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Parcours en forêt et risque de dégradation des potentialités pastorales dans la IVème série forestière de Mekna (Tabarka-Tunisie)

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par Naceur BOUSSAIDI
Université Tunis-Cartage (INAT) - Mastère de l'INAT en lutte contre la désertification 2005
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

La surexploitation de la forêt et les pratiques agro-pastorales intensives en régions méditerranéennes ont conduit jusqu'au siècle dernier à une forte dégradation des formations forestières (Emberger, 1971). Face à cette dégradation, les gestionnaires forestiers se sont intervenus pour reboiser les étendues dénudées, mais là la question du choix d'un matériel végétal bien adapté aux conditions de la station est cruciale. Le domaine forestier Tunisien est partout grevé de droit d'usage au pâturage au bénéfice de la population que le code forestier désigne par le terme d'usagers (D.G.F, 1978).

L'élevage pastoral demeure l'une des bases de l'organisation économique et sociale des populations dans les zones forestières.

La notion du parcours fait appel à la fois à des considérations sur la conduite des animaux et aspects liés à la fois à la gestion et à l'espace. Elle implique des déplacements d'une ampleur certaine. On peut, dans un premier temps, admettre l'équivalence entre pastoralisme et élevage sur des «parcours».

Un parcours est d' abord un lieu où le troupeau peut se déplacer assez librement, voire sans aucune contrainte autre que la distance nécessaire pour s'abreuver. Le plus souvent, le berger accompagne les animaux, recherche une aire approximative où prélever la nourriture, veille à ce que les animaux aient accès à l'eau, restent groupés et bénéficient d'une sécurité satisfaisante. Le gardien du troupeau accepte habituellement que celui-ci refuse de rester sur l'espace proposé et décide d'aller vers un autre lieu selon la direction et les modalités déterminées par l'animal meneur qui connaît le terrain pour l'avoir déjà exploré au cours des années précédentes.

La gestion du parcours est un compromis entre la recherche d'un bénéfice maximal pour l'animal et des impératifs du milieu ou de respect d'un territoire alloué à l'éleveur par la loi ou les conventions. L'entretien du milieu doit éviter aussi le surpâturage que la sous utilisation qui favorise le passage du feu trop violent et trop répété ou l'envahissement par les arbres dans les pâtures issues de forêts anciennes.

Il s'agit dans deux cas de conserver le potentiel productif du terrain et la qualité des aliments offerts, voire les améliorer par le choix des modalités de pâture.

Les parcours jouent un rôle important dans l'alimentation du cheptel et les productions de l'élevage. Leur superficie totale à l'échelle nationale est estimée actuellement à 6 millions d'hectares (Neffati M., 1999) dont prés de deux tiers en Tunisie méridionale.

L'importance économique, écologique et sociale des parcours est, cependant loin d'être négligeable. Convaincu de leur rôle, le gouvernement tunisien a accordé une importance considérable à l'amélioration des parcours dans le cadre de la stratégie globale de gestion des ressources naturelles et d'importants budgets leurs ont été au sein des différents plans de développement.

La contribution du sous-secteur élevage dans le produit agricole national s'est maintenue, durant la dernière décennie, autour de 30%. Cependant les investissements qui lui sont alloués représentent 10% environ de l'ensemble des investissements réservés au secteur agricole. (D.G.P.D.I.A, 1989)

L'alimentation du cheptel, dont les effectifs sont assez variables reste encore, en dépit des efforts déployés en vue de l'intégration, de l'élevage à l'agriculture, fortement dépendante de la végétation naturelle et, par conséquent, soumise aux aléas climatiques.

La diminution progressive de l'espace pastoral (extension de la céréaliculture et de l'arboriculture), et l'accroissement des effectifs du cheptel, favorisé alors par la politique de subvention des aliments du bétail et la distribution incontrôlée du bétail (même durant les années de disette), ont favorisé la généralisation du surpâturage sur tous les parcours, ce qui provoque l'amplification des processus de dégradation au niveau de ces terrains de parcours dont les potentialités deviennent de plus en plus limitées. (D.G.P.D.I.A, 1989)

Le système d'élevage traditionnel repose essentiellement sur une exploitation extensive et continue du maquis sous forêts de chêne-liège (Quercus suber), avec comme conséquence des problèmes de dégradation localisés à proximité immédiate de petites agglomérations. En réalité, la dégradation du couvert ligneux résulte en partie du surpâturage, mais surtout du défrichement pour la fabrication de charbon de bois et l'installation de plantations artificielles. La complémentation alimentaire des animaux, en particulier des bovins, repose surtout sur la distribution de foin d'avoine, car cette céréale cultivée comme fourrage s'adapte à de nombreuses situations climatiques et pédologiques. Par ailleurs, les concentrés ou les fourrages en provenance des plaines tunisiennes coûtent chers et ne sont pas à la portée des ressources financières de petits exploitants agricoles.

Pour déterminer à quel point l'utilisation normale des ressources fourragères de la forêt devient un abus de pâturage, il convient de considérer un certain nombre de facteurs, qui tous doivent être soigneusement pesées pour déterminer les possibilités de l'exercice du pâturage en forêt. Les facteurs déterminants le pâturage en forêt comme étaient déterminé par la F.A.O (1952) sont :

- La nature du bétail introduit.

- Le nombre de têtes de bétail introduites.

- La nature du peuplement forestier.

- Le traitement sylvicole appliqué à la forêt.

- La répartition du bétail à l'intérieur de la forêt.

- La façon d'utiliser les ressources fourragères de la forêt.

- I. PROBLEMATIQUE

Le problème des parcours dans le domaine forestier de l'Etat a été et demeure l'un des obstacles sinon le principal obstacle à la saine gestion et au développement du patrimoine naturel. La situation actuelle, fruit de l'évolution historique et des conditions générales de développement du pays ne peut encore durer qu'au prix d'une destruction très souvent irréversible du couvert végétal (D.G.F 1978).

Au cours des dernières années, la superficie des terres à pâturage a fortement régressé et leur valeur pastorale a visiblement baissé sous les effets combinés de l'extension des cultures et l'augmentation de l'effectif du cheptel ce qui a conduit à une réduction de l'importance relative des parcours qui ne contribuent que 10 à 20% dans l'alimentation du cheptel.

La forte charge animale, l'absence de réglementation en matière de mise en culture au sein de l'espace pastoral et les difficultés de gestion des espaces collectifs ont été déterminants dans la dégradation des ressources pastorales tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif.

La mutation profonde des systèmes de production et des modes de vie de sociétés pastorales productives, résultant en une dégradation du couvert végétal et des sols.

Quelque soit leur nature et leur niveau de production, les parcours conservent par ailleurs une importance stratégique dans la conduite de l'élevage puisqu'ils sont non seulement producteur d'UF à coût réduit, mais ils jouent également un rôle déterminant dans le mode de conduite des animaux et ont un impact très positif sur la santé animale et la qualité des différents produits. Les parcours assurent en outre la protection du milieu physique et constitue un réservoir de gènes bien adaptés.

II. OBJECTIF

Compte tenu de l'état actuel de dégradation de l'écosystème, la reconstitution du couvert végétal peut être assurée par des mécanismes naturels de régénération ou par des techniques appropriées d'aménagement et de gestion de l'espace. En effet, la gestion durable de l'écosystème associe, en plus des technologies, des politiques et des activités visant à intégrer des principes socio-économiques et des préoccupations des usagers afin de réaliser simultanément les objectifs suivants :

- Protéger le potentiel des ressources naturelles et prévenir la dégradation de la couverture végétale et du sol.

- Améliorer le niveau des performances de production du milieu

- Etre économiquement viable et socialement souhaitable

L'objectif visé dans notre étude est de mettre en évidence les potentialités pastorales dans la IVème série de Mekna et plus précisément dans les groupements végétaux de la zone en question, de visualiser les effets néfastes sur la dégradation des potentialités pastorales du milieu, d'essayer de quantifier la biomasse végétale utilisée par le bétail pâturant dans cette zone, de trouver la manière d'améliorer ce type de parcours et en restaurant les potentialités pastorales dégradées.

De ce fait, un bilan fourrager pourra être envisagé et par lequel on déterminera un surplus ou un déficit en nombre d'U.F. et par conséquent chercher les solutions les plus adéquates pour retrouver l'état initial de production de la zone d'étude.

III. DONNEES BIBLIOGRAPHIQUES

3.1. LES PARCOURS EN TUNISIE

3.1.1. Généralités sur les parcours

La superficie totale de la Tunisie comporte 16 millions d'hectares dont 5 millions d'hectares seulement sont cultivables, le reste est constitué de 7 millions d'hectares de Sahara, chotts, et 4 millions d'hectares de terrains de parcours naturels (Ben Wahada A. ,1990).

Les formations forestières sont localisées principalement dans le nord et le centre du pays. Elles appartiennent aux étages bioclimatiques humide, subhumide et semi-aride.

Les parcours dans les étages bioclimatiques humides et subhumides ne représentent que le 1/10 de la superficie totale de parcours (tab.1 et tab.2).

Tableau n°1 : répartition des superficies sylvo-pastorales selon

Vocation/région

Domanial

Collectif

Privé

Total (ha)

Forêt

575.000

8.000

47.000

630.000

Parcours forestier

130.000

_

170.000

300.000

Parcours alfatier

208.000

225.000

_

433.000

Parcours ordinaires

142.000

1.458.000

1.037.000

2.637.000

TOTAL

1.055.000

1.691.000

1.254.000

4.000.000

le régime foncier

(Ben Wahada A. ,1990)

Tableau n°2 : répartition des parcours selon les étages Bioclimatiques

Régions

Superficies des parcours

Humide

Subhumide

Semi aride

Aride

Désertique

Nord

700.500

171.000

160.000

449.500

_

_

Centre

1.118.000

_

-

184.150

933.850

_

Sud

2.101.500

_

_

_

1.180.300

921.200

TOTAL

4000.000

171.000

160.000

633.700

2.114.200

921.200

(Ben Wahada A., 1990)

D'après la DGF (1995) les superficies pastorales sont réparties en fonction du degrés de recouvrement comme suit : (tableau 3)

Tableau n°3 : Répartition des surfaces pastorales en fonction du degré de recouvrement

Région

Recouvrement

Total

Général

25 à 50 %

50 à 75 %

R< 25 %

R> 75 %

Total

Nord Ouest

47 867.16

138 032.36

30 528.30

35 935.91

1 008 096.75

1 260 460.48

Nord Est

42 507.84

53 819.65

10 104.82

12 629.81

803 390.00

922 452.12

Dorsale

108 464.58

125 738.06

70 354.67

24 903.52

820 194.41

1 149 655.23

Basses Steppes

118 457.36

43 547.08

360 924.26

1 394.16

981 888.01

1 506 210.87

Sahel

52 370.87

24 026.59

74 326.24

8 838.68

1 008 993.91

1 168 556.29

Hautes Steppes

94 795.02

17 752.30

104 663.12

358.06

186 143.13

403711.64

Basses Plaines

297 377.02

52 119.65

480 005.20

3 012.66

174 403.01

1006917.53

Jerid

41 640.38

5 628.44

194 014.17

-

93 271.37

334554.36

Jeffara Ouara

193 765.20

70 453.58

1 015 913.50

1 432.75

413 891.65

1695 456.68

Matmatas

21 524.57

40.06

389 567.18

-

52 778.85

463910.65

Etage Saharien

134 089.76

17 158.48

334 990.28

570.32

177 540.75

664349.60

Dhahars

55 831.58

-

380 528.01

-

11 335.83

447695.42

Total général

1 208 691.32

548 316.25

3 445 919.77

89 075.87

5731 927.66

11023930.87

%

11.0 %

5.0 %

31.3 %

0.8 %

52.0 %

100 %

3.1.2. Importance des parcours

En Tunisie, l'élevage est caractérisé depuis longtemps par son aspect extensif et son étroite dépendance des aléas climatiques. En effet, les effectifs des animaux subissent des variations très remarquables traduisant exactement les fluctuations pluviométriques.

L'amélioration des parcours en Tunisie est devenue une nécessité impérieuse pour les considérations suivantes :

· L'importance de la superficie des terres à pâturages et l'état de dégradation atteint par le couvert végétal.

· Le déficit fourrager qui peut atteindre 70% au cours des années sèches.

· L'importance économique et sociale de l'élevage qui contribue pour une part au revenu agricole.

· L'ampleur de la dégradation du milieu physique ayant atteint, dans certaines situations, le niveau de désertification

Compte tenu du coût de l'amélioration pastorale, la décision de restauration et ou de réhabilitation ne doit concerner que des parcours dont la possibilités d'évolution naturelle vers un état amélioré en absence de facteurs de perturbation qui sont minimes (Neffati M., 1999)

3.1.3. Les types de parcours forestiers

Selon la Direction Générale des Forets, et lors de l'inventaire pastoral effectué en1995, les parcours forestiers sont divisés en trois catégories :

1. Les parcours sur maquis

Constitués par une végétation ligneuse dense soumise aux conditions bioclimatiques de l'étage humide et subhumide se développant sur des sols à matériaux gréseux et gréso-argileux acides le plus souvent lessivés (flysch de Numidie).

On distingue les types de maquis suivants répartis en fonction de la nature de peuplement forestier qui les abrite ou dont ils sont issus suite à sa dégradation.

1.1. Maquis issu d'une forêt de chêne-liège

Il peut occuper des sols profonds à faible pente reposant sur des argiles triasiques. Le plus fréquent est que ce maquis occupe des sols bruns lessivés.

En fonction de leur composition, on distingue les parcours suivants :

1.1.1. Parcours à Pistacia lentiscus, Olea europea, Chamaerops humilis, Prasium majus

1.1.2. Parcours à Myrtus communis, Phyllerea angustifolia, Erica arborea

1.1.3. Parcours à Erica scoparea, Lavandula stoechas, Halimium halimifolium, Arbutus unedo

1.1.4. Parcours à Erica multiflora, Fumana thymifolia, Teucrium polium

1.2. Maquis issu d'une forêt de chêne zeen

IL occupe les altitudes et supporte des températures basses en raison de sa situation topographique plus élevée que celle du chêne liège.

En fonction de leur composition floristique, on distingue les types de parcours suivants :

1.2.1. Parcours à Erica arborea, Cytisus trifloris, Rubus ulmifolius, avec une abondante strate herbacée surtout pendant le printemps. Parmi ces herbacées, on cite : Cyclamen africanum, Ranenculus ficaria...

1.2.2. Parcours à Cytisus triflorus, Gallium ellipticum sur sol riche en humus.

1.2.3. Parcours à Juncus triformius, Bellis radicans, Mentha aquatica, Viburnum tinus.

2. Parcours à garrigue

La végétation des garrigues a une structure clairsemée et rarement dense. La composition des garrigues contient des espèces calcicoles et généralement thermophiles. Cette composition est aussi tributaire de variables édapho-climatiques ainsi que du degré d'anthropisation.

A ce niveau, on peut distinguer les types de parcours suivants :

2.1. Parcours dominé par Retama sphaerocarpa, Teucrium pseudo-champitys sur sol riche en humus.

2.2. Parcours à base de Rosmarinus officinalis, Cistus libanotus, Globularea alypum

2.3. Parcours sur glacis d'accumulation et plaine caractérisé par Rosmarinus officinalis...

2.4. Parcours à Quercus coccifera, Callitris articulata, Erica multiflora

2.5. Parcours à Juniperus oxycedrus, Fumana calycina

3. Prairies et pelouses

Elles occupent surtout les enclaves de superficie limitée, situées à l'intérieur des forêts et parfois des maquis suite à un défrichement antérieur ou incendie.

La pression sur les zones de parcours s'est aggravée au cours des deux dernières décennies et les systèmes pastoraux se trouvent de plus en plus menacés.(Neffati M., 1999) La région de la rive sud de la méditerranée se caractérise par des ressources en sols limitées, et du fait de la concurrence sur les terres agricoles, une extension incontrôlée des cultures dans les meilleures terres de pâturage. La régression des parcours aurait avoisiné 1% par an au cours des trente dernières années entraînant une augmentation de la charge animale par hectare.

Durant les bonnes années pluvieuses, les agriculteurs accroissent notablement les surfaces labourées au détriment des parcours. Ces terres à faible rendement céréalier sont souvent abandonnées quelques années après les sols sont épuisés.

La dégradation des parcours amplifie les effets de la réduction des surfaces. Son ampleur réelle est cependant difficile à mesurer du fait de la variabilité climatique et de l'absence de suivi évaluation.

3.2. PASTORALISME ET DOMAINE FORESTIER

3.2.1. Définition des termes

Dans son rapport général édité en 1978 sur les aspects socio-économiques du pastoralisme dans le domaine forestier, la Direction Générale des Forêts a défini le terme de pastoralisme comme un élevage extensif de bovins, ovins et caprins pratiqué par des populations sédentaires habitants au sein du domaine forestier. La population est sédentaire et le bétail vagabonde dans un rayon de 5 km et même plus autour des habitations aux quelles il revient le soir pour y passer la nuit.

De son côté, Neffati M. lors de son intervention à l' I.A.V. Hassen II (Rabat - Maroc) en 1999 a défini le terme pastoralisme comme étant l'exploitation de la végétation spontanée, non cultivée et peu ou pas entretenue, par des animaux pâturant, élevés à des fins de production.

Quant au domaine forestier, il est défini comme étant les terrains boisés, ou non qui ont été classés d' après la loi dans le domaine forestier de l'Etat. Il est composé d'un ensemble de terrains, aux limites parfois imprécises qui sont boisés, couverts de maquis ou de garrigue ou nus. Tous ces terrains sont censés être forestiers ou à vocation forestière (D.G.F.1978).

3.2.2. Législation forestière et pratique pastorale

Il existe une législation forestière portant sur le pâturage dans le domaine forestier. Cette législation n'est que peu appliquée et implique indirectement, avec les pratiques pastorales et le nombre croissant de cheptel, la dégradation du couvert végétal des zones forestières.

3.2.3. La réalité économique et sociale

La très forte résistance qu'opposent les problèmes pastoraux dans le domaine forestier provient de leur caractère économique et social.

A une forte densité de population dans les Mogods et la Khroumirie, s'ajoute l'exiguïté des superficies cultivables et cultivées. Le caractère dispersé de l'habitat dans les zones forestières, son éparpillement, fait qu'il n'y ait pratiquement pas de zone forestière qui ne soit parcourue par le bétail quand elle n'est pas mise en défens. Cet état de fait n'est cependant pas dépourvu de base juridique puisque la loi (code forestier) reconnaît un droit d'usage au pâturage pour les populations forestières.

3.2.4. Le bétail et les pratiques pastorales

L'impact du bétail sur le domaine forestier ne dépend pas uniquement de son importance, mais aussi de son organisation en troupeaux, de la composition et du nombre de chacun d'eux, des techniques de pâturage, d'élevage, des soins, etc....

La quasi-totalité de ce bétail est d'origine forestière c'est-à-dire qu'il y est né. Il est sédentaire, son alimentation provient presque exclusivement de la végétation forestière. Cette étroite dépendance rend le bétail extrêmement sensible aux mesures conservatoires (mise en défens) qui peuvent être prises localement.

La pression du bétail est patente mais difficilement mesurable à cause en particulier de la très grande difficulté de son identification, du caractère parfois saisonnier et fluctuant du pâturage. Le bétail qui pâture en forêt est composé d'une multitude de petits troupeaux gardés la plupart du temps par des enfants ou parfois de femmes. Dans certains endroits, les bovins sont lâchés en forêt sans surveillance pendant plusieurs mois. C'est une pratique qui commence à plus ou moins disparaître de nos jours.

En forêt, les bovins sont séparés des autres espèces animales (ovins, caprins) c'est-à-dire qu'ils pâturent seuls et non avec les caprins ou les ovins, alors que les troupeaux d'ovins et de caprins sont relativement fréquents mais la proportion d'ovins est très faible. Le troupeau composé exclusivement d'ovins se rencontre rarement en forêt.

3.2.4.1. Alimentation et parcours

La caractéristique principale de l'élevage pastoral réside dans la proportion de nourriture prélevée directement par le bétail sur la végétation naturelle. Il existe une grande variété de plantes (herbacées et ligneuses) qui sont consommées. D'une façon générale, les habitants ont une bonne connaissance de ces plantes et de leur « appétibilité » selon les espèces animales.

L'espèce caprine est certainement la mieux placée à utiliser plus que les autres la végétation forestière.

L'accroissement de la population, celle du cheptel, l'extension des mises en défens, des défrichements et des cultures ont réduit l'espace pastoral en grandes proportions. Cette réduction est si importante que la possession du bétail devient de plus en plus liée à la propriété privée du sol.

3.2.4.2. Les techniques pastorales

On pense souvent que le bétail dans les zones forestières n'est pas l'objet des techniques particulières d'élevage et qu'il est mené sans aucune règle. Il est cependant certain que le bétail est mené selon certaines techniques peu rationnelles mais au hasard. On peut dire que dans les zones forestières, il y a eu régression des techniques d'élevage par la suite de la petite taille du troupeau, de la transformation de l'espace pastoral et plus généralement du changement social et économique.

3.2.4.3. Pastoralisme et milieu naturel

Quelque soit le jugement que l'on peut porter sur la dégradation du milieu naturel, sur l'absence de rationalité au niveau national de l'exploitation pastorale de la végétation forestière, on peut reconnaître que l'exploitation pastorale est l'activité qui valorise le mieux la végétation forestière à l'échelle d'un ménage ou d'un groupe de ménages.

L'élevage pastoral dans les zones forestières n'est pas un phénomène nouveau, il est donc une activité très ancienne mais dont le caractère et l'impact sur la végétation forestière se sont transformés. L'activité pastorale a été exercée de tout temps au dépit de la végétation sans pour autant constituer un problème.

3-2-4-4- Les améliorations pastorales

Les améliorations pastorales sont liées aux unités sylvo-pastorales. Chaque amélioration, qui est en fait une ressource fourragère supplémentaire devra correspondre à une mise en défens portant sur une superficie qui est supposée produire l'équivalent d'unités fourragères supplémentaires mises à la disposition des usagers par l'amélioration.

3.3. DONNEES GENERALES SUR LA ZONE D'ETUDE

3.3.1. Contexte géographique 

3.3.1.1. Situation géographique et administrative 

Géographiquement, la IV ème série de Mekna fait partie du Nord Ouest de la Tunisie, du Gouvernerat de Jendouba, Délégation de Tabarka et secteur El Hammem. Sur le plan de l'administration forestière, elle relève de l'arrondissement des forets d'Aïn Draham, Subdivision de Tabarka, et du District de Aïn El Khass et à cheval entre les triages de Dar Echefa et Ain El Khass.

De point de vue limites, la IV ème série de Mekna est limitée comme suit :

· Au Nord par les axes d'oued El Khenga et oued Rmal.

· Au Sud-Est par la forêt de 2ème série Mekna.

· Au Sud Ouest par la forêt de 1ème série Mekna.

· Au Sud par la ligne de crête de Djebel Gassa et Djebel Khroufa

Sur le plan foncier, la situation de la IVème série a été établie suite à une procédure qui a connu plusieurs étapes :

* 19 /11/1949 : Dépôt de la demande de réquisition R54-695 dénommant la série forêt de Aïn el Khass avec deux zones distinctes sur les DJ Gassa et Dj Khroufa

* 14/03/1956 : Jugement du tribunal mixte de Tunisie ordonnant l'immatriculation de l'immeuble et par ailleurs grève des droits d'usage forestier définis par le décret beylical du 13/09/1934.

Cette série (zone de notre étude) occupe 2256 ha répartis sur 32 parcelles.

3.3.1.2. Accès 

L'accès principal à la série se fait par la route 7 Cheikhat qui part de la GP7. Cette route longe toute la partie nord de la série jusqu'à Sidi Ruine. Une piste (actuellement goudronnée) d'environ 7 Km partant de la route de 7 Cheikhat et qui traverse la série longitudinalement en direction de Dar-Chefa en passant par la maison forestière de Aîn El Khass. Une autre piste dérivant de la première au niveau de Aïn El Khass allant à Mejene Erroumi. (voir cartes suivantes)

Carte (1) : situation de la Kroumirie au Nord-Ouest de la Tunisie

Carte (2) Localisation de la zone d'étude par rapport à la Khroumirie

(in Chabane A., 1984)

3.3.2. Contexte biophysique

3.3.2.1. Relief et caractéristiques topographiques 

La topographie de la série dans son ensemble ; est accidentée. Les lignes principales du relief sont orientées SW-NE et sont représentées par les axes de DJ Guessaa du coté Sud et DJ Bounazbrine au Nord.

Ces deux chaînons principaux donnent naissance à une série de plis secondaires de directions très variées qui, à leur tour profondément entaillés par les ravins, modelant l'ensemble du relief de la série.

La succession des lignes de relief est la  suivante :

· On rencontre au : - Nord : Dj Bounazbrine

- Nord-Est : Dj ouled Bouaziz

- Nord -Ouest : Dj el Abied

· L'angle Sud Ouest de la série est occupé par un chaînon allongé dénommé Dj Khroufa localisé au Sud est de Dj Guessaa.

L'ensemble du secteur est occupé par un chaînon plus au moins allongé.

Les altitudes sont dans l'ensemble décroissantes du Sud (100 à150 m), au niveau de la parcelle 10, pour atteindre 470 m au niveau de Sidi Ali Ben Salem

Avec deux accidents notables :

- D'une part un petit mamelon (585 m ) dominant la piste reliant la maison forestière de Aïn el Khass à celle de Dar Echefa et formant la terminaison avale d'une légère crête rocheuse descendant du sommet du Dj Guessaa.

- D'autre part un petit vallon boisé de chêne-liège à l'extrémité Nord-Ouest du périmètre.

De nombreux ruisseaux ont pris naissance sur le périmètre ou en amont de celui-ci mais ne jouent pas de rôle important dans la topographie, par contre se sont des sources d'érosion active surtout dans les zones marneuses. 

3.3.2.2. Géologie et sols 

3.3.2.2.1. Géologie 

A l'exception de la région côtière composée de dunes datant du Quaternaire, les formations géologiques les plus répandues dans les étages bioclimatiques humides et subhumides du Nord -Ouest de la Tunisie sont principalement les grès et les argiles du « flysch » datés de l'Oligocène. Ces deux formations recouvrent une importante couche d'argiles calcaires et de marnes qui leur sont antérieures (Eocène). Les plissements des couches du « flysch », puis leur érosion, ont donné naissance à des reliefs argilo gréseux très complexes, d'orientation générale Sud-Ouest, Nord-Est (Kayouli & all., 2001).

En effet, on signale la présence de nombreuses formations géologiques dans la zone occupée par la série; disposées en bandes grossièrement parallèles, d'axe général SW-NE. On rencontre à ce niveau :

· Des alternances de bancs de marnes et grès, constituant le flysch numidien bien connu sur les parcelles de l'extrémité Ouest.

La formation mère occupe essentiellement la zone des sommets alors que les bas des versants sont occupés par des éboulis. Ce type de formation, constitué uniquement de roches siliceuses, convient très bien au chêne liège à condition que l'action humaine ne l'ait pas fait disparaître, et aux espèces calcifuges en général.

· Des formatons complexes du trias, comprenant des marne gypseuses, des grès, des calcaires dolomitiques, des brèches, et caroncules dont la nature peut varier assez brusquement, occupent toute la zone centre de la forêt.

· Des formations marneuses, convenant en général assez mal aux peuplements forestiers, habituellement occupés par des clairières plus aux moins cultivées assez peu représentées (on les trouve sur les parcelles : 2, 3, 4, 17, 20, 28, 27, et 29).

· Des formations composées d'alternances de blancs calcaires et marneux, essentiellement au niveau de la côte Sud du Djebel Abiad et Sud Ouest de Djebel Nazbrine.

Généralement le substratum géologique est formé par l'oligocène supérieur et ses produits d'alternance. Si on excepte les faciès gréseux très peu représentés dans la série, ces formations comprennent des marnes et des argiles (60 à 70 % d'argiles) hydro morphes localement gypseuses et salées et une argile hydro morphe et rubéfiée.

Ce substratum géologique, qui affleure à la suite de l'érosion dans les thalwegs, est le plus souvent recouvert d'un épais colluvion argilo gréseux à partir duquel se sont développés des sols bruns plus au moins hydro morphes ou lessivés du type A/B/C.

3.3.2.2.2. Sols 

De point de vue pédologie, les sols typiques du périmètre sous forêt de chêne liège présentent la succession suivante :

A0 : jamais très développés de type moder, mull-moder.

A1 : Sablo limoneux, généralement bien humifère et bien pourvu de racines de 20 à 60 cm de profondeur. 

A2 : lessivé, encore peu humifère et de texture sablo limoneuse à limono argileuse.

B : Argileux qui est souvent un Bg (surtout dans sa partie inférieure).

C1g : Constitué par l'argile rubéfiée hydro morphe bariolée (rouge et grise) du mio-pliocène.

C2g : Constitué par des argiles hydro morphes ou gypseuses soit par des marnes de l'oligocène supérieur.

Ce profil normal est souvent modifié par l'érosion consécutive à la dégradation de la végétation. On trouve aussi de nombreuses variantes s'écartant du profil typique par suppression à certains horizons comme par exemple :

-Des sols érodés de type B/C

-Des sols peu évolués : de type A /C.

-Des sols remaniés.

3.3.2.3. Climat 

La Tunisie subit l'influence méditerranéenne ainsi que le continentalisme qui apparaît dès qu'on s'éloigne de la côte.

Au nord de la Dorsale Tunisienne, le climat est méditerranéen humide, recevant plus de 400 mm de pluie, avec une saison sèche qui n'excède pas 3 à 5 mois, et il neige parfois sur les montagnes du Nord-Ouest.

Pour donner un aperçu sur le climat de la zone d'étude nous avons pris comme référence les données climatiques relatives aux stations de Tabarka et de Nefza qui encadrent bien la série et qui disposent d'observations sur une période assez longue. Le tableau suivant donne une idée sur leurs caractéristiques géographiques.

STATIONS

LAT Nord (GR)

LONG EST (GR)

ALTITUDE (M)

TABARKA

41G.r60

7G.r13

12

NEFZA

41Gr.10

7Gr.50

80

Tableau n°4: caractéristiques géographiques de Tabarka et Nefza

Les deux stations se situent respectivement à 9 Km à l'Ouest, et à 12 Km à l'Est des limites de la série et présentent une altitude comprise entre 100 et 700 m environ.

3.3.2.3.1. Pluviosité et variabilité

Les précipitations moyennes et extrêmes enregistrées au niveau des deux stations encadrant la série sont données par le tableau et le graphique suivant :

Tableau n°5 : Précipitation moyenne, maximale et minimale annuelle.

Station

Moyenne annuelle (mm)

Maximum annuel (mm)

Minimum annuel (mm)

Tabarka

1032

1408

443

Nefza

933

1435

666

Graphique n° 1 : Précipitation moyenne (maximum et minimum annuel (mm))

La répartition saisonnière des pluies à Tabarka et Nefza est donnée par le tableau suivant :

Tableau n° 6 : Régime pluviométrique saisonnier de Tabarka et Nefza

 
Saison

Hiver

Printemps

Eté

Automne

Total (mm)

Tabarka
Précipitation

487

199

30

313

1029

Nefza
Précipitation

613

312,3

48

252,5

1225,8

( M.F.E Nasri H. & all .(2000))

Graphique n°2 : Régime pluviométrique saisonnier de Tabarka et Nefza en mm

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Tabarka

167

131

87

70

42

17

04

09

53

115

145

189

Nefza

122

375

128

123,3

61

41

03

04

47

103,5

102

116

Tableau n°7 : Répartition mensuelle des pluies à Tabarka et Nefza en (mm)

(P.V d'aménagement de la IVème Série de Mekna)

Graphique n° 3 : Répartition mensuelle des pluies à Tabarka et Nefza en (mm)

D'après les données précitées, on remarque :

- La faiblesse relative des précipitations au cours de la période printemps été, et leur concentration en automne hiver.

- La répartition saisonnière des pluies fait apparaître 47 % de pluie qui tombe annuellement au cours des trois mois d'hiver, 30 % au cours des trois mois d'automne, 20 % des pluies tombe au printemps et 3 % seulement pendant la saison estivale, d'où un régime saisonnier de pluie de type HAPE (hiver, automne, printemps et été).

- L'humidité de l'air est importante à Tabarka : 78 % en moyenne annuelle, et plus de 70% en été, jouant ainsi un rôle important pour la croissance des végétaux.

- Le brouillard est rare dans la région (0,5j/an), ainsi que la neige (1,5j/an), cette dernière tombe presque régulièrement chaque année entre janvier et février au niveau des endroits situés au dessus de 600m d'altitude. Au cours des années 1989, 1990, particulièrement sèches l'enneigement était presque nul.

3.3.2.3.2. Température 

Les températures moyennes mensuelles relevées à Tabarka, ainsi que les valeurs extrêmes sont indiquées dans le tableau n° 8

Tableau n° 8 : Régime thermique mensuel moyen de Tabarka (°C)

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

T. moy (°C)

11,1

11,4

13,4

15,2

18,7

22,5

24,9

25,6

23,9

19,8

15,6

12,3

Moy. Min. (°C)

7,2

7,3

8,8

10,8

13,4

17,2

19,5

20,2

18,7

15,2

11,3

8,3

Moy. Max. (°C)

15,1

15,7

18,5

20,9

24,2

28,1

30,9

31,4

29,3

24,6

19,9

15,9

Graphique n°4 : Températures moyennes et extrêmes mensuelles relevées à Tabarka (°C)

Tableau n°9: Températures moyennes et extrêmes mensuelles relevées à Nefza (°C)

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

T. moy ( °C)

13,8

11,2

14,4

16,4

20,7

22,1

25,6

27,4

22,6

19,2

17,0

13,3

Moy.Min. (°C)

9,7

7,9

10,3

12,4

16,4

17,6

19,4

20,7

18

14,9

12,4

8

Moy.Max. (°C)

18

14,6

18,5

20,5

25,1

29,1

32,7

34,2

27,2

23,6

21,6

18,7

Graphique n°5 : Températures moyennes et extrêmes mensuelles relevées à Nefza (°C)
3.3.2.3.3. Vent 
Les vents dominants sont ceux du Nord Ouest, assez souvent violents et par conséquent on peut les craindre sur les sommets et les versants qui leur sont exposés même à l'intérieur des terres. Outre, leur action mécanique, celle physiologique (dessèchement) est bien marquée en hiver.

La répartition annuelle des vents par direction, à Tabarka est donnée en pourcent dans le tableau suivant :

Tableau n° 10 : Répartition annuelle des vents par direction à Tabarka

Direction

N

NE

E

SE

S

SW

W

NW

calme

Répartition

annuelle en %

10,50

11,00

9,00

9,60

46,50

8,50

1,20

3,70

00

(P.V d'aménagement de la IVème Série de Mekna)

Les jours de vent calme sont pratiquement inexistants ; les vents des secteurs S, SE et SW sont largement prédominants, du moins en fréquence.

La répartition mensuelle des journées de sirocco est indiquée dans le tableau n°10.

Tableau n°11 : Répartition mensuelle des journées de sirocco à Tabarka

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Total

Nbre de jours de sirocco

4

5

6

6

6

9

8

8

9

8

8

5

82

( Fdhili .Med. A & Mejri. F., 1997)

Graphique n° 6 : La répartition mensuelle des journées de sirocco à Tabarka

3.3.2.3.4 La neige 

La neige tombe presque régulièrement chaque année entre Janvier et Février au niveau des endroits situés au dessus de 600 m d'altitude. Au cours des années 1989 - 1990, particulièrement sec, l'enneigement était presque nul.

3.3.2.3.5. Synthèse bioclimatique 

1. Quotient pluviothermique d'Emberger 

Emberger a essayé d'élaborer en Tunisie un indice qui représente mieux la réalité, il a déterminé un quotient utilisant la moyenne du mois le plus chaud et la moyenne du mois le plus froid ainsi que la moyenne annuelle de pluviométrie.

Le quotient pluviothermique d'Emberger est défini par la formule suivante : Q2= 2000p / M2- m2

Avec : P= pluviométrie annuelle en mm.

M= Température moyenne des maxima du mois le plus chaud (°K).

m= température moyenne des minima du mois le plus froid (°K).

Avec : 1°C = 273,2°K.

Pour Tabarka et plus particulièrement notre zone d'étude :

P = 1029 mm

M = 31,4 +273,2 =304,6 °K

m =7,2 +273,2 =280,4 °K

Q2 = 145,36

Le résultat de ce quotient indique qu'il s'agit de l'étage bioclimatique humide à variante chaude (m = 7.2).

2. Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen

En 1954, Bagnouls et Gaussen ont établis un diagramme qui permet de dégager la période sèche en s'appuyant sur la comparaison de température moyenne et de précipitation annuelle moyenne en admettant que le mois est sec quand P = 2T.

Avec : T =Température moyenne annuelle en °C.

P = Précipitation annuelle moyenne en mm.

L'échelle de température est le double de celle des précipitations lors de la présentation du graphique.

Tableau n°12 : Précipitations et températures moyennes à Tabarka

Mois

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

P (mm)

167

131

87

70

42

17

04

09

53

115

145

189

T (°C)

11.1

11.4

13.4

15.2

18.7

22.5

24.9

25.6

23.9

19.8

15.6

12.3

2T (°C)

22,2

22,8

26,8

30,4

37,4

45

49,8

51,2

47,8

39,6

31,2

24,6

Graphique n°7 : Diagramme ombrothermique de Bagnouls et Gaussen

D'après le régime thermique de la région de Tabarka, on constate que la période sèche s'étale sur 5 mois (de mi-Mai à mi-Septembre)

3.3.3. Flore et Faune

3.3.3.1. Flore 

La formation végétale se caractérise commodément par les pourcentages du recouvrement des herbacées, des ligneux bas (c'est-à-dire inférieurs à 2m) et des ligneux hauts (supérieurs à 2m). Les formations végétales de la IVème série de Mekna sont présentées comme suit :

3.3.3.1.1. Formation forestière

Dans notre zone d'étude les espèces ligneuses les plus caractéristiques sont :

· Quercus suber (Chêne liège)

· Quercus canariensis (Chêne zeen)

Ces espèces occupent une surface réduite au Nord de la série et indiquent un apport pluviométrique annuel compris entre 1100 et 1500 mm. Leur limite inférieure est située à environ 600-650 m d'altitude mais elle peut descendre plus bas à la faveur de zones à microclimats plus frais où le chêne zeen retrouve les conditions hydriques qui lui sont indispensables.

3.3.3.1.2. Formation pré forestière et de maquis 

Le maquis est défini comme étant des formations ligneuses denses et plus hautes, se rencontrant sur des sols siliceux dans les étages bioclimatiques humides et subhumides. Exemple : le maquis du Nord (Kroumirie et Mogods). (D. G. F , 1995)

Le rôle joué par les arbustes devient de plus en plus important, notamment dans l'aménagement des terres à pâturage. En effet, en plus de leur rôle de protection des sols contre l'érosion, de production de bois, les arbustes constituent des réserves fourragères importantes utilisables par les animaux. Ainsi, les arbustes ont un rôle important dans la compensation des déficits fourragers pendant les périodes de l'année en permettant également d'atténuer les effets néfastes d'une sècheresse éventuelle. Les espèces ligneuses se caractérisent par leur résistance à la sècheresse et à la salinité.

Dans notre zone d'étude on rencontre les espèces suivantes :

Arbutus unedo, Phyllerea latifolia, Erica arborea, Myrtus communis, Cytisus villosus, Calicotome villosa, Rhamnus alaternus, Vibirnum tinus, Crataegus monogyna, Daphne gnidium, Cistus salvifolius, Pistacia lentiscus, Hedera helix, Lavandula stoechas, Crataegus azerolus, Rubus ulmifolius.

3.3.3.1.3. Formation herbacée et de pelouse 

Les pelouses sont définies comme étant des formations herbacées rases dont le rythme saisonnier est bien marqué. Elles sont constituées d'hémicryptophytes et de géophytes (D.G.F. ,1995)

La strate herbacée dans notre zone d'étude comporte les espèces suivantes :

Ficaria calthoefolia, Asplenum adiontum-nigrum, Limodorum arbotivum, Smilax aspera, Prunella vulgaris, Brachypodium silvaticum, Gallium ellipticum, Publicis odora, Asphodelus microcarpus, Agrimoria euphausiacé

3.3.3.1.4. Reboisement 

Les parcelles : 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 9 ; 10 ; 12 ; 13 ; 18 et 19 sont reboisées de Pin pignon et de Pin maritime plantés depuis 1968. Toutes ces plantations ont été exécutées en bandes, laissant le chêne liège sur pied dans les inter-bandes. Quelques plantations d'Eucalyptus camaldulensis et d'Acacia cyanophylla sont aussi localisées surtout dans les zones érodées.

3.3.3..2. Faune 

3.3.3.2.1. Faune sauvage 

L'aire étudiée constitue un biotope plus au moins artificialisé, mais riche en gibier à poils et à plume. La diversité des formations forestières correspond à une diversité des lieux de reproduction, de gagnage et de repos du gibier. Le potentiel alimentaire s'y trouve varié et échelonné tout au long de I'année suivant les saisons et les unités géomorphologiques.

Dans cet espace géographique s'interfèrent des sites plus au moins fertiles et attractifs pour le gibier. Ainsi les éclaircies sont toujours favorables aux productions fourragères (pinèdes, eucalyptus, subéraies), mais la fermeture de certaines formations forestières est bénéfique pour la reproduction des espèces de gibier.

Les espaces, plus ou moins limités (vides, clairières) peuvent être valorisés pour le gibier par des actions aménageantes simples, allant du recepage des espèces de maquis jusqu'au resemis et ou de plantation d'espèces fourragères locales. Parmi les espèces de faune sauvage, on peut évoquer :

Le cerf de berberie , le sanglier, le lièvre du Nord, le porc-épic, l'hérisson et le gibier à plume (les faucons, la buse variable, la circaète Jean le blanc, le milan noir, le busard des roseaux ,le hibou grand duc...) et d'autres espèces d'oiseaux.

3.3.3.2.2 Faune domestique (cheptel)

Le cheptel des habitants de la IVème série de Mekna est constitué essentiellement par : les caprins, les ovins, les bovins et les équidés en nombre réduit. (voir tableau 17)

3.3.4. Contexte socio-économique 

3.3.4.1. Population 

3.3.4.1.1. Milieu social 

3.3.4.1.1.1. Niveau de vie 

Après dépouillement des enquêtes socio-économiques on a remarqué qu'il y a une dispersion de l'habitat, l'attachement des habitants à certaines traditions, le manque d'une infrastructure de base (pistes), la population reste rurale et à mode de vie traditionnel et le niveau de vie reste bas et faible.

3.3.4.1.1.2. Données démographiques 

Les habitants de la zone sont regroupés dans 339 ménages comptant

1629 individus. L'ensemble de ces individus se répartissent sur 8 douars : Treiia, Hmeidia, Skhouna, Mgaidia, Hseinia, Jlaifia, Sidi Ruine et Dwahria.

Tableau : n°13 : répartition des ménages par douar

Douars

Nombre de famille

Nombre de ménage

Effectif total des habitants

Treiia 

75

68

270

Hmeidia

53

48

196

Skhouna

33

25

122

Mgaidia

123

105

455

Dhwahria

48

40

178

Hseinia

48

47

178

Jlaifia

46

46

170

Sidi Ruine

14

14

52

TOTAL

440

339

1629

1. Densité

Les zones forestières ne sont pas vides d'hommes, elles sont au contraire très peuplées. A une forte densité de population dans la IVème série de Mekna s'ajoute l'exiguïté des superficies cultivables et cultivées, la rareté des possibilités d'emploi.

Dans ces conditions l'élevage pastoral constitue une nécessité pour les populations puisque une partie importante de leurs revenus provient de l'élevage.

La population totale dans la IVème série de Mekna est 1629 individus repartis sur 8 douars. La densité (D) qui est le rapport entre la population totale (N) et la surface de la série (S). (ou le nombre d'habitant au km²)

D = N /S N = 1629 et S = 2256 Ha = 22,56 Km² ; D = 1629/ 22,56

D = 72 habitant / km², Ce taux est relativement faible reflétant le caractère dispersé de l'habitat et la possession de lopins de terre pour la pratique de l'agriculture vivrière.

Il existe en plus de grandes disparités dans la répartition de ces habitants sur le territoire, ce qui a pour conséquence qu'il n'est pas rare de trouver des zones où la densité est supérieure à 100 habitants au km² (Saoudi, 1983)

2. Activités et sources de revenus

D'après les résultats des enquêtes menées dans la zone d'étude, et après leur dépouillement, on a pu déduire ce qui suit : (tableau 14)

Tableau n° 14 : Activités et Sources de revenus

Nature de travail

Douar

A.A.P (%)

A.A.S (%)

A.T (%)

O.A.P (%)

O.A.S (%)

I.P (%)

I.O (%)

O.C.F (%)

Treiia

38.5

31.5

10.5

-

-

-

1.7

17.5

Hmeidia

3.4

27.5

31

-

-

13.7

3.4

20.6

Skhouna

-

22.0

30

-

6.2

1.2

2.4

20.4

Mgaidia

8.0

62.0

5

3

2.2

5

8.5

3

Hseinia

-

1.9

9.8

3.9

27.4

5.8

9.8

37.2

Dhwahria

-

18.1

21.2

-

6

-

3

9

Jleifia

 
 

6.3

2.1

21.2

2.1

21.2

46.8

Sidi Ruine

2.7

2.7

10.8

5.4

16.2

5.4

16.2

40.5

Moyenne

6.6

21.4

15.6

1.8

9.9

2.6

55.2

24.5

v Signification des abréviations :

A.A.S : Activités agricoles saisonnières O.C.F.O : Ouvrier de chantier forestier occasionnel. I.P : Immigré permanent

A.A.P : Activités agricoles permanentes I.O : Immigré occasionnel

A.T : Activités secteur tertiaire . O.A.P : Ouvrier agricole permanent.

O.A.S : Ouvrier agricole saisonnier

.

.3. Habitat 

Dans notre zone d'étude, les ménages sont regroupés en douars plus au moins étendus. On constate qu'il y a une différence remarquable de point de vue habitat et cela revient à une différence dans les revenus économiques.

Cette différence est représentée par le type d'habitat (maison en dur ou gourbi) ainsi que le nombre de chambres par maison.

Tableau n° 15 : Type d'habitat par douar

Douar

Maison en dur (en%)

Maison rudimentaire (en %)

 

1

2

3

4

\u-2264

1

2

3

4

\u-2264

Treiia

8.5

28.8

20.3

11.8

-

11.8

15.2

1.7

-

-

Hmeidia

8

60

20

8

-

-

-

-

-

-

Skhouna

26.9

53.8

8.3

-

-

5.5

-

-

-

-

Mgaidia

12.4

56.7

14

13

2.

-

-

-

-

-

Dhwahria

10.8

74.8

10.8

10.8

-

2.7

-

-

-

-

Hseinia

5.8

31.4

10.7

4.6

-

40.6

5.8

2.3

-

-

Jleifia

8.9

29.9

8.9

-

1.5

43.9

4.9

-

-

-

Sidi Ruine

4.3

32.6

10.8

4.3

-

43.4

4.3

-

-

-

Moyenne

10.7

46

12.9

6.56

2.68

18.5

03.7

0.5

-0

-0

D'après ce tableau on remarque que le pourcentage des maisons rudimentaires est dominé par celui des maisons en dur vu l'amélioration des conditions de vie des habitants de la zone étudiée.

3.3.4.2. Agriculture

 L'agriculture est d'une importance capitale dans la zone d'étude pour l'amélioration des revenus des habitants. Le tableau suivant nous donne une idée sur les surfaces agricoles utiles :

Tableau n°16 : Surfaces agricoles utiles par douar

Douar

Surface agricole utile / ha

Treiia

103,5625

Hmeidia

83,5625

Skhouna

23,5625

Mgaidia

104,25

Hseinia

70

Dhwahria

53,5625

Jleifia

35

Sidi Ruine

19

Total

492,5

D'après le tableau précédent, on remarque que la surface agricole utile dans notre zone d'étude représente 61% de la surface totale ce qui indique la place importante de l'agriculture dans la vie des habitants en tant que source de revenu dans la zone concernée.

3.3.4.3. Cheptel 

3.3.4.3.1. Introduction 

Les conditions du milieu très contrastées et la variété des structures d'exploitation ont façonné une mosaïque de races locales bien adaptées aux conditions locales. Les agriculteurs ont déclaré vouloir acquérir des animaux en vue d'augmenter leurs revenus. Les productions animales constituent donc aux yeux des populations locales une source importante de revenus potentiels. Le cheptel est constitué essentiellement par les caprins, les ovins, et les bovins.

Les troupeaux pâturent essentiellement en forêt et occasionnellement sur les chaumes de céréales en période estivale.

3.3.4.3.2. Effectifs totaux

L'enquête socio-économique permet l'évaluation de l'ensemble des paramètres démographiques nécessaires à la préparation des opérations de développement de l'élevage. Elle doit permettre, à l'échelle d'une région de préciser :

- Le type d'élevage et de troupeaux d'une région.

- Nombre total de tête de bétail.

Ainsi, au cours du temps l'élevage évolue ; les effectifs changent sous l'influence des contraintes climatiques ou économiques.

Le tableau suivant donne l'effectif total du cheptel dans chaque douar :

Tableau n° 17 : Effectif du cheptel par Douar

Douars

Nombre du cheptel

Caprin

ovin

bovin

Treiia

304

187

119

Hmeidia

219

87

104

Skhouna

139

242

59

Mgaidia

364

362

279

Hseinia

446

253

133

Dhwahria

314

157

39

Jleifia

380

150

112

Sidi Ruine

189

89

46

Mhalhlia

275

318

97

TOTAL

2630

1845

988

Effectif total 5463 têtes

Dans la zone qui nous intéresse le troupeau est composé de bovins, ovins et caprins. L'importance de chaque espèce varie localement. L'espèce dominante par le nombre est l'espèce caprine (46,64 %) qui est partout massivement présente et susceptible de valoriser beaucoup d'espèces ligneuses délaissées par les ovins. La chèvre permet d'utiliser des zones difficiles et pauvres. C'est un excellent transformateur, un fournisseur précieux de protéines animales pour des éleveurs des régions pauvres pour posséder une vache. L'espèce caprine résiste à des conditions difficiles, donne du lait quotidiennement et souvent deux chevreaux par an « c'est la vache des pauvres ». Si les bovins sont aussi partout présents ils représentent cependant un nombre nettement inférieur (17,70 %). Les ovins sont les moins nombreux que les caprins (35,65%). Le troupeau est donc constitué des deux espèces largement dominantes (caprins et ovins).

3.3.4.3.3. Taille du troupeau 

La taille du troupeau est déterminée par le volume de bétail possédé par un ménage mais elle pourrait être déterminée par la configuration des zones forestières et aussi en fonction de l'abondance ou de la rareté de l'herbe.

Le cheptel des douars de la IVème série de Mekna pâture dans cette zone est composé de 5463 têtes dont 2630 caprins (48,15%), environ 1845 têtes d'ovins représentant 33,77% et 988 têtes de bovin représentant 18.08%

3.3.4.3.4. Conduite des troupeaux 

Le gardiennage collectif étant rare et chaque ménage fait pâturer son troupeau par ses propres moyens.

Dans notre zone d'étude, étant donné que les hommes sont relativement présents dans les villages, c'est aux femmes dans la majorité du temps qu'on assure le gardiennage des troupeaux familiaux. Le reste du temps le gardiennage est assuré par les hommes et les enfants âgés de 10 à 13 ans.

3.3.4.3.5. Pacage en forêt et en d'autres zones

3.3.4.3.5.1. Pacage en forêt

Les ressources fourragères que produit la forêt sont généralement utilisées en y introduisant le bétail quelles sont susceptibles de le nourrir. C'est assurément la moins coûteuse, mais aussi la plus dangereuse. Rien ne s'oppose au fauchage des graminées et d'autres plantes fourragères herbacées lorsque la pelouse est bien découverte et suffisamment étendue.

3.3.4.3.5.2. Pacage en d'autres zones

C'est le pâturage hors forêt. Les portions du terrain de parcours laissées en dehors des limites de la forêt ne présentent parfois que de faible différences d'aspect général avec cette forêt elle même. Il existe d'importantes surfaces où les végétaux ligneux, même de petite taille se trouvent presque éliminés. La population fait pâturer leur troupeau en dehors de la forêt et dans les zones éliminées pendant des périodes bien déterminées surtout en été où les troupeaux pâturent dans les jachères.

IV. ETUDE DES POTENTIALITES PASTORALES

4.1. INTRODUCTION

Le parcours en forêt revêt une très grande importance vu son effet sur les potentialités pastorales et sylvicoles. Actuellement, presque toutes les forêts tunisiennes sont en état de surpâturage qui met en danger toute régénération naturelle ou artificielle. Cependant, l'importance de la contribution forestière dans le bilan fourrager nous invite à entreprendre des mesures spécifiques pour sauvegarder la composante pastorale sans pour autant sacrifier la production ligneuse ou/et subéricole.

L'impact du cheptel s'accentue du fait de la recrudescence des effectifs dû à la non application des textes réglementant le pâturage en forêt ce qui occasionne par conséquent la dégradation des potentialités pastorales. La IVème série des forêts de Mekna qui constitue la zone de notre étude en est un cas où la a dégradation est poussée.

4.2. METHODOLOGIE DE TRAVAIL

4.2.1. Matériels et méthode

4.2.1.1. Matériels

La composition floristique d'un parcours varie d'un endroit à l'autre, d'une année à l'autre. Les groupements floristiques des parcours ne sont pas statiques. L'analyse floristique permet de caractériser l'association phyto-sociologique constituant un parcours, d'en apprécier la qualité et le rendement à une époque donnée et d'en suivre les variations au cours du temps. La végétation dans la zone d'étude est composée de trois strates : strate arborée, strate arbustive (maquis) et la strate herbacée. La composition floristique de ces trois strates est en état de dégradation sous l'effet de l'action anthropique. Il s'agit de mettre au point des méthodes valables pour évaluer à partir de quelques paramètres d'étude (biomasse consommable ; biomasse totale ; fréquence d'espèce...), la valeur pastorale et l'importance de la forêt dans l'alimentation du cheptel.

Toute la série est presque recouverte par une végétation qui diffère selon les formations et leur superficie :

Chêne Liège : 943.75 ha

Maquis : 178.11 ha

Clairière forestière : 182.64 ha

Pin pignon : 112 ha

Mélange chêne liège + chêne zeen : 137.5 ha

Plantation de Pin maritime : 202.5 ha

Plantation d'Eucalyptus : 4 ha

Plantation de Pin radiata : 3 ha

Clairière cultivées : 492.5 ha

4.2.1.2. Méthode d'étude

4.2.1.2.1. Cartographie

L'appréciation de la biomasse de la formation végétale à décrire sera obtenue par addition de taux de recouvrement des différentes strates qui diffère d'un milieu à un autre vu l'hétérogénéité des formations végétales à travers les différents endroits de la zone d'étude et pour évaluer cette biomasse qui sera un paramètre de calcul pour la détermination du nombre de placettes nécessaires à effectuer dans la IVème série de Mekna. Il convient en premier lieu de procéder à une analyse physionomique par cartographie de la végétation et c'est ce qu'on a déjà réalisé lors des plusieurs prospections de terrain qui nous ont permis d'actualiser l'occupation des sols et de distinguer par la méthode des relevés des différents grands milieux.

Avant de matérialiser les placettes échantillons et après des visites sur le terrain, on a pu cartographier les différentes composantes de la zone de point de vue végétation et établir enfin une carte actualisée de peuplements sur laquelle on a défini un réseau maillé parallèlement à une direction de progression choisie. L'écartement entre les lignes du réseau maillé et le centre de placette sur les mêmes lignes sont fonction de l'écartement de la surface inventoriée.

4.2.1.2.2. Détermination des placettes

La végétation forestière destinée au parcours est par nature hétérogène, c'est-à-dire que la production de la biomasse n'est pas la même en plusieurs endroits du parcours. La zone est alors divisée en type de strates végétales dont chacune comportera plusieurs placettes. A ce propos, on cherche alors à déterminer leur emplacement par échantillonnage. Pour éviter l'échantillonnage au hasard et en vue de connaître le nombre de placettes nécessaires pour l'étude d'évaluation de la biomasse à partir de la végétation à l'échelle de la zone d'étude, nous avons opté à l'échantillonnage systématique. Pour cela et par un échantillonnage préliminaire on a choisi les deux plus long transects tracés en coupant la série en ses deux diagonales selon une direction bien déterminée.

Cette méthode a l'avantage de suivre tout au long de ses deux transects (deux diagonales) les variations des différents facteurs écologiques. Il est à noter que le nombre de placettes au niveau de chaque type de peuplement doit être proportionnel à sa superficie.

A la lumière de la superficie de chaque strate végétale et pour q'un groupement puisse être décrit correctement nous disposons de N placettes nécessaire pour déterminer les périmètres à étudier selon une erreur à craindre (E) jugée acceptable au seuil de signification 10%.

4.2.1.2.3. Méthode d'étude dans chaque strate

a. Strate arborée (Chêne liège)

Pour la strate arborée, on s'intéresse particulièrement à la production des glands du chêne liège qui est l'espèce dominante, on procède donc à la matérialisation des placettes sur le terrain. Ainsi, la détermination d'un premier point en se basant sur un repère commun sur carte et sur terrain est indispensable. On utilise en ce sens une boussole pour progresser toujours selon la direction choisie. Pour mesurer la distance fixée entre les placettes, on commence à partir du centre de chaque placette pour arriver à ce qui suit, le centre de chaque placette est indiqué par un piquet. Après l'installation des placette sur le terrain, on procède à la détermination du nombre de pieds de chêne liège par placette sur le terrain (densité), puis on cherche l'arbre moyen par placette (Xi) pour pouvoir déterminer le nombre de kgs de glands qui sera extrapolé à la placette et à l'hectare et enfin à toute la superficie totale du chêne liège.

Le procédé que nous avons adopté pour la détermination de la production en glands est intégralement basé sur l'échantillonnage systématique.

Les raisons d'un tel choix sont les suivantes :

- Le chêne liège se comporte comme un arbre fruitier qui produit peu de fruits lorsque la glandée de l'année précédente est importante.

- On admet que la production en glands obéit à un cycle alternant entre une bonne et de mauvaises glandées dont la période se situerait entre 3 et 4 ans. (ElAfsa, 1978)

- Dans une même station, nous avons constaté que la glandée varie d'un arbre à un autre en fonction du diamètre des arbres, de leur surface foliaire, de leur exposition et enfin de leur état sanitaire (surtout attaque de Lymantria dispar ) .

- Nous avons également constaté des variations dans la production d'une station à une autre et sur une échelle plus grande d'un milieu phytoécologique à un autre.

- Enfin, la période de maturation des glands variant d'un arbre à un autre, d'un massif à un autre varie vraisemblablement en fonction de la température et de l'humidité. Il est difficile sinon impossible de déterminer le meilleur moment de la récolte car celle-ci doit s'effectuer avant que ne commence la chute des fruits.

En effet, les glands qui tombent après maturation, sont difficiles à récupérer en raison soit à cause de l'existence d'un maquis dense et impénétrable, soit de leur ramassage par les usagers, soit enfin, de leur consommation rapide par le bétail, les sangliers ou les deux à la fois.

b. Strate arbustive 

Pour le maquis on utilise la même méthode et la même démarche que celle décrite précédemment au niveau de la formation forestière mais on s'intéresse ici et plus précisément à la détermination de la biomasse aérienne et la fréquence des espèces arbustives palatables.

Pour la matérialisation des placettes sur terrain, on utilise souvent des placettes (carré) de 25 m² de surface

b. 1. Dénombrement :

Le dénombrement des espèces dans chaque unité de végétation peut être réalisé comme suit :

- Nous effectuons un relevé systématique dans chaque unité de végétation de manière à obtenir au moins N enregistrements pour chaque unité, il est évident que plus il y a de relevés, plus la végétation est évaluée correctement.

- Au sein de chaque placette délimitée, le nombre de pieds présents est rapporté sur une fiche qui comporte la liste des espèces existantes dans le maquis.

- La somme des pieds dénombrés pour chaque espèce est ensuite calculée, la fréquence des espèces (en %) est déterminée en divisant la somme des pieds de chaque espèce par la somme totale des pieds dénombrés et en multipliant le résultat par 100.

Le nombre de pied de chaque espèce exprimé par hectare et ensuite calculé en divisant le nombre total de pieds de l'espèce recensée par la superficie totale échantillonnée (exprimée en m²) et en multipliant le résultat par 10000 (1 ha).

b.2. Calcul de la biomasse :

Sur une placette de 25 m² on coupe la biomasse des espèces contenues dans ce relevé puis on effectue un pesage pour la biomasse consommable et la biomasse totale ce qui donne la biomasse verte (parfois improprement appelée « Poids vert »). La biomasse consommable est ensuite séchée à l'étuve à 80 °C jusqu'à obtenir une biomasse constante, généralement obtenue au bout de 24 h, puis pesée, ce qui donne enfin la biomasse sèche ( parfois improprement appelée « Poids sec»).

c. Strate herbacée

Après l'échantillonnage et pour la détermination de la biomasse on se réfère à ces deux méthodes :

c. 1. Evaluation de la composition botanique

La méthode des points quadrats alignés de Daget et Poisonnet (1971) qui permet l'étude de la composition botanique et de définir la fréquence spécifique (FSi) qui est le nombre de points où l'espèce a été recensée) et la contribution spécifique des espèces ((CSi) qui représente la participation relative de chaque espèce dans le peuplement).

Csi= Fsi x 100 / Ó FSi

Cette méthode permet également d'évaluer le recouvrement de la végétation herbacée, de déterminer la valeur pastorale des herbages et de faire l'analyse structurale du peuplement graminoïde. Elle se prête aussi à l'analyse statistique.

Pour son application, elle consiste à recenser les présences des espèces à la verticale de points disposés régulièrement le long d'une cordelette graduée tendue au dessus du tapis herbacé à l'aide de deux (2) piquets. La longueur totale de la corde est de 20 m. Chaque ligne comporte 100 points de lecture distants de 20 cm. Une tige métallique ou une tige de graminée pérenne matérialise la ligne de visée jusqu'au sol. Elle est déplacée verticalement le long de la cordelette graduée.

A chaque point, on note toutes les espèces qui sont en contact avec la ligne de visée. Chaque espèce n'est recensée qu'une fois par point de lecture. Concrètement sur le terrain, la méthode nécessite au moins deux personnes. L'observateur vise perpendiculairement à la surface du sol en s'aidant de la tige. (voir schéma1)

Schéma 1

Il annonce toutes les espèces qui sont en contact avec la tige à la seconde personne qui les note sur le formulaire de relevé. L'observateur prend soin d'écarter les espèces au fur et à mesure pour observer les espèces sous-jacentes qui peuvent être en contact avec la tige (Jean-Pierre S., 1997)

Dans notre cas le terrain est dégagé, les placettes sont choisies et ayant une superficie de 400m² chacune d'où la facilité de la matérialisation des points quadrats.

Pour chaque placette de 400 m²nous avons effectués quatre relevés.

c. 2. Evaluation de la biomasse primaire herbacée

- Principe

Evaluer la quantité de matière sèche végétale aérienne produite par unité de surface.

- Méthode

Cette évaluation concerne la biomasse végétale herbacée, plus précisément la fraction aérienne (les racines ne sont pas concernées) activement recherchée et appétée par le bétail.

L'évaluation de la biomasse potentielle herbacée a été faite par la méthode de la récolte intégrale de placeaux d'un mètre carré et la précision recherchée sera de 10%.

Les parcelles où on effectue les coupes avaient un couvert herbacé hétérogène. Elles ont été choisies à des endroits de sites échantillonnés où le couvert est abondant.

Pour chaque placette on a matérialisé cinq placeaux de 1m² de façon à avoir plus de données sur la strate herbacée et ses composantes floristiques.

On fait ensuite la séparation entre les espèces palatables et non palatables, le pesage de la matière verte et l'étuvage dans le but de déterminer la production fourragère sèche.

4.3. RESULTATS ET DISCUSSION

4.3.1. Strate arborée

Pour la strate arborée, le nombre de placettes déterminé est de l'ordre de 30 avec une superficie de 400 m 2 pour chacune. La distance séparant les deux placettes successives en partant de chaque centre respectif des placettes est de 1312,50 m.

4.3.1.1. Résultat

Après avoir parcouru les placettes matérialisées sur terrain on a pu déterminer une densité moyenne de 11 pieds de chêne liège par placette ce qui donne donc une densité à l'hectare de l'ordre de 284 pieds.

Il faut remarquer qu'il s'agit d'une bonne glandée spécifique pour cette année ce qui implique donc une importante production de glands par arbre et qui a pu atteindre en moyenne 46,04 Kg de glands, soit 13075,36 Kg/ ha. L'estimation du poids sec des glands a été faite après un étuvage durant 72 h à une température de 80 °C.

On estime qu'un kilogramme de glands frais donne environ 0.39 kg de M.S.

La valeur énergétique des glands a été calculée selon les équations proposées par l'INRA. Les calculs effectués pour établir les valeurs en énergie nette a été réalisés en prenant un niveau d'alimentation de 1.3 et niveau de production de 1.2.

Les glands ont une excellente teneur en énergie nette qui peut être estimée à 0.9 UF/ Kg de matière sèche. (Kayouli, 2001)

Ces données montrent donc l'importance de la production des glands dans l'alimentation du cheptel pâturant en forêt.

Après un calcul statistique on a trouvé que :

La moyenne (X) = ? ni * xi / N

N = Nombre d'arbre moyen dans toutes les placettes = 30 arbres

Xi = Production de l'arbre moyen par placette

ni = nombre d'arbre moyen par placette

? ni * xi = 1381.2

- X = 1381.2 / 30 = 46.04

L'écart type (ä) = racine carrée de la somme des (xi - X) ² divisé par N

ä = 10.18.

- L'écart type de la moyenne (äm) = ä / ? N = 10.18 / ? 30

äm = 1.85

-T de Student = 2.042 (Table de Student)

- Précision absolue = äm * T = 3.77

Cette précision nous permet de déduire que la production de glands par arbre moyen est de l'ordre de 46.04 #177; 3.77 de Kg de glands frais, soit 13075.36 #177; 1070.68 Kg / ha

Exprimés en poids sec, ces rendements correspondent à environ 17.95 #177; 1.47 Kg de M.S par arbre et 5097.8 #177; 417.56 Kg de M.S / ha/an

Si on exprime la production d'éléments nutritifs des glands en fonction de la densité et de la productivité des chênes-lièges, on peut estimer qu'un hectare de forêt peut produire 4588.02 #177; 375.80 UF/ha/an.

Ainsi, la production fourragère des glands de chêne-liège dans toute la série peut être évaluée à 4329943.87 #177; 354661.25 UF/an

En effet, on estime qu'environ 40 % seulement de la production des glands est consommée par les animaux domestiques.

Le reste peut être :

- Utilisé par les animaux sauvages essentiellement le sanglier

- Ramassé par l'administration forestière pour l'ensemencement dans les pépinières.

- Utilisé pour régénérer la subéraie par voie de régénération naturelle par semis.

On peut confirmer qu'il s'agissait d'une bonne glandée partout où le chêne liège pousse ce qui nous a mené à estimer la quantité d'UF produite par les glands dans les peuplements de chêne liège de la IVème série de Mekna à 1731977.55 UF /an.

Le tableau et le graphique suivants résument la production en UF fournie par les glands da la VIème série de Mekna :

Tableau n°18 : Production en U F des glands de chêne liège dans la IVème série de Mekna

N° de placette

Nombre d'arbre par Placette

Diamètre moyen de l'arbre

Production en Kg de glands par arbre moyen

Production en Kg de glands par placette

Matière sèche en Kg de glands par placette

U.F / Kg de M.S par placette

1

11

35

53

583

227.37

204.633

2

10

40

59

590

230.1

207.09

3

11

30

42

462

180.18

162.162

4

12

35

49.5

594

231.66

208.494

5

13

25

32.4

421.2

164.268

147.8412

6

9

35

48

432

168.48

151.632

7

14

25

29.7

415.8

162.162

145.9458

8

11

30

40.8

448.8

175.032

157.5288

9

10

30

42.2

422

164.58

148.122

10

10

40

53.1

531

207.09

186.381

11

13

35

53.6

696.8

271.752

244.5768

12

11

35

50.2

552.2

215.358

193.8222

13

11

25

31.3

344.3

134.277

120.8493

14

12

30

37.3

447.6

174.564

157.1076

15

10

30

43.2

432

168.48

151.632

16

13

25

27.4

356.2

138.918

125.0262

17

11

35

47

517

201.63

181.467

18

12

30

45.4

544.8

212.472

191.2248

19

13

30

57.7

750.1

292.539

263.2851

20

11

30

55.9

614.9

239.811

215.8299

21

12

35

56.7

680.4

265.356

238.8204

22

9

40

67.1

603.9

235.521

211.9689

23

12

35

48.2

578.4

225.576

203.0184

24

14

25

30.6

428.4

167.076

150.3684

25

13

30

43.4

564.2

220.038

198.0342

26

12

35

47.9

574.8

224.172

201.7548

27

10

30

44

440

171.6

154.44

28

11

25

31.8

349.8

136.422

122.7798

29

10

40

59.7

597

232.83

209.547

30

10

30

53.1

531

207.09

186.381

Total

341

* * *

1381.2

15503.6

6046.4

5441.76

Moyenne

11

30

46.04

516.7867

201.54667

181.392

Graphique n° 8 : Production de glands par arbre moyen et par placette

4.3.1.2. Interprétation des résultats

La végétation naturelle du chêne liège est constamment perturbée par de nombreuses interventions humaines (surpâturage, incendie, défrichement, mise en défens) auxquelles elle réagit très fortement. Cette année on est dans le cas d'une bonne glandées, les observations faites sur la production de glands montrent que les arbres isolés, ensoleillées, avec la cime bien développée, de diamètre 30 à 40 cm sont les meilleurs producteurs de glands. D'après les résultats obtenus on peut citer quelques chiffres à titre d'indication en prenant par considération la même densité par placette soit :

- Production d'arbre de diamètre 25 cm : 31.3 Kg de glands

- Production d'arbre de diamètre 30 cm : 42 Kg de glands

- Production d'arbre de diamètre 35 cm : 53 Kg de glands

- Production d'arbre de diamètre 40 cm : 59 Kg de glands

La forêt de chênes lièges peut produire tous les deux ans de grandes quantités de glands qui peuvent être valorisées en production animale. Ces fruits, récoltés lorsqu'ils ont atteint leur pleine maturité, peuvent être conservés par ensilage représentent un potentiel pastoral important. En effet, la production fourragère d'un hectare de forêt de chêne liège de la IVème série de Mekna est de l'ordre de 1835 UF /ha/an. En effet, la valeur réelle de cette production est nettement supérieure car en plus de cette production, la forêt a d'autres rôles tels que :

- La conservation et la protection des sols contre l'érosion hydrique et éolienne.

- La protection des infrastructures contre la sédimentation et l'ensablement.

4.3.1.3. Conclusion

Il n'est pas utile de redire que la vaine pâture, nécessitant une extension de parcours, est particulièrement néfaste aux jeunes semis de chêne-liège et par conséquent au rajeunissement et au maintien des subéraies. Mais nous n'avons pas l'intention d'aborder cet aspect de l'impact humain.

Toute fois, il est utile de préciser que le pâturage en forêt, au lieu de constituer au Nord ouest de la Tunisie humide un simple appoint aux parcours en zones agricoles ne devant être utilisé que lors des années de disette, est considéré comme la source principale de subsistance des troupeaux des usagers. La politique générale du développement rural veut qu'il en soit ainsi et considère que dans l'immédiat, Il faut utiliser toutes les ressources pour augmenter les revenus des plus pauvres habitants des régions rurales. Cette conception du développement serait tout à fait justifiée, si l'avenir à long et moyen terme de la zone n'était pas mis en cause. Or, dans le cas du pâturage en forêt, l'avenir est compromis puisque les usagers, sachant qu'ils sont encouragés dans leur rôle de pasteurs, ne cessent d'accroître inconsidérablement leur cheptel notamment en caprins, au dépens des formations forestières.

4.3.2. Strate arbustive

4.3.2.1. Introduction

Le maquis est d'une importance capitale dans l'alimentation du cheptel dans la région du Nord ouest. Ainsi les arbustes qui sont une source commode et économique de fourrage, peuvent compenser les déficits pendant les périodes difficiles, ils peuvent aussi limiter des dégâts engendrés par les catastrophes naturelles et permettant également de développer l'élevage et de créer des conditions de pâturage plus favorables.

La présence des arbustes dans un milieu agro-pastoral, joue un rôle important dans le maintien des performances animales et dans la contribution dans la ration des animaux, surtout les caprins qui ont une tendance à préférer les ligneux.

4.3.2.2. Importance des espèces de maquis et leurs productions fourragères

4.3.2.2.1. Importance des espèces de maquis

Pour la strate arbustive on a pu déterminer le nombre de placettes qui est égale à 21 avec une superficie de 25 m 2 pour chacune. La distance séparant les deux placettes successives en partant de chaque centre respectif des placettes est de 1435.47 m.

Le recouvrement des espèces de maquis varie selon l'espèce, il est indiqué par le tableau et le graphique suivant suivants :

Tableau n°19 : Dénombrement des espèces de maquis par placette

Espèces

N° de Placettes

Somme

Fréquence en %

Nbre de pieds /ha

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

Arbutuss unedo

3

2

 

1

1

2

 

3

1

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

17

3.9

324

calycotome villosa

 

1

 

2

 

1

2

1

 

3

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

12

2.75

266

Citus salviifolius

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 
 

3

 
 
 

6

1.38

114

Daphne gniduim

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

0.46

38

Erica arborea

6

9

4

8

8

7

10

9

8

3

13

3

 

4

5

6

9

7

5

8

6

138

31.7

2628

Erica scoparea

 
 

4

7

4

5

 

5

7

7

2

9

9

8

12

7

 

2

2

 
 

88

20.2

1676

Genista tricuspidata

 

4

 
 
 
 
 
 
 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

1.15

95

Halimuim halimifolium

 

4

 
 
 
 
 
 
 

3

 

3

3

 

3

2

5

 
 
 
 

23

5.28

438

Lavandula stoechas

 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4

 
 
 
 

6

1.38

114

Myrtus communus

7

1

3

3

 
 

2

2

3

 
 
 

2

2

 
 
 

1

 
 
 

26

5.96

495

Pistacia lentiscus

 
 

5

2

3

4

2

 
 

2

2

2

2

2

1

3

1

2

4

3

1

41

9.4

781

Phillyrea latifolia

2

3

 
 

3

 

8

 

2

3

 
 
 
 
 
 
 
 

5

 

4

30

6.88

571

Phillyrea angustifolia

 
 

4

3

 
 
 

2

 
 
 

2

 
 
 
 

2

2

 

4

 

19

4.36

362

Rubus ulmifolius

2

3

 

2

 

1

 
 

2

 

2

 
 
 
 

2

1

 

3

 
 

18

4.13

342

Smilax aspera

1

 

1

 
 
 

1

1

 
 

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

1.15

95

Totaux

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

436

100

8339

Graphique n°9 : Recouvrement des espèces de maquis

v Signification des abréviations

EA : Erica arbore ; ES : Erica scoparea ; AU: Arbitus unedo ; MC : Myrtus communus ; PL : Pistacia lentiscus ; HH : Halimuim halimofilium ; PhL : Phillyrea latifolia ; PhA : Phillyrea angustifolia ; CS : Cistus salviifolius ; GT : Genista tricuspidata ; LS : Lavandula stoechas ; DG : Daphnie gnidium ; Cv : Calycotome villosa ; SA : Smilax aspera ; RU : Rubus ulmifolius

4.3.2.2.2. Interprétation des résultats

Le dénombrement des espèces composant le maquis a démontré ce qui suit :

- L'Erica arborea est présent dans toutes les placettes étudiées et domine presque toutes les autres espèces de maquis.

- L'Erica scoparia suit en second lieu la dominance de l'Erica arborea.

Ces deux espèces apparaissent en parfaite dominance puisqu'elles font partie de l'association du chêne- liège et bien favorisées par le type de sol gréseux et acide.

- Le Phillyrea media est aussi présent dans toutes les placettes étant donné qu'il fait partie de l'association du chêne-liège.

Quand le couvert sera faible et il y a présence d'argile, le Pistacia lentiscus domine le lieu.

Là où il y a peu d'humidité et parfois en compagnie avec le chêne-zeen le Myrtus communis domine le lieu par rapport aux autres espèces de maquis.

- L'Arbutus unedo est aussi présent presque dans toutes les placettes mais moins dominant car il est l'espèce palatale par excellence surtout par les caprins et peut être aussi utilisé dans l'artisanat.

Les autres espèces mentionnées dans les graphiques et qui font partie du cortège floristique sont totalement dominées par les autres déjà mentionnées. Ces espèces ne sont pas négligeables puisqu'elles contribuent aussi dans l'alimentation du cheptel pâturant en forêt

4.3.2.2.3. Production fourragère du maquis

Après avoir parcouru les placettes matérialisées sur terrain on a pu déterminer une densité moyenne de 21 pieds de différentes espèces de maquis par placette ce qui donne donc une densité à l'hectare de l'ordre de 8339 pieds de maquis. Si on exprime la production d'éléments nutritifs de maquis en fonction de la densité et de la productivité des espèces, on peut estimer qu'un hectare de maquis peut produire 248.27 UF/ha/an (tableau n° 20)

D'après le tableau qui va suivre la production fourragère de la formation arbustive dans toute la série est estimée à 391735.30 UF/an.

Il faut indiquer que toutes les espèces ne sont pas appétées de la même manière par tous les animaux, de même la consommation par les animaux varie en fonction de la période de l'année qui agit sur le développement de l'espèce ainsi que sur sa constitution chimique.

Le tableau suivant donne le résultat de la production fourragère du maquis :

Tableau n°20 : Production fourragère de maquis

Espèces

Biomasse totale

Biomasse consommable

Matière sèche

UF par ha

Dans toute les placettes

Moyenne

Dans toute les placettes

Moyenne

Dans toute les placettes

Moyenne

Arbitus unedo

28

1.64

3.2

0.18

1.42

0.08

15.03

calycotome villosa

4.6

0.38

1.3

0.1

0.5

0.029

6.31

Citus salviifolius

1.2

0.2

0

0

0

0.42

0

Daphne gniduim

0.35

0.17

0

0

0

0

0

Erica arborea

152.15

1.1

34.6

0.25

16.19

0.11

89.61

Erica scoparea

78.05

0.88

0

0

0

0

0

Genista tricuspidata

1.5

0.34

0.4

0.08

0.13

0.02

1.1

Halimuim halimifolium

14.25

0.61

0

0

0

0

0

Lavandula stoechas

0.9

0.15

0

0

0

0

0

Myrtus communus

40.3

1.55

7.5

0.28

3.57

0.13

30.88

Pistacia lentiscus

132.39

3.22

21.29

0.51

10.12

0.24

61.85

Phillyrea latifolia

32.7

1.09

4.8

0.16

2.27

0.07

22.38

Phillyrea angustifolia

17.1

0.9

2.8

0.14

1.34

0.07

12.92

Rubus ulmifolius

11.3

0.62

2.1

0.11

0.8

0.04

7.11

Smilax aspera

1.8

0.1

0.5

0.027

0.12

0.02

1.08

Totaux

516.59

13.21

78.49

1.91

36.46

1.24

248.27

4.3.2.3. Conclusion

Après avoir effectué cette étude dans la IVème série de Mekna, on peut dégager des résultats obtenus les points suivants :

· Le maquis de cette région peut constituer une source alimentaire très importante pour le cheptel animal vu la diversité des espèces végétales et leur existence, pratiquement, pendant toute l'année.

· La productivité de ce maquis peut être appréciable à condition de savoir utiliser cette ressource alimentaire pour éviter sa dégradation et pour permettre aux différentes espèces végétales de reconstituer leurs masses végétatives.

En effet, le comportement alimentaire des animaux (surpâturage) montre une direction vers les espèces les plus abondantes vues que les autres espèces sont dégradées ou sont rares sans avoir la qualité de l'aliment. En fin on peut dire que les ressources fourragères de maquis occupent une place très importante dans l'alimentation du cheptel des paysans, d'où les travaux de recherche concernant le maquis doivent continuer dans d'autre région.

4.3.3. Strate herbacée

4.3.3.1. Introduction

L'herbe, comme on appelle souvent l'ensemble des plantes basses qui constituent le couvert des étendues pâturées,doit ses aptitudes,pastorales à la possibilité d'assurer, au cours des années, une végétation garantissant, en partie ou en totalité, suivant la saison, l'alimentation des troupeaux.

La plante fourragère doit donc posséder un certain nombre de caractères en rapport avec l'utilisation ; en particulier, elle doit avoir une bonne valeur alimentaire et une adaptation au milieu et à la pâture qui assure sa pérennité. Cette pérennité et l'importance de la production dépendent aussi, dans une grande mesure, d'une exploitation contrôlée.

4.3.3.2. Production et recouvrement des espèces fourragères rencontrées dans les pelouses

4.3.3.2.1. Recouvrement

Après, la matérialisation des placettes sur le terrain nous avons effectués trois relevés par placette à l'aide de la méthode des points quadrats. Nous avons obtenus les résultats suivants :

- Sol nu : 31.63 %

- Graminées : 30.07 %

- Diverses : 23.53 %

- Légumineuses : 14.77 %

Il découle de ces résultats qu'il y a une grande proportion de sol nu indiquant un milieu dégradé, une proportion non négligeable de graminées, peu de plantes diverses et de légumineuses rencontrées surtout dans les clairières au bout des formations forestières à base des pinacées. Il nous est permis donc de déduire qu'il s'agit d'un parcours dégradé car la proportion du sol nu (31,63%) est importante. Une telle pelouse nécessite une attention particulière quant à son exploitation et surtout à la charge animale à accepter, qui doit être en mesure de garantir sa régénération voire sa pérennité.

Le recouvrement des espèces herbacées est présenté par le tableau et le graphique suivants :

Tableau n°21 : Recouvrement des espèces herbacées

Fréquence en %

N° de placette

Légumineuses

Graminées

Diverses

Sol nu

1

5

24.66

17.67

52.67

2

20.66

31.34

26.33

21.67

3

12

41

19.66

27.34

4

18

32.33

23.33

26.34

5

15

33.33

12.33

39.34

6

12

16

36

36

7

16.66

29

32.24

22

8

12

27

19.34

41.66

9

25

20

24.34

30.66

10

12.67

35

26

26.33

11

19.67

34

19.67

26.66

12

16.66

33.34

21.33

28.67

13

8.33

36.34

19.67

35.66

14

15.33

22.33

30

32.34

15

12.66

35.34

25

27

Moyenne

14.77

30.07

23.53

31.63

Graphique N°10 : Recouvrement des espèces herbacées dans les pelouses

4.3.3.2.2. Production en UF des pelouses étudiées

Pour estimer la production fourragère des parcours forestiers et après avoir matérialisé les placettes sur terrain, les résultats obtenus sont donnés dans le tableau qui suit :

Tableau n°22 : Etude de la production fourragère de la strate herbacée (pelouse)

N\u176 de placette

Biomasse verte en kg

M. S en kg

UF par kg de M.S

1

0.0893

0.01806

0.011609

2

0.11348

0.02425

0.0147524

3

0.07363

0.01883

0.0095719

4

0.09429

0.02377

0.0122577

5

0.07925

0.01818

0.0103025

6

0.08862

0.01854

0.0115206

7

0.1198

0.02834

0.015574

8

0.08792

0.02099

0.0114296

9

0.1201

0.03141

0.015613

10

0.08684

0.01696

0.0112892

11

0.10136

0.0248

0.0131768

12

0.09365

0.02095

0.0121745

13

0.08776

0.01954

0.0114088

14

0.10792

0.02683

0.0140296

15

0.08568

0.01643

0.0111384

Moyenne

0.0953

0.0218

0.012389

La biomasse herbacée disponible dans le parcours est estimée par la moyenne des productions cumulées pour la période allant du début novembre à la fin du mois d'avril.

Les productions cumulées par hectare correspondent à la quantité de matière sèche récoltée par fauche sur quinze surfaces échantillons de 1m² chacune.

La valeur nutritive de l'herbe a été déterminée à partir de l'indice de la qualité de pâturage ou valeur pastorale. On se réfère aux études faites dans le Nord de la Tunisie par Le Houerou (1 kg de matière fraîche équivaut à 0,13 UF).

On peut alors, déduire qu'un 1 Kg de matière sèche correspond à 0,57UF, d'où la production fourragère d'un ha de pelouse peut être égale à 120 UF/ha/an. Pour notre zone d'étude, la production fourragère annuelle est estimée à : 21916.8 UF/an.

En plus, de ces prairies naturelles, les éleveurs exploitent plusieurs surfaces agricoles qui peuvent participer par une production fourragère de l'ordre de 400 UF/ha/an. (P.V d'aménagement de la IVème Série de Mekna)

I lest intéressant de noter que le calendrier fourrager de la zone d'étude durant l'année est comme suit :

- septembre. Janvier : maquis + foin + glands

- Février. Juin : parcours herbacé + maquis + glands

- Juillet. Août : chaume + maquis

La production fourragère des surfaces agricoles de la IVème Série de Mekna peut être de l'ordre de 197000 UF/an.

4.3.3.3. Conclusion

Les parcours forestiers de la IVème Série de Mekna constituent un patrimoine pastoral important, dont l'exploitation procure des bénéfices appréciables pour la population rurale qui a subi plusieurs mutations. Ces transformations ont touché notamment le système de production pastorale par une réduction rapide des parcours naturels et une augmentation du nombre des animaux. La valorisation des ressources pastorales doit être intégrée dans une approche prenant en compte les pressions physiques et humaines sur les terres de parcours, d'une part et l'évolution des nouveaux besoins de la population, d'autre part.

Après cette étude menée sur les potentialités fourragère de la IVème Série des forêts de Mekna on a pu déduire que la production fourragère de cette zone peut être évaluée à : 4940595.97 UF /an , considérées comme des unités fourragères offertes gratuitement à la population rurale.

4.4. Besoin du troupeau

Pour la détermination des besoins du cheptel en U F, on peut utiliser des normes qui ont été élaborées par Le Houerou en 1969 et données par le tableau suivant :

Tableau 23 : besoin du cheptel en UF par type d'animal

Nature du cheptel

Nombre de tête par catégorie

Besoin en U F

U F/an et par tête

U F totale

Ovins

1845

400

738000

Bovins

988

1200

1185600

Caprins

2630

350

920500

Total

5463

---------------------

2844100

4.5. Bilan fourrager

· Les besoins du cheptel sont évalués à : 2844100 U F/an

· La production fourragère de toute la série est de : 2343340.11 U F/an

· Le déficit fourrager est de : 500759.89 U F /an (2343340.11 2844100)

La comparaison des besoins du cheptel et des quantités de fourrage disponibles dans la zone d'étude montre un déficit fourrager annuel moyen de 500759.89 UF. Ce déficit est pallié par le pacage en délit dans les ravins et les zones forestières, supposés mis en défens, et rarement par la location de pâturage en dehors des terrains considérés. Ces chiffres soulignent deux faits socio-économiques importants :

- Il s'agit d `éleveurs sans terres ou possédant trop peu de terre.

- La mise en défens couvre des superficies importantes (surtout les zones reboisées).

La répartition des ressources fourragères et des besoins du cheptel montre que le maximum du déficit annuel moyen se situe en automne et en hiver. Ce déficit fourrager pendant cette période critique de l'année provoque de nombreux délits de pacage dans les zones protégées. Compte tenu de la faible production du maquis, les éleveurs distribuent généralement pendant l'automne et l'hiver de la paille et du foin au cheptel.

4.6. Détermination de la charge animale

Pour la notion de charge, on parle de la charge d'équilibre ainsi que de la charge réelle qui est déterminée par le coefficient d'une unité de gros bétail (UGB).

· La charge réelle 

· C'est la charge effective actuellement imposée au parcours ou le rapport pondéré du nombre d'animaux à la surface du parcours. Elle est presque toujours excessive et conduit à la dégradation pastorale et à la désertification.

On a :

- 1 bovin représente1UGB

- 3 ovins représentent 1UGB

- 4 caprins représentent 1UGB

La charge réelle (Cr ) = besoin total du cheptel en UF divisé par Besoins en U F d'un gros bétail

- Besoin total du cheptel en UF = 2844100 U F

- Besoins en U F d'un gros bétail = 1200 UF /an

Cr = 2844100 / 1200 =2370 UGB

· La charge d'équilibre

C'est la charge maximale que peut supporter en moyenne, un pâturage sans que sa flore pastorale ne se dégrade.

La charge d'équilibre (Ce) : c'est la production fourragère totale en U F divisée sur les besoins en U F d'un gros bétail.

La production fourragère totale = 2343340.11 UF/an.

Besoins en U F d'un gros bétail = 1200 UF /an

Ce = 2343340.11 / 1200 = 1952 UGB

On remarque que la charge réelle est supérieure à la charge d'équilibre ce qui indique une surcharge animale sur les terrains des parcours.

4.7. DETERMINATION DU COEFFICIENT DE SURPATURAGE

Le déficit fourrager s'explique en quelque sorte par une surcharge dans les terrains de parcours dont le coefficient est donné par :

· Le coefficient de surpâturage (S) : C'est le rapport de la charge d'équilibre à la charge réelle. Il est exprimé en pour cent de la charge d'équilibre.

La relation peut s'écrire : S = 100(1 - Ce / Cr).

Dans notre cas : Ce = 1952 UGB

Cr = 2370 UGB

S = 100 (1-1952 / 2370)

Ainsi le coefficient de surpâturage (S) = 17.63 % de bêtes en excès.

Il est utile de remarquer que ce coefficient est moins important que ceux présentés par Chabane A. en 1984 et El Hamrouni en 1992 et qui sont respectivement 69% et 77%. Ceci peut être expliqué par le fait qu'une seule série forestière ne peut pas indiquer clairement le surpâturage surtout lorsqu'il s'agit d'une foret de chêne liège à bonne glandée dont elle contribue fortement dans l'alimentation du cheptel qui est à son tour n'est pas trop important.

Le déficit fourrager et le fort coefficient de surpâturage calculés ne peuvent que donner un aperçu sur l'état actuel du parcours au niveau de la IVème Série de Mekna et ils confirment cependant l'intensité de la pression animale sur notre écosystème sylvo-pastoral.

· Le surpâturage c'est l'action qui consiste à prélever sur une végétation donnée une quantité supérieure à la production annuelle.

L'intensité de surpâturage est donc proportionnelle à la différence entre la quantité de matière végétale prélevée et l'accroissement annuel. Lorsque cette différence s'annule, on est à la charge d'équilibre, lorsqu'elle est négative, il y a un sous pâturage.

4.8. CONCLUSION

Les résultats obtenus à la suite de l'étude et l'analyse des données sylvo-pastorales dans les différentes strates végétatives, ainsi que le bilan fourrager actuel et le fort coefficient de surpâturage ne peuvent nous informer que sur une pression du pâturage au quelle est soumise la IVème Série de Mekna, phénomène qui pourra sans doute s'il se continue perturber tout un écosystème, ce qui nous oblige d'avancer des propositions de réhabilitation des potentialités pastorales dégradées. Ces propositions doivent tenir compte du contexte écologique, de la région, des aspirations de la population rurale habitant le milieu forestier. Ainsi, on doit chercher à faire participer cette population dans la prise des décisions surtout quand il s'agit de toucher la seule source de revenu qui est le cheptel. Les propositions doivent considérer entre autre la réalité économique du pays et les stratégies régionales déjà tracées.

V. IMPACT DU PATURAGE ET DEGRADATION DES POTENTIALITES

5.1. IMPACT SUR LES POTENTIALITES PASTORALES

Dans La IVème série de Mekna, comme dans d'autres régions du Nord ouest, les facteurs climatiques précaires, les forces anthropiques, la déstructuration de l'organisation sociale tribale, la privatisation de certaines terres collectives et leur affectation à d'autres usages, ont engendré la dégradation souvent irréversible des écosystèmes pastoraux et la chute de leur productivité.

Ainsi, les espaces pastoraux se trouvent rétrécis face à l'accroissement continu des effectifs des petits ruminants engendrant un grand déséquilibre entre besoins et disponibilités fourragères. En effet, les parcours qui contribuaient pour 65 -80 % des besoins du cheptel jusqu'aux années 60, ne contribuent actuellement que pour 15-25 % selon que l'année est sèche ou normale. Les phénomènes d'ensablement et de désertification se sont accentués et sont devenus une menace aux attributs vitaux des écosystèmes.

L'impact du pâturage sur les potentialités pastorales est accordé à une exploitation défectueuse et un surpâturage chronique conduit à la dégradation des ressources sylvo-pastorales.

5.1.1. Surcharge de pâturage

Une exploitation insuffisante favorise le développement d'une flore arbustive plus ou moins inalibile, mais de façon générale la dégradation des pâturages est due plutôt à leur surexploitation. Lorsque la charge animale est excessive (surpâturage), la quantité de matière végétale prélevée chaque année devient supérieure à la quantité de matière consommable produite prise sur le capital végétal.

Les plantes n'ayant pas la possibilité de reconstituer leurs réserves disparaissent : il y'a réduction de la couverture végétale. Cela commence par la disparition des plantes vivaces.

A long terme, le surpâturage provoque la dégradation de la pâture mais même à court terme, un pâturage excessif diminue la production en réduisant la repousse.

5.1.2. Causes de surpâturage

Le surpâturage a pour origine :

- Des techniques d'exploitation pastorale défectueuses.

- Une réduction progressive des zones de pâturage et de leur production sans compensation par de nouvelles productions fourragères.

- Un accroissement du nombre d'animaux pour essayer de satisfaire les besoins résultant de la pression démographique.

5.1.2.1. Mauvaise exploitation des parcours

L'exploitation est tout à fait irrationnelle : pas de rotations, une surcharge permanente d'animaux, une utilisation précoce de la pâture au printemps alors que l'herbe vient à peine de démarrer et qu'elle n'a pas reconstitué ses réserves racinaires, une utilisation tardive en automne parfois sur des sols mouillés où l'animal en tassant le sol détruit la structure et provoque un ruissellement accru des eaux.

Les conséquences sont importantes car, outre une diminution de la quantité de l'herbe produite, il est nécessaire d'avoir des surfaces plus étendues pour assurer la même production.

5.1.2.2. Réduction progressive des zones pâturables

La disparition progressive des zones du pâturage et de leur potentiel de production n'est pas compensée par des apports nouveaux, l'extension des cultures fourragères est faible et les remèdes proposés pour augmenter les ressources en fourrages ne sont pas toujours adéquats.

Ainsi, les mises en défens de longue durée, telles qu'elles sont parfois réalisées, mettant hors exploitation d'importantes surfaces en vue d'une régénération problématique, diminuent à court terme les surfaces pâturables et contribuent à surcharger, donc à dégrader les zones environnantes restées utilisables ; le remède risque d'aggraver le mal du fait de la dégradation du sol provoquée par le bétail.

Le piétinement du bétail, s'il prend des proportions excessives, rend le terrain compact, empêche la circulation de l'air et de l'eau nécessaire à la vie organique du sol, aux échanges chimiques et au développement des racines des plantes. Les végétaux herbacés disparaissent progressivement, et le terrain dénudé est alors soumis à l'action des agents de l'érosion, vent et précipitation atmosphériques. Leurs racines mises à nu sont fréquemment blessées par le pied du bétail et la pourriture s'introduit dans le bois. Ce fait est accordé à une forte destruction du couvert végétal d'où la réduction immédiate des zones pâturables.

5.1.2.3. Augmentation du nombre d'animaux (surcharge)

Malgré les diminutions des surfaces pâturables, le nombre d'animaux augmente à cause du prestige des éleveurs en fonction du nombre de bêtes qu'ils possèdent. Cette augmentation engendre une surcharge à la surface pâturable menée d'une réduction continue, cause du pâturage extensif.

5.2. IMPACT SUR LES POTENTIALITES FORESTIERES

Les dangers provoqués à la forêt à cause du pâturage sont considérés à un certain nombre de facteurs :

· La nature du bétail introduit.

· Le nombre de têtes de bétail à introduire.

· La répartition du bétail à l'intérieur de la forêt.

· La façon d'utiliser les ressources fourragères de la forêt.

5.2.1. Nature du bétail introduit

Bien que tous les animaux qui font partie du bétail domestique broutent accidentellement, surtout lorsqu'ils y sont obligés par l'absence d'autre fourrage certaines parties des arbustes ou des jeunes arbres, ces animaux peuvent se classer en deux catégories :

- La première catégorie renferme ceux qui broutant à la fois des végétaux herbacées et ligneux ont une préférence, souvent très marquée. Ce sont essentiellement la chèvre et les animaux de la même famille. Le danger pour la forêt de cette première catégorie de bétail domestique est donc qu'il détruit les jeunes semis des arbres forestiers et aussi les jeunes arbres qui dans leurs premières années ont pu échappé à sa dent, de sorte que la forêt se trouve dans l'impossibilité de se régénérer, naturellement et même artificiellement et que les peuplements deviennent ainsi de plus en plus clairs et composés d'arbres rabougris. C'est pourquoi en Tunisie au temps passé, la chèvre est strictement exclue de la forêt.

- La seconde catégorie de bétail comprend tout ce qu'on est convenu d'appeler le gros bétail (bovin local). Ce bétail a des habitudes fourragères beaucoup plus sélectives et en général préfère les végétaux herbacés aux végétaux ligneux. Il est donc moins dangereux pour la conservation des peuplements forestiers.

Certains animaux domestiques ne peuvent être classés ni dans l'une ni dans l'autre de ces deux catégories de bétail. Le mouton a des habitudes fourragères sensiblement plus sélectives que les bovins, mais ses préférences se portent aussi bien sur certains végétaux ligneux que sur certaines plantes herbacées. Ce caractère peut être mis à profit pour l'élimination de certains arbustes.

En général, le mouton est considéré comme plus dangereux que les bovins pour la conservation des peuplements forestiers.

5.2.2. Nombre de tête de bétail à introduire (charge)

Les forêts ont vu successivement une augmentation progressive de la population animale, vivant sur les arbustes et les jeunes semis, puis une surpopulation, utilisant des arbustes de moins en moins appréciés. Les divers types de forêts affectées par ce pâturage intensif ont subi et subissent encore des modifications de leurs compositions.

On observe sur les forêts pâturées une végétation présentement existant sur un terrain de parcours déterminé, bien souvent n'est plus celui qui correspond à ces potentialités normales.

5.2.3. La répartition du bétail à l'intérieur de la forêt

On a déjà insisté sur les dégâts causés par le nombre de tête de bétail introduit dans une forêt. Il ressort de tout ce qui vient d'être dit que la répartition de ce bétail sur les différentes parties de la forêt présente une importance presque égale. On entend ici par ce mot la répartition dans le temps aussi bien que dans l'espace.

5. 2.3.1. Répartition dans l'espace

Puisque la forêt présente sur ses diverses parties des caractères très différents du point de vue de l'abondance du fourrage et de l'attirance pour le bétail et aussi la sensibilité au pâturage des essences forestières diverses par apport aux autres espèces disponibles, il est clair que ces diverses parties devront porter des charges de bétail à grand nombre. Ces dernières vont être surpâturées d'où la dégradation de ses potentialités, cause de pâturage concentré sur une partie par rapport à une autre de la forêt.

5.2.3.2. Répartition dans le temps

Suivant les conditions climatiques aux quelles sont soumises, certaines forêts peuvent toute l'année être utilisées tandis que dans d'autres le système de pâturage ne peut être appliqué que de façon saisonnière. Dans notre cas, le pâturage s'exerce de façon continue et pendant la totalité de l'année. Le pâturage sans arrêt pendant la période de floraison s'oppose contre la période végétative annuelle des plantes fourragères. Aussi dans d'autres surfaces forestières que les différentes parties sont utilisées successivement, le bétail revenant sur la première partie parcourue après avoir visité toutes les autres où il n'y a place au système de rotation ou la fermeture de certains endroits forestiers pendant une période de temps pour qu'ils puissent se régénérer, ce qui provoque une dégradation continue des potentialités forestières.

5.2.4. La façon d'utiliser les ressources fourragères de la forêt

Les ressources fourragères que produit la forêt sont généralement utilisées en y introduisant directement le bétail qu'elles sont susceptibles de nourrir. C'est assurément la moins coûteuse, mais aussi la plus dangereuse façon de les mettre à profit. Les dommages aux peuplements résultent de la suppression des semis d'essences précieuses, de l'abroutissement des jeunes arbustes qui déforme les tiges, du frottement des cornes et des blessures aux racines ou à la partie inférieure du tronc, qui provoque la pourriture ou la mort des arbres plus âgés.

A l'appui de ce qui vient d'être dit et pour terminer il convient de montrer que le pâturage sur les terrains boisés présentent relativement beaucoup de problèmes tant que les charges de bétail et les aménagements pastoraux sont mal organisés de façon que les ressources en fourrage soient endommagées.

5.3. IMPACT SUR LE SOL

Les dommages au sol peuvent être résultat du piétinement du bétail, mais ils peuvent aussi provenir simplement de la surcharge qui oblige le bétail à utiliser une proportion excessive de la végétation qu'il rencontre sur le sol de la forêt, prive ce sol de la protection que lui assure cette couverture vivante en absorbant la force vive de chaque goutte de pluie qui y tombe et provoquant ainsi l'érosion dans toutes ses formes. Une surcharge continuelle, surtout à certaines époques de l'année, peut entraîner la disparition de nombreuses plantes fourragères, et découvrir ainsi le sol d'une façon non seulement temporaire mais permanente.

La dégradation du sol forestier, qui entraîne comme conséquence celle des peuplements forestiers, aussi bien que celle des ressources fourragères, est peut être la plus grave conséquence de l'abus de pâturage. Il est clair que le sol privé d'une couverture suffisante et insuffisamment protégé par une forêt dépérissante est sujet à être entraîné par l'eau ou le vent. Sur le terrain qui n'est plus ameubli par les racines des végétaux qui constituaient la couverture vivante, l'infiltration est malaisée et le taux de ruissellement s'élève.

Le bétail peut agir sur le plan sol même sans utilisation de couverture végétale pour l'alimentation, on a remarqué que les parties des terrains de parcours où est le plus à redouter sont celles où le bétail se concentre naturellement, soit parce qu'il trouve des abris contre la chaleur excessive ou pour passer la nuit (surtout les animaux sauvages), soit parce qu'il constitue des points de passage obligés pour aller d'un pâturage à un autre. L'effet de surcharge se combine ici avec celui de piétinement pour entraîner la disparition de la végétation d'où la dégradation du sol.

VI. PROPOSITIONS DE REHABILITATION DES POTENTIALITES DEGRADEES

6.1. INTRODUCTION

Pour la IVème série de Mekna et en se référant aux différents résultats obtenus après l'étude faite, il se dégage que diverses pratiques humaines ont affecté, de façon plus ou moins irréversible, les équilibres et le fonctionnement des écosystèmes. Les conséquences sont évidentes : réduction du couvert végétatif, accroissement de l'agressivité des facteurs érosifs, chute de la productivité des terres et de leur fertilité, troncature plus ou moins prononcée des horizons supérieurs du sol, modification des états de surface avec apparition des croûtes salines et disfonctionnement hydrique très prononcé. Pour remédier à cette situation alarmante, on doit prendre un certain nombre de mesures en vue d'identifier les options politiques et institutionnelles et suivre certaines directives dont :

- la mise en oeuvre d'une politique cohérente d'actions sur les systèmes extensifs.

- l'intensification des actions d'aménagements pastoraux

- l'amélioration de l'efficacité des aménagements en consolidant les liens entre recherche et développement avec une meilleure articulation entre besoins exprimés par les usagers surtout éleveurs et les agents développeurs.

- Le développement et la gestion rationnelle des ressources fourragères en se basant sur des paramètres pertinents relatifs au secteur de l'élevage et ses ressources alimentaires

Les différentes mesures de restauration ou de réhabilitation doivent être installées sur le plan forestier, pastoral et sol et accompagné d'une législation administrative qui permet de conserver le patrimoine forestier contre la dégradation. La législation est la meilleure solution de s'opposer contre les chutes remarquables des potentialités qui interviennent dans la réhabilitation des terrains de parcours dégradés peut ne pas être une opération très coûteuse et cependant indispensable pour des motifs d'intérêt général. Une telle opération peut n'être pas rentable ou ne le devenir qu'à longue échéance. Sans même parler de soutien financier qui peut devenir indispensable pour transformer la zone pastorale en pâturage amélioré. Cependant, à un fait économique on a besoin de la disposition d'une législation qui vise les portions des terrains de parcours comprises dans les limites des forêts, ces dispositions formeront en fait une partie intégrante de la législation forestière.

6.2. Réhabilitation sur le plan pastoral

6.2.1. Adaptation du bétail à la nature du terrain de parcours et sa végétation

Ce n'est pas seulement la nature du bétail, petit ou gros, qui doit être prise en considération pour déterminer le quel est le mieux adapté aux possibilités du terrain de parcours. Sa race est également importante, puisque certaines races sont mieux adaptées non seulement à des conditions climatiques déterminées, à la résistance à certaines maladies, mais aussi aux conditions topographiques. Non moins important est l'usage au quel on destine le bétail et l'époque de sa vie pendant la quelle il utilise le terrain. Il y a souvent un avantage certain à introduire plusieurs espèces de bétail en même temps, et l'on peut citer des cas où l'utilisation du terrain de parcours par une seule espèce, notamment par des moutons seulement, a entraîné sa dégradation.

L'utilisation mixte si elle est convenablement contrôlée et aménagée a pour résultat une meilleure utilisation du fourrage existant, généralement composé de végétaux très variés et dont l'évolution est différente au cours de la saison de végétation.

6.2.2. Capacité de charge et ajustement du nombre de têtes de bétail au fourrage disponible

La capacité de charge est le facteur le plus important de l'aménagement pastoral. Une charge insuffisante est du point de vue économique. Mais la surcharge qui peut affaiblir les essences fourragères à tel point qu'elles ne peuvent se reproduire d'une année à l'autre et qu'elle disparaisse peu à peu, découvrant un sol privé d'humus, soumis à un piétinement excessif et facilement entraînable par l'érosion, a pour conséquence non seulement la dégradation du terrain mais aussi celle du troupeau qui l'utilise, réduit à subsister si le nombre de tête reste le même, sur un approvisionnement en fourrage insuffisant ou seulement composé d'espèces de faible valeur.

Il existe des méthodes variées pour évaluer la charge qu'un terrain de parcours déterminé peut supporter dans son état actuel. Il est possible, par exemple, d'enregistrer pour un certain nombre d'années, sur un terrain d'expérience convenablement choisi, les données relatives au nombre de têtes de bétail qui ont utilisé ce terrain sans détérioration de la pelouse, à leurs diverses productions et à l'utilisation du fourrage. En utilisant ces données comme guide, il est possible, si l'on peut déterminer la production moyenne de fourrage sur un terrain quelconque de même type et soumis à des conditions analogues de sol et de climat, de calculer une excellente estimation de sa capacité de charge.

6.2.3. Améliorations pastorales

Les travaux d'amélioration qui peuvent être exécutés sur les terrains de parcours ont pour but de restituer leurs valeurs pastorales dégradées par l'ancien abus, ou pour augmenter ces valeurs. Les objectifs des améliorations pastorales pourraient être les suivants :

- Reconstitution des potentialités disparues et enrichissement de la pelouse.

- Création de ressources fourragères.

- Compensation pour les mises en défens.

- Plus grande facilité des rotations.

6.2.3.1. Reconstitution et enrichissement de la pelouse

Si on parle de la reconstitution et l'enrichissement des pelouses c'est avec l'ensemencement des graines et des engrais. La provenance et la qualité des graines utilisée ont évidemment une très grande importance. Pour les terrains de parcours le point essentiel est que les espèces introduites soient capables de se maintenir et de se régénérer de façon permanente. L'utilisation des engrais peut être utile pour l'établissement des espèces introduites et pour éviter le retour de la végétation ligneuse envahissante.

6.2.3.2. Création de ressources fourragères

Les terrains utilisés actuellement pour la céréaliculture devraient être convertis aux culture fourragères, il sera possible non seulement d'augmenter les possibilités en fourrage mais aussi de limiter nettement les dangers d'érosion. Il sera cependant possible, dans un premier temps de réaliser ce qui avait déjà été prévu depuis plusieurs années à savoir l'introduction des jachères labourées avec l'utilisation des plantes qui s'adaptent avec le milieu.

L'opération pourrait être subventionnée dans un premier temps et rendue obligatoirement par la suite dans toute l'aire des usagers.

6.2.3.3. La mise en défens

Les difficultés rencontrées pour l'application des mises en défens ne proviennent pas uniquement de la disproportion du volume du bétail par rapport aux possibilités du domaine forestier. Ces difficultés proviennent aussi des rapports actuels qui existent entre l'administration forestière et les populations, de la façon dont sont exécutés les mises en défens.

Dans l'immédiat il est douteux que l'on puisse agir dans le sens d'une réduction du volume du bétail, mais il sera possible de transformer les relations entre l'administration et les populations et d'organiser les mises en défens. Ces transformations se situeront dans le cadre des unités sylvopastorales et des groupements d'usagers.

Une meilleure information des usagers et une plus grande rigueur dans l'action administrative peuvent contribuer au respect des mises en défens dans un premier temps. L'application de la législation en ce qui concerne tout particulièrement la collaboration avec autorités locales constituera une seconde étape.

6.2.3.4. La rotation

Il s'agit d'une technique permettant une meilleure mise en valeur des parcours susceptible d'améliorer le système de gestion de l'espace pastoral qui mobilise généralement très peu d'investissements financiers.

La rotation fait progressivement son entrée, dans l'aménagement sylvo-pastoral et l'ambition du technicien est de tout faire pour que cette technique gagne du terrain par la mise en oeuvre d'un simple schéma de déplacement dans les différents terroirs de parcours qui tienne compte du niveau de production fourragère.

La mise au repos est encore loin d'être bien comprise de tous et la fermeture cyclique de certaines parcelles dans un système d'élevage qui s'organise n'est acceptée la plupart du temps qu'à contrecoeur.

Les efforts doivent se poursuivre dans le sens d'un affinement de la technologie qui tient compte du climat, de la saison, de la flore et de la composition du troupeau. Les techniciens ont tendance à limiter l'approche, tout au moins les premières années, à des rotations mécaniques et à n'agir dans son introduction dans le système d'élevage traditionnel que progressivement, afin que les ayants droit se familiarisent avec elle et l'adoptent. Cet objectif sera d'autant plus facilement atteint, que la vulgarisation réussira à faire comprendre aux éleveurs les avantages que présente la rotation pour rationaliser l'utilisation de l'espace pastoral dans un souci de prolonger la période de pâturage en foret et améliorer sa contribution dans le bilan fourrager.

6.3. Réhabilitation sur le plan forestier

Pour la forêt de la IVème série de Mekna, l'aménagement sylvo-pastoral se définit comme un diagnostic du milieu naturel et social, des potentialités pastorales et sylvicoles, et débouche sur l'élaboration d'un programme d'action adéquat permettant la réhabilitation et l'amélioration des parcours en harmonie avec la régénération et la conservation des formations forestières, et également, la mise en place des bases d'un système d'entente sociale pour l'encadrement et l'organisation des éleveurs pour une utilisation commune de l'espace pastoral. Ainsi, le processus d'aménagement sylvo-pastoral est un travail d'apprentissage de longue haleine dont l'aboutissement reste conditionné par l'adhésion des éleveurs au principe organisationnel et la mobilisation de l'ensemble des acteurs concernés par le développement des forêts et de l'élevage.

Les traitements sylvicoles prévus par l'aménagement forestier (éclaircies, dépressage...), sont ouverts au parcours en respectant dans la mesure du possible les principes habituels d'inscription.

6.3.1. Régénération des espèces forestières

Aucune gestion durable d'une forêt ne peut être garantie, si, pendant un temps déterminé, une partie de ce système de régénération n'est pas mise en défens et régénérée. Conditionnant l'avenir même de cette ressource, cette mesure s'impose à tous. Pourtant, celle -ci est souvent l'objet de contestation de la part des ayants droit qui lui reprochent de distraire du parcours une surface importante et de mettre en défens, pour une période trop longue, cet espace pastoral. Mais cette règle n'a rien de rigide ou de rigoureux et cette surface peut être réduite si les peuplements se régénèrent bien et rapidement ou si les ressources pastorales en dehors de la forêt sont importantes.

A ce niveau les concertations avec les usagers ou leurs représentants porteront sur la taille minimale et la répartition spatiale des parcelles à régénérer dont le choix est à faire de manière consensuelle, que sur l'importance de la surface de régénération. L'enjeu ici, est de sauver la forêt sans pour autant négliger l'intérêt des usagers.

La durée de la mise en défens, dépend essentiellement de l'essence forestière et de la facilité avec laquelle celle-ci fructifie et se régénère. De 15 à 20 ans pour les résineux, la durée théorique de la mise en défens n'est plus que de 6 à 10 ans pour les feuillus (Quercus suber).

L'ouverture des mises en défens peut, bien entendu, intervenir plus tôt, si la régénération est acquise avant les délais fixés par l'aménagiste.

6.3.2. Traitement forestier et pastorale (dépressage, éclaircie)

Au niveau de chaque forêt, des actions sylvicoles sont planifiées et exécutées conformément au plan de gestion. Leurs objectifs sont la production de bois nécessaire à l'économie locale, notamment du bois de feu et de service, l'amélioration de la croissance des tiges conservées en vue d'en tirer ultérieurement la meilleure partie, et l'ouverture des peuplements, le prélèvement du couvert et l'éclairement du sol si nécessaire au développement du tapis herbacé et à l'accroissement de la production fourragère.

L'intensité des interventions est dosée de manière à obtenir le compromis qui permet d'optimiser les productions ligneuses et herbagère. Les expérimentations ont permis d'adopter un itinéraire technique à appliquer pour les taillis, défini comme suit :

· 20 ans après la coupe de régénération et de recépage, dépressage avec enlèvement de 1/3 du matériel.

· Le contrôle du couvert se poursuivra tous les 10 à 15 ans selon l'état de développement de chêne liège de manière à garder un recouvrement moyen de 45 à 60%. (Options Méditerranéennes, 2000)

La mise en défens à appliquer après chaque traitement sylvicole durera environ deux années. Cela pour permettre d'une part au tapis herbacé de se développer et, d'autre part, aux rejets de ne pas prendre un développement important. La tendance actuelle est de faire des éclaircies dans les futaies et des dépressages dans les taillis pour favoriser les individus les plus vigoureux à houppiers bien développés capables de fructifier abondamment (chêne-liège) pour améliorer la ration alimentaire du bétail et pour produire ultérieurement du bois et du liège de qualité.

6.3.3. Plantations pastorales

La plupart des milieux forestiers sont situés en pente et leurs sols sont squelettiques peu propices à ce type d'intervention nécessitant le plus souvent une préparation mécanisée des sols. Les essais entrepris dans la forêt de la IVème série de Mekna, semblent dans l'ensemble beaucoup plus contestables et ne produisent des effets positifs avérés qu'en situations expérimentales peu reproductibles sur le terrain. L'application d'un système de reboisement sur des bases bien étudiées et contrôlées est nécessaire pour l'obtention d'un couvert végétal à densité respectable à la production fourragère.

6.3.4. La mise en défens

Cette technique très peu coûteuse, reste un instrument plus efficace pour la régénération et la réhabilitation des formations forestières. Les mises en défens s'organisent selon plusieurs modes qui ont des effets différents sur la végétation. A titre d'exemple, le report du pâturage au delà de la période de croissance critique pour augmenter la vigueur et le recouvrement des espèces les plus appétées par le bétail. Le repos annuel permet la reconstitution des réserves des plantes et la production de semences. La durée de mise en défens va de quelques semaines lorsqu'elle fait partie d'un schéma préétabli permettant aux plantes pastorales de ne pas être pâturées aux périodes critiques, et ne doit en aucun cas dépasser deux années pour éviter toute tension sociale avec les pasteurs. En effet, la durée des mises en défens dépend du degré de dégradation des parcours et de la conjoncture pluviométrique. Elles ne démarreront en principe que lors d'une bonne année et devraient s'accompagner d'une gestion contrôlée.

6.4. Réhabilitation sur le plan sol

6.4.1. Défense contre l'érosion hydrique

La défense contre l'érosion par l'eau des terrains de parcours doit reposer sur le principe que la goutte de pluie qui tombe sur le sol doit être arrêtée et autant que possible pouvoir s'infiltrer à l'endroit même où elle tombe ou au plus près de cet endroit. Ceci implique le corollaire extrêmement important, bien que trop souvent complètement perdu de vue que les travaux de lutte contre l'érosion et contre ses conséquences indirectes, doivent commencer au plus haut des bassins fluviaux et aux plus haut même de leurs bassins de réception. Toutes les méthodes permettent d'arrêter le ruissellement et de favoriser l'infiltration de l'eau.

6.4.2. Défense contre l'érosion éolienne

La défense des terrains de parcours contre l'érosion par le vent est une opération souvent difficile. Il peut arriver que la simple suppression du pâturage pendant quelques années permette à la végétation de se réinstaller sur les terrains dénudés par suite d'abus et soumis à ce genre d'érosion. On peut aussi aider le sol à retrouver une meilleure cohésion en lui incorporant de l'herbe, de la paille, ou en utilisant toute autre méthode qui lui permet de conserver une teneur en eau aussi élevée que possible. Si ces méthodes sont insuffisantes, on ne voit guerre d'autre possibilité que d'installer des plantations forestières d'abri, mais il semble que le but de ces plantations soit essentiellement de permettre l'utilisation agricole, ou tout au moins sous forme de pâturages améliorés, des terrains qu'il s'agit de protéger.

VI. CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

7.1. CONCLUSION GENERALE

Les problèmes de l'exploitation pastorale du domaine forestier revêtent une importance capitale car ce domaine s'étend sur des territoires où les traditions pastorales sont bien assises et constituent parfois la base des activités des populations. Cela comporte le maintien de relations plus ou moins étroites entre les terrains forestiers et les terres extérieures et entraîne tous les inconvénients imaginables lorsque se produit ou s'accentue un déséquilibre économique à l'intérieur et à l'extérieur du domaine par le jeu soit de phénomène socio-politiques, soit de modification plus ou moins rapides des structures de population traditionnelles et des relations de complémentarité plaine-forêt. Le manque d' une discipline dans l'exploitation de la plupart des forêts tunisiennes constitue sans doute un des aspects les plus préoccupants de situation, le manque de mesures dans l'utilisation rationnelle des terrains forestiers comme parcours et les abus fréquents que les usagers commettent dans les forêts et les maquis résultent de l'absence d'une action cordonnée et intégrée visant à satisfaire les besoins croissants des populations à travers un développement parallèle de toutes les potentialités naturelles disponibles.

En outre, la situation des parcours et de l'élevage extensif est devenue précaire et alarmante. Elle menace d'une désertification accrue d'une année à l'autre et d'une marginalisation proche des systèmes d'élevage extensif et semi intensif ou du moins, elle les placera sous des conditions de production qui ne permettent pas la mise sur le marché des produits de l'élevage à des prix compétitifs et abordables par le tunisien moyen, surtout dans le contexte d'une libre économie de marché. (DGF, 1995).

Les possibilités de la substitution de l'UF pastorale par celle provenant de l'irrigué ou de l'utilisation des aliments pour le bétail, sont également limitées, car en plus des limites des ressources hydrauliques, la production fourragère rencontrera une grande compétitivité face à d'autres types de productions inscrites au niveau d'autres stratégies nationales visant la sécurité alimentaire.

Comme l'élevage en Tunisie est très fortement lié aux espaces pastoraux, son avenir dépendra de la place et de l'importance que donneront la planification la politique en matière de gestion de ressources naturelles et des équilibres qui restent à trouver entre les principales spécialisations agricoles et leur partage de l'espace. Dans tous les cas, les parcours doivent être considérés comme l'un des éléments essentiels de l'économie nationale.

Malgré ces aspects négatifs, il y a encore de nombreux indicateurs favorables qui laissent espérer des possibilités relativement prometteuses pour le développement des parcours en Tunisie. En effet, quoique dégradée, la végétation autochtone comprend encore des espèces et des variétés à haute valeur pastorale et qui peuvent être réhabilitées, en laps de temps relativement court, par la mise en repos, la gestion rationnelle et la propagation par resemis ou repiquage d'éclats de souches, le bilan de l'eau, largement négatif à l'état actuel, peut-être sensiblement amélioré par des techniques simples visent l'accroissement de l'infiltration, la maîtrise des eaux de ruissellement et la valorisation de l'impact positif de l'animal, toujours considéré comme transformateur d'UF en produits d'élevage et comme facteur dégradant.

Cependant, l'organisation et la gestion adéquate des potentialités pastorales de n'importe quelle zone peuvent permettre une amélioration plus importante et plus durable sur une large partie des parcours.

7.2. RECOMMANDATIONS

La IVème série de Mekna, fait partie de toute la région de Khroumirie caractérisée par une diversité floristique, faunistique et sociale représentée par une population à majorité rurale et qui tire profit de la forêt depuis son installation. En effet, l'élevage est l'un des piliers de la vie de cette population et le parcours forestier constitue la base alimentaire du bétail qui pâture librement en forêt sans limites et sans réglementation.

Cependant, pour sauvegarder l'écosystème forestier et sans rompre son équilibre, nous suggérons certaines recommandations qu'on les juge utiles pour la bonne gestion des potentialités pastorales et entre autre en vue d'un développement durable de ces ressources naturelles :

· Chercher à préserver le milieu naturel de la forêt en limitant la destruction massive des composantes forestières (flore et faune).

· Optimiser l'utilisation des ressources naturelles pastorales en adoptant le type de bétail à introduire en forêt et en respectant mieux la charge animale.

· Etudier les potentialités pastorales par zones et par strates en vue de déterminer la capacité productive de chaque catégorie de plantes utilisées par le bétail.

· Mettre en valeur les clairières forestières (si la superficie est suffisante) par leur resemis en espèces herbacées ou arbustives fourragères et organiser le pâturage à l'intérieur de ces zones.

· Améliorer le maquis par recépage des espèces consommables par réduction d'espèces envahissantes et peu acceptables par les animaux et par une mise en défens pour une période déterminée.

La protection du patrimoine nécessite aussi la transformation de l'élevage non seulement dans les zones forestières mais sur l'ensemble du territoire. Cette transformation ne peut pas être l'oeuvre de la seule Direction des Forêts, c'est un problème national qui suppose la cohérence des objectifs nationaux à moyen et à long terme. La politique de la conservation du patrimoine est intimement liée à celle de la production agricole en général et de la production agricole en particulier. L'harmonisation des différents objectifs poursuivis dans ces domaines est une nécessité impérieuse. C'est la raison pour laquelle il paraît nécessaire de créer à l'échelle nationale un organisme qui puisse veiller à cette coordination, et répartir les tâches entre les différents organismes qui sont amenés à intervenir. (DGF, 1978).






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