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Les multinationales pétrolières et la protection de l'environnement en Afrique Centrale

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par Levy Cardel PAYIMA
Université de Limoges - Master 2 en Droit International et Comparé de l'environnement 2006
  

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Section 2 : Les stratégies externes

Dans le but de protéger les environnements dans lesquels elles opèrent, les multinationales pétrolières sensibilisent le public sur cette question (Paragraphe 1) et appuient les actions sous régionales de protection de l'environnement (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La sensibilisation du public

La sensibilisation du public aux questions environnementales découle de la convention d'Aarhus du 25 juin 1998 sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement.

a) La notion de public

La définition de la notion de public diffère à travers les textes.

La convention d'Aarhus introduit une distinction entre les notions de « public » (art 2 - 4°) et de « public concerné » (art 2 - 5°).

Le public selon ladite convention, « désigne une ou plusieurs personnes physiques ou morales, et, conformément à la législation ou à la coutume du pays, les associations, organisations ou groupes constitués par ces personnes ». Quant au public concerné, il est formé par « le public qui est touché ou qui risque d'être touché par les décisions prises en matière d'environnement ou qui a un intérêt à faire valoir à l'égard du processus décisionnel ». Toutefois, une présomption d'intérêt est posée au bénéfice des « ONG qui oeuvrent en faveur de la protection de l'environnement et qui remplissent les conditions pouvant être requises en droit interne » : elles sont « réputées avoir un intérêt »37

Le public est donc entendu très largement38, mais on peut ne pas être absolument convaincu par l'opportunité de distinguer entre « public » et « public concerné ». En effet, une redondance est nette entre le « public concerné » de forme associative réputé avoir un intérêt du paragraphe 5 de l'article 2 et les « associations, organisations ou groupes constitués », « personnes (...) morales », du paragraphe 4 du même article. Tout au plus peut-on inférer que le « public concerné » désigne les personnes physiques ou morales plus directement affectées matériellement ou à l'égard de leurs buts par les décisions environnementales, mais sans que le régime institué ultérieurement par la convention n'établisse de privilège net en sa faveur au plan de la procédure administrative non contentieuse.

37 - voir la contribution de Gérard MANEDIAIRE au Séminaire International de Droit de l'Environnement : Rio + 10, sous le thème Mondialisation et Droit de l'Environnement, Page 33.

38 - voir en particulier le paragraphe 9 de l'art3 de la convention (Dispositions générales) qui exclut toute condition de nationalité, de citoyenneté, de domicile pour les personnes physiques, et fait de même, mutatis mutandis, pour les personnes morale.

La directive communautaire de 2001 quant à elle est beaucoup plus lapidaire dans sa définition du public. Selon l'article 2 (Définitions), le public désigne «  une ou plusieurs personnes physiques ou morales, ainsi que, selon la législation ou la pratique nationale, les associations, organisations et groupes rassemblant ces personnes ».

b) Les moyens de sensibilisation.

Plusieurs moyens sont employés à cet effet pour informer le public. Il peut s'agir de la sensibilisation de proximité lors surtout des études d'impact, de la sensibilisation à travers les médias, les séminaires et les ateliers, les forums ou encore les journées portes ouvertes.

TotalFinaElf a depuis longtemps compris la nécessité de sensibiliser le public sur ses activités. Ainsi, à travers sa fondation, le Group a développé une mission d'informer et de sensibiliser le public sur les enjeux de la biodiversité et l'utilisation rationnelle des ressources naturelles. Le Groupe informe également le public sur la dangerosité de certaines installations.

Sans attendre l'élaboration de la loi, certaine entités ont déployé des programmes d'action volontaires pour améliorer l'information du public et des acteurs locaux (élus, écoles, entrepreneurs voisins, etc.). Ainsi, Atofina, pôle chimie du Groupe, a lancé en juillet 2002 la démarche « Terrains d'Entente« qui a donné lieu déjà à des actions d'information variées et originale : visite d'élus, échanges avec les écoles, etc.

Depuis plusieurs années, les sites industriels du Groupe que ce soit en France ou à l'international, mettent en oeuvre de nombreuses actions d'information de proximité. L'usine Atofina (branche chimie du Group Total) de Crosby au Texas (Etats-Unis) est très impliquée dans les organisations économiques ou sociales. Elle édite des brochures et un journal d'information à destination des riverains et organise une coopération très active avec le milieu enseignant. A Feluy en Belgique, la mise en service d'une nouvelle unité de production de polypropylène (PP3) a été accompagnée par des journées portes ouvertes. Un film original «PP3 : l'enquête« a permis d'aborder avec les riverains et les employés du site les impacts de cette réalisation sur la sécurité et l'environnement.

Considéré en Afrique centrale cependant, ce principe connaît beaucoup de limites malgré l'affirmation des déclarations en ce sens39.

39 - voir à ce sujet la déclaration de Brazzaville du 30 mai 1996 qui évoque « la nécessité d'impliquer d'avantage les populations autochtones, les collectivités locales, les organisations non gouvernementales.....dans la conservation et la gestion des écosystèmes » (Paragraphe 9, Déclaration issue de la CEDHAC)

Voir aussi la Déclaration de Yaoundé des chefs d'Etats du 17 mars 1999 qui précise la volonté des Etats d'Afrique centrale de renforcer les actions visant à accroître la participation rapide des populations et des autres acteurs dans le processus de gestion durable et de conservation des écosystèmes forestiers

Le public ou le public concerné selon les cas n'est pas effectivement sensibiliser. Cela s'explique par plusieurs raisons et notamment de l'organisation de ce public en occurrence les ONG. Ces ONG sont limitées dans leurs missions. Cela tient à certaines entraves intrinsèques mais aussi à d'autres extrinsèques.

Des faiblesses intrinsèques résultent entre autre aux finances et aux ressources humaines.

Qu'il s'agisse des ONG nationales ou internationales présentes dans la région, l'on note d'une manière générale que l'absence ou l'insuffisance des moyens financiers ou matériels constitue leur faiblesse majeure, d'où une dépendance poussée à l'égard des financements extérieures.

Beaucoup d'ONG en Afrique centrale qui sont nées dans la mouvance des années 1990 répondaient plus à un besoin d'opportunisme qu'à une connaissance réelle des problèmes environnementaux. Aussi, ces ONG sont-elles souvent de « petits cercles d'amis » sans aucune qualification.

Par ailleurs, le personnel des ONG est également flottant et instable tantôt il s'agit des fonctionnaires de l'Etat déjà très occupés, tantôt des étudiants en quête d'un travail temporaire, tantôt encore d'hommes d'affaires pour qui la gestion de l'ONG ne constitue qu'un passe temps40.

Des faiblesses extrinsèques sont dues à la marginalisation.

Les ONG nationales sont très peu impliquées et consultées lors des activités de gestion de l'environnement. Elles ne sont pas considérées comme partenaires efficace ni par l'Etat qui déjà les redoute, ni par les bailleurs de fonds moins encore par les ONG internationales41.

En dehors de cet aspect, lorsque le public arrive quand même à être informé et consulté, cas très rares d'ailleurs, son avis est difficilement, sinon pas pris en compte.

Ainsi par exemple, les dénonciations faites au consortium en charge de la construction de l'oléoduc sus cité entre le Tchad et le Cameroun par le public n'ont jamais été prise en compte et la population et l'environnement en sont victimes. Il en est de même pour les activités pétrolières des terminaux de Djeno, de Kribi et du champ de Gamba ou les timides dénonciations faites ne retiennent jamais l'attention des pétroliers.

Faute d'une population sensibilisation effective enfin, les populations n'hésitent pas à fréquenter et à circuler aux alentours des installations dangereuses. C'est ainsi qu'au mois de juin 2007 un incendie a été déclaré sur les installations de TotalFinaElf à Pointe-Noire causant la mort à deux pêcheurs.

40 - Selon Elena CORSI, Intervention à l'atelier de l'OCDE sus cité, cela s'explique aussi par le fait que « les liens forts entre le secteur public et multinationales du pétrole marginalisent dans certaine mesure les communautés locales et la société civile, souvent males organisées et divisées ».

41 - voir Patrick Juvet LOWE GNINTEDEM, mémoire sur le thème «Les ONGO et la protection de l'environnement en Afrique centrale, sous la direction de Gérard MONÉDIAIRE

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius