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La maintenance des aménagements hydroagricoles dans le delta du fleuve Sénégal: Le cas du périmêtre de Boundoum

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par Ousseynou Diéle
Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2006
  

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chapitre 1

Le Delta se situe à l'extrême Nord-Ouest du Sénégal (cf.fig 1). Il couvre une superficie de
5 000 km2 de Richard-Toll à l'ancienne embouchure naturelle du fleuve Sénégal. L'originalité
du milieu naturel a fait que cette zone ait fait l'objet de grands programmes d'aménagements
en vue de sa mise en valeur agricole. Ces derniers ont fortement bouleversé les systèmes de
production traditionnels à tel enseigne qu'ils aient fortement artificialisé le Delta.

Pour une bonne compréhension de la situation qui prévaut actuellement dans le Delta, nous consacrons cette partie à l'analyse des différentes évolutions qui se sont opérées au niveau écologique, économique, démographique, politique voire institutionnel.

A- Le milieu naturel


1-Unités géomorphologiques, sols et végétation
1-1) Les unités géomorphologiques

Dans le Delta s'opposent deux grandes catégories d'unité paysagères : une zone régulièrement inondée par les crues du fleuve appelée walo et une autre non inondable à cause de sa topographie un peu plus haute qu'on appelle diéri.

Dans cet ensemble se distinguent trois ensembles morpho-pédologiques qui sont spatialement imbriqués. Il s'agit des cuvettes de décantation, des levées- fluvio deltaïques et des dunes du diéri.

a) Les cuvettes de décantation (appelées walo)

Les cuvettes de décantation forment des dépressions topographiques où

l'alluvionnement était moindre et assurent la transition entre les versants et les levées (J.
Tricart, 1961). Ce sont des unités postnouakchottiennes c'est-à-dire qu'elles ont été édifiées

après le retrait de la mer. Les sols sont localement appelés hollaldé, avec une grande

proportion d'argile (environ 55%). Ces sols ont une très bonne capacité de rétention et sont
très indiqués pour la riziculture irriguée. Les périmètres qui ont été les premiers à être réalisés

ont été dans leur plus grande majorité installés sur ces cuvettes. Nous avons le cas par
exemple du casier rizicole de Richard-Toll dans le haut delta, le périmètre de Boudoum dans

le moyen delta, etc.

b) Les levées fluviodeltaïques

Les levées sont des bourrelets de berge construits par le fleuve lui-même à partir de piégeage de sédiments. Fluviodeltaïque vient de la combinaison de deux mots : fluvio qui veut dire la charge solide du cours d'eau et de deltaïque qui renvoie à une nappe d'eau. Cette unité a été mise en place pour l'essentiel durant la période golfe (transgression marine) qui a duré

de 12 000 jusqu'à 2 000 ans Bp. Du point de vue granulométrique, les dépôts fluvio

deltaïques sont constitués de sables fins, de limons et d'argiles. Localement, les sols de cette
unité sont désignés sous le nom de fondé. Ces dépôts sont aujourd'hui le support des
aménagements hydro agricoles de type PIP, le long de l'axe Gorom-Lampsar plus
précisément dans le moyen delta (SY.B, 1995).

c) Les dunes du diéri

Les dunes du diéri se présentent sous la forme de grands alignements longitudinaux de direction est/sud-ouest à la bordure méridionale du Delta. D'autres alignements s'étendent depuis Gorom-aval jusqu'à l'île de Ntieng. Elles se sont mises en place durant une période d'aridité très marquée (22 000-1 2000 ans Bp) que l'on appelle ogolien. Les sols qu'on trouve sur ces dunes sont de type bruns subarides grâce aux phases de stabilité (pluvial tchadien et pluvial néolithique) qu'a connues le système ogolien. Ces dunes supportaient des cultures

pluviales et constituaient des champs de parcours pour le bétail.

Aujourd'hui les alignements sont très discontinus à cause des sapements et

recoupements par les différents bras. Une perte progressive du profil pédologique par dénudation et/ou remaniement caractérise la dynamique actuelle de ce système dunaire.

Sur l'ensemble des unités présentées se sont développés des sols déterminés en grande

partie par l'hydromorphie ou la salure.

1-2) les sols

Dans le delta du fleuve Sénégal, les sols peuvent être regroupés en deux grandes familles. Une première formée par les sols déterminés par la présence de l'eau et une seconde regroupant les sols salés.

a) Les sols hydromorphes

Les sols hydromorphes sont principalement ceux des cuvettes de décantation. Ils résultent d'une submersion plus ou moins durable par les eaux de la crue du fleuve. Ce sont

les sols de « walo » constitués essentiellement de « hollaldé » très argileux, pauvres en

matière organique et d'une structure massive. Difficiles à travailler, ils conviennent à la

riziculture.

b) Les sols salés

Les sols salés sont également appelés sols halomorphes. Ils sont localisés au niveau de certaines cuvettes de décantation et levées fluviodeltaiques. On peut aussi les rencontrer dans les dépressions vouées à recueillir les eaux de drainage. Les facteurs explicatifs de la présence du sel dans ces sols sont la proximité de l'océan et la transgression marine (Houma.Y 1993).

Aujourd'hui, le processus de salinisation des terres du delta du fleuve Sénégal est si

accrue que l'on note beaucoup d'abandons en pleine campagne agricole. Et face à cette
situation alarmante, des mesures draconiennes sont à prendre car la présence du sel dans les

sols compromet toute activité agricole (Lerricolais.A et al. 1976).

Hormis ces deux grandes familles de sols, il faut y ajouter les sols du système dunaire plus connus sous le nom de sols du diéri. Ce sont des sols bruns subarides dont la teneur en

argile est faible.

1-3) la végétation

Les écosystèmes du Delta sont des formations sahéliennes. Le couvert végétal naturel est souvent bien adapté aux conditions difficiles du milieu. Dans l'ensemble, la végétation est

discontinue et composée à majorité d'herbes xérophiles. Selon Konaté.M. (1999), une

corrélation positive existe entre formation végétale et type de sol dans ce paysage sahélien.
Ainsi, sur chaque grand ensemble morpho-pédologique que compte le Delta vont pousser des

espèces spécifiques.

* Sur les dunes du diéri

Du point de vue floristique, les dunes du diéri supportaient des espèces ligneuses comme Acacia albida, Acacia radiana, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, etc. ; les strates

arbustives et herbacées sont constituées d'euphorbiacées (Euphorbia balsamifera), de
combrétacées (Guiera senegalensis), et de graminées saisonnières (Cenchrus biflorus, etc.)

Wade (2003). Ces espèces végétales sont celle de la savane.

* Sur les cuvettes

Dans les cuvettes argileuses de décantation, autour des défluents du Sénégal, prospéraient des forêts d'Acacia nilotica. A cela s'ajoutaient les graminées pérennes telles que

Oryza longistaminata, Echinochola stagnina et Vossia cuspidata qui constituaient une
ressource alimentaire d'une importance non moins considérable pour le bétail.

Dans les cuvettes très salées (Sebkhas) se développaient des plantes halophiles comme

Salsola baryosma, Tamarix sen egalensis, etc.

* Sur les levées fluvio deltaïques

Les levées fluvio deltaïques constituent le plus souvent le support des aménagements
hydro agricoles.

Sous l'effet combinatoire de facteurs physiques (sécheresses) et humains (création
d'aménagements hydro agricoles), de nombreuses espèces ont disparu ou ne subsistent
qu'à l'état résiduel (Kane. A in mélanges) d'une part ; de nouvelles espèces ont vu le jour
(Typha australis, Salvinia molesta, etc.) d'autre part.

2- Climatologie

Le climat peut être défini comme la synthèse des temps qu'il fait. Selon Maxe Sorre cité par Brunet.R et al. (2005), « le climat d'un lieu est la série des états de l'atmosphère au- dessus de ce lieu dans leur succession habituelle ».

Le climat du delta du fleuve Sénégal est caractérisé par la double influence de l'océan et du continent. Il est conditionné par trois principaux centres d'action ou anticyclones. Ces

anticyclones sont celui des Açores, de Sainte-Hélène et du Sahara communément appelé

anticyclone libyen. Chacun d'eux est responsable de l'installation d'un type de vent
spécifique et qui domine la circulation atmosphérique générale du Delta pendant un moment

bien déterminé.

2-1) Les masses d'air

* L'alizé maritime : c'est un vent issu de l'anticyclone des Açores, de direction Nord à

Nord Ouest. De novembre à février (saison sèche froide) ce vent domine la circulation

atmosphérique générale de la zone. Il est chargé d'humidité en raison de son parcours
océanique mais n'est pas porteur de pluies. Il provoque un abaissement de la température, du

brouillard, de la rosée cependant il s'assèche rapidement vers l'intérieur.

* L'alizé continental ou Harmattan : de Mars à juin (saison sèche chaude) domine l'harmattan. C'est un air saharien issu de l'anticyclone libyen. Il est caractérisé par une grande sécheresse (la population l'appelle « mboyo ») avec des amplitudes thermiques fortes : frais

ou froid la nuit, il est chaud le jour. Souvent il s'accompagne de poussière, de sable.

* La mousson : ce vent ne s'installe qu'en juin-octobre et issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Son long trajet maritime le rend très humide. Il est responsable de la quasi- totalité des précipitations enregistrées au niveau du Delta.

En dehors de ces types de vent, il est possible de rencontrer dans la zone des vents

locaux qui se manifestent généralement en fin de saison sèche : ce sont les vents tourbillonnaires que la population locale désigne sous le nom de « ngëlewër ».

2-2) Les températures

L'étude de la température présente une importance capitale pour l'agriculture irriguée.

Dans le delta du fleuve Sénégal, les températures sont élevées et sont liées à la latitude
tropicale de la région. Les moyennes annuelles vont de 20 à 40°c avec des extrêmes variant

entre 12°c (novembre-février) et 45°c (mai-juin). Les températures sont également

caractérisées par des variations dans le temps avec les saisons notamment avec les
précipitations qui les abaissent et dans l'espace avec la proximité ou l'éloignement de la mer.

Il convient de signaler que lorsqu'elle est élevée, la température favorise le développement de la plante de riz tandis que si elle est basse, elle est source d'avortement du

riz conduisant sans doute à de mauvais rendements. C'est pour cette raison qu'il n'est pas

indiqué de cultiver du riz en saison sèche froide.

2-3) Les précipitations

Les précipitations revêtent une grande importance en ce sens que l'essentiel des activités du Delta leur sont tributaires (Diagne P.S, 1974). La pluviométrie y est globalement

faible et est caractérisée par une irrégularité interannuelle très marquée (voir tab. 1).

L'existence d'une seule et courte saison pluvieuse (3 mois d'hivernage sur 12) fait que la
quasi-totalité des précipitations tombent durant cette période. Cependant, en saison sèche, la

zone peut enregistrer des pluies éphémères dues aux perturbations du front polaire appelées
«Eug» par la population locale.

Tableau (1): Evolution de la pluviométrie de 2000 à 2004

Postes
Pmm

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

2004/2005

H

NJ

H

NJ

H

NJ

H

NJ

H

NJ

Dagana

Dm

Dm

307

17

170

13

275

18

118

9

Richard-
Toll

359

19

318

19

163

16

261

17

221

12

Mbane

387

19

350

15

237

13

308

20

207

12

Ross-
Béthio

Dm

Dm

366

24

226

14

263

15

185

11

Rao

419

22

Dm

Dm

191

17

216

23

159

14

Saint-
Louis

446

23

282

31

228

20

353

28

131

16

H = hauteur - NJ= nombre de jour de pluie - Dm= données manquantes
Source : DRDR/Saint-Louis

D'après le tableau ci-dessus, la zone a reçu, dans la période de 2000 à 2004, une moyenne pluviométrique de l'ordre de 21 7mm, et la station de Richard-Toll située dans le haut Delta, une moyenne de 264,4mm ( voir fig.1). Pour ce qui est du nombre de jours de

pluie, on note aussi une faible moyenne (soit 14 jours de pluie).

Au cours de cette période, les maxima et minima enregistrés à Saint-Louis sont de

446mm et 131 mm, alors qu'à Richard-Toll nous avons 3 59mm et 221 mm. Le nombre de
jours de pluie n'est pas constant d'une année à une autre. A Saint-louis les extrêmes sont 31 et
16 (soit une moyenne de 23,5) et à Richard-Toll ils sont 19 et 12 (soit une moyenne de 15,5).

Figure 1 : Courbe d'évolution de la pluviométrie à Richard-Toll de 2000 à 2004

400

250

200

350

300

150

100

50

0

R Toll

R Toll

En culture d'hivernage, lorsque la pluie est importante, elle peut influer négativement

sur l'activité agricole. En effet, la pluie provoque la prolifération des adventices, rend
impraticable les pistes d'accès occasionnant le report de certaines tâches déterminantes (par

exemple les épandages).

3) Le réseau hydrographique

Le réseau hydrographique du Delta est tributaire à la fois de la configuration géologique et géomorphologique et du régime pluviométrique de la sous région. Au niveau de cette région, le fleuve Sénégal semble être le plus important concernant les eaux de surface.


· Le fleuve Sénégal

Le fleuve Sénégal, d'une longueur de 1700 km, traverse les zones sahélo soudaniennes et sahéliennes où il constitue le seul cours d'eau permanent (Lavigne Delvigne Ph., 1991). Cela, J. Rodier cité par S.M. Seck (1981), l'a si bien souligné lorsqu'il parlait de «fleuve

tropical débouchant en zone sahélienne». Donc c'est un fleuve allochtone formé par la jonction du Bafing (appelé Sénégal blanc par Muriel Devey) et du Bakoye à Bafoulabé.

Dans le delta du fleuve Sénégal, le régime naturel du fleuve est caractérisé par une période de hautes eaux de juillet à octobre et de basses eaux de décembre à juin (Thior P. 1998). L'eau de la mer remontait le fleuve jusqu'à la hauteur de Dagana en saison sèche. Ce

phénomène de remontée de la langue salée est aboli suite à la construction, sur le fleuve, du
barrage anti-sel de Diama en 1986.

A coté de ce dernier, nous avons un réseau de cours d'eau anastomosés dont certains jouent le rôle d'adducteur et d'autres, le rôle d'émissaire de drainage (Voir carte 2) :

- Le Gorom, long de 60km, part du village de Ronkh plus précisément sur le site de
Bépar. Il est intrinsèquement lié au fleuve d'où proviennent presque toutes ses eaux.
Avant les barrages, le Gorom servait de réserve d'eau douce pour la population, en
période de décrue. Il permettait également la pratique de cultures de décrue qui
occasionnaient le déplacement de nombreuses de familles. Aujourd'hui avec les mutations
que le réseau hydrographique a connues (artificialisation hydrologique), le Gorom ne
contribue qu'à l'approvisionnement en eau des périmètres irrigués en plus de l'activité de
pêche qui s'y développe. Il rejoint le fleuve en amont de l'île de Tieng en alimentant sur sa
rive gauche les marigots du Kassack et du Lampsar.

- Le Lampsar relié au Gorom amont à hauteur du village de Boundoum-barrage où il
prend son origine, entre en confluence, successivement, avec les marigots du Kassack, du
Djeuss et du marigot de Khant avant de se jeter dans le fleuve Sénégal en amont de la
ville de Saint-Louis. Il décrit des méandres engainés par de petites levées alluviales. Il en
résulte un isolement de cuvettes plus ou moins grandes à Thiléne, Pont-Gendarme, etc.
Fall.M (1999).

Le Gorom et le Lampsar constituent un axe qui retient, avec six autres ensembles, l'attention d'un fonds de maintenance dénommé FOMAED. C'est pour cette raison qu'on parle de système adducteur Gorom-Lampsar.

- Le Djeuss, long d'une cinquantaine de km, prend son origine au sud-est du parc de
Djoudj et s'écoule presque parallèlement au Lampsar avec qui il entre en confluence au
nord de la ville de Saint-Louis.

- Le Kassack a son origine entre le Gorom et le Lampsar. Sa jonction avec ces derniers
est aujourd'hui faite par l'intermédiaire des ouvrages de Diambar et de Demba (près de
Diawar) ; il s'écoule parallèlement au Gorom sur 30 km avant de se joindre au Lampsar.

- Le Diawel et le Natché situés au Nord Est du Delta servent aujourd'hui de collecteurs
d'eaux de drainage des casiers rizicoles de Thiagar et sucriers de la CSS ; son écoulement
s'arrête dans une plaine à l'ouest de Richard-Toll ;

- Le Ngalam situé au sud-est de l'axe Gorom-Lampsar, dans le dièri, reçoit les eaux de
lessivage de la réserve attenante à l'ouvrage vanné de Ndiawdoune.

- Le lac de Guiers

Principale réserve d'eau douce du Sénégal, le lac de Guiers occupe une dépression allongée dans l'axe Nord-Sud d'environ 50 km de large entre 15°55 et 16° 16 de longitude

ouest. L'alimentation du lac dépend du fleuve Sénégal par l'intermédiaire de la rivière

Taouey. C'est à partir de ce lac que se fait l'alimentation en eau de la ville de Dakar.

4.Le cadre humain

Le Delta correspond un peu à l'ancien royaume du Waalo qui s'est périclité en 1859. La
population de ce royaume était essentiellement composée de wolofs qui s'y sont installés
depuis fort longtemps (Barry.B 1985). Il y avait aussi des peuls et des maures. Cependant,
contrairement à la moyenne vallée, la zone du delta du fleuve Sénégal et ses bordures
apparaissaient comme des déserts humains avant les aménagements. En fait, les conditions
du milieu naturel n'autorisaient aucune installation humaine durable.

L'avènement de la riziculture irriguée et de l'agro-industrie a vu la création de nouveaux
établissements humains et la venue de populations nouvelles. Il en est résulté un
enrichissement de la composition ethnique.

1- La composition ethnique
Les ethnies que l'on rencontre dans le Delta sont principalement :

- Les wolofs qui constituent la population autochtone. Ils représentent plus de 63,6 % de la
population d'après le recensement de 1988. Ils sont des sédentaires et se concentrent le
plus souvent dans les villages anciens.

- Les peuls qui sont des nomades par excellence en raison de l'activité pastorale qui le leur
exigeait. On note aujourd'hui une sédentarisation de certain parmi eux qui se sont
convertis en de véritables agro pasteurs. Il y a également le rôle non moins considérable
de l'Etat. En effet, dans beaucoup de hameaux peuls des salles de classe ont été
construites.

- Les maures : leur présence dans cette zone peut s'expliquer par les rapports
qu'entretenaient le royaume du Waalo et les maures du Trarza. Leur nombre n'est devenu
important qu'au lendemain du célèbre conflit frontalier Sénégalo-Mauritanien.

Les politiques de peuplement du Delta, développées par la SAED ont été à l'origine de
l'apparition d'ethnies étrangères. Il s'agit des toucouleurs venus du Fouta et des sérères
provenant de l'intérieur du pays.

En outre, dans des endroits où l'agro-industrie s'est développée, il est possible d'y trouver
la majeure partie des ethnies existant au Sénégal. C'est le cas par exemple de Richard-Toll
avec la CSS, de Dagana avec la SNTI, etc.

2) Peuplement et colonisation du Delta

L'une des ambitions que nourrissait la SAED était d'inciter les gens à venir pratiquer
l'agriculture à travers une politique dite de peuplement. Pour l'accueil de ces populations, de
nouveaux villages ont été construits. Faisons d'abord une étude sur les villages traditionnels
avant de parler de ces villages de colons.

2.1) Les villages traditionnels

Sont qualifiés de villages traditionnels les villages qui existaient dans le Delta avant la
création de la SAED. Ces villages se situaient presque tous au bord du fleuve. Cette proximité
du fleuve présentait un double avantage selon Diagne P.S : les populations pouvaient
aisément s'adonner à la pêche en plus de cela, elles avaient la possibilité, en période de
décrue, de faire de l'agriculture de décrue.

Aujourd'hui, beaucoup de ces villages (dans le Moyen delta et un peu dans le Haut delta) ont
connu un déguerpissement suite à la demande de l'OMVS. Par exemple, les villages de
Wassoul, Ronkh, Khor, Ndiaténe sont actuellement derrière la grande digue de protection
créée en 1964.

2.2) Les villages neufs

Avec la SAED, de nouveaux villages sont crées. C'était dans le but non seulement de peupler
la zone qui offrait un peu l'aspect d'un «no men's land » (désert humain) mais aussi et surtout
d'encourager le développement de l'agriculture irriguée. Ainsi pour l'installation des gens en
provenance du Diéri, le village de Boundoum Barrage fut crée en 1965.

En 1966, deux autres villages virent le jour et étaient peuplés de paysans déplacés à cause de
la crue : Boundoum Est pour les paysans venus du village de Ronkh et Boundoum Nord pour
ceux qui sont venus de Kheune et Wassoul. Mais la plupart de ces populations déplacées
retourneront plus tard dans leurs fiefs d'origine. Ce qui fait que Boundoum Est et Boundoum
Nord sont plus connus respectivement sous les noms de Ronkh Delta et de Diawar.

Les villages neufs ne se limitaient pas à ces trois car dans la même année, la SAED créa deux
autres qui ont servi de zone d'accueil aux toucouleurs venus du Fouta (Kassack Nord) et aux
sérères (Kassack Sud).

Il convient de noter que ces villages étaient construits suivant les mêmes règles architecturales
et il y'a des maisons qui perdurent jusqu'à nos jours.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo