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L'exploitation forestiere et le developpement des forest communautaires au cameroun. une action collective pour la protection de la biodiversite

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par parfait thierry mbous
institut universitaire d'etudes du developpement - Diplome d'etudes approfondies 2002
  

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VI- La gestion de l'exploitation forestière au Cameroun

Trois grands acteurs influencent le mode de gestion de l'exploitation forestière au Cameroun : L'Etat camerounais, les sociétés d'exploitation forestière et les populations locales. Mais cependant, on note une exploitation inégalement repartie entre ces derniers et, par conséquent, assiste à une mauvaise répartition des revenus tirés desdits forêts et surtout une dominance des sociétés étrangères.

76 www.mineLern/forests/foretcommunautaireltm

77 BROWN David, SCHRECKENBERG Kathrin , Foresterie communautaire: relever k défi camerounais,2001,In www.odifpeg.org.uk/flan4ais/publications/rdfn25/a.htmllpp

78DJEUMO André , Développement des forêts communautaires au Cameroun : genèse, situation actuelle et contraintes ,2001, In www.odi.org.uk.

VL1- Les sociétés étrangères

Au Cameroun, il existe trois grandes zones actuelles d'attribution de licences d'exploitation mais comme remarque, « une centaine environ d'exploitants forestiers, dont 55 sont exportateurs de grumes, s'en partagent la concession, parmi lesquels 60 étrangers, la plupart français, qui possèdent le tiers seulement du nombre de licences, mais traitent 80% de la surface totale concédée. Beaucoup d'entre eux se sont installés au Cameroun entre 1967 et 1973, quittant la côte-d'ivoire où la concurrence pour l'accès à la ressource devenait plus vive, pour un pays où les perspectives apparaissaient intéressantes ( marché international soutenu ; Prolongation de la ligne du Transcamerounais).Par ailleurs, 5 sociétés mixtes produisent le quart environ à elles seules de la récolte annuelle : 3 d'entre elles ( La SFID, la SBAF et la SOFIBEL) dépassent chacune les 100 000 m3 /an. Ces exploitants, de même que les 90 scieries et 4 unités de déroulage, sont surtout concentrés dans le Centre-sud et dans la zone littorale, régions plus faciles d'accès mais qui n'assurent aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié des récoltes nationales de grumes »" . Ceci s'est confirmé quelques années plus tard qu'au Cameroun, « l'activité forestière du Cameroun est sous le contrôle effectif de compagnies étrangères. En 1987-1988, 67 compagnies étrangères exploitaient au total 5 400 000 ha de concessions tandis que 49 entreprises nationales n'en exploitaient que 1 200 000 ha. Ces entreprises plus petites, sont généralement concentrées dans les régions les plus accessibles. Au moins 8 000 000 ha de forêt ont été concédés, c 'est à dire plus de la moitié de la surface des terres officiellement reconnues comme exploitables. En 1992, 50% des forêts de production ont été exploités au moins une fois, et certaines même jusqu'à trois ou quatre fois »80 .

Selon la FAO, « les sociétés étrangères représentent un petit groupe d'exploitants mais détiennent 75% de la partie allouée

à l'exploitation. Elles détiennent 25 des 84 autorisations d'exploitation »81. Trois grandes sociétés françaises ( Thamy, Bolloré et Coron ) détiennent les droits sur le tiers des régions

79 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989.p. 254.

80 MONZA Jean --Pierre , L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique,Paris,1996,p.138.

81 www.globalforeswatch.org.2002,p.1.

exploitées. On peut aussi noter la présence de 10 filiales qui, sont financées partiellement ou entièrement par les capitaux français.

Le cas du Projet d'Aménagement Pilote Intégré de Dimako ( P.A.P.I) en est un exemple. Ce projet a été développé en partenariat avec un exploitant forestier, la Société Forestière et Industrielle de la Doumé ( SFID) filiale du groupe Rougier. Cette société est implantée sur le site depuis 1947 et a un poids considérable dans la sous --préfecture de Dimako, par le nombre d'emplois qu'elle génère. « Son capital est de 700 millions de FCFA, dont 55 % sont détenus par le groupe Rougier et 44 % par le groupe Dassi(Italie). En 1990, sa production totale de grume était de 238 543 m3 dont 88 924 m3 ont été exportés ( 37%) sous forme de grumes, le solde 149 719 m3 étant transformé par les deux unités de la SFID, soit 104 719 m3 destinés au sciage et 44 990 m3 au déroulage. Les bois débités ont permis de produire environ 36 000 m3 de sciages de bois blancs et 7 838 m3 de sciages de bois rouges. Les bois déroulés ont permis de produire 17 990 m3 de panneaux de contre-plaqués dont 6 125 m3 ont été exportés. 20 000 hectares de forêt sont exploités annuellement »82.

Mais, « pendant toute cette période, dans l'ensemble de cette zone, seule la SFID pouvait bénéficier d'une licence, d'un permis ou d'une autorisation d'exploiter, selon la réglementation en vigueur. Le concessionnaire pouvait procéder à plusieurs passages en exploitation pour tirer parti d'essences à commercialisation sporadique selon les conditions fixées »83.

Comme remarque importante, « les exportations de bois camerounais ( dont 40% sont acheminées par le chemin-de-fer Belabo-Douala) sont sans doute concentrées sur un faible nombre d'essences, mais la dispersion relative des acheteurs européens les a rendues jusqu'ici moins tributaires que dans les autres pays africains de la dépression économique ambiante. Le sapelli par exemple est orienté sur le marché espagnol particulièrement demandeur, et 1 'ayons dont on fait moulures et placages, est surtout destiné à l'Italie. Le marché

s2 DURRIEU de MADRON luc ;FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Canzeroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.33.

3 Idem.,1998.p.33.

intérieur camerounais, quant à lui, qui a jusqu'ici porté la croissance industrielle du secteur puisqu'il absorbe aujourd'hui un volume de produits transformés qui a plus que doublé en 10 ans ( 400 000 m3 de sciages en 1987 par exemple, pour 200 000 en 1975), devrait pourtant tendre à se stabiliser »84.

Le tableau suivant nous montre les sociétés d'exploitation forestière qui occupent les grandes superficies forestières exploitées.

Sociétés étrangères

nationalités

Pourcentages et
superficies exploités
en milliers
d'hectares

Thanry

Français

16%

 
 

(650)

Bollore

Français

10%

 
 

(412)

Coron

Français

5%

 
 

(212)

Rougier

Français

3%

 
 

(132)

Pasquet

Français

1%

 
 

(61)

Alpi

Italien

4%

 
 

(204)

Decolvenaere

Belge

2%

 
 

(75)

Itallego

Italien

2%

 
 

(69)

Vasto-legneault

Italien

2%

 
 

( 63)

Hazim

Libanais

4%

 
 

(157)

Autres

 

50%

 
 

(2019

Total

 

100%

 
 

(4054)

Source : Observatoire mondial des forêts ( OMF) : Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun. Washington. 2000. 17pp

84 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989,p.255.

tend à devenir commun à plusieurs villages. Dans cette forêt éloignée, on observe des pistes communes de chasse, de cueillette et de pêche. Cependant chaque village semble bien connaître la limite de son terroir. Il tolère la présence des gens d'un autre village dans sa partie, à condition que ceux-ci ne manifestent pas d'intention d'étendre des droits exclusifs sur cet espace, par exemple en y installant un campement ou en y posant des pièges. En général, ces règles sont respectées et les autres activités se déroulent en commun entre plusieurs villages sans conflits, de part et d'autres des forêts lointaines. La pose des pièges, la pêche au barrage et à la nasse, pratiquées habituellement par les femmes ne s 'exercent que sur la partie de forêt qui les concerne. Les limites entre les villages sont matérialisées par les cours d'eau. On peut donc dire qu'il existe une organisation sociale inter-villages et intra-villages ou chacun respecte les règles et les droits traditionnels d'utilisation des terroirs »87.

On distingue cependant deux grandes principales aires où se déroulent les activités de chasse, pêche et cueillette : « La première s 'étend depuis I 'arrière des cases, le long des pistes reliant les villages, jusqu'à la forêt proche du village. Les limites de cette aire correspondent théoriquement à la limite entre les villages. Sur cette aire, seuls les autochtones du village ont le droit exclusif de pêche, de chasse et de cueillette. La présence occasionnelle de certains chasseurs venant de villages limitrophes tient des liens familiaux qui constituent alors une tolérance ( gendre, neveu). La seconde va de la limite de la forêt proche du village jusqu'à la forêt profonde. Les droits de pêche, de chasse et de cueillette sont communs à plusieurs villages mais tiennent compte des restrictions sur la pêche et la chasse établies sur cette partie de la forêt. Le gibier, dont la demande est forte, constitue une part importante de 1 'alimentation ainsi qu'un moyen de se procurer un revenu d'appoint. En 1 'absence de gestion et avec l'augmentation de la chasse commerciale pratiquée par les allochtones, le gibier semble cependant devenir plus rare »88.

DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun). CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.30.

88 DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

D'après une observation sur le terrain, le terroir villageois est divisé en trois grandes parties : « le village ,- la forêt proche du village, domaine exclusif des villageois pour les activités agricoles, de pêche, de chasse et de cueillette ; La forêt éloignée, partie commune à plusieurs villages pour les activités de chasse, de pêche et de cueillette d'un type différent. L'appropriation foncière n'existe que sur des espaces qui ont déjà été mis en valeur. Ainsi, autour des cases, se répartissent les concessions familiales ou individuelles qui constituent, à proprement parler, les " terres du village". Sur ces terres, toutes les rivières et les pistes sont considérées comme appartenant au village et font l'objet d'une appropriation collective. L'appropriation foncière individuelle n'existe pas dans l'espace forestier. En revanche, il existe une reconnaissance des limites de l'espace forestier habituellement utilisé par les populations pour la chasse, la pêche et la cueillette. Dans ce cas, la forêt éloignée n'appartient à aucun village. Mais il reste encore dans certains cas, une bande forestière très éloignée de chacun des villages dans laquelle s 'appliquent des droits communs d'utilisation. Deux modes d'appropriation du foncier coexistent : La migration et la conquête pour les lignages ; le prêt pour les allochtones et les étrangers au village. On peut résumer la situation par le " droit de première hache" : seule la terre mise en valeur( champs, plantations, lieux d'habitation et jachères ) est individuelle et c'est le premier qui la défriche qui en est le propriétaire. Le mode de transmission se fait par héritage patrilinéaire. La femme n'a traditionnellement pas accès au foncier. Une fois la terre acquise, elle s 'insère dans un espace fini, collectif à l'ensemble des membres du lignage. Les limites de cet espace agricole ( jachères incluses) restent conventionnelles, c'est-à- dire par exemple qu'une ancienne jachère d'un lignage du village peut être reprise par un autre lignage dès lors qu'il en demande l'autorisation » 9.

Cependant, « des villages satellites peuvent être créés à partir du village principal qui ensuite, au bout de plusieurs décennies, deviennent indépendants par rapport à l'autorité

89 DURRIEU de MADRON luc ,FORN1 Eric et ai, Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

du village source (exemple du village de Nzeng par rapport à Bimba ). Il existe une forêt proche du village qui appartient directement au village. La zone au-délà devient une zone commune à plusieurs villages, mais fait tout de même partie du terroir du village concerné. Les limites du terroir villageois sont bien connues par les anciens mais les jeunes s 'y intéressent moins. L 'idée de zonage de terroir villageois est souvent perçue avec crainte par ses habitants car, malgré un besoin croissant de sécurisation foncière, ils redoutent que leurs droits ne se restreignent à la partie qui sera définie comme leur territoire »90

.

La forêt camerounaise procure en outre une importante diversité de protéines animales en dehors du gibier. On peut citer cependant : le poisson, les chenilles, les escargots, les termites et les criquets qui sont très appréciés par les populations villageoises. Entre villageois et exploitants forestiers, « le discours est souvent contraditoire des populations locales, qui critiquent les exploitants forestiers mais voient en eux les seules possibilités de disposer de certaines infrastructures, routes, écoles dispensaires ....Les communautés villageoises sont néanmoins de plus en plus réticentes vis-à-vis de l'exploitation forestière commerciale telle qu'elle est pratiquée actuellement. Des sociétés ont de plus en plus à faire face à des prospecteurs, grèves, exigences de dédommagement. Les autorités civiles ( préfecture) et militaires ont dû intervenir à plusieurs reprises, vigoureusement dans certains cas, comme par exemple dans la région du Dja. Dans la région de Lomié, des pétitions ont été adressées au préfet par la population, protestant contre l'Administration forestière. Dans la région de Mbang, les populations se plaignent que l'exploitation forestière de la SFID ( Société Forestière et Industrielle de la Doumé) perturbe la vie sauvage et qu'elle rende le gibier plus rare »91.

Reconnaissant la menace croissante qui pèse sur les forêts camerounaises, le gouvernement camerounais en accord avec les populations locales gèrent les forêts à travers le régime de forêts communautaires qui est « une micro-organisation légale

90 DURRIEU de MADRON lue ,FORNI Eric et al., Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.29.

91 Idem,p.33.

ou conventionnée dans laquelle des propriétaires de ressources partagent des droits et devoirs envers leurs ressources jumelées »92.

Ce régime permet donc à long terme une efficacité de l'administration et l'indivisibilité de ce patrimoine qui reste gardien des secrets des peuples tels que les pygmées qui vivent de la chasse et de la cueillette. Pour mieux renforcer cette nouvelle stratégie, le rôle des élus locaux tend à prendre de l'ampleur aux seins de ces sociétés villageoises et ceci se confirme par l'exemple du Projet d'Aménagement Pilote Intégré de Dimako qui montre que , « L'évolution des équilibres politiques consécutifs à l'émergence du pluralisme démocratique tend à favoriser une attitude de plus en plus revendicative des populations, relayée par la presse et les élites locales amenées à rechercher les suffrages et le soutien des populations dans ce nouveau contexte. Les maires sont les porte-paroles des populations qui les ont élus. Ils transmettent ainsi la volonté des populations de comprendre les objectifs du projet et éventuellement les motivations qui poussent celui-ci à changer ses objectifs. Ils traduisent aussi les attentes des populations envers le projet face aux éventuels conflits qui peuvent exister entre les populations et les sociétés forestières ou le péril de la disparition des ressources forestières, accélérée tant par l'exploitation abusive du bois d'oeuvre que par l'agriculture et la chasse qui se développe anarchiquement le long des pistes forestières. »93

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault