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Le lien entre la théorie de l'esprit et le conflit sociocognitif

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par Sarah Begert
Université Paris 8 - M1 psychologie du développement 2007
  

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1.2. Les Représentations, un lien avec l'environnement social

Wallon (1934) a recherché les facteurs favorisant la relation entre l'individu et son environnement. Le rôle des processus représentatifs a été mis en évidence dans la formation de cette relation. Ainsi, au travers des processus représentatifs, les comportements de l'enfant face à son environnement vont, progressivement, de l'acte à la pensée, allant vers une emprise de plus en plus forte sur ce dernier.

Ce lien a également été mis en évidence par Vygotsky (1934) au travers des concepts de « formes culturelles » et « d'instrument « psychologique ». Les formes culturelles permettent l'acquisition des représentations mentales et organisent, de cette manière, l'expérience du réel. En effet, quand l'enfant a recours au langage, par exemple, il utilise cette forme culturelle en tant qu'instrument pour être mis en relation avec les autres êtres humains. En même temps, le langage joue le rôle d'instrument psychologique : l'utilisation des formes culturelles modifie la pensée et génère la formation d'activités mentales supérieures.

Les représentations se développent dans trois domaines, à savoir émotionnel, moteur, et cognitif, selon Wallon.

Au début de la vie, ces émotions se présentent sous la forme d'un réflexe générant une réponse de tout son corps, comme les premiers pleurs du bébé, l'aspect émotionnel sera de plus en plus canalisé et intentionnel grâce au rôle de l'entourage, s'inscrivant dans des systèmes d'expression conventionnels (comme la peinture, l'écriture,...).

En ce qui concerne la constitution des connaissances, le développement cognitif consiste à s'approprier des instruments représentatifs culturels comme le langage. Par son utilisation, l'enfant est mis en relation avec son entourage et sa pensée est modelée. Il accède ainsi aux représentations.

La fonction sémiotique, qui apparaît vers dix-huit mois, désigne la capacité de représenter des actions, des objets, ou des événements en dehors de toute représentation actuelle. Elle permet un dédoublement de la réalité, à savoir objective et subjective, un dédoublement du signifiant et du signifié. Cette fonction est fondamentale dans l'acquisition des représentations, elles-mêmes primordiales dans la compréhension d'autrui (Piaget, 1946). En effet, les représentations structurent toutes formes d'action et de connaissance. La fonction sémiotique comprend l'imitation différée, le jeu symbolique, le dessin, l'image mentale et le langage.

Le langage permet d'évoquer des actions, des objets ou des événements en dehors de toute représentation actuelle. Son apparition nécessite quelques pré-requis, dont la catégorisation. En effet, la détection des phonèmes nécessite une catégorisation (Bénédicte de Boisson Bardies, 1996). En effet, les sons d'un même phonème varient énormément selon les différentes personnes qui le prononcent ou en fonction des différents contextes d'apparition. Par exemple, sa «courbe mélodique» varie en fonction de son apparition en début ou fin de mot. Leur reconnaissance malgré ces changements nécessite donc des catégorisations.

De même, la compréhension des mots ne va pas de soi car ils ne renvoient pas directement à la réalité mais désignent des concepts faisant partie de catégories d'objets, ou des catégories comprenant de nombreux objets. C'est grâce à la construction de catégories que l'enfant pourra généraliser la signification des mots et les comprendre dans des contextes différents. Il accède ainsi au niveau sémantique du langage. La compréhension et la production de langage nécessitent donc la création au préalable de catégorisations générales, même si elles ne correspondent pas directement à celles créées par les adultes. Ces premières catégorisations n'englobent pas les mêmes éléments que celles construites par les adultes, en raison des nombreux remaniements suite à l'expérience et du développement des compétences langagières. Par exemple, ils réussissent les épreuves de quantification de l'inclusion des classes quand le terme utilisé pour désigner l'ensemble ne peut être utilisé pour désigner une partie. Markman, cité par Troadec (1998) a réalisé une expérience allant dans ce sens. Dans son expérience, il a utilisé soit le terme « famille », soit le terme « chiens » pour désigner l'ensemble des chiens. Lorsque le mot « famille » était utilisé, tous les enfants répondaient correctement à la question. En revanche, lorsqu'il utilisait à la place le mot « chiens », aucun ne répondait correctement en raison de l'ambiguïté de ce terme, qui peut désigner à la fois l'ensemble et un animal. Les enfants connaissent donc l'ambiguïté de certains termes désignant des noms de classe.

Le jeu symbolique, qui apparaît vers deux ans, est également un indice de l'apparition de la fonction sémiotique car il consiste à représenter une scène ou un objet absent à l'aide d'un autre objet ou par des postures. Ce sont les jeux où l'enfant «fait semblant» en imitant les actes des parents ou des héros télévisuels par exemple. Il y a dédoublement du signifiant et du signifié, étant donné qu'il utilise des objets ayant une autre fonction normalement. Par exemple, un balai peut devenir un cheval. Ce type de jeu est universel.

Mais c'est au travers de l'imitation différée qu'apparaît d'abord entre quinze et dix-huit mois la fonction sémiotique. L'imitation différée apparaît après l'observation d'une scène ou d'un comportement. L'enfant mémorise ce qu'il a vu d'intéressant, et l'intériorise progressivement. C'est à partir de cette intériorisation que se créent les représentations permettant l'imitation différée. Elle consiste à reproduire une action dorénavant sans modèle, alors qu'elle avait été produite dans le passé en présence d'un modèle. Vers dix-huit mois, l'enfant cherche donc à représenter une scène qui ne se trouve pas directement dans la réalité, d'où sont appartenance à la fonction sémiotique. Il y a dédoublement comme lors du langage car elle évoque la réalité tout en se distançant d'elle. Par ses ratés et réussites, l'imitation différée facilite la délimitation du moi...En effet, grâce aux différences entre ses actions et celles de son modèle, le sujet prend conscience de sa propre identité et se distingue d'autrui.

Avec la fonction sémiotique, l'enfant acquiert donc une certaine conscience d'autrui. Il parvient à rentrer en contact, intentionnellement, avec le monde extérieur grâce à diverses techniques de communication. De plus, la fonction sémiotique permet une première « compréhension » d'autrui dans la mesure où l'imitation différée permet une meilleure distinction entre ses propres actions et celles d'autrui. De plus, la capacité de catégorisation permet de rapprocher les états émotionnels d'autrui à ceux déjà rencontrés et catégorisés auparavant. Mais cette compréhension d'autrui ne se présente que sous la forme d'ébauche et la représentation d'autrui va subir de nombreuses modifications au cours de son développement.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle