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Le Forum de Trajan à Rome. Templum Divi Traiani. Etat de la question et tentative d'interprétation. I. Commentaires et analyse

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par Claire Richard
Université Catholique de Louvain (Belgique). Faculté de Philosophie et Lettres. Département d'Histoire de l'Art et d'Arché - Licence en Histoire de l'Art et Archéologie 2005
  

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B. LE RAPPROCHEMENT AVEC LES PRINCIPIA

Après avoir assimilé le Forum de Trajan à un complexe tripartite, les études anciennes ont également voulu y voir des similitudes avec les principia, les quartiers généraux des camps militaires (fig. 38). En effet, si l'on reprend l'ancien plan du Forum, on nous pouvait pouvions aisément considérer comme partiellement indépendante la zone au nord de la Colonne Trajane comprenant alors le pseudoprésumé Templum Divi Traiani. De même, ce type de scission se retrouve notamment dans une colonie de l'époque de Trajanun établissement daté sous Trajan, la colonia Ulpia Traiana Augusta Dacica Sarmizegetusa (Dacie) (fig. 39). Dans cette dernière, la basilique joue également « le rôle de diaphragme entre le forum civil et le forum religieux »82(*). C'est alors que dépourvue du secteur septentrional, le forum « civil », tout comme la colonie trajanienne, prend des allures de principia militaires.

L'idée a été émise pour la première fois par G. RODENWALDT en 192683(*). Ce dernier souligne des analogies, principalement les exèdres, entre la Basilica Ulpia et celle de Castra Vetera (Ier siècle apr. J.-C.) près de Xanten (Germanie) (fig. 40). La comparaison a été étendue, notamment par P. ZANKER84(*), à Lambaesis (fig. 41) pour l'Afrique et Dura-Europos pour l'Orient (IIIème siècle apr. J.-C.) (fig. 42).

Qu'en est-il de ce rapprochement ? Dans les principia (Lagerfora) à Querhalle (cour en travers)(Lagerfora) , une basilique (arrière-cour) comparable à une basilique ferme sépare d'un côté l'area ouverte bordée de portiques et de l'autre un ensemble composé , derrière ce bâtiment se trouved' une pièce pour la conservation des archives de la légion, ainsi que d'un sanctuaire pour les enseignes de la légion, le sanctuaire des drapeaux85(*). Si l'on nous en vient à confrontonser ces plans avec celui du Forum de Trajan (fig. 43), on notenous notons, dans les deux cas, une place à portique, l'area forensis, celle-ci est bien en liaison avec une basilique, la Basilica Ulpia ; derrière laquelle la Columna Traiana joue le rôle de sanctuaire et les bibliothèques Bibliothèques celui de tabularium.

Cette hypothèse ne s'en est pas arrêterse limite pas là., mais Aa contrario, elle a donné lieu à nombre de a suscité pas mal de tergiversations. Je ne vais pas ici me lancerentrer dans un développement bien trop complexe du processus d'influences qui a permis d'arriver à de telles analogies, ce qui suscite d'ailleursà l'origine de moult controverses, ni relancer le débat des partisans et opposants86(*). Cependant, comme explicité dans le chapitre précédent chapitre, on nous adhéronse généralement à l'idée que la Colonne Trajane aurait subi différentes phases d'élaboration, notamment sur la base des arguments avancés par A. CLARIDGE., Nouson estime estimons également que le projet du forum Forum n'était pas totalement abouti au moment de son inauguration, impliquant l'intervention d'Hadrien pour terminer l'oeuvre de son père adoptif. Dès lors, de nombreuses incertitudes planent sur le projet initial d'Apollodore de Damas. C'est pourquoi, établir avec conviction des similitudes entre les principia provinciaux et le Forum de Trajan me semble pousser trop loin la comparaison. Néanmoins, il est clair que si on nous prend prenons le plan tel qu'il nous est donné aujourd'hui par R. MENEGHINI, sans prendre en compte les différentes phases d'élaboration, on nous ne peut pouvons nier qu'il existe des correspondances ne fût-ce que formelles avec ces Lagerfora militaires (fig. 43). De fait, le complexe privé effectivement de son secteur septentrional se rapproche davantage du plan stéréotypé des quartiers généraux. C'est pourquoi les propos de P. GROS qui parle d'une « transposition d'un établissement militaire »87(*) me semblent justes et j'adhère donc pour ma part à l'idée de ce dernier : « le dernier des "« forums impériaux "» a repris, en le sublimant jusqu'à le rendre illisible à l'usager ordinaire, le schéma simple mais efficace du "« quartier général "» »88(*). On Nous pourrait pourrions dès lors parler de principia marmorea au sein de l'urbsUrbs.

Néanmoins ce n'est pas pour autant que je parle ici d'une véritable architecture militaire au sens premier du mot, mais simplement de similitudes qui cacheraient alors une valeur idéologique forte. Même si vraisemblablement le visiteur ne pouvait en dégager toutes les inspirations, c'est probablement une volonté de militarisation qu'il faut chercher derrière ce choix architectural. Trajan, fils du général Marcus Ulpius Traianus89(*), homo novus de la famille des Ulpii, avait acquis, sous les ordres de son père (dix ans), une solide expérience militaire90(*), ce qui favorisa d'ailleurs son adoption par Nerva. Par conséquent, cCe n'est pas pour rien , par conséquent, si son règne est marqué par des orientations politiques extrêmement militarisées. Par ses expéditions en Germanie et en Dacie, puis en Orient contre les Parthes et les Arabes, l'Empire va connaître à son époque sa plus grande extension. Et il n'est point à douter que cette construction soit un véritable outil de propagande. Il suffit pour cela d'observer la thématique globale du complexe : la victoire de Trajan sur les barbares (Victoria Dacica) et la glorification de ce grand Imperator (fig. 44).

Tout d'abord, la décoration architectonique présente de multiples représentations d'armes, à la fois sur la façade de la Basilica (gb), sur le socle de la Colonne (a), ou de l'Equus Traiani (j). Ces armes n'ont pas seulement un aspect fonctionnel, mais sont de véritables symboles de l'honneur guerrier, du courage des troupes, c'est un facteur de prestige.

Ensuite, attribut du vainqueur, la Victoire est omniprésente dans l'iconographie du Forum, à la fois sur les reliefs architectoniques (frise de Victoires tauroctones de la nef centrale de la Basilica91(*) (c), Victoire écrivant sur un bouclier (e) de la Columna Traiana (b)) ou sur des statues (biges, quadriges, seiuges seiuges surmontant les portiques), elle accompagne l'Optimus Princeps dans la réalisation de ses prouesses.

Il en va de même pour les représentations à l'effigie des Daces qui ponctuent l'entablement des portiques et la façade de la basilique (gb). Ils sont montrés avec toute leur puissance physique renforçant ainsi la gloire de celui qui les a vaincus.

De plus, selon Aulu-Gelle, « in fastigiis fori Traiani simulacra sunt sita circumundique inaurata equorum atque signorum militarium » (gb), il ajoute ensuite « subscriptumque est : " ex manubiis " » 92(*). SubséquemmentDès lors, la construction du groupe a été financée par les trésors ramenés de Dacie, terre riche en minerai d'or. C'est d'ailleurs, l'année de son triomphe contre les barbares après deux campagnes militaires, en 106 apr. J.-C., qu'il que Trajan commande à son architecte la construction du site.

On peut aussi mentionner la statue de Trajan en Imperator avec l'armure (loricatus) devançant l'une des entrées de la Basilica (eg), tout comme l'Equus Traiani pacificateur (lance vers le bas) au coeur de la place (hj).

Puis, la frise de la Columna Traiana, avec ses 155 scènes et ses 2500 personnages pourrait correspondre à une illustration figurée des Commentarii de Trajan, récit, semblable à l'oeuvre de César, relatant le conflit dace. Ce volumen devait être conservé dans l'une des bibliothèques Bibliothèques et la forme de la frise en spirale s'est probablement inspirée de ce livre antique en rouleau. La frise historiée n'a d'autre but que d'exalter les exploits guerriers de l'Optimus Princeps, sans parler de la « Grande Frise  » réutilisée sur l'arc de Constantin dont la localisation au sein du « forum bellum » reste problématique.

Pour appuyer sa domination, l'Imperator n'hésite pas également à avoir recourt à des éléments caractéristiques des contrées impériales tels que les sphinges (fi) ou les griffons (d-j-kf-h) d'Orient, allusion probable à l'expédition en vue contre les Parthes., ouOu encore, il exprime cette puissance de l'Empire par l'utilisation de marbre polychrome, exploitant ainsi en abondance les ressources des territoires dominés par Rome (voir chapitre III).

Enfin, outre ces préceptes architecturaux, il ne faut pas négliger qu'il fait appel à un architecte, qui plus est à un ingénieur militaire pour les mettre en vigueur. Apollodorus de Damascus se voit attribuéer notamment par Dion Cassius (Histoire Romaine, 69LXIX, .4, .3) l'élaboration de quatre édifices : un pont sur le Danube à Drobeta (Roumanie) illustré sur la Colonne Trajane (scène LXXIV) (105 apr. J.-C.), les thermes Thermes de Trajan à Rome (109), le Forum de Trajan et ses marchés Marchés (112) et enfin un Odeum à Rome ( ?). Soit, toutes des constructions à caractère civil ou militaire et non religieux au stade de nos connaissances actuelles. Des similitudes avec les principia ont aussi été dégagées pour ce qui concerne la capitale dace Sarmizegetusa (fig. 39)93(*)  ; c'est pourquoi on a également voulu y voir une intervention apollodorienne94(*).

Bref toutes ces combinaisons architecturales ne sont pas le fruit du hasard, mais dissimulent une politique et une volonté de représentation du pouvoir. Le tout va dans le sens d'un désir d'exaltation du prestige militaire et de fixation du souvenir des actes héroïques de l'empereur. C'est pourquoi, lorsque' onous regardonse la thématique architectonique et idéologique globale, l'assimilation avec les principia semble on ne peut plus séduisantee.; Dde même, elle se trouve encore renforcée par les premiers essais d'interprétation de la fonctionnalité de certaines pièces. Nous y reviendrons et nous tenterons de dégager tout au long de ce propos d'autres éléments qui vont dans ce sens.

* 82 ÉTIENNE R., PISO I., DIACONESCU Al., 1990, p. 289.

* 83 RODENWALDT G., dans Gnomon, 2, 1926, p. 338-339.

* 84 ZANKER P., 1970, p. 505-506.

* 85 ZANKER P.ZANKER P., 1970, 1970, p. 506.

* 86 GROS P., TORELLI M., 1992, p. 347. Citons par exemple comme partisans G. RODENWALDT, P. ZANKER, A. LA REGINA, P. PENSABENE ou comme opposant H. PLOMMER (le premier à remettre en cause ce concept en 1974), J. E. PACKER.

* 87 GROS P., 1996, p. 219.

* 88 GROS P.GROS P., 2000, p. 248.

* 89 BENNETT J., 1997, p. VIII-XI : successivement proconsul de Baetica (60), legatus legionis X Fretensis en Syrie (67), consul suffect (70), legatus Augusti en Cappadocia (70), quimdecemvir sacris faciundis (73), legatus Augusti en Syrie (73), il triomphe pour une action militaire en Orient (76), soldatis Flavialis (79).

* 90 BENNETT J., 1997BENNETT J., 1997, p. VIII-XI : vigintivirate comme triumvir monetalis (74), tribunus laticlavius d'une légion en Syrie (75), il est transféré en Germania (77), quaestor (81), praetor (86), legatus legionis VII Geminae (87), consul ordinaire (91), legatus Augusti des deux Germanie (92/93), legatus Augusti de Pannonia (95/96), adoption par Nerva (97), consul ordinaire (98), entre à Rome comme Princeps (99).

* 91 CAVALIERI M., 2000, p. 466 : lecture éventuelle de cette scène comme une représentation de la victoire de Rome sur les Daces ; l'exaltation de la force de ceux-ci serait alors soulignée par leur apparence de taureau.

* 92 Aulu-Gelle, Les nuits attiques, XIII, .25, .1, traduction deit par R. MARACHE R. :, 1989 : « Au faîte du forum de Trajan sont placées de tout côté des représentations dorées de chevaux et d'enseignes militaires, et il est écrit en dessous ex manubiis ».

* 93 FLORESCU R., Sur le type architectonique du Palais des Augustales de Sarmizegetusa, dans Daco-Romanii, I, 1980, p. 57-58.

* 94 ÉTIENNE R., PISO I., DIACONESCU Al., 1990, p. 290.

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