle qu'à Yaoundé, moins de 17% de ménages habitent des maisons situées au bord d'une route bitumée, 32% des ménages se trouvent au bord d'une route non bitumée et plus de la moitié (51%) de ménages de la ville accèdent à

leur logement par une piste du quartier3. De ce fait, le service rendu par HYSACAM ne peut pénétrer

3 Enquête sur le Cadre de Vie des habitants de Yaoundé et de Douala menée par l'INS (2002)

3

tous les quartiers, réduisant ainsi le taux de collecte des déchets ménagers et favorisant la multiplication des décharges sauvages.

Suite à la crise économique qu'a connu le Cameroun à partir de 1987, le service de collecte des déchets ménagers par HYSACAM a été interrompu en 1991. C'est alors que Yaoundé est entrée dans un état d'insalubrité généralisée. Fort de ce constat, diverses solutions sans succès ont été expérimentées par l'Etat - avec notamment le Programme Social d'Urgence (PSU) - et certains acteurs de la société civile - des Associations, des ONG, et des groupes organisés et informels - avec l'appui financier des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, notamment la Coopération Française à travers le Fonds Social de Développement et la Banque mondiale. Ces actions portaient essentiellement sur la mobilisation des populations pour assurer le service de la propreté urbaine à travers les opérations de précollecte et de collecte des déchets ménagers dans les quartiers à habitat spontanés et les grands axes de la ville. La récupération et la valorisation agricole des déchets par la fabrication du compost étaient aussi beaucoup encouragées.

L'amélioration, dans les années 1990, de la conjoncture économique au Cameroun a permis qu'en Août 1998 la société HYSACAM reprenne le nettoyage de la ville et le ramassage des ordures suite à un contrat passé avec l'Etat ; contrat dont les attributions de maîtrise d'ouvrage et d'ingénieur de contrôle sont confiées à la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY).

La mise sur pied d'un système efficace de collecte des déchets ménagers de l'amont (des quartiers), vers l'aval (centre de décharge) devrait permettre d'améliorer le système de gestion des déchets qui, de façon significative contribuerait au développement de l'activité agricole urbaine et périurbaine à travers les opérations de récupération et de recyclage.

Aujourd'hui, beaucoup d'études et de travaux sur les déchets ménagers de Yaoundé ont été réalisés, mais malgré tous ces efforts, leur gestion reste toujours problématique, les aspects économiques et surtout environnementaux qui sont tout aussi importants étant très souvent négligés. Aussi nous semble t-il nécessaire de se pencher sur des solutions susceptibles d'améliorer le service de collecte des déchets afin non seulement de rendre la ville plaisante d'un point de vue environnemental mais aussi de faciliter les opérations de récupération et de recyclage, favorables au développement de l'agriculture urbaine et périurbaine.

Peut-on dire que le service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est efficace ?

Quels sont les facteurs susceptibles de favoriser l'utilisation des déchets recyclés dans les exploitations agricoles périurbaines ?

Quelle stratégie de collecte des déchets ménagers est compatible avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine ?

Telles sont les préoccupations qui ont fondé notre volonté de réaliser ce travail.

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

2. OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif principal de cette étude est d'évaluer l'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé.

Plus spécifiquement, il s'agira de :

a- apprécier l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé ;

b- identifier les déterminants de l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines;

c- proposer une stratégie de collecte des déchets ménagers compatible avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine.

3. HYPOTHESES DE RECHERCHE

L'évaluation de l'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé passe par trois hypothèses :

a- le service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est inefficace;

b- l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles est déterminée par des variables socio-économiques et techniques ;

c- la construction des centres de regroupement dans les bas-fonds facilite la récupération et le recyclage des déchets ménagers tout en réduisant les charges liées à leur gestion.

4. APPROCHE METHODOLOGIQUE

L'évaluation de l'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé passe par la prise en compte non seulement des fondements théoriques mais aussi des analyses empiriques.

d- Appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé

Il s'agira pour nous de préciser les fondements théoriques relatifs à la gestion des déchets, puis procéder à une évaluation statistique et économétrique du concept d'efficacité. Le critère d'efficacité retenu dans notre étude étant le taux de collecte qui exprime le rapport entre les quantités produites et collectées de déchets ménagers.

Nous allons dans un premier temps apprécier l'évolution des quantités produites et collectées sur 43 mois (janvier 2002 - juillet 2005). Ensuite, le taux de collecte à moyen sera déterminé et comparé au ratio 75%. Un taux de collecte inférieure à 75% est un signe d'inefficacité parce que préjudiciable à l'environnement et à la santé des populations (Hebette, 1996). Enfin, nous allons également comparer les taux de croissance moyen des quantités collectées et produites de déchets durant la période d'étude. Un taux de croissance moyen des quantités collectées inférieure au taux de croissance moyen des quantités produites est également un signe d'inefficacité car cela signifie que les quantités produites évoluent plus vite que les quantités collectées.

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e- Identification des variables influençant l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans l'agriculture.

Afin d'identifier les variables explicatives de l'adoption des déchets ménagers récupérés et recyclés, nous allons estimer un modèle Logit portant sur leur demande dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines de Yaoundé.

f- Proposition d'une stratégie de collecte de déchets ménagers compatibles avec
les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine

Il s'agira pour nous de faire des recommandations susceptibles d'améliorer le système de gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé. Ce système devrait prendre en compte les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine. Un accent particulier sera mis sur l'importance e la construction des centres de regroupement dans les quartiers périurbains, principaux fiefs d'intenses activités agricoles. L'expérience en la matière de l'ONG Sarkan Zoumountsi du quartier Briqueterie (arrondissement de Yaoundé II) nous éclairera sur la question.

5. COLLECTE DES DONNEES

Les données secondaires ont été obtenues à travers une analyse documentaire. Quant aux données primaires, elles ont été collectées au moyen des interviews et des enquêtes menées sur le terrain par une équipe de recherche avec l'appui du CIRAD. Les 5 phases qui ont permis la réalisation des enquêtes sur le terrain ont été les suivantes :

- La première phase au cours de laquelle nous avons procédé à la recherche et à l'exploitation documentaire (Avril - Juin) ;

- Une deuxième phase où nous avons effectuer selon certains critères le choix des sites à enquêter et dresser par la suite leur monographie (Juin - Juillet);

- Une troisième phase au cours de laquelle nous avons collecté les données à l'aide questionnaire qui a fait l'objet d'une enquête auprès de 150 exploitants des bas-fonds de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et de Ekozoa (Juillet - Août) ;

- Une quatrième phase pendant laquelle les données collectées ont été dépouillé et compilé dans un système de gestion de bases de données (Août - Septembre) ;

- Une cinquième phase où les résultats obtenus ont été présenté, analysé et interprété (Septembre - Octobre).

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PREMIERE PARTIE : DE LA PLURALITE DES CONCEPTS A
L'APPRECIATION DE L'EFFICACITE DE LA GESTION DES
DECHETS MENAGERS

INTRODUCTION :

La controverse autour de l'intervention ou non de l'Etat dans les activités économiques a pendant très longtemps opposé les Keynésiens des Néoclassiques. Selon la macroéconomie Keynésienne, les ajustements ne sont pas automatiques et l'économie de marché est sujette à des défaillances de coordination ; donc laissés à eux-mêmes les marchés ne peuvent parvenir aux résultats escomptés. Le modèle Néoclassique de base, quant à lui, aussi bien dans sa version marshallienne que Walrasienne ignore tous les coûts directs et indirects liés à l'organisation et au fonctionnement des marchés et estime que, même seuls, les marchés peuvent être automatiquement efficients.

Seulement, l'existence des biens collectifs a conduit l'école néoclassique à reconnaître que les mécanismes de l'échange volontaire sont insuffisants pour répondre à la demande de services collectifs ; l'Etat doit donc suppléer à cette défaillance du marché : d'où la nécessité regrettable de faire intervenir l'Etat. L'école néoclassique retient l'approche parétienne, et même sans prendre en compte les prix, elle met d'abord en évidence une règle de production et de gestion optimale des services collectifs basée uniquement sur des quantités ou l'efficacité technique.

Les pouvoirs publics fournissent de nombreux biens et services publics qui constituent un exemple d'externalité de consommation d'un type particulier : tous les individus doivent consommer la même quantité de biens et avoir droit à la même quantité de service public fournit par l'Etat. Bien souvent, l'Etat a recours au service d'une entreprise privée dans l'exécution de certaines de ses fonctions régaliennes. Pour cela, la théorie des contrats prévoit un ensemble d'outils permettant de réduire les asymétries informationnelles pouvant naître de ce type de relation.

Malgré la multitude des concepts relatifs à la gestion des déchets ménagers, dans ce travail l'accent sera beaucoup plus mis sur les concepts d'externalités et surtout d'efficacité.

L'intérêt de cette partie est d'apprécier l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé.

Deux chapitres nous guiderons à cet effet :

Le premier chapitre consistera à mettre en exergue la pluralité des concepts relatifs à la gestion des déchets ménagers ainsi que les généralités sur les déchets.

Le deuxième quant à lui nous permettra de savoir si le service actuel de collecte des déchets ménagers est efficace ou non. Nous y parviendrons en analysant le critère d'efficacité défini par HYSACAM.

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CHAPITRE I : DES CONCEPTS RELATIFS A LA GESTION DES DECHETS AUX
GENERALITES SUR LES DECHETS MENAGERS

INTRODUCTION :

Depuis août 1998, la société HYSACAM assure le nettoyage de la ville et le ramassage des ordures suite à un contrat passé avec l'Etat ; contrat dont les attributions de maîtrise d'ouvrage et d'ingénieur de contrôle sont confiées à la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY). La question qui se pose dès lors est de savoir si le fait de confier le service public de collecte des déchets (le déchet lui-même étant un bien public) à HYSACAM peut le rendre efficace. Alors que la théorie nous enseigne que la délégation d'un service public par le mandant à une entreprise concessionnaire ou le mandataire est très souvent sujette à des problèmes tels que l'antisélection et l'aléa moral, il y'a lieu de s'interroger quant à l'efficacité productive de HYSACAM.

Dans ce chapitre, il sera question de présenter et de définir la pluralité des concepts relatifs à la gestion des déchets d'une part et d'autre part passer en revue les généralités sur les déchets ménagers.

I-1. La typologie des contrats et le concept de bien public/service public

I-1-1. La typologie des contrats

La relation qui s'établit entre le principal (l'Etat à travers la CUY) et l'agent (HYSACAM), les amène à collaborer pendant une période plus ou moins longue. Il convient de prendre en compte la dimension temporelle dans l'établissement des contrats. La forme des contrats signés peut-elle amener les deux parties à adopter différents types d'engagements. L'engagement est la capacité que peuvent avoir les agents à se lier les mains à l'avance en garantissant l'exécution du contrat jusqu'à un terme plus ou moins proche. Sa durée détermine la rigidité du contrat. Les possibilités d'engagement dépendent du cadre institutionnel, de la crédibilité des agents, de l'existence d'équipements spécifiques4 et des pénalités stipulées par le contrat en cas de rupture unilatérale du contrat par l'une des parties. Salanié (1994) distingue quatre degrés d'engagement :

- L'engagement « spot » : On parle d'engagement spot ou absence d'engagement quand le contrat ne vaut que pour la période courante. A l'issue de cette période, les parties ne peuvent continuer à collaborer qu'en signant un nouveau contrat.

- L'engagement total : Un engagement est totale lorsque signé, couvre toute la durée de la relation sans possibilité de rupture ou de renégociation. Un contrat signé en présence d'engagement total, n'est donc jamais remis en cause, et les aspects dynamiques de la relation contractuelle ne se résument qu'à la simple exécution du contrat.

- L'engagement de long terme : Un contrat en présence d'engagement de long terme couvre toute la durée de la relation avec possibilité de rupture ou de renégociation. Mais la rupture ou la renégociation ne peut se faire que par accord entre les parties.

4 Un équipement spécifique est un équipement qui perd l'essentiel de sa valeur en dehors de l'activité pour laquelle il a été fabriqué.

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- L'engagement de court terme : Il y a engagement de court terme ou engagement limité dans tous les cas intermédiaires entre l'absence d'engagement et l'engagement de long terme. Dans ce cas les contrats ont une durée inférieure à celle de la relation et ils peuvent être renégociés.

Les formes d'engagement adoptées peuvent conduire à la signature de contrats complets ou incomplets.

a- Les contrats complets et incomplets

b- a1- Les contrats complets

Un contrat complet est un contrat contingent à très grand nombre de variables, puisque ce genre de contrat suppose que toutes les variables qui peuvent avoir un impact sur les conditions de la relation contractuelle pendant toute sa durée ont été prises en compte lors de la négociation et de la conclusion du contrat. Ce contrat assure donc que rien d'imprévu lors du déroulement du contrat ne peut arriver car comme le déclare Salanié (1994) «toute modification de l'environnement économique ne provoque simplement que l'activation des prévisions ad hoc du contrat ». Lorsque les contrats sont complets, alors l'engagement total est bénéfique.

L'hypothèse de complétude des contrats est très forte puisqu'elle suppose que toutes les contingences qui peuvent affecter la relation contractuelle sont prises en compte dans le contrat. Mais dans la réalité, la détermination et l'application d'un contrat parfait et complet pose problème. La rationalité limitée (la fiabilité limitée des prévisions, les ambiguïtés de langage, les coûts de calcul des solutions et les coûts d'écriture) des individus, rend difficile la prise en compte exhaustive de toutes les contingences. Pour ces raisons, les contrats ne prennent généralement en compte qu'un petit nombre de variables qui peuvent être les plus pertinentes, mais aussi celles qui sont les plus facilement vérifiables par les tribunaux, d'oi'i l'incomplétude des contrats.

a2- Les contrats incomplets

Lorsque les relations sont complexes, des événements imprévus surviennent inévitablement, et les parties en présence doivent trouver des moyens pour s'adapter. Dans la mesure oi'i ces événements ont un impact non nul sur les conditions de la relation et oi'i aucune clause du contrat n'indique comment les parties doivent y réagir, il devient souhaitable de renégocier ce contrat. La renégociation peut prendre en compte l'imprévu quand les contrats sont incomplets. Ainsi comme le souligne Tirole (1999), les contrats de concession sont souvent incomplets en ce sens qu'ils ne spécifient pas clairement ce qui doit être décidé ou au moins la façon dont la prise de décision et la compensation doivent être organisées. Les contrats sont plus souvent incomplets, quand l'horizon est long et que l'incertitude technologique est forte. Mais l'incomplétude des contrats conduit souvent les acteurs à se comporter de façon opportuniste ex-post, mettant ainsi en danger les incitations qu'ont les acteurs à investir dans leur relation mutuelle car la crainte de ces comportements opportunistes rend chaque partie méfiante à l'égard de l'autre, ce qui compromet l'efficacité de la relation (Milgrom Roberts, 1997).

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On peut citer comme comportements opportunistes :

- L'expropriation du mandataire 5 : Il existe plusieurs formes d'expropriation du mandataire. Elles peuvent être une confiscation pure et simple (nationalisation insuffisamment compensée), un prix bas pour l'usager (bien marchand), un non-paiement par le mandant (bien non marchand), de nouvelles exigences techniques ou contraintes de protection de l'environnement non compensée ou l'insuffisance de production de services complémentaires par le mandant. Cette menace d'expropriation pose particulièrement des problèmes quand la capacité d'engagement de l'Etat est faible et quand il n'existe pas de marché secondaire pour les équipements de l'entreprise (Tirole, 1999).

- La capture du régulateur par le concessionnaire : Face à un mandant ayant un fort intérêt à l'accomplissement du projet ou à une bonne marche du service, le mandant peut accroître ses exigences. Ceci est plus probable, lorsque le service est essentiel pour l'usager du fait de l'absence d'alternatives, quand le régulateur n'est pas indépendant, et enfin lorsque le mandataire peut de façon crédible annoncer l'imminence d'une faillite.

La délégation du service public de collecte des ordures ménagères instaure une relation entre la collectivité publique (le mandant : la CUY) et l'entreprise concessionnaire ou le mandataire (HYSACAM). Ce type de relation (mandant-mandataire) est souvent sujet à des problèmes tels que l'antisélection, l'aléa moral, l'incomplétude des contrats et leur renégociation (Tirole, 1999). Ces problèmes proviennent du fait que l'une des parties a un avantage informationnel sur l'autre, ce qui est à la base de comportements opportunistes. Tirole (1999) propose comme solutions à ses comportements opportunistes, de rendre les contrats moins incomplets, c'est-à-dire de veiller à écrire des contrats détaillés sans être rigides, en incluant des clauses d'indexation sur l'inflation ou sur le coût de fourniture et, d'établir des procédures claires de révision des contrats et de recours à l'arbitrage.

La complétude et l'incomplétude des contrats permettent de réduire le comportement opportuniste de l'agent. Mais le problème n'est pas seulement de parvenir à contrôler les agissements de l'agent en réduisant les asymétries d'information. Il est aussi nécessaire de l'inciter à faire des efforts pour atteindre un résultat satisfaisant pour le principal. Inciter l'agent à accomplir la tâche comme le souhaite le principal, suppose que ce dernier abandonne une rente à l'agent. Or les contrats de concession sont sujets aux risques de dépassement des coûts et de surestimation de la demande (Tirole, 1999). Il se pose alors le problème de partage de la rente entre le concessionnaire et l'autorité concédant.

b- Partage de rente entre l'autorité concédant et le concessionnaire

Selon que l'autorité concédant décide de laisser au concessionnaire une rente ou non, elle peut lui offrir un contrat à fortes ou à faibles incitations.

5 Nous désignerons l'agent par d'autres termes tels le mandataire ou le concessionnaire et le principal par le mandant ou l'autorité concédant.

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b1- Les contrats à fortes incitations

Selon Tirole (1999), « Le bon sens et le point de départ de la théorie des contrats suggèrent qu'afin de créer de bonnes incitations (pour prendre cet exemple), la partie qui contrôle le niveau des coûts doit en porter la responsabilité >>. Ceci a conduit à l'utilisation des contrats où le concessionnaire supporte seul l'intégralité des coûts ; ce sont des contrats dits à fortes incitations. Lorsque le bien ou le service est non marchand, le contrat à fortes incitations prend la forme d'un contrat à prix fixe où l'autorité concédant paie un prix prédéfini et le concessionnaire supporte la totalité des coûts. Ce contrat prend la forme de prix plafond payé par le consommateur et non indexé sur le coût effectif de la production, dans le cas où le bien ou le service est marchand. Les contrats à fortes incitations supposent l'abandon d'une rente à l'agent afin de réduire les coûts de contrôle car «les contrats à fortes incitations sont également ceux qui laissent les plus fortes rentes >> (Laffont et Tirole, 1986).

Aux contrats à fortes incitations, il convient donc d'opposer ceux à faibles incitations surtout lorsque l'agent est adverse au risque.

b2- Les contrats à faibles incitations

Les contrats à faibles incitations sont des contrats où le concessionnaire est assuré à l'avance que ses coûts ou plus généralement la majorité de ses coûts seront couverts. Quand le service ou le bien est non marchand, ces contrats sont des contrats à coût remboursé et des contrats de régulation indexant le prix à la consommation sur le niveau des coûts réalisés pour les biens ou services marchands. L'autorité concédant se devant de contrôler le profit perçu par le concessionnaire, il peut survenir une incompatibilité entre les objectifs d'incitation et d'extraction de la rente.

Tirole (1999), a relevé deux facteurs parmi d'autres qui peuvent pousser à limiter les incitations du concessionnaire :

- La qualité non vérifiable du service : Dans les contrats à fortes incitations, la totalité des coûts est supportée par le concessionnaire. Il devient coûteux pour lui de fournir un service de bonne qualité. Il est donc incité à réduire la qualité du service. La solution va donc consister à lui offrir des contrats à faibles incitations lorsqu'il est difficile de contrôler directement la qualité du service.

- Le Danger de capture ou de corruption : Le rôle du superviseur est de réduire le niveau d'asymétrie d'information à laquelle est confronté le principal. Il peut mal s'acquitter de sa tâche surtout s'il est poussé par le désir de plaire au concessionnaire.

Il est important de souligner que la prestation de ramassage des ordures confiée à HYSACAM par la CUY est régie par deux principaux documents contractuels :

- Le contrat

- Le cahier des charges

Le contrat, document de base est présenté de façon succincte :

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- L'objet du marché

- Les dispositions administratives et financières

- Les modalités d'exécution des travaux

Les déchets ménagers étant considérés comme un bien public et le service rendu par HYSACAM étant un service public, il nous semble important de mieux comprendre ces concepts.

I-1-2. Le concept de bien public / service public

Un service public est une activité considérée comme étant d'intérêt général, qui s'exerce sous le contrôle des pouvoirs publics (l'État ou une collectivité locale). Généralement la notion de service public se rapporte à celle de bien public qui selon Semedo (2001) est un bien dont deux agents peuvent bénéficier simultanément de l'usage. Parmi ces biens publics, il en existe certains satisfaisant à trois conditions supplémentaires dites conditions de Lindhal : l'impossibilité d'exclusion par les prix, l'obligation d'usage et l'absence d'effet d'encombrement et dans ce cas on parle de biens publics purs plus précisément de biens collectifs purs (Percebois, 1991). La première condition signifie que le bien est mis à la disposition d'un agent, il est aussitôt mis à la disposition de tous. La deuxième quant à elle veut dire qu'aucun agent n'est maître de la décision de disposer du bien et chacun a vocation à consommer ce bien dès lors qu'il est disponible. Enfin, la troisième signifie que la satisfaction que retire un agent de la consommation d'un bien ne dépend pas du nombre d'usagers qui en bénéficient également.

a- Les domaines concernés

Certaines activités ont été assumées par l'Etat ou ce qui en tenait lieu au Moyen Age, le roi. C'est pour cette raison qu'on les nomme fonctions régaliennes. Il s'agit entre autres du maintien de l'ordre (police), de la lutte contre un danger extérieur (armée), de la justice, de l'émission de monnaie. Ces fonctions sont généralement considérées comme difficiles à sous-traiter à des sociétés privées. Sans compter les problèmes éthiques que posent une telle sous-traitance. Néanmoins, la fixation de ce qui relève du domaine public, du secteur privé, ou d'une éventuelle combinaison des deux, garde un certain arbitraire et varie d'ailleurs selon les pays. Elle évolue aussi dans le temps en fonction de décisions politiques où interviennent à des degrés divers : les besoins exprimés par la population, ou prévisibles à terme et les contraintes d'efficacité économique. Or, un service public peut être rendu : par des entreprises privées : c'est notamment le cas de la distribution de l'électricité (AES-Sonel), de la gestion des déchets ménagers (HYSACAM) ou celle des soins médicaux (médecins et pharmaciens, cliniques privées), voire de l'enseignement (établissements privés maternels, primaires, secondaires et supérieures).

Inversement, une entreprise publique peut avoir des activités marchandes, qui ne relèvent pas du service public, comme la CAMRAIL pour le transport des personnes en train et le fret, ou la poste pour les envois de colis. D'autre part, le service public n'est pas nécessairement national mais peut être organisé sur le plan régional ou local, l'autorité de tutelle n'étant plus alors l'État, mais les collectivités locales : c'est le cas par exemple du curage des caniveaux dans les quartiers, de l'embellissement de

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certains quartiers..., qui sont très souvent de la responsabilité des mairies d'arrondissement au Cameroun. Ces services sont organisés dans un cadre de délégation de service public.

b- Grands principes du service public

Comme grands principes régissant le service public, nous pouvons citer entre autre : régissent le service public :

- La continuité du service : ce principe, qui a une valeur constitutionnelle, paraît évident. En effet, c'est parce que la puissance publique lui reconnaît une importance particulière, sur le plan social, qu'un service est considéré comme appartenant à la catégories des services publics. Il répond à un besoin essentiel qui doit être satisfait en permanence. La contradiction potentielle évidente avec le droit de grève, autre principe de même valeur, engendre des controverses importantes ;

- L'adaptation du service : condition nécessaire pour suivre l'évolution des besoins d'intérêt général. Cette condition justifie les mutations qui interviennent régulièrement dans les services publics, qui doivent s'adapter tant aux progrès de la technique qu'à l'évolution de la demande sociale. Ce qui implique que aucun obstacle juridique ne doit s'opposer aux changements à accomplir ;

- L'égalité de traitement : toute discrimination entre usagers est exclue tant dans l'accès au service que dans l'usage. C'est une extension du principe d'égalité devant la loi établi dans la déclaration universelle des droits de l'homme. De ce principe découle la péréquation qui fait que les secteurs les moins rentables sont financés par les plus rentables. Exemples : La Poste pratique les même tarifs sur tout le territoire alors que les zones rurales induisent un coût supérieur dans la distribution du courrier, un abonné à l'électricité ou au téléphone paie le même prix quelle que soit sa situation géographique. La péréquation déconnecte le coût du prix pratiqué, elle permet à ce titre de poursuivre en objectif d'aménagement du territoire.

- La neutralité : c'est la condition de l'universalité du service, qui implique notamment le principe d'aménagement du territoire ;

- La gratuité n'est pas un principe. C'est même une exception rare, même si la subvention du service par d'autres sources de financement est généralisée : les services ne sont pas gratuits, mais une partie n'est pas payée directement par le bénéficiaire, mais par les impôts et taxes. Plus généralement, si le service est légalement obligatoire, les prestations doivent être gratuites sauf disposition législative contraire. Comme exemples de modes de financement de services publics on peut citer : Les redevances spécifiques imposées aux usagers (exemples : la redevance audiovisuelle pour la télévision) et les taxes (la TEOM pour les ordures ménagères).

Comme bon nombre d'auteurs, Salanié (1998) estime que la fourniture d'un bien public par un mécanisme de marché, conduit à une production de biens publics (ou service public) sous optimale. Coase (1974), quand a lui remet en cause ce raisonnement et pense que l'Etat n'est pas indispensable pour une fourniture optimale d'un service public.

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Adam Smith dans son livre intitulé << la richesse des nations, livre V, chapitre 1 >> estime quand à lui que si le fait pour une entreprise privée de fournir l'éclairage est sous-optimal, alors l'Etat doit luimême fournir le service en cause. De même, on est tenté de dire que si la gestion des déchets par HYSACAM connaît des limites, il serait préférable pour l'Etat de prendre en charge ce service. HYSACAM étant une entreprise privée, son souci majeur est de maximiser son profit, le côté << social >> du service rendu étant secondaire.

Toutefois la signature d'un contrat approprié et fiable pourrait permettre la réduction d'asymétries informationnelles entre l'Etat et HYSACAM et améliorer par là le service rendu. Bien que les concepts de contrat et de service public soient tout aussi importants, intéressons-nous maintenant au concept d'efficacité.

I-1-3. Cadre conceptuel : La théorie néoclassique de l'offre et de la demande

Il s'agit pour nous de définir le concept d'efficacité et d'analyser l'offre et la demande du service de ramassage des déchets ménagers.

a- Efficacité et offre du service de ramassage des déchets a1- Le concept d'efficacité

Généralement on distingue :

L'efficacité technique : Elle se définit généralement au niveau de l'entreprise. De manière absolue, une entreprise est techniquement efficace si l'une de deux situations suivantes est vérifiée :

- Etant donné un panier d'inputs, la firme produit le maximum d'output techniquement possible ;

- Etant donné un niveau d'output, la firme utilise le minimum d'inputs nécessaire pour l'atteindre.

On dira qu'une entreprise est inefficace lorsqu'elle opère à l'intérieur de sa frontière. Cette situation est communément appelée inefficacité-X, le X de la théorie est synonyme de non allocatif. Sur le plan théorique, cette situation est fondée sur l'incapacité de l'entreprise à traiter toute l'information pouvant conduire à l'efficacité. C'est le concept de rationalité limitée.

L'efficacité allocative : Elle se définit par rapport au système de prix auquel fait face l'entreprise et suivant un comportement d'optimisation économique (minimisation des coûts et maximisation du profit). A titre d'exemple, une entreprise est déclarée allocativement efficace si à niveau de production donnée, le coût des facteurs est minimum.

L'efficacité d'échelle : L'efficacité d'échelle caractérise l'écart existant entre les performances constatées et celles qui seraient obtenues dans une situation d'équilibre concurrentiel de long terme où le profit est nul c'est à dire par rapport à une situation où les rendements d'échelle sont constants.

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L'efficacité sociale ou collective : Elle est relative à l'ensemble de l'économie qui inclut producteurs et consommateurs. Elle est atteinte lorsqu'il est impossible d'accroître l'utilité (la satisfaction) d'un consommateur sans diminuer celle d'un autre. On parle alors d'optimum de Pareto.

Le concept d'inefficience-X : Ce concept a été développé par LEIBENSTEIN (1978). Il met aussi en évidence le lien entre l'inefficience-X et l'entreprise publique, et ramène les sources de l'inefficacité au fonctionnement interne de la firme.

Lien entre efficacité et service public rendu par une entreprise privée : Selon SCHMIDT (1991), quand une entreprise est publique, l'Etat est mieux informé à son sujet et n'a donc pas besoin de créer de distorsions informationnelles ex post. Les subventions dont bénéficie une entreprise publique obligent l'Etat à lui laisser un surplus. La conséquence étant donc un découragement à investir de la part du dirigeant de l'entreprise. SCHMIDT (1991), caractérise ce découragement à investir de coût de la propriété publique. Par contre, quand l'entreprise est privée (cas de HYSACAM), l'Etat introduit des distorsions informationnelles à cause de l'asymétrie d'information, engendrant ainsi le coût de la propriété privée. Cependant, le manager investit plus ex ante car il garde une partie du surplus de l'entreprise ex post. Cette analyse indique donc qu'il y a dans une entreprise, un arbitrage entre l'efficacité productive, car le manager investit plus quand la firme est privée, et l'efficacité allocative, car le niveau de production socialement efficace est obtenu quand la firme est publique.

L'efficacité productive : Dans ce travail, nous voulons savoir si le fait que le ramassage des déchets ménagers soit assuré par une entreprise privée est socialement efficace ; il s'agit donc d'apprécier l'efficacité productive de cette entreprise c'est-à-dire la qualité du service de collecte qu'elle fournit. Le test consistera à apprécier et de comparer les niveaux de production et d'enlèvement mensuels des déchets ménagers. Ensuite à partir de l'analyse économétrique de l'évolution du taux de collecte des déchets pendant la période d'étude, nous allons déterminer les taux de croissance moyen â et c respectivement des quantités produites (QP) et collectées (QC). Pour cela, il suffira d'estimer les modèles Log (QP)=â et Log (C)= c par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) avec comme hypothèses :

Ho : â> c QP évolue plus vite que QC Service de collecte inefficace

H1 : â< c QC évolue plus vite que QP Service de collecte efficace

Le taux de collecte moyen sera en suite calculé et comparé au ratio 75%. Un taux de collecte inférieure à ce ration est préjudiciable aussi bien pour l'environnement que pour la santé des populations.

a2 -L'offre du service de ramassage des déchets

Dans une situation de monopole, Le problème du prestataire est de déterminer la quantité Q de service fourni qui maximise son profit. Le profit Ð(Q) = PQ - CT est donc fonction de la quantité de service fourni. Sa maximisation conduit à l'égalité de la recette marginale et du coût marginal. L'équilibre est alors présenté par la figure 1.1.

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La fonction Q(P), qui associe au prix le service fourni est appelée fonction d'offre de l'entreprise. Elle est représentée par la partie de la courbe de coût marginal située au-dessus de la courbe de coût moyen (CM). C'est une fonction croissante du prix. Un monopole opère donc en un point oi'i le prix est supérieur au coût marginal, alors qu'une entreprise en concurrence opère en un point oi'i le prix est fixé au niveau du coût marginal. Les populations bénéficient d'un niveau de satisfaction moindre quand le ramassage des déchets est l'apanage d'une seule entreprise (comme c'est le cas pour HYSACAM) plutôt que sous la forme concurrentielle.

Figure 1.1 : L'équiibre du monopole

Prix

a

Source : Varian, 2003

P*

Profit=Ð

Q* Quantités

Rm RM

Cm CM

Le service rendu correspondant au profit maximum du monopoleur est celui pour lequel la recette marginale est égale au coût marginal Rm=Cm.

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L'offre du service de ramassage des déchets (S*), comme le montre la figure 1.2, correspond ici aux quantités collectées par l'entreprise en charge de la collecte des déchets et P*, le prix moyen de la tonne transportée en décharge. Une augmentation de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères payée par les ménages ou l'institution du principe « Pollueur Payeur » accroît le revenu de l'entreprise de collecte qui à son tour améliore la qualité du service fournit.

Figure : L'offre du service de ramassage des déchets Prix (en FCFA la tonne)

Source : Varian, 2003

P1

P*

P2

S* S1 Quantités (en tonnes)

S=Courbe d'offre

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b- Demande du service de ramassage des déchets

La demande du service de ramassage des déchets correspond aux quantités de déchets produits par les ménages et qui nécessitent d'être collectés par l'entreprise en charge de la collecte. La courbe de demande d'un bien ou d'un service a une pente négative (figure 1.3), traduisant le fait par exemple qu'une baisse du prix de la tonne collectée accroît la demande du service de ramassage.

Figure : La demande du service de ramassage des déchets

Source : Varian, 2003

Prix (en FCFA la tonne)

P1

P*

D=Courbe de demande

D1 D* Qtés (en tonnes)

b1- Les effets prix sur le niveau de ramassage des ordures ménagères

La hausse du prix moyen de la tonne transportée en décharge de P* à P1 augmente les taxes que doivent payer les ménages afin de bénéficier du service de collecte des déchets. La perte nette des ménages due à cette hausse est la somme des zones a + b + c + d, le surplus des ménages est passé du triangle ADE au triangle ABC (figure 1.4).

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Mais il est important de souligner que cette perte nette des ménages s'accompagne, toute chose étant égale par ailleurs, d'une baisse des quantités non collectées qui passent de x à w. L'entreprise en charge de la collecte par contre voit son profit augmenter de << a >> en ce sens que son budget augmente par conséquent.

La baisse du prix moyen de la tonne transportée en décharge de P* à P2 va entraîner, certes une diminution des subventions de l'Etat et donc un gain correspondant à la surface << g >>, mais aussi une réduction des quantités collectés de déchets par HYSACAM (figure 1.5).

b2- Les effets quantités sur le niveau de ramassage des ordures ménagères

L'Etat peut décider, vu l'évolution des quantités produites de déchets, de fixer un objectif de taux de collecte supérieur à celui jusque là atteint. Du coup on remarque une variation de la courbe d'offre qui passe de Sd à S'd et qui se traduit par l'augmentation du prix de la tonne collectée (figure 1.6). Les effets quantités sont quasi identiques aux effets de la hausse du prix moyen de la tonne transportée en décharge à la différence que Q dans ce cas est une constante et non une variable fonction de l'évolution du prix payé par tonne collectée.

Comme tout bien public, les déchets ménagers ont aussi bien des effets externes positifs que négatifs. D'où la nécessité de passer en revue ceux relatifs aux déchets ménagers. Mais avant cela, intéressons nous aux déchets proprement dit.

I-2. : Généralités sur les déchets et politiques de gestion

I-2-1. Généralités

a- Essai de définition

L'ADEME (1994) définit le déchet comme << tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou, plus généralement, tout bien

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meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon » (loi du 15 juillet 1975). Bertolini (1990) quant à lui définit le déchet comme un produit dont la valeur d'usage et la valeur d'échange sont nulles pour son détenteur ou propriétaire. Ce déficit en valeur économique tient du fait que le déchet n'est pas un produit rare, contrairement à l'air par exemple. Selon le dictionnaire LAROUSSE, un déchet est un débris ou tous les restes sans valeur de quelque chose ou encore tout ce qui tombe d'une matière qu'on travaille (exemple : un déchet radioactif). C'est donc toute matière ou objet indésirable abandonné sur la voie publique, même les cadavres d'animaux, bref une réunion de résidus hétérogènes.

Les déchets ménagers font partie de la catégorie de déchets communément appelée déchets urbains qui représentent l'ensemble des déchets de la collectivité dont la gestion incombe aux municipalités. Les déchets ménagers sont liés à l'activité domestique, ils comprennent les ordures ménagères au sens strict, les encombrants et les déchets de jardin, ou déchets verts. Seuls les ordures et les déchets verts sont susceptibles d'être utiles à l'agriculture après un traitement adéquat.

Dans notre étude, il s'agira : Des déchets végétaux tels que les restes de cultures, les déchets de cuisine (les épluchures de plantain, de manioc, etc.) à l'état frais et décomposé ; des déchets animaux tels que les fientes de poules, les lisiers de porc, etc. et du compost qui ici constitue l'ensemble des déchets végétaux, animaux et de cuisine à l'état de putréfaction.

On distingue globalement trois grandes classes de déchets solides : Les déchets inertes, les déchets fermentescibles ou biodégradables et enfin les déchets toxiques.

- Les déchets inertes sont des déchets très encombrants. Ils représentent 5%6 de la production totale des déchets solides générés à Yaoundé. Ce sont en général, les débris de chantiers plus ou moins volumineux (gravats, terre, sable, stériles, ...), les carcasses d'automobiles, les avions abattus, les péniches de débarquement, etc.

- Les déchets fermentescibles ou biodégradables sont essentiellement constitués par la matière organique animale ou végétale et représente le gros des déchets de Yaoundé avec une proportion de 86%. Ce sont des déchets moins encombrants du fait de leur rapide fermentation aérobie ou anaérobie, mais par contre très polluants et qui peuvent provoquer des maladies à travers certains animaux, les mouches, les moustiques et autres insectes vecteurs de transmission de plusieurs maladies. Cette catégorie de déchets est susceptible d'être utile à l'agriculture après un traitement adéquat.

- Les déchets toxiques (9%) sont ceux qui contiennent un poison chimique ou radioactif issus des industries, des laboratoires et des particuliers. Il s'agit des flacons de médicaments, des piles électroniques, etc.

La composition des déchets est variable selon le type de pays, sans qu'il puisse être établi une corrélation stricte avec les richesses. Néanmoins, on constate que, dans l'ensemble, la part des matières organiques biodégradables est surtout dominante dans les pays les moins avancés et que la

6 Statistiques du LESEAU, 2002

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part des papiers journaux s'accroît dans les pays développés (jusqu'à représenter 43 % des déchets en Californie...). La position singulière de la France se caractérise par l'importance du verre dans les ordures ménagères (13,1%), supérieur à tous les autres pays du monde.

Selon Gillet (1985), on distingue dans les déchets ménagers :

- les « fines » de diamètre inférieur à 20 mm ;

- les déchets végétaux ;

- les papiers et cartons ;

- les chiffons et autres déchets textiles ;

- Les matières plastiques ;

- les os ;

- les débris combustibles non classés ;

- les verres, porcelaine et faïence ;

- les débris incombustibles non classés ;

- les métaux

Bien connaître la composition des ordures ménagères est capital pour déterminer les modes de tri, de collecte et de traitement qui seront les mieux adaptés. 80% des déchets ménagers de Yaoundé sont constitués de déchets putrescibles comme d'ailleurs dans toutes les autres capitales africaines. Les matières fines avec un diamètre inférieur à 2 mm représentent 20,1% de la production des déchets ménagers et leur proportion est plus élevée dans les pays d'Afrique occidentale du fait de la présence d'énormes quantités de sable dans les déchets.

b- Caractéristiques des déchets

Selon Ngnikam (1992) on caractérise les déchets par quatre paramètres essentiels : la densité, le degré d'humidité, le pouvoir calorifique, le rapport des teneurs en carbone et azote (C/N) :

- La densité : La connaissance de la densité est d'une grande importance pour le choix des moyens de collecte et de stockage. Toutefois comme les déchets sont compressibles, la densité n'a un sens que si on définit les conditions dans lesquelles on la détermine. C'est pourquoi on peut avoir une densité en poubelle, une densité en benne, une densité en décharge, une densité en fosse, etc. La densité en poubelle est mesurée en remplissant les ordures fraîches dans un récipient de capacité connue sans tassement.

- Le degré d'humidité : Les ordures renferment une suffisante quantité d'eau variant en fonction des saisons et le milieu environnemental. Cette eau a une grande influence sur la rapidité de la décomposition des matières qu'elles renferment et sur le pouvoir calorifique utile des déchets. Dans

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les régions tropicales, l'humidité varie entre 40% et 75% dans les déchets bruts, c'est à dire qu'il y'a parfois plus d'eau que de matière sèche.

- Le pouvoir calorifique : Le pouvoir calorifique est défini comme la quantité de chaleur dégagée par la combustion de l'unité de poids en ordures brutes. Il s'exprime en millithermie par kilogramme d'ordures (mth/kg). Le pouvoir calorifique supérieur (PCS) suppose que la vapeur d'eau formée pendant la combustion est revenue à l'état liquide. Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) quant à lui, s'obtient si l'eau est formée à l'état vapeur. C'est donc la vapeur du PCI qui permet de proposer ou de refuser l'incinération des ordures. Il varie dans les régions équatoriales entre 800 et 2500 mth /kg.

- Le rapport des teneurs en Carbone et Azote : Le rapport C/N a été choisi comme critère de qualité des produits obtenus pour le compostage des déchets. Il est d'une grande importance pour le traitement biologique des déchets, car l'évolution des déchets en fermentation peut être suivi par la détermination régulière de ce rapport. Le rapport C/N dans les ordures fraîches se situe généralement entre 25 et 40 et dans le compost mûr entre 12 et 20.

Il est important de noter que les paramètres qui caractérisent les déchets varient d'un pays à un autre. En effet, la production de déchets est plutôt liée à la richesse du pays, mais avec des exceptions notables tant dans les pays riches que dans les pays pauvres. La France se situe dans une position moyenne parmi les pays développés. Un Français produit deux fois moins de déchets qu'un Américain, dix fois plus qu'un habitant d'un pays en développement. En Europe, la France se situe dans une position moyenne, légèrement supérieure à l'Allemagne ou au Royaume Uni, largement inférieure aux pays nordiques, Norvège ou Finlande.

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Tableau 1.1 : Comparaison internationale de production des déchets (kg/habitant/an)

Russie 159 soit 0,43 kg/jour/hbt France 360 soit 0,98 kg/jour/hbt

Ukraine 212 soit 0,58 Cameroun 288,92 soit o,79

Portugal 257 soit 0,70 Suisse 441 soit 1,20

Grèce 296 soit 0,8 Norvège 472 soit 1,3

Espagne 322 soit 0,9 Pays Bas 497 soit 1,4

Allemagne (RFA) 333 soit O, 9 Autriche 620 soit 1,7

Belgique 342 soit 0,9 Finlande 624 soit 1,7

Royaume Uni 348 soit 0,9 États-Unis 755 soit 2,1

Source : Europes's Environnement, Statistical compendium for the Dobris Assesment, 1995

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I-2-2. Les déchets ménagers et la production d'externalités

Selon Salanié (1998), on dit qu'il y'a effets externes ou externalités, quand les actions d'un agent influencent directement les possibilités de choix (c'est-à-dire l'ensemble de production ou l'ensemble de consommation) d'un autre agent. Pour Varian (2003), une situation économique implique une externalité de consommation si un consommateur se préoccupe directement de la production ou de la consommation d'un autre agent. De même, il y'a externalité de production quand les possibilités de production d'une entreprise sont influencées par le choix d'une autre entreprise ou d'un consommateur. On distingue les effets externes positifs et les effets externes négatifs.

a- Les externalités positives

Dans le cas plus précis des déchets ménagers, nous allons considérer comme effets externes positifs, tous les avantages que procure la production des déchets ménagers

a1- Les déchets et l'emploi

Selon une étude de l'ADEME, à prix égal, la collecte séparative (absente au Cameroun) génère dix fois plus d'emplois que l'incinération, trente fois plus que la mise en décharge (comme au Cameroun). La collecte séparative entraîne une augmentation des personnels de l'ordre de 5 à 10 % variable selon la densité de l'habitat. Si la collecte elle-même n'apporte que peu de changements en termes d'emplois, le tri, qui est un complément indispensable, induit des mouvements plus significatifs.

Selon cette étude, le nombre d'emplois créés pour une collectivité de 100.000 habitants générant 420 kg/habitant/an, serait compris entre 20 et 35, selon le tonnage collecté. Le passage d'une collecte en mélange avec mise en décharge, à un traitement par incinération, entraîne quant à elle une augmentation du coût de 18 % et une augmentation de l'emploi de 15 %. L'adjonction d'une filière de valorisation matière entraîne une augmentation du coût de 10 % (soit moitié moindre), et une augmentation de l'emploi de 25 % (soit moitié plus).

Selon Bertoli (1996), la communauté urbaine de Bordeaux engageait en 1994 477 agents pour la gestion des déchets ménagers tandis que la ville de Marseille en employait 659. La collecte sélective permet un accroissement en personnel de 25%.

a2- Les déchets et l'agriculture

Lorsqu'ils son recyclés, les déchets ménagers jouent un rôle important dans les exploitations agricoles. En effet, de part les substances organiques qu'ils contiennent ils fertilisent le sol. Le compost est la forme décomposée de ces déchets ménagers et joue un rôle très important dans la fertilisation des sols, sols qui ne sont pas toujours fertiles.

Depuis de longues dates, on utilise les déchets animaux et végétaux de l'agriculture pour améliorer les terres arables, on a pensé tout naturellement qu'il était profitable de valoriser les déchets ménagers en les incorporant aux sols afin de stabiliser ces sols, de corriger leur structure et même de les fertiliser. La récupération des déchets ménagers est aujourd'hui présente dans tous les lieux de cultures et

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d'amendement du sol ; l'agriculture, les pâturages, l'horticulture, la floriculture et les pépinières, de même qu'en foresterie et en architecture paysagiste (Ndoumbè, 1994).

b- Les externalités négatives

On appelle effets externes négatifs tous les désagréments que provoque la production des déchets ménagers aussi bien sur les agents économiques que sur l'environnement

b1- Effets sur l'environnement

Selon Vermande (1992), les déchets ménagers provoquent de multiples nuisances sur l'environnement urbain et portent une atteinte profonde à la santé des habitants de la ville. Les principaux impacts sur l'environnement sont les suivants :

- Dégagement des gaz toxiques : L'incinération ou les feux incontrôlés des dépôts de déchets ménagers provoquent le dégagement de volumes importants d'acide chlorhydrique gazeux, l'incinération des mousses de polyuréthane provoque l'émanation d'un gaz assez toxique : le phosgène. Il faut aussi noter que la mise en décharge occasionne la production de volumes importants de méthane : ce gaz peut donner naissance à des explosions et provoquer des incendies. De plus, le méthane et le gaz carbonique libéré contribuent à accentuer l'effet de serre, cause de réchauffement de la planète.

- Encombrement : Lorsque les déchets ne sont pas régulièrement enlevés, ils encombrent les trottoirs et les chaussées, ternissant ainsi l'image de la ville. L'obstruction des caniveaux et ouvrages d'évacuation des eaux usées sont source d'inondation en saison de pluie.

b2- Effets sur la santé des hommes

- Prolifération des germes pathogènes : Les tas de déchets ménagers abandonnés sur les trottoirs favorisent la prolifération et la transmission des germes pathogènes par les insectes, vecteurs de transmission des maladies. La transformation chimique de ces déchets dégage de très fortes odeurs, dénaturant ainsi la qualité de l'air que l'on respire et mettant en danger la santé des populations.

- Pollution des eaux : La présence des déchets toxiques tels que les piles électriques augmente la concentration des ions métalliques et des métaux lourds dont la présence, même à dose infimes peut s'avérer catastrophique pour les sols, l'eau potable et par conséquent pour l'homme. Les produits de droguerie, les peintures et les huiles de vidange rendent toute eau impropre à la consommation. La mise en décharge du déchet produit des eaux de percolation, lessivats qui polluent les eaux souterraines et les cours d'eau, lorsque ces eaux ne sont pas traitées avant le rejet dans la nature.

Fort de tous ces effets aussi bien sur l'homme que sur l'environnement, diverses politiques de gestion des déchets mangers sont mises sur pied par les Etats afin de les endiguer.

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I-2-3. Les différentes politiques de gestion des déchets

Plusieurs actions sont généralement associées aux politiques de gestion des déchets. Il s'agit notamment des opérations collecte et de gestion, et des opérations de récupération et de valorisation.

a- La collecte et la gestion des déchets

Selon l'ADEME (1994), la collecte est une opération qui consiste en l'enlèvement des déchets chez le producteur (les ménages pour les ordures ménagères) ou aux points de regroupement alors que la précollecte est définit comme étant l'ensemble des opérations d'évacuation des déchets depuis leur lieu de production, jusqu'au lieu de prise en charge par le service de collecte public.

Dans les PVD, la précollecte peut être définit comme étant le transfert des déchets ménagers des zones inaccessibles aux camions de ramassage (surtout dans des quartiers spontanés) vers des bacs à ordures ou des centres de regroupements. Elle est généralement assurée par des associations de quartiers et ONG plus ou moins structurées qui s'autofinancent par la contribution des ménages adhérents et par les produits tirés de la vente des matières récupérées et du compost produit.

De manière historique, la première expérience de précollecte des déchets ménagers dans les quartiers remonte à 1990 à Rufisque au Sénégal ou elle se faisait dans des charrettes à traction animale à un coût mensuel de 450F CFA (o,675 euro) par ménage et concernait 3500 ménages. Aujourd'hui, cette expérience est répandue dans tous les PVD et le montant des contributions mensuelles des ménages se situe entre 0,2 euro (à Lucknow en Inde) et 2,5 euros (à Conakry en Guinée). Dans certaines villes indiennes, des associations de rue de quelques 75 à 100 propriétaires de maisons établissent des contrats avec des ramasseurs locaux de déchets pour collecter les déchets et nettoyer les rues. Les associations récupèrent les redevances des ménages, paient les ramasseurs de déchets, encouragent le

tri des déchets au niveau des ménages et font des campagnes d'éducation7.

Le traitement des déchets est un processus permettant la réduction du potentiel polluant initial du déchet dans des conditions contrôlées ainsi que du flux des déchets à mettre en décharge. La gestion quant à elle regroupe toutes les actions menées par les gestionnaires des déchets afin d'assurer un service efficace de collecte. Selon Smith et al (2004), les techniques de traitement des déchets et effluents doivent aboutir à des coproduits facilement utilisables pour l'agriculteur, sans dangers pour la santé et avec risque minimum sur le milieu naturel.

Dans les PVD, la proportion des matières plastiques dans les déchets est de 5%, soit 60 tonnes /jour et une quinzaine de Kilogrammes par personne et par an. On distingue trois voies de valorisation : La voie énergétique qui remonte le plus en amont de la chaîne de transformation, la voie chimique qui en est proche et la voie mécanique qui exploite le mieux le niveau d'énergie atteint par la matière, c'es la voie la plus directe.

En 1994, la consommation en matières plastiques a été de 28 millions de tonnes en Europe de l'Ouest. Elf Atochem fait partie des 10 principaux producteurs Européens.

7 Source : T.K. Ramkumar, community initiatives in municipal solid waste management : case of EXNORA in India. EXNORA International, Madras, India; UMP/SDC, 1996.

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Tableau 1.2 : Comparaison des politiques nationales de traitement des déchets (juin 1997)

États

Recyclage

Incinération

Décharge Stockage

France

12 % (dont 6 % de compost)

 

40 %

 
 

48 %

 

Allemagne

18 % (dont 2 % de compost)

 

34 %

 
 

48 %

 

Suède

23 % (dont 5 % de compost)

 

40 %

 
 

37 %

 

Norvège

13 % (dont 1 % de compost)

 

18 %

 
 

69 %

 

Danemark

20 %

 

60 %

 
 

20 %

 

Pays-Bas

43 % (dont 20 % de compost)

 

26 %

 
 

31 %

 

Belgique (Flandre, Wallonie)

35 % - 11 %

29

% - 31

%

36

% - 58

%

Italie

9 % (dont 2 % de compost)

 

6 %

 
 

85 %

 

Royaume-Uni

25 %

 

5 %

 
 

70 %

 

Etats-Unis

24 %

 

15 %

 
 

61 %

 

Japon

11 % (dont 2 % divers)

 

74 %

 
 

15 %

 

Canada

30 %

 

4 %

 
 

66 %

 

Suisse

39 %

 

47 %

 
 

14 %

 

Autriche

33 % (dont 17 % de compost)

 

12 %

 
 

55 %

 

Espagne

13 % (compost)

 

4 %

 
 

83 %

 

Source : ADEME

 
 
 
 
 
 
 

Selon une étude menée par Odunze et al (2004) dans la ville de Zaria au Nigeria sur les méthodes de collecte et de traitement des ordures ménagères, 54% des ordures ménagères sont collectées, 22% sont déversées anarchiquement dans la nature, 19% sont incinérées. L'absence des méthodes de traitement des déchets dans cette ville comme dans bons nombres de villes au Sud du Sahara est de nature à

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dégrader considérablement le cadre de vie des habitants de cette ville. C'est ainsi que les méthodes de traitement des déchets doivent vulgarisées.

b- La récupération et la valorisation

Selon l'ADEME (1994), le recyclage peut être défini comme étant la réintroduction directe d'un déchet dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement total ou partiel d'une matière vierge (verre, papier, métal, ...). La valorisation quant a elle, étant l'utilisation d'un déchet en profitant de ses qualités, soit à la production de matériaux neufs dans un cycle de production (recyclage), soit à d'autres fins (utilisation agricole de compost, production d'énergie à partir de l'incinération des déchets). Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux recyclables réduit la quantité de déchets à traiter de 20 à 25%.

Du fait de son coût élevé, la valorisation des déchets fait souvent l'objet d'une aide publique via un organisme missionné par l'Etat. Dans les PVD, les matières premières vierges sont généralement coûteuses ce qui offre d'avantage d'intérêt au recyclage, d'où la naissance des activités de récupération informelle autour des décharges des grandes villes ; c'est le cas au Sénégal autour de la décharge de M'beubess à proximité de Dakar. Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux recyclables réduit la quantité de déchets à traiter de 20 à 25%.

Le compostage est un processus microbiologique de dégradation de la matière organique non synthétique en présence d'oxygène (en aérobiose). Selon Fritz (1992), le compostage c'est la décomposition des matières organiques et leur transformation en humus par l'action d'un grand nombre de micro-organismes dans un milieu chaud, humide et aéré. Ce processus permet de transformer les déchets organiques en compost, amendement organique très riche en éléments nutritifs.

Cette opération permet de réduire considérablement le tonnage des déchets à transporter à la décharge.

Son équation globale s'écrit :

Matière organique + O2 Compost + CO2 + H2O + chaleur

En général, la fabrication du compost se fait de trois façons différentes selon la disponibilité et les quantités de déchets que l'on désire traiter. Ce sont : le compostage artisanal en andain ou en tas, en fosse et en surface.

Selon une étude menée à Louga au Sénégal, les meilleurs rendements du compost sont obtenus quand ils sont combinés aux engrais chimiques et ceci selon des proportions spécifiques à l'espèce et conditions agronomiques. A titre d'exemple, nous avons le tableau suivant :

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CO2

Figure 1.7 : Un andain de compostage

Source : Guide de fabrication artisanale de compost : Fondation Friedrich Ebert, Cameroun, 1994

Air (02) Micro organismes

Déchets Dégagement de chaleur

Bactéries, champignons, levures, vers, ...

Vapeur d'eau (H2O)

Speculation

Forme d'utilisation du compost

Dose
(tones/ha)

Rendements (tonnes/ha)

Pomme de Terre

Frais

150

3.20

 

100

4.98

 

100

14.62

Tomate

Frais

150

30.13

 

150

12.55

 

150

64.40

Choux

Frais

100

5.37

 

100

5.75

 

100

18.35

 

200 kg/ha

Source : Thiam et al, 2005

Les études menées par Nkamleu (1996) au Cameroun révèlent que la mauvaise organisation des circuits de distribution constituait la principale raison de la non adoption du compost. Hormis cette raison, 23% des non adoptants du compost doute de la non rentabilité du compost. Pour lui, l'age, la pratique des cultures maraîchères, la perception du compost, la pratique de l'élevage, le niveau d'instruction et la vulgarisation sont les déterminants de la demande de compost urbain.

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CHAPITRE II : LA COLLECTE DES DECHETS MENAGERS A
YAOUNDE : UN SERVICE INEFFICACE

INTRODUCTION :

Considérée comme chef lieu de la province du Centre et siège des institutions de l'Etat camerounais, Yaoundé a connu une croissance rapide à l'instar des grandes villes des pays en développement. Cette croissance a produit des concentrations de populations augmentant ainsi la production des déchets ménagers. Il se pose donc le problème de gestion efficace de ces déchets ménagers.

Avec le concours de l'Etat et de certains organismes de développement, beaucoup d'actions ont été menées dans la ville de Yaoundé dans l'objectif de rendre efficace le système de gestion des déchets sans beaucoup de succès.

Il s'agira donc dans ce chapitre, d'une part de dresser le bilan thématique des actions déjà menées et d'autre part d'apprécier l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé.

II-1. Bilan des politiques de gestion des déchets à Yaoundé

Il s'agit tout d'abord de retracer l'historique de la gestion des déchets ménagers, ensuite de dresser le bilan des actions déjà menées à Yaoundé et enfin relever les obstacles répertoriés.

II-1-1. Historique de la gestion des déchets à Yaoundé a- La yille de Yaoundé

Yaoundé, capitale politique du Cameroun et siège des institutions étatiques est située à environ 200 km de la côte atlantique et des frontières sud du Congo et du Gabon. Située à 3°5' de Latitude nord et à 11°31' de longitude Est, la ville de Yaoundé s'étend sur une superficie totale estimée à 18 000 ha et est subdivisée en six arrondissements (planche 1).

Le relief de Yaoundé est constitué d'un ensemble de collines et de vallées d'altitude variant entre 700 et 1200 m. Le climat de type subéquatorial tempéré est caractérisé par quatre saisons :

- Une grande saison sèche (Novembre - Mars)

- Une petite saison de pluies (Mars - Juin)

- Une petite saison sèche (Juin - Août)

- Une grande saison de pluies (Août - Novembre)

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L'habitat (planche 2) non structuré quant à elle héberge 60,2 % de la population de la capitale. De plus, Yaoundé dispose de moins de 1500 km de route toutes catégories confondues avec seulement 30% de routes bitumées dont près de 70% restant impraticables. Il est bien vrai qu'à la faveur du déblocage des fonds PPTE, certaines routes ont été aménagées et bitumées à Yaoundé, mais le déficit routier de la ville reste toujours une réalité. Devant une telle insuffisance du réseau de voirie, le service de ramassage des déchets ménagers est rendu encore plus difficile.

b- Evolution de la gestion des déchets ménagers

La gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé a connu cinq principales étapes selon Ngnikam (2000) :

Avant 1968 : La collecte des déchets est effectuée en régie par la commune mixte urbaine : En 1968, la collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est effectuée en régie par la municipalité de Yaoundé. Seuls les grands axes urbains, les quartiers haut standing et le centre administratif et commercial bénéficient du service de collecte des déchets. Les déchets biodégradables étaient déversés en brousse ou dans les champs, l'AUP y étant déjà très accentuée.

Entre1968 et 1990 : Concession du service d'enlèvement des déchets à HYSACAM : La société HYSACAM qui est une ancienne filiale de la Lyonnaise des Eaux se voit confier le service de collecte des déchets ménagers en 1968. Le montant du financement est passé de 65 millions de franc par an en 1968 à 1,5 milliards en 1988 et près de 03 milliards en 2005 payés par les subventions de l'Etat pour 2/3 et pour 1/3 par le budget de la CUY. Seuls les grands axes des quartiers densément peuplés sont desservis par HYSACAM au détriment des quartiers pauvres non accessibles et le centre ville. La quantité de déchets ménagers enlevée était estimée entre 300 et 400 tonnes /jour en 1990 (Vermande et al, 1994a)8.

Entre 1990 et 1993 : Tentative de mise en oeuvre de différents systèmes de gestion des déchets et émergence des conflits entre les différents acteurs institutionnels : La crise économique que connaît le Cameroun en 1990 oblige HYSACAM à arrêter ses activités. Les mairies d'arrondissement prennent le relais pour assurer la collecte. Forte du nouveau pouvoir que leur confère la loi n° 87/015 du 15 juillet 1987 portant création des communautés urbaines, les CUA passe des contrats avec des PME non qualifiée à la tache d'enlèvement des déchets ce qui conduit à un échec total. Fort de ce constat, le premier ministère confère donc le service à la société privée << SECA, filiale de HYSACAM » qui se retire malheureusement six mois après. C'est ainsi que dès janvier 1993 la CUY et les CUA reprennent le ramassage des déchets ménagers.

Depuis 1998 : HYSACAM assure le service de collecte : En Août 1998, le service de collecte des déchets et de nettoyage des voies principales est repris par HYSACAM. Malheureusement la solution concernant la collecte des déchets dans les zones de bas-fond reste encore une énigme. Pire encore la société HYSACAM ne facilite pas la tâche aux petits acteurs << informels » de la précollecte dont les actions devraient être encouragées et financées pourquoi pas en partie par elle.

8Vermande, P. Ngninkam, E. Etude de faisabilité pour une entreprise de gestion et de traitements de déchets urbains à Yaoundé : SNH et pépinières d'entreprise de l'ENSP. Novembre 1994, 131p.

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II-1-2. Bilan thématique des actions déjà menées à Yaoundé

a- La collecte et la gestion

Beaucoup d'actions concernant la précollecte sont menées par les ONG et associations dans différents quartiers de la ville. Nous nous sommes approchés des trois acteurs majeurs de la précollecte dans la ville de Yaoundé, il s'agit des associations Sarkan Zoumountsi du quartier Briqueterie, de Tam-tam Mobile du quartier Melen et du GIC Jevolec du quartier Mendong ;

L'association Sarkan Zoumountsi est née en 1995 et a bénéficié dès octobre 2003 d'un financement de la Coopération Française et de la CUY dans le cadre du programme d'assainissement urbain, qui avait pour souci d'expérimenter le système de collecte à travers les centres de regroupement. Exerçant dans le quartier Briqueterie, arrondissement de Yaoundé II avec 3800 ménages pour 26600 habitants, cette association bénéficie également de la contribution journalière de 50 F CFA/ménages. Les déchets précollectés sont stockés dans des centres de regroupement et ensuite acheminés vers la décharge contrôlée par les camions de HYSACAM.

L'association Tam-tam Mobile quant à elle exerce au quartier Melen 3 et 4, arrondissement de Yaoundé VI. Créée en 1997, cette association travaille pour le compte de 915 ménages pour 6090 habitants. La contribution par ménage s'élève à 500 FCFA pour les familles de 01 ou 02 personnes et 1000 FCFA pour les familles de plus de 02 personnes. A l'aide des pousse-pousse, des brouettes, des sacs en fibres de 100 kgs, des râteaux, des pelles, des tridents, des houes et des pioches, 03 tonnes en moyenne de déchets sont précollectées par jour et déversés dans les bacs à ordures de HYSACAM. Mais comme beaucoup d'associations de précollecte, Tam-tam Mobile exerce dans de conditions difficiles liés notamment à la faiblesse des contributions des ménages.

Quant au GIC JEVOLEC, crée le 05 mai 1997, il assure la précollecte des déchets auprès de 300 ménages au quartier Mendong dans l'arrondissement de Yaoundé VI. Le montant des contributions mensuelles par ménage s'élève à 500FCFA et 1000 FCFA en fonction de la taille du ménage. Les quantités de déchets produits par les ménages varient entre 2 et 10 kgs/jour. Il est lui aussi confronté aux mêmes difficultés que connaît le service de précollecte des déchets ménagers dans les quartiers.

Comme nous l'avons déjà souligné, les structures de précollecte soufrent d'énormes problèmes de financement ce qui pose le problème de pérennité du service de précollecte qui ne bénéficie pas d'un ancrage institutionnel.

L'une des actions les plus pertinentes menées sur la précollecte reste le projet réalisé en septembre 2002 par l'ONG Environnement Recherche Action au Cameroun (ERA-CAMEROUN) intitulé << Mise en place des structures de précollecte et de traitement des déchets solides urbains dans une capitale tropicale : cas de Yaoundé, Cameroun>. Ce projet s'inscrivait dans le cadre du programme de << gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain > financé par le Ministère Français des Affaires Etrangères (convention n° 2001 00123 00).

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

L'objectif général de cette action pilote était de contribuer à l'optimisation de la mise en place et du suivi d'opérations de précollecte. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie développée visait à améliorer le taux de couverture des services de collecte des ordures ménagères dans les quartiers spontanés ou les zones périurbaines en créant un cadre de concertation et une complémentarité entre les petits opérateurs locaux et HYSACAM. En ce qui concerne l'action menée proprement dite, deux prestataires ont été retenus pour l'action, à savoir l'association Tam-tam Mobile et le GIC Jevolec.

Globalement, l'action pilote ainsi menée a eu de résultats satisfaisants dans la mesure où en plus d'un taux acceptable de participation des ménages, 91 tonnes de déchets ménagers ont été enlevées tous les mois; environ 50% de ces déchets auraient échoué dans les caniveaux et cours d'eau. Ce projet a conduit à une amélioration de l'état de santé des populations due à une amélioration de l'environnement et de leur cadre de vie, à la création des emplois pour les jeunes désoeuvrés, à l'obtention de données nécessaires à la réplicabilité de cette opération et à la reconnaissance implicite des rôles des différents acteurs par la commune. Mais seulement pour assurer la pérennité d'une telle action le soutient financier de la commune et de HYSACAM s'avère nécessaire. D'ailleurs pour HYSACAM, l'action menée dans les quartiers est satisfaisante et devrait augurer un avenir meilleur et une bonne clarification des rôles des différents acteurs.

Elemva (2001) dans son mémoire d'ingénieur s'est posée la question de savoir ce qui se passerait dans le contexte de Yaoundé sous l'angle environnemental si tous les déchets étaient triés dans leurs différents points de production avant d'être acheminés à leurs différentes destinations. Pour cela, l'auteur a mis en exergue les concepts de collecte traditionnelle et collecte sélective.

La collecte traditionnelle : C'est un système qui consiste à rassembler les déchets en vrac et à les acheminer soit aux usines de traitement soit en décharge, elle se fait à un faible coût. Sous l'angle environnemental, ce système de collecte est le moins respectueux de l'environnement et ne présente aucun avantage économique : tel est le cas de Yaoundé.

La collecte séparative quant à elle, est un système qui consiste à trier les déchets à leur lieu de production avant d'être acheminés à l'extérieur pour évacuation. Sur le plan environnemental, la collecte séparative pollue moins que la collecte traditionnelle. En plus elle permet de mettre en valeur et de mieux exploiter le pouvoir économique des déchets (très recommandée pour la ville de Yaoundé).

Pour Elemva (2001), la gestion des déchets ménagers à Yaoundé se réduit quasiment à la collecte en vrac et à la mise en décharge, le pourcentage des matériaux revalorisés atteignant à peine 5%. Or nombre d'expériences dans le monde montre qu'une gestion efficace des déchets passe par leur revalorisation. Une approche économique consiste donc à les trier à la base. C'est le cas en France où la collecte sélective fait partie des méthodes de collecte usuelle.

Un projet pilote mis en place à Yaoundé en 2002 et placé sous la houlette d'un programme d'action piloté par le Ministère français des Affaires Etrangères, le Programme de Développement Municipal (PDM) et le Programme Solidarité Eau (PS-Eau), avait pour thème « Gestion durable de déchets et de l'assainissement urbain ». Ce programme d'action et de recherche associait partenaires du Nord et du Sud et principalement d'Asie, l'objectif principal étant la collecte des déchets dans des quartiers non

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accessibles aux camions de ramassage des déchets. Regroupant les expériences de bon nombre de pays d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Asie en matière de gestion des déchets et de l'assainissement urbain, cet ouvrage de 191 pages met bien évidemment l'accent sur les actions entreprises dans différents pays. D'ailleurs l'expérience du Cameroun y est largement abordée avec notamment l'action intitulée << D05 >> de Era-Cameroun explicitée dans le paragraphe précédent.

Ngnikam (2000) quant à lui se proposait dans ses travaux de thèse, d'analyser d'un point de vue environnemental et économique le (les) système (s) de gestion de déchets le (les) plus adapté (s) au contexte de Yaoundé. Il mettait tout d'abord en exergue les quatre systèmes de gestion des déchets cidessous avant de déterminer celui (ceux) qui correspond (ent) le mieux au contexte de Yaoundé. En fin d'analyse, il estimait que le système 2 était le plus performant sur les plans économique et environnemental. Par rapport aux autres systèmes, il requiert peu d'investissement et son coût de gestion peut être, dans certaines conditions, plus favorable que le système de référence. Même dans l'hypothèse où la seule vente de l'électricité constituerait la source de recettes de l'unité de méthanisation, le coût de gestion résultant reste modeste. Le système 4 qui dans les conditions de Yaoundé, a une performance environnementale acceptable, est pénalisé par son coût économique.

Système 1 :

Système de référence

Elimination des déchets bruts par la mise en décharge

Système 2 :

Elimination des déchets bruts par la mise en décharge

Production d'électricité à partir du biogaz de décharge

Système 3 :

Elimination de la fraction non fermentescible

Production de compost

Système 4 :

Production de compost

Elimination de la fraction non fermentescible

Production d'électricité à partir du biogaz de digesteur

Dans le souci de limiter la quantité de déchets ménagers à mettre en décharge et améliorer la production agricole de village Nkolfoulou, la société HYSACAM, a en projet d'expérimenter plusieurs filières de traitement dont une unité de production de compost à partir des déchets verts et des matières organiques, couplée à une unité d'expérimentation de production agricole, une unité de tri sélectif (déchetterie) et une << petite >> unité expérimentale d'incinération des déchets hospitaliers. La mise en décharge se présenterait alors comme le montre la figure 2.1.

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Figure 2.1 : Le système de mise en décharge des déchets à Yaoundé

Source : HYSACAM

b-La récu

Incinérateur

Déchetterie

Pesage/tri

Compostière

Traitement des lixiviats Collecte du Biogaz

(en projet)

Eaux épurées

Bassins de décantation

Drainage des lixiviats

Déversement

Reprise et réglage

Mise en décharge

Compactage

Couverture finale

Couverture intermédiaire

Drainage gaz (en projet)

Captage

Brûlage

Plantation

Gaz brûlé

Valorisation

Un vaste projet de récupération et de valorisation des déchets plastiques de la ville de Yaoundé a été conduit par l'ONG CIPRE en 1999 et porte ses fruits jusqu'aujourd'hui. En effet, pour cette ONG de recherche et d'action basée à Yaoundé, une bonne gestion des déchets ménagers passe par la valorisation voire le recyclage de leur grande partie dans des conditions économiquement viables. C'est en France que le vote de la loi imposant un pourcentage minimal de valorisation sur les déchets d'emballage a suscité l'organisation de la collecte sélective au niveau des collectivités locales.

L'objectif de l'action était de collecter 350 tonnes de déchets plastiques dont 80% destinés au recyclage, 2% à la vente directe après reconditionnement et 18% de déchets ultimes. Entièrement financée par le FSD à partir de Juillet 1997 cette action dura 18 mois, avec l'appui technique de l'ONG française Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques. Pour cela, La collecte de ces déchets fût organisée dans des points de regroupement repartis à travers la ville et au besoin à l'occasion de porteà-porte. Les déchets furent ensuite triés selon le type de plastique, nettoyés, conditionnés en sacs et enfin vendus à des industriels recycleurs.

Comme résultats obtenus : L'initiative du CIPRE eut des répercussions positives tant sur le plan socioéconomique que sur le plan écologique. Autre effet positif, le rapprochement du secteur de la récupération des déchets (informel) avec le secteur industriel. Aujourd'hui encore beaucoup de jeunes camerounais participent à la collecte et à la valorisation des déchets plastiques à Yaoundé au CIPRE, antenne d'Etoug-Ebé. Bien au delà de son impact positif sur la réduction de la pauvreté, cette action contribue aussi à préserver l'environnement.

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Fritz (1992), dans son rapport de stage du DEA s'est proposée d'identifier la situation dans les domaines de la récupération, du recyclage et du compostage des déchets solides de Yaoundé et proposer des solutions qui pourraient améliorer cette situation.

Pour elle, l'urbanisation accélérée des PVD rend de plus en plus difficile l'organisation des services publics. Notamment en matière de gestion des déchets solides, les modèles souvent importés des pays industrialisés sont mal adaptés. Malgré cette limite, bien que l'activité de récupération à Yaoundé soit certes informelle on constate qu'elle est très bien organisée et hiérarchisée. La diversité de ces valorisations traduit la grande ingéniosité des artisans, des commerçants et des individus pour des produits à bas prix (25F la bouteille recyclée afin d'être réutiliser comme emballage, fabrication des alvéoles pour oeufs à partir du papier recyclé et fabrication de la colle forte et du vernis à partir des déchets plastiques, obtention des ustensiles de cuisine après transformation des métaux).

En 1995, la ville de Yaoundé comptait 15 sites de compostage mis en place avec l'appui de divers bailleurs de fonds dont le PNUD et la Coopération Française, mais actuellement l'activité de compostage dans la ville de Yaoundé est presque inexistante. Pourtant selon Ta Thu Thuy (1998), le compostage est le procédé qui permet la plus grande valorisation des ordures ménagères soit 30 à 50%, sans oublier que le compost procure aussi bien des avantages agronomiques que socioéconomiques de part sa teneur équilibrée en éléments nutritifs principaux et son rôle dans l'accroissement de la production des produits de l'agriculture urbaine et périurbaine.

Dans la ville de Yaoundé c'est le compostage artisanal en andain qui est le plus répandu. L'air doit circuler dans le tas, l'action des microorganismes favorise la décomposition de la matière organique. Il se dégage ensuite du gaz carbonique et de la vapeur d'eau. Pour répondre à la crise de gestion des déchets qu'a connu Yaoundé entre 1991 et 1998, diverses expériences de compostage artisanal ont été initiées. Mais l'initiative est partie de l'ENSP en 1992, où à partir d'un site pilote réalisé au sein du campus, des essais de compostage ont été menés, permettant ainsi une bonne maîtrise des paramètres techniques et scientifiques, indispensable pour le développement du système (Ngnikam et al, 1993).

Les autres expériences ont été développées par les ONG d'abord dans les quartiers Messa Carrière à Yaoundé. Cette expérience qui s'est fondée sur la participation financière des populations, a été très enrichissante. En effet dans un délai assez court, les partenaires du projet sont parvenus à atteindre l'un des objectifs de l'opération à savoir le recrutement de 4 jeunes rémunérés à 20 000 FCFA/mois pour 4h de travail par jour. Cette somme était supportée par les populations dont les déchets étaient collectés et traités dans la compostière. Chaque ménage bénéficiaire payait une somme forfaitaire de 200 FCFA (0,30 euro) par mois (Ndoumbé et al, 1995).

Après la loi sur les libertés d'associations de Décembre 1990, bon nombre d'ONG travaillant dans le domaine du compostage ont été créée. A titre d'exemple, on peut citer le Cercle International Pour la Protection de la CREation (CIPCRE) à Bafoussam, la Fondation Camerounaise pour une Action Rationalisée des Femmes sur l'Environnement (FOCARFE) et le Centre d'Animation Sociale et

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Sanitaire (CASS) à Yaoundé ; les transformations concernées restaient cependant de petite échelle. Aujourd'hui, très peu d'ONG fait dans le compostage à Yaoundé.

Les facteurs ayant contribué à l'arrêt de ces projets de compostage sont :

- La courte durée des financements n'a pas permis la consolidation des projets sur le terrain ;

- L'inadéquation entre le coût de production et les prix commerciaux du compost. La différence observée est de 12 000 FCFA par tonne de déchet traité à Bafoussam par exemple. Dans cette ville toute la production annuelle de compost était vendue, mais l'activité était déficitaire à cause des charges de fonctionnement élevées. A Yaoundé par exemple, le coût de production du compost (7500 FCFA/tonne d'ordure) était supérieur au prix de vente (6300 FCFA/tonne) [Ngnikam, 2000] ; L'insuffisance dans le cas de Yaoundé de la surface agricole susceptible d'utiliser le compost issu des sites de compostage ;

- Le faible flux d'écoulement du compost a aussi été l'un des facteurs d'échec (8 tonnes écoulées par mois contre une production de 180 tonnes par mois). Ce décalage était aussi dû aux conditions climatiques de Yaoundé. En effet le broyage du compost ne pouvait se faire en saison de pluies à cause de l'humidité ; de ce fait, les opérations de broyage et de vente étaient concentrées uniquement sur trois mois de l'année (de janvier à mars) [Ngnikam et al, 1998] ;

- Le manque de soutient de la part des autorités municipales ;

- La mise en place du PSU qui ramassait les déchets ménagers sans contre partie financière des ménagers.

Afin de pallier la faible valeur marchande du compost, il conviendra de le préparer aussi près que possible de la source des matières premières car le coût du transport lui enlèverait toute possibilité de vente à prix raisonnable. Il faut aussi noter que le compostage procure des possibilités de travail aux ouvriers et réduit la quantité des déchets ménagers à transporter et à mettre en décharge.

Ce bilan assez mitigé des actions menées dans la ville de Yaoundé a permis de recenser les principales causes d'échec des politiques de gestion des déchets ménagers.

II-1-3. Les obstacles à la gestion efficace des déchets à Yaoundé

Comme dans l'ensemble des agglomérations urbaines africaines, la gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé souffre de multiples contraintes. La littérature classe toutes ces contraintes dans quatre grands ensembles :

a- Les obstacles financiers et techniques

A Yaoundé, la gestion des déchets ménagers souffre en gros de l'absence ou de la faiblesse des taxes recouvrées, de l'étroitesse de l'assiette fiscale, et du principe de l'unicité des caisses et de trésorerie qui occasionne souvent des retards de paiement ou une réorientation des fonds destinés à la collecte des déchets. En effet, les sources de financement de la filière déchet à Yaoundé sont :

35

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

- La Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) : elle a été fixée par les décrets n° 77/220 du 1er juillet 1977 et n° 80/017 du 15 janvier 1980 et représente 0,5% des contributions totales. Ce taux varie entre 50 et 30 000 FCFA par an pour les établissements payant patente et licence et ayant un capital inférieur à 500 000 FCFA par an pour les employés et agents des secteurs publics et privés et soumis à la retenue à la source, en fonction du salaire mensuel.

150 FCFA pour les salaires inférieurs à 15 000 FCFA

5 000 FCFA pour les salaires compris entre 150 000 et 250 000o FCFA

10 000 FCFA pour les salaires supérieures à 500 000 FCFA

- La contribution pour 40 à 60% de l'Etat ;

- La contribution pour 6 à 60% de la Communauté Urbaine de Yaoundé ;

Les conclusions de la commission interministérielle de 1995 sur l'enlèvement des déchets ménagers qui proposaient l'instauration de la TEOM indexée sur les factures d'électricité n'ont jamais été entérinées par le gouvernement, bien que les analyses de cette commission montraient que c'était l'un des moyens les plus efficaces pour mobiliser la contribution effective des ménages au financement de service de gestion des déchets. En effet, en indexant la TEOM sur les factures d'électricité, cela permettrait à la ville de Yaoundé de collecter entre 1 et 1,5 milliards de FCFA de recette par an, ce qui représente déjà 40 à 60% du coût du service (MINUH, 1995).

Comme principales limites à ces sources de financement, on peut noter :

La TEOM qui frappe outre les personnes physiques, les établissements patentables, mais ne tient pas compte de la quantité des déchets produits par chaque individu. Le faible taux de collecte des fonds qui ne se fait pas toujours dans les délais (moins de 20 % des besoins à Yaoundé). Le bas niveau de la TEOM retenue à la source pour les agents du secteur public et privé, et pour les établissements payant les patentes et les licences. Le fait que l'assiette de la TEOM ne couvre pas la majorité des ménages et surtout le secteur informel. L'évolution démographique urbaine ne fait pas partie intégrante des budgets prévisionnels de la CUY.

Les services rendus souffrent de la non maîtrise et de l'inadéquation des techniques appropriées (surtout chez les ANG). Comme obstacles techniques, on peut citer entre autres :

- L'augmentation accélérée de la population qui à son tour augmente la quantité d'ordures à collecter (100. 000 habitants en 1968 à 1.700 .00 en 2005) ;

- La répartition spatiale des bacs à ordures ne tient pas souvent compte des besoins des usagers (quantité de déchets produite par personne ou par foyer, distance à parcourir, accessibilité, habitudes diverses...), leur conception ne prend pas en compte les préoccupations d'environnement et de cadre de vie des populations avoisinantes ;

36

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

- L'insuffisance et la sous-utilisation du staff technique au niveau des municipalités ;

- L'absence de données précises sur les ordures ménagères au niveau des municipalités.

L'une des principales causes de dysfonctionnement du système actuel est le manque de communication entre les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, et les usagers. Les populations ne sont pas toujours au fait des opérations menées et ne peuvent donc ni respecter les directives, ni y prendre part. Les rares campagnes d'information - sensibilisation menées jusqu'ici sont restées trop partielles, formelles et bureaucratiques, sans réelles actions sur le terrain. Le mur d'incompréhension est tel, que les usagers et les autorités se rejettent mutuellement la responsabilité de l'insalubrité de la ville.

b- Les obstacles institutionnels et physiques

Le secteur de l'enlèvement des déchets ménagers souffre d'une absence de textes juridiques qui réglementent la précollecte, la collecte et le transport des ordures aux points de décharge. La ménagère qui jette ses ordures en milieu de chaussée n'a peur d'aucune pénalité.

L'on assiste aussi à la multiplicité des intervenants dans le secteur de l'enlèvement des ordures sans réellement connaître qui fait quoi. Au niveau étatique, presque tous les départements ministériels se retrouvent impliqués dans la gestion des ordures ménagères même si cela se fait à des degrés divers. C'est le cas avec les :

- Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD), tuteur des collectivités ;

- Ministère de l'Agriculture et du développement rural (MINADER), responsable du control des engrais ;

- Ministère de l'Energie et de l'Eau (MINEE), responsable des problèmes de nuisance et de rejets industriels, notamment du contrôle de la pollution, des déchets industriels et de l'assainissement;

- Ministère de l'Environnement et de la Nature (MINEN), responsable de la protection et de la gestion de l'environnement ;

- Ministère du Développement Urbain et de l'Habitat (MINDUH), responsable de la planification urbaine et de la gestion de l'hygiène et de la salubrité ainsi que de l'esthétique urbain ;

- Ministère de la santé publique (MINSANTE), impliqué dans les aspects sanitaires des ordures ménagères ;

- Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI), responsable en partie des financements des activités liés aux déchets.

Au niveau des collectivités locales, il existe depuis et toujours un conflit de compétence entre les communautés urbaines et les communes urbaines d'arrondissement. La loi n° 87/015 du 15 Juillet 1987 portant création des communautés urbaines accordait aux communautés urbaines la compétence

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

en matière d'hygiène et salubrité alors que pendant ce temps, les communes urbaines d'Arrondissement se chargeaient de l'enlèvement et du traitement des ordures ménagères.

Le décret n° 97/205 du 07 Décembre 1997 portant organisation du gouvernement accorde au Ministère de la Ville la compétence en matière de développement social des quartiers, de l'hygiène et de la salubrité ainsi que de la supervision de la collecte, de l'enlèvement et du traitement des déchets urbains. En attendant le décret d'application de la loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes qui confère les compétences de gestion des déchets ménagers et de l'insalubrité aux communes, plus de précision sur les compétences de la CUY et des CUA s'impose, car ce flou institutionnel n'est pas de nature à rendre aisée la gestion des déchets urbains.

Selon Tanawa et al (2002), les actions des différents acteurs de la gestion des déchets à Yaoundé sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Activités

M inistères Techniques

M unici p alités

Institutions De recherche

AN G

So ciétés Privés Et GIC

B ailleurs De fonds

U sagers

Acteurs institutionnels

X

X

X

 
 
 
 

X

 

X

 
 
 
 

X

X

 
 
 
 
 

X

X

 
 
 
 
 

X

X

 
 
 

XX

 

XX

X

 

X

 
 

X

X

X

 

X

 

X

 
 

X

 
 

X

 
 
 
 
 

X

X

 

X

 
 

X

X

X

 

X

X

 

X

 

X

 

X

 

X

 

X

 
 

X

X

X

X

X

X

X

X

 
 

X

X

X

 
 
 

X

X

Définition du contenu du concept de propreté urbaine

Définition des normes de salubrité

Contrôle du respect des normes au niveau local

Collecte des impôts pour la propreté urbaine

Gestion des crédits de la propreté urbaine

Identification des priorités locales

Financement des actions locales

Gestion du service de la propreté urbaine

Collecte, transport et mis en décharge des déchets urbains

Valorisation des déchets

Evaluation des quantités de déchets produits

Etablissement des politiques locales en matière de

propreté urbaine

 

Collecte des données pertinentes et études spécifiques de la planification de la propreté urbaine

Suivi des indicateurs de la propreté urbaine

Fixation de la TEOM

38

Légendes : XX Cas de figure ayant existé dans le passé et qui n'a plus cours aujourd'hui X Situation actuelle

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Il faut toutefois mentionner le déficit de frontières nettes à l'exercice des responsabilités des différents intervenants par des lois et textes particuliers. Les imprécisions notées sont source d'incompréhension, de luttes d'influence, de contre-performance dans la gestion des ordures ménagères. Le déficit de coordination de l'action des différents intervenants et la multiplicité des centres de décision sont source de fuite de responsabilité ou de lutte de compétence.

Comme obstacles physiques, on peut citer entre autres :

- Le relief accidenté constitué d'un ensemble de collines et de vallées d'altitude variant entre 700 et 1200m, Yaoundé étant communément appelée « la ville au sept collines » ;

- L'insuffisance des voies de desserte qui désenclavent certains quartiers et les privent du service d'évacuation des ordures ménagères (à Yaoundé, seulement 30% de routes sont bitumées) ;

- L'extension continue du périmètre urbain qui allonge les distances de collecte d'ordures (1250 ha en 1968 à 18 000 ha en 2000) ;

- L'habitat non structuré héberge 60% de la population de la capitale et le taux d'urbanisation de la ville de Yaoundé est de 49%9, ce qui rend difficile l'accès des camions de ramassage dans certaines zones.

II-2. Appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers

Nous avons pu constater à partir du bilan des politiques de gestion des déchets ménagers à Yaoundé que beaucoup d'études et de travaux sur les déchets ont été mené avec des résultats plus ou moins mitigés. Il s'agit maintenant pour nous dans cette partie de tester l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers à Yaoundé. Pour cela, nous allons évaluer la production et la collecte des déchets ménagers entre janvier 2002 et juillet 2005.

II-2-1. La production des déchets ménagers à Yaoundé

a- La production des déchets ménagers en 2002

En 2002, une enquête menée par l'INS sur le cadre des vies des populations de Yaoundé et Douala (enquête CAVIE) a permis d'évaluer les quantités de déchets solides produits par les ménages, le mode d'évacuation des déchets ménagers (solides et liquides) la proportion de ménages connaissant traiter les ordures ménagères et les distances à parcourir pour le dépôt des déchets et le mode d'évacuation des déchets. Les principaux résultats étaient les suivants :

Nombre de seaux de 10 litres de déchets solides produits par semaine : La ville produisait en moyenne plus d'un million de seaux de 10 litres de déchets solides par semaine. Au niveau des arrondissements, il faut remarquer que la plupart de ceux où les bacs à ordures étaient les plus éloignés (Yaoundé II et Yaoundé IV) produisaient plus d'ordures (les quantités respectives sont de 274 000 et 232 000 seaux de 10 litres par semaine). A Yaoundé V, l'on produisait moins de la moitié de la quantité enregistrée à Yaoundé II, soit environ 105 000 litres de seaux de 10 litres. Les quantités moyennes par ménage oscillaient entre 4 et 5 seaux de 10 litres par semaine. Et l'arrondissement de Yaoundé II était le plus gros producteur d'ordures.

9 Source : MINDUH

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2.1 : Distance moyenne au bac à ordures le plus proche et nombres total et moyen de seaux de 10 litres de déchets solides produits par semaine selon l'arrondissement

Arrondissement

 

Distance moyenne au bac à ordures le plus proche

(en m)

 

Nombre moyen de seaux de

10 l de déchets solides produits par semaine par ménage

 

Nombre total de seaux de

10 l de déchets solides produits par semaine

 
 
 
 
 
 
 

Yaoundé I

Yaoundé II

Yaoundé III

Yaoundé IV

Yaoundé V

Yaoundé VI

Ensemble

Source : INS/ CAVIE 2002

420

333

531

617

671

655

602

4

5

3

5

3

4

4

185 011

274 096

174 597

232 022

105 251

167 003

1 137 980

Mode d'évacuation des déchets solides : Dans la ville, 67 % de ménages jetaient les ordures ménagères dans un bac à ordures ou directement dans les camions chargés de la collecte. C'est à Yaoundé VI qu'on trouvait un nombre relativement important de ces ménages. Malgré la relative proximité des bacs à ordures, près de 43% de ménages de Yaoundé III déversaient les déchets dans la nature, par exemple les cours d'eau et les terrains non bâtis (champs, forêts, etc.).

Le recyclage des ordures était pratiqué par très peu de ménages, le niveau le plus élevé était enregistré à Yaoundé VI où 3 ménages sur 100 recyclaient les ordures. Lorsque l'on sait que jeter les ordures dans la "nature" peut aussi signifier dans certains égouts publics, rigoles ou marigots, l'on comprend que les risques d'inondation et la pollution des eaux soient élevées en saison de pluies. Une action de sensibilisation s'avère donc nécessaire pour juguler le phénomène.

Tableau 2. 2 : Répartition des ménages par mode d'évacuation des déchets solides selon l'arrondissement

Mode d'évacuation

Yaoundé
I

Yaoundé
II

Yaoundé
III

Yaoundé
IV

Yaoundé
V

Yaoundé
VI

Ensemble

Ramassage camion/ bac à
ordures

65,5

68,0

56,8

70,7

73,5

76,2

67,2

Jetés dans la
nature

31,7

30,5

42,9

26,5

24,6

19,9

30,8

 

Enterrés/ brûlés

1,9

1,1

0,2

2,4

1,5

1,0

1,3

Recyclés

0,9

0,4

0,1

0,4

0,4

2,9

0,7

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

 

Source : INS/ CAVIE 2002

Tableau 2.3 : Répartition des ménages par mode d'évacuation des déchets solides selon le type de quartier

Mode d'évacuation

Haut standing

Moyen standing

Habitat spontané

Péri-urbain loti

Péri-urbain non
loti

Ramassage

camion/ bac à
ordures

76,3

73,6

73,6

68,9

37,4

Jetées dans la
nature

22,7

24,7

25,1

25,4

53,9

Enterrées/ brûlées

1,0

1,2

0,9

4,7

5,3

Recyclées

0,0

0,5

0,4

1,0

3,4

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source : INS/ CAVIE

2002

 
 

40

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Distance au bac à ordures le plus proche : Cette distance était estimée par les chefs de ménage avec l'aide de l'agent enquêteur qui au préalable avait fait le tour de sa zone d'enquête pour identifier la position géographique de certaines infrastructures. Les bacs à ordures étaient situés en moyenne à un peu plus de 500 mètres des domiciles. Cette distance moyenne n'était pas la même dans tous les arrondissements ; la plus faible distance était observée à Yaoundé III (333 mètres) et la plus élevée à Yaoundé IV (671 mètres).

Ces distances sont élevées car les sociétés de ramassage des ordures ont tendance de nos jours à vulgariser l'utilisation des camions. Les populations attendent alors le passage des camions qui sillonnent les rues des quartiers pour se débarrasser des ordures au lieu de constituer des amas dégagés parfois après des mois et sources de nombreuses maladies.

Dans les quartiers Péri-urbains non lotis, les bacs à ordures se trouvaient à plus de 1,5 km des domiciles ; ce qui explique parfois l'évacuation des ordures ménagères partout dans la nature, surtout dans les champs où elles sont très souvent utilisées comme fumier. Dans les autres types de quartier, ces distances, même si elles valaient parfois le tiers de celles observées dans les quartiers Péri-urbains non lotis, demeurent encore élevées.

Traitement des déchets solides : Il avait été demandé au chef de ménage de préciser si oui ou non il traitait les déchets solides. D'après les résultats de l'INS, les méthodes de traitement des ordures ménagères restaient encore méconnues par un nombre bien élevé de chefs de ménage ; seuls 7% d'entre eux prétendaient connaître le processus de traitement de ces déchets solides. Ce pourcentage était doublé à Yaoundé VI et réduit de moitié à Yaoundé V. Les méthodes de traitement des ordures ménagères restaient étrangères aux chefs de ménage des différents types de quartier. Dans les quartiers Haut standing, 14% de chefs de ménage affirmaient connaître le processus de traitement des déchets solides. Ce pourcentage était de 6% et 7% respectivement dans les quartiers Péri-urbains lotis et Moyen standing.

Beaucoup reste donc à faire pour diffuser les méthodes de traitement en vue de préserver l'écosystème et la santé des résidents. Les opérateurs privés ou les ONG pourraient jouer un rôle essentiel non seulement dans la diffusion des méthodes de traitement des ordures ménagères, mais aussi dans la collecte des ordures. Les jeunes désoeuvrés sans emplois, peuvent constituer une main d'oeuvre potentielle pour ces opérateurs ou ces ONG. Ils auront pour tâches essentielles de collecter les ordures auprès des ménages pour les reverser dans les bacs de HYSACAM et aussi de vulgariser les méthodes de traitement des ordures ménagères.

Tableau 2.4 : Proportion de ménages dont le chef connaît le processus de traitement des déchets solides

Type de
quartier

 

Haut
standing

 

Moyen
Standing

 

Habitat Spontané

 

Périmètre urbain
loti

 

Périmètre urbain
non loti

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

%

 

14,3

 

6,9

 

7,1

 

5,8

 

8,8

 

Source : INS/ CAVIE 2002

41

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Gestion des eaux usées : D'énormes quantités d'eaux usées étaient produites au sein des ménages chaque semaine, près de 259 millions de litres d'eaux usées y étaient ainsi produites chaque semaine soit 37 millions de litre par jour. En moyenne par ménage, on produisait 13 litres d'eaux sales chaque jour. Il s'agissait des eaux de bain, de lessive, de vaisselle, etc.

Ces millions de litres d'eaux usées produites par les ménages de Yaoundé étaient très souvent évacuées par le biais des rigoles. En effet, 67% de ménages déclaraient verser les eaux sales dans la rigole. Seulement 13% de ménages de la ville avaient recours aux fosses sceptiques prévues à cet effet et la cour était utilisée par plus d'un ménage de Yaoundé I sur quatre. Quant on associe à l'évacuation des eaux sales par le biais des rigoles le fait que plusieurs ménages (environ 31% de ménages) jetaient les ordures dans la nature (la nature pouvant être la rigole), l'on comprend fort bien qu'il y ait prolifération des moustiques dans la ville.

Tableau 2.5 : Quantité d'eaux sales produites par semaine par arrondissement

Yaoundé I

Yaoundé II

Yaoundé III

Yaoundé IV

Yaoundé V

Yaoundé VI

Ensemble

58

76

98

90

130

81

110

Arrondissement

 

Nombre moyen de seaux de 10 l d'eaux sales produites par semaine par ménage

 

Quantité d'eaux sales totales produites par semaine (en litre)

 
 
 
 

59 834 055

45 144 218

53 321 687

39 398 876

23 386 023

37 661 228

258 746 087

Source : INS/ CAVIE 2002

Tableau 2.6 : Répartition des ménages selon le lieu d'évacuation des eaux sales par arrondissement

Yaoun Dé VI

Ensemble

Lieu d'évacuation des eaux sales

Yaoun dé I

Yaoun dé II

Yaoun dé III

Yaoun dé IV

Yaoun dé V

73,0

67,1

13,4

3,0

3,5

100,0

100,0

12,4

11,6

16,0

A la cour

26,0

14,9

8,9

20,3

17,5

Dans la rigole

59,6

67,3

69,3

63,5

70,8

Fosse sceptique

11,8

14,6

15,2

14,8

8,7

Rivière ou ruisseau

2,6

3,2

6,6

1,4

3,0

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

b- La production des déchets ménagers entre janvier 2002 et juillet 2005 La production des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé croit au fil des années. En effet, cette production est bien évidemment liée à la croissance de la population.

b1 - Estimation de la production mensuelle d'ordures ménagères

Selon une étude menée par Ngnikam (2000), la production moyenne des déchets ménagers à Yaoundé est de : 0,6 kg /hbt /jour en saison sèche et de 0,98 kg /hbt/jour en saison de pluie.

A partir de ces données, et partant du fait que Yaoundé connaît deux saisons humides et deux saisons sèches, nous avons estimé les quantités produites d'ordures ménagères de janvier à décembre (tout en faisant abstraction des années bissextiles où le mois de février compte 29 jours), d'où le tableau 2.7.

42

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2.7 : Estimation de la production mensuelle d'ordures ménagères (en kg/hbt)

Mois

 

Saison sèche

 
 

Saison de pluies

Production mensuelle

(en kg/hbt)

 

Production journalière

Production de
la période

Nombre de
jours
humides

Production journalière

Production de
la période

 

31

0,6

18,6

0

0,98

0

18,6

Février

28

0,6

16,8

0

0,98

0

16,8

Mars

15

0,6

09

16

0,98

15,68

24,68

Avril

0

0,6

0

30

0,98

29,4

29,4

Mai

0

0,6

0

31

0,98

30,38

30,38

Juin

15

0,6

09

15

0,98

14,7

23,7

Juillet

31

0,6

18,6

0

0,98

0

18,6

Août

15

0,6

09

16

0,98

15,68

24,68

Septembre

0

0,6

0

30

0,98

29,4

29,4

Octobre

0

0,6

0

31

0,98

30,38

30,38

Novembre

15

0,6

09

15

0,98

14,7

23,7

Décembre

31

0,6

18,6

0

0,98

0

18,6

Total

181

0,6

108,6

184

0,98

180,32

288,92

 

Source : Par nos soins

b2- Estimation mensuelle de la population de Yaoundé

D'après les études menées par Kengne Fodouop et Bobda, A. (2000), la ville de Yaoundé connaît un taux de croissance annuel estimé à 7,3% et 6% au plus bas. Le CIPRE (2002) quant à lui estime à 6,8% par an le taux de croissance annuelle de la population de Yaoundé. C'est à la lumière de ces données que nous avons estimé la population mensuelle de Yaoundé de janvier 2002 à juillet 2005. D'après nos calculs, la population de Yaoundé sera estimée au 31 décembre 2005 à 1 729 825 habitants ; ce qui rejoint les prévisions des Nations Unis in UN-2002-World Urbanization Prospects-2001 qui l'estime à 1 720 000 habitants en 2005, 2 009 000 en 2010 et 2 281 000 en 2015.

L'évaluation de la population mensuelle de Yaoundé entre janvier 2002 et juillet 2005 a été faite sur la base d'un taux de collecte de ta=6,8% par an.

Soient : ta=6,8% le taux de croissance annuel et tm le taux de croissance mensuel correspondant. L'estimation mensuelle de la population de Yaoundé passe par le calcul de tm. Pour cela, nous sommes partis de l'égalité suivante :

(1 + ta) = (1 + tm) 12 ? Log (1 + ta) = 12 Log (1+ tm) ? Log (1+ tm) = Log (1 +ta) (1)

12

(Avec« exp » la fonction exponentielle)

Or, exp Log(x) = x (1) ? 1 + tm = exp Log (1 + ta)

12

?

D'où tm = 1

?Log? tm=0,5497% (1,065)

exp??- ?? 12
On obtient les tableaux suivants :

43

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2.8 : Estimation mensuelle des quantités produites d'ordures ménagères en 2002

Mois

Population

Production mensuelle
(en kgs/hbt)

Quantités produites
(en tonne)

 
 

Année 2002

 

janv-02

1336453

18,60

24858,02

fev-02

1343840

16,80

22576,52

Mars-02

1351269

24,68

33349,32

avr-02

1358738

29,40

39946,91

mai-02

1366249

30,38

41506,65

juin-02

1373801

23,70

32559,09

juil-02

1381395

18,60

25693,96

août-02

1389031

24,68

34281,30

sept-02

1396710

29,40

41063,27

oct-02

1404430

30,38

42666,60

nov-02

1412194

23,70

33468,99

dec02

142000010

18,60

26412,00

 

Source : Par nos soins

Tableau 2.9 : Estimation mensuelle des quantités produites d'ordures ménagères en 2003

Mois

Population

Production mensuelle
(en kgs/hbt)

Quantités produites
(en tonne)

 
 

Année 2003

 

janv-03

1427806

18,60

26557,20

fev03

1435655

16,80

24119,01

mars-03

1443548

24,68

35626,76

avr-03

1451483

29,40

42673,61

mai-03

1459463

30,38

44338,48

juin-03

1467486

23,70

34779,42

juil-03

1475553

18,60

27445,29

août-03

1483665

24,68

36616,85

sept-03

1491821

29,40

43859,54

oct-03

1500022

30,38

45570,68

nov-03

1508268

23,70

35745,96

déc-03

1516560

18,60

28208,02

 

Source : Par nos soins

10 Population de base ayant servi d'estimation de la population des autres mois. L'INS estimait la population de Yaoundé au 31 décembre à 1 420 000.

44

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2.10 : Estimation mensuelle des quantités produites d'ordures ménagères en 2004

Mois

Population

Production mensuelle
(en kgs/hbt)

Quantités produites
(en tonne)

 
 

Année 2004

 

janv-04

1524897

18,60

28363,09

févr-04

1533280

16,80

25759,10

Mars-04

1541709

24,68

38049,38

avr-04

1550184

29,40

45575,42

mai-04

1558706

30,38

47353,50

juin-04

1567275

23,70

37144,42

juil-04

1575891

18,60

29311,57

août-04

1584554

24,68

39106,80

sept-04

1593265

29,40

46841,99

oct-04

1602024

30,38

48669,48

nov-04

1610831

23,70

38176,69

déc-04

1619686

18,60

30126,16

 

Source : Par nos soins

Tableau 2.11 : Estimation mensuelle des quantités produites d'ordures ménagères entre janvier et juillet 2005

Mois

Population

Production mensuelle
(en kgs/hbt)

Quantités produites
(en tonne)

 
 

Mi - Année 2005

 

janv-05

1628590

18,60

30291,78

févr-05

1637543

16,80

27510,72

Mars-05

1646545

24,68

40636,74

avr-05

1655597

29,40

48674,55

mai-05

1664698

30,38

50573,53

juin-05

1673850

23,70

39670,24

juil-05

1683052

18,60

31304,76

 

Source : Par nos soins

II-2-2. Evolution de la collecte entre janvier 2002 et juilet 2005-09-06

a- L'organisation de la collecte à Yaoundé

A Yaoundé, le système de gestion des déchets ménagers se limite aux opérations de collecte, de transport et de mise en décharge. L'unique mode de traitement des déchets ménagers se réduisent à la mise en décharge, qui selon Brula et al (1995) est « une réinsertion » dans le milieu naturel, et ce dans les meilleures conditions possibles, des déchets qui n'ont pas fait l'objet d'autres traitements de valorisation ou d'élimination. Cette décharge (photo 10), de type contrôlée, est située à Nkolfoulou une banlieue de la ville car autorisée par l'administration (la décharge est de type sauvage lorsqu'elle est créée sans autorisation de l'administration). D'une superficie de 56 ha, la décharge de Nkolfoulou opérationnelle depuis 1990 pour une durée de vie de 50 ans, reçoit selon HYSACAM 700 tonnes de

45

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

déchets ménagers par jour soit plus de 200 rotations de camions par jour. Le principe consiste à enfouir dans un casier de 15 m avec fond compacté pour limiter les infiltrations dans le sol, les déchets.

b- La collecte proprement dite

Dans la ville de Yaoundé, le service de précollecte est presque inexistant dans la mesure où ce service ne fait pas partie du contrat passé par la CUY et la société HYSACAM qui assure la collecte des déchets. L'organisation du service de collecte est basée sur un plan déterminé suivant la nature des services à effectuer, et adaptée à l'importance de la population des secteurs desservis.

HYSACAM a mis en place deux types de collecte bien distincts :

- La collecte porte à porte : elle consiste à parcourir les quartiers accessibles aux camions afin de collecter les déchets des ménages qui sont généralement déversés dans des sacs ou seaux poubelles. Pour cela 40 engins dont des portes coffres, des Ampliroll, des bennes tasseuses et des multibennes qui sont des véhicules coûteux et spécialisés pour la collecte des déchets sont ainsi mobilisés au quotidien (photo 2) ;

- La collecte à point fixe : il s'agit de disposer des bacs à ordures d'une capacité de 6 ou 16m3 dans les carrefours et les zones à fort taux d'insalubrité.

Ce dispositif de collecte classique et simpliste utilisé par HYSACAM permet, selon elle, de collecter en moyenne 800 tonnes de déchets ménagers par jour contre une production journalière moyenne de 1200 tonnes soit plus de 67%. Partant du fait qu'un budget de 3 milliards lui est alloué par la CUY et que le tonnage coûte 13 532 F CFA TTC, un calcul rapide nous permet de constater que HYSACAM dépasse largement son enveloppe budgétaire de plus d'un milliard (800 x 13 532 x 365= 3 951 344 000 FCFA), ce qui inéluctablement irréaliste.

Le tonnage des déchets a lieu à la décharge de Nkolfoulou. Le camion chargé "en principe" de déchets collectés (parce qu'aucun mécanisme ne permet de vérifier la nature et la provenance des déchets contenus dans le camion ; ces déchets transportés peuvent bien être des pierres ou même les carcasses d'automobiles par exemple) se pose sur un pont bascule qui est relié à un ordinateur qui enregistre le tonnage du camion. Cette situation nous rend perplexe quant à la fiabilité du tonnage facturé par HYSACAM à la CUY. En effet, une fois de plus aucun mécanisme ne permet de savoir si les données quant aux quantités collectées effectivement remises à la CUY sont fiables et ne reflètent que la réalité. Notons que même la présence d'un agent de contrôle de CUY ne change pas grand chose, si les manipulations doivent être éventuellement faite par HYSACAM, puisque les enjeux ici se chiffrent en milliards de francs CFA. Hélas, on assiste presque à une complicité inavouée entre l'agent (HYSACAM) et le principal (CUY).

D'un point de vue théorique, il est clair que le service rendu par HYSACAM est inefficace parce que sclérosé à tous les niveaux de la chaîne de son système de gestion. Il s'agit maintenant pour nous d'apprécier de façon empirique le service rendu par HYSACAM.

46

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

II-2-3. Appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers

Apprécions à présent l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé ; le critère d'efficacité du service de collecte des déchets ménagers à Yaoundé retenu est le taux de collecte mensuelle de la période janvier 2002 - Juillet 2005.

a- Appréciation statistique de l'évolution du taux de collecte

Tableau 2.12 : Analyse du niveau de production et d'enlèvement des ordures ménagères à Yaoundé en 2002

Mois

Quantités produites
(entonne)

Quantités collectées
(entonne)

Taux de collecte
(en%)

Janvier

24858.02

11784.08

47.41

Février

22576.52

10641.28

47.13

Mars

33349.32

6799.36

20.39

Avril

39946.91

3616.26

09.05

Mai

41506.65

12820.68

30.89

Juin

32559.09

12823.19

39.38

Juillet

25693.96

13290.25

51.73

Août

34281.30

12027.52

35.08

Septembre

41063.27

12908.24

31.44

Octobre

42666.60

10384.46

24.34

Novembre

33468.99

12492.97

37.33

Décembre

26412.00

13472.71

51.01

Source : Par nos soins

 
 
 
 
 

45 0 0 0 ,0 0 4 0 0 0 0 ,0 0 35 0 0 0 ,0 0

3 0 0 0 0 ,0 0 25 0 0 0 ,0 0

2 0 0 0 0 ,0 0
150 0 0 ,0 0
10000,00
5 0 0 0 ,0 0
0 ,0 0

Quantitées produites (en tonnes) Quantitées collectées (en tonnes)

47

T au x d e co llecte

6 0 ,0 0 50 ,0 0

4 0 ,0 0

3 0 ,0 0 2 0 ,0 0 10 ,0 0 0 ,0 0

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2. 13 : Analyse du niveau de production et d'enlèvement des ordures ménagères à Yaoundé en 2003

Mois

Quantités produites

(entonne)

Quantités collectées

(entonne)

Taux de collecte

(en%)

Janvier

26557.20

11950.64

45.00

Février

24119.01

10587.45

43.90

Mars

35626.76

16626.22

46.67

Avril

42673.61

16295.62

38.19

Mai

44338.48

12924.21

29.15

Juin

34779.42

14498.46

41.69

Juillet

27445.29

19135.45

69.72

Août

36616.85

17277.88

47.19

Septembre

43859.54

17836.2

40.67

Octobre

45570.68

16014.42

35.14

Novembre

35745.96

17847.67

49.93

Décembre

28208.02

18740.17

66.44

 

Source : Par nos soins

50000,00 45000,00 40000,00 35000,00 30000,00 25000,00 20000,00 15000,00 10000,00

5000,00

0,00

Quantitées produites (en tonnes) Quantitées collectées (en tonnes)

T au x d e collecte

8 0 ,0 0 70,00 6 0 ,0 0 50 ,0 0 4 0 ,0 0 3 0 ,0 0 20 ,0 0 10,00 0 ,0 0

48

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2. 14 : Analyse du niveau de production et d'enlèvement des ordures ménagères à Yaoundé en 2004

Mois

Quantités produites
(entonne)

Quantités collectées
(entonne)

Taux de collecte
(en%)

Janvier

28363.09

18755.43

66.13

Février

25759.10

14979.71

58.15

Mars

38049.38

18776.71

49.35

Avril

45575.42

20329.16

44.61

Mai

47353.50

19112.53

40.36

Juin

37144.42

5630.47

15.16

Juillet

29311.57

7686.46

26.22

Août

39106.80

14648.56

37.46

Septembre

46841.99

17072.25

36.45

Octobre

48669.48

16950.04

34.83

Novembre

38176.69

16383.59

42.92

Décembre

30126.16

16522.5

54.84

source : Par nos soins

 
 
 
 
 

70,00 60 ,0 0 50 ,0 0 40 ,0 0 30 ,0 0 20 ,0 0 10,00 0 ,0 0

40000,00

60000,00

30000,00

50000,00

20000,00

10000,00

Quantitées produites (en tonnes) Quantitées collectées (en tonnes)

0,00

T aux de collecte

49

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 2. 15 : Analyse du niveau de production et d'enlèvement des ordures ménagères à Yaoundé en mi-2005

Mois

Quantités produites
(entonne)

Quantités collectées
(entonne)

Taux de collecte
(en%)

Janvier

30291.78

14283.9

47.15

Février

27510.72

15353.9

55.81

Mars

40636.74

21039.43

51.77

Avril

48674.55

21199

43.55

Mai

50573.53

20677.98

40.89

Juin

39670.24

22373.48

56.40

Juillet

31304.76

22368.45

71.45

Source : par nos soins

 
 
 
 

6 0 0 0 0 ,0 0

5 0 0 0 0 ,0 0

40 0 0 0 ,0 0

3 0 0 0 0 ,0 0

2 0 0 0 0 ,0 0

10 0 0 0 ,0 0

0 ,0 0

Quantitées produites (en tonnes) Quantitées collectées (en tonnes)

ja05 fe05 m a05 av05 m a05 ju05 ju05

Taux de collecte

80,00 70,00

6 0 ,0 0 50 ,0 0 40 ,0 0 30 ,0 0 20 ,0 0 10 ,0 0 0 ,0 0

ja05 fe0 5 m a05 av05 m a05 ju0 5 ju0 5

50

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

A la lumière des tableaux 2.12, 2.13, 2.14, 2.15, nous pouvons récapituler les observations faites dans le tableau 2.16 :

Tableau 2. 16 : Récapitulatif des observations après l'analyse empirique

Années

Taux de collecte les plus élevés
(en %)

Taux de collecte les plus bas
(en %)

Taux de collecte annuel moyen
(en %)

2002

51,73 en juillet

51,01 en décembre 47,41 en janvier

09,05 en avril*

20,39 en mars

24,34 en octobre*

35,43

2003

69,72 en juillet

66,44 en décembre 49,93 en novembre

29,15 en mai*

35,14 en octobre* 38,19 en avril*

46,14

2004

66,13 en janvier 58,15 en février 54,84 en décembre

15,16 en juin

26,22 en juillet

36,45 en septembre*

42,21

2005

71,45 en juillet 56,40 en juin

55,81 en février

40,89 en mai* 43,55 en avril* 47,15 en janvier

52,43

 

Source : Par nos soins

Il est important de remarquer que paradoxalement à ce qui devrait être11, les taux de collecte mensuels les plus bas correspondent en grande majorité aux périodes strictement humides et donc les plus insalubres de l'année (taux marqués par le signe * dans le tableau) ; on comprend pourquoi la ville tarde à sortir de son état d'insalubrité.

Les taux de collecte les plus élevés correspondent aux mois les plus secs (taux marqués par le signe dans le tableau 18.2), ce qui laisse présager que l'activité de collecte des ordures est plus intense en saison sèche et l'est moins en saison pluvieuse. Bien que cela semble normal, cette situation malheureusement met en évidence la problématique d'efficacité du service rendu par HYSACAM en saison pluvieuse.

Etant donné que le taux de collecte frôle parfois les 70%, on ne saurait parler d'insuffisance de moyens financiers. Si non comment expliquer les fortes fluctuations du taux de collecte constatées ? Que l'on passe d'un taux de collecte de 51,73% en juillet 2002 à 35,08% le mois suivant (août 2002) ; de 69,72% en juillet 2003 à 47,19% en août 2003 ; 58,15% en février 2004 à 49,35% en mars 2004 ; 51,77% en mars 2005 à 43,55% en avril 2005. L'on est tenté de dire qu'il y'a un manque de sérieux dans le service rendu par HYSACAM.

11 Les périodes humides sont les plus insalubres dans la mesure où elles correspondent généralement aux périodes de récoltes, les marchés étant inondés de fruits et légumes. Les périodes humides correspondent aux périodes de fortes consommations car le froid augmente l'activité biologique de l'organisme ce qui nécessite plus d'énergie. En plus, pendant ces périodes les déchets ménagers contiennent plus d'eau qu'en saison sèche, leur densité augmente et ils pèsent plus lourds. A titre de rappel, la grande saison sèche à Yaoundé se situe entre mi-novembre et mi-mars, la petite entre mi-juin et mi-août. La grande saison de pluie quant à elle se situe entre mi-août et mi-novembre et la petite entre mi-mars et mi-juin. Les périodes strictement sèches sont : décembre, janvier, février et juillet. Les périodes strictement humides sont : septembre, octobre, avril et mai.

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b- Appréciation économétrique de l'évolution du taux de collecte

Tableau 2. 17 : Evolution des quantités produites pendant la période d'étude

60000,00
50000,00
40000,00
30000,00
20000,00
10000,00
0,00

Q uantitées produites (en tonnes)

Tableau 2. 18 : Evolution des quantités collectées pendant la période d'étude

25000

20000

15000

10000

5000

0

Q uantités collectées (en tonne)

Tableau . 19 : Evolution du taux de collecte de la période d`étude

80,00 70,00 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 0,00

Taux de collecte

Source : Par nos soins

52

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Tableau 2. 20 : Evolution des quantités produites et collectées durant la période d'étude

60000,00
50000,00
40000,00
30000,00
20000,00
10000,00
0,00

Quantitées produites (en tonnes) Quantitées collectées (en tonnes)

Source : Par nos soins

b1- Détermination du taux de croissance moyen des quantités produites (QP) et collectées (QC)

Il suffit juste d'estimer les modèles : Log (QP)t=â et Log (QC)t=c par la méthode des moindres carrés ordinaires. Les valeurs â et c sont respectivement les taux de croissance de QP (TCQP) et QC (TCQP).

Variable

Adjusted R-squared

Variable

Adjusted R-squared

Method: Least Squares

Included observations: 43

C

Method: Least Squares

Included observations: 43

C

Dependent Variable: LogQ(P)

Sample: 2002:01 2005:07

R-squared

S.E. of regression

Sum squared resid

Log likelihood

Dependent Variable: Log(QC)

Sample: 2002:01 2005:07

R-squared

S.E. of regression

Sum squared resid

Log likelihood

Coefficient

Coefficient

0.000000

0.000000

0.000000

0.000000

-27.64987

0.465728

5.444397

10.48945

9.509651

1.954424

9.109915

0.215717

Std. Error

Std. Error

0.032897

0.071023

Akaike info criterion

Akaike info criterion

Mean dependent var

Mean dependent var

Durbin-Watson stat

Durbin-Watson stat

S.D. dependent var

S.D. dependent var

Schwarz criterion

Schwarz criterion

t-Statistic

t-Statistic

318.8616

133.8956

-0.206716

-0.165758

0.986288

0.465728

10.48945

9.509651

1.332552

1.542183

0.215717

1.373510

0.0000

0.0000

Prob.

Prob.

Les valeurs suivantes sont ainsi obtenues : â=10.49 et c=9.51

On constate que â > c, cela signifie que les quantités produites de déchets évoluent plus vite que les quantités collectées, ce qui est très problématique dans le long terme si la situation reste inchangée.

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b2- Détermination du taux de collecte moyen

Pour cela, il nous suffit d'estimer le modèle TC = â par la méthode des moindres carrés ordinaires. Le taux de collecte moyen sur notre période d'étude est égale à â=41,10%. Le taux de collecte moyen en 2002 était de 35,43%, 46,14% en 2003, 42,21% en 2004 et 52,43% entre janvier et juillet 2005.

Dependent Variable: TC

Variable

Coefficient

Std. Error

Prob.

t-Statistic

C

0.021736

18.91119

0.411051

0.0000

R-squared

Mean dependent var

0.000000

0.411051

Adjusted R-squared

S.D. dependent var

0.000000

0.142532

S.E. of regression

Akaike info criterion

0.142532

-1.035525

Sum squared resid

Schwarz criterion

0.853241

-0.994567

Log likelihood

Durbin-Watson stat

23.26378

1.141063

Selon Hebette (1996), un taux de collecte faible de moins de 75% a des conséquences graves sur la santé des populations et sur l'économie urbaine, or tel est le cas dans la ville de Yaoundé.

b3- Les droites de régression des quantités produites et collectées

Estimons les modèles QC= c+tendance, QP= c+tendance et TC= c+tendance. On obtient les résultats suivants :

Dependent Variable: QC

Variable

Coefficient

Std. Error

Prob.

t-Statistic

C

10763.38

8.179142

1315.954

0.0000

TENDANCE

174.6445

3.352158

52.09913

0.0017

R-squared

Mean dependent var

14605.56

0.215115

Adjusted R-squared

S.D. dependent var

4728.130

0.195972

S.E. of regression

Akaike info criterion

4239.602

19.58772

Sum squared resid

Schwarz criterion

7.37E+08

19.66964

Log likelihood

F-statistic

-419.1360

11.23696

Durbin-Watson stat

Prob(F-statistic)

1.398550

0.001733

Dependent Variable: QP

Variable

Coefficient

Std. Error

Prob.

t-Statistic

C

33026.53

13.90460

2375.224

0.0000

TENDANCE

169.4131

94.03601

1.801576

0.0790

R-squared

Mean dependent var

0.073356

36753.62

Adjusted R-squared

S.D. dependent var

7854.157

0.050755

S.E. of regression

Akaike info criterion

7652.243

20.76878

Sum squared resid

Schwarz criterion

20.85070

2.40E+09

Log likelihood

F-statistic

-444.5288

3.245678

Durbin-Watson stat

Prob(F-statistic)

1.039841

0.078969

Dependent Variable: TC

Variable

Coefficient

Std. Error

Prob.

t-Statistic

C

0.043298

8.023263

0.347393

0.0000

TENDANCE

0.002894

1.687989

0.001714

0.0990

R-squared

Mean dependent var

0.064980

0.411051

Adjusted R-squared

S.D. dependent var

0.042174

0. 142532

S.E. of regression

Akaike info criterion

-1.056200

0.139494

Sum squared resid

Schwarz criterion

0.797798

-0.974284

Log likelihood

F-statistic

24.70830

2.849307

Durbin-Watson stat

Prob(F-statistic)

1.218995

0.099007

QC=10763,38+174,64t QP=33026,53+169,41 TC=0,35+0,003

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A la lumière des observations faites en II-2-2-b, et des résultats des analyses aussi bien statistiques qu'économétriques obtenus, nous pouvons affirmer que le service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est inefficace, ce qui confirme notre première hypothèse.

CONCLUSION :

Le passage de la pluralité des concepts relatifs à la gestion des déchets à l'appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers à Yaoundé, nous a permis d'étudier deux chapitres : Le premier a fait ressortir plusieurs remarques :

- Il est préférable pour l'Etat de fournir lui-même un service public. Dans le cas contraire des dispositions précises doivent être prises pour minimiser les asymétries informationnelles entre elle et l'entreprise prestataire du service public afin de mieux contrôler son action ;

- Le service de collecte des déchets est assuré par une seule entreprise privée HYSACAM qui a signé un contrat avec la CUY ; contrat qui selon certains responsables de la CUY n'est pas totalement respecté ;

- Les déchets de Yaoundé sont riches en matières dégradables (80%) et donc peuvent contribuer (après traitement adéquat) à l'expansion de l'activité agricole urbaine et périurbaine.

Le second quant à lui visait à apprécier l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers à Yaoundé à travers l'analyse du critère d'efficacité retenu : le taux de collecte. L'appréciation de l'évolution du taux de collecte entre janvier 2002 et juillet 2005 a permis de conclure que malgré la relative amélioration du service rendu par HYSACAM, beaucoup reste encore à faire pour atteindre de résultats satisfaisant en matière de collecte des déchets ménagers à Yaoundé.

Ce résultat est d'autant plus mitigé que ce sont les zones difficilement accessibles aux camions de ramassage qui en souffrent le plus, notamment les quartiers périurbains. De ce fait, c'est l'agriculture périurbaine qui s'y développe qui en prend un coup dans la mesure où les déchets qui y sont déversés de façon anarchique ont un caractère polluant très nocif sur l'environnement.

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DEUXIEME PARTIE : IMPACT DU RECYCLAGE DES
DECHETS MENAGERS SUR LE DEVELOPPEMENT DE
L'AGRICOLE URBAINE ET PERIURBAINE

INTRODUCTION

Dans la première partie, nous sommes arrivés à la conclusion selon laquelle, le système de gestion des déchets ménagers à Yaoundé était inefficace et donc incompatible avec le développement de l'activité agricole urbaine et périurbaine.

Selon Kouemo (2002), face à l'accroissement continu de la population, pour maintenir ou accroître les rendements agricoles appropriés, le système de gestion de la fertilité dans les différents agroécosystèmes urbains et périurbains devrait favoriser un fort taux d'utilisation d'engrais chimiques et de la matière organique (les déchets ménagers notamment). La gestion durable et efficace des déchets ménagers à travers les opérations de récupération et de recyclage participe donc à l'amélioration des rendements agricoles en zone urbaine.

L'AUP est devenu aujourd'hui la principale source de ravitaillement en légumes et fruits des populations des grandes villes africaines en général et de la ville de Yaoundé en particulier. De part son importance, cette activité montante et controversée qui s'inscrit plutôt dans un paysage urbain, constitue une source importante de récupération des déchets ménagers ; d'ailleurs des tonnes de déchets ménagers aussi bien à l'état frais que décomposés sont utilisées dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines.

Afin de proposer une stratégie de collecte des déchets qui soit compatible avec les préoccupations de développement de l'AUP, il nous a semblé nécessaire d'identifier les variables susceptibles d'influencer la demande des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les bas-fonds de Yaoundé.

Deux chapitres nous guiderons à cet effet.

Le premier chapitre consistera à situer l'AUP dans son contexte théorique et le deuxième permettra d'identifier les variables qui déterminent leur utilisation dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines de Yaoundé.

56

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CHAPITRE III : AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE :
THEORIES ET EVIDENCES

INTRODUCTION :

L'activité agricole urbaine et périurbaine s'inscrit dans un contexte historique et regroupe entre autres l'exploitation des cultures maraîchères, vivrières et du petit élevage. Plusieurs raisons ou motifs militent en faveur de cette activité. En dépit des contraintes foncières et environnementales liées à cette activité, l'impact socioéconomique au niveau familiale et macroéconomique est connu.

La récupération et la valorisation des déchets ménagers constituent l'une des missions fondamentales de l'AUP. En effet, la gestion de la récupération et du recyclage doit permettre de renforcer le système de production alimentaire future au sein des exploitations. Celle-ci préserve non seulement les ressources naturelles de l'exploitation, mais protège le sol (facteur de production essentiel) et l'environnement contre toute dégradation pour les générations futures et présentes.

Depuis très longtemps, on utilise les déchets d'animaux et de végétaux pour améliorer la qualité des sols. L'utilisation des déchets ménagers recyclés dans les exploitations agricoles datent de la fin des années 20 aux Pays-Bas et prend de l'ampleur au fil des années, surtout en Afrique au sud du Sahara.

Ces dernières années, les chercheurs perçoivent l'utilisation des déchets ménagers recyclés dans les exploitations agricoles comme une innovation, dans ce chapitre il sera question pour nous tout d'abord d'analyser la demande d'innovation et ensuite de donner les caractéristiques de l'activité agricole urbaine et périurbaine.

III-1. Analyse de la demande d'innovation

Dans cette section, nous allons présenter le cadre théorique et les modèles empiriques relatifs à la relation déchets ménagers - AUP et établir le lien qui existe entre les déchets ménagers et l'AUP.

III-1-1. Cadre théorique et adoption des innovations agricoles

a- Les innovations agricoles

En économie de la production, l'innovation est la mise en oeuvre des changements dans la fonction de production. L'agriculteur urbain qui décide d'intégrer dans ses activités un intrant qu'il n'utilisait pas dans le passé, et l'intègre dans son système de production, affecte ainsi sa fonction de production. En ce sens, l'utilisation des déchets ménagers recyclés (frais et décomposés) est considérée comme étant une innovation.

Selon Varian (2003), l'objectif du consommateur rationnel est la maximisation de son utilité, sous sa contrainte budgétaire (R). Supposons qu'il consomme une quantité x1 de déchets recyclés et une quantité x2 d'engrais chimiques, son problème peut donc s'écrire sous la forme :

57

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SC

?

MaxUxx

(, )

12

??Px+ Px= R

1122

() ()

La contrainte budgétaire ou droite de budget définit une droite dans le plan (x1, x2). La résolution de ce programme permet d'obtenir les quantités optimales x1* de déchets recyclés et x2* d'engrais chimiques qui maximisent son utilité.

Graphiquement, cet optimum peut être caractérisé de la manière suivante :

X2*

Figure 3. 1 : Choix optimal du consommateur et courbe de demande du bien X1

X1* X1 X1

Choix optimal du consommateur Courbe de demande du bien X1

Source: Varian, 2003

X2 P

L'utilité est maximale au point de tangence de la courbe et de la droite de budget, le couple (x*1 ; x*2) représente cet optimum. Elle montre aussi que la réduction de la consommation des engrais chimiques se traduit automatiquement par l'augmentation de la consommation de déchets recyclés, de sorte que la contrainte budgétaire soit saturée. Cette situation nous permet de définir la fonction de demande de l'un des biens.

La fonction de demande de l'engrais chimique par exemple exprime le choix optimal du consommateur en fonction du prix unitaire et du revenu dont celui-ci dispose. La courbe de demande est donc une relation inverse entre la quantité consommée d'engrais chimique et son prix.

La théorie des préférences aléatoires qui soutend cette approche permet d'expliquer et de prévoir la réaction des individus face à plusieurs choix. Gourieroux (1989) souligne que la meilleure façon de décrire le comportement de l'individu face à plusieurs alternatives est de supposer que l'individu fait des choix rationnels, représentables par une fonction d'utilité aléatoire. L'utilité aléatoire qui ordonne les préférences de l'individu dans un ensemble de technologies dépend des caractéristiques spécifiques à l'individu, des attributs associés aux différentes options technologiques, et d'un terme aléatoire.

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b- Adoption des innovations agricoles

L'innovation est un concept pragmatique qui a trait à l'insertion de quelque chose de nouveau dans les activités du monde réel.

Selon Greenwald (1984), si l'on tient compte du principe de rationalité, les innovations sont généralement censées conduire à une progression et par conséquent, à une amélioration, du moins, dans l'esprit de l'innovateur. L'économiste Américain Schumpeter J. A. est aujourd'hui considéré comme étant le père de l'analyse de l'innovation dans l'histoire de la pensée économique. Dans sa théorie du développement économique et du cycle des affaires, les innovations sont traitées comme des chocs erratiques ou variables exogènes qui assurent l'expansion économique (Selim et al, 1989).

Les études sur les innovations agricoles sont devenues populaires dans de nombreux pays en développement lors de la période dite de la << révolution verte » des années 60 (Eicher et Baker, 1984). En Afrique au sud du Sahara, les << solutions nouvelles » se sont souvent heurtées à la réticence des communautés paysannes à adopter les nouvelles techniques (Jonhston, 1985 ; Eicher et Baker, 1984). Selon Rogers (1983), l'adoption des innovations est centrée sur le cheminement mental de l'individu. Depuis la première information jusqu'à l'adoption.

L'individu passe de façon séquentielle par cinq étapes psychologiques : Il prend conscience de l'existence de l'innovation, manifeste de l'intérêt à son égard, évalue les avantages et les inconvénients qu'elle présente, ménage une période d'essai et adopte.

Selon leur rapidité d'adoption, on distingue dans une même communauté cinq catégories d'adoptants (Rogers, 1983 ; Bodiguel, 1975) : les innovateurs qui sont généralement les plus jeunes et les plus informés ; les premiers adoptants plus proches des innovateurs ; les individus de la majorité précoce qui sont généralement prudents, réfléchis, bien informés ; la majorité tardive qui constituée essentiellement de sceptiques, leur adhésion est difficile à obtenir et enfin les retardataires qui traditionnellement sont plus âgés et se méfient des vulgarisateurs.

Il en ressort de cette classification que la réceptivité et l'accès à l'information sont quelques-uns des principaux déterminants de l'adoption ou de la mon adoption d'une innovation (Adesina, 1993). Ce facteur est influencé par les variables socio-économiques telles que l'age, le revenu, le niveau d'instruction, ... (Cimmyt, 1993).

Selon Rogers (1983) et Bodiguel (1975) cinq critères caractérisent l'innovation : Elle doit être plus souhaitable que ce qu'elle doit remplacer ; Elle doit être compatible avec le système de valeur de la collectivité dans laquelle elle est introduite ; Elle ne doit pas être complexe et trop difficile à comprendre ; Elle doit pouvoir être essayée ; Les résultats doivent être observables.

La principale limite des modèles de comportement ci-dessus examinés ne mettent en exergue que deux catégories de facteurs d'adoption d'une innovation : ceux liés aux caractéristiques de l'innovation et ceux liés aux caractéristiques socio-économiques de l'exploitant. Adesina et al (1992) montrent que les

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caractéristiques de la technologique telles que perçues par les agriculteurs conditionnent
significativement la décision d'adoption d'une innovation.

III-1-2. Lien entre déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine

a- L'utilisation agronomique des déchets ménagers

Il est connu que depuis très longtemps, les déchets animaux et végétaux sont utilisés dans l'agriculture pour améliorer les terres arables. Ces déchets peuvent être utilisés dans les exploitations agricoles à l'état frais (ordures de cuisine composées fraîches) ou décomposés (compost). Selon Mustin (1987) et Ngnikam (1992), le compost présente les caractéristiques de l'humus. Vu la composition hétérogène des déchets ménagers mentionnée dans la première partie de ce travail, leur utilisation agronomique ne peut être possible qu'après les opérations de récupération et de recyclage.

a1- La récupération

Selon Akinbamjo et al (2002), la récupération est une décision qui milite en faveur de la préservation des ressources naturelles qui circulent et qui peuvent se perdre par imprudence dans l'exploitation ou hors de celle-ci. En cas de perte au détriment des deux composantes de l'agro-écosystème qui soutiennent les productions végétales et animales, la durabilité de l'exploitation devient précaire.

La récupération au sein des agro-systèmes préserve l'environnement interne ou externe de l'exploitation ce qui réduit en aval le degré de pollution des déchets. La gestion de la récupération interpelle la gestion de la collecte et de la gestion de l'exutoire dans l'exploitation.

Selon Drechsel et al (1999), entre 0,4 et 0,6 kgs de déchets sont produits au quotidien par personne dans les pays à revenu faible avec seulement 10% de la valeur ajoutée impropre au compostage. Ces produits au sein des exploitations agricoles jouent souvent le rôle de matières premières pour un autre système (sol, plantes, animaux) [Akinbamijo et al (2002), Hernandez et al (1999), Sanchez et al (1989), Duthil (1973)].

Temple (2002) quant à lui relève que dans les parcelles proches des maisons et dans les bas-fonds de Yaoundé, le passage du système extensif au système semi extensif favorise la récupération des déchets d'animaux et d'ordures ménagères ainsi que l'enfouissement des herbes au sol.

a2- Le recyclage des déchets

Selon l'ADEME (1994), le recyclage peut être définit comme étant la réintroduction directe d'un déchet dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement total ou partiel d'une matière vierge (verre, papier, métal, ...). La valorisation quant a elle, étant l'utilisation d'un déchet en profitant de ses qualités, soit à la production de matériaux neufs dans un cycle de production (recyclage), soit à d'autres fins (utilisation agricole de compost, production d'énergie à partir de l'incinération des déchets). Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux recyclables réduit la quantité de déchets à traiter de 20 à 25%.

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Drechsel et al (1999), Duxbury et al (1989), Akinbamijo et al (2002) soulignent que dans un système d'exploitation agricole, les sous-produits utilisés comme fumier au-delà de leur rôle de restitution des éléments nutritifs exportés du sol après récolte jouent d'autres rôles. Ils contribuent par un effet direct à pourvoir les éléments nutritifs à la plante, à maintenir ou à accroître le niveau de matière organique du sol et dans le sol, à accroître les capacités de rétention et d'infiltration d'eau dans le sol.

De part ses effets sur les propriétés physiques du sol et la vie des micro-organismes et animaux du sol, ils contribuent à l'équilibre entre la fumure ou la matière organique du sol, l'apport de nutriments, et le rendement de récoltes. Ils contribuent de moitié aux besoins intrants en azote et potassium et réduit de près de 25% les dépenses liées à l'achat d'intrants chimiques (Akinbamijo et al, 2002). Selon Sanchez (1989), environ 90% des déjections animales et 68% des résidus de cultures sont retournés au sol aux Etats-Unis, car ils sont très riches en azote et en potassium.

b- Modèles empiriques

b1- L'approche basée sur la fonction de demande

L'estimation des fonctions de demande n'est pas du tout aisée. Après le choix des variables pertinentes, l'un des plus grands problèmes d'estimation des fonctions de demande réside au niveau de la forme fonctionnelle. Chow (1983) remarque que la forme fonctionnelle de la relation entre les paramètres dans un modèle est souvent déterminée par des connaissances empiriques. Les formes linéaires et logarithmiques sont les plus utilisées. Bien souvent, les chercheurs optent pour plusieurs formes fonctionnelles au départ de leurs travaux pour enfin retenir celle qui donne les meilleurs résultats en fonction des critères précisés.

Des chercheurs ont inclus tout un éventail de variables indépendantes pour évaluer les facteurs influençant la décision d'adopter l'engrais (Eicher et Baker, op. cit.). Par exemple, Falusi (1975) a utilisé un modèle Probit à plusieurs variables pour analyser les facteurs influençant la décision d'utiliser les engrais au Nigeria. En 1990, Zegeye utilise un modèle Tobit pour isoler les déterminants de l'adoption et d'intensité d'utilisation des engrais au Nord du Ghana. Dans son étude sur les déterminants de la demande du compost urbain menée dans les villes de Yaoundé et Bafoussam au Cameroun, Nkamleu (1996) utilise un modèle Logit dichotomique univarié. En 1999 il utilise un modèle Probit bivarié pour analyser les déterminants de la demande des engrais chimiques dans l'agriculture périurbaine au Cameroun.

L'examen de ces travaux permet de dégager deux grandes catégories de facteurs d'adoption des innovations qui sont : La nature même de l'innovation et les caractéristiques socio-économiques des exploitants et du groupe social. La première catégorie comprend la capacité de l'innovation à lever les contraintes du producteur, à réduire le risque, à stabiliser le revenu, à donner de meilleurs résultats.

Les facteurs socio-économiques de l'adoption d'une innovation comprennent généralement le revenu, la taille de l exploitation, l'accès au crédit et à l'information, le niveau d'instruction, l'age, l'aversion au risque, etc.

61

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b2- L'approche basée sur la fonction de production

L'existence d'une relation fonctionnelle entre niveau de la production et fertilité a depuis longtemps été établie par les travaux de Mitscherlich (Munson et al, 1959). Dès lors, plusieurs recherches ont été menées en vue de construire des fonctions de réponse aussi proche de la réalité que possible. Nkamleu (2004), démontre qu'en Afrique Subsaharienne durant ces trois dernières décennies, la croissance de la productivité agricole a été attribuée à une bonne progression de la productivité de l'efficacité technique et non aux progrès technologiques. Il indique également que la productivité agricole est influencée par les facteurs institutionnels et agro-écologiques.

Quelques formes fonctionnelles ont fait l'objet d'une large diffusion pour cerner la réponse des cultures et la rentabilité des engrais.

Foster (1978) utilise une série de fonction linéaire pour déterminer l'effet de l'azote et du phosphate sur la production du coton sur différents sols en Ouganda. Illy (1994) montre à travers une fonction de production linéaire que les fertilisants contribuent à l'explication du rendement du coton dans les Sudouest du Burkina Faso. Cependant pendant les trois dernières décennies, la majorité des agroéconomistes ont suggéré l'utilisation des formes polynomiales pour représenter la réponse des cultures aux engrais. C'est ainsi que Vadlamudi et al (1973), sur la base de deux essaies conduits en 1968 et 1969 au Kenya, se servent d'une fonction quadratique pour estimer la production du maïs et les doses optimales de fertilisants. Kaboré (1988) quant à lui, pour analyser la contribution des fertilisants sur le petit mil et du sorgho blanc dans trois villages au Burkina Faso, estime une fonction linéaire et une fonction quadratique.

Plusieurs critiques ont été formulées à l'encontre des formes polynomiales. Certains auteurs estiment que la forme polynomiale force la substitution des facteurs et surestime la production et les doses optimales (Paris, 1981 ; Ackello-Ogutu, 1985). Ces critiques ont favorisé l'émergence d'une nouvelle famille de fonctions de production : Les fonctions linéaires et plateau qui sont basées sur la loi minimum de Von Liebig qui stipule que la production croît avec l'augmentation du facteur limitant (Lanzer et al, 1981 ; Jomini et al, 1990).

En conclusion, à la lumière des travaux ci-dessus évoqués, le choix des méthodes d'analyses des problèmes posés par l'agriculture en Afrique devrait cadrer avec la réalité des modes de production africaines tout en répondant avec rigueur aux exigences scientifiques.

III-2. L'agriculture urbaine et périurbaine : Une activité montante et controversée

L'activité agricole urbaine et périurbaine s'inscrit dans un contexte historique et regroupe entre autres l'exploitation des cultures maraîchères, vivrières et du petit élevage. Plusieurs raisons ou motifs militent en faveur de cette activité. En dépit des contraintes foncières et environnementales qui lui sont attachées, l'impact socioéconomique au niveau familiale et macroéconomique est connu. Dans cette section, il sera question pour nous de retracer l'historique de l'AUP, de présenter ses acteurs, ses cultures, ses animaux, ses avantages et ses inconvénients.

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III-2-1. Définition de l'agriculture urbaine et périurbaine

a- Historique de l'agriculture urbaine et périurbaine

L'agriculture urbaine peut se définir comme la culture de plantes et l'élevage d'animaux destinés à la consommation alimentaire et à d'autres fins, dans les villes (agriculture intra-urbaine) et en périphérie des villes (agriculture périurbaine), le traitement et la commercialisation de ces produits12. Les systèmes de production AUP comprennent les tubercules, les légumes, les herbes aromatiques et médicinales, les fruits et l'élevage d'animaux de toutes sortes et de toutes tailles. Dans une faible proportion de ces systèmes sont aussi cultivés d'autres produits tels que les plantes ornementales et les plants d'arbres. Les cultures vivrières les plus représentées sont les légumes et les produits et dérivés de l'élevage les plus périssables et à haute valeur ajouté.

Selon Ngapayi (1999), les jardins ménagers datent des années 1780, ceux du sud du Mexique, de plus de plus de dix millions d'années. L'AUP à Lomé au Togo date de l'époque coloniale Allemande (1897) et Anglaise (1914). Les cultures maraîchères et vivrières furent introduites. Mais cette activité n'a pris de l'ampleur qu'à partir de 1980 (Schilter, 1991). A Yaoundé, l'AUP date des années 1980 (Moustier et al, 1997). Mais la production maraîchère en zone périurbaine de Yaoundé est ancienne et remonterait avant les indépendances dans les quartiers Nkolbikok, Okolo et Nkolondom (Hernandez, 1999).

L'AUP c'est non seulement les cultures mais aussi les animaux. Une étude menée en 2002 à Koumassi par Smith révèle que les producteurs urbains élèvent plus de 3000 boeufs, 30 000 ovins et 26 000 caprins. Selon Temple (2002), on distingue à Yaoundé les cultures vivrières (manioc, arachides, mais, patate), les cultures maraîchères (légumes feuilles et fruits), les cultures florales et ornementales et les cultures fruitières (papayer, manguier,...). Comme principales productions animales à Yaoundé, on peut citer : les poulets de chair, les porcs, les chèvres et moutons, les canards, les pigeons.

S'inscrivant dans un paysage urbain, l'AUP rencontre beaucoup de problèmes dans son élan d'expansion. Nous pouvons citer entre autres : les problèmes d'ordre foncier, sociaux et économiques.

En effet, les grandes métropoles africaines, connaissent une croissance spatiale importante dont l'une des contraintes majeures réside dans la question foncière avec comme corollaire la concurrence sur l'usage du sol entre activités agricoles et non-agricoles. Cette forme d'agriculture qui participe quotidiennement à l'alimentation de la ville, notamment en produits frais est confrontée à diverses difficultés dont l'accès à la terre qui menace sa pérennité et rend précaire cette activité.

L'AUP est une activité quasi propre aux bas-fonds marécageux or les bas-fonds marécageux sont dans le domaine public et donc susceptible d'être la propriété de l'Etat (malgré le fait que sans un titre foncier même l'Etat ne saurait s'approprier ces terres), ce qui fait que de temps en temps les agriculteurs urbains sont menacés de déguerpissement.

12 L'Agriculture Urbaine et Périurbaine, la santé et l'environnement urbain. Document de discussion pour la conférence électronique de FAO-ETC/RUAF sur l'agriculture urbaine et périurbaine. 21 Août - 30 Septembre, 2000

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Comme problèmes fonciers, les maraîchers sont pour la plupart des gens déçus par d'autres secteurs d'activité (commerce, diplômés de l'enseignement supérieur, chauffeur, retraités, menuisier, ...). Ils s'y retrouvent pour « perdre le temps », c'est ainsi qu'ils se lancent dans l'agriculture sans formation préalable, bénéficiant juste des conseils des anciens; les techniques spécifiques à chaque marécage est le reflet même de ce mode de formation. Très souvent, à la veille des récoltes les producteurs sont victimes de vol particulièrement dans les porcheries.

Sans doute le plus important, le transport des produits se fait au moyen de véhicules de transport en commun qui ne sont pas spécialement conçus à cet effet. Sur les marchés, les maraîchers n'ont pas d'emplacement spécifique, occupant parfois les bordures de route. Sur le plan individuel, la majorité des paysans se plaignent du manque de moyens ; ce problème, bien que réel est le plus souvent le résultat de leur mauvaise gestion des ressources. Autre problème, celui de l'approvisionnement en intrants. Les agriculteurs en général se ravitaillent auprès des revendeurs de pesticides ; ces revendeurs étant souvent de compétence et de moralité douteuses, il serait moins risqué de se ravitailler auprès des maisons fiables.

b- Les acteurs de l'AUP

Selon Austier (1994), les premiers pratiquant de l'AUP furent les domestiques des missionnaires et après les paysans. En Afrique, les études réalisées sur l'AUP situent de 10 à 80% les urbains impliqués dans cette activité (Moustier et al, 1997). Par ailleurs, 90% des activités de transformation alimentaires, 80% des opérations de stockage et de transport à courte distance et 60% de travail lié à la récolte et au marketing sont assurés par les femmes (Tchouamo, 2000). A Lomé, le maraîchage urbain est surtout l'affaire des hommes (Schilter, 1991). A Yaoundé, la majorité des producteurs maraîchers sont des personnes qui ont exercées auparavant une autre activité. Ils ont été obligés d'abandonner la première activité faute de rentabilité (Hernandez, 1999). En 1996, au Cameroun 35% des citadins étaient impliquées dans l'AUP, 80% au Zimbabwe en 1991 (Smith, 2002). Il est important de noter la grande diversité des acteurs rencontrés en milieu urbain et périurbain, l'AUP se déroulant dans un environnement pluri-sectoriel (Martin et al, 2002).

Comme autres acteurs de l'AUP on peut citer :

Les Producteurs (Agriculteurs professionnels) : Ce sont ceux pour qui l'agriculture constitue la seule, si non la principale source de revenus en milieu urbain et périurbain. Les enquêtes réalisés par le CIPRE en 2002 à Yaoundé montrent qu'on recense parmi les producteurs : des ménagères, des licenciés d'entreprises privés et publiques, des retraités, des chômeurs, etc....

Les ouvriers agricoles : Ce sont souvent des personnes qui mettent leur force de travail à la disposition des exploitants agricoles. Les étudiants, les élèves, les apprentis ainsi que les femmes peuvent se placer comme manoeuvre ou ouvrier temporaire (Schilter, 1991).

Les agriculteurs occasionnels : Ce sont des hommes et des femmes pour qui l'AUP constitue une seconde activité. Ces acteurs sont recensés parmi les débrouillards des secteurs informels, les petits artisans, les fonctionnaires aux revenus bas, et même les amateurs de la petite agriculture domestique.

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En général, leurs travaux s'effectuent les week-end, les jours fériés et souvent au cours des soirées (CIPRE, 2002).

Les horticulteurs : Ce sont en général des hommes qui produisent et vendent des fleurs, des plantes d'ornement, les arbres fruitiers. Ils jouent parfois le rôle de naturopathe pour certains de leurs clients et sont en général installés de façon régulière aux abords des grands carrefours du centre urbain. On les retrouve à Yaoundé dans la vallée de l'Ekozoa et dans bon nombre de carrefours dans la ville.

Les producteurs du matériel végétal : Il s'agit principalement des hommes qui ont fait de la production du matériel végétal ou la production des semences leur profession. On y trouve surtout des techniciens agronomes qui produisent et vendent les plants greffés, les plantes oléagineuses, et des semences (mais, haricot) pour revendre aux agriculteurs urbains et périurbains.

Les fournisseurs d'intrants agricoles : On distingue parmi eux de grandes firmes de production et de commercialisation des produits phytosanitaires, des commerçants grossistes spécialisés dans la vente d'intrant, les demi grossistes et même les détaillants. Les engrais chimiques, pesticides, semences et le petit matériel agricole constituent l'essentiel de leurs marchandises.

Les consommateurs : Les consommateurs urbains à qui sont destinés produits finis ou semi finis ne réagissent que de manière individuelle dans l'appréciation globale des produits. A travers L'analyse des Systèmes d'approvisionnement et de distribution alimentaire (SADA) au sein des couches aisées, des classes moyennes et des couches pauvres d'une ville, on arrive à comprendre l'importance des prestations des différents intervenants.

Les élèves et étudiants : Il s'agit ici d'une catégorie d'exploitants agricoles qui n'apparaissent que pendant les grandes vacances scolaires (juin - septembre). Les élèves et les étudiants, notamment ceux originaires des localités où l'activité agricole est de tradition, pratiquent l'agriculture pour préparer la rentrée scolaire (achat de fournitures scolaires, paie des pensions).

III-2-2. Les caractéristiques de l'AUP

a- L'agriculture urbaine et périurbaine en Afrique

a1- Les différents types de production agricole

Selon Parrot (1997b), dans les villes des PVD, on distingue généralement 3 catégories d'activités de production :

- Les activités dont les biens sont échangeables sur les marchés extérieurs et dont le niveau de la production est déterminée par la demande des ménages. Ce sont des biens dont les prix sont déterminés par les marchés extérieurs, la ville n'ayant aucune influence sur eux. C'est le cas entre autres des activités de l'agriculture non alimentaire ;

- Les activités dont les biens sont échangeables mais dont le niveau de la production est déterminé ex-ante. Il s'agit de l'agriculture de rente et l'élevage ; le niveau de production de l'agriculture de rente est fonction du climat et des incertitudes et le niveau de production de l'élevage

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est fonction des producteurs généralement regroupés en syndicat qui contrôlent ainsi le niveau des prix ;

- Les activités dont les biens sont non-échangeables : il s'agit de l'agriculture vivrière et le travail familial. La production de l'agriculture vivrière est déterminée ex-ante à cause des contraintes foncières et de la productivité à court terme. En ce qui concerne le travail familial, on suppose qu'il n'y a pas de substitution parfaite entre le travail salarié et le travail familial dans les activités de production en milieu urbain.

a2- Les rejets urbains et l'agriculture

La question de la gestion des déchets ménagers préoccupe malheureusement très peu nos sociétés alors qu'une approche pragmatique, bien que partielle, de cette problématique consiste à favoriser le recyclage d'une partie des rejets urbains dans l'agriculture selon des méthodes et des normes acceptables. D'ailleurs, un programme mené par le World Engineering, la Banque mondiale, les acteurs du secteur privé et des ONG en a fait son objectif principal. Dans le premier rapport de ce programme le concept de base du recyclage agricole a été décrit (Sanio et al, 1998).

On constate actuellement qu'il n'y a pas de lien entre la gestion des rejets urbains et l'agriculture (Figure 3.2). D'un coté, les ville produisent de grandes quantités de rejets riches en eau, en matière organique et minéraux (voir la composition des déchets ménagers de Yaoundé), qui sont rejetés directement dans la nature, dans les cours d'eau, soit éliminés par enfouissement dans les décharges par incinération ou par traitement en station d'épuration. De l'autre côté, l'AUP est contrainte à l'intensification, consomme de grandes quantités de fertilisants (le plus souvent importés) et d'eau puisée dans les ressources en eau potable (réseaux, fleuves, nappes). Une nouvelle stratégie (Figure 3.3) pourrait, au contraire, viser à créer (ou recréer) des liens entre la gestion des rejets urbains et l'agriculture, sans remettre en cause le développement industriel et économique des villes. Cette stratégie repose sur des techniques de traitement des déchets et effluents, qui doivent aboutir à des coproduits facilement utilisables par l'agriculteur, sans dangers pour la santé et avec risque minimum sur le milieu naturel.

Figure 3. 2 : Situation actuelle : absence de lien entre rejets urbains et agriculture

Besoins Elimination

Eau potable urbains Rejets (Rejet direct, décharge, stations)

Engrais et amendements organo-minéraux,

Produits

Agricoles eau d'irrigation

Semences

Transformation, Récoltes AUP Autres

Conditionnement intrants

Source : Smith, O.B. et al, 2004, p.144

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Transformation, Traitement

Conditionnement Résidus adapté

Figure 3. 3: Nouvelle stratégie : créer des liens entre rejets urbains et agriculture

Fig e 3 Nouvelle str gie : créer les liens entre rejetrbas e agriculture

Autres

Source : Smith, O.B. et al, 2004, p.144 intrants

Produits Besoins urbains

Agricoles Rejets

Récoltes

Eau potable

AUP Semences

Engrais et amendements organo-minéraux, Eau d'irrigation

b- Les avantages et les inconvénients de l'agriculture en ville

Depuis le début des années 1970, l'AUP fait l'objet d'un nombre croissant d'intervention par le biais d'agences internationales d'aide au développement. L'importance qui lui est accordée reflète l'évolution des politiques et des programmes en matière de développement international. Certains chercheurs comme Henning (1997), Rees (1997) et Smit (1996) affirment que l'agriculture urbaine constitue une activité qui favorise l'émergence de nouvelles solidarités socio-économiques et une participation civique accru, surtout lorsqu'elle est pratiquée dans un cadre collectif. Paiement (1999) suggère pour sa part que la mise sur pied de jardins communautaires en milieu urbain au Québec reflète la volonté des citoyens de reprendre du pouvoir sur leur vie quotidienne grâce à une autonomie alimentaire accrue.

b1- Les avantages de l'AUP

Aujourd'hui, l'AUP connaît un essor fulgurant du fait de la croissance urbaine accélérée. Le plus souvent motivée par la recherche de la sécurité alimentaire et l'amélioration du bien-être des citoyens. L'AUP contribue à alimenter de manière non négligeable les différents ménages de toutes les couches de populations des villes des pays en développement. Elle permet à ces milieux de citoyens (producteurs, transporteurs, vendeurs et consommateurs) d'assurer leurs moyens d'existence dans la cité.

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Contribution à l'approvisionnement alimentaire : Une étude menée par Nguegang (2002) dans le cadre du PADIAUP13 chez 38 associations, GIC et Groupes d'exploitants agricoles urbains et périurbains dans la ville de Yaoundé montre que ces acteurs contribuent véritablement à l'approvisionnement alimentaire de part la diversité et la quantité de leur production. L'AUP sert également "d'amortisseur" pour les moins pauvres durant les périodes de crise afin de maintenir certains niveaux de sécurité alimentaire (Seeth et al, cité par Nugent, 2000). Les nombreux agriculteurs urbains de sexe féminin sont surtout susceptibles de se servir du revenu provenant de l'agriculture pour nourrir leurs familles.

Gockowski et al (2003) révèle que dans la ville de Yaoundé 41% des ménages urbains les plus pauvres consomment les légumes produits dans leur jardin. La même étude montre que la production des ménages en milieu urbain représente 10% de la consommation totale des ménages. Selon Soua et al (2004), 64% des ménages exploitant les bas-fonds de Yaoundé pour l'autoconsommation.

Contribution à la résorption du sous-emploi : Dans la ville de Yaoundé comme dans toutes les villes africaines, beaucoup de citadins développent le petit élevage de bétail (porcs, lapins) de volaille (poulets, canards), produisent des légumes condiments, fruits et fleurs (CIPRE, 2002). Cet engouement pour ce type d'activité est dû d'une part aux habitudes culturelles mais aussi au chômage et à la pauvreté qui frappe les jeunes qui y voient un refuge.

Face à cette situation, l'agriculture apparaît comme une nouvelle potentialité d'emploi pour certains ; les femmes et les jeunes étant aujourd'hui les principaux acteurs cette activité devenu importante au fil du temps. Il est important de noter que dans la ville de Yaoundé, l'AUP se développe beaucoup plus dans les bas-fonds marécageux.

La commercialisation des produits et leur transformation dans la restauration de rue emploient également beaucoup de femmes et de jeunes qui y voient une source importante de revenus. Malgré leur importance, tous ces emplois indirects sont difficiles à dénombrer. Les activités lucratives des secteurs formels et informels étant plus ou moins en saturation, la pauvreté a atteint des proportions inquiétantes, 30% des populations de la ville de Yaoundé sont menacés et l'insécurité alimentaire affecte 28%. C'est ainsi que pour survivre ou améliorer leur revenu, les jeunes chômeurs sont obligés de s'engager dans les activités agricoles dans les bas-fonds marécageux ou sur tout espace publique disponible dans le périmètre urbain. Le tableau 3. 1 montre l'indice de pauvreté en milieu urbain au Cameroun, indice publié en 1999 par le PNUD.

Tableau 3. 1 : Incidence de la pauvreté en milieu urbain

Zones urbaines

Zones rurales

Distribution

Pourcentage

Distribution

Pourcentage

Yaoundé

21,4

Savanes

56,7

Douala

19,7

Forêts

63,8

Autres zones urbaines

29,6

Hauts-plateaux

66,0

Source : PNUD-Yaoundé, 1999

 
 
 
 

13 Programme d'appui au développement Intégré de l'agriculture urbaine et périurbaine du CIPRE

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Contribution à l'aménagement urbain et périurbain : L'horticulture urbaine (maraîchage et floriculture) permet de conserver des espaces verts au sein de l'espace bâti, elle a une valeur écologique réelle. Elle recèle des richesses végétales et fauniques non négligeables pour le maintien de la biodiversité. Les différentes facettes de sa fonction environnementale mettent en évidence que son exploitation à des fins agricoles et sa protection peuvent contribuer au maintien de l'équilibre écologique de la région dans son ensemble. Selon le CIPRE (2002), l'horticulture en pleine expansion dans la ville de Yaoundé tout comme la sylviculture dans les bas-fonds inondés, participent également à l'amélioration de l'architecture urbaine. C'est d'ailleurs fort du rôle qu'il joue dans l'aménagement urbain que la journée mondiale de l'environnement a été célébrée le 05 juin 2005 sous le thème « Des villes vertes, un plan pour la planète... ».

Contribution au recyclage des déchets : La modernisation et l'intensification des systèmes de production induisent une plus forte utilisation d'intrants. Les producteurs essayent de répondre à cette demande par le recyclage de différents types de déchets14. En milieu périurbain, la plupart des petits maraîchers possèdent également des animaux ; ils peuvent donc valoriser le fumier et les sousproduits de maraîchage. Les activités de tri et de tamisage des déchets urbains emploient plusieurs personnes dans certains quartiers de Yaoundé, d'après nos propres observations. Le produit obtenu est utilisé dans le maraîchage et la floriculture. Une étude menée à Yaoundé par Lemeilleur (2002) concernant les systèmes de production du bananier dans l'AUP de Yaoundé, montre que lorsque les parcelles sont assez proches des habitations et qu'elles n'ont pas de grande superficie, elles bénéficient souvent des ordures ménagères, des cendres de cuisine et des déjections animales des élevages.

Contribution au renouvellement de l'oxygène de l'air : La végétation urbaine ainsi constituée par les plantes agricoles, améliore la qualité de l'air en piégeant les émissions de gaz issues de carburants fossiles, et l'évaporation rafraîchit l'atmosphère.

b2- Les inconvénients de l'AUP

Les effets négatifs de l'AUP sont les plus visibles et conduisent le plus souvent à la perception défavorable qu'elle suscite de la part des administrateurs de la ville. L'utilisation de déchets (notamment les eaux usées) et de pesticides, les déjections animales, la divagation des animaux sont autant de sources de problèmes pour les populations et l'environnement citadin.

Impact sur la santé humaine : L'utilisation de déchets solides ou liquides en agriculture urbaine comporte des risques importants pour la santé humaine. Une prudence accrue est de rigueur dans le cas d'utilisation de déchets sur les cultures maraîchères dont les feuilles sont consommées, étant donné que certains métaux, comme le cadmium, s'accumulent préférentiellement dans les parties

foliaires15. Des virus, des bactéries, des protozoaires et des helminthes pathogènes passent dans les excréta des personnes infectées et se retrouvent dans les eaux usées.

14 Fall ST, Fall AS, éds. Cités horticoles en sursis ? L'agriculture urbaine dans les grandes Niayes du Sénégal. Ottawa : CRDI, 2001 ; 140 p.

15 Niang S. (1996), « Utiisation des eaux usées domestiques en maraîchage périurbain à Dakar (Sénégal) » Sécheresse 1996 ; 3 : 217-23.

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Ils peuvent être transmis soit par voie orale (par la consommation de légumes contaminés), soit par la peau (dans le cas des ankylostomes et des schistosomes). Les exploitants agricoles ainsi que les consommateurs des produits sont exposés aux risques d'intoxication alimentaire dus à la mauvaise utilisation des pesticides ou à l'utilisation de ceux périmés. De même, la manipulation permanentes des pesticides expose les producteurs à des risques divers pour leur santé (irritation cutanée et oculaire, altération du système de reproduction ou du système nerveux, etc.). Les risques de maladies hydriques sont aussi à signaler : typhoïde, dysenterie amibienne, bilharziose...

Heureusement, l'accès aux structures publiques de santé au Cameroun est relativement favorable aux populations les plus démunies dont fait partie les agriculteurs urbains et périurbains. Une étude menée par Kamgnia (2004) sur l'analyse de l'impact de la distribution des dépenses publiques de santé sur l'incidence de recours des malades dans les structures publiques de santé au Cameroun montre qu'afin de lutter contre l'immense pauvreté, le gouvernement camerounais a augmenté ses dépenses de santé depuis la moitié des années 1990. Cependant cette mesure bien que salutaire ne devrait pas empêcher les agriculteurs à plus de prudence dans l'exercice au quotidien de leur activité.

Impact sur l'environnement : L'agriculture urbaine favorise la pollution des sols et des nappes d'eau souterraines par des pesticides lors des traitements phytosanitaires ou des engrais chimiques à l'occasion de la fertilisation des sols. Elle facilite la prolifération des moustiques, vecteurs de paludisme, dans les bassins d'irrigation mal entretenus. Selon une récente mise en garde de la FAO et de l'OMS, environ 30% des pesticides commercialisés dans les PVD ne sont pas conformes aux standards de qualité internationale et représente un danger pour la santé et l'environnement. Or ces produits chimiques contenant des substances dangereuses et des impuretés interdites ou strictement limitées, sont employés en agriculture. On note sur ce point les risques suivants : La destruction de la faune et de la flore utiles (oiseaux, poissons, abeilles, algues), la pollution de l'atmosphère urbaine et le déséquilibre des écosystèmes.

Cependant, au-delà de ces multiples nuisances, les agriculteurs urbains eux-mêmes sont généralement confrontés à de nombreux problèmes tels que : Le manque de terre, le coût élevé des intrants, l'absence de formation et d'information sur l'agriculture, les maladies, les tracasseries par les agents de la mairie et propriétaires terriens, etc. (Soua et al 2004). C'est à la faveur des conflits entre agriculteurs urbains et autorités municipales, qui sont d'ailleurs tous deux agriculteurs (puisque la CUY ou la mairie veut les déguerpir pour planter su leurs parcelles des eucalyptus), qu'un atelier sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine en Afrique de l'Ouest et du Centre s'est tenu à Yaoundé. Pendant plusieurs jours (entre le 30 octobre et le 04 novembre 2005), plus de 200 spécialistes des questions aussi bien environnementale, démographique, urbaine, qu'économique se sont réunis autour des décideurs et agriculteurs afin de proposer d'éclairer chacune des parties (Etat et exploitants urbains) quant au rôle qui doit être le leur pour que les villes africaines soit belles et moins polluées.

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CHAPITRE IV : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA
DEMANDE DES DECHETS MENAGERS RECUPERES ET
RECYCLES

INTRODUCTION :

Le lien très étroit qui lie les déchets ménagers et l'AUP à travers les opérations de récupération et de recyclage dans la ville de Yaoundé permet de comprendre en partie, la faiblesse du taux de collecte des déchets ménagers dans certaines zones périurbaines où il existe des bas-fonds marécageux. L'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'AUP dépendra dans l'optique de cette étude, à l'identification des déterminants de l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines de la ville de Yaoundé.

Le choix a donc été porté sur l'utilisation des déchets ménagers recyclés comme référence à toute mesure de l'expansion de l'activité agricole urbaine et périurbaine du fait de leur richesse en matière organique (déchets végétaux), en azote et potassium (déchets animaux). Il serait tout aussi important de s'intéresser aux effets négatifs que peuvent avoir ces déchets ménagers sur la production agricole urbaine. Cependant dans le cadre de notre étude, nous allons uniquement nous intéresser à la première approche.

Ceci étant, la présentation du cadre conceptuel de notre étude fera l'objet de la première section, tandis que la deuxième section portera sur le modèle empirique et les recommandations.

IV-1. Le cadre conceptuel : Le modèle Logit

Il s'agit dans cette section de présenter le modèle théorique et les sources de données de notre étude. Iv-1-1. Le modèle théorique

a- Motivation du choix du modèle Logit

Les modèles Logit depuis très longtemps ont été introduits comme des approximations de modèles probit permettant des calculs plus simples. Selon Amemiya (1981), si les deux modèles sont sensiblement identiques, il existe cependant des différences. Nous évoquerons ici les principales différences :

- Les modèles Logit sont construits sur l'hypothèse des distributions cumulatives logistiques permettant un traitement plus adéquat des données aberrantes du fait de leurs extrémités épaissies contrairement aux modèles Probit qui font l'hypothèse d'une distribution cumulative normale centrée réduite ;

- Dans les modèles complexes, les modèles Logit sont plus adaptés parce que sont de manipulation plus aisée, car le Probit impliquerait la manipulation des intégrales à plusieurs degrés.

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a1- Spécification du modèle Logit

Les bases théoriques des modèles Logit ont été données par Mc Fadden à travers une théorie de l'utilité. Afin de décrire le comportement d'un individu face à l'adoption d'une technologie (utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines), on suppose que l'individu fait face à deux choix représentables par une fonction d'utilité aléatoire à savoir U1 pour l'utilisation des déchets et U0 pour la non utilisation.

Ainsi, soit << Z » le vecteur des variables retenus au tableau 3.4, l'utilisation des déchets16 par un agriculteur dans les bas-fonds de Yaoundé lui procure une utilité U1 (Z)=V1 (Z) + e1 et leur non utilisation lui procure une utilité U0 (Z)=V0 (Z) + e0 ; Vi et ei représentent respectivement les composantes déterministes et aléatoires, Z quant à lui représente l'argument.

L'agriculteur rationnel va choisir l'alternative qui lui procure plus de satisfaction. La probabilité qu'il demande les déchets s'exprime de la manière suivante :

P(Y=1) = P [U1 > U0]

= P [V1 (Z) + e1 > V0 (Z) + e1]

= P [V1 (Z) - V0 (Z) > + e0 - e1] (1)

En prenant Vi comme fonction linéaire de Z, c'est-à-dire Vi = âi Z on aura :

V1 (Z) - V0 (Z) = (â1 - â0) Z

(1) devient : P(Y=1) = P [âZ > e] = F (âZ) avec â = â1 - â0 le vecteur des paramètres à estimer

et e= e0 - e1 le terme d'erreur.

F (âZ) est une fonction de distribution cumulative ; le modèle Logit suppose que F suit une loi logistique. Dans ces conditions, la probabilité qu'un paysan quelconque demande les déchets sera donnée par :

)

exp(âZ

PY

)

1exp(

+ âZ

(1) == Par conséquent, la probabilité de ne pas utiliser les déchets sera donnée par :

1

)

1exp(

+ âZ

PY PY
(0) 1(1)

==- ==

Avec << exp » la fonction exponentielle.

a2 - Procédure d'estimation

Plusieurs méthodes permettent d'estimer les paramètres du modèle ainsi formalisé. Il s'agit de la méthode de Berkson, la méthode du Chi-deux minimum et la méthode du Maximum de vraisemblance que nous allons utiliser.

16 Déchets ici = Déchets animaux (fientes de poules et lisiers de porcs) + déchets végétaux (Déchets de cuisines frais et décomposés).

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Le vecteur des paramètres â est trouvé en maximisant son logarithme ou la fonction de vraisemblance donnée par :

)

L

( â

exp(

âZ)

1

? =+ ? = +

1exp()

1 0

1exp()

ââ

y y

ZZ

L'estimateur â' (estimé) du Maximum de vraisemblance vérifie le système d'équations de

(2)

( )

vraisemblance donné par : 0

? â

??? ? L â ??? â=â '=

(2) représente la condition de premier ordre. En ce qui concerne la condition de second ordre relative notamment à la concavité de la fonction, elle est selon Gourieroux (1989) d'office satisfaite pour les modèles Logit.

Les méthodes classiques de résolution numérique des équations de vraisemblance sont toutes basées sur la méthode de Newton. Son application conduit à l'algorithme de Newton-Raphson que nous allons utiliser et qui fournit une solution au système d'équations de vraisemblance de manière itérative. Les méthodes du score et de Berndt-Hall-Hall-Hausman sont souvent aussi utilisées.

Pour vérifier la significativité individuelle des paramètres, le test de Student sera utilisé. L'hypothèse de nullité du vecteur des paramètres quant à elle sera testée par le test du rapport des maxima de vraisemblance. Pour évaluer la qualité des ajustements, nous aurons recours au R² de McFadden. En outre, le pourcentage de bonne prédiction nous permettra de juger du pouvoir prédictif du modèle.

Les valeurs numériques des coefficients du Logit n'ont pas d'interprétation directe c'est pourquoi les économistes s'intéressent aux signes des variables pertinentes et aux réactions proportionnelles de la variable expliquée suite aux changements proportionnels du niveau des variables explicatives c'est à dire aux élasticités. La variable endogène dans notre cas étant une probabilité, le calcul des effets marginaux17 permet d'apprécier l'impact des variables explicatives sur la probabilité d'adoption

(Cramer, 1992 ; Kaboré, 1996). Les effets marginaux sont calculés à partir de la formule [p(1-p)]âi , P

étant le taux d'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés de l'échantillon.

Le modèle Logit dichotomique univarié18 que nous allons utiliser sera estimé par la méthode du maximum de vraisemblance. Toutefois, la fiabilité des paramètres estimés (convergence et normalité asymptotique) par cette méthode repose sur le caractère aléatoire et indépendant des variables explicatives utilisées ; ce qui suppose que leurs valeurs sont déterministes et donc bornées.

Si ces conditions sont satisfaites, compte tenu du très grand nombre de variables à estimer l'autre difficulté résidera au niveau du danger de multicollinéarité qui rendrait les résultats obtenus moins efficaces et donc pas très fiables. Pour résoudre ce problème, nous allons procéder à une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) à partir du logiciel SPAD. Nous allons obtenir des grappes de variables explicatives corrélées entre - elles et c'est ainsi que dans chaque grappe, une seule variable

17 Les effets marginaux peuvent être interprétées comme les pentes de la courbe logistique traduisant l'adoption

18 Par modèle dichotomique, on entend un modèle statistique dans lequel la variable expliquée ne peut prendre que deux

modalités (variable dichotomique). IL s'agit d'expliquer la survenue ou la non survenue d'un événement.

73

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

sera choisie pour l'analyse. L'avantage pour nous d'utiliser l'ACM contrairement à l'ACP (Analyse des correspondances Partielles) est que le premier est utilisé lorsque les variables sont aussi bien discrètes que continues, comme c'est le cas pour nous, et le deuxième l'est lorsque les variables sont uniquement discrètes. Ainsi dans nos estimations, les variables retenues sont celles qui offrent un plus grand pouvoir d'explication.

b- Choix des sites d'étude et monographies

b1- Choix des sites

Le tableau 4. 1 présente les principales caractéristiques des sites potentiels pour notre étude. En fonction des caractéristiques recherchées, nous avons choisis les sites de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa. Le premier est un quartier périurbain relativement salubre et principale source de ravitaillement de la ville de Yaoundé en condiments, le second contrairement au premier est insalubre et constitue la mamelle nourricière d'Etoug-Ebé. Le troisième quant à lui est le principal site de culture et de vente des fleurs dans la ville ; Ce site est particulier en ce sens qu'il est situé entre deux circonscriptions administratives, Yaoundé I et II (planche 5).

Le choix des sites a été fonction de plusieurs paramètres parmi lesquels la géographie (centre-ville, périphérie, banlieue), la pression foncière (oui/non), l'aménagement urbain (oui/non), l'insalubrité (oui/non), les projets de développement (oui/non), les innovations (oui/non), les informations disponibles (oui/non), les tensions maires - agriculteurs (oui/non), etc.

b2- Monographie des sites d'enquêtes

Etoug-Ebé, mamelle nourricière de Yaoundé VI : Etoug-Ebé est l'un des principaux quartiers de l'arrondissement de Yaoundé VI. Situé à 10 km du centre ville dans la zone périurbaine, c'est un quartier accidenté, difficilement accessible et caractérisé par ses bas-fonds marécageux. Constituée dans sa grande majorité par les allogènes, sa population est très dynamique et hospitalière. L'existence des bas-fonds marécageux à Etoug-Ebé a poussé certains de ses habitants à se lancer dans la culture de divers produits agricoles tels que : les légumes, la tomate, le mais, le haricot, le taro, le macabo, la banane plantain, les arbres fruitiers, etc.

74

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 4. 1 : Les principales caractéristiques des sites retenus

Quartiers

Etoug-Ebé

Ekozoa

Nkolondom

Arrondissement

Yaoundé VI

Yaoundé I et II

Yaoundé I

Accès

Difficile

Facile

Facile

Géographie

Périphérie (10 km du centre
ville)

Centre ville

Périphérie (8 à 9 km du
centre ville)

Salubrité

Non propre

Propre en amont Non propre en aval

Propre

Aménagement

Non

Oui

Oui par endroit

Enjeux politiques (tensions
Maires-Agriculteurs)

Fort, la mairie veut planter
les eucalyptus dans les zones
exploitées (marécages)

Fort, zone frontière à deux
communes. Complicité
inavouée entre mairies et
horticulteurs

Fort, les exploitants
déplorent le non
encadrement des politiques

Hospitalité des occupants

Oui

Oui

Oui

Pression foncière

Forte (manque de terre)

Forte (la mairie casse)

Forte (manque de terre)

Présence d'ONG

Oui

Oui (jardins d'amour)

Oui

Habitants

Halogènes

Cosmopolite et composite

Autochtones

Principales cultures

Ndolè, Morelle noire, Nkui,
Mais, Manioc, Haricot, Taro,
Banane, fruits, ...

Fleurs en grande majorité et un peu de maïs et légumes

Céleri, Persil, Folon, salade,
Amarante, Morelle noire,
Basiique, Concombre,
Piment

Principaux problèmes
rencontrés par les
agriculteurs

Inondations des parcelles,
menace d'expropriation,
manque d'engrais

Marginalisation dans les
chantiers d'aménagement
des jardins publics par la
CUY

Menace d'expropriation, urbanisation croissante, baisse de la production

 

Quartiers

Nkolbisson

Akokdoé

Nsimbock

Arrondissement

Yaoundé II

Yaoundé VI

Yaoundé VI

Accès

Facile

Difficile

Difficile

Géographie

Périphérie (5-6 km du centre
ville)

Banlieue (12 - 13 km du
centre ville)

Périphérie (10 km du centre
ville)

Salubrité

Non propre

Non propre

Non Propre

Aménagement

Non

Non

Non

Enjeux politiques (tensions
Maires-Agriculteurs)

Fort, conflit entre l'IRAD et
les exploitants

Fort, la mairie interdit toute
culture

Fort, la mairie interdit
l'exploitation des bas-fonds

Hospitalité des occupants

Oui

Pas du tout

Oui

Pression foncière

Forte (manque de terre)

Forte (la mairie casse)

Forte (manque de terre)

Présence d'ONG

Ne connais pas

Ne connais pas

Oui

Habitants

Autochtones

Allogènes

Cosmopolites

Documents sur le site

Ne connais pas

Ne connais pas

Ne connais pas

Etoug-Ebé signifie « vieux trou ». La légende conte que les ancêtres de la zone avaient un pouvoir, celui de déplacer un trou au pied de la route pour empêcher les Allemands de traverser la zone. Aujourd'hui le chef a perdu ce pouvoir. Le Conseil de chefferie est essentiellement composé d'Ewondos et de Bamilékés, toutes les ethnies n'étant pas représentées. Dans les années 80, Etoug-Ebé n'était

75

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

qu'un petit village enclavé et perdu dans la forêt. Il n'a connu un véritable essor qu'après la création du centre hospitalier pour handicapés par le Cardinal Leger. A cette époque le bitume ne se limitait qu'au Centre des Handicapés. Mais grâce au dynamisme de ses habitants et aux engins fournis par Messieurs Foumbi Jacques et Tchuenté Gabriel tous deux habitants du quartier, contre 10 000 FCFA par détenteur de parcelle, les premières routes furent crées et le quartier fut progressivement habité.

Les bas-fonds quant à eux n'étaient que de vastes parcelles inondées et constituaient un important foyer de palétuviers sauvages. Les années 1990 ont vu ses premières parcelles vendues à vils prix et exploitées. A titre d'exemple, à raison de 75 FCFA/m² soit environ 0.12 €/m², monsieur Djoko en 1994 a pu acquérir une parcelle de 2000 m² a un autochtone dénommé Endegue Gerard. Aujourd'hui, après de nombreuses tentatives d'expropriation de ces parcelles par les autorités municipales qui y voient un espace potentiel de culture d'eucalyptus, les exploitants des bas-fonds d'Etoug-Ebé vivent dans une incertitude absolue bien qu'ayant convaincue le maire quant à l'importance de l'activité de agricole qui s'y développe. Aujourd'hui le marécage d'Etoug-Ebé est en majorité exploité par les bamilékés (86%) et constitue le grenier de Yaoundé VI de part sa production importante de légumes (Folon, Zoom, Morelle noire, etc.). Soucieux du respect des normes sanitaires en matière de production agricole, les maraîchers d'Etoug-Ebé ont mis en place un bon système de drainage, les eaux d'arrosage proviennent des puits qui sont creusés dans les parcelles et les latrines sont loin de leurs champs (photo 14).

En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides, les agriculteurs d'Etoug-Ebé utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets de cuisine décomposés (compost) et les lisiers de porc (pour les éleveurs). Les agriculteurs d'Etoug-Ebé déclarent ne pas acheter le compost vendu du fait de leur poids et des coûts relatifs à leur transport. En plus, ils doutent de l'efficacité du compost par rapport aux fientes par exemple qui d'ailleurs coûtent deux fois moins chères que le compost (3000 FCFA le sac de 50 kgs de compost contre 1500 FCFA le sac de 50kgs de fientes de poules).

Ekozoa (Centre-ville), l'axe du prestige : Ekozoa est en fait un affluent du Mfoundi (cours d'eau souterrain longeant le centre-ville). Il traverse le sous-sol du centre-ville, des quartiers Briqueterie, Tsinga et Bastos. Les bas-fonds de Ekozoa sont caractérisés par la présence d'une intense activité floricole et des eucalyptus plantés par l'Etat. Partagée entre deux arrondissements, Ekozoa est plus propre en amont (Yaoundé I) et qu'en aval (Yaoundé II).

L'histoire de la floriculture à Ekozoa date du début des années 90 où certains floriculteurs dont monsieur Amougou, ont estimé qu'en valorisant cette espace, à l'époque plein de « sissongos19 », ils pourraient non seulement y trouver une source de revenu mais aussi contribuer à l'esthétique urbain. Bien que présentent dès le début de l'occupation anarchique du domaine de l'Etat, les tensions entre autorités municipales et floriculteurs, ont fini par céder la place à une sorte de complicité inavouée.

Il faut dire que les activités floricoles qui s'y développent contribuent à l'esthétique urbain et présente plus d'avantages que d'inconvénients. D'ailleurs, l'axe allant du centre ville à la nouvelle route Bastos

19 Herbes sauvages servant en général de foin pour le bétail

76

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

en passant par l'échangeur simplifié occupé par ces horticulteurs, a été dénommé « Axe de prestige » parce que emprunté par le chef de l'Etat. Cette dénomination née en 2002 à la suite de la réunion de travail organisée par le Ministre d'Etat en charge de la ville et du développement urbain Lékéné Donfack avec les horticulteurs de Ekozoa, vient rassurer les floriculteurs quant à une éventuelle délocalisation. Mais seulement, ces horticulteurs se sentent lésés par les autorités municipales qui les excluent de tous les projets d'esthétique urbain notamment ceux liés à l'aménagement et à l'embellissement des ronds points et jardins publics.

Les floriculteurs d'Ekozoa en plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets végétaux (gazon sec et sissongos). La "terre noire"20 y est utilisée en grande quantité et est aussi riche en matière organique que le compost.

Nkolondom, source de rayitaillement de la yille en condiments : Nkolondom est une banlieue Yaoundéenne située à 8 km du centre ville. C'est l'un des sites de production maraîchère le plus développé de la ville. Située dans l'arrondissement de Yaoundé I, Nkolondom voit ses exploitations se concentrer sur un espace restreint du fait de la croissance rapide de la ville. Ses agriculteurs, autochtones dans sa grande majorité, déplorent le manque d'encadrement des politiques, qui selon eux devraient leur permettre d'améliorer leurs techniques, leur savoir-faire et leurs stratégies ; et ceci pour pérenniser l'activité agricole urbaine et périurbaine.

Les bas-fonds de Nkolondom sont la principale source de production de céleri, persil, basilique, salade, amarantes, piment, concombre et légumes. C'est pourquoi ils bénéficient très souvent de la visite des chercheurs aussi bien camerounais qu'étrangers qui y trouvent un site important d'expérimentation de nouvelles techniques culturales, d'engrais, fongicides, nématicides et insecticides. Mais seulement, comme à Etoug-Ebé, les exploitants agricoles vivent dans l'incertitude conscients du fait que le marécage est un domaine public.

L'histoire du maraîchage à Nkolondom remonte dans les années 60, les missionnaires de la mission catholique d'Etoudi (Yaoundé I) faisait du jardinage ; les enfants sur le chemin de l'école allaient y déposer des engrais organiques contre quelques pièces de monnaie. Le fait pour ces jeunes enfants de voir travailler les missionnaires et de consommer les fruits de cette activité encore méconnue par eux, les a incité devenus grands à cultiver à leur tour. C'est ainsi que depuis 1963, le jardinage est devenu l'une des principales activités des habitants de Nkolondom. Jusqu'à 1985, la production était bonne, le sol était très riche. Mais seulement, depuis lors, la production n'a cessé de chuter, le sol devient de moins en moins fertile. Cette chute de la production maraîchère est due selon les exploitants entre autres à l'urbanisation croissante et au changement des comportements alimentaires.

En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides, les agriculteurs de Nkolondom utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets de cuisine

20 Cette terre noire comme son nom l'indique est noire et est utilisée en très grandes quantités par les floriculteurs d'Ekozoa qui la trouvent très riche en matières organiques. Elle provient des quartiers périurbains de Yaoundé I (quartiers Emana et Olembé) où la végétation cède tous les jours la place à des constructions des maisons d'habitation. La terre noire provient donc des terrassements des parcelles ; après leur récupération, elle est testée puis vendu aux floriculteurs d'Ekozoa.

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

décomposés (compost) et les lisiers de porc (pour les éleveurs). Comme à Etoug-Ebé, les agriculteurs de Nkolondom n'achètent pas le compost pour les mêmes raisons. Il faut dire que au fil des années l'activité de compostage des déchets ménagers tend à disparaître. A Yaoundé, elle se fait à petite échelle surtout au quartier Briqueterie qui est situé à plus de 08 km des bas-fonds d'Etoug-Ebé et à plus de 10 km de Nkolondom. On comprend alors aisément la difficulté qu'ont les agriculteurs de Yaoundé à se procurer du compost.

Iv-1-2. Collecte et analyse des données

a- Echantillonnage et collecte des données

a1- Echantillonnage

Pour évaluer l'impact qu'ont les des déchets ménagers récupérés et recyclés sur la production agricole urbaine et périurbaine, nous avons utilisé le procédé d'échantillonnage non probabiliste. Un échantillonnage est dit non probabiliste lorsque sa sélection a été faite à partir d'informations à priori et tout phénomène de hasard a été exclut. Dans ce type d'échantillons, on fait l'hypothèse implicite que la caractéristique étudiée a une distribution aléatoire et, quelque soit l'échantillon choisi, il existe une randomisation naturelle.

La base de sondage de l'étude est constituée de l'ensemble des exploitants des bas-fonds des quartiers urbains et périurbains de Yaoundé. Du fait des contraintes aussi bien temporelles que financières, nous avons retenu au total 150 exploitants dans les bas-fonds de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa. Mais pour des raisons d'insuffisance de réponses certaines ont été exclues des analyses.

Le tableau 4. 2 fait ressortir les effectifs retenus par bas-fonds des sites enquêtés.

Tableau 4. 2 : Répartition des exploitants enquêtés

Sites

Etoug-Ebé

Ekozoa

Nkolondom

Total

Nombre
d'exploitants

43

31

52

126

 

a2- La collecte des données

Deux types de données ont été collectés pour la réalisation des objectifs de notre étude. Il s'agit des données secondaires et des données primaires.

Les données secondaires ont été obtenues à partir des cartes des zones d'études et de la littérature à savoir, les mémoires et thèses, les livres et les revues et ceci grâce aux bibliothèques privées et universitaires. Les structures de recherche tels que le CIRAD, l'IRAD, la FAO, le PNUD, ERA-Cameroun, le CIPRE, l'INS, l'INC, nous ont également permis d'enrichir notre littérature.

A partir des enquêtes sur le terrain et des observations propres, les données primaires ont été collectées. Pour cela, un questionnaire a été élaboré et a permis la collecte des informations à travers des interviews directes avec chaque exploitant. Le questionnaire a été calqué sur le modèle du

78

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

questionnaire utilisé par Parrot (1997a) à Muea21 ; ceci afin de permettre d'éventuelles comparaisons, dans la mesure oi'i les villes de Yaoundé et Muea ont ceci de commun, c'est que l'activité agricole dit périurbaine est très développée dans ces deux villes (Annexe 1).

Les observations propres ont été confirmées par les agriculteurs lors des séances de restitution. Le questionnaire a été confectionné sur une seule page et portait respectivement sur :

- Les caractéristiques socio-économiques des membres du ménage ;

- Les indicateurs sociaux et avoirs du ménage ;

- Les principales cultures et les intrants utilisés ;

- Les quantités utilisés de déchets ménagers, leurs origines et destinations.

Les enquêtes de terrain dans les trois sites ont duré 15 jours et ceci de jour comme de nuit puisque certains exploitants nous donnaient des rendez-vous en soirée. Toutes les enquêtes s'achevaient par des séances de restitution oi'i nous expliquions aux enquêtés les raisons de notre enquête et présentions les différentes observations faites sur le terrain. Cependant, beaucoup de difficultés ont été rencontré sur le terrain. En plus de la réticence de certains exploitants qui refusaient de se soumettre aux questionnaires parce que << fatigués de se soumettre à des enquêtes dont les résultats ne sont jamais vulgarisés », il était très difficile de se déplacer dans les parcelles d'Etoug-Ebé surtout du fait de leur caractère très enclavées et inondées tout autour. Bien que moins enclavées que celles d'Etoug-Ebé, il n'a pas été facile de parcourir les parcelles de Nkolondom et d'Ekozoa qui s'étendent sur plusieurs kilomètres.

b- Traitement des données et variables utilisées b1- Traitement des données

L'étude de la demande des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines a été abordée par la méthode de discrimination logistique. Il s'agit en général de décrire la liaison entre une variable qualitative << Y » (variable à expliquer) à k modalités et un ensemble de j variables X1, X2, ..., Xj (variables explicatives) qui peuvent être de nature quelconque.

Ensuite, nous allons estimer les paramètres du modèle, mesurer son adéquation (qualité d'ajustement) et en déduire la significativité et l'interprétation des paramètres ainsi estimés.

Dans ce travail, il s'agira donc d'estimer un modèle Logit portant sur la demande des déchets animaux (fientes et lisiers) et des déchets végétaux (déchets de cuisine à l'état frais et décomposés) sur l'échantillon groupé de tous les exploitants des trois sites. Les données collectées dans le cadre de cette étude ont été intégralement saisies à l'aide du logiciel CSPro 2.5. Les logiciels Excel 2003 et SPSS 10.0 ont permis de faire les analyses descriptives et le logiciel E-Views 3.0 nous a permis d'analyser les régressions logistiques.

21 Petite vile du Sud-Ouest Cameroun oi'i l'activité agricole périurbaine est très développée.

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b2- Variables utilisées

La collecte des données ainsi faite nous a permis de retenir un certain nombre de variables susceptibles d'influencer l'adoption des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines.

Le tableau 4.3 présente les caractéristiques des variables retenues.

Tableau 4.3 : Description des variables utilisées dans l'estimation sur l'échantillon total

Variables explicatives retenues

Moyenne

Ecart-type

Sexe

0,40

0,49

Age de l'exploitant

35,40

10,77

Taille du ménage

5,49

2,72

Etudes primaires

0.44

0.50

Etudes secondaires

0.25

0.43

Etudes supérieures

0.06

0.24

Tribu Bamiléké

0.46

0.50

Tribu Eton

0.27

0.44

Surface exploitée

530,36

512,23

Classe Revenu agricole

2,48

0,94

Dépenses en intrants

4,43

5,18

Circuit de vente de la production

1,31

0,47

Proximité du domicile de la parcelle

0,64

0,48

Appartenance à un GIC

0,21

0,41

Origine des déchets

0,68

0,47

Droit de propriété sur les parcelles

0,78

0,41

Pratique des cultures maraîchères

0.74

0.44

Pratique de l'élevage

0,23

0,42

Source : Par nos soins à partir de E-Views

 
 
 

Le tableau 4. 4 quant à lui présente les effets théoriques attendus.

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Tableau 4. 4 : Variables susceptibles d'influencer la décision d'utiliser les déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines.

Variables explicatives

 

Effets théoriques attendus

 
 
 

Sexe (SEX)

 

Les femmes utilisent moins les déchets ménagers à cause du caractère lourd de ceux-ci qui exige d'énormes efforts physiques.

 

Diplôme le plus élevé (DIP)

 

Le niveau d'éducation d'un individu a une influence positive sur la probabilité d'adoption d'une innovation.

 
 
 

Age exploitant (AGE)

 

Les jeunes ont le goût du risque et sont en général les premiers à adopter une nouvelle technologie (Bodiguel, op. cit). De plus ils ont plus de force pour les déchets ménagers du domicile vers les parcelles.

 

Taille du ménage (TAIL)

 

La taille du ménage a un effet positif sur l'utilisation des déchets dans les parcelles.

 

Appartenance à un GIC (GIC)

 

En principe, le fait d'appartenir à un GIC a une influence positive sur l'adoption. Le plus souvent les adhérents sont mieux informés.

 
 
 

Tribu (TRIB)

 

La tribu influence parfois les techniques culturales dont l'utilisation des déchets.

 

Classe Revenu mensuel issu de l'exploitation agricole (CREA)

 

Un revenu élevé influence positivement l'utilisation des déchets.

 
 
 

Dépenses mensuelles pour intrants (DEP)

 

Plus les dépenses en intrants sont élevées plus les déchets sont utilisés.

 
 
 

Superficie de l'exploitation
(SURF)

 

Plus la surface cultivée est importante, moins les exploitants utilisent les déchets car il ne les ont pas toujours en quantité suffisante.

 
 
 

Statut des parcelles exploitées (PROP)

 

Les titulaires des parcelles ont beaucoup plus tendance à utiliser les déchets parce que leurs actions s'étalent sur plusieurs cycles ; alors que les exploitants des parcelles loués seront mois disposés à utiliser les déchets.

 
 
 

Pratique des cultures maraîchères (CULTMAR)

 

L'utilisation ou non des déchets est fonction du type de culture pratiquée. Le maraîchage par exemple nécessite beaucoup plus l'utilisation d'intrants organiques.

 
 
 

Cultures des fleurs
(FLEU)

 

La culture des fleurs exige une forte utilisation des déchets surtout dans les pépinières.

 

Pratique de l'élevage (ELEV)

 

La pratique de l'élevage favorise l'utilisation des déchets animaux.

 
 
 

Recours à la main d'oeuvre salariée (EMPL)

 

Le recours à la main d'oeuvre salariée devrait augmenter la probabilité de l'utilisation des déchets (Terre noire à Ekozoa).

 

Proximité du domicile de la parcelle (DIST)

 

Plus le domicile de l'exploitant est proche des parcelles, plus les déchets sont utilisés.

 
 
 

Origine des déchets
(ODEC)

 

Selon que l'on achète ou ramasse les déchets utilisés, il influence le choix de leur utilisation.

 
 
 

Circuit de vente de la production (CVP)

 

Selon que l'on vende sa production soi-même ou par intermédiaire, le circuit de vente peut influencer l'utilisation des déchets.

 

81

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

IV-2. Le modèle empirique

Il s'agit de présenter les résultats des analyses d'une part et d'autre part faire des recommandations susceptibles de rendre le système de collecte des déchets à Yaoundé compatibles avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine périurbaine.

Iv-2-1. Résultats des analyses

a- Profil des exploitants des bas-fonds de Yaoundé

Le tableau 4. 5 présente le profil des exploitants de notre échantillon total. Celui des sites spécifiques de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa est présenté en annexe 2.

Ce tableau révèle que :

- La majorité de personnes impliquées dans l'AUP à Yaoundé est constituée de femmes (62%) contre seulement 38% d'hommes. Leur tranche d'age varie entre 07 et 65 ans, avec une moyenne de 35 ans. En outre, La taille moyenne des ménages enquêtés est de 5 personnes et les parcelles exploitées ont une surface moyenne de 530 m² tandis que l'expérience agricole des enquêtés est de 12 ans en moyenne ;

Ces résultats sont très proches de ceux trouvés par Lekane Kembou et al (2003) dans l'étude faite sur les relations entre le maraîchage et l'élevage dans la récupération et la valorisation des sous-produits de l'AUP à Yaoundé.

- 44% de nos enquêtés détiennent seulement un CEPE, contre 26% qui déclarent n'avoir jamais obtenu un diplôme, 24% ont un diplôme secondaire et seulement 04% ont un diplôme de l'enseignement supérieur ;

- La plupart des enquêtés sont de la tribu Bamiléké (46%), Eton (27%) et Ewondo (17%) et 78% des enquêtés vivent en couple ;

- 42% des exploitants des bas-fonds de Yaoundé ont un revenu agricole mensuel qui se situe entre 45000 et 100 000FCFA, 26% gagnent entre 25 000 et 45 000 FCFA, 19% gagnent moins de 26000 FCFA et seulement 13% ont un revenu agricole mensuel de plus de 100 000FCFA. En outre, 90% des enquêtés dépensent moins de 10 000 FCFA contre 10% qui dépensent entre 10 000 et 33 000 FCFA, pour l'achat des intrants agricoles ;

- La pratique de l'élevage est quasi inexistante ; en effet, 77% de nos enquêtés déclarent ne pas pratiquer de l'élevage et ceci pour des raisons aussi diverses que le manque de moyen financier, les risques de maladies et le vol ;

- La majorité des exploitants enquêtés vivent près de leurs exploitations agricoles (64%) et 21% seulement appartiennent à un GIC. Ceci devrait inciter d'avantage les responsables de GIC et les décideurs à se pencher sur les vrais problèmes que rencontrent les exploitants dans l'exercice de leur activité ;

- 68% des exploitants contre 32% achètent leurs déchets. Ceci est dû au fait que les déchets animaux (fientes de poules) sont les plus achetés et utilisés dans les parcelles de Yaoundé contrairement aux déchets végétaux (déchets de cuisines frais et décomposés) qui certes sont utilisés mais pas en très grande quantité ;

82

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- La plupart des enquêtés (68%) se chargent personnellement de l'écoulement de leurs produits ;

Echantillon total

Tableau 4. 5 : Profil socio-économique des exploitants de l'échantillon total

Fréquences
relatives
(en %)

Fréquences
relatives
(en %)

Facteurs socio-économiques

Facteurs socio-économiques

Diplôme le plus élevé :

Sexe :

38

26

Aucun

Homme

62

44

Primaire

Femme

24

Secondaire

Tribu :

46

06

Supérieur

Bamilékés

17

Age :

Ewondos

27

07

[07-20)

Etons

10

32

[20-30)

Autres (Anglophones et Nordistes)

29

[30-40)

Statut matrimonial :

78

22

[40-50)

Couple

22

10

[50-65]

Seul

GIC

Taille ménage

53

21

Membre

[1-5]

39

79

Non membre

[6-9]

08

Dépenses agricoles mensuelles
(en FCFA)

[10-12]

90

[0-10000)

Revenu agricole mensuel
(en FCFA)

19

10

[10000-33 000)

[0-25 000)

26

Distance domicile parcelle (en m)

[25 000-45 000)

42

64

Proche

[45 000- 100 000)

13

36

Loin

[100 000 et plus)

Circuit de vente de la production

Elevage

23

68

Soi-même

Pratique

77

32

Par un intermédiaire

Ne pratique pas

Expérience agricole (en années)

Culture de fleurs

21

57

[0-10)

Cultive

79

27

[10-20)

Ne cultive pas

12

[20-30)

Culture de condiments

71

04

[30-44)

Cultive

29

Origine des déchets

Ne cultive pas

68

Achète

Culture de légumes

40

32

N'achète pas

Cultive

60

Ne cultive pas

Source : Données de l'enquête (fournies par E-Views)

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b- Résultats des estimations

Tableau 4. 6 : Résultat du modèle Logit d'utiisation des déchets ménagers dans les bas-fonds de Yaoundé (Nkolondom, Etoug-Ebé, Ekozoa)

Dependent Variable: UDM

Method: ML - Binary Logit

Sample(adjusted): 2 126

Convergence achieved after 5 iterations

Prob.

z-Statistic

Std. Error

Effet
marginal

Coefficient

Variable

Constante

- 2.448842

1.505460

- 1.626640

0.1038

- 0.54

Sexe féminin

- 0.361192

0.650584

- 0.555181

0.5788

- 0.08

Age de l'exploitant

0.03 2178

0.2146

- 0.039934

- 1.241012

- 0.01

Taille du ménage

0.028740

0.8240

0.129255

0.222352

0.01

Niveau d'instruction

Etudes primaires

0.807906

0.729658

1.107238

0.2682

0.18

Etudes secondaires

0.840303

1.681238

0.09 27***

1.412750

0.31

Etudes supérieures

1.354196

0.841768

1.139919

0.3999

0.25

Tribu

Tribu Bamiléké

0.868423

0.0016*

0.61

2. 74353 1

3.159209

Tribu Eton

0.981461

0.0128**

2.444271

2.490441

0.54

Surface exploitée

- 0.000228

0.000655

- 0.348697

0.7273

- 0.00

Classe Revenu agricole

0.113498

0.349880

0.7264

0.324390

0.03

Dépenses en intrants

0.081935

0.069973

0.2416

1.170955

0.02

Vends soi-même sa production

0.708056

0.278374

0.7807

0.197104

0.04

Proximité du domicile de la parcelle

2.719629

3.751036

0.0002*

0.60

0.725034

Appartenance à un GIC

- 1.259891

0.797489

- 1.579823

- 0.28

0.1141

Achat des déchets

2.258771

0.772869

2.922581

0.0035*

0.50

Propriétaire des parcelles

0. 766590

0.718599

1.066783

0.2861

0.17

Pratique des cultures maraîchères

2.694599

2.977282

0.0029*

0.60

0.905053

Pratique de l'élevage

0.166113

0.726841

0.228541

0.8192

0.04

Mean dependent var

S.D. dependent var

0.666667

0.473333

S.E. of regression

Akaike info criterion

0.369814

1.012295

Sum squared resid

Schwarz criterion

14.36003

1.423834

Log likelihood

Hannan-Quinn criter.

- 44.25611

1.179461

Restr. log likelihood

Avg. log likelihood

- 78.29124

-0.359806

0.434725

McFadden R-squared

LR statistic (17 df)

68 .07026

Probability(LR stat)

4.62E-08

*Significatif à 1% **Significatif à 5% *** Significatif à 10%

Tableau 4. 7 : Pourcentage de bonne prédiction du modèle

(Observé)

Total

Dep=0

Dep=1

P(Dep=1)<=C

38

29

9

P(Dep=1)>C

85

12

73

Total

82

41

123

Correct

29

73

102

Pourcentage de bonne prédiction

89.02

82.93

70.73

Pourcentage de mauvaise prédiction

10.98

29.27

17.07

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A partir des résultats de l'enquête, nous avons calculé les quantités hebdomadaires des déchets utilisées dans nos sites d'enquête, d'où le tableau 4. 8.

Tableau 4. 8 : Quantités hebdomadaires de déchets utilisés dans les bas-fonds de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa

( en seau de 15l)

Bas-fonds

Nkolondom

Etoug-Ebé

Ekozoa

Total

Déchets végétaux (déchets de cuisine frais et décomposés des + restes de cultures) DV

175

100

82

357

Déchets animaux (fientes de poules, lisiers de porc) DA

121

73

66

260

Terre noire (fumier, provenant des anciennes parcelles cultivées) TN

0

0

145

145

Nombre total de seaux de 15 litres de DV + DA + TN

296

173

293

762

Source : Nos calculs à partir des données de l'enquête

 

Le tableau 4.6 présente les résultats de l'estimation du modèle Logit sur un échantillon de 135 exploitants dans les bas-fonds de Yaoundé. La variable dépendante est la variable dichotomique traduisant le fait d'utiliser ou non les déchets ménagers récupérés et recyclés. Globalement, le modèle est statistiquement valide. En effet, le Khi-Deux du modèle (68.07) est significatif à 1%, le R² (0.43)22 est assez satisfaisant d'autant plus que le pourcentage de bonne prédiction du modèle est de 83%. Ce pourcentage indique que dans 83% de cas, ce modèle prédit correctement le comportement de l'exploitant.

Le modèle estimé identifie deux groupes de variables pertinentes expliquant l'attitude des exploitants des bas-fonds de Yaoundé quant à l'utilisation ou non des déchets ménagers dans leurs parcelles. Il s'agit globalement :

- Des variables socio-économiques : Niveau d'instruction, tribu et origine des déchets;

- Des variables techniques : Proximité du domicile de la parcelle et type de culture pratiqué ;

Les variables socio-économiques :

- Niveau d'instruction : La modalité "Etudes secondaires" est significative à 10% et a un signe positif, traduisant ainsi l'intérêt que l'on doit accorder à l'éducation des exploitants. En effet, éduquer les exploitants revient à leur faire comprendre les avantages aussi bien agronomiques, économiques, qu'environnementaux liés à la récupération et au recyclage des déchets ménagers. Le résultat de l'effet marginal montre que une augmentation du niveau d'instruction d'une unité fait varier la probabilité d'utilisation des déchets de 0.31 point ;

22 Pour les modèles de demande en coupe transversale, les R² sont généralement faibles parce que les variables structurelles telles que le goût, l'habitude, etc. cause des modifications dans le choix du consommateur et ne sont pas prises en compte (Adesina, 94 ; Maiga, 95)

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- Tribu de l'exploitant : Le fait d'être Bamiléké et Eton a un impact positif respectivement au seuil de 1% et 5% sur l'utilisation des déchets. Etre de la tribu Bamiléké ou Eton augmente la probabilité d'utilisation des déchets respectivement de 0.61 et 0.54 point. Ce résultat s'explique par le fait que les Bamiléké et les Eton sont les principaux exploitants des bas-fonds e Yaoundé. Les Bamiléké et les Eton ont ceci de commun qu'ils sont très dynamiques et aiment aussi bien pratiquer l'élevage que les activités agricoles et par conséquent comprennent mieux les enjeux liés à la récupération et à l'utilisation des déchets issus de leurs activités.

- Origine des déchets : Acheter les déchets (animaux surtout) exerce un impact positif sur la probabilité d'utilisation des déchets dans les parcelles agricoles de Yaoundé (significatif à 1%). Il est évident que plus les déchets sont achetés, plus ils sont utilisés. Ceci s'explique par le fait que 68% des exploitants enquêtés affirment acheter les fientes de poules car 77% d'entre eux ne pratiquent pas l'élevage. Acheter une unité de déchets fait augmenter la probabilité de leur utilisation de 0.50 point.

Les variables techniques :

- Proximité du domicile des parcelles : Plus un exploitant habite près de sa parcelle plus il lui est moins pénible d'utiliser les déchets récupérés et recyclés. Ceci est d'autant plus vrai qu'à partir du calcul de l'effet marginal on constate que la réduction d'une unité (en mètre) de la distance séparant le domicile de la parcelle augmente la probabilité d'utiliser les déchets de 0.60 point. Significatif à 1%, le signe positif de la modalité "Proximité du domicile de la parcelle" traduit l'intérêt que les gestionnaires des déchets doivent accorder à la construction des centres de regroupement dans les quartiers périurbains, bastions de l'AUP. En effet, la construction des centres de regroupement des déchets ménagers (photo 20) dans les quartiers périurbains (difficilement accessibles aux camions de ramassage) facilite la récupération et le traitement des déchets et élimine les obstacles liés à notamment l'approvisionnement en engrais organique (compost par exemple);

- Type de culture : Le fait de pratiquer les cultures maraîchères influence positivement l'utilisation des déchets dans les parcelles. En effet, la modalité " Pratique des cultures maraîchères" est significativement différente de zéro au seuil de 1%. Si elle augmente d'un point, la probabilité d'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclé augmente de 0.60 point. Ceci est d'autant plus vrai que 73% des exploitants des bas-fonds de Yaoundé cultivent les produits maraîchers (condiments et légumes surtout) contrairement aux fleurs qui sont seulement cultivés par 21 % des exploitants des bas-fonds de Yaoundé.

Ces résultas viennent confirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les parcelles agricoles urbaines et périurbaines est déterminée aussi bien par des facteurs socio-économiques que techniques.

Le tableau 11.4 présente les quantités de déchets utilisés ; On constate qu'à Ekozoa, la terre noire (qui coûte 25 000 FCFA la benne) et que nous n'incluons pas dans la catégorie des déchets récupérés et recyclés y est essentiellement. Il faut toutefois mentionner que dans les autres bas-fonds elle est également utilisée à de faibles proportions dans les pépinières de condiments et légumes à la seule

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différence qu'elle provient de la décharge des déchets située le plus souvent derrière les maisons d'habitation ou dans un coin de la parcelle (photo 18). Les déchets végétaux sont le plus utilisés à Nkolondom et Etoug-Ebé; cela se justifie par la grande quantité de condiments et légumes qui y est produite au quotidien.

Sur le terrain lors des enquêtes, nous avons remarqué que les déchets ménagers suivent deux cycles bien distincts. Nous constatons que selon qu'un exploitant est éleveur ou non, les déchets biodégradables que produisent les ménages suivent des voies de recyclage différentes. En effet, les éleveurs déversent leurs déchets tout d'abord dans leurs porcheries afin non seulement de nourrir leurs porcs mais aussi de profiter des lisiers et des urines de ceux-ci (schéma 4. 1). Pour les éleveurs - agriculteurs le fait pour ces déchets d'être piétinés par les porcs les enrichissent en substances organiques et minérales. Pour les non - éleveurs (schéma 4. 2), leurs déchets sont déversés derrière leur lieu d'habitation et après putréfaction, ils sont transportés dans les parcelles afin d'enrichir les pépinières. Seulement, la forte utilisation des fientes de poule et l'élevage à très petite échelle des poules, emmènent systématiquement les agriculteurs à se ravitailler auprès des vendeurs de fientes.

Le tableau 4. 7 montre que plus de 357 seaux de 15 litres de déchets végétaux sont utilisés dans les bas fonds de nos sites d'étude ; ceci représente environ 4 tonnes23 de déchets ménagers récupérés et recyclés par semaine et qui sont ainsi utilisées comme engrais organiques dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines soit 208 tonnes par an (soit une économie de 3 000 000 FCFA par an pour la CUY).

23 Un seau de 10 litres de déchets ménagers pèse environ 7 kgs.

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Les exploitants qui utilisent les lisiers de porc sont surtout ceux qui pratiquent l'élevage des porcs. Les fientes de poules par contre sont achetées en grandes quantités et sont utilisées à grande échelle dans les bas-fonds de Yaoundé. Le vrai compost quant à lui n'est pas utilisé dans les parcelles pour des raisons que nous avons évoquées dans la partie I.1.2 de ce travail. Nkamleu (1996) ajoute que la première vertu du compost étant sa grande capacité de rétention d'eau, les maraîchers des bas-fonds marécageux ne sont pas toujours de grands utilisateurs du compost. De part son importance et sa richesse en matière organique, la terre noire quant à elle est grandement utilisée par les floriculteurs d'Ekozoa, car plus de 145 seaux de 15 litres sont utilisés dans les jardins de "l'axe de prestige" toutes les semaines.

IV-2-2. Recommandations

a- Plaidoyer pour une collecte efficace des déchets ménagers

A la lumière de notre étude, force est de constater que le système de gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est incompatible avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine, et ceci pour plusieurs raisons :

- L'unique mode de traitement des déchets collectés à Yaoundé est l'enfouissement, ce qui ne facilite pas les opérations de récupération et de recyclage ;

- Faute de communication entre les gestionnaires des déchets et la population, très peu de ménages (6%) dans les quartiers périurbains maîtrisent un processus de traitement des déchets ;

- L'absence de la précollecte et la rareté des bacs à ordures dans les bas-fonds, bastion de l'AUP, favorisent le déversement anarchique des déchets qui polluent le sol et le sous-sol et constitue de ce fait un obstacle majeur à l'expansion de l'agriculture urbaine et périurbaine.

Face à ces limites, nous faisons les propositions suivantes :

- HYSACAM doit favoriser la création d'une unité de récupération et de recyclage des déchets à la décharge contrôlée de Nkolfoulou. Ces opérations pourraient être assurées soit par elle-même soit par une ONG ;

- Des efforts supplémentaires quant à la sensibilisation et l'éducation de la population à travers les campagnes régulières et les écoles doivent être faits ; mais seulement l'absence d'un mécanisme d'incitation de type "pollueur-payeur24" est de nature à biaiser l'action de sensibilisation menée actuellement dans la ville ;

- Que le nombre de bacs présents dans la ville soit revu à la hausse, car des spots télé en vue de sensibiliser la population quant à la nécessité de jeter les déchets dans des bacs à ordures ne saurait porter de fruits dans un contexte de rareté des bacs à ordures dans la ville ;

- Que le dépôt des bacs soit le mieux adapté au type d'habitat et au mode de précollecte ;

- Que le service de précollecte soit endogénéisé par l'Etat c'est-à-dire inclus dans le contrat de HYSACAM. HYSACAM et la CUY doivent contribuer à la précollecte des déchets dans les quartiers en

24 Le principe du « Pollueur-payeur » doit être instauré par le biais des ressources non fiscales (perception des redevances auprès des ménages et gros producteurs de déchets).

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facilitant la tâche aux ONG et en contribuant financièrement à cette opération qui est ô combien indispensable dans une ville oi'i l'accès à 60% des habitations se fait par des pistes de quartiers. Ceci est fort possible dans la mesure oi'i beaucoup de laxisme est constaté dans la gestion du budget consacré à la collecte des déchets. En somme, il faudrait repenser une autre stratégie de collecte des déchets ménagers de Yaoundé (schéma 4. 3).

Schéma 4. 3 : Repenser une autre stratégie de collecte des déchets ménagers

Les opérations de récupération et de recyclage des déchets ménagers, ne font pas partie intégrante du système de gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé. La nécessité d'intégrer ces opérations s'impose dans la mesure oi'i elles constituent le principal noeud de la relation déchets ménagers - agriculture urbaine et périurbaine et permet à la ville d'être propre.

b- Proposition d'une stratégie efficace de collecte des déchets ménagers, compatibles avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine

b1- Importance des centres de regroupement

L'analyse des déterminants de l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés que nous avons faites nous a permis entre autre de comprendre que l'une des conditions d'utilisation des déchets dans les parcelles ainsi que la promotion de l'activité agricole urbaine et périurbaine passent par la proximité du domicile et donc de la décharge des déchets des parcelles exploitées. De ce fait, la solution la plus efficace semble être la construction des centres de regroupement (photo 20) dans les quartiers périurbains non lotis, principaux bastions de l'AUP de la ville. Pour cela, inspirons nous de l'expérience de l'association Sarkan Zoumountsi du quartier Briqueterie.

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L'asociation Sarkan Zoumountsi a été Créée en 1997 avec pour ambition d'assurer la précollecte dans le quartier Briqueterie, arrondissement de Yaoundé 2 avec 3800 ménages pour 26.600 habitants. En octobre 2003, elle a bénéficié d'un financement de la Coopération Française et de la CUY dans le cadre du programme d'assainissement urbain (Voir annexe 4).

Les objectifs visés étaient :

- La création de trois Centres de Transfert (ou de regroupement) des déchets ménagers servant de lieu de regroupement des ordures qui après les opérations de récupération et de recyclage (compostage) seront par la suite acheminés vers la décharge contrôlée par HYSACAM ;

- La mise en place du tri et de la récupération pour la revente d'une partie des matières valorisables (papiers-cartons, verre, métaux et plastiques) ;

- Le compostage des déchets fermentescibles pour la réduction des tonnages à transporter par les camions de HYSACAM ;

- La Commercialisation partielle du compost produit ;

Le ramassage quotidien des déchets ménagers de chaque ménage par des équipes de précollecte structurées en entreprise au moyen des cotisations directes des ménages adhérents du service (50 F CFA/ménages)25.

Initialement, pour une production hebdomadaire de déchets de 161 tonnes dans le quartier, 6.88 tonnes devaient être récupérées (Papiers, verres, plastiques, ...) et le compostage devait permettre ainsi une réduction de masse de 28.1 tonnes ; il ne resterait donc plus qu'à évacuer 126.04 tonnes vers le centre de décharge contrôlé de Nkolfoulou. Cette réduction de masse permettait une économie de transport pour la CUY. En effet, le prix moyen de la tonne transportée en décharge par HYSACAM étant de 13.532 F CFA/tonne, l'action ainsi menée devait permettre une réduction de masse de 35 tonnes (6,88+28,1) ; la CUY ferait une économie annuelle de 25.000.000 F CFA.

La construction des centres de regroupement vient donc servir de plate forme à l'activité de précollecte car au-delà de la réduction des coûts de transport des déchets et des emplois qu'elle crée, ces centres de regroupement permettent de rapprocher au mieux les déchets récupérés et recyclés des parcelles agricoles. Les résultats de l'estimation de notre modèle Logit nous a montré que la proximité du domicile des parcelles influence positivement la décision d'utiliser les déchets. Moins elle est grande (comme c'est le cas avec les centres de regroupements) plus les déchets recyclés sont utilisés dans les parcelles.

25 La photo 19 montre la carte de fidélité qui tient lieu de reçu de paiement des frais de précollecte.

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Malheureusement, les points faibles de cette initiative de développement ont été :

- La faible participation des populations pour deux principales raisons : Le quartier Briqueterie est un quartier commercial et la plupart des commerçants qui y exercent n'y résident pas. Autre raison, HYSACAM dès le lancement du projet s'est mit à assurer le ramassage dans les zones où ses camions ne couvraient jamais ; ce qui fait qu'entre juin 2004 et septembre 2004 par exemple, seulement 07 bacs HYSACAM de 16m3 ont été remplis, soit 78,4 tonnes d'ordures inutiles (après traitement) en 03 mois ;

- La difficulté de mise en oeuvre du projet et du non respect des termes du contrat a fait que le projet s'est arrêté au même moment que l'arrêt du financement de la Coopération Française ;

- Une autre raison et peut être la plus importante a été la non prise en compte des revenus des ménages et le fait de compter sur les contributions financières des ménages n'a pas permis de supporter à temps les coûts de l'opération. Couplée au manque de sensibilisation sur la gestion de l'opération, ces faiblesses ont entraîné une faible mobilisation de la population et donc un échec de l'initiative.

L'échec de cette initiative doit servir de leçons, de réorientation et de motivation pour les gestionnaires des déchets. Il faut dire que si l'action menée par les associations et ONG de précollecte est soutenue par la CUY et HYSACAM comme nous l'avons montré, de telles initiatives porteraient des fruits sans la contribution des ménages.

Autre solution : 03 tonnes en moyenne de déchets sont précollectées par jour et déversés dans les bacs à ordures de HYSACAM par l'association Tam-Tam Mobile du quartier Melen IV, soit environ 70 tonnes par mois. Mais comme beaucoup d'autres associations de précollecte de la ville, Tam-tam Mobile exerce dans de conditions difficiles liés notamment à la faiblesse des contributions des ménages et à l'abandon de la part des gestionnaires des déchets.

Afin de palier à cet épineux problème de financement, nous faisons la proposition suivante : En reversant seulement 30% des 13 532 FCFA 26précollectée par tonne collectée et mise en décharge versé à HYSACAM à l'association de précollecte Tam-Tam Mobile, soit environ 326 172 FCFA par mois, ses charges mensuelles (salaires et autres) qui se situent autour de 275 000 FCFA seraient entièrement couvertes. C'est ainsi que l'activité de précollecte sera encouragée, l'environnement sera préservé et surtout les exploitants des bas-fonds de Melen III et IV bénéficieraient des déchets ainsi récupérés et recyclés.

b2- Proposition en vue d'améliorer la production agricole urbaine et périurbaine

Le développement de l'activité agricole urbaine et périurbaine en elle-même souffre de plusieurs maux. A la lumière des difficultés que rencontrent les agriculteurs, proposons-nous de faire quelques recommandations qui nous semblent utiles :

26 Soit 4 F CFA par kg de déchet

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- Les exploitants des bas-fonds de Yaoundé ont besoin d'être rassurés dans les bas-fonds. Car le fait pour eux d'être incertains quant à leur avenir dans les bas-fonds ne les encourage pas à redoubler d'ardeur au travail et c'est la production agricole qui se trouve ainsi pénalisée ;

- Une exploitante des bas-fonds d'Etoug-Ebé lors de notre séance de restitution dans ce quartier périurbain, à la réponse à la question de savoir pourquoi elles (les exploitantes) n'utilisent pas le compost elle a répondu : « Le compost est vendu loin de notre quartier et les coûts relatifs à leur transport sont élevés et en plus nous ne sommes pas sures qu'il est plus efficace que les fientes que nous achetons à proximité et utilisons dans nos parcelles... » ; Cette réponse pertinente doit emmener les acteurs de l'AUP à diffuser des informations relatives à la contribution aussi bien agronomique qu'économique du compost. D'ailleurs, à de petites doses de compost (5t/ha), le taux de rentabilité du compost urbain est supérieur à 100% et conformément aux normes de la FAO, ce taux de rentabilité devrait pouvoir justifier l'adoption de cet intrant qui est un produit à forte rémanence. Toutefois, un accent doit être mis sur le fait que le compost ne réagit pas de façon identique sur toutes les cultures, car elles n'ont généralement pas les mêmes besoins nutritifs. Les chercheurs doivent donc étudier les valeurs nutritionnelles aussi bien des déchets végétaux que des déchets animaux et celles du compost afin de préciser le type de culture qui est favorable à l'utilisation de tel ou de tel autre déchet ;

- Tous les exploitants des bas-fonds de Yaoundé se plaignent également de la baisse du pouvoir actif des engrais chimiques qui au fil des années deviennent de moins en moins efficaces. Ceci doit pousser les chercheurs à trouver de nouvelles molécules qui répondent au mieux aux mutations que connaissent les micro-organismes dans le temps. L'Etat gagnerait également à subventionner comme jadis les engrais afin d'encourager leur utilisation ; il faut dire que sur des grandes surfaces, les engrais chimiques ont un taux de rentabilité de l'ordre de 300% et sont donc plus efficaces que le compost par exemple, malgré le fait qu'ils connaissent un lessivage systématique après une saison;

- Ces mêmes exploitants se plaignent également du mauvais encadrement dont ils font l'objet de la part des ONG avec qui elles travaillent. Ils estiment que ces ONG (qui bénéficient des subventions de l'Etat et de certains organismes de recherche) "s'enrichissent" sur leurs dos et en retour ne partagent pas avec eux les retombés aussi bien financières que matérielles des actions menées en commun. En effet, les parcelles de ces exploitants, généralement regroupés en GIC, servent souvent de lieu d'encadrement et de champ d'expérimentation aussi bien pour les chercheurs que pour les étudiants. Il serait préférable que l'Etat revoie sa stratégie en matière de subventions, en demandant à ces ONG d'intégrer dans leur conseil d'administration certains délégués des exploitants avec qui elles travaillent. En plus toutes les actions menées par ces ONG et subventionnées par quiconque doivent être contrôlées avec la plus grande attention.

CONCLUSION :

L'objectif visé par cette deuxième partie était d'identifier les variables susceptibles d'influencer la demande des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les bas-fonds de Yaoundé d'une part et d'autre part de proposer une stratégie de collecte des déchets qui soit compatible avec les préoccupations de développement de l'AUP.

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Alors que le chapitre III nous a permis d'analyser la demande d'innovation et d'apprécier les caractéristiques de l'AUP à travers ses acteurs, ses avantages, ses inconvénients et ses produits, le chapitre IV quant à lui nous a permis d'identifier deux (2) groupes de variables susceptibles d'influencer la demande des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les bas-fonds de Yaoundé. Il s'agit des variables socio-économiques : Niveau d'instruction, tribu, origine des déchets ; et des variables techniques : Proximité du domicile de la parcelle et type de culture pratiquée. Enfin nous avons proposé la construction des centres de regroupement de déchets ménagers et une révision du système de gestion des déchets ménagers qui devrait intégrer la précollecte et donc les préoccupations de développement de l'AUP.

Malheureusement, dans ce travail, l'incapacité de prendre en compte certains facteurs aussi bien financiers que techniques influençant directement la collecte des déchets dont : le taux de couverture de la ville, les charges d'exploitation de HYSACAM, le nombre de kilomètres de voiries carrossables, constitue la première limite de notre étude. Ensuite, non seulement nous n'avons pas pris en compte les effets négatifs liés à l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations

agricoles urbaines et périurbaines, mais aussi les sites retenus dans notre étude sont "contrôlés"27.

L'absence d'informations relatives à ces variables constitue la principale raison de son omission dans l'étude empirique. Cependant, ces limites ne sont pas de nature à compromettre les résultas et la pertinence des analyses qui ont été faites. Toutefois, des recherches futures pourraient permettre d'endogénéiser ces limites et affiner ainsi le sujet.

27 "Contrôlés" parce que ces sites bénéficient de l'encadrement de certaines structures de recherche. C'est le cas notamment de certaines exploitations agricoles de Nkolondom qui constituent des champs d'expérimentation pour certains chercheurs aussi bien de l'IRAD, du CIRAD que du MINERESI.

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CONCLUSION GENERALE

Quel est l'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine à Yaoundé ? Telle est la question de recherche à laquelle cette étude tentait de répondre.

Il s'agissait spécifiquement : D'apprécier l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé ; d'identifier les déterminants de leur utilisation et de proposer une stratégie de collecte de déchets ménagers compatibles avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine.

La première partie de notre étude nous a permis de présenter : La pluralité des concepts relatifs à la gestion des déchets ménagers, les généralités sur les déchets, le bilan des politiques de gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé et l'appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers.

Il ressort de cette partie que, le service de collecte des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé est un service public assuré par une entreprise privée : HYSACAM ; la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY) étant le maître d'ouvrage et l'ingénieur de control. A partir du critère d'efficacité défini par HYSACAM et la CUY (le taux de collecte) dans le but de répondre à la production de plus en plus croissante des déchets dans la ville, nous avons apprécier l'efficacité du service de collecte mensuelle des déchets ménagers entre janvier 2002 et juillet 2005. Les résultats statistiques et économétriques obtenus montrent que malgré les efforts qui sont faits aussi bien par HYSACAM que par l'Etat à travers la CUY, le service de collecte des déchets ménagers dans la ville reste inefficace (Chapitre II) la ville tardant touj ours à sortir de son état d'insalubrité généralisé.

En effet, les taux de collecte sont très fluctuants et varient entre 10% (avril 2002) et 70% (juillet 2005). Ceux les plus bas correspondent aux périodes de l'année les plus insalubres ; c'est le cas notamment des mois d'avril (10% en 2002, 38% en 2003, 44% en 2005) et de mai (29% en 2003, 41% en 2005) pour ne citer que ces deux là. Par contre les taux de collecte les plus hauts correspondent aux périodes sèches. C'est le cas par exemple du mois de juillet qui a enregistré en 2002 un taux de collecte de 52%, en 2003 70% et en 2005 71%. Il peut paraître normal que les mois les plus secs connaissent les taux de collecte les plus élevés du fait de l'accessibilité facile des quartiers. Mais seulement, les mois humides étant les plus insalubres, la solution devrait passer par le soutient financier des précollecteurs qui exercent dans les quartiers à accès difficile aussi bien en saison sèche qu'en saison de pluies.

L'analyse économétrique de l'évolution du taux de collecte nous a permis de calculer les taux de croissance moyens des quantités produites et collectées qui sont de 10.47 pour le premier et 09.50 pour le second. La production des déchets évoluant plus vite que leur collecte, nous avons conclus que dans un horizon pas très lointain, la ville croulerait sous le poids des déchets si rien n'est fait dans le sens de l'amélioration des quantités collectées. En outre, selon Hebette (1996), un taux de collecte faible de moins de 75% a des conséquences graves sur la santé des populations et sur l'économie urbaine, et ceci est d'autant plus grave que dans la ville de Yaoundé, le taux moyen de collecte de notre

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période d'étude est égale à 41,10% (ce taux était de 35,43% en 2002 ; 46,14% en 2003 ; 42,21% en 2004 et 52,43% entre janvier et juillet 2005).

Dans la deuxième partie de notre travail, il s'agissait pour nous d'identifier les variables qui déterminent l'utilisation dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines de Yaoundé. L'estimation du modèle Logit portant sur la demande des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines des bas-fonds de Yaoundé (Nkolondom, Etoug-Ebé et Ekozoa) nous a permis spécifiquement cinq variables pertinentes expliquant l'attitude des exploitants des bas-fonds de Yaoundé quant à l'utilisation ou non des déchets ménagers dans leurs parcelles. Il s'agit des variables : Niveau d'instruction, tribu, proximité du domicile de la parcelle, origine des déchets et type de culture pratiqué.

En outre, les résultats de l'analyse nous ont également permis d'estimer à 357 le nombre de seaux de 15 litres de déchets végétaux utilisés par semaine dans les bas fonds de nos sites d'étude soit environ 4 tonnes28 contre 260 seaux de déchets animaux (fientes de poules et lisiers de porc). Quant aux bas-fonds d'Ekozoa, 145 seaux de fumier (terre noire) sont utilisés toutes les semaines.

Le troisième objectif spécifique de cette étude était de proposer une stratégie efficace de collecte des déchets ménagers qui soit compatible avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine. L'AUP à Yaoundé est une agriculture qui se développe dans les bas-fonds des quartiers périurbains ; or, la collecte des déchets ménagers dans les quartiers périurbains de Yaoundé souffre de plusieurs maux dont l'inaccessibilité des camions de ramassage. Ce déficit en matière de collecte des déchets est de nature à nuire au développement de l'agriculture dans ces zones. En effet, le déversement anarchique des déchets dans les bas-fonds pollue l'environnement dans lequel s'inscrit cette agriculture et expose les consommateurs aux maladies.

Ainsi, la stratégie efficace de collecte des déchets dans ces zones passe par la construction des centres de regroupement29 et donc une fois de plus par la précollecte qui permettrait : De minimiser la pollution des parcelles, de mettre directement et à moindre coût à la disposition des agriculteurs les déchets récupérés et recyclés et enfin de permettre à l'Etat de faire d'énormes économies dans le transport des déchets vers la décharge contrôlé de Nkolfoulou.

28 Un seau de 10 litres de déchets ménagers pèse environ 7 kgs.

29 Enceinte de 1000 m ² environ, servant au stockage des ordures et aux opérations de tri et de compostage. Elles permettent également d'entreposer les matériels et outilages nécessaires à l'activité de précollecte des déchets.

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Annexe 1 : Feuille d'enquête

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Annexe 2 : Profils socio-économiques des exploitants des bas fonds deYaoundé

Profil socio-économique des exploitants des bas fonds de Nkolondom

Facteurs socio-économiques

Fréquences
relatives

 

Facteurs socio-économiques

Fréquences
relatives

 

(en %)

 
 

(en %)

Diplôme le plus élevé :

Sexe :

Bas-fonds de Nkolondom

Tableau: Profil socio-économique des exploitants des bas fonds de Nkolondom

42

31

Aucun

Homme

58

50

Primaire

Femme

19

Secondaire

Tribu :

33

Age :

Ewondo

65

02

[10-20)

Eton

02

27

[20-30)

Autres :

25

[30-40)

Statut matrimonial :

77

29

[40-50)

Couple

23

17

[50-60)

Seul

GIC

Taille ménage

41

12

Membre

[1-5]

47

88

Non membre

[6-9]

12

Dépenses agricoles mensuelles
(en FCFA)

[10-12]

86

[0-10 000)

Revenu agricole mensuel
(en FCFA)

12

10

[10 000-20 000)

[0-25 000)

25

04

[20 000 et plus)

[25 000-45 000)

46

Distance domicile parcelle

[45 000- 100 000)

17

69

Proche

[100 000 et plus)

31

Loin

Elevage

25

Circuit de vente de la production

Pratique

75

64

Soi-même

Ne pratique pas

36

Par un intermédiaire

Origine des déchets

63

Expérience agricole (en années)

Achète

37

29

[0-10)

N'achète pas

29

[10-20)

Culture de condiments

87

29

[20-30)

Cultive

13

07

[30-40)

Ne cultive pas

06

[40-50)

Culture de légumes

90

Cultive

10

Ne cultive pas

Source : Données de l'enquête (fournies par E-Views)

102

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Profil socio-économique des exploitants des bas fonds d'Etoug-Ebé

Bas-fonds d'Etoug-Ebé

Tableau : Profil socio-économique des exploitants des bas fonds d'Etoug-Ebé

Fréquences relatives (en %)

Fréquences
relatives
(en %)

Facteurs socio-économiques

Facteurs socio-économiques

Diplôme le plus élevé :

Sexe :

23

23

Aucun

Homme

77

38

Primaire

Femme

28

Secondaire

Tribu :

86

11

Supérieur

Bamiléké

07

Age :

Ewondos

07

05

[10-20)

autres

60

[20-40)

Statut matrimonial :

88

35

[40-70)

Couple

12

GIC

Seul

14

Membre

Taille ménage

60

86

Non membre

[1-5]

30

Distance domicile parcelle (en m)

[6-9]

10

84

Proche

[10-12]

16

Loin

Elevage

35

Circuit de vente de la production

Pratique

65

72

Soi-même

Ne pratique pas

28

Par un intermédiaire

Origine des déchets

53

Expérience agricole (en années)

Achète

47

74

[0-10)

N'achète pas

18

[10-20)

Culture de condiments

91

08

[20-30)

Cultive

09

Revenu agricole mensuel
(en FCFA)

Ne cultive pas

37

[0-25 000)

Culture de légumes

7

28

[25 000-45 000)

Cultive

93

26

[45 000- 100 000)

Ne cultive pas

09

[100 000 et plus)

Dépenses agricoles mensuelles
(en FCFA)

98

[0-10 000)

02

[10 000-20 000)

Source : Données de l'enquête (fournies par E-Views)

103

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Efficacité de &a co&&ecte des déchets ménagers et agricu&ture ur6aine et périur6aine dans &a yi&&e de Yaoundé

Profil socio-économique des exploitants des bas fonds d'Ekozoa

Tableau : Profil socio-économique des exploitants des bas fonds d'Ekozoa

Bas-fonds d'Ekozoa

Source : Données de l'enquête (fournies par E-Views)

104

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

GIC

Taille ménage

61

45

Membre

[1-5]

39

55

Non membre

[6-9]

Revenu agricole mensuel
(en FCFA)

Dépenses agricoles mensuelles
(en FCFA)

06

87

[0-10000)

[0-25 000)

26

13

[10000-20 000)

[25 000-45 000)

58

Distance domicile parcelle (en m)

[45 000- 100 000)

10

29

Proche

[100 000 et plus)

71

Loin

Origine des déchets

93

Circuit de vente de la production

Achète

07

71

Soi-même

N'achète pas

29

Par un intermédiaire

Culture de fleurs

80

Expérience agricole (en années)

Cultive

20

67

[0-10)

Ne cultive pas

25

[10-20)

Culture de condiments

16

08

[20-30)

Cultive

84

Elevage

Ne cultive pas

03

Pratique

97

Ne pratique pas

61

22

Aucun

Homme

39

42

Primaire

Femme

31

Secondaire

Tribu :

67

05

Supérieur

Bamiléké

03

22

Etons

Autres (Anglophones et Nordistes)

68

32

Couple

Seul

08

Ewondos

Statut matrimonial :

Age :

[10-20)

03

[20-30)

39

[30-40)

32

[40-50)

19

[50-60)

07

Facteurs socio-économiques

Sexe :

Fréquences relatives (en %)

Facteurs socio-économiques

Diplôme le plus élevé :

Fréquences
relatives
(en %)

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE I

RESUME II

ABSTRACT II

INTRODUCTION GENERALE 1

1.CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE 1

2.OBJECTIFS DE L'ETUDE 5

3.HYPOTHESES DE RECHERCHE 5

4. APPROCHE METHODOLOGIQUE 5

5. COLLECTE DES DONNEES 6

PREMIERE PARTIE : DE LA PLURALITE DES CONCEPTS A L'APPRECIATION DE L'EFFICACITE DE LA GESTION DES DECHETS MENAGERS 7

CHAPITRE I : DES CONCEPTS RELATIFS A LA GESTION DES DECHETS AUX GENERALITES SUR LES DECHETS MENAGERS 8

I-1. LA TYPOLOGIE DES CONTRATS ET LE CONCEPT DE BIEN PUBLIC/SERVICE PUBLIC 8

I-1-1. La typologie des contrats 8

a- Les contrats complets et incomplets 9

b- Partage de rente entre l'autorité concédant et le concessionnaire 10

I-1-2. Le concept de bien public / service public 12

a- Les domaines concernés 12

b- Grands principes du service public 13

I-1-3. Cadre conceptuel : La théorie néoclassique de l'offre et de la demande 14

a- Efficacité et offre du service de ramassage des déchets 14

b- Demande du service de ramassage des déchets 17

I-2. : GENERALITES SUR LES DECHETS ET POLITIQUES DE GESTION 18

I-2-1. Généralités 18

a- Essai de définition 18

b- Caractéristiques des déchets 20

I-2-2. Les déchets ménagers et la production d'externalités 22

a- Les externalités positives 22

b- Les externalités négatives 23

I-2-3. Les différentes politiques de gestion des déchets 24

a- La collecte et la gestion des déchets 24

b- La récupération et la valorisation 26

CHAPITRE II : LA COLLECTE DES DECHETS MENAGERS A YAOUNDE : UN SERVICE INEFFICACE 28

II-1. BILAN DES POLITIQUES DE GESTION DES DECHETS A YAOUNDE 28

II-1-1. Historique de la gestion des déchets à Yaoundé 28

a- La ville de Yaoundé 28

b- Evolution de la gestion des déchets ménagers 29

II-1-2. Bilan thématique des actions déjà menées à Yaoundé 30

a- La collecte et la gestion 30

b- La récupération et la valorisation 33

II-1-3. Les obstacles à la gestion efficace des déchets à Yaoundé 35

a- Les obstacles financiers et techniques 35

b- Les obstacles institutionnels et physiques 37

II-2. APPRECIATION DE L'EFFICACITE DU SERVICE DE COLLECTE DES DECHETS MENAGERS
39

II-2-1. La production des déchets ménagers à Yaoundé 39

a- La production des déchets ménagers en 2002 39

b- La production des déchets ménagers entre janvier 2002 et juillet 2005 42

II-2-2. Evolution de la collecte entre janvier 2002 et juillet 2005-09-06 45

105

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

a- L'organisation de la collecte à Yaoundé 45

b- La collecte proprement dite 46

II-2-3. Appréciation de l'efficacité du service de collecte des déchets ménagers 47

a- Appréciation statistique de l'évolution du taux de collecte 47

b- Appréciation économétrique de l'évolution du taux de collecte 52

DEUXIEME PARTIE : IMPACT DU RECYCLAGE DES DECHETS MENAGERS SUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AGRICOLE URBAINE ET PERIURBAINE 56

CHAPITRE III : AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE : THEORIES ET EVIDENCES 57

III-1. ANALYSE DE LA DEMANDE D'INNOVATION 57

III-1-1. Cadre théorique et adoption des innovations agricoles 57

a- Les innovations agricoles 57

b- Adoption des innovations agricoles 59

III-1-2. Lien entre déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine 60

a- L'utilisation agronomique des déchets ménagers 60

b- Modèles empiriques 61

III-2. L'AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE : UNE ACTIVITE MONTANTE ET CONTROVERSEE 62

III-2-1. Définition de l'agriculture urbaine et périurbaine 63

a- Historique de l'agriculture urbaine et périurbaine 63

b- Les acteurs de l'AUP 64

III-2-2. Les caractéristiques de l'AUP 65

a- L'agriculture urbaine et périurbaine en Afrique 65

b- Les avantages et les inconvénients de l'agriculture en ville 67

CHAPITRE IV : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA DEMANDE DES DECHETS MENAGERS RECUPERES ET RECYCLES 71

IV-1. LE CADRE CONCEPTUEL : LE MODELE LOGIT 71

Iv-1-1. Le modèle théorique 71

a- Motivation du choix du modèle Logit 71

b- Choix des sites d'étude et monographies 74

Iv-1-2. Collecte et analyse des données 78

a- Echantillonnage et collecte des données 78

b- Traitement des données et variables utilisées 79

IV-2. LE MODELE EMPIRIQUE 82

Iv-2-1. Résultats des analyses 82

a- Profil des exploitants des bas-fonds de Yaoundé 82

b- Résultats des estimations 84

IV-2-2. Recommandations 88

a- Plaidoyer pour une collecte efficace des déchets ménagers 88

b- Proposition d'une stratégie efficace de collecte des déchets ménagers, compatibles avec les préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et périurbaine 89

CONCLUSION GENERALE 94

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 96

TABLE DES MATIERES 105

106

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote