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L'exploitation forestiere et le developpement des forest communautaires au cameroun. une action collective pour la protection de la biodiversite

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par parfait thierry mbous
institut universitaire d'etudes du developpement - Diplome d'etudes approfondies 2002
  

Disponible en mode multipage

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UN1VERSITE DE GENEVE

INS I 1 i UT UNIVERSITAIRE

D'ETUDES DU DEVELOPPEMENT

IITED)

L'EXPLOITATION FoREsnERE Er LE DEVELOPPERIENT
DES FORETS COMMILUMFAIRESRtJCAIIMIOUN

Une action collective pour la protection ck- la biothvtasité

MEMOIRE PRESENTE ET SOUTIffli
en
vue de l'obtention du Diplôme d'études approfondies

Par : M1301.15 Parfait Thierry
Ingénieur agronome

Sous la Direction de : Marc HITFTY
( Chargé de cours à L'IUED de Genève)

Année académique : 2002/2003

TABLE DE MATIÈRES

I-Introduction

2

II- Problématique

5

III-Etendue restante et valeur économique des forêts au Cameroun

15

IV-Types de forêts rencontrées au Cameroun

.21

V-Régime des forêts communautaires au Cameroun et son application dans les

faits

.28

VA- L'influence de la décentralisation

28

V.2- l'application du régime forestier au Cameroun

31

VI- la gestion de l'exploitation forestière au Cameroun

35

VI.1-Les sociétés étrangères

36

VI.2.Les populations locales

39

VI.3. La responsabilité de L'Etat camerounais

43

VII- Propositions de mise en oeuvre pour la gestion des forêts au Cameroun

.48

IIX- Conclusion

 

IX- Bibliographie

.55

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Plantes utiles pour l'alimentation humaine

..60

Annexe 2 : Plantes médicinales

62

Annexe 3: Carte de la couverture forestière au Cameroun

65

Annexe 4: Pourcentage de forêt exploitée, 1998/99

66

Annexe 5: Estimation de la production de grumes par département, 1998/99

67

Annexe 6: Les Aires protégées du Cameroun

68

Résumé

Depuis une bonne décennie, la prise de conscience des problèmes de l'environnement n'est plus un phénomène nouveau et, c'est la raison pour lamelle les économistes ont découvert que l'environnement était une richesse et que sa destruction systématique n'était pas économiquement rationnelle. Les problèmes liés à l'exploitation forestière sont aujourd'hui graves d'autant plus que les furets assurent un très grand service clans le domaine écologique et social pour les êtres vivants. En outre, les forêts sont considérées comme des réservoirs biologiques de la terre et la production de l'oxygène par les plantes est une nécessité pour pérenniser la vie sur terre.

Dans la plupart des pays en voie de développement confronté à la crise économique, la gestion des ressources naturelles a toujours causé des conflits entre les populations. Face à cet enjeu qui prend de plus en plus d'ampleur, les chercheurs qui sont le plus souvent des écologistes et économistes mettent en place les voies et moyens pour atténuer ces conflits. Mais, l'absence des mécanismes de protection de la nature va s'accentuer lors de l'adoption du programme d'ajustement structurel ; politique qui sera basée sur l'exploitation des ressources naturelles accélérée mais, le plus souvent sans souci de reboisement via ringéroece des organismes internationaux dans la gestion des économies nationales des pays en voie de développement de manière autoritaire.

Depuis l'indépendance ( 1" janvier 1960), la politique de gestion des énergies renouvelables s'est progressivement améliorée au Cameroun et, est devenue formelle via la création des ministères tels que : Le Ministère des Mmes et de l'énergie et celui de l'environnement. Le Cameroun est un pays qui regorge une flore bien boisée et, cependant, les forêts occupent près de 40% du territoire. On y trouve surtout des forêts humides denses telles que : forêts sempervirentes de plaine ; forêts semi-décidue de plaine, et forêts de montagne_ Les essences très commercialisées au Cameroun sont : l'ayou (triplochiton scleroxylon), le sapelli (Etandrophragma cylindricum) et l'azobé ( Lophiia alata).

Les forêts denses sont en grande majorité dans la partie sud du pays et le long de la côte où y pousse la mangrove surtout dans le Golfe de Guinée. Les ressources forestières constituent actuellement au Cameroun l'une des priorités majeures des politiques de développement. Elles constituent le gros moyen de subsistance pour bon nombre des camerormais car elles englobent entre autre le bois de chauffe., de domestique, le rotin, les plantes médicinales et des fruits très appréciés par les populations.

La problématique qui est au centre de ce thème vise à savoir s'il existe une véritable politique de gestion des fixas au Cameroun via les efforts déployés par le gouvernement en vue de résoudre les problèmes que pose actuellement l'exploitation forestière au Cameroun, mais également à travers l'adoption des régimes des forêts communautaires crées en 1994 considéré COIIIMe un outil novateur. Comme remarque, selon la FAO, la superficie du Cameroun était de 465 millions d'hectares mais au milieu des années 90, les forêts recouvraient qu'environ

19.6 millions d'hectares. Une autre étude utilisait l'analyse de l'imagerie satellitaiie estimait que la forêt recouvrait 22.8 millions d'hectares au début des années 1990 et plus de 18 millions d'hectares (près de la moitié) de la région forestière historique du Cameroun a été défrichée afin de favoriser l'agriculture et l'installation de villages. Comme constat, la gestion forestière au Cameroun est hautement conditionnée par certains facteurs tels que : Le taux de natalité ( près de 15 millions d'habitants dont 75% dépendent encore des ressources forestières. L'agriculture, l'élevage et la récolte du bois de feu n'ont pas cessé de climinuer depuis le début du siècle les espaces forestiers et surtout ont augmenté les surfaces cultivées au Cameroun, pays essentiellement agricole. Les pratiques comme le débardage, les feux de brousse, l'urbanisation, la construction de routes, la réalisation des barrages hydroélectriques, l'exploitation minière et pétrolière ont aussi causé d'innombrables dégâts sur les forêts du Cameroun.

Comme valeur économique, le Cameroun est un pays à vocation clairement agricole et forestière. Le Cameroun est le 7 exportateur mondial de bois tropical et le 3' en Afrique après la Côte-d'Ivoire et le Gabon. En 1988-1989, l'exportation du bois représentait un revenu de quelque 190 millions de dollars. Ce secteur représente 9% de la production industrielle totale et produit 4% du PNB.

Le bois d'oeuvre occupe la ir place dans l'ordre d'importance des exportations camerounaises après le pétrole, le café et le cacao. Les principaux clients du Cameroun sont les pays de l'Union européenne qui achètent 70% des grumes. En ce qui concerne le marché national, II est surtout alimenté par les scieurs artisanaux qui opèrent dans le secteur informel. D'après le Ministère de l'envirmmement et des forêts en 1999, l'exploitation forestière a généré environ 28 % du total des recettes d'exportation hors pétrole en 1998. Face au taux de chômage élevé, et dans le but de lutter contre la pauvreté, Les entreprises forestières employaient directement plus de 34000 personnes. Ceci s'est confirmé une année plus tard par les pouvoirs publics qui estiment que : Plus de 55000 personnes travaillent actuellement dans ce secteur, y compris les emplois indirects.

L'influence de la décentralisation au Cameroun est le fruit d'une triple colonisation allemande ( 1884-1916), Française et Britannique ( 1916-1961) à travers les régimes communaux. Les principaux grands acteurs de la décentralisation au Cameroun sont : le FEICOM ( Fonds spécial d'équipement et d'intervention communale ), ACVC ( Association des communes et villes du Cameroun), UCVC ( Union des communes et villes du Cameroun ) et la MAETUlt. Eu égard au caractère vital des ressources naturelles, et au nombre élevé des demandes d'offre pour les titres d'exploitation et de la gestion illicite, le gouvernement camerounais' à travers son Ministère de l'environnement et des forêts, s'est doté d'une législation forestière qui n'autorise que les résidents camerounais et des sociétés inscrites au registre du commerce de mener une exploitation forestière crédffile. Cette nouvelle législation forestière n'est que le résultat d'une décentralisation du pouvoir central du ministère vu l'action des exploitants forestiers sur le terrain.

Le régime des forêts communautaires au Cameroun a été adopté en 1990, aveu l'appui de la coopération internationale. Aujourd'hui, cette gestion des forêts communautaires préoccupe le ministère de l'environnement car elle reste encore innovatrice. Ce régime remonte à la promulgation de la loi no 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche et k décret d'application du régime des forêts, et à l'adoption en novembre 1995, de la nouvelle politique forestière du Cameroun. Cependant, certains efforts sont encouragés par les ONG comme le Projet du Mont Cameroun (MCP) qui a aidé les populations locales à maîtriser la culture de certaines ressources forestières, en vue d'obtenir un droit de regard en matière d'aménagement des terres forestières clans la région d'OngeMokoko. Les efforts déployés sur la gestion des ressources forestières au Cameroun supposent une participation active des populations locales. Les prises de décisions doivent être partagées de manière équitable entre les différents acteurs pour une approche mieux intégrée afin de favoriser une durabilité des ressources forestières au cameroun.

L'action des acteurs dans l'exploitation forestière au Cameroun est influencée par : Les sociétés étrangères qui représentent un petit groupe d'exploitants forestiers dominants qui détiennent près de 75% de la partie allouée à l'exploitation. Les Populations locales dépendent et, dépendront encore des forêts pour la construction de leurs logements, leurs médicaments etc... Comme remarque, elles ne bénéficient pas suffisamment des récoltes tirées des produits forestiers. La responsabilité de L'Etat est hautement conditionnée par les moyens logistiques et les poursuites qui résultent parfois d'une gestion illégale observée. La carence du personnel qualifié sur le terrain gêne la surveillance des activités d'exploitation forestière. Comme constat, les agents forestiers nationaux font souvent appel an compagnies d'exploitation étrangères pour être transportés sur les hem( des concessions à inspecter faute de moyens de locomotions.

Comme suggestion, face au taux de natalité exponentiel que connaît le Cameroun, et de part l'épuisement des réserves pétrolières, les forêts camerounaises ont connu une exploitation excessive et, comme conséquences, elles subissent une dégradation due au manque d'application des règles fondamentales. II est donc important de souligner que, dans le cadre de la politique actuelle en matière de gestion de forêts, il serait très capital d'impliquer les populations locales d'une manière plus active afin qu'elles bénéficient davantage des produits issus des forêts. L'une des voies les plus sûres, serait d'encourager l'application de régnas des forêts communautaires d'une manière rigoureuse. Elle peut être l'une des solutions préconisées pour la protection des forêts traditionnelles en constante dégradation. Mais comme dans toute institution, la définition des droits et des devoirs des membres est fondamentale pour la bonne gestion et, le risque que court à long terme les membres d'une telle coopérative ( forêts communautaires) est de voir leur bien privé, nationalisé C'est ce qui se passe au Cameroun où l'État peut décider d'exproprier une commimantt de ses terres lorsque le plan de développement du

gouvernement prévoit la construction dans cette zone d'un ouvrage public ( pont, route, centrale hydraulique etc..)

I-Introduction

La destruction de la couche d'ozone stratosphérique et le réchauffement de notre planète dû aux effets de serres ont entraîné une dégradation de notre environnement. Face à ce problème extrêmement préoccupant, la communauté internationale s'est mobilisée lors du sommet de Rio en 1992 pour élaborer des stratégies concourrant à la préservation de notre écosystème et la sauvegarde de la biodiversité. Les pouvoirs publics et des populations locales en ont été impliqués dans ce vaste projet de gestion des ressources naturelles qui s'inscrit dans un « processus historique d'évolution de longue durée des rapports à la nature

Les rapports des experts ayant pris part au Sommet de Rio, baptisé « sommet de la terre », confirment que « les problèmes environnementaux mondiaux ne pouvaient se résoudre indépendamment des enjeux du développement »2. Collomb Bertrand et STOFFAES Christian convergent dans ce sens lorsqu'ils énoncent que « l'aggravation des problèmes économiques et environnementaux rencontrés par la plupart des pays en développement avive les conflits entre les objecte de développement économique et ceux liés à la préservation de la qualité de l'environnement des populations et au respect des mécanismes de base de la régulation des systèmes naturels »3.

A l'issue du sommet, l'adoption de la déclaration des principes forestiers a permis de prendre conscience de la gravité des enjeux et de progresser vers des options réalistes et adaptées. Dans leurs analyses, BERGONZLM[ Jean-Claude et LANDY Jean-Paul mentionnent que « la création en avril 1995 du Groupe intergouvernemental sur les forêts, et les très nombreuses réunions internationales qui ont été tenues ont permis de faire avancer le débat, sans malheureusement qu'un accord ait été obtenu sur l'élaboration d'une nécessaire convention mondiale sur les forêts » 4
·

1 Collomb Bertrand et STOFFAES Christian , L'économie face à l'écologie, Paris, 1993,p.12..

2 PNUE , Notre Planète, volume 12, no4,2002,p.5.

3 Idem., p.13.

4 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul , Lesfi,rèts tropicales ( cirad) _Montpellier' ,2000,p.115.

Mais, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'approche économique des problèmes de développement a connu une profonde mutation, notamment sous l'influence du phénomène de globalisation, mondialisation et du rôle de plus en plus important des Institutions Internationales sur la gestion des ressources naturelles. Le capitalisme va donc entraîner des bouleversements parfois néfastes au sein des sociétés du monde et, surtout celles des pays du Sud, sans penser à aucune alternance : En effet, « les systèmes capitalistes, ne contiennent pas de mécanisme de protection de l'être humain et de la nature ; ils s'actualisent de connivence avec toutes sortes de formes marchandes et de systèmes de prise de décision politique ( légaux et illégaux), et ils s'accommodent des économies d'ombre et des systèmes juridiques dualistes ; enfin ils se différencient historiquement, et il ne faut pas oublier ici l'ère coloniale et son emprise structurelle » 5.

L'absence des mécanismes de protection de la nature va encore s'accentuer pendant l'adoption des Programmes d'Ajustement Structurel ; ensemble de politiques qui sera basées sur l'exploitation. des ressources naturelles accélérée mais le plus souvent sans souci de reboisement via l'ingérence des organismes internationaux clans la gestion des économies nationales de manière autoritaire.

Le Cameroun fait partie des pays en voie de développement dont la forêt est un capital économique important. Situé dans le Golfe de Guinée, le Cameroun possède une forêt diverse au plan biologique mais également la plus menacée du bassin du Congo. Au Cameroun la forêt occupe une superficie estimée à 40% du territoire national. Elle est dense dans la partie sud du pays et le long de la côte où y pousse la mangrove surtout dans le Golfe de Guinée. Mais, « Les ressources forestières constituent avec l'hydraulique les principales ressources énergétiques du pays et sont déterminantes dans l'amélioration de l'environnement où elles jouent un rôle économique important dans certains secteurs (industries

5 ROLF Steppacher , L 'ingérence économique et la globalisation de l'économie de marché, In Écologie contre nature ( Développement et politiques d'ingérence) IUED, Paris ,1995,p. 104.

agroalimentaires) ou dans certaines régions »6. Ces ressources

constituent l'une des priorités majeures des politiques nationales de développement. Les essences forestières les plus exploitées au Cameroun et les plus commercialisées sont : « l'ayou(triplochiton scleroxylon), le sapelli (Etandrophragma cylindricum) et l'azobé ( Lophira alata) »7.

Faute des moyens logistes, d'une carence du personnel qualifié sur le terrain et parfois d'une surexploitation, la forêt camerounaise est de plus en plus menacée. Selon la FAO en 1990 « La superficie totale des forêts du Cameroun était de 46.5 millions d'hectares mais au milieu des années 90, les forêts recouvraient environ 19.6 millions d'hectares. Une autre étude utilisait l'analyse de l'imagerie satellitaire estimait que la forêt recouvrait 22.8 millions d'hectares au début des années 1990. Plus de 18 millions d'hectares (près de la moitié) de la région forestière historique du Cameroun a été défrichée afin de favoriser l'agriculture et l'installation de villages »8.

Dans une perspective économique, le problème forestier au Cameroun rapproche deux groupes d'intérêts : d'une part des exploitants forestiers et d'autre part des communautés villageoises. L'Etat et les bailleurs de fond interviennent dans ce rapport à travers la mise en place d'un régime susceptible de garantir une jouissance à long terme de ce patrimoine naturel. La préoccupation qui est la nôtre dans ce mémoire consiste donc à décrire les mécanismes qui régissent la gestion des forêts communautaires au Cameroun et à démontrer comment une telle politique concourre à la protection de la biodiversité.

6 TCH1NDA, René et KAPTOUOM,Emest , Situation des énergies nouvelles et renouvelables au Cameroun In.revue de l'énergie, n° 510, octobre 1999,p.653.

7

www.minef.ctn/forets/presentationforet bitm,2002,p.l.

8 www.globalforestwatch.org,2002.p.1.

Pour atteindre les objectifs ci-dessus mentionnés, le plan directeur que nous allons adopter va s'appesantir sur la gestion de la forêt proprement dite via l'action des acteurs tels que : les sociétés étrangères, les populations locales et l'État camerounais qui a mis sur pied des stratégies crédibles, et capables d'endiguer les dérapages observés si leur application se faisait avec beaucoup de rigueur. L'étendue restante et la valeur économique des forêts au Cameroun, ainsi que les types de forêts feront l'objet d'une parfaitement étude. En ce qui concerne le régime forestier communautaire au Cameroun, il permettra non seulement d'appréhender l'influence de la décentralisation et surtout l'application de ce régime dans les faits à travers la gestion des forêts.

II- Problématique

Les problèmes qui affectent l'environnement africain remontent à des temps bien lointains Pour certains écologistes, « lors de la glaciation, il y a 18 000 ans, la forêt tropicale africaine était sans doute réduite à une étroite bande équatoriale ; 6000 ans plus tard, il pleuvait sur le Sahara et les formations boisées avaient reconquis un espace supérieur à celui qu'elles occupaient au début du XX' siècle de notre ère. Puis un nouveau changement climatique, entraînant une raréfaction des pluies, qui débuta. Il y a environ 7 000 ans, la végétation régressa, le sol se modifia, les bactéries qui assuraient son fonctionnement micro biologique disparurent, le vent s'empara des légères particules d'argile qui demeuraient et la vie ne réussit à se maintenir que dans quelques bas-fonds restés humides. Un scénario type qui, depuis l'origine de notre histoire, a très certainement connu de nombreuses reprises et de multiples adaptations e.

9 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-paul , Les forêts tropicales ( cirad).Montpelher- ,2000,p.7.

Si l'environnement africain en général a connu une dégradation progressive et irréversible, dans un cas spécifique, la diminution des ressources forestières s'est accélérée avec un rythme inquiétant au cours de ces cinq dernières décennies, si bien que les institutions internationales en ont tiré la sonnette d' alarme dans le but de sensibiliser les acteurs du développement à une exploitation judicieuse de cette richesse naturelle. On comprend dès lors pourquoi « la forêt tropicale est devenue un objet politique mondial, c'est à dire un objet de négociations internationales pouvant aboutir à des décisions susceptibles d'affecter mondialement les pratiques politiques et économiques, selon un scénario à peu près commun à toutes les questions d'environnement d'intérêt planétaire » .

Les rapports de la FAO au sujet des forêts africaines sont alarmants. L'analyse des données révèle qu' « en 1980, 1L3 hectares en moyenne par an de la surface forestière diminuaient. Dix ans plus tard, les estimations de cet organisme oscillaient entre 17 millions ( 1991) et 15.4 millions ( 1992) »11. Parmi les facteurs qui sont cités en marge de la déforestation, figure en première ligne l'action de l'homme: « les forêts tropicales vont mal, constate BERGONZIMI.... L'homme est l'unique responsable de cette situation. La déforestation, qui est, pour une bonne part, le résultat de l'expansion des différentes formes, permanentes ou itinérantes, de l'agriculture et de l'élevage excessif, continue inexorablement »12. Une attention particulière des conséquences potentiellement regrettables de la régression continuelle des forêts est donc à prendre en compte.

La forêt tropicale humide est considérée comme un énorme
réservoir de la faune et de la flore inégalement répartie selon
les régions et les continents. « Si l'on se restreint aux plantes

HAMPEL, C In Forêts tropicales, jungle internationale SMOUTS M.C, Paris, Presse de science Po, 2001,p.19. Il SMOUTS M.0 , La construction d'un enjeu planétaire In Forêts tropicales, jungle internationale, Paris, Presse de science P0,2001,p.58.

12 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul ,Les forêts tropicales ( cirad) iviontpelher. ,2000,p.144.

à fleurs, les estimations disponibles concernant le nombre d'espèces qui composent les flores des formations arborées tropicales sont de l'ordre de 30 000 pour l'Amérique, de 25 000 pour l'Asie, de 17 500 pour l'Afrique et de 4 000 pour l'ensemble Australie et îles du pacifique »13 .

Il existe d'après la FAO trois critères spécifiques de classification des forêts : le taux de couverture du sol par les cimes des grands arbres, les variations climatiques et les précipitations. S'agissant du premier paramètre, la FAO clans son rapport sur la situation des forêts tropicales clans le monde ne comptabilise que « les formations où le couvert arboré est supérieur à 10% de la surface occupée »m . Le climat quant à lui est l'élément prépondérant de la diversification des paysages forestiers. II est dépendant de la pluviométrie dont la moyenne annuelle est de 1500 millimètres»".

L'intérêt consacré aux forêts africaines fait de cette ressource naturelle « l'affaire des bailleurs de fond et des grandes ONG institutionnelles que les états, de moins en moins souverains quant à l'utilisation de ces écosystèmes perçus comme un patrimoine commun planétaire »16 . En effet, la forêt procure aux habitants de cette région du monde des ressources biologiques essentielles pour le bien-être humain : « l'agriculture, l'élevage, l'exploitation du bois, et la pêche par exemple, et constituent une source essentielle de la subsistance de base de la survie, de l'emploi, des revenus de l'exportation, et du rendement économique d'une grande partie de l'Afrique au sud du Sahara »17.

13 LANDY Jean-Paul , Les ressources forestières tropicales, Rome, Italie, FAO, Fitule FAO, farêt 1982p30.

14 FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), Situation des forêts dans le monde, Rome,1999,p.1.

15 BERGER A , Le climat de la terre : un passé pour quel avenir, Bruxelles,I992,p.10.

16 KARSEN'TY, Alain ,Vers la fin de l'état forestier ? ( Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun) In recueil de textes Marc HUFTY et Frank MUTTENZER : La Biodiversité : De 1 'action collective à la gouvernance,MED,200212003.

17 GHATTAS Michelle et LOUDIYI Dounia, Biodiversité africaine : Fondement pour l'avenir (programme d'appui à la biodiversité),1993,USA,p.1.

Une pression de plus en plus importante s'exerce donc sur les écosystèmes africains, et les stratégies doivent être mises en vigueur vont chercher à augmenter la production, les revenus et surtout apprendre à mieux gérer le potentiel des ressources naturelles restantes car « l'Afrique dépend, et continuera à dépendre, de ses ressources biologiques pour la nourriture, le logement, et le revenu. Le maintien d'écosystèmes sains, productifs, et variés permettra en Afrique de relever les défis des prochaines décennies »18

.

Le Cameroun est vivement concerné par le problème crucial de la diminution des forêts. La FAO souligne que « près de 2 millions d'hectares de forêts furent perdus entre 1980 et 1995. Ce qui représente le 2 taux le plus élevé de déboisement annuel dans le bassin du Congo »19 . Cette régression irréversible des forêts repose sur plusieurs agents d'altération dont les plus remarquables sont :

Le taux de natalité : « entre 1980 et 1998, la population du Cameroun est passée de 8.6 millions à 14.3 millions d'habitants, d'où accélération des pressions sur les terres et ressources forestières » et, avec l'épuisement des réserves pétrolières, les forêts sont devenues comme "des vaches laitières à traire".

Le secteur agricole : L'agriculture et l'élevage n'ont pas cessé de diminuer depuis le début du siècle les espaces forestiers et surtout ont augmenté les surfaces cultivées au Cameroun, pays essentiellement agricole : « Jusqu'en 1977, l'économie du Cameroun reposait principalement sur l'agriculture. Les principales exportations étaient le cacao, le café, le bois d'oeuvre, le coton, le caoutchouc, l'huile de

18 GRATTAS Michelle et LOUDIYI Dounia ,Biodiversité africaine : Fondement pour l'avenir ( programme d'appui à la biodiversité),1993,USA,p.1.

19 Ibidem.lpp

20 OMF , Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun,Washington, 2000, p.9.

palme, les bananes, le tabac et le thé »21 et, « le secteur agricole emploie plus de 75% de la population active et, contribue à la formation du PIB à concurrence de 25%. Représente 40% des exportations totales et génère environ 45% des recettes en devises >>22

La récolte du bois de feu, principales sources d'énergies domestique des populations du Cameroun. « Pendant très longtemps, le ramassage de bois mort, effectué traditionnellement à proximité des villages par les femmes et les enfants, et les couples destinés à approvisionner les agglomérations n'ont que peu altéré les formations ligneuses, même dans les zones sèches où la ressource était limitée. C'est autour des villes que le phénomène est le plus facilement observable, mais il concerne, de manière tout aussi critique, des zones étendues des tropiques secs, pauvres en biomasse ligneuse »23. Cette opération de récolte de bois de feu est aussi causée par le débardage : 4 C'est l'opération qui provoque les dégâts les plus importants en surface perturbée. Selon la fréquence de passage de l'engin, tractant ou non une grume, le sol peut être profondément perturbé et tassé.

Les feux de brousse couramment utilisés par les agriculteurs - On distingue trois types de feux de brousse : « Les feux d'humus : Ces feux pénètrent la couche humere en la consumant lentement. Ils se développent de préférence dans les milieux relativement humides quand le feu de surface a du mal à progresser. Lorsque la xéricité du milieu augmente, ils se transforment brutalement en feux de surface. Les feux de surface : Ils intéressent la strate herbacée et buissonnante. Ces feux sont très fréquents dans les formations forestières très ouvertes en début de saison sèche. Les arbres sont le plus souvent peu affectés par ce type de feux. Les feux de cime :

21 MONZA Jean-Pierre, L'atlas pour la conservation des foréts tropicales d'Afrique, Paris,1992,p.134.

22

23 J-C , La démographie, 4è éditions. Paris, Presses universitaires de France.Que sais-je ? 1998,p.80.

Dans les formations ou les ligneux sont plus denses, les cimes des arbres jointives peuvent permettre la progression du feu d'un individu à l'autre. Ces feux sont caractéristiques de milieux secs et sont fréquemment observés en fin de saison sèche même dans les formations forestières relativement ouvertes »24

L'urbanisation, la construction de routes, la réalisation des barrages hydroélectriques, l'exploitation minière, pétrolière. C'est dans ce cadre que, lors de la mise en place du pipeline ( Tchad-cameroun), « afin d'atténuer les impacts résiduels mineurs sur la biodiversité et l'habitat naturel causé par la construction et l'exploitation du système de transport camerounais, COTCO mettra en oeuvre un programme d'amélioration environnementale en dehors des sites. L'élément central de ce programme est constitué par le financement partiel de la part de COTCO pour les projets de préservation des régions de Mbam-Djerem et de la réserve de campo »25. La matérialisation des routes au Cameroun implique le déboisement d'une bande de forêt et, par conséquent, le sol est décapé et tassé et ce qui entraîne la destruction totale du peuplement forestier. « Dans les études menées par le projet API (Aménagement Pilote Intégré) de Dimako, en forêt semi-décidue passant en deuxième ou troisième exploitation, riche en bois blancs ( exploitation de 0.77 arbres à l'hectare soit 10.8 m3/ha), la largeur moyenne des pistes principales est de 16.7 m La largeur moyenne des pistes secondaires est de 8 m 1.7% de la surface est occupé par les pistes principales. En forêt dense sempervirente et semi-décidue, pour une première exploitation ayant prélevé 0.35 arbre par hectare, on observe que 1.3% de la surface est occupée par les pistes »26.

24 DUPUY Bernard , Bases pour une sylviculture en forêt dense tropicale humide africaine, C1RADforêt.Montpellier --France,1998,p.123.

25 BIYONG Pauline, LA CITE : HOURRA POUR LE PIPELINE. Edition spéciale-juillet 2000,p.13.

26 MBOLO (M) , Etude des dégâts d'exploitation dans la zone d'action du projet A :P :Ide Diniako, Mémoire de fin d'études Dschang 1NADER-UDS,1994,p.5.

Eu égard à tout ce qui précède, le Cameroun comme la plupart des pays sous développés, fait face à un manque des moyens financiers. C'est pourquoi, « L'insuffisance des moyens humains et financiers constitue une caractéristique générale des contextes nationaux dans lesquels s'inscrit la gestion forestière. Les administrations forestières sont trop souvent déficientes, les agents, insuffisamment nombreux, sont mal formés, sous-payés et se tiennent ou sont tenus, trop souvent éloignés du terrain. La carrière forestière, difficile et peu attractive, n'attire pas les jeunes diplômés. Seuls quelques pays, très rares, ont les moyens d'entretenir des institutions forestières modernes et pourvues de moyens opérationnels suffisants. Parallèlement, la recherche et la formation forestière nationales, lorsqu'elles existent, sont menées par des institutions affaiblies ou sont sous-traitées, avec pour conséquence un manque d'adaptation des compétences aux problèmes locaux. Les Etats, qui rencontrent de grandes difficultés pour financer le fonctionnement de leurs administrations forestières, n'ont pas, pour la plupart, les moyens d'investir dans des projets et ont du mal à attirer des capitaux privés vers la gestion durable de leurs forêts. Dans ces conditions, ils sont dépendants des aides internationales, lesquelles n'oeuvrent pas nécessairement dans le cadre d'une politique concertée et soutenue et ont de plus en plus tendance à donner la priorité au seul volet ( conservation) du développement durable »2 7.

Comme autre conséquence remarquable de la gestion des forêts du Cameroun, les forêts, plus précisément les forêts denses humides, sont utilisées par le gouvernement camerounais comme une source rapide et facile pour payer les dettes et couvrir les investissements les plus prioritaires depuis

27 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul , Les forêts tropicales ( cirad) .Montpeilier,2000,p_109.

l'adoption du programme d'Ajustement Structurel. Reconnaissant la menace croissante qui affecte les forêts du bassin du Congo, les principaux chefs de L'Etat de la région ainsi que de la République du Tchad ont orienté leur objectif en faveur de l'amélioration de la protection des forêts via la Déclaration de Yaoundé. « Cette dernière constitue une démonstration important des mesures nécessaires pour assurer l'avenir des forêts de la planète indiquant leur volonté de collaboration, les chefs d'Etat ont reconnu la nécessité d'établir des réseaux transnationaux de zones forestières protégées, ainsi que d'améliorer les gestions des zones forestières existantes »28.

Comme constat, « la foresterie tropicale offre un point de départ utile pour les programmes d'administration. Les mêmes facteurs qui rendent ce secteur stimulant pour l'assistance au développement en font également le creuset d'une réforme de l'administration. L'optique d'intégration de la foresterie tropicale, qui relie le mondial au national et au local ; les hauts niveaux de revenus et autres avantages qu'elle engendre ; sa base budgétaire locale ; le rôle central des questions de régimes d'occupation et de droits collectifs ; ainsi que son importance dans les moyens d'existence ruraux : tous ces facteurs renforcent les interactions entre bonne administration, responsabilité publique et réduction de la pauvreté. Veiller à ce que le secteur forestier remplisse cette mission constitue un grand défi, non seulement pour les gouvernements des pays récepteurs, mais aussi pour la communauté de donateurs »29.

Malgré des améliorations innovatrices, l'exploitation illicite
des ressources naturelles et surtout la corruption a entraîné des
conséquences graves telles que : La dégradation

28 www.wagne.net./devdmiecologie, 2002,p.l.

29 David, SHEPHERD Gill, Forestry as an entry point for governance reform la foresterie en tant

que point de départ d'une reforme d'administration), 2002, In www.odifpeg.org.uk/fran4ais/publications/policybriefs/frrestrybriefings,p.l.

environnementale, la rareté de revenus financiers dans les services publics et les conflits entre acteurs. La baisse progressive des réserves pétrolières au Cameroun et la chute du prix du cacao a aussi accéléré des pressions intenses sur l'exploitation forestière via l'action des entreprises forestières ( le plus souvent étrangères ) qui exploitent les essences mais représentent un petit groupe d'exploitants dominants L'action des peuples et les communautés des forêts agissent aussi d'une manière négative sur les forêts camerounaises : la chasse pour la viande de brousse, faciliter par la création des routes d'exploitation du bois représente une autre menace à la biodiversité du Cameroun.

Pour pallier un bon nombre de problèmes, le gouvernement camerounais s'est doté d'une stratégie de décentralisation à travers une nouvelle législation forestière qui autorise les exploitants forestiers sous titres ( concession forestière, vente de coupe, assiette de coupe) à exploiter les forêts camerounaises. Le constat qui en ressort est que le Cameroun n'a toujours pas appliqué de façon régulière et rigoureuse cette politique qui pourrait endiguer les dérapages que l'on observe à travers les infractions majeures dis' qualifiantes telles que : exploitation illégale sans titre, exploitation en dehors des limites du titre, infraction repérée aux règlements de l'exploitation forestière, infraction repérée aux lois relatives à la protection de l'environnement. Et pour diverses raisons, principalement économique et politiques, la nouvelle portant régimes des forêts communautaires, n'est pas mise en application malgré l'intérêt évident exprimé par divers bailleurs de fond, projets et ONG. Ces institutions, ayant pour objectifs essentiels : les stratégies de conservation, voient en effet dans les forêts communautaires un outil potentiel d'intégration des populations. Comme remarque,« le transport et la distribution du bois de chauffe demeurent eux aussi au stade artisanal et ne font pas l'objet d'une réglementation ( la législation forestière ne prend pas suffisamment en compte

l'exploitation de la forêt à des fins énergétiques) . Cette absence du cadre juridique harmonisé, de concertation et de coordination peut entraîner non seulement des risques de double emploi et une mauvaise utilisation des ressources, mais peut aussi avoir des conséquences pour la maîtrise des effets de l'approvisionnement, l'utilisation des technologies énergétiques en rendant complexes la prise en compte des paramètres de sécurité des hommes et des biens, la protection de l'environnement, qu'une stratégie synergique devrait intégrer »30

.

Au Cameroun, « les forêts les plus menacées par les pressions diverses sont les forêts de montagnes, les forêts côtières sempervirentes et les forêts semi-sempervirentes de type relativement sec. Les forêts du sud-est du pays étaient moins menacées jusqu'à l'annonce récente d'un plan du gouvernement visant à intensifier l'exploitation forestière. Il est difficile d'estimer l'importance du déboisement au Cameroun car l'exploitation forestière ne se fait pas par coupe rase. Le principal problème vient d'une dégradation insidieuse et rapide des forêts. L'exploitation, l'empiètement agricole et le feu sont les principales causes de dégradation et de destruction de la forêt »31.

Pour endiguer cela, « le gouvernement impose un minimum de 60% de grumes transformées localement. Il est probable que ce pourcentage sera porté à 70%, et il est même possible que l'exportation des grumes à l'état brut soit ultérieurement totalement interdite. Face à cette volonté, les principaux problèmes viennent de l'inefficacité de la transformation industrielle des grumes sur place et des bas prix offerts pour les grumes transformées ( souvent jusqu'à 50% plus faibles ). Le rendement moyen en bois transformé exportable est d'environ 30% des grumes brutes, mais peut tomber à 20%.

PNGE ( Plan National de Gestion de l'Environnement), Vol.! , rapport principal, février ,1996,p_13.
31 MONZA Jean-Pierre ,L'Atlas pour la construction des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.138.

De plus, on estime que 20 à 35% du volume de chaque arbre abattu sont abandonnées sur place. En conséquence, les pertes de bois depuis l'arbre abattu jusqu'au produit scié atteignent 65% à 75%. L'une des raisons est que les concessions sont accordées pour une durée de 5 ans renouvelable alors que, d'après les règlements actuels, les concessions approvisionnant une scierie n'ont qu'une durée de vie productive de 9 ans avant l'expiration de leur licence. De ce fait il n'est pas économiquement rentable d'investir dans les machines efficaces, mais chères. On a donc tendance à utiliser de vieilles machines peu efficaces et démodées »32.

III- Etendue restante et valeur économique des forêts au Cameroun

Au Cameroun, « Les bois et produits dérivés occupent dans l'économie camerounaise une place importante. Avant 1979 et l'exploitation pétrolière, ils représentaient jusqu'à 15% de la valeur totale des exportations du pays, derrière celles de café et de cacao. Depuis, cette proportion est tombée aux alentours de 4%, après le coton et l'aluminium. Malgré une industrialisation relativement poussée, le secteur des bois connaît depuis 1980 un déclin relatif, et il forme moins de 3% de la valeur ajoutée totale >>33.

Ainsi, « Seulement 6 % des forêts sont utilisées par les peuples forestiers selon le mode traditionnel ( agriculture itinérante à jachère longue). Toutes les autres utilisations reflètent les besoins d'une population rurale pauvre, ayant un besoin accru de terres agricoles du fait de la démographie et des systèmes extensifs de cultures utilisés »34. Comme remarque, on peut

32 MONZA Jean-Pierre ,L'Atlas pour la construction des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.138

33 BUTTOUD,G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989,p. 253.

34 DELVINGT W , La gestion forestière en bordure de la réserve defmme du DJA rapport préliminaire de mission, Projet ECOFAC-Camerou, 1994,p.14.

noter le faible niveau de vie des populations rurales qui les oblige à utiliser le bois comme source d'énergie.

L'exploitation forestière reste très sélective : « Ainsi, parmi les 300 essences théoriquement commercialisables des forêts camerounaises ( c'est à dire " pouvant avoir un diamètre supérieur à 60 centimètres" selon la législation forestière), seulement 113 sont exploitées dont une quinzaine d'essences représente à elles seules près de 90 % des volumes prélevés, les cinq essences principales ( Ayous, Sapelli, Azobé, Fraké et Iroko) constituant pour leur part environ 70% de la production en volume »35.

Les forêts jouent un très grand rôle dans l'acquisition des biens et de services qui bénéficient aux économies et aux populations d'une région donnée. Les ressources naturelles sont actuellement l'une des plus importantes sources de revenus que procurent les forêts camerounaises. Mais, « le Cameroun a le taux de déforestation annuel le plus élevé du bassin du Congo après la République Démocratique du Congo et, selon la FAO, les forêts du Cameroun ne représentaient plus que 19.6 millions d'hectares en 1990 »36.

Comme valeur économique, « Le Cameroun est le 7 exportateur mondial de bois tropical et le Y en Afrique après la Côte-d'Ivoire et le Gabon. En 1988-1989, l'exportation du bois représentait un revenu de quelque 190 millions de dollars. Le secteur emploie environ 20 000 personnes à plein temps ; il représente 9% de la production industrielle totale et, produit 4% du PNB. Le bois d'oeuvre occupe la 4' place dans l'ordre d'importance des exportations camerounaises, après le pétrole, le café et le cacao. Cependant, la diminution des ressources du pétrole et la chute des prix mondiaux du café et

35 DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Ericet al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun). CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.6.

36 OMF , Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au Cameroun, Washington,2000,p_11.

du cacao se conjuguent pour accentuer la pression sur le secteur forestier, qui doit combler le déficit. La politique du gouvernement actuel est en fait de pousser l'exploitation forestière afin que la production de bois d'oeuvre remplace le pétrole en tant que moteur de l'économie camerounaise. L'objectif est d'atteindre une production de 4 millions de m3 avant l'an 2000 et de 5 millions de m3 avant 2010. Dans ce contexte, il faut noter que la dévaluation du franc CFA a favorisé le développement anarchique de l'exploitation forestière ces dernières années ».37

Au Cameroun, « la transformation est réalisée par 64 unités, soit 58 scieries, quatre unités de déroulage, une unité de tranchage et une fabrique d'allumettes. Ces unités ont produit 300 000 m3 de sciages, 95 000 m3 de placages déroulés (40 000 m3 de contre-plaqués ) et 20 000 m3 de tranchage. L'exportation joue donc encore un rôle très important ; en effet le Cameroun exporte des grumes en sus des produits issus de la première transformation. En 1992-1993, le Cameroun a exporté 885 000 m3 de bois( sur un total de 2010 000 de m3 produits), soit 700 000 m3 de grumes, 150 000 de ne de produits débités et 35 000 de m3 de placages et contreplaqués. Il est clair que les quantités exportés ont augmenté par la suite, notamment à cause de la dévaluation du franc CFA.Les principaux clients du Cameroun sont les pays de l'Union européenne qui achètent 70% des grumes et 90% des débités. En ce qui concerne le marché national. Il est surtout alimenté par les scieurs artisanaux qui opèrent souvent en marge de la légalité »38.

D'après une étude, « le prélèvement moyen au Cameroun est
d'environ 5 m3/ha, ce qui est faible par rapport à d'autres
régions tropicales et prouve que l'exploitation est très

37 MONZA Jean-Pierre , L 'Atlas pour la conservation des foréts tropicales,Paris" ,1996,p_135.

38 DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Ericet al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt, Montpellier-France,1998,p.6.

sélective. Pour le début des années quatre-vingt-dix, le volume des exportations de bois d'oeu-vre est estimé à environ 1.2 millions de m3 /an, dont 62% de bois brut. Les pays de l'Union européenne, principalement la Belgique, la France, l'Allemagne, la Grèce et la hollande, achètent 85% des grumes exportées et 91% du bois transformé. Plus de la moitié de la production vient des forêts semi-sempervirentes et des forêts camerouno-congolaises de l'Est du pays »".

D'un constat général, l'exploitation forestière est l'un des piliers du secteur économique national car « les potentialités forestières du Cameroun sont considérables au plan économique et écologique. Elles sont évaluées à 17.5 millions d'hectares de forêts denses en zone tropicale. humide, 4.5 millions d'hectares de forêts dégradées et 4 millions d'hectares de savanes boisées arbustives denses. À ce potentiel naturel, il faut ajouter le potentiel de régénération qui n'a pas fait l'objet d'une estimation exhaustive, mais qui est important ( la cellule de communication du ministère de l'environnement et des forêts déclare que les efforts de régénération ont porté sur 3.500 ha en septembre 1993. Ce potentiel est susceptible de mettre à la disposition des ménages du développement artisanal et industriel une source d'énergies renouvelables et endogènes »40

.

D'après le Ministère de l'environnement et des forêts en 1999 « l'exploitation forestière a généré environ 28% du total des recettes d'exportation hors pétrole en 1998 »41. Face au taux de chômage élevé, et dans le but de lutter contre la pauvreté, « les entreprises forestières employaient directement plus de 34000 personnes »42. Ceci s'est confirmé une année plus tard

39 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales ,Paris,1996,p.138.

PNGE ( Plan National de Gestion de L'Environnement), val , rapport principal, février 1996,pS.

41 Ministère de l'environnement et des forêts , Planification de l'attribution des titres d'exploitationforestièr, Yaoundé,1999,p.69.

42EBA'A et ATYI.R, Cameroon's logging industry ( structure, economic Impacts and efects of devaluation, CIFOR ( Indonésie),1998,p.96.

par les pouvoirs publics qui estiment que : « Plus de 55000 personnes travaillent actuellement dans ce secteur, y compris les emplois indirects »43.

Sur le plan de la biodiversité, « le Cameroun est l'un des pays d'Afrique les plus variés du point de vue écologique. La principale raison de la forte biodiversité de ces forêts est qu'elles constituent un système ancien et très stable, en particulier les forêts de la plaine littorale. Des indices laissent penser que ces forêts côtières ont résisté aux vicissitudes climatiques, même durant la période au climat frais et sec il y

a 18 000 ans, quand les forêts denses étaient moins étendues qu'aujourd'hui. On estime que 9 000 espèces végétales se trouvent au Cameroun : 156 au moins sont endémiques, dont 45 sur le seul mont Cameroun. Une étude récente a permis de recenser plus de 200 espèces de plantes ligneuses sur un site de 0.1 ha de forêt côtière, un des plus hauts degrés de diversité observés dans le monde. Plus de 1000 espèces de papillons ont été relevées dans les forêts du Golfe du Guinée. Cette région est également un centre de diversité pour les grenouilles (8 genres sont quasiment limités à la région). Le Cameroun compte entre 250 et 300 espèces de mammifères et 848 espèces d'oiseaux »44.

Les ressources forestières englobent une multitude richesse au Cameroun et, « la forêt du Cameroun est importante sur le triple plan de l'étendue, du potentiel et de la biodiversité. Sur le plan de l'étendue, le Cameroun est classé en 2 ème rang en Afrique : environ 20 millions d'hectares. Sur le plan du potentiel, la forêt camerounaise renferme 300 espèces commercialisables, dont une soixantaine seulement fait l'objet d'une exploitation régulière. Le potentiel exploitable sur la base des conditions actuelles du marché du bois s'élève à environ 750 millions de m3. A quoi il faut ajouter les autres

43 NDOJO, M , Ministère de l'environnement et des forêts ( réunion du comité consultatif) ,yaoundé,1999p.7.

44 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique,Paris,1996,p.138.

produits forestiers (Plantes médicinales, plantes nutritives, plantes de service etc..) Aux possibilités tout aussi diversifiées et importantes. Sur le plan de la biodiversité, il y a 16 à 17 % des phanérogames, 44 à 52 % des ptéridophytes et 6 % des espèces vertébrées du monde, ce qui place le Cameroun au 5 ème rang africain. Les formations forestières ici comportent plusieurs sous-types écologiques, reflet de sa diversité géographique qui l'a ainsi doté d'un patrimoine unique en son genre en Afrique »45.

Avec un PIB par habitant de 2000 $ USA et une couverture forestière de « 20 009 000 hectares ( forêts tropicales), les forêts du Cameroun représentent l'une des principales sources de bois tropicaux du monde avec 1.7 millions de mètres cubes exportés en 1997 »46. Comme constat, les exportations de bois constitueront au Cameroun une part très importante des recettes en devises, vu la baise des gisements de pétrole et la chute des prix des cultures industrielles telles que le café et cacao.

Sur le plan de la fiscalité forestière, « le secteur forestier camerounais revêt une importance nationale primordiale, représentant 25 % des exportations en 1998/99 »47 et, le secteur informel qui utilise le plus souvent le bois de feu, rotin, bambous, écorces, charbon de bois, planche, piquets etc, échappe parfois au contrôle des agents de l'Etat qui ne dispose pas très souvent les moyens logistiques pour le contrôle. Mais, ce secteur génère un chiffre d'affaires considérable via les taxes communales qui sont le plus souvent perçues sur les lieux de marchés urbains et ruraux.

45 Eléments du plan forestier national du Cameroun Jin www.proforinfo/does/ELEMENTS%20Du% 20 Plan % 20 forestier % 20 national % Du %.27/04/03

46 www.fao.org, Bases des données statistiques.27/01/2000

47 FOMETE Timothée , La fiscalité forestière et l'implication des communautés locales à la gestion forestière au Cameroun, 2001, In www.odifpeg.org.uldfrançais/publications/policybriefs/forestrybriefmgs

IV- Types de forêts rencontrées au Cameroun

La république du Cameroun est l'un de pays tropicaux d'Afrique les plus importants pour la biodiversité de ses forêts. Elle englobe cependant des forêts denses humides sempervirentes et semi-sempervirentes de basse et moyenne altitude, submontagnardes et montagnardes ainsi que la mangrove. « La région afromontagnarde englobe deux grands domaines, les formations arbustives et formations herbeuses afrosubalpines et les forêts de montagne, tous deux d'étendue très limitée. Cette région couvre environ 72 500 ha, soit moins de 0.2% de la surface terrestre du pays. La région guinéocongolaise, qui comprend des forêts submontagnardes ( 377 500 ha ) ainsi qu'une vaste étendue de forêts denses humides sempervirentes et semi-sempervirentes de basse et moyenne altitude, couvre un total de 26 700 000 ha, soit 57% de la surface terrestre du pays ; plus de 17 000 000 ha de cette région seraient encore couverts de forêt à l'heure actuelle »1".

Il existe cependant une très grande diversité d'espaces naturels et il convient en fait de distinguer 2 grands types très différenciés. Le premier concerne les forêts tropicales humides. « Ces forêts, qu'on trouve là où la pluviométrie annuelle dépasse les 1350 mm et où la saison sèche n'excède pas 2 mois, sont les seules à donner lieu à des modes d'exploitation commerciale structurés à grande échelle. Regroupées en 2 grandes masses forestières situées l'une sur la frange sud de l'Afrique de l'Ouest, l'autre dans tout le bassin congolais, elles sont en effet orientées vers la production des bois susceptibles de transformation industrielle. Leur première caractéristique n'en reste pas moins leur grande diversité. Ces forêts peuvent être d'abord plus ou moins denses. Les peuplements continus d'arbres, dont la hauteur varie généralement de 10 m à 50 m, voire

48 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.134.

davantage, et dont les cîmes s'étalent sur plusieurs étages en s'interpénétrant et en se superposant, peuvent suivant l'épaisseur du couvert permettre ou non le développement de strates arbustives plus ou moins claires e.

Le deuxième type concerne les espaces boisés sèche : « Cette forêt dite sèche est en fait celle qui subit une saison aride de plusieurs mois, saison dont l'intensité et la durée variables déterminent directement la nature du couvert boisé.[...] Les forêts des zones arides et semi-arides sont en fait la plupart du temps des forêts claires, caractérisées par une croissance lente et par une régénération par voie végétative. Elles sont composées d'essences décidues ou semi-décidues aux troncs droits et souvent espacés, le recouvrement est donc faible, et le tapis de graminées en sous-bois particulièrement abondant et propice au développement de l'élevage »50 . Ces deux types d'espaces naturels sont subdivisés en 5 grands groupes( Les forêts de montage, les forêts submontagnardes, les forêts camerouno-congolaises, les forêts situées sur l'aire atlantique et la mangrove) et, caractérisés par 3 principales zones écologiques : « Au sud : C'est une région couverte de forêts denses sous un climat humide de type équatorial. Les sols sont très épais, d'aspect homogène, formés sur un matériau originel très altéré. Les produits d'altération sont des argiles à faible capacité d'échange, des sesquioxydes de fer et d'alumine ; le résidu d'altération est constitué surtout de quartz. Les sols sont connus sous la dénomination générale de sols ferrallitiques. Au centre : Une région constituée d'une mosaïque de forêts et de savanes sous un climat moins humide, comportant une courte saison sèche. Ce sont encore des sols ferrallitiques aux propriétés généralement comparables à celles des sols de la zone méridionale. Cependant, quelques différences apparaissent dans les horizons de surface et dans la qualité du drainage. Des inclusions de sols aux propriétés

49 BUTTOUD ,G , Les produits forestières dans l'économie Africaine, France, 1989, p. 17.

50 Idem.,p.23.

particulières sont localisées sur des roches volcaniques dans l'ouest du pays et sur le plateau de l'adamaoua. Au Nord : Une région très diversifiée par sa végétation et par ses sols, sous un climat à longue saison sèche. Les sols ont une épaisseur moyenne à faible. Les produits d'altération sont des mélanges divers d'argiles à faible ou forte capacité d'échange, de sesquioxydes de fer et de manganèse, de carbonate de calcium, des sels solubles. Le quartz, les feldspaths et paifois les micas noirs constituent le résidu d'altération »5'.

1-Les forêts de montagne

Dans la région tropicale du globe terrestre, « le plus souvent, les formations de plaine se prolongent sur les parois des massifs montagneux jusqu'environ 1000 mètres d'altitude. On n'y observe pas de changement profond de la flore, mais une expression affaiblie de tous les caractères de vigueur. Avec l'altitude, la taille des arbres se réduit, les houppiers sont moins importants, les troncs moins droits, les feuilles plus petites. Au-dessus de 1000 mètres, la composition floristique peut changer. Des arbres à feuilles persistantes apparaissent, notamment des conifères, et dans les espaces libérés un couvert herbacé s'installe, accompagné paifois de palmier et de bambous. Sur les montagnes importantes ,on rencontre des formations, baptisées forêts de nuages, plongées dans une ambiance humide propice au développement des mousses, des lichens et des épiphytes »52.

Au Cameroun, « les forêts de montagne s'étalent d'environ 1 500-1800 m jusqu'à 2400-2700 m d'altitude, quelques lambeaux subsistant jusqu'à 3 000 m et plus. Comparativement aux forêts de basse altitude, les arbres des forêts de montagne sont moins hauts ; leur feuillage est toujours vert, leurs feuilles épaisses. Les lianes sont rares, le

51 BRABANT Pierre , Le sol des forêts claires du carneroun( Exemple d'étude d'un site représentatif vue de la cartographie des sols et de l'évaluation des terres), France, 1988, p29.

52 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul , Les forêts tropicales ( cirad) , Montpellier, 2000, p.18.

sous-bois est généralement clair et les mousses et lichens sont abondants. Cinq espèces d'arbres caractérisent la zone de montagne, en particulier l'horizon supérieur : Nuxia congesta, Podocarpus latifolius, Prunus africana, Rapanea melanophloeos et Syzygium staudttii. On y trouve aussi le bambou Sinarundinaria alpina tandis qu'Olea capensis pousse dans les forêts moins humides. D'autres espèces de montagne peuvent être citées : Crassocephalum mannii, hypericum revolutum, Myrica arborea, Philippia mannii, et Schefflera abyssinica »53.

2-Les forêts submontagnardes

Elles s'étalent entre le niveau de la mer et, une partie du nord cameroun. « les forêts submontagnardes couvrent moins de 1% des terres. Elles se trouvent entre 800-1200 m et 15001800m d'altitude et peuvent être caractérisées par une relative uniformité de la flore et une abondance de plantes de la famille des Clusiaceae. Aux altitudes les plus basses, la composition spécifique est semblable à celle des forêts voisines de moyenne altitude ; au fur et à mesure que l'altitude augmente, les épiphytes, principalement orchidées et mousses, se développent et des espèces commencent à apparaître-par exemple Caloncaba lophocarpa, crotonogyne manniana, Dasylepis racemosa, Erythrococca hispida, prunus africana et xylopia africana. Les forêts submontagnardes sont beaucoup moins connues du point de vue biologique que les forêts de montagne et de basse et moyenne altitude. Ces dernières s'étendent entre le niveau de la mer et 800 m au sud, et jusqu'à 1200 m au nord du Cameroun. Les forêts semisempervirentes relativement sèches sont souvent morcelées et sérieusement mises en danger par les feux de brousse. Ce type de forêt couvre environ 4 000 000 ha , soit environ 8.6% du pays. Les forêts sempervirentes hyperhumides à humides et sémi-sempervirentes relativement humides couvrent quant à

53 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris, 1996, p.134.

elles environ 27.5% du pays ( 12 800 000 ha ), séparées en deux régions principales : L'aire camerouno-congolaise et l'aire atlantique »54.

3-Les forêts camerouno-congolaises

D'après une observation des experts, « elles couvrent environ 8 100 000 ha, soit 17.4 % du territoire national ; ce sont essentiellement des forêts semi-sempervirentes relativement humides. La diversité de la flore est généralement plus faible que dans les forêts du littoral atlantique. Les affinités avec les forêts du bassin congolais sont nettes, comme en témoignent les espèces suivantes : Lannea welwitschii, Cleistopholis patens, Xylopia staudtii, Bombax buonopozense, cordier platythyrsa,Swartzia fistuloides, Irvingia grandifolia et entandrophragma utile. À l'exception notable de Gilbertiodendron dewevrei qui peut former des peuplements sempervirents, cette forêt, contrairement à certaines parties de l'aire atlantique, n'est pas caractérisée par des Caesalpinaceae grégaires . On trouve aussi dans cette aire les forêts marécageuses du Haut Nyong avec Sterculia subviolacea et Macaranga spp , des forêts marécageuses avec Phoenix reclinata et Raphia monbuttorum et des forêts périodiquement inondées avec Guibourtia demeusei »".

4-Les forêts situées sur l'aire atlantique

Elles s'étalent plus précisément sur la région nigéroCamerouno-gabonaise, et est composées,« des forêts sempervirentes qui couvrent environ 4 700 000 ha, soit 10% du territoire national. La diversité floristique y est très élevée et l'endémisme marqué. La flore a certaines affinités avec les forêts d'Amérique du sud. Par exemple, les arbres Erismadelphus exsul et Sacoglottis gabonensis appartiennent

54 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris, 1996, p_134. " Idem.,p.134.

à des familles médiocrement représentées en Afrique, mais abondantes en Amérique du sud >>56.

5-La mangrove

Certaines zones côtières du Cameroun, soumises à un
envahissement des marées, ont favorisé l'installation des
formations arbustives déterminées par la nature du soL « II

s'agit d'une forêt plutôt basse, d'environ 10 à 15 mètres qui, par rapport aux forêts denses humides qu'elles côtoient, est composée d'un nombre limité d'espèces dont les palétuviers sont les représentants les plus caractéristiques. Ces formations sont typiques tant par la physionomie générale qui se dégage de l'enchevêtrement des racines-échasses et par la multiplicité des formes vivipares que par la faune étrange qu'elles abritent. On trouve des mangroves avec une strate ligneuse très basse dans les zones tropicales sèches ou même arides, comme au sud de la péninsule arabique. D'un point de vue fonctionnel, elles jouent un rôle essentiel dans le maintien des vases côtières et dans la reproduction de certains animaux marins »57.

Sur tout le territoire, « il restait 243 400 ha de mangroves au Cameroun en 1985. Deux aires principales, couvrant ensemble quelque 230 000 ha, se trouvent à l'est et à l'ouest du mont Cameroun. Le palétuvier rouge Rhizophora racemosa occupe au total 90 à 95% de la surface des mangroves. IL peut atteindre 25 m de haut tandis que les deux autres espèces de Rhizophora dépassent rarement 6 m. On trouve aussi le palétuvier blanc Avicennia germinans. Les mangroves et les eaux côtières voisines, qui atteignent jusqu'à 50 m de profondeur, hébergent et nourrissent d'importantes ressources de pêche d'une valeur économique et alimentaire non négligeable. La production annuelle de poisson dans le Rio del Rey et l'estuaire du Cross est d'environ 12 800 tonnes dont au

56 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris, 1996, p.134

57 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul , Les forêts tropicales ( cirad) ,Montpellier,2000,p.17.

moins le tiers ( d'une valeur de 8 millions de dollars) provient du secteur camerounais »58.

Selon le Centre Mondial de Surveillance de la Conservation des Forêts, les forêts camerounaises sont subdivisées en sept grandes parties avec les pourcentages très variés comme l'indique le tableau suivant.

Types de forêts rencontrées au Cameroun

Pourcentages et superficies

forestières

(((1112)

Forêts ombrophile
sempervirente à

larges feuilles
plaines

56%

163582 km2

Forêts altimontaine

1%

 

3188km2

Forêts

1%

marécageuses

2208 km2

Mangrove

1%

 

2275km2

Forêt dégradée

22%

 

63438km2

Arbres épars

8%

 

24163km2

Forêts ombrophile

11%

décidue et semi- décidue à larges feuilles

31111km2

 

Source : Observatoire mondial des forêts ( OMF) : Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun. Washington, 2000,p. 20.

58 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.135.

instituées dans six localités. Les principaux grands acteurs de la décentralisation au Cameroun sont : le FEICOM ( Fonds spécial d'équipement et d'intervention communale ), ACVC ( association des communes et villes du Cameroun), UCVC ( Union des communes et villes du Cameroun ) et la MAETUR.

Les politiques de décentralisation visent le plus souvent « la mise en place d'organes locaux ( les collectivités territoriales) auxquels 1 'Etat transfère d'importants pouvoirs de décision. La décentralisation suppose la personnalité juridique, la notion d'affaires propres, l'élection de représentants, ainsi que des moyens humains, techniques etftnanciers. Les organes décentralisés restent soumis à un contrôle de tutelle de la part de 1 'Etat dont les modalités varient ( contrôle a priori ou a posteriori) »61.

D'après GONTCHAROFF George, les raisons fondamentales de la décentralisation ont pour objet : « une volonté de dégraisser les services centraux de l'Etat, considérés comme trop lourds. Les politiques des Etats menées depuis plus de quarante ans en faveur de leurs administrés, par l'intermédiaire de services techniques déconcentrés, appuyés ou non par la coopération internationale, ont souvent déçu et sont actuellement ouvertement remises en question : L'Etat central prendrait trop de place-ponctions démesurée sur les ressources d'une société- il serait irresponsable-les fonctionnaires nommés n'ont pas de compte à rendre aux populations- il serait inefficace-gaspillage, effets pervers des politiques-,une volonté de rapprocher le pouvoir du citoyen »62.

L'idée de la décentralisation occupe aujourd'hui une place importante dans les discours : « elle implique une répartition différente du pouvoir, voire une notion différente du pouvoir, et personne ne se dessaisit volontairement d'un pouvoir qui assure des avantages dans l'immédiat »63. Mais comme remarque, la décentralisation donne aussi une possibilité de créer un édifice au niveau du pouvoir traditionnel local :

061 JACOB jean-pierre , Quelques considérations sur les politiques de mise en place de la décentralisation en Afrique rurale, Ouagadougou, 1996,p.l.

62 GONTCHAROFF, Georges , Démocratie, citoyenneté dans la décentralisation. Etat des lieux de la citoyenneté locale : décentralisation et participation, territoires, no 321, 1991, p.8.

63 DDC , Décentralisation et développement, Berne ,1999, p.6.

« 1 'Etat central peut aussi 1 'utiliser pour se décharger de tâches essentielles sur des communautés locales sans pour autant leur donner la maîtrise nécessaire sur les ressources financières correspondantes »m.

L'exploitation forestière a commencé au Cameroun depuis de longues années. Elle est faite sous titre ( concession forestière, vente de coupe, assiette de coupe ), et sous licence. Elle a commencé dans la région du littoral, et s'est progressivement étendue dans les autres régions au fur et à mesure que le pays a intensifié des infrastructures routières et ferroviaires. Et, comme remarque, « la gestion décentralisée des ressources naturelles est 1 'un des nouveaux sésames du développement. Elle est devenue la référence convenue du discours des ONG rurales ou de la banque mondiale. Il est vrai que plus d'un siècle de gestion centralisée des forêts de L'Afrique francophone, sur le modèle de l'ancienne métropole, n'a guère apporté de preuves d'une grande efficacité en matière de bonne gestion ou de contribution au bien être des habitants des zones forestières »65 .

Eu égard au caractère vital des ressources naturelles, au nombre élevé des demandes d'offre de titres d'exploitation, et la gestion illicite, le gouvernement camerounais à travers son ministère de l'environnement et des forêts s'est doté d'une législation forestière qui n'autorise que les résidents camerounais ou à des sociétés inscrites au registre du commerce de mener une exploitation forestière. Cette législation forestière n'est qu'une décentralisation du pouvoir central du ministère via l'action des exploitants forestiers sur le terrain : « les sociétés d'exploitation du bois bénéficient de trois ans pour déposer auprès du Ministère de l'Environnement et des forêts un plan de gestion. Une fois ces plans acceptés, les droits d'exploitation sont finalisés et la période de 15 ans de droits débute »66.

Mais, comme contact, « la nouvelle loi forestière du
Cameroun, inspirée par les bailleurs de fonds, véhicule des
conceptions de l'aménagement des espaces éloignés des

64 DDC , Décentralisation et développement, Berne ,1999, p.6.

65 GONTCHAROFF, Georges , Démocratie, citoyenneté dans la décentralisation. Etat des lieux de la citoyenneté locale : décentralisation et participation, territoires, no 321, 1991, p.8. 66www.globalforestwatch.org

pratiques locales. Rompant avec les clichés de la gestion durable des forêts par les communautés, le mouvement de privatisation collective des espaces qui se dessine tend vers une diffusion du modèle rentier à de nouvelles couches sociales et favorise des alliances politiques inédites. Mais il risque de faire exploser les fondements de l'état forestier »67.

V.2. L' Application du régime forestier au Cameroun

Les résultats de la décentralisation via l'exploitation forestière ont permis de créer les délégations provinciales, départementales, d'arrondissements et les postes forestiers du Ministère de l'environnement et des forêts. Mais, « le Cameroun s'est doté d'instruments juridiques lui permettant de gérer et de conserver de façon durable les ressources naturelles dont il dispose notamment en ce qui concerne le régime des forêts, de la faune et de la pêche ( loi no 94/01 du 20 janvier 1994.) Le décret d'application no 95/531/Pm du 23 août 1995 de la loi portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, confie en son article 13, la gestion des ressources génétiques forestières aux administrations chargées des forêts, de la faune, de I 'environnement et de la recherche scientifique »68.

Pour mieux renforcer cette décentralisation auprès des populations locales, le Cameroun a procédé en 1990, avec l'appui de la coopération internationale, à une importante réforme qui s'est appesanti à la mise en oeuvre des forêts communautaires, c'est --à-dire « une foresterie axée sur les gens. Ici, la foresterie communautaire est considérée comme l'ensemble des processus dynamiques de responsabilisation des communautés rurales dans la gestion des ressources forestières, pour contribuer à I 'amélioration de leurs conditions de vie et promouvoir le développement local »69.

Cette gestion des forêts communautaires préoccupe le
ministère de l'environnement car elle reste encore innovatrice
mais, « elle remonte à la promulgation de la loi no 94/01 du

67 KARSENTY Main , Vers la fin de l'état forestier ? (Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun) In recueil de textes marc Hufty et Frank Muttenzer : La biodiversité : De l'action collective à la gouvemance.

68 www.foa.org.2002.p.1.

BIGOMBE LOGO, Patrice , Foresterie communautaire et réduction de la pauvreté rurale au Cameroun : Bilan et tendances de la première décennie.In world rainforest movement, 2002,p.1.

20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche et le décret d'application du régime des forêts, et à l'adoption, en novembre 1995, de la nouvelle politique forestière du Cameroun »70.

D'une manière générale, « Plusieurs pays ont oeuvré en faveur d'une administration plus équitable de leurs ressources naturelles, en transmettant la prise de décision ainsi que le contrôle des ressources aux populations locales. En 1994, le Cameroun a adopté une nouvelle loi accordant aux communautés locales la possibilité d'un contrôle accru sur les forêts et la faune, principalement en réponse aux conditions imposées par les bailleurs de fonds concernant les Prêts d'ajustement structurel (PAS). La promulgation de cette loi a toutefois pâti d'un manque de soutien considérable au niveau national. Les rivalités d'intérêts, conjuguées à la forte centralisation de l'appareil administratif camerounais, ont empêché une réelle transmission de pouvoirs en matière d'aménagement de la faune »71.

On note cependant certains efforts encouragés par des ONG; C'est le cas du projet effectué sur le mont Cameroun qui est un bon exemple car les zones forestières situées sur le Mont Cameroun abritent l'une des biodiversités les plus variée d'Afrique de l'Ouest . On y trouve notamment de nombreuses espèces végétales et animales rares et endémiques mais cependant, l'intensification de la vente de gibier, et le défrichement illégal des arbres par les agriculteurs à grande échelle entraînent le déclin des peuplements animaux et végétaux. Pour pallier cela, « Sur une période de cinq ans, la présence du Projet du Mont Cameroun (MCP) a aidé la population locale à maîtriser et articuler ses préoccupations et ses intérêts, en vue d'obtenir un droit de regard en matière d'aménagement des terres forestières dans la région d'OngeMokoko. Longtemps méfiante à l'égard du projet, la communauté de la Plaine de Boa adjacente a conclu son propre ( marché) avec une entreprise privée d'exploitation forestière. Toutefois, grâce aux conseils et à l'appui du projet, une Évaluation des Incidences sur l'Environnement (EIE) a servi d'outil de décision participatif, permettant ainsi de mieux

70 www.wrm.org.uy/countries/cameroon/bigombe.html

71EGBE EGBE Samuel , Les droits, les communautés et l'aménagement de la faune au Cameroun,2001.,In www.odifpeg.uk.27/04/03

cerner les options d'exploitation foncière et d'abandonner ce projet d'abattage à grande échelle. Depuis lors, les activités participatives ont engendré un processus de cartographie et d'aménagement foncier dynamique et organisé au sein de la communauté, de même qu'un vaste éventail d'initiatives individuelles en matière d'aménagement des ressources, qui visent à contribuer directement aux objectifs suivants : moyens d'existence améliorés, administration performante, capacité locale accrue pour l'aménagement forestier et foncier, ainsi que conservation de la biodiversité - but du projet »n.

L'une des volontés du gouvernement camerounais à travers son cadre juridique montre le degré de volonté de L'Etat de faire de la participation active des populations autochtones un élément essentiel de la nouvelle politique forestière car celle-ci améliorait l'action des populations locales dans la conservation et la gestion des forêts. Ceci contribuerait non seulement à élever leur niveau de vie, mais à faciliter le contrôle et la réalisation des inventaires, ainsi qu'une meilleure exploitation des résultats. Le ministère chargé de la gestion des forêts a fixé des normes d'inventaire sur le plan de la préservation des forêts, afin de conserver ce patrimoine forestier tout en assurant des possibilités de coupe.

Mais, on note aussi une réforme juridique qui est confondue avec le changement de mode de gouvemance : « D'où l'impasse actuelle du processus de réforme forestière au Cameroun, premier pays producteur de bois d'Afrique Centrale, qui devait préfigurer une nouvelle génération de politiques et de codes forestiers dans le bassin du Congo, objet de toutes les attentions de l'aide environnementale »73.

.

L'adoption de la loi de 1994 relatif la création des forêts communautaires auprès des villageois n'est pas passé inaperçu au Cameroun car elle permet de garantir la sécurité des espaces péris villageois. Cependant, « la constitution de ces forêts communautaires est soumise à la délimitation publique du domaine forestier permanent sur la base des propositions du plan de zonage. De cette délimitation dépendra l'ampleur

72 ACWORTH James, EKWOGE henry,et al., Vers une conservation participative de la biodiversité des forêts de la région d'onge-Mokoko au Cameroun.2001,In www.odifpeg.org27/04/03

73 KARSENTY Alain ,Vers la fin de l'état forestier ? ( Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun) In recueil de textes Marc Hufty et Frank Muttenzer : La Biodiversité : De l'action collective à la gouvernance,lUED,2002/2003.

de la forêt communautaire potentielle de chaque village... C'est donc un véritable partage du territoire entre administration forestière et paysanne qui est en jeu. Et, ce partage possède tous les traits d'un jeu à sommes nulles »" et, « Conformément à l'article 37, alinéa 5 de la loi de 1994 portant régime des forêts, et aux articles 3 ( 11) et ( 16) puis 27 ( 4) et (5) du décret d'application y relatif une forêt communautaire est une zone du domaine forestier non- permanent, pouvant mesurer jusqu'à 5000 ha, et faisant l'objet d'une convention de gestion entre une communauté villageoise et l'administration des forêts. Le plan d'aménagement fait partie intégrante de la convention ou du contrat d'aménagement ainsi conclu entre l'administration des forêts et la communauté villageoise. La durée de la convention de gestion est la même que celle du plan d'aménagement, et la période minimale fixée est de 25 ans. Ainsi, si le plan d'aménagement d'une forêt s'étale sur 50 ans, la convention de gestion restera valable pour la même période »".

Dans le cadre de la législation camerounaise, il est important de noter que « une convention d'aménagement d'une forêt communautaire ne confère à la communauté, ni des droits de propriétés sur le domaine, ni quelque titre de propriété sur la forêt elle-même. Dans les deux cas, les droits de propriétés sur le domaine foncier et sur la forêt demeurent ceux de l'Etat. Toutefois, les avantages dont bénéficie la communauté sont définis dans le cadre du plan concédé d'aménagement. Lorsque les activités arrêtées dans le plan d'aménagement sont respectées, les produits forestiers qui en découlent deviennent la propriété exclusive de la communauté concernée. En somme, nous pouvons observer qu'une forêt communautaire fait essentiellement partie du domaine forestier national soumis à une convention conclue entre l'administration des forêts, et une communauté villageoise donnée. En retour, pour peu qu'elle assure la gestion de la forêt communautaire conformément aux dispositions du plan concerné de gestion, ladite communauté jouira des produits de cette forêt, à titre de sa propriété exclusive. Il convient également de noter que les forêts communautaires ne

74KARSENTY Alain ,Vers la fin de 1 'état forestier ? ( Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun) In recueil de textes Marc Hufty et Frank Muttenzer : La Biodiversité : De l'action collective à la gouvernancejUED,200212003.

75 www.minef.cin/forêtcommunautaire.htrn.2002,p.1.

constituent pas simplement une nouvelle forme d'exploitation du bois. Le cadre politique et juridique révèle clairement que les forêts communautaires sont conçues pour permettre aux populations locales de s'impliquer dans la gestion à long terme de toutes les ressources forestières pour le bien de toutes les couches de cette communauté »76.

De part sa richesse en ressources naturelles, « le cas du Cameroun constitue 1 'un des plus grands défis pour la foresterie communautaire sous les tropiques et a suscité un intérêt exceptionnel dans la communauté internationale. Une refonte radicale de la législation forestière en 1994 a ouvert la voie à la participation de la communauté dans la gestion des forêts pour une production commerciale des bois [....1 Toutefois, ces progrès prennent du temps et exigent de la ténacité et un engagement financier à long terme de la part aussi bien des acteurs locaux que des bailleurs de fonds internationaux »n .Cependant, « l'introduction du concept de foresterie communautaire dans la législation forestière au Cameroun à travers la notion de forêts communautaires a constitué une très grande innovation dans la sous-région d'Afrique centrale. Selon les acteurs du secteur forestier et du développement en général, ce fut une grande révolution dans le secteur forestier au Cameroun. Toutefois, environ sept ans après 1 'adoption de la nouvelle loi de janvier 1994, le développement des activités ne semble pas répondre aux attentes. Seulement une dizaine de forêts ont été attribuée et sont actuellement plus ou moins aménagées par les communautés »78.

VI- La gestion de l'exploitation forestière au Cameroun

Trois grands acteurs influencent le mode de gestion de l'exploitation forestière au Cameroun : L'Etat camerounais, les sociétés d'exploitation forestière et les populations locales. Mais cependant, on note une exploitation inégalement repartie entre ces derniers et, par conséquent, assiste à une mauvaise répartition des revenus tirés desdits forêts et surtout une dominance des sociétés étrangères.

76 www.mineLern/forests/foretcommunautaireltm

77 BROWN David, SCHRECKENBERG Kathrin , Foresterie communautaire: relever k défi camerounais,2001,In www.odifpeg.org.uk/flan4ais/publications/rdfn25/a.htmllpp

78DJEUMO André , Développement des forêts communautaires au Cameroun : genèse, situation actuelle et contraintes ,2001, In www.odi.org.uk.

VL1- Les sociétés étrangères

Au Cameroun, il existe trois grandes zones actuelles d'attribution de licences d'exploitation mais comme remarque, « une centaine environ d'exploitants forestiers, dont 55 sont exportateurs de grumes, s'en partagent la concession, parmi lesquels 60 étrangers, la plupart français, qui possèdent le tiers seulement du nombre de licences, mais traitent 80% de la surface totale concédée. Beaucoup d'entre eux se sont installés au Cameroun entre 1967 et 1973, quittant la côte-d'ivoire où la concurrence pour l'accès à la ressource devenait plus vive, pour un pays où les perspectives apparaissaient intéressantes ( marché international soutenu ; Prolongation de la ligne du Transcamerounais).Par ailleurs, 5 sociétés mixtes produisent le quart environ à elles seules de la récolte annuelle : 3 d'entre elles ( La SFID, la SBAF et la SOFIBEL) dépassent chacune les 100 000 m3 /an. Ces exploitants, de même que les 90 scieries et 4 unités de déroulage, sont surtout concentrés dans le Centre-sud et dans la zone littorale, régions plus faciles d'accès mais qui n'assurent aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié des récoltes nationales de grumes »" . Ceci s'est confirmé quelques années plus tard qu'au Cameroun, « l'activité forestière du Cameroun est sous le contrôle effectif de compagnies étrangères. En 1987-1988, 67 compagnies étrangères exploitaient au total 5 400 000 ha de concessions tandis que 49 entreprises nationales n'en exploitaient que 1 200 000 ha. Ces entreprises plus petites, sont généralement concentrées dans les régions les plus accessibles. Au moins 8 000 000 ha de forêt ont été concédés, c 'est à dire plus de la moitié de la surface des terres officiellement reconnues comme exploitables. En 1992, 50% des forêts de production ont été exploités au moins une fois, et certaines même jusqu'à trois ou quatre fois »80 .

Selon la FAO, « les sociétés étrangères représentent un petit groupe d'exploitants mais détiennent 75% de la partie allouée

à l'exploitation. Elles détiennent 25 des 84 autorisations d'exploitation »81. Trois grandes sociétés françaises ( Thamy, Bolloré et Coron ) détiennent les droits sur le tiers des régions

79 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989.p. 254.

80 MONZA Jean --Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique,Paris,1996,p.138.

81 www.globalforeswatch.org.2002,p.1.

exploitées. On peut aussi noter la présence de 10 filiales qui, sont financées partiellement ou entièrement par les capitaux français.

Le cas du Projet d'Aménagement Pilote Intégré de Dimako ( P.A.P.I) en est un exemple. Ce projet a été développé en partenariat avec un exploitant forestier, la Société Forestière et Industrielle de la Doumé ( SFID) filiale du groupe Rougier. Cette société est implantée sur le site depuis 1947 et a un poids considérable dans la sous --préfecture de Dimako, par le nombre d'emplois qu'elle génère. « Son capital est de 700 millions de FCFA, dont 55 % sont détenus par le groupe Rougier et 44 % par le groupe Dassi(Italie). En 1990, sa production totale de grume était de 238 543 m3 dont 88 924 m3 ont été exportés ( 37%) sous forme de grumes, le solde 149 719 m3 étant transformé par les deux unités de la SFID, soit 104 719 m3 destinés au sciage et 44 990 m3 au déroulage. Les bois débités ont permis de produire environ 36 000 m3 de sciages de bois blancs et 7 838 m3 de sciages de bois rouges. Les bois déroulés ont permis de produire 17 990 m3 de panneaux de contre-plaqués dont 6 125 m3 ont été exportés. 20 000 hectares de forêt sont exploités annuellement »82.

Mais, « pendant toute cette période, dans l'ensemble de cette zone, seule la SFID pouvait bénéficier d'une licence, d'un permis ou d'une autorisation d'exploiter, selon la réglementation en vigueur. Le concessionnaire pouvait procéder à plusieurs passages en exploitation pour tirer parti d'essences à commercialisation sporadique selon les conditions fixées »83.

Comme remarque importante, « les exportations de bois camerounais ( dont 40% sont acheminées par le chemin-de-fer Belabo-Douala) sont sans doute concentrées sur un faible nombre d'essences, mais la dispersion relative des acheteurs européens les a rendues jusqu'ici moins tributaires que dans les autres pays africains de la dépression économique ambiante. Le sapelli par exemple est orienté sur le marché espagnol particulièrement demandeur, et 1 'ayons dont on fait moulures et placages, est surtout destiné à l'Italie. Le marché

s2 DURRIEU de MADRON luc ;FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Canzeroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.33.

3 Idem.,1998.p.33.

intérieur camerounais, quant à lui, qui a jusqu'ici porté la croissance industrielle du secteur puisqu'il absorbe aujourd'hui un volume de produits transformés qui a plus que doublé en 10 ans ( 400 000 m3 de sciages en 1987 par exemple, pour 200 000 en 1975), devrait pourtant tendre à se stabiliser »84.

Le tableau suivant nous montre les sociétés d'exploitation forestière qui occupent les grandes superficies forestières exploitées.

Sociétés étrangères

nationalités

Pourcentages et
superficies exploités
en milliers
d'hectares

Thanry

Français

16%

 
 

(650)

Bollore

Français

10%

 
 

(412)

Coron

Français

5%

 
 

(212)

Rougier

Français

3%

 
 

(132)

Pasquet

Français

1%

 
 

(61)

Alpi

Italien

4%

 
 

(204)

Decolvenaere

Belge

2%

 
 

(75)

Itallego

Italien

2%

 
 

(69)

Vasto-legneault

Italien

2%

 
 

( 63)

Hazim

Libanais

4%

 
 

(157)

Autres

 

50%

 
 

(2019

Total

 

100%

 
 

(4054)

Source : Observatoire mondial des forêts ( OMF) : Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun. Washington. 2000. 17pp

84 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989,p.255.

tend à devenir commun à plusieurs villages. Dans cette forêt éloignée, on observe des pistes communes de chasse, de cueillette et de pêche. Cependant chaque village semble bien connaître la limite de son terroir. Il tolère la présence des gens d'un autre village dans sa partie, à condition que ceux-ci ne manifestent pas d'intention d'étendre des droits exclusifs sur cet espace, par exemple en y installant un campement ou en y posant des pièges. En général, ces règles sont respectées et les autres activités se déroulent en commun entre plusieurs villages sans conflits, de part et d'autres des forêts lointaines. La pose des pièges, la pêche au barrage et à la nasse, pratiquées habituellement par les femmes ne s 'exercent que sur la partie de forêt qui les concerne. Les limites entre les villages sont matérialisées par les cours d'eau. On peut donc dire qu'il existe une organisation sociale inter-villages et intra-villages ou chacun respecte les règles et les droits traditionnels d'utilisation des terroirs »87.

On distingue cependant deux grandes principales aires où se déroulent les activités de chasse, pêche et cueillette : « La première s 'étend depuis I 'arrière des cases, le long des pistes reliant les villages, jusqu'à la forêt proche du village. Les limites de cette aire correspondent théoriquement à la limite entre les villages. Sur cette aire, seuls les autochtones du village ont le droit exclusif de pêche, de chasse et de cueillette. La présence occasionnelle de certains chasseurs venant de villages limitrophes tient des liens familiaux qui constituent alors une tolérance ( gendre, neveu). La seconde va de la limite de la forêt proche du village jusqu'à la forêt profonde. Les droits de pêche, de chasse et de cueillette sont communs à plusieurs villages mais tiennent compte des restrictions sur la pêche et la chasse établies sur cette partie de la forêt. Le gibier, dont la demande est forte, constitue une part importante de 1 'alimentation ainsi qu'un moyen de se procurer un revenu d'appoint. En 1 'absence de gestion et avec l'augmentation de la chasse commerciale pratiquée par les allochtones, le gibier semble cependant devenir plus rare »88.

DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun). CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.30.

88 DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

D'après une observation sur le terrain, le terroir villageois est divisé en trois grandes parties : « le village ,- la forêt proche du village, domaine exclusif des villageois pour les activités agricoles, de pêche, de chasse et de cueillette ; La forêt éloignée, partie commune à plusieurs villages pour les activités de chasse, de pêche et de cueillette d'un type différent. L'appropriation foncière n'existe que sur des espaces qui ont déjà été mis en valeur. Ainsi, autour des cases, se répartissent les concessions familiales ou individuelles qui constituent, à proprement parler, les " terres du village". Sur ces terres, toutes les rivières et les pistes sont considérées comme appartenant au village et font l'objet d'une appropriation collective. L'appropriation foncière individuelle n'existe pas dans l'espace forestier. En revanche, il existe une reconnaissance des limites de l'espace forestier habituellement utilisé par les populations pour la chasse, la pêche et la cueillette. Dans ce cas, la forêt éloignée n'appartient à aucun village. Mais il reste encore dans certains cas, une bande forestière très éloignée de chacun des villages dans laquelle s 'appliquent des droits communs d'utilisation. Deux modes d'appropriation du foncier coexistent : La migration et la conquête pour les lignages ; le prêt pour les allochtones et les étrangers au village. On peut résumer la situation par le " droit de première hache" : seule la terre mise en valeur( champs, plantations, lieux d'habitation et jachères ) est individuelle et c'est le premier qui la défriche qui en est le propriétaire. Le mode de transmission se fait par héritage patrilinéaire. La femme n'a traditionnellement pas accès au foncier. Une fois la terre acquise, elle s 'insère dans un espace fini, collectif à l'ensemble des membres du lignage. Les limites de cet espace agricole ( jachères incluses) restent conventionnelles, c'est-à- dire par exemple qu'une ancienne jachère d'un lignage du village peut être reprise par un autre lignage dès lors qu'il en demande l'autorisation » 9.

Cependant, « des villages satellites peuvent être créés à partir du village principal qui ensuite, au bout de plusieurs décennies, deviennent indépendants par rapport à l'autorité

89 DURRIEU de MADRON luc ,FORN1 Eric et ai, Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

du village source (exemple du village de Nzeng par rapport à Bimba ). Il existe une forêt proche du village qui appartient directement au village. La zone au-délà devient une zone commune à plusieurs villages, mais fait tout de même partie du terroir du village concerné. Les limites du terroir villageois sont bien connues par les anciens mais les jeunes s 'y intéressent moins. L 'idée de zonage de terroir villageois est souvent perçue avec crainte par ses habitants car, malgré un besoin croissant de sécurisation foncière, ils redoutent que leurs droits ne se restreignent à la partie qui sera définie comme leur territoire »90

.

La forêt camerounaise procure en outre une importante diversité de protéines animales en dehors du gibier. On peut citer cependant : le poisson, les chenilles, les escargots, les termites et les criquets qui sont très appréciés par les populations villageoises. Entre villageois et exploitants forestiers, « le discours est souvent contraditoire des populations locales, qui critiquent les exploitants forestiers mais voient en eux les seules possibilités de disposer de certaines infrastructures, routes, écoles dispensaires ....Les communautés villageoises sont néanmoins de plus en plus réticentes vis-à-vis de l'exploitation forestière commerciale telle qu'elle est pratiquée actuellement. Des sociétés ont de plus en plus à faire face à des prospecteurs, grèves, exigences de dédommagement. Les autorités civiles ( préfecture) et militaires ont dû intervenir à plusieurs reprises, vigoureusement dans certains cas, comme par exemple dans la région du Dja. Dans la région de Lomié, des pétitions ont été adressées au préfet par la population, protestant contre l'Administration forestière. Dans la région de Mbang, les populations se plaignent que l'exploitation forestière de la SFID ( Société Forestière et Industrielle de la Doumé) perturbe la vie sauvage et qu'elle rende le gibier plus rare »91.

Reconnaissant la menace croissante qui pèse sur les forêts camerounaises, le gouvernement camerounais en accord avec les populations locales gèrent les forêts à travers le régime de forêts communautaires qui est « une micro-organisation légale

90 DURRIEU de MADRON lue ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

91 Idem,p.33.

ou conventionnée dans laquelle des propriétaires de ressources partagent des droits et devoirs envers leurs ressources jumelées »92.

Ce régime permet donc à long terme une efficacité de l'administration et l'indivisibilité de ce patrimoine qui reste gardien des secrets des peuples tels que les pygmées qui vivent de la chasse et de la cueillette. Pour mieux renforcer cette nouvelle stratégie, le rôle des élus locaux tend à prendre de l'ampleur aux seins de ces sociétés villageoises et ceci se confirme par l'exemple du Projet d'Aménagement Pilote Intégré de Dimako qui montre que , « L'évolution des équilibres politiques consécutifs à l'émergence du pluralisme démocratique tend à favoriser une attitude de plus en plus revendicative des populations, relayée par la presse et les élites locales amenées à rechercher les suffrages et le soutien des populations dans ce nouveau contexte. Les maires sont les porte-paroles des populations qui les ont élus. Ils transmettent ainsi la volonté des populations de comprendre les objectifs du projet et éventuellement les motivations qui poussent celui-ci à changer ses objectifs. Ils traduisent aussi les attentes des populations envers le projet face aux éventuels conflits qui peuvent exister entre les populations et les sociétés forestières ou le péril de la disparition des ressources forestières, accélérée tant par l'exploitation abusive du bois d'oeuvre que par l'agriculture et la chasse qui se développe anarchiquement le long des pistes forestières. »93

VI.3. La responsabilité de L'Etat camerounais

Pour améliorer et accélérer le développement des industries forestières, le gouvernement camerounais a mené deux grands types d'interventions. « La première a consisté à imposer aux exploitants forestiers des contraintes de transformation. La surface des licences attribuées s'est trouvée par exemple définie en fonction du volume des installations industrielles les accompagnant. L'obligation de créer une scierie dans les concessions de moins de 100 000ha a même été complétée à partir de 1983 par celle d'installer un atelier de contreplaqué traitant au moins 60% de la production dans les plus

92 Margaret Mc Kean , Common properly In recueil de texte biodiversité : De l'action collective à la gouvernance, Marc Hufty ET Frank Muttenzer,IUED,2002t2003.

93 DLTRRIEU de MADRON hic ;FORNI Eric et al.,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun), GRAD-Forêt,Montpellier-France,1998,p.33.

importantes. Une véritable programmation administrative des installations industrielles, assise sur la fixation de normes précises ( nature de la transformation, capacité des unités industrielles, dimension des équipements) de plus en plus rigoureuses, a donc été progressivement élaborée. Il a été finalement interdit par ailleurs d'exporter sans être soi-même exploitant donc transformateur. [...I Le second volet de la politique camerounaise d'industrialisation forestière a consisté à créer de gros complexes pilotes tournés vers le marché intérieur. Il s'agissait, dans des zones forestières peu mises en valeur, d'organiser une intégration verticale la plus complète possible des activités d'une entreprise chargée de traiter l'ensemble de la ressource locale »M.

Eu égard aux défaillances observées auprès du Ministère de l'environnement et des forêts ,un organisme de contrôle a été crée par le gouvernement camerounais sous le label ONADEF ( Office National Des Forêts du Cameroun) : « Cet organisme est chargé d'élaborer et de mettre en oeuvre les directives nationales d'aménagement durables des forêts naturelles du Cameroun, dont une première mouture est sortie en 1993. Le surcroît de travail imposé par la mise en place de la nouvelle législation forestière amènera probablement L'ONADEF à se diriger vers le développement de sociétés privées spécialisées dans les travaux d'inventaire aménagement. Ces sociétés seraient soumises à évaluation et obtiendraient un agrément pour opérer comme contractantes pour le compte de 1 `ONADEF, ce dernier jouant alors le rôle de coordonnateur et de superviseur »"

La responsabilité de l'Etat dans la gestion des forêts au Cameroun est hautement conditionnée par les moyens logistiques et les poursuites qui résultent parfois d'une gestion illégale observée. « Selon les registres du gouvernement, au cours de la période 1997/1998, 56% des permis actifs ( 29 sur 52) continuaient à être opérationnels alors que leurs droits d'exploitation étaient périmés. L'une de ces concessions se trouve dans les limites de la réserve Campo, la seconde plus vaste région protégée du Cameroun [...I sur les 61 rapports

094 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989,p258.

95 de MARRON luc ;FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako
( Cameroun).
CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998p.28.

de violation enregistrés, 12 qui ne furent suivis d'aucune poursuite légale furent stoppés à la suite de l'intervention d'une personne influente »96.

Le manque de logistique viable et l'absence d'un personnel qualifié sur le terrain gêne la surveillance des activités d'exploitation forestière. Et comme remarque, les agents forestiers sur le terrain font souvent appel aux compagnies d'exploitation étrangères pour être transportés sur les lieux des concessions à inspecter. Le tableau suivant nous montre une carence énorme sur le plan logistique et humain.

Provinces

EST

SUD

CENTRE

LITTOR
AL

SUD-
OUEST

Nombre
d'agents

116

115

232

167

163

Nombre
de
véhicules
4x4

1

1

1

1

1

Nombre
de motos

4

4

10

4

6

Superficie
de
concession
s
Ha/agent

20859

6608

2762

306

31

Source : Observatoire mondial des forêts( OMF) : Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun.washington.2002.

Cette carence en ressources humaines et de manque de moyens financiers freine très souvent les efforts déployés pour la gestion et la conservation des forêts au cameroun. Les déficiences administratives et techniques encouragent encore l'adoption d'une gestion centralisée et surtout d'une réglementation mal orientée à la prise en compte des problèmes locaux qui sont d'ordre économique, écologique, social et culturel. La nouvelle loi forestière et les enjeux

% www.globalforestwatch.org /2002,p3.

politique ne leur sont pas favorables vu les intérêts des uns et des autres.

Les problèmes majeurs affectant les réserves de flore incluent des budgets et des infrastructures parfois très inadaptées. Les limites des réserves ne sont ni dégagées ni marquées , il y a peu de gardiens et ils sont mal équipés. Comme remarque, ces réserves n'ont pas été développées en tant qu'attractions touristiques et, par conséquent, elles reçoivent alors une priorité budgétaire et d'infrastructure plus faible que certains parcs nationaux. « En réalité, dans la zone de forêt dense, seul le parc national de Korup, la réserve de faune du Dja ( qui est aussi une réserve de la biosphère et un site du patrimoine mondial) et la section sud de la réserve de Douala-Edéa sont protégés. Ils totalisent ( si l'on compte toute la réserve de Douala-Edéa) 812 000 ha, soit 1.7 % du territoire du Cameroun »97.

Face à de tels obstacles, l'Etat camerounais a mis sur pied une nouvelle législation forestière qui, si elle était parfaitement mise en pratique, pourrait améliorer la gestion des forêts, et surtout dynamiserait le secteur de l'industrie du bois et créerait une certaine motivation pour les populations locales à maintenir leurs forêts en bon état. La philosophie qui sous-tend cette nouvelle politique forestière consiste à pérenniser et développer des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts dans le cadre d'une gestion intégrée. Les cinq objectifs généraux sont : « Assurer la protection du patrimoine forestier et participer à la sauvegarde de 1 'environnement et à la préservation de la biodiversité ; Améliorer la participation des populations à la conservation et à la gestion des ressources forestières ; Mettre en valeur les ressources forestières en vue d'augmenter le P1B tout en conservant le potentiel productif ; Assurer le renouvellement de la ressource par la régénération et le reboisement en vue de pérenniser le potentiel productif; Dynamiser le secteur forestier en mettant en place un système institutionnel efficace et faisant participer tout les intervenant dans la gestion du secteur »98.

97 MONZA Jean --Pierre ,L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.140.

98 DURRIEU de MARRON hic ,FORNI Eric et al,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.23.

Parallèlement, « le plan de zonage du Cameroun méridional était mis en place, outil et expression géographique et spatiale de l'application de la nouvelle loi forestière, adoptée en janvier 1994 et dont le décret d'application a été signé en novembre 1995. Le plan de zonage du Cameroun forestier méridional s'inscrit dans le cadre d'une démarche visant la rationalisation de l'utilisation du territoire pour la zone de forêt dense. Cet exercice a permis principalement la délimitation de l'espace rural et du domaine forestier permanent dans lequel seront amorcées des actions concrètes en matière d'aménagement forestier intensif. Le domaine forestier permanent sera constitué de forêts communales et domaniales, s 'appuyant notamment sur ce plan d'affectation des terres. Les forêts domaniales comporteront des forêts dites de production définie comme des périmètres destinés à la production soutenue et durable de bois d'oeuvre, de service ou de tout autre produit forestier. Elles sont appelées à être attribuées sous forme de concessions forestières ou de ventes de coupe ( décret n° 95/531) . L'aménagement des forêts permanentes de production prévues par le plan de zonage s 'effectue sur la base d'Unités Forestières d'Aménagement ( U .F.A) »" .

D'après une observation, « la méthode utilisée pour réaliser le plan de zonage repose sur la détermination d'unités écologiques qui représentent chacune une portion de territoire appartenant à une même zone bioclimatique et relativement homogène aux plans topographique, géologique, pédologique et phytogéographique. La distribution ordonnée des conditions biophysiques à l'intérieur de ces unités permet d'en définir les potentialités et contraintes, laissant ainsi présupposer une ou des formes d'utilisation particulières. Cette approche est fondée sur la reconnaissance des variables environnementales essentielles qui correspondent aux facteurs permanents du milieu tels que le climat, le relief et la géologie. À ces éléments ,viennent s 'ajouter certaines informations relatives à 1 'organisation humaine, aux potentiels agricole, forestier, minier, touristique, récréatif et autres. L'évaluation de l'ensemble de ces paramètres permet de juger des possibilités

" DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,I998,p.23.

offertes par le milieu et d'en planifier une utilisation optimale »100

.

Mais, face à la corruption, népotisme, au manque d'équipements, et surtout à l'absence d'un personnel qualifié sur le terrain, Cette nouvelle législation forestière ne donne guère à de résultats escomptés.

VII- Propositions de mise en oeuvre pour la gestion des forêts du Cameroun

La destruction des forêts au Cameroun est de nos jours une question de survie et, c'est la raison pour laquelle la mise en pratique de stratégies adéquates serait nécessaire afin d'endiguer l'exploitation excessive et illégale.

La mise en OEuvre de la gestion des forêts tropicales en général et celles du Cameroun en particulier donne lieu à une prise de conscience qui s'accompagne de la volonté des services de L'Etat de ne pas compromettre la nature forestière des écosystèmes considérés. « En ce sens, la gestion est un acte global et volontaire. Elle correspond à des choix conscients, s'exerçant à différents échelons de décision, généralement nationaux et locaux, et se rapportant aux objectifs assignés à chaque espace forestier ainsi qu'aux conditions de leur réalisation. Les objectifs en cause peuvent concerner la production de biens matériels, comme le bois ou le gibier ou bien le maintien de certains services, tels ceux associés à la conservation des sols ou de la biodiversité. Leur réalisation peut conduire à une réorganisation de l'écosystème, sans toutefois aller jusqu'au défrichement ou, a contrario , aboutir à sa protection intégrale. Ajoutons qu'une gestion effective implique la maîtrise de l'ensemble de ces processus de décision et d'exécution »101. Or, par rapport aux différents problèmes évoqués, le contexte socio-économique et politique du Cameroun et même de la plupart des pays tropicaux inhibe cette dernière exigence.

100 DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CLRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.23.

1°1BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul , Les forêts tropicales ( cirac0 ,IvIontpellier,2000,p122.

C'est en 1990 que commence véritablement la mise en place d'une initiative importante pour promouvoir la conservation des écosystèmes avec l'ouverture d'un bureau national du Fonds mondial pour la nature ( WWF). « Au sein de cette organisation, le Cameroun a été retenu comme l'un des cinq pays d'Afrique devant faire l'objet d'un programme national de conservation »102. Afin de mieux renforcer les stratégies mises en place par le gouvernement camerounais, les propositions suivantes peuvent être nécessaires et à long terme peuvent réduire le taux de déforestation au Cameroun.

1-La mise en place d'une conservation de la biodiversité au développement durable : Disons que la pauvreté est l'une des principales causes qui accélère la destruction des forêts au cameroun. La lutte contre la cette pauvreté peut alors constituer un moyen puisant en faveur de la conservation, à condition que la croissance économique améliore le bien être de tous les membres de la société locale.

L'appui des programmes de conservation aux initiatives de développement durable représente l'une des recommandations majeures pour le bien des populations. Une stratégie de planification des ressources naturelles et de l'aménagement du territoire aux niveaux national, provincial et local est nécessaire afin de s'assurer que le patrimoine biologique du Cameroun ne serait pas sacrifié inutilement. L'installation d'une base --vie est nécessaire et parfois ne représente qu'un faible pourcentage de dégâts. Mais, « le problème auquel on est confronté réside dans les conséquences de la création d'une nouvelle zone de concentration de populations rurales »103

2- Inciter la population locale à participer dans les prises de décisions : Il serait donc important de lier autant que possible les systèmes de connaissances autochtones et modernes pour une compréhension plus profonde de l'ensemble des problèmes liés à la conservation de la biodiversité. Le fait d'avoir manqué de reconnaître, de comprendre, et d'utiliser les connaissances techniques et pratiques des autochtones au Cameroun, à contribuer à la dégradation de l'environnement.

1°2 MONZA Jean --Pierre >L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p_140.

1°3 DURRIEU de MADRON Luc, FORNI Eric, et al, Les techniques d'exploitation à faible impact en forêt dense humide camerounaise, CIRAD-Forêt.Montpellier,1998,p.4.

3 - La surveillance et évaluation des projets relatifs à la conservation des forêts : Il serait utile de développer des systèmes de gestion commune dans les zones officiellement protégées, aussi bien que pour les systèmes de production sur les aires non-protégées. La décentralisation serait nécessaire pour mieux gérer les ressources biologiques, permettant ainsi aux communautés locales d'exploiter les ressources naturelles de manière durable.

4- Tous ceux qui exploitent les forêts au Cameroun devraient être traités de manière équitable : Comme remarque, les différents acteurs qui agissent au sein d'une communauté ont souvent des points de vue différents sur l'exploitation et la conservation des ressources biologiques. Les populations locales ont souvent été ignorées ou désavantagées lors de la mise en place des activités de développement.

5-Des motivations adéquates sont nécessaires pour encourager tous les participants à s'intéresser à la conservation : Tous les êtres humains prennent le plus souvent des décisions rationnelles, et tiennent compte de manière équilibrée les considérations culturelles, sociales, et économiques lors des débats. Mais, la participation de la communauté locale à la prise de décisions relatives aux ressources biologiques est souvent, en elle-même, une motivation envers une gestion durable.

6-Développer un programme pilote pour évaluer et démonter l'approche de planification du paysage envers la conservation des forêts au Cameroun : Ce programme doit se faire au niveau national et local afm de développer des mécanismes qui doivent être appliqués de manière très souple et très soignée.

7- Une participation étendue est essentielle : Les populations locales doivent prendre part à chaque étape de la planification pendant la mise en oeuvre, et l'évaluation. Au début de toutes opérations, le gouvernement camerounais et les acteurs devront intégrer de nouveaux projets et motiver les communautés locales pour que les projets se réalisent. Et par la suite, les communautés locales et les entreprises privées devraient ensemble initier des projets. Les projets ne devraient

jamais se réaliser pour les communautés locales uniquement, mais avec elles.

8-La construction des routes est très capitale : Le tracé des routes est cependant une affaire de spécialistes, de la planification à la réalisation. Au Cameroun, les travaux de construction des routes sont parfois le résultat d'un mauvais travail et les conséquences augmentent le plus souvent le degré de l'érosion entraînant les pertes de terres vers les bas fond et compromettre le transport des grumes. D'où la nécessité de mettre en place des stratégies viables pour la construction des routes à travers les cadres spécialisés du ministère des transports camerounais afin d'éviter le pire. Mais leur mise en place doit cependant être planifiée en liaison avec les autres opérations d'exploitation forestière, que ce soit l'inventaire, l'abattage et la construction des pistes secondaires.

IIX- Conclusion

Après la chute du prix de cacao et la diminution des réserves pétrolières, l'économie du Cameroun reste encore basée largement sur l'exploitation forestière et, continuera à le faire. Mais ceci n'est pas une action durable car une grande partie de ces ressources biologiques sont male gérée, et ne peut être longtemps soutenue aux taux d'exploitation actuels ; un mouvement dans la direction d'un état durable est essentiel.

Comme remarque, la législation forestière au Cameroun mise en vigueur n'est pas satisfaite car elle entraîne une exploitation non-durable des ressources naturelles malgré son application. Cette nouvelle loi forestière camerounaise a-t-elle vingt ans de retard ? C'est la question que Karsenty Alain aborde et mentionne que : « Sa mise en oeuvre chaotique le laisserait croire, au vu des développements inattendus autour des forêts communautaires et de la fiscalité forestière locale, et de 1 'enlisement des procédures de délimitation du domaine forestier de L 'Etat entravant la réalisation des plans d'aménagement forestiers. Les réformateurs forestiers n'ont pas prévu les recompositions partielles du champ politique qui ont affecté la société camerounaise à la faveur de différentes opportunités ou évènements sociaux : La décentralisation a accru les marges de manoeuvres des élites provinciales et dix années d'ajustement structurel ont modifié la composition sociologique des villages, avec le retour de jeunes adultes et de compressés de l'administration très active au niveau local »1°4 .

Pour mieux améliorer ce patrimoine, Il faudrait que les programmes de conservation de la biodiversité s'étendent au- delà des parcs nationaux et des zones protégées. Une amélioration de l'aménagement des forêts à tous les niveaux, que ce soit au niveau national, provincial ou local, est vivement recommandée comme étant une action importante menant à la conservation de la biodiversité de manière plus rentable et, dans l'avenir, « le Cameroun devrait maintenir sa politique d'incitation à l'exportation de produits transformés. Les mesures fiscales adoptées à cet effet ( taxation uniforme à 30% de la valeur mercuriale des exportations de grumes ;

104 KARSENTY, Alain ,Vers la fin de l'état forestier ? Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun.Politique Africaine. ,1999,p.147.

suppression des droits de sortie sur les bois débités et même de certaines taxes d'abattage en cas de transformation) ont été renforcées en 1985, à tel point qu'aujourd'hui la fiscalité sur le bois rapporte au pays entre 3 et 4 fois le budget alloué aux Eaux-et-forêts »105

L'implication des élites locales serait encore plus rentable car « la décentralisation institutionnelle a permis le renforcement d'élites provinciales directement intéressées par l'exploitation des ressources forestière ou tout au moins par la possibilité d'en contrôler les conditions d'accès. La possibilité qu'ont les services provinciaux du MINEF ( Ministère camerounais de l'environnement et des forêts ), de délivrer certains permis d'exploitation comme les permis de récupération censés concerner des parcelles déjà exploitées, à rapprocher les intérêts des services forestiers locaux, des exploitants, des maires et des élites villageoises, favorisant une recomposition du champ politique en dehors des grands centres urbains »106.

L'exploitation forestière au Cameroun devrait inclure des mesures à plus longs termes, plutôt que de constituer des pertes d'espèces végétales et animales. Pour mieux contrôler le taux de pertes de biodiversité et augmenter la production, les techniques de conservation des forêts étrangères doivent s'adapter au contexte camerounais afin de compléter les techniques traditionnelles.

De nouvelles combinaisons de méthodes traditionnelles et modernes peuvent être sensibles à la conservation des forêts, tout en fournissant des niveaux adéquats de participation durable. Cependant, ce processus ne peut réussir qu'avec la participation des populations locales qui doivent avoir des voix et doivent faire partie du processus de développement dans la mise en oeuvre de ces nouveaux systèmes.

Il est à noter que les forêts communautaires ne constituent pas simplement une nouvelle forme d'exploitation du bois. Et le cadre juridique montre clairement que les forêts communautaires sont mises en place pour permettre aux

105 BUTTOUD.G , Les produits forestières dans l'économie Africaine.,France,1989,p. 259.

106 KARSENTY, Alain , Vers la fin de l'état forestier ? Appropriation des espaces et partages de la rente forestière au Cameroun.Politique Africaine. ,1999p.150.

populations locales de s'impliquer dans la gestion des ressources forestières à longs termes afin de promouvoir le bien être de toutes les couches sociales.

Une pression importante s'exerce sur les écosystèmes du Cameroun, il est donc important de prendre des mesures crédibles pour améliorer les stratégies de conservation afin de mieux gérer les forêts. Le maintien d'écosystèmes sains, productifs, et variés permettra au Cameroun de relever les défis des prochaines décennies dans le cadre du développement durable.

9-DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimak ( Cameroun).CIRADForêt, Montpellier-France, 1998 ,160p.

10-DUPUY Bernard , Bases pour une sylviculture en forêt dense tropicale humide africaine, CIRAD-forêt, Montpellier --France,1998,328p.

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13-GHATTAS Michelle et LOUDIYI Dounia , Biodiversité africaine : Fondement pour l'avenir( Programme d'appui à la biodiversité),1993,USA,159p.

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Articles

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2- BIGOMBE LOGO Patrice « Foresterie communautaire et réduction de la pauvreté rurale au Cameroun : bilan et tendances de la première décennie. Cameroun »,2002,1-10p.

3-BIYONG Pauline, « La CITE : Hourra pour le PIPELINE ! », Edition speciak-juillet, 2000,35p.

4-Brown David et Schreckenberg kathri « Foresterie communautaire relever le défi Camerounais » , 2001 , Inwww . odifpeg org.uk/fran4ais/publications/rdfn/25/a.html

5- BROWN David, SHEPHERD Gill, et al., « Forestry as an entry point for governance reform' ( la foresterie en tant que point de départ d'une réforme d'administration) »,2002, Inwvvw.odifpeg.org uk/fran4ais/publ ications/policybriefs/forestrybriefmgs/1.htm1.27/04/03.

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7-DJEUMO André « Développement des forêts communautaires au Cameroun : Genèse, situation actuelle et contraintes », 2001,In www.odi.org.uk.27/04/03

8-EMERIT Alexandre, LESCUYER Guillaume,et al., « L'implication des communautés dans l'aménagement de la forêt : Une expérience en grandeur nature dans la forêt du Sud- Cameroun » ,2001,In ww.odi.org.uk.27/04/03.

9- EGBE EGBE Samuel , « Les droits, les communautés et l'aménagement de la faune au Cameroun »,2001, In www.odifpeg.org.27/04

10- FOMETE Timothée, « La fiscalité forestière et l'implication des communautés locales à la gestion forestière auCameroun »,2001.Inwww, odifpeg.org. uk/français/publications/policybiiefs/forestrybriefmgs. 27/04/03 .

11-GONTCHAROFF, Georges , « Démocratie, citoyenneté
dans la décentralisation. Etat des lieux de la citoyenneté

locale : décentralisation et participation, territoires », no 321,1991, 25p.

12-JACOB Jean-pierre , « Quelques considérations sur les politiques de mise en place de la décentralisation en Afrique rurale », Ouagadougou, 1996,1-13p.

13-PDM , (Programme de développement municipal) , « Etat de la décentralisation au Cameroun », Yaoundé,2000,1-10p.

14-PNGE ( Plan National de Gestion de L'Environnement), « rapport principal » Vol.1 , février 1996,20p

15-PNUE (programme des nations unies pour l'environnement) , « Notre planète ».,Volume 2, no 4,2002,31p.

16-TCHINDA René et KAPTOUOM Ernest , « Situation des énergies nouvelles et renouvelables au Cameroun In revue de l'énergie », n° 510, octobre 1999,6p.

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3-www.wagne.net/devdur/ecologidenviro/foret/frt005a.htm 4-www.fao.org.27/01/2000

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6-www.wrm.org.uy/countriesi Cameroon/bigombe.htm1.2002

7- www.ecofac.org./canopee/N11/N1109.2002 8-www.fao.org/ag/aquastat/cam.htm 9-www.minef.cm/forestsiforetcommunautaires.htm 10-www.profor.info/docs/ELEMENTS%20 DU % 20 Plan %20 forestier% 20 national %. 27/04/03

Annexe :1 Plantes utiles pour l'alimentation humaine

Nom vernaculaire du

produit Français-BakaBakoum-Ewondo

Nom scientifique

Partie récoltée

Utilisation

Liane à eau

Tetracera sp

sève

Boison

Palmier matango

 

sève

Boison

Raphia matango

 

sève

Boison

Awache

 

écorce

Condiment(c)

Akui

Xylopia aethiopica

fruit

Condiment

Dimba

Afrostyrax lipidophyllus

Fruit+ écorce

Condiment

Ebai/Akpa

Tetrapleura tetraptera

gousse

condiment

Kanda

Beilschmiedia obscura

fruit

Condiment

Languie

 

feuille

Condiment

Mangue

Irvingia gabonensis

fruit

Condiment

Ndeh

 

bourgeon

Condiment+r

Ndjansan(Essessan)

Ricinodendron heudelotii

fruit

Condiment

Nom andok

Irvingia robur

fruit

Condiment

Poivre-sauvage

Piper guineense

fruit

Condiment

Alamblakia

Allanblackia floribunda

fruit

Coupe-faim ( cf)

Amvout

Trichiscoscypha ferro inea

Fruit+écorce

Coupe-faim

Atanga

Aframomun sp

fruit

Coupe-faim

Longhi

Gambeya africana

Fruit

coupe-faim

Eveuss ( Bukoko)

Klainedoxa gabonensis

Fruit+écorce

Coupe) faim

Igname

Dioscorea spp

racine

Coupe+faim

Mubala

Pentaclethra
macrophylla

fruit

Coupc 1 faim+r

Assam/Rikio

Uapaca spp

fruit

Coupe-faim

Abiah

 

fruit

Friandise (f)

Bouli

 

fruit

Friandise

Corosolier

Anonidium

mannii

fruit

Friandise-a-

Doguiti

 

fruit

Friandise

Efockayous

Pterigota condifolia

Fruit

Friandise

Ekong

Trichoscypha acuminata

Fruit+écorce

Friandise

Mbio

 

fruit

Friandise

Meyo

 

fruit

Friandise

Omang

Desbordesia glaucescens

fruit

Friandise

Raphia coeur

 

tige

Friandise

Songon

 

fruit

Friandise+r

Tantiya

 

fruit

Friandise

Acwhah

 

fruit

Huile

Mbali ( Eyengwe)

Strefonema pseudocola

fruit

Huile

Moabi

Baillonella
toxisperma

Fruit+écorce

Huile

Palmier à huile

Elaeis guineensis

Coeur de la tige fruit

Friandise Huile

Soule

 

fruit

Huile (h)

Champignon

 
 

Légume (I)

Koko

Cmetum africaum

Feuille

Légume+cf

Sisongo

Pennisetum sp

bourgeon

Légume

Biter cola (onié)

Garcinia kola

Fruit+écorce

Stimulant+c

Cola

Cola acuminata

fruit

Stimplant+I

Fromager

Ceiba pentandra

feuille

Stimulant+I

otoungui

Polyalthia suaveolens

feuille

Stimulant

Pkwacle

 

feuille

Stimulant+f

Source :Durrieu de Madron Luc,Forni Eric, Karsenty Main, Loffeier Eric et Jean- Michel Pierre : Le projet d'aménagement Pilote Intégré de Dimako ( Cameroun) 1992/1996.France-Montpellier.134pp

Annexe :2 Plantes médicinales

Nom vernaculaire

Noms scientifiques

Parties récoltées

Maladies traitées

Abakoan

Voacanga africana

Écorce+fruit

Coeur

Acwhah

 

fruit

Gale

Aiélé

Canarium schweinfurthii

écorce

Ventrc ) paludisme

Akak

Duboscia veridiflora

écorce

Epilepsie

Albizia

Albizia zigia

écorce

Folie

Amouk

Detarium macrocarpum

écorce

Articulation

Amvout

Trichiscocypha ferruginea

Fruit+écorce

Toux

Andokgwé

Irvingia grandifolia

écorce

Diarrhée+impuissan ce

Angossa

Markhamia lutea

écorce

Carie dentaire

Arbre voyageur

Dracena arborea

écorce

Coeur

Assamingoung

Dacryodes
iganganga

écorce

Coeur

Ayous

Triplochiton scleroxylon

écorce

Rhumatisme

Bahia

Mytragina ciliata

écorce

Vers intestinaux

Basafa

Cissus dinklagei

écorce

Vers intestinaux

Begna/Yungu

Drypetes gossweileri

écorce

Folie

Beter cola/onié

Garcinia kola

Fruit+écorce

Aphrodisiaque+hern ie

Bologan

Drypetes capillipes

écorce

Tête

Bossé T

Guarea thompsonii

écorce

Femme+MST

Botoki

Artabotrys thompsonii

écorce

Femme+MST

Djala

Campilospermum elongatum

feuilles

Femme+MST

Ebai/Mubala

Pentaclethra
macrophylla

fruit

Dos

Edip nbazoa

Strombosiopsis tetrandra

écorce

ventre

Efock

Cola lateritia

écorce

Coeur

Ekong

Trichoscepha acuminata

Fruit+écorce

Toux

Ekop A

Stemonocoleus micrantum

écorce

coeur

Emien

Alstonia boonei

écorce

Paludisme

ngakom

Myrianthus arboreus

Écorce+écorce

Toux

Etoan

Tabernaemontana crassa

écorce

Contre poison

Eveuss(Bukoko)

Klainedoxa gabonensis

Fruit+écorce

Carie dentaire

Fraké

Terminalia superba

écorce

Hernie

Fromager

Ceiba pentandra

écorce

Fortifiant

Gassa

Acacia seyal

écorce

Toux

ILomba

Pycnanthus angolensis

écorce

Toux

Iroko

Milicia excelsa

écorce

Toux

kakala

Celtis adolfi-

fredericii

 

Toux

Kiemo

 

écorce

MST+vers intestinaux

Koboum

 

écorce

MST+vers intestinaux

Libaba

Santiria vomitoria

écorce

MST+vers
intestinaux

Madoumba

 

écorce

fortifiant

Mendjangua mendjanga

Rauwolfia vomitoria

racine

Vers intestinaux+MST

Moabi

Baillonella
toxisperma

Fruit+écorce

Articulation+sorceler ie

Moambe jaune

Enanthia chloranta

écorce

Paludisme

Mpoue

 

écorce

Paludisme

Mvanda

Hylodendron gabonensis

écorce

Aphrodisiaque

Ndeh

 

écorce

CEdêm

Ntom

Pachypodenthium staudtii

écorce

Insecticide+paludism e

Nzansia

 

Fruit+écorce

Gale

Odou elias

Celtis mildbraedii

écorce

Ventre

Okan

Cylicodiscus gabonensis

écorce

Fortifiant

Otaoungui

Polyalthia suaveolens

écorce

Ventre

Padouk

Pterocarpus ep

écorce

Amibiase

Pakala

Agelaea hirsuta

écorce

 

Palmier à huile

Elaeis guineensis

fruit

Sorcellerie+solvant

Sapelli

Entandrophragma cylindricum

écorce

Accouchements difficiles

Taku

Bridelia grandis

 
 

Tali

Erythrophkum ivorense

écorce

Poison d'épreuve

Tolu

Anisotes zenkeri

 
 

Ndolè

Vermonia amygdalina

feuille

Ventre

Yando

Alehornea
floribunda

 
 

Source :Durrieu de Madron Luc,Fomi Eric Karsenty Main, Loffeier Eric et Jean-Michel Pierre : Le projet d'aménagement Pilote Intégré de Dimako ( Cameroun) 1992/1996.FranceMontpellier.136pp

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Forêt humide d'altitude

Forêt humide de basse altitude ou de plaine

Poli

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Ngaoundere

Réalisation CIRAD-Fore.e /S 9i

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Mangrove Villes


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Sources s cédérom "Tropical moist forest and protecred arecs" du WCMC/OFOR de 1996, fond de

carte numérique du DCW

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Carte de la couverture forestière au Cameroun

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore