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Le Forum de Trajan à Rome. Templum Divi Traiani. Etat de la question et tentative d'interprétation. I. Commentaires et analyse

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par Claire Richard
Université Catholique de Louvain (Belgique). Faculté de Philosophie et Lettres. Département d'Histoire de l'Art et d'Arché - Licence en Histoire de l'Art et Archéologie 2005
  

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I. OBJECTIFS

État de la question

Terminologie

II. CONTEXTE HISTORIQUE

A. BIOGRAPHIE DE L'EMPEREUR TRAJAN1(*)

« Il est deux qualités que l'on attend des empereurs d'exception : l'intégrité dans la paix, la bravoure sous les armes et, dans les deux cas, la sagesse ; il y avait en Trajan une si juste mesure des plus grandes vertus qu'il semblait en avoir réalisé une association harmonieuse. »

Pseudo-Aurélius Victor, Abrégé des Césars, XIII, 4

Traduction de M. FESTY

Le monument étudié date du IIème siècle apr. J.-C. Nous sommes alors sous la dynastie des Antonins. C'est essentiellement son second représentant Marcus Ulpius Traianus qui domine le début du siècle (98-117). Contrairement à ses prédécesseurs, Trajan n'est pas un Italien pure souche, mais un provincial. Il est né le 18 septembre 56 apr. J.-C. à Italica dans le sud de l'Espagne (Bétique-Andalousie). Son père du même nom, homo novus de la famille des Ulpii, était déjà au service de l'État sous l'empereur Vespasien. Il s'était illustré principalement lors de la guerre de Judée (67-68). Élevé donc par un général, Trajan débute sa carrière politique en 74 comme magistrat mineur (vigintivirat probablement comme triumvir monetalis) pour devenir ensuite tribunus laticlavius de Syrie (75) puis de Germanie (77). Marié à Pompeia Plotina depuis 78, il gravit ensuite les échelons du cursus honorum. Quaestor en 81, praetor en 87, il est alors promu au rang de légat d'Auguste en Germanie sous Domitien (legatus legionis VII Geminae). Suivent alors les fonctions de consul ordinarius (91), gouverneur de Germanie (92-93) et enfin de Pannonie (95-96). C'est toutefois à la suite de sa brillante victoire face aux Suebi de Germanie que le premier des Antonins et remplaçant de Domitien, Nerva (96-98), le désigne comme successeur (septembre 97). En fait, depuis ce dernier, la tradition d'associer ses fils au pouvoir est abandonnée au profit d'une désignation d'un successeur selon son mérite. Quelques mois plus tard (1er janvier 98), Trajan partage le consulat avec son père adoptif. Cependant, la même année, le 28 janvier 98, Nerva décède. C'est alors son successeur attitré qui prend les rennes de l'Empire. Trajan, encore en Germanie à ce moment, est proclamé Imperator Caesar Nerva Traianus Augustus Germanicus. Il faudra attendre septembre 99 pour qu'il fasse son entrée à Rome comme Princeps. Dans le courant de son quatrième consulat, il décide de protéger les frontières du Danube. Commence alors le 25 mars 101 le premier conflit contre les Daces (peuple de l'actuelle Roumanie). Toutefois, une seule guerre s'avèrera insuffisante. Une seconde campagne débute le 4 juin 105. Entre-temps, après un premier triomphe, l'empereur s'est vu octroyé le titre de Dacicus (décembre 102). La fin du conflit est provoquée par le décès du chef emblématique des Daces, Décébale, à la fin de l'an 106. La Roumanie est transformée en province romaine. L'empereur occupe également l'Arabie nabatéenne en 105. Avant 106, Trajan se lance dans un vaste projet d'embellissement des provinces, mais surtout de l'Urbs. Il achève les projets de Domitien après avoir restauré les monuments publics endommagés par les inondations du Tibre (fossa Traiana) ou détruits par les deux incendies de 64 et 80 tels que le Circus Maximus ou encore le Ludus Magnus. De retour à Rome en 107, les richesses acquises grâce à la prise de la Dacie (filons d'or) lui permettent de réaliser de grands projets urbanistiques. Nous notons comme constructions à son actif lesThermae Traiani (22 juin 109), l'Aqua Traiana (24 juin 109), ou encore la Naumachia Traiani (11 novembre 109), sans compter une redéfinition du pomerium ainsi que le développement du port d'Ostie. Nous pouvons également mentionner la restauration du Temple de Venus Genitrix du Forum Iulium en 113. Néanmoins, le monument le plus prestigieux d'entre tous reste sans conteste le Forum Traiani dédicacé en 112-113 et ses marchés. L'Imperator ne s'arrêtera toutefois pas à la Dacie dans ses exploits militaires. En septembre/octobre 113, il prend route pour affronter les Parthes (113-117), peuple hostile depuis plusieurs générations. Il ne reviendra jamais vivant à Rome. L'année suivante (114), le Sénat et le peuple romain décident de lui accorder un titre honorifique, celui d'Optimus. Il est alors lié directement à sa divinité protectrice Iupiter Optimus Maximus. Sa titulature est caractérisée par l'appellation d'Optimus Princeps. Le conflit parthe est marqué par la prise de la ville d'Antioche le 7 janvier 114. Trajan poursuit sa progression dans les territoires orientaux en s'opposant à l'Arménie avec l'occupation de Satala en 114. Il entame l'année suivante une expédition en Assyrie et en Mésopotamie. Nous sommes alors en l'an 116 et l'Empire connaît son extension maximale. Un an avant son décès, le 21 février 116, son titre de Dacicus est doublé par celui de Parthicus. Enfin, le 9/11 août 117, gravement malade, l'empereur décède à Sélinonte en Cilicie alors qu'il faisait route vers Rome (son décès serait dû à une crise d'apoplexie). Son successeur adopté en 117 (le 7 août seulement ?) et petit-neveu, Hadrien, devient alors le nouveau Princeps. Son avènement marque le retour d'une politique de repli territorial tout en consolidant les frontières. Après son incinération en Cilicie, les cendres de Trajan sont ramenées triomphalement à Rome pour être déposées dans le socle de la Colonne Trajane qui devient alors son monument funéraire. L'empereur-soldat est maintenant devenu un divus.

Si nous tentons à présent de cerner la personnalité de l'Optimus Princeps, il est clair qu'elle est marquée par une forte volonté d'impérialisme. Ce n'est pas pour rien si les prises de la Dacia, de la Parthia, de l'Armenia ou encore de la Mesopotamia se retrouvent sur son tableau de chasse. Son souhait est d'étendre indéfiniment les frontières de l'Empire (et indirectement les routes commerciales) à l'image d'Alexandre le Grand, son modèle charismatique. S'il embrasse la vie militaire, c'est essentiellement par tradition familiale. Sous les ordres de son père comme tribunus militum pendant une dizaine d'années, l'empereur avait acquis une expérience militaire solide. Ses qualités de général sont à l'origine de ses réussites d'expansionnisme. À la veille d'une probable guerre civile engendrée par les déboires de Domitien (monarchie absolue), Trajan semble être le seul, par le prestige militaire qu'il avait déjà acquis en Germania, à pouvoir mater la révolte et rétablir l'ordre en ayant la main mise sur un exercitus bien entraîné. Ce n'est pas par hasard dès lors si Nerva le désigne comme successeur, et nous considérons traditionnellement que son court règne n'a fait que préparer celui de Trajan. Celui-ci s'entoure aussi d'une administration impériale solide. La rupture politique avec le dernier des Flaviens est dès lors entérinée. L'Empire entre dans une aire de prospérité avec les Antonins qui règneront sur Rome pendant plus d'un siècle (96-192). Pour cerner d'autant mieux le personnage et dresser son portrait, il est intéressant de prendre connaissance des propos de Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVIII, 6) (II-IIIème siècle apr. J.-C.).

« Car Trajan brillait au plus haut degré par sa justice, par son courage et par la simplicité de ses moeurs. Il avait le corps robuste (il était âgé de quarante-deux ans lorsqu'il parvint à l'empire), en sorte qu'il supportait autant que personne toutes les fatigues ; une âme vigoureuse, en sorte qu'il était exempt et de la fougue de la jeunesse et de la lenteur de la vieillesse. Bien loin de porter envie à quelqu'un ou de l'amoindrir, il honorait tous les gens de bien et il les élevait en dignité ; aussi ne redoutait-il et ne haïssait-il aucun d'eux. »

Traduction d'E. GROS et V. BOISSÉE2(*)

Ce passage, tout comme l'extrait précité du Pseudo-Aurélius Victor (IVème siècle apr. J.-C.), reflète une image positive de l'empereur dans l'Antiquité. Trajan a su acquérir l'approbation populaire par sa proximité, sa simplicité et sa modération (à l'inverse du dominus et deus). Il cherche avant tout à faciliter la vie des Romains en modernisant les infrastructures. Grand bâtisseur, il favorise les travaux d'utilité publique, son ambition étant de renforcer un sentiment national (on ne dénote aucun palais à son actif contrairement à Domitien et sa demeure palatine). Outre ses qualités de stratège, il fait figure d'homme parfait désireux de conserver une certaine stabilité familiale, mais surtout politique (en apparence du moins) : respectueux des magistratures et traditionaliste, il renforce le rôle du Sénat. Il offre, par conséquent, un bel exemple à la population romaine. Conquérant certes, mais il est aussi un pacificateur et un civilisateur des territoires conquis. Sa gestion du pouvoir sur dix-neuf années paraît exemplaire et les sources ne cessent de tarir d'éloges à son égard (par exemple des contemporains comme Tacite ou Pline le Jeune dans le Panégyrique de Trajan). Surnommé « le meilleur des princes », il est entouré d'une auréole divine et considéré comme le représentant de Jupiter. Nous parlons alors d'apogée pour cette époque ou pour reprendre les propos des Anciens de « Saeculum Traiani »3(*).

* 1 BENNETT J., 1997, VIII-XI et p. 143-155, CHAISEMARTIN N. (de), 2003, p. 190-195 ; CIZEK E., 1983, p. 66-476 ; D'AMATO Cl. (dir.), 1999, p. 11-15. Les dates en vigueur sont celles avancées par la biographie la plus récente de J. BENNETT.

* 2 Sur http://www.mediterranees.net/Empereurs/Dion/Index.html

* 3 Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, X, 1, 2 pour le terme de « saeculum » remanié par CIZEK E., 1983, p. 23 en « saeculum Traiani ».

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