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La maintenance des aménagements hydroagricoles dans le delta du fleuve Sénégal: Le cas du périmêtre de Boundoum

( Télécharger le fichier original )
par Ousseynou Diéle
Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2006
  

Disponible en mode multipage

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Sommaire
Pages

Dédicaces 2

Remerciements . 3

Liste des sigles et acronymes 4

Introduction 7

Première partie : Le delta du fleuve Sénégal : un milieu artificialisé 14
Chapitre 1: Le milieu naturel et le cadre humain dans le Delta 16
Chapitre 2 : L'introduction de l'irrigation et l'artificialisation progressive du milieu .. 34

Deuxième partie : Organisation de la gestion et travaux d'entretien dans le

périmètre de Boundoum .. 45

Chapitre 1: Organisation de la gestion et de l'exploitation du périmètre .. 46

Chapitre 2 : Infrastructures hydrauliques et travaux d'entretien 59

Troisième partie : La nouvelle politique de maintenance : un cadre de dialogue entre
Etat, collectivités locales et usagers
72

Chapitre 1 : La nouvelle politique de maintenance ... ..... 73
Chapitre 2 : La mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance : Pratiques et

perspectives à Boundoum 84

Conclusion 94

Bibliographie 96

Tables des illustrations 99
Tables des matières 102
Annexes

DEDICACES

Ce travail est dédié à mon défunt père Amadou Diéle et mon regretté ami d'enfance Ngandji Sarr. Que la terre de Ronkh leur soit légère et que le bon Dieu les accueille dans les prairies de son paradis.

A ma très chère et brave mère Daro Ndao qui n'a jamais cessé de me procurer

l'envie et le courage d'étudier.

A toute la famille Ndiélène de Ronkh.
A toute la famille de Feu Babacar Diop Imam à Dagana.
A toute la famille de Ndiaga Diop à Ndiangué.
A tous mes ami (e) s d'enfance et de promotion.

Aux anciens élèves de la 3 M1 A du CEM de Richard-Toll (promotion 1999), à tous mes camarades du module Aménagement rural et à tous les walo-walo de l'UGB.

A tous les étudiants de la dahira Mouhtacimina Bihablilahil Matini de l'UGB.

Une mention spéciale aux personnes qui me sont chères : Adama Thiaw, Yallé

Sarr, Birane Ndiaye Wade, Alioune Mbodj, Djiby Séye, Awa Ndao, Laye Bâ,
Massata, Cheikhou, Badara, Cheikh Sidate Sy, Mansour Séne, Papa Diagne, Djiby
Diop, El hadj Abdoulaye Diop, Mouhamadou Lamine Diop, Awa Diao, Abdoul Aziz

Diao, Oumar Ndiaye, leuz, Mame Sakory.

Aux «éternels forçats de la faim» (les paysans).
A toute la communauté estudiantine.

REMERCIEMENTS

En conformité aux exigences de la reconnaissance, nous tenons à remercier : Le bon Dieu pour avoir permis et donné la possibilité d'entamer et de terminer ce travail.

Notre directeur de mémoire, le professeur Sidy Mohamed Seck pour avoir accepté d'encadrer ce travail, son concours très précieux, sa disponibilité permanente et ses conseils .

A tous les professeurs de la section de géographie pour leur générosité dans la transmission du savoir : Messieurs Oumar Diop, Serigne Modou Fall, Boubou Aldiouma SY,

Géraud Magrin, Cheikh Samba Wade, Adrien Coly Cheikh Sarr, André D'almeida, Dah

Dieng.

Ce travail n'aurait, sans nul doute, abouti à bon port sans la collaboration fructueuse de :

M. Abdou Rahim Ndiaye, ingénieur et chef du DMR à la DAM pour avoir été notre

directeur de stage ;

M. Abou Ndao, ingénieur des travaux agricoles, chef de l'opération de Boundoum ;
M. Macoumba Diop, conseiller agricole, responsable de la gestion et de la

maintenance du périmètre de Boundoum ;

M. Amadou Niang, cartographe à la SAED ;

M. Abdoulaye Diop, comptable de l'union des OP de Boundoum :
A tous les agents de la DAM, de la Délégation de Dagana et de la DAIH.
A tous ceux qui ont de prés ou de loin contribué à la réalisation de ce travail.

Listes des sigles et acronymes

ADRAO : Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l'Ouest
AEP : Adduction d'Eau Potable.

AFD : Agence Française de Développement.

AI : Aménagement Intermédiaire.

B.R.G.M : Bureau de Recherche Géologique et Minière.
BU : Bibliothèque Universitaire.

CIFA : Centre Interprofessionnel de Formation aux métiers de l'Agriculture.
CIFAS : Club des Investisseurs Français au Sénégal.

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal.

CORAF : Conférence des Responsables de recherche agricole en Afrique de l'Ouest et du Centre.

CSC : Contre-saison Chaude.

CSF : Contre-saison Froide.

CSS : Compagnie Sucrière Sénégalaise.

CTA : Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale.
DAGE : Division Aménagement et Gestion de l'Eau (au sein des Délégations de la
SAED).

DAIH : Direction des Aménagements et des Infrastructures Hydro agricoles.
DAM : Direction Autonome de Maintenance des infrastructures hydro agricoles.
DAT : Dépôt à Terme

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.
FOMAED : Fonds de Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage.
FOMIIG : Fonds de Maintenance des Infrastructures d'Intérêt Général.
FOMPI : Fonds de Maintenance des Périmètres Irrigués.
FOMUR : Fonds Mutuel de Renouvellement des stations de pompage et équipements
Hydromécaniques.

FPA : Fédération des Périmètres Autogérés.

GA : Grand Aménagement.

GEP : Groupe électropompe.

GER : Gros Entretien et Renouvellement.

GDS : Grands Domaines du Sénégal.

GIE : Groupement d'Intérêt Economique.

G.I.R.A.R.D.E.L : Groupe Interdisciplinaire de Recherche pour l'Appui à la

Planification Régionale et au Développement Local.
GMP : Groupe Motopompe.

HTM : Hauteur Manométrique Totale.

ICA : Ingénieurs Consultants Associés.

ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles.

KFW: Kreditanstalt Für Wiederaufbau.

MARP : Méthode Active de Recherche Participative.

MAS : Mission d'Aménagement du Sénégal.

MEC : Mutuelle d'Epargne et de Crédit.

MEFS : Mission d'Etudes du Fleuve Sénégal.

NEG : Note d'Entretien et de Gestion.

NPA : Nouvelle Politique Agricole.

OAD : Organisme Autonome du Delta.

OAV : Organisme Autonome de la Vallée.

OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal.
OP : Organisation Paysanne.

PDRG : Plan de Développement intégré de la Rive Gauche.

PME : Petites et Moyennes Entreprises.
PIP : Périmètre Irrigué Privé.

PIV : Périmètre Irrigué Villageois.

PSI : Pole régional de recherche sur les Systèmes irrigués soudano sahéliens.

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat.
RIDEV: Rice Development.

RNEDHA : Réseau National d'Expérimentation et de Démonstration du Secteur de

l'Hydraulique Agricole.

SAED : Société nationale d'Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta du
fleuve Sénégal et des Vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé.
SCIEPS : Société de Conseils, d'Ingénierie, d'Etudes et de Prestations de Services.
SDRS : Société de Développement Rizicole du Sénégal.
SEMRY : Société d'Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua.
SNTI : Société Nationale de Tomate Industrielle.
SOCAS : Société de Conserve Alimentaire du Sénégal.

SOMALAC: Société Malgache d'Aménagement du Lac Alaotra.
SV: Section Villageoise.
T.E.R: Travail d'étude et de Recherche.
UGB: Université Gaston Berger.
UL: Union Locale.
USAID: Us Agency for International Development.
VHR: Variété à Haut Rendement.

Introduction

De tout temps, l'Afrique subsaharienne a connu de difficiles moments de sécheresses

ayant comme conséquences des pénuries de denrées alimentaires. Et les systèmes de
production traditionnels ne permettaient plus de penser à une sécurité alimentaire. La notion
de sécurité alimentaire renvoie à la capacité d'assurer que le système alimentaire fournit à
toute la population un approvisionnement alimentaire nutritionnellement adéquat sur le long
terme. Cette partie du continent connaît également une forte pression démographique et une

baisse continue de la pluviométrie.

Cependant, comme l'avaient bien écrit Heq. J et Dugauqier F. (1990), l'Afrique sahélienne a la chance d'être traversée par les grands fleuves que sont le Sénégal, le Niger, les Voltas, le Chari, etc. et afin de valoriser ces ressources en eaux beaucoup d'Etats sahéliens,

dans leurs stratégies, notamment pour atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire, ont

considéré comme panacée la réalisation de grands périmètres irrigués (Groupe de travail,

Coopération Française, 1989). Ces derniers étaient placés sous la tutelle de Sociétés de

Développement rural tels que l'Office du Niger au Mali, la SOMALAC à Madagascar, la

SEMRY au Cameroun, la SAED au Sénégal, etc.

Au Sénégal, c'est précisément le Delta qui a été le site privilégié des ambitions d'aménagement (Sarr. B 1995). L'option pour la riziculture irriguée répondait à l'origine à un objectif national qu'à une volonté de développement régional, dira Jamin P.Y (1987) cité par Fall. M (1999). En effet il s'agissait dans des grands aménagements de produire du riz pour

résorber le déficit céréalier.

Dans le Delta qui constitue notre zone d'étude, on y trouve environ la moitié des superficies aménagées dans la vallée sous diverses formes : grands périmètres irrigués, périmètres intermédiaires et périmètres irrigués villageois (Le Gal. P-Y et Dia. I 1991).

Dans ce secteur, se posent pas mal de problèmes relatifs à l'aménagement. En effet, la gestion de beaucoup de périmètres est maintenant du ressort d'organisations de producteurs regroupés sous forme d'unions hydrauliques. Ces derniers n'étant pas bien préparés dans cet exercice, il est évident qu'ils seront confrontés à certaines difficultés. C'est dans cette logique

que nous avons choisi de travailler sur la pratique de la maintenance des aménagements hydro
agricoles avec comme cas d'étude le périmètre de Boundoum dont la gestion est aujourd'hui
assurée par les paysans eux-mêmes.

Problématique

La région du Delta s'étend sur 500 km2, de Saint-Louis à Dagana (Dia. I., LE Gal. P.Y, 1991). Cette partie du pays, depuis l'indépendance, a retenu l'attention des autorités sénégalaises pour être le lieu d'application des politiques d'aménagements hydro agricoles. La création, en 1965, de la SAED matérialise cette ferme volonté de la part des pouvoirs publics d'assurer un développement économique et social en général et hydro agricole, en

particulier dans le Delta.

L'étude des aménagements présents dans le delta du fleuve Sénégal révèle différents types. On y rencontre les grands aménagements transférés, les grands aménagements non transférés, les petits périmètres transférés et les aménagements intermédiaires transférés qui sont l'oeuvre de la SAED ; les périmètres irrigués villageois (PIV), les périmètres irrigués

privés (PIP) et l'agro industrie (CSS, SOCAS) qui sont hors SAED.

Les grands aménagements (GA) y présentent une importance sans égal car plus de

85% des GA recensés dans la rive gauche se trouvent dans le Delta. En terme
d'investissement, ils sont relativement onéreux et le prix à l'hectare se situe entre 5 et 6,5

millions de Fcfa (Wade.M et al. 1996).

Le mode de fonctionnement, de gestion et la maintenance des aménagements hydro agricoles varient suivant l'évolution des politiques étatiques en matière d'aménagement. En fait, selon l'attitude des pouvoirs publics, deux grandes périodes marquent l'aménagement du

delta du fleuve Sénégal.

Pour la période allant des indépendances (1960) jusqu'aux années 1980, c'est l'Etat

qui assurait, par le biais de l'OAD puis de la SAED, toutes les charges relatives au
fonctionnement, à la gestion et aux travaux d'entretien. Sa présence dans l'activité agricole se

sentait d'amont en aval puisqu'il intervenait dans l'étude des aménagements jusqu'à

l'exploitation éventuelle en régie (Maïga.M, 1995).

Vers la fin des années 1980, la gestion étatique qui prédominait, se heurta à des problèmes de coûts et de charges : faible performance du système irrigué due en grande partie à des insuffisances d'entretien.

La seconde période est caractérisée par le désengagement de l'Etat de la gestion des

aménagements réalisés ou réhabilités sur fonds publics : c'est l'ère du transfert des
aménagements hydro agricoles et des responsabilités aux organisations de producteurs.

Le transfert de responsabilités aux producteurs signifie aussi un transfert de charges aux producteurs (Lavigne Delville. Ph, 1991). Mais ce transfert a occasionné l'établissement de contrats de concession et des NEG (Note d'entretien et de Gestion) entre la SAED et les OP. Ce sont des mesures consistant à définir les modalités de fonctionnement des réseaux et des équipements, la nature, l'intérêt et les coûts des travaux d'entretien à réaliser pour assurer

la durabilité des performances des aménagements.

Ainsi, l'entretien des périmètres, des stations de pompage, des réseaux, des mailles

hydrauliques et des parcelles relève désormais de la compétence des usagers et de leurs
organisations. Concernant les aménagements structurants ou collectifs, c'est l'Etat qui assure

aussi bien leur réalisation que leur entretien. Un aménagement structurant est un type
d'aménagement hydro agricole dont la vocation est de desservir d'autres aménagements, soit
dans un objectif unique d'adduction d'eau (exemple : l'axe Gorom-Lampsar) soit de drainage

(exemple : l'Emissaire du Delta) soit de circulation ou de protection contre les crues

(exemple : la digue de ceinture du Delta).

Prés d'une décennie après la concession, on s'est rendu compte que les paysans n'étaient pas en mesure d'assurer pleinement la relève de la SAED. Les résultats que l'on

espérait obtenir étaient décevants suite à des difficultés telles que l'insuffisance de la
maintenance. Alors des mesures d'accompagnement ne sont-elles pas à mettre en oeuvre si
l'on veut réussir totalement ce souhait de responsabiliser les paysans? Mieux, ne doit-on pas
appuyer davantage les unions concessionnaires dans l'exercice de certaines tâches comme la
maintenance afin de lever toute inquiétude pour ce qui est de la pérennité des infrastructures

hydro agricoles?

C'est ce que l'Etat du Sénégal, secondé par ses partenaires au développement (Banque Mondiale, KFW, AFD, etc.), a très vite compris en prenant à bras le corps la maintenance. Cette ferme volonté se traduira par : d'abord, la Division Autonome de Maintenance (DAM) voit le jour en janvier 1998 et deviendra une Direction en Mars 2002 ; ensuite, une étude relative à la mise en place des fonds de maintenance a été lancée pour mener à bien cette nouvelle politique de maintenance. Les fonds créés sont les suivants : les FOMAED (Fonds de Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage), les FOMUR (Fonds Mutuel de Renouvellement des stations de pompage), les FOMPI (Fonds de Maintenance des Périmètres

Irrigué) et les FOMIIG (Fonds de Maintenance des Infrastructures d'Intérêt Général).

A la suite de Moulaye.A et Almadjir.R (1996) nous pouvons définir la maintenance

« comme l'entretien de tous les constituants complexes d'un aménagement mais aussi et
surtout l'ensemble des actions qui visent la pérennité du fonctionnement »
. Un aménagement
est constitué d'une partie équipements électromécaniques (par exemple : station de pompage,

d'exhaure) et d'une autre partie aménagement proprement dit (par exemple : les modules à
masque, vannes, prises à parcelle, etc.). La mobilisation de ressources financières à un niveau

suffisant pour la réalisation des travaux d'entretien et de renouvellement est à inclure dans

cette définition de la maintenance car étant une condition indispensable pour le bon

fonctionnement permanent des installations (Ponsy.P, 1998).

Nous avons choisi de travailler sur les grands périmètres plus précisément sur le

périmètre de Boundoum pour plusieurs raisons :

- D'abord, l'aménagement de Boundoum fait partie des réalisations les plus anciennes (1964).
Donc le périmètre est assez vieux (plus de trente ans) ;

- Ensuite, le casier a fait l'objet de plusieurs travaux de réhabilitations ; ce qui fait qu'il
constitue un cas exemplaire des difficultés de gestion et de maintenance des grands
aménagements dans le Delta ;

- Enfin, la gestion du périmètre n'est plus assurée par la SAED : elle est confiée aux
organisations paysannes regroupées autour de l'Union des OP et qui sont appelées à assurer la
maintenance.

Notre travail d'étude et de recherche se fixe comme objectifs de contribuer à une

meilleure compréhension de l'importance de la maintenance et de l'entretien des
aménagements hydro agricoles mais surtout des exigences ainsi que des aspects financiers,

techniques et sociologiques rattachés à ce programme. Ce modeste travail prétend être un
complément par rapport aux nombreuses études menées dans le Delta et se veut une
contribution en direction des chercheurs et décideurs qui y interviendraient.

Pour mener à bien notre étude, nous avons posé les hypothèses suivantes :

- Les potentialités naturelles ont joué un rôle considérable dans l'artificialisation du delta du

fleuve Sénégal ;

- l'organisation actuelle de la gestion et de la maintenance dans le périmètre de Boundoum,
laissée à l'Union des OP seulement ne permet pas d'espérer une durabilité de
l'aménagement ;

- La nouvelle politique de maintenance va servir de cadre de dialogue entre l'Etat, les
collectivités locales et les usagers.

Méthodologie

Pour ce travail d'étude et de recherche, la démarche suivie s'est déroulée en trois

principales phases :

La première phase était dévolue à la synthèse bibliographique. En effet, elle visait à connaître l'état de la production scientifique sur notre sujet. Elle nous a conduit à consulter les ouvrages généraux (« La vallée du fleuve Sénégal : évaluation et perspectives d'une décennie d'aménagement »), entre autres ; des thèses et mémoires que nous avons pu trouver dans les

centres de documentation des sections de géographie et de sociologie, de la BU, du
G.I.R.A.R.D.E.L, du CIFA, de l'ADRAO, etc. Cette première étape nous a permis d'apprécier

la dimension du travail qui nous attendait et de participer à notre guise à la recherche sur la

problématique de maintenance des aménagements hydro agricoles dans le delta du fleuve

Sénégal.

Ce premier exercice nous a donc procuré une bonne imprégnation sur la question, son

importance mais aussi et surtout d'affiner notre problématique.

La collecte de données de terrain également appelée descente sur le terrain a constitué la deuxième phase de notre démarche. Elle s'est déroulée au niveau de quatre villages du

casier : Boundoum-barrage, Boundoum Nord ou Diawar (siége social de l'union), Wassoul et
Ronkh et a duré trois mois avec comme base l'élaboration d'un questionnaire destiné aux
agriculteurs, aux conseillers ruraux, aux agents des services techniques intervenant sur la

filière agricole comme la SAED, l'ISRA.

La collecte des données qualitatives nous a été en grande partie facilitée par l'usage de quelques outils de la MARP (méthode active de recherche participative) comme le profil

historique et l'interview semi structuré. Le profil historique nous a permis d'avoir une idée sur

les événements qui ont marqué l'histoire de cette collectivité. Par exemple la grande crue des
années 1960 appelée « mbeund » par la population locale. L'interview semi structuré
consistait par des questions plus ou moins ouvertes portant sur des thèmes sélectionnés
d'avance (agriculture, élevage, etc.) à faire discuter les populations locales afin de faire

émerger des informations utiles pour mieux comprendre l'objet à étudier.

Par ailleurs, nous avons bénéficié d'un stage de formation qui a duré un mois (du 15 janvier au 15 février 2007) à la Direction Autonome de Maintenance des infrastructures hydro agricoles (DAM). Ce stage qui portait sur la maintenance des infrastructures hydro agricoles :

de la station de pompage aux parcelles nous a beaucoup aidé dans cette tâche de collecte de

données surtout celles relatives à l'aspect protocolaire de la maintenance.

La troisième et dernière phase de notre démarche est le traitement des données de terrain. Le traitement s'est fait à partir des systèmes de traitement statistique et graphique et l'usage de l'outil informatique.

Les traitements statistiques nous ont permis de classer les données numériques en tableaux et d'en déduire des valeurs et variables pertinentes pour développer nos analyses. Avec les traitements graphiques des données, nous avons pu, de façon synthétique, présenter

certaines informations. L'outil informatique nous a permis la saisie de notre document

(Microsoft Word), la cartographie (Mapinfo) et la réalisation de courbes d'évolution et de

diagramme (Microsoft Excel).

Pour mener à bien ce travail, nous étudierons dans un premier temps l'artificialisation du delta du fleuve Sénégal ; puis nous analyserons l'organisation de la gestion et les travaux d'entretiens dans le périmètre de Boundoum et enfin la nouvelle politique de maintenance des

aménagements hydro agricoles constituera notre troisième partie.

chapitre 1

Le Delta se situe à l'extrême Nord-Ouest du Sénégal (cf.fig 1). Il couvre une superficie de
5 000 km2 de Richard-Toll à l'ancienne embouchure naturelle du fleuve Sénégal. L'originalité
du milieu naturel a fait que cette zone ait fait l'objet de grands programmes d'aménagements
en vue de sa mise en valeur agricole. Ces derniers ont fortement bouleversé les systèmes de
production traditionnels à tel enseigne qu'ils aient fortement artificialisé le Delta.

Pour une bonne compréhension de la situation qui prévaut actuellement dans le Delta, nous consacrons cette partie à l'analyse des différentes évolutions qui se sont opérées au niveau écologique, économique, démographique, politique voire institutionnel.

A- Le milieu naturel


1-Unités géomorphologiques, sols et végétation
1-1) Les unités géomorphologiques

Dans le Delta s'opposent deux grandes catégories d'unité paysagères : une zone régulièrement inondée par les crues du fleuve appelée walo et une autre non inondable à cause de sa topographie un peu plus haute qu'on appelle diéri.

Dans cet ensemble se distinguent trois ensembles morpho-pédologiques qui sont spatialement imbriqués. Il s'agit des cuvettes de décantation, des levées- fluvio deltaïques et des dunes du diéri.

a) Les cuvettes de décantation (appelées walo)

Les cuvettes de décantation forment des dépressions topographiques où

l'alluvionnement était moindre et assurent la transition entre les versants et les levées (J.
Tricart, 1961). Ce sont des unités postnouakchottiennes c'est-à-dire qu'elles ont été édifiées

après le retrait de la mer. Les sols sont localement appelés hollaldé, avec une grande

proportion d'argile (environ 55%). Ces sols ont une très bonne capacité de rétention et sont
très indiqués pour la riziculture irriguée. Les périmètres qui ont été les premiers à être réalisés

ont été dans leur plus grande majorité installés sur ces cuvettes. Nous avons le cas par
exemple du casier rizicole de Richard-Toll dans le haut delta, le périmètre de Boudoum dans

le moyen delta, etc.

b) Les levées fluviodeltaïques

Les levées sont des bourrelets de berge construits par le fleuve lui-même à partir de piégeage de sédiments. Fluviodeltaïque vient de la combinaison de deux mots : fluvio qui veut dire la charge solide du cours d'eau et de deltaïque qui renvoie à une nappe d'eau. Cette unité a été mise en place pour l'essentiel durant la période golfe (transgression marine) qui a duré

de 12 000 jusqu'à 2 000 ans Bp. Du point de vue granulométrique, les dépôts fluvio

deltaïques sont constitués de sables fins, de limons et d'argiles. Localement, les sols de cette
unité sont désignés sous le nom de fondé. Ces dépôts sont aujourd'hui le support des
aménagements hydro agricoles de type PIP, le long de l'axe Gorom-Lampsar plus
précisément dans le moyen delta (SY.B, 1995).

c) Les dunes du diéri

Les dunes du diéri se présentent sous la forme de grands alignements longitudinaux de direction est/sud-ouest à la bordure méridionale du Delta. D'autres alignements s'étendent depuis Gorom-aval jusqu'à l'île de Ntieng. Elles se sont mises en place durant une période d'aridité très marquée (22 000-1 2000 ans Bp) que l'on appelle ogolien. Les sols qu'on trouve sur ces dunes sont de type bruns subarides grâce aux phases de stabilité (pluvial tchadien et pluvial néolithique) qu'a connues le système ogolien. Ces dunes supportaient des cultures

pluviales et constituaient des champs de parcours pour le bétail.

Aujourd'hui les alignements sont très discontinus à cause des sapements et

recoupements par les différents bras. Une perte progressive du profil pédologique par dénudation et/ou remaniement caractérise la dynamique actuelle de ce système dunaire.

Sur l'ensemble des unités présentées se sont développés des sols déterminés en grande

partie par l'hydromorphie ou la salure.

1-2) les sols

Dans le delta du fleuve Sénégal, les sols peuvent être regroupés en deux grandes familles. Une première formée par les sols déterminés par la présence de l'eau et une seconde regroupant les sols salés.

a) Les sols hydromorphes

Les sols hydromorphes sont principalement ceux des cuvettes de décantation. Ils résultent d'une submersion plus ou moins durable par les eaux de la crue du fleuve. Ce sont

les sols de « walo » constitués essentiellement de « hollaldé » très argileux, pauvres en

matière organique et d'une structure massive. Difficiles à travailler, ils conviennent à la

riziculture.

b) Les sols salés

Les sols salés sont également appelés sols halomorphes. Ils sont localisés au niveau de certaines cuvettes de décantation et levées fluviodeltaiques. On peut aussi les rencontrer dans les dépressions vouées à recueillir les eaux de drainage. Les facteurs explicatifs de la présence du sel dans ces sols sont la proximité de l'océan et la transgression marine (Houma.Y 1993).

Aujourd'hui, le processus de salinisation des terres du delta du fleuve Sénégal est si

accrue que l'on note beaucoup d'abandons en pleine campagne agricole. Et face à cette
situation alarmante, des mesures draconiennes sont à prendre car la présence du sel dans les

sols compromet toute activité agricole (Lerricolais.A et al. 1976).

Hormis ces deux grandes familles de sols, il faut y ajouter les sols du système dunaire plus connus sous le nom de sols du diéri. Ce sont des sols bruns subarides dont la teneur en

argile est faible.

1-3) la végétation

Les écosystèmes du Delta sont des formations sahéliennes. Le couvert végétal naturel est souvent bien adapté aux conditions difficiles du milieu. Dans l'ensemble, la végétation est

discontinue et composée à majorité d'herbes xérophiles. Selon Konaté.M. (1999), une

corrélation positive existe entre formation végétale et type de sol dans ce paysage sahélien.
Ainsi, sur chaque grand ensemble morpho-pédologique que compte le Delta vont pousser des

espèces spécifiques.

* Sur les dunes du diéri

Du point de vue floristique, les dunes du diéri supportaient des espèces ligneuses comme Acacia albida, Acacia radiana, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, etc. ; les strates

arbustives et herbacées sont constituées d'euphorbiacées (Euphorbia balsamifera), de
combrétacées (Guiera senegalensis), et de graminées saisonnières (Cenchrus biflorus, etc.)

Wade (2003). Ces espèces végétales sont celle de la savane.

* Sur les cuvettes

Dans les cuvettes argileuses de décantation, autour des défluents du Sénégal, prospéraient des forêts d'Acacia nilotica. A cela s'ajoutaient les graminées pérennes telles que

Oryza longistaminata, Echinochola stagnina et Vossia cuspidata qui constituaient une
ressource alimentaire d'une importance non moins considérable pour le bétail.

Dans les cuvettes très salées (Sebkhas) se développaient des plantes halophiles comme

Salsola baryosma, Tamarix sen egalensis, etc.

* Sur les levées fluvio deltaïques

Les levées fluvio deltaïques constituent le plus souvent le support des aménagements
hydro agricoles.

Sous l'effet combinatoire de facteurs physiques (sécheresses) et humains (création
d'aménagements hydro agricoles), de nombreuses espèces ont disparu ou ne subsistent
qu'à l'état résiduel (Kane. A in mélanges) d'une part ; de nouvelles espèces ont vu le jour
(Typha australis, Salvinia molesta, etc.) d'autre part.

2- Climatologie

Le climat peut être défini comme la synthèse des temps qu'il fait. Selon Maxe Sorre cité par Brunet.R et al. (2005), « le climat d'un lieu est la série des états de l'atmosphère au- dessus de ce lieu dans leur succession habituelle ».

Le climat du delta du fleuve Sénégal est caractérisé par la double influence de l'océan et du continent. Il est conditionné par trois principaux centres d'action ou anticyclones. Ces

anticyclones sont celui des Açores, de Sainte-Hélène et du Sahara communément appelé

anticyclone libyen. Chacun d'eux est responsable de l'installation d'un type de vent
spécifique et qui domine la circulation atmosphérique générale du Delta pendant un moment

bien déterminé.

2-1) Les masses d'air

* L'alizé maritime : c'est un vent issu de l'anticyclone des Açores, de direction Nord à

Nord Ouest. De novembre à février (saison sèche froide) ce vent domine la circulation

atmosphérique générale de la zone. Il est chargé d'humidité en raison de son parcours
océanique mais n'est pas porteur de pluies. Il provoque un abaissement de la température, du

brouillard, de la rosée cependant il s'assèche rapidement vers l'intérieur.

* L'alizé continental ou Harmattan : de Mars à juin (saison sèche chaude) domine l'harmattan. C'est un air saharien issu de l'anticyclone libyen. Il est caractérisé par une grande sécheresse (la population l'appelle « mboyo ») avec des amplitudes thermiques fortes : frais

ou froid la nuit, il est chaud le jour. Souvent il s'accompagne de poussière, de sable.

* La mousson : ce vent ne s'installe qu'en juin-octobre et issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Son long trajet maritime le rend très humide. Il est responsable de la quasi- totalité des précipitations enregistrées au niveau du Delta.

En dehors de ces types de vent, il est possible de rencontrer dans la zone des vents

locaux qui se manifestent généralement en fin de saison sèche : ce sont les vents tourbillonnaires que la population locale désigne sous le nom de « ngëlewër ».

2-2) Les températures

L'étude de la température présente une importance capitale pour l'agriculture irriguée.

Dans le delta du fleuve Sénégal, les températures sont élevées et sont liées à la latitude
tropicale de la région. Les moyennes annuelles vont de 20 à 40°c avec des extrêmes variant

entre 12°c (novembre-février) et 45°c (mai-juin). Les températures sont également

caractérisées par des variations dans le temps avec les saisons notamment avec les
précipitations qui les abaissent et dans l'espace avec la proximité ou l'éloignement de la mer.

Il convient de signaler que lorsqu'elle est élevée, la température favorise le développement de la plante de riz tandis que si elle est basse, elle est source d'avortement du

riz conduisant sans doute à de mauvais rendements. C'est pour cette raison qu'il n'est pas

indiqué de cultiver du riz en saison sèche froide.

2-3) Les précipitations

Les précipitations revêtent une grande importance en ce sens que l'essentiel des activités du Delta leur sont tributaires (Diagne P.S, 1974). La pluviométrie y est globalement

faible et est caractérisée par une irrégularité interannuelle très marquée (voir tab. 1).

L'existence d'une seule et courte saison pluvieuse (3 mois d'hivernage sur 12) fait que la
quasi-totalité des précipitations tombent durant cette période. Cependant, en saison sèche, la

zone peut enregistrer des pluies éphémères dues aux perturbations du front polaire appelées
«Eug» par la population locale.

Tableau (1): Evolution de la pluviométrie de 2000 à 2004

Postes
Pmm

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

2004/2005

H

NJ

H

NJ

H

NJ

H

NJ

H

NJ

Dagana

Dm

Dm

307

17

170

13

275

18

118

9

Richard-
Toll

359

19

318

19

163

16

261

17

221

12

Mbane

387

19

350

15

237

13

308

20

207

12

Ross-
Béthio

Dm

Dm

366

24

226

14

263

15

185

11

Rao

419

22

Dm

Dm

191

17

216

23

159

14

Saint-
Louis

446

23

282

31

228

20

353

28

131

16

H = hauteur - NJ= nombre de jour de pluie - Dm= données manquantes
Source : DRDR/Saint-Louis

D'après le tableau ci-dessus, la zone a reçu, dans la période de 2000 à 2004, une moyenne pluviométrique de l'ordre de 21 7mm, et la station de Richard-Toll située dans le haut Delta, une moyenne de 264,4mm ( voir fig.1). Pour ce qui est du nombre de jours de

pluie, on note aussi une faible moyenne (soit 14 jours de pluie).

Au cours de cette période, les maxima et minima enregistrés à Saint-Louis sont de

446mm et 131 mm, alors qu'à Richard-Toll nous avons 3 59mm et 221 mm. Le nombre de
jours de pluie n'est pas constant d'une année à une autre. A Saint-louis les extrêmes sont 31 et
16 (soit une moyenne de 23,5) et à Richard-Toll ils sont 19 et 12 (soit une moyenne de 15,5).

Figure 1 : Courbe d'évolution de la pluviométrie à Richard-Toll de 2000 à 2004

400

250

200

350

300

150

100

50

0

R Toll

R Toll

En culture d'hivernage, lorsque la pluie est importante, elle peut influer négativement

sur l'activité agricole. En effet, la pluie provoque la prolifération des adventices, rend
impraticable les pistes d'accès occasionnant le report de certaines tâches déterminantes (par

exemple les épandages).

3) Le réseau hydrographique

Le réseau hydrographique du Delta est tributaire à la fois de la configuration géologique et géomorphologique et du régime pluviométrique de la sous région. Au niveau de cette région, le fleuve Sénégal semble être le plus important concernant les eaux de surface.


· Le fleuve Sénégal

Le fleuve Sénégal, d'une longueur de 1700 km, traverse les zones sahélo soudaniennes et sahéliennes où il constitue le seul cours d'eau permanent (Lavigne Delvigne Ph., 1991). Cela, J. Rodier cité par S.M. Seck (1981), l'a si bien souligné lorsqu'il parlait de «fleuve

tropical débouchant en zone sahélienne». Donc c'est un fleuve allochtone formé par la jonction du Bafing (appelé Sénégal blanc par Muriel Devey) et du Bakoye à Bafoulabé.

Dans le delta du fleuve Sénégal, le régime naturel du fleuve est caractérisé par une période de hautes eaux de juillet à octobre et de basses eaux de décembre à juin (Thior P. 1998). L'eau de la mer remontait le fleuve jusqu'à la hauteur de Dagana en saison sèche. Ce

phénomène de remontée de la langue salée est aboli suite à la construction, sur le fleuve, du
barrage anti-sel de Diama en 1986.

A coté de ce dernier, nous avons un réseau de cours d'eau anastomosés dont certains jouent le rôle d'adducteur et d'autres, le rôle d'émissaire de drainage (Voir carte 2) :

- Le Gorom, long de 60km, part du village de Ronkh plus précisément sur le site de
Bépar. Il est intrinsèquement lié au fleuve d'où proviennent presque toutes ses eaux.
Avant les barrages, le Gorom servait de réserve d'eau douce pour la population, en
période de décrue. Il permettait également la pratique de cultures de décrue qui
occasionnaient le déplacement de nombreuses de familles. Aujourd'hui avec les mutations
que le réseau hydrographique a connues (artificialisation hydrologique), le Gorom ne
contribue qu'à l'approvisionnement en eau des périmètres irrigués en plus de l'activité de
pêche qui s'y développe. Il rejoint le fleuve en amont de l'île de Tieng en alimentant sur sa
rive gauche les marigots du Kassack et du Lampsar.

- Le Lampsar relié au Gorom amont à hauteur du village de Boundoum-barrage où il
prend son origine, entre en confluence, successivement, avec les marigots du Kassack, du
Djeuss et du marigot de Khant avant de se jeter dans le fleuve Sénégal en amont de la
ville de Saint-Louis. Il décrit des méandres engainés par de petites levées alluviales. Il en
résulte un isolement de cuvettes plus ou moins grandes à Thiléne, Pont-Gendarme, etc.
Fall.M (1999).

Le Gorom et le Lampsar constituent un axe qui retient, avec six autres ensembles, l'attention d'un fonds de maintenance dénommé FOMAED. C'est pour cette raison qu'on parle de système adducteur Gorom-Lampsar.

- Le Djeuss, long d'une cinquantaine de km, prend son origine au sud-est du parc de
Djoudj et s'écoule presque parallèlement au Lampsar avec qui il entre en confluence au
nord de la ville de Saint-Louis.

- Le Kassack a son origine entre le Gorom et le Lampsar. Sa jonction avec ces derniers
est aujourd'hui faite par l'intermédiaire des ouvrages de Diambar et de Demba (près de
Diawar) ; il s'écoule parallèlement au Gorom sur 30 km avant de se joindre au Lampsar.

- Le Diawel et le Natché situés au Nord Est du Delta servent aujourd'hui de collecteurs
d'eaux de drainage des casiers rizicoles de Thiagar et sucriers de la CSS ; son écoulement
s'arrête dans une plaine à l'ouest de Richard-Toll ;

- Le Ngalam situé au sud-est de l'axe Gorom-Lampsar, dans le dièri, reçoit les eaux de
lessivage de la réserve attenante à l'ouvrage vanné de Ndiawdoune.

- Le lac de Guiers

Principale réserve d'eau douce du Sénégal, le lac de Guiers occupe une dépression allongée dans l'axe Nord-Sud d'environ 50 km de large entre 15°55 et 16° 16 de longitude

ouest. L'alimentation du lac dépend du fleuve Sénégal par l'intermédiaire de la rivière

Taouey. C'est à partir de ce lac que se fait l'alimentation en eau de la ville de Dakar.

4.Le cadre humain

Le Delta correspond un peu à l'ancien royaume du Waalo qui s'est périclité en 1859. La
population de ce royaume était essentiellement composée de wolofs qui s'y sont installés
depuis fort longtemps (Barry.B 1985). Il y avait aussi des peuls et des maures. Cependant,
contrairement à la moyenne vallée, la zone du delta du fleuve Sénégal et ses bordures
apparaissaient comme des déserts humains avant les aménagements. En fait, les conditions
du milieu naturel n'autorisaient aucune installation humaine durable.

L'avènement de la riziculture irriguée et de l'agro-industrie a vu la création de nouveaux
établissements humains et la venue de populations nouvelles. Il en est résulté un
enrichissement de la composition ethnique.

1- La composition ethnique
Les ethnies que l'on rencontre dans le Delta sont principalement :

- Les wolofs qui constituent la population autochtone. Ils représentent plus de 63,6 % de la
population d'après le recensement de 1988. Ils sont des sédentaires et se concentrent le
plus souvent dans les villages anciens.

- Les peuls qui sont des nomades par excellence en raison de l'activité pastorale qui le leur
exigeait. On note aujourd'hui une sédentarisation de certain parmi eux qui se sont
convertis en de véritables agro pasteurs. Il y a également le rôle non moins considérable
de l'Etat. En effet, dans beaucoup de hameaux peuls des salles de classe ont été
construites.

- Les maures : leur présence dans cette zone peut s'expliquer par les rapports
qu'entretenaient le royaume du Waalo et les maures du Trarza. Leur nombre n'est devenu
important qu'au lendemain du célèbre conflit frontalier Sénégalo-Mauritanien.

Les politiques de peuplement du Delta, développées par la SAED ont été à l'origine de
l'apparition d'ethnies étrangères. Il s'agit des toucouleurs venus du Fouta et des sérères
provenant de l'intérieur du pays.

En outre, dans des endroits où l'agro-industrie s'est développée, il est possible d'y trouver
la majeure partie des ethnies existant au Sénégal. C'est le cas par exemple de Richard-Toll
avec la CSS, de Dagana avec la SNTI, etc.

2) Peuplement et colonisation du Delta

L'une des ambitions que nourrissait la SAED était d'inciter les gens à venir pratiquer
l'agriculture à travers une politique dite de peuplement. Pour l'accueil de ces populations, de
nouveaux villages ont été construits. Faisons d'abord une étude sur les villages traditionnels
avant de parler de ces villages de colons.

2.1) Les villages traditionnels

Sont qualifiés de villages traditionnels les villages qui existaient dans le Delta avant la
création de la SAED. Ces villages se situaient presque tous au bord du fleuve. Cette proximité
du fleuve présentait un double avantage selon Diagne P.S : les populations pouvaient
aisément s'adonner à la pêche en plus de cela, elles avaient la possibilité, en période de
décrue, de faire de l'agriculture de décrue.

Aujourd'hui, beaucoup de ces villages (dans le Moyen delta et un peu dans le Haut delta) ont
connu un déguerpissement suite à la demande de l'OMVS. Par exemple, les villages de
Wassoul, Ronkh, Khor, Ndiaténe sont actuellement derrière la grande digue de protection
créée en 1964.

2.2) Les villages neufs

Avec la SAED, de nouveaux villages sont crées. C'était dans le but non seulement de peupler
la zone qui offrait un peu l'aspect d'un «no men's land » (désert humain) mais aussi et surtout
d'encourager le développement de l'agriculture irriguée. Ainsi pour l'installation des gens en
provenance du Diéri, le village de Boundoum Barrage fut crée en 1965.

En 1966, deux autres villages virent le jour et étaient peuplés de paysans déplacés à cause de
la crue : Boundoum Est pour les paysans venus du village de Ronkh et Boundoum Nord pour
ceux qui sont venus de Kheune et Wassoul. Mais la plupart de ces populations déplacées
retourneront plus tard dans leurs fiefs d'origine. Ce qui fait que Boundoum Est et Boundoum
Nord sont plus connus respectivement sous les noms de Ronkh Delta et de Diawar.

Les villages neufs ne se limitaient pas à ces trois car dans la même année, la SAED créa deux
autres qui ont servi de zone d'accueil aux toucouleurs venus du Fouta (Kassack Nord) et aux
sérères (Kassack Sud).

Il convient de noter que ces villages étaient construits suivant les mêmes règles architecturales
et il y'a des maisons qui perdurent jusqu'à nos jours.

2.3) Population et évolution démographique

Le Delta, qui correspond à peu prés au département de Dagana, a une population relativement
faible. Selon les résultats provisoires du recensement général de la population et de l'habitat

(RGPH) de 2005, la population du delta du fleuve Sénégal est passée de 204 371 à
192 207hbts entre 1976 et 1988. En 2002 elle se chiffrait à 192 987hbts et les estimations
donnent le chiffre de 215 395hbts pour l'année 2005 (voir tableau 2).

Tableau 2 : La répartition de la population du département de Dagana selon la
collectivité locale et les différents recensements en 2005.

Collectivités
locales

Population issue des recensements

Population estimée

RGPH 1976

RGPH 1988

RGPH 2002

2004

2005

Gaé

 

13 015

18 713

19 968

20 793

Mbane

 

20 028

30 536

33 535

34 921

Ross-Béthio

 

33 220

53 393

57 541

59 615

Ronkh

 
 

20 191

22 521

23 451

Population rurale

66 263

122 833

133 565

138 780

Rosso
Sénégal

 

17 523

9 328

9 783

10 187

Dagana

 

15 742

18 205

19 092

19 882

Richard-Toll

 

29 679

42 621

44 699

46 546

Population urbaine

62 944

70 154

73 574

76 615

Total
Département

204 371

129 207

192 987

207 139

215 395

Source : Service Régional de la Statistique de Saint-Louis.

Malgré la présence de trois communes : Dagana, Richard-Toll et Rosso Sénégal, la population
du Delta est à majorité rurale avec 138 780hbts contre 76 61 5hbts qui vivent en milieu urbain
en 2005 soit un taux d'urbanisation faible de l'ordre de 35%.

L'augmentation de cette population est grande partie due au développement de l'irrigation et
d'une agro industrie relativement conséquente qui ont eu à drainer d'importantes populations.

Toutefois, il est important de souligner que la zone n'est pas à l'abri de l'émigration. En effet,
la majeure partie de la population dépend directement de l'agriculture. Or cette activité
connaît de sérieuses contraintes durant ces dernières années. C'est ce qui explique le départ de
bon nombre de « bras » de cette économie fortement rurale. Les villes comme Nouakchott et
Rosso en Mauritanie constituent les destinations les plus fréquentes de ces départs.

3- Les activités traditionnelles

Les conditions climatiques et hydrologiques avaient rendu possibles des modes
d'exploitation des ressources du milieu variables dans le temps et dans l'espace : la
culture de décrue sur les terres du walo et la culture pluviale sur les contreforts du diéri.
Ce terroir dont les principales ressources étaient l'eau, la terre et les pâturages, a été

pendant des siècles, le théâtre d'activités comme l'agriculture, l'élevage et la pêche. En
outre, d'autres activités traditionnelles, mais d'envergure moindre, se pratiquaient dans ce
secteur.

3-1) L'agriculture

L'agriculture a pu se développer dans cette région sahélienne en grande partie grâce à la
présence du fleuve Sénégal. Elle reposait essentiellement sur les cultures de décrue ou
cultures du walo et celles dites de diéri ou cultures pluviales.

Les cultures de décrue se faisaient durant la saison sèche ou contre-saison sur les sols
inondables du walo. Leur étendue dépendait de l'importance ou non des crues du fleuve et
de ses défluents. Sur les berges du fleuve on cultivait du sorgho (gros mil), du niébé, du
maïs, etc. Le long du Gorom (défluent du fleuve), sur les bourrelets de berges, la patate
douce, le manioc, etc. se cultivaient. Cependant le problème majeur de ces cultures de
décrue était le sel qui l'a toujours rendue faible.

La production était généralement destinée à l'autoconsommation familiale. Selon
Tourrand F. et Jamin F.Y (1986), cette activité était le propre des wolofs installés sur le
fleuve dans le moyen et le haut delta entre Débi et Richard-Toll, qui étaient les vrais les
waalo waalo.

Sur le diéri, formé de bas plateaux et dépendant des précipitations, se pratiquaient des
cultures sous pluie. Les principales cultures étaient le mil, le sorgho, le maïs, le niébé
ainsi que l'arachide lorsque la pluviométrie était suffisante.

Cette agriculture engendrait peu de revenus monétaires du fait de sa vocation vivrière.
Elle était le plus souvent associée à l'élevage qui fut l'activité la plus importante dans la
zone du Delta.

3-2 L'élevage

L'élevage était à coté de l'agriculture l'un des piliers de cette économie essentiellement
rurale. Son développement s'expliquait par plusieurs raisons. D'abord des facteurs
physiques propices : présence de l'eau, pâturages. Ensuite, les facteurs humains : présence

d'ethnies pour lesquelles l'élevage n'a pas de secret (Peulhs, Maures). C'était un élevage
transhumant extensif qui gravitait autour des points d'eau.

Cependant quelques différences méritent d'être soulignées entre le système des Maures et
celui des Peulhs : en hivernage, les Maures partaient en Mauritanie avec leurs troupeaux
pour ne revenir dans le Delta qu'en saison sèche où le bétail pouvait se contenter des
reliques de cultures de décrue ; tandis que les Peulhs partaient vers le sud du Delta (le
diéri) durant la saison pluvieuse où ils associaient l'élevage aux cultures pluviales.
Lorsque la valeur fourragère du diéri diminuait et surtout dès l'assèchement des marres
(en saison sèche), le retour vers le Delta s'imposait comme une condition sine qua none.

De nos jours, avec le recul des cultures traditionnelles auxquelles il était lié, le
développement de la culture irriguée et de l'agro-industrie qui offre des emplois
rémunérés, l'élevage bat de l'aile et est condamné à être relégué au second plan. En
somme, l'exploitation du cheptel, faute d'une bonne organisation des éleveurs, demeure
faible et mal assurée. Il s'y ajoute que les conditions sanitaires sont relativement affectées
par les effets écologiques des barrages (pollutions de drainage et prolifération de
mauvaises herbes telles que le typha).

Les conditions du milieu plaidaient également en faveur d'une autre activité mais d'une
importance moindre : la pêche.

3-3) La pêche

La pratique de la pêche dans le delta du fleuve Sénégal était rendue possible par les eaux
du fleuve et l'existence d'une gamme importante de cours d'eau (Gorom, Lampsar, etc.).
Pour Barry B. si l'élevage attirait l'attention des peuples nomades, la pêche était le
monopole des Waalo Waalo. Une partie des prises était réservée à la commercialisation et
le reste à l'autoconsommation.

3-4) Les autres activités traditionnelles

A côte de l'agriculture, l'élevage et la pêche, les habitants du Delta connaissaient d'autres
activités mais d'importance relativement moindre. Il s'agit de la chasse et la cueillette, de
l'artisanat et du commerce.

Avec l'introduction de l'irrigation dans ce secteur et l'artificialisation de plus en plus
soutenue du milieu naturel, ces systèmes de production traditionnels connaîtront de
profonds bouleversements.

chapitre 2

A- L'introduction de l'irrigation

1- Du plan de colonisation agricole du baron Roger à la création de la SAED

L'introduction de l'irrigation au Sénégal remonte vers le XIX ième siècle. Elle résulte de la
volonté des puissances coloniales de substituer le commerce des comptoirs à une colonisation
agricole. Le projet de colonisation agricole a été encouragé en partie par l'abolition de
l'esclavage. En effet, face aux difficultés d'amener la main-d'oeuvre là où se trouvait les
plantations, la meilleure solution fut de faire l'inverse c'est-à-dire de transporter le travail là
où il y'avait la main d'oeuvre corvéable (Barry B. 1985 citant Scheffer). Donc c'était le coup
d'envoi de la colonisation agricole qui venait d'être donné avec le Sénégal, le Madagascar et
la Guyane qui furent retenus comme lieux d'expérimentation.

Au Sénégal, c'est le royaume du Waalo qui fut retenu par ces tentatives avec la signature d'un
traité de concession des terres entre le gouverneur Schmaltz et Amar Fatim Mborso, brack du
Waalo d'alors. Schmaltz, dans le souci d'alimenter l'industrie naissante en matière première,
avait pensé à la canne à sucre, le coton et l'indigotier.

Dans l'ensemble, ces tentatives se sont soldées par des échecs qui ont entraîné le
remplacement du gouverneur Schmaltz par le baron Roger en 1821. Ce dernier créera plus
tard un jardin d'expérimentation à Richard-Toll.

Pour promouvoir la recherche agronomique dans le royaume du Waalo, Roger mit en place un
jardin d'essai à Richard-Toll en 1822. Ce jardin était placé sous la férule d'un pépiniériste du
nom de Richard. Concernant l'exploitation, des primes et mesures incitatives telles que
bestiaux, machines à égrener, étaient mises à la disposition des plus méritants (Maiga M.
1995).

Du point de vue de la conception technique, nous avions de petites parcelles délimitées
par des digues. Le système d'approvisionnement en eau était calqué sur le modèle qui
prévalait en Algérie : la Noria.

Une gamme très diversifiée de variétés était cultivée à Richard-toll. Néanmoins, on peut les
regrouper en trois grandes familles : d'abord les fruits et légumes (manguier, goyavier,
papayer, etc. pour les fruits et chou, carotte, etc. pour les légumes) ; ensuite les céréales avec
le riz comme espèce dominante et enfin les cultures de rente (coton, mûrier, plantes
tinctoriales, etc.).

Le bilan des travaux de Roger a été plus ou moins décevant avec une exception faite pour les
légumes qui ont connu un franc succès. En plus de cet échec, le royaume du Waalo était sous
la domination des Maures. Cette annexion suscitait de sérieuses inquiétudes chez les français
et il faudra attendre jusqu'au XX iéme siècle pour voir les vrais programmes d'aménagements
se développer dans le Delta. Vers 1900, l'aménagement de la vallée et du delta était mis en
veilleuse au profit de la monoculture arachidière qui n'avait pas manqué à exacerber le déficit
vivrier du pays (Sarr B., 1995).

Ce n'est que vers les années 1920 que de nouvelles possibilités d'aménagement furent
étudiées dans la vallée du fleuve Sénégal avec le plan Augier. C'était un plan multisectoriel
qui comprenait entre autres objectifs la régularisation du fleuve, une navigabilité permanente

de Kayes à Saint-louis, etc. Ce projet qui était coûteux va pousser l'administration coloniale à
reculer et à adopter des projets beaucoup plus modestes. En 1935 la MEFS (Mission d'Etude
du Fleuve Sénégal) est créée. Cette structure était chargée de la conduite et de l'exécution de
tous les travaux expérimentaux à réaliser dans tout le bassin du fleuve Sénégal. Elle sera
remplacée par la MAS (Mission d'Aménagement du Sénégal) en 1938 qui n'était rien d'autre
que son prolongement.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, face au déficit céréalier consécutif à la rupture
des importations de riz en provenance d'Indochine, on ordonna à la MAS de mettre en valeur
l'ensemble du Delta (P.S Diagne, cité par Seck.S.M 1981). L'objectif poursuivi dans tout cela
était l'aménagement en l'espace d'une décennie de 50.000 ha et la production de 80.000
tonnes de paddy afin de couvrir les besoins nationaux. Ainsi, en 1946, le casier pilote de
Richard-toll fut réalisé et nécessita la mise en place d'un pont-barrage entre la Taouey et le
fleuve Sénégal. Tous ces travaux pouvaient se traduire par une forte artificialisation de la zone
en donnant un autre cachet à Richard-Toll poussant certains chercheurs comme (S .M Seck,
1981) à parler de l'émergence d'un «second Richard-Toll». La gestion de ce casier était
assurée par la SDRS (Société de Développement Rizicole du Sénégal) et du fait du sous-
peuplement du Delta à ce moment le recours à la mécanisation était imparable.

Dés l'aube des indépendances (1960), la MAS céda la place à l'OAD ( Organisation
Autonome du Delta) dans le delta du fleuve Sénégal et à l'OAV (Organisation Autonome de
la Vallée), soeur jumelle de l'OAD intervenant au niveau de la vallée (G. Diemer et E.Van der
Laan, 1987). Cependant aucun de ces deux organismes ne disposait ni d'une personnalité
juridique ni d'une autonomie financière ; ce qui faisait qu'ils atteignaient très tôt la limite de
leurs prérogatives. En 1965, l'OAD céda la place à une structure beaucoup plus solide avec le
statut de société publique à caractère industriel et commercial : la SAED (Société
d'Aménagement des terres du Delta).

En 1972, la zone d'intervention de la SAED fut étendue à la zone de l'OAV (Basse Vallée)
puis en 1974 sur l'ensemble de la rive gauche.

2) Le processus d'artificialisation du milieu

Le processus d'artificialisation dans le delta du fleuve Sénégal peut se résumer sur trois
principales phases : la reconversion des cuvettes de décrue en cuvettes rizicoles, la création de
la digue de protection et l'artificialisation du régime hydrologique interne.

2-1) Des cuvettes de décrue aux cuvettes rizicoles

Beaucoup de casiers rizicoles du Delta faisaient l'objet de cultures de décrue avant d'être
destinés à la riziculture. Ces casiers étaient tributaires des marigots tels que le Gorom, le
Kassack, le Lampsar, le Djeuss, etc. En raison de la forte quantité de sel induite par les
transgressions marines du 1er quaternaire, une partie importante de ces cuvettes n'étaient pas
favorables à la riziculture (Maïga M., 1995).

L'artificialisation a consisté à transformer ces cuvettes en casiers rizicoles. Pour ce faire, on a
réalisé un ensemble de digues et de canaux dont le but était de rendre les hauteurs de plans
d'eau dans le fleuve, les chenaux et les cuvettes indépendants les uns des autres sous réserve
d'une hiérarchisation correcte de ces niveaux.

Ainsi, on cultivait du riz en pratiquant la submersion contrôlée qui consistait à faire pousser la
plante par la pluie et à la faire développer par la crue du fleuve dont l'entrée dans les cuvettes
était assurée par un système de digues et de vannes.

2-2) L'endiguement du Delta

Le deuxième événement phare de l'artificialisation progressive du Delta est la création de la
digue de protection. En effet, en 1964, sous l'initiative de la MAS, une digue longue de 82 km
a été édifiée sur la rive gauche du fleuve Sénégal. Elle était équipée d'ouvrages pour le
contrôle de la submersion dès les premières heures de la crue. Donc l'aménagement consistait
à dresser des endiguements de protection contre la crue et surtout à la mise en place
d'ouvrages vannés pour la régulation de l'eau à l'entrée et également en empêchant la
pénétration de la langue salée qui émanait de la mer en période de décrue.

Cette digue représentait alors l'un des éléments importants d'un dispositif évolutif qui a été
parachevé en 1986 par la fermeture du barrage de Diama.

2-3) L'artificialisation du régime hydrologique interne

Le régime hydrologique interne renvoie à l'ensemble des marigots présents dans le Delta et
qui constituent des défluents pour le fleuve Sénégal. Certains ont fait l'objet d'aménagements
et ont acquis un régime artificiel. Il s'agit du Gorom, Djeuss, Ngalam, Djoudj, Kassack, etc.
Avec l'artificialisation de leur régime leurs eaux sont destinées principalement à l'irrigation
au niveau des aménagements hydro agricoles. Selon le rôle qui leur est dévolu, nous pouvons
en distinguer des adducteurs et des émissaires :

Un adducteur est un aménagement structurant dont l'objet est l'adduction d'eau à des
aménagements terminaux. Parmi ces adducteurs on peut citer le Gorom Amont, Gorom Aval,
Lampsar, Kassack, Diovol, Ngalam et trois marigots au sud de la RN2 (voir carte2).

Un émissaire de drainage se définit comme un aménagement structurant dont l'objet est
l'évacuation des eaux de drainage des aménagements terminaux. Les émissaires que l'on
rencontre dans le Delta sont : le Noar, le Natché, le Krankaye, le Mbeurbeuf, le Ndiael et
l'émissaire du Delta (voir carte 2).

3- De la reconversion des aménagements vers la maîtrise de l'eau


3-1) les aménagements en submersion contrôlée

La submersion contrôlée est un principe d'aménagement hydro agricole d'origine asiatique
plus précisément dans le delta du Mékong et la plaine du Tonkin. Elle sera introduite en
Afrique et expérimentée dans l'office du Niger. Ce n'est que sous la MAS qu'elle est
introduite dans le delta du fleuve Sénégal vers les années 1960. C'est pour cette raison que
tous les aménagements réalisés pendant cette époque étaient qualifiés d'aménagements
primaires
.

Ces aménagements connaîtront un peu plus tard, en 1968, des modifications ; mieux des
améliorations à cause des problèmes que connaissait la submersion contrôlée (irrégularité des
précipitations, problèmes topographiques, cycle cultural qui dépendait trop des conditions
climatiques etc....). Ces améliorations avaient pour noms : construction de canaux et de
diguettes et édification de stations de pompage au niveau des départs (Seck.S.M, 1991). Avec
cette évolution, on leur qualifia d'aménagements secondaires. Ainsi le problème de l'eau à
l'amenée venait d'être réglé mais un autre restait encore sans solution : celui de la distribution
de l'eau à l'intérieur des parcelles.

3-2) Les aménagements en maîtrise complète de l'eau

En 1972, la SAED va réaliser des aménagements permettant une maîtrise complète de l'eau
par pompage de relais à partir du retrait de la langue salée du fleuve Sénégal qui avait le plus
souvent lieu du 8 au 15 Septembre( Reynard A. et Monnier J, 1971). Si la station de pompage
permettait de maîtriser l'eau à l'amenée, le réseau hiérarchisé de canaux d'irrigation et de
drainage assurait quant à lui la maîtrise de l'eau à la distribution.

Ces progrès d'ordre technologiques marquèrent l'avènement des aménagements tertiaires.
Et l'heure venait de sonner pour que l'on abandonnât l'irrigation par submersion contrôlée.
Par ailleurs les aménagements secondaires seront progressivement convertis en
aménagements tertiaires et tous les nouveaux aménagements seront réalisés sur ce modèle.

B- Les différents types de périmètres et leur organisation

Dans le delta du fleuve Sénégal, on note la présence de divers types de périmètres. Ils sont
souvent l'oeuvre de sociétés d'Etat (la SAED par exemple) d'où leur qualification
d'aménagements publics ou privées (CSS, SOCAS).

1- Les périmètres irrigués de la SAED

Dans la réalisation des périmètres irrigués, la SAED intervient à plusieurs niveaux. Nous
avons les grands aménagements, les petits périmètres et les aménagements intermédiaires.

1-1) Les grands aménagements

Un grand aménagement est un périmètre dont la taille varie entre plusieurs centaines et
quelques milliers d'hectares. Il est le plus souvent localisé dans une cuvette aménagée d'un
seul tenant. Il est également caractérisé par la hiérarchisation de son réseau de canaux (canaux
primaires, secondaires et tertiaires) avec surtout une station de pompage. On peut retenir aussi
que le grand aménagement est divisé en mailles hydrauliques subdivisées en parcelles. C'est
un aménagement relativement coûteux avec un prix à l'hectare variant entre 5 et 6,5 millions
de Fcfa /ha (SAED : Banque de données, 1997).

Les populations bénéficiaires ne sont, pour la plupart du temps, pas associées à la réalisation
de l'aménagement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les grands périmètres étaient

difficiles à gérer à ce stade de l'évolution du monde paysan et techniquement lourd à manier.

Au niveau du Delta, selon l'organisation de la gestion nous avons deux types (voir tableau) :
ceux qui sont placés sous la gestion d'une union hydraulique (aménagements transférés) et
ceux qui ne le sont pas avec un comité d'usagers qui est l'équivalent de l'union hydraulique
pour ces derniers.

Tableau 3: Les GA du Delta et leur mode de gestion

Périmètre

Gérant

Boundoum

Union hydraulique

Débit-Tiguet

Union hydraulique

Grande Digue-Tellel

SAED

Kassack

Union hydraulique

Thiagar

Union hydraulique

Source : compilé par l'auteur
1-2) Les petits périmètres

Les aménagements que la SAED a réalisés en guise de petits périmètres ont une faible
superficie qui tourne autour de 20 à 50 ha et répondent parfois sous le nom de PIV
(périmètre irrigué villageois). Contrairement au grand aménagement, le petit périmètre se
localise généralement sur un bourrelet de berge. Mais cela peut s'expliquer par le fait qu'il
est irrigué à partir d'une moto pompe. Le coût à l'hectare est compris entre 600 mille et
1,5 million de Fcfa/ha (SAED : Banque de données, 1997).

Concernant la conception technique des petits périmètres, la SAED avait surtout bénéficié
de la participation manuelle des populations.

1-3) Les aménagements intermédiaires

Vers les années 1980, dans le but d'éviter les méfaits des grands aménagements et de
récupérer les bienfaits des petits périmètres, la SAED avait décidé de changer de
stratégie. C'est dans cette optique que le périmètre de Ndombo-Thiago fut créé vers la fin
des années 1970. Ce genre de périmètre est appelé périmètre intermédiaire. Sa superficie
varie de 50 à 1500 ha et l'hectare peut coûter au minimum 4 millions de Fcfa et au
maximum 4,5 millions de Fcfa (SAED : Banque de données, 1997).

2- Les périmètres privés

Dans le Delta, la présence des aménagements hydro agricoles privés est due à la
combinaison de plusieurs facteurs que sont entre autres le désengagement de l'Etat, le
reversement des zones pionnières en zones de terroir, un accès facile au crédit de la Caisse
Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) et une ressource en eau rendue
disponible avec la mise en service des barrages (Diama et Manatali, notamment).

En moins d'une décennie, les superficies aménagées se sont développes de manière
fulgurante passant de 1300 ha en 1987 à plus de 40 000 ha en 1994.

Du point de la conception technique, l'aménagement peut se résumer sur l'installation
d'un groupe moto pompe au bord de la voie d'eau (voir photo 1), le percement d'un canal
d'amenée et la réalisation de diguettes. Dans l'ensemble, ce sont des aménagements
sommaires, réalisés sans respect des normes techniques requises avec un coût
d'investissement à l'hectare se situant entre 100 000 et 250 000 Fcfa.

Photo 1 : un groupe moto pompe installé sur les berges du Gorom-Amont

Tableau 4: Les différents types d'aménagement en fonction du coût d'investissement
à l'hectare.

Type d'aménagement

Coût d'investissement à l'hectare

GA

Entre 5 et 6,5 millions Fcfa

PIV

Entre 600 mille et 1,5 million Fcfa

PIP

Entre 100 mille et 250 mille Fcfa

AI

Entre 4 et 5 millions Fcfa

Source : SAED, d'après Banque de données de 1997
3- Les périmètres agro-industriels

Ce sont des types d'aménagement hydro agricoles gérés par des compagnies spécialisées
dans la production d'une spéculation particulière (la Compagnie Sucrière Sénégalaise
pour le sucre, la Société de Conserves Alimentaires du Sénégal pour la tomate).

3-1) les aménagements de la CSS

Créée en 1970 par le groupe Mimran, la Compagnie Sucrière du Sénégal (CSS) produit de
la canne à sucre dans les anciens casiers rizicoles de Richard-toll. En convertissant ces
casiers rizicoles, on souhaitait que la CSS soit en mesure d'assurer la couverture des
besoins du pays en sucre. Cette entreprise agro-industrielle a aménagé 7 300 ha (FAO,
2006). Elle dispose d'une usine et d'un centre de recherche pour améliorer les variétés de
canne à sucre. L'eau d'irrigation est fournie par le lac de guiers et le canal de la Taouey à
partir duquel des canaux secondaires irriguent et drainent des zones de culture. Le mode
d'irrigation est l'irrigation à la rigole, siphonage ou à la raie.

3-2) Les aménagements de la SOCAS

La Société de Conserves Alimentaires du Sénégal a été créée en 1969 par les Moulins
SENTENAC. Entreprise privée possédant sa propre fabrique, la SOCAS est l'un des plus
gros complexes agro-industriel du Sénégal, sis dans la région du Fleuve (CIFA, 2006). Sur
une surface totale d'à peu près 260 ha, 14 000 paysans contribuent à la production de
70 000 tonnes de tomates achetées par la SOCAS qui leur garantit l'achat à un prix
rémunérateur (FAO, 2006).

Aujourd'hui, on note l'apparition d'une autre société agroalimentaire : les Grands
Domaines du Sénégal (GDS). Cette entreprise à capitaux français, s'est implantée dans le
bas Delta un peu en amont du village de Ndiawdoune. Elle utilise une technique
d'irrigation moderne qui demande beaucoup de moyens : c'est l'irrigation au goutte-à-
goutte. La production se fait sous serre et est vouée directement à l'exportation.

partie 2

chapitre 1

A- Organisation de la production et de la gestion du périmètre


1- Historique et évolution de l'aménagement de Boundoum


1.1) Localisation et historique

Le périmètre de Boundoum se trouve à 70 km au nord-est de la ville de Saint-louis. On y accède par la Nationale 2 à partir de Ross-Béthio par une route plus ou moins défectueuse longue de 20 km et qui va jusqu'au village de Boundoum barrage.

Le casier a été créé depuis 1964 par l'organisation autonome du Delta (OAD). C'est

une cuvette dont l'aménagement est marqué par différentes phases suivant l'évolution

technologique. En fait en 1964, la superficie totale se chiffrait à 1800 ha sous forme
d'aménagement primaire (aménagement sommaire qui permettait de canaliser la crue vers les

dépressions). La technique agricole que cela exigeait était la submersion contrôlée.

La première campagne a eu lieu pendant hivernage 1964-1965 avec les semis envolés. Les variétés cultivées étaient photopériodiques dont le cycle dépendait de la variation de la

température.

L'aménagement secondaire constituait une amélioration avec la création d'une station

de pompage à Diawar en 1970. Mais cette station ne permettait pas alors une maîtrise
complète de l'eau. L'évolution vers l'aménagement tertiaire se fera progressivement et sera
matérialisée par des endiguements et des réseaux d'irrigation et de drainage. Cela a réellement

démarré en 1974 et 596 ha vont s'ajouter à la superficie (soit une superficie totale de 2396

ha).

En 1991 le casier a été réhabilité puis concédé à l'Union des GIE et SV de Boundoum et ce transfert s'inscrivait dans le cadre de l'application de la politique de responsabilisation des organisations de producteurs.

Aujourd'hui le périmètre est divisé en 118 secteurs hydrauliques. Ce sont des blocs autonomes d'irrigation de taille variable appelés également mailles hydrauliques.

1.2) Les réhabilitations et extension du périmètre

Le périmètre a bénéficié d'une réhabilitation et d'une extension entre 1991 et 2001 avec l'appui de la KFW (coopération allemande) et de la Banque Mondiale (BM) pour un coût global de 9 292 millions de FCFA. Suite à cette opération la superficie a été portée à

3 295 ha dont 3098,56 ha sont présentement exploitables soit 93,85%.

Nous entendons par réhabilitation une opération qui découle d'une prise de conscience d'une situation de départ jugée insatisfaisante, et qui propose des principes et des démarches en vue d'une situation d'arrivée satisfaisante. Elle vise donc la durabilité de l'aménagement et l'amélioration des rendements et par extension celle du niveau de vie des populations locales.

Avec cette réhabilitation, on voulait résoudre un lot important de problèmes dont le périmètre était confronté. En effet, avant la réhabilitation, il était presque difficile de réaliser

de bonnes performances dans le casier de Boundoum à la suite d'un défaut notoire de
maintenance ou de conception : la salinisation des terres, l'ensablement et l'enherbement des

canaux, l'absence d'une station d'exhaure en constituaient les causes majeures.

Les travaux de la réhabilitation se sont organisés suivant deux grandes tranches : - Le 22 Avril 1990 marque le début de la première tranche qui n'avait duré pas moins de 14 mois. Cette première tranche avait permis la réalisation des deux premières phases pour une superficie de 972 ha dont 913 ha étaient mis en culture depuis 1991. En 1993 démarre une troisième phase de 725 ha qui concernait la partie génie civil de l'extension de la station de

Diawar de même que la protection des berges des canaux primaires.
La première tranche a pris fin le 30 Juin 1994 et en ce moment, la superficie nette irrigable

était 1697ha.

- La seconde tranche de la réhabilitation a débuté en Septembre 1995. Subdivisée en deux
phases, elle est livrée en Mars 1997. La superficie couverte par cette deuxième tranche était
1664 ha (voir tableau 5). Mais c'est en 2001 que les travaux ont complètement pris fin.

Tableau 5 : Chronologie de la réhabilitation

 

Zones

Première
tranche

(3 phases)

B. barrage

B. Nord

B. Est

Total

784ha

329ha

584ha

1697ha

Deuxième
tranche

Phase 1

224ha

378ha

160ha

726ha

Phase 2

418ha

_

169ha

902ha

 

Total

1426ha

1022ha

913ha

3361ha

Source : Réhabilitation du périmètre de Boundoum ; RAZEL, 1998.

1.3) Evolution de la gestion des terres

Dans le delta du fleuve Sénégal, c'était la SAED qui se chargeait de l'affectation des terres. En effet, celle-ci en rapport avec les coopératives représentées par leur président, affectait les terres dans les cuvettes aménagées. Mais ce mode de distribution avait très tôt

montré ses limites en ce sens que chaque année, la répartition des terres était reprise et les

paysans couraient le risque de ne plus retrouver les mêmes terres.

La SAED changea vite de méthodes afin d'instaurer un climat de stabilité dans le mode d'affectation des parcelles. Ainsi, elle continuait à assurer la gestion des terres jusqu'en 1987 qui marque le renversement des zones pionnières dans la zone dite de terroir. A partir de

cette date, la SAED n'exerça plus son pouvoir sur ces terres dont la gestion venait d'être

confiée aux Conseils Ruraux.

Des problèmes n'ont pas manqué de surgir lorsqu'on a voulu réhabiliter le casier. En

fait, au moment de la réhabilitation, la SAED avait demandé aux Conseils Ruraux de

confirmer les unions comme affectataires des terres. En réaction à cette requête, une
délibération du Conseil Rural avait affecté les terres du périmètre aux unions hydrauliques et
cela était en parfaite contradiction avec les textes législatifs qui affectaient ces terres non pas

aux unions hydrauliques mais aux OPB ou groupements de producteurs.

Apres l'extension, beaucoup de paramètres étaient pris en considération dans l'affectation des terres. Ainsi pour être attributaire d'une parcelle de 0,40 ha (appelée « kop »

par les paysans du périmètre), il fallait être âgé de 18 ans ou plus, être habitant d'un des
villages de l'union, appartenir à un groupement de producteurs ou une coopérative librement

constituée.

2- Organisation de la gestion et de l'exploitation
2.1) Organisation de la production

Le périmètre de Boundoum polarise au total sept (7) villages : Boundoum-Barrage

(wolofs et Maures), Boundoum-Est (wolofs), Diawar appelé Boundoum-Nord (wolofs),

Wassoul (wolofs), Ronkh (wolofs), Kheun (wolofs) et Diadiam (Maures). Il concerne une
population de 15 508 habitants repartis dans ces sept villages. La superficie totale exploitable
s'élève à 3 098,56 ha et va au profit de 2 557 familles attributaires de parcelles (voir tableau

ci-dessous).

Tableau 6 : la répartition des terres entre les villages

Villages

Pop Totale
(Hbts)

Familles
Attributaires

Sup
exploitables
(Ha)

Sup/attributaire
(Ha/Fam)

S.V

Boundoum-
Barrage

4 500

964

1180,51

1,22

10

Boundoum-
Est

722

103

102,6

1,00

2

Diawar

3 363

337

602,45

1,79

9

Wassoul

941

319

190,39

0,60

3

Ronkh

3960

479

629,71

1,31

9

Kheun

1307

116

186,75

1,61

3

Diadiam

715

239

206,15

0,86

3

Total

15 508

2 557

3 098,56

1,21

39

Source : Données SAED 2005

repartition des superficies aux villages

6%

38%

20%

6%

3%

20%

7%

1

2

3

4

5

6

7

Figure 2 : répartition des superficies aux villages

2.2) Les organisations paysannes
- L'union hydraulique

L'union des OP de Boundoum a été créée en 1991. Elle regroupe trente neuf (39) Sections Villageoises (SV), six GIE et sept (7) Groupements Féminins (GPF). Son siège social se trouve à Diawar.

Avec comme vocation initiale de piloter l'agriculture et la gestion des aménagements hydro agricoles, l'union a vu son objet s'étendre vers un appui aux GIE et SV membres à travers la fourniture de bon nombre de services tels que l'approvisionnement en eau et sa gestion, l'octroi d'intrants agricoles et de crédit, l'entretien des canaux. L'union assure

d'autres activités :

- L'exploitation et l'entretien des stations de pompage (irrigation et drainage).

- Elle dispose d'une commission « matériel » qui a pour charge la gestion et l'entretien des locaux et des magasins de l'union, des équipements et du matériel de bureau, du véhicule

de transport de l'union.

- La commission « commercialisation » assure le suivi de la collecte du paddy, de son décorticage et de sa vente pour le remboursement de la redevance hydraulique et des avances

effectuées sur intrants par l'union. Elle se charge également de suivre les opérations de

commercialisation entre l'union et les riziers.

- La commission « adduction d'eau potable » (AEP) est responsable de la gestion des

différents systèmes d'adduction d'eau potable installés dans les villages du casier.

Loin de se limiter à ces différentes tâches, l'union entretient des relations plus ou

moins privilégiées avec des partenaires comme :

- la SAED : Appui-conseil ;

- la CNCAS : Crédit de campagne ;

- la F.P.A (Fédération des Périmètres Autogérés) : Affiliation ;

- l'union des coopératives ;

- l'union de Boundoum-Barrage ;

- etc.

Le fonctionnement de l'union repose essentiellement sur la redevance hydraulique payée par
les OPB comme source unique de financement. En plus de cela, il y a les organes de décision
qui sont au nombre de trois : le bureau exécutif de 12 membres, le conseil d'administration

composé de 53 membres et l'assemblée générale d'environ 203 membres mandatés par les
différentes sections villageoises.

- Les OP de base

Les OP de base sont chargées de la maintenance des aménagements terminaux, l'acquisition
et la gestion du crédit et la mise en valeur agricole. Ces différentes tâches sont définies par un
contrat qui lie les OP de base à leur Union. Suivant cette logique les organisations paysannes
de base assurent les fonctions suivantes :
- Recenser les expressions de besoins, dresser des demandes de crédit qu'on soumettra au visa
technique de la SAED et négocier le crédit nécessaire auprès des structures de crédit locales ;
- Rendre compte l'Union de tous les éventuels problèmes de leurs membres et de leur
organisation (par exemple retard au niveau de l'approvisionnement en semence, etc.) ;
- distribuer les intrants et recouvrir les exigibles auprès des membres débiteurs ;
- maintenir en état les aménagements terminaux, c'est-à-dire ceux qui sont à l'intérieur de la
maille hydraulique de leur groupement ;
- etc.

2.3) Les relations avec les partenaires extérieurs
a) L'accès au crédit

A la suite de Peter Torekens, dans un film réalisé par Jean Michel D'Estaing sur la riziculture au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, nous pouvons dire que le crédit est d'une importance capitale pour le démarrage de la campagne.

Pour le cas de Boundoum, l'union ne prend pas de crédit. Ce sont les sections villageoises qui le font. Sur ce crédit, elles paient à l'union le service de l'eau. Mais pour être

bénéficiaire du crédit, il faut remplir un certain nombre de conditions : être dans une

organisation reconnue juridiquement (GIE), avoir un compte au niveau de la CNCAS,

disposer du visa technique attesté par la SAED, etc.

Il y a également d'autres conditions d'accéder au crédit qui, cependant, sont jugées

très subjectives : par exemple il faut que la banque ait confiance en l'individu.

Ce crédit doit être obligatoirement être remboursé même en cas de calamité majeure ou
agression agricole (péril acridien, attaque d'oiseaux, etc.) d'où la nécessité pour les paysans

de la cuvette de disposer d'un fonds de calamité. Malheureusement il n'y en a pas à
Boundoum.

b) Relation avec la SAED

La SAED est la société de développement qui encadre l'union. Après le transfert de 1991, elle
ne s'est pas totalement désengagée. En fait, il y a un contrat de concession qui la lie avec
l'union des OP de Boundoum. Mais ce contrat est d'une durée indéterminée. Elle a à sa
charge trois missions :

- Encadrement technique et formation des membres de l'Union ;

- Encadrement de la Section Villageoise pour l'entretien et la gestion du périmètre ;

- Contrôle périodique de la gestion technique et financière de l'Union.

D'ailleurs un conseiller agricole représentant la SAED est basé à Boundoum-Barrage.

2.3) Les prestataires de services

L'intervention des prestataires de service survient surtout dans le cadre de certains travaux hors de la portée de l'union. Par exemple, pour les travaux d'entretien des stations de

pompage et de renouvellement des équipements hydromécaniques, l'union fait appel à

l'expertise de la DAM.

Les autres prestataires de services intéressent le plus les sections villageoises qui forment ce qu'on appelle Union Locale (UL) à l'intérieur de chaque village et agissent à

l'occasion du travail du sol, de la récolte (mécanique) et du battage (les engins que la
population locale appelle << bourga>> voir photo 2). Ces fournisseurs sont en général des

privés ou des organisations de producteurs qui disposent du matériel agricole.

 

.

Photo 2 : une batteuse « bourga »

B- Mise en valeur et contraintes à l'exploitation dans l'aménagement de Boundoum

1- La mise en valeur

Généralement, l'aménagement n'est cultivé qu'en hivernage et avec 100% du riz. Le tableau ci-dessous montre que de 1991 à 1996, la mise en valeur au niveau du casier était marquée par des cultures d'hivernage et de contre-saison chaude (double culture). Cela peut s'expliquer par le fait que la réhabilitation venait de débuter et que l'aménagement fût remis en neuf. Mais il convient de signaler que le riz est la seule culture pratiquée dans le casier. Après 1999, les paysans du casier ont cessé de pratiquer la culture de contre saison et cela jusqu'en 2005. Cette non mise en valeur était le résultat d'un dysfonctionnement de l'Union qui, face à l'extension de ses fonctions au-delà de ses prérogatives normales, s'était retrouvée

dans un climat de difficultés pour ce qui était de ses relations avec ses partenaires.

Face à cette situation de crise, la SAED avait jugé nécessaire de procéder à une

opération d'audit du fonctionnement de l'Union et à une restructuration en 2002/2003. Ce
réaménagement a entraîné la mise en oeuvre d'un programme de redressement et de relance de

la mise en valeur dont la mise en application n'a été effective qu'en 2004/2005 puis

consolidée par le retour de la double culture en 2005/2006.

Tableau 7 : la mise en valeur au cours de cette période

Années

Hivernage

Contre Saison Chaude

Sup.(ha)

Rdt. (t)

Prod. (t)

Intensité
culturale

Sup.
(ha)

Rdt. (t)

Prod. (t)

1991/1992

825,70

5,40

4458,78

1,98

825,70

5,00

4128,50

1992/1993

784,06

6,30

4939,58

0,95

_

_

_

1993/1994

789,29

6,80

5367,17

1,50

452,17

5,01

2265,37

1994/1995

1456,64

5,30

7720,19

1,38

759,01

5,00

3795,37

1995/1996

1550,58

5,15

7985,49

1,28

514,00

4,50

2313,00

1996/1997

2256,00

5,50

12408,0

0,95

_

_

_

1997/1998

3088

6,7

20636

0,91

_

_

_

1998/1 999

3088

6,04

20205

1,41

1664,7

4,48

7458

1999/2000

2884,39

5,40

15576

1,21

1200

6,21

7452

2000/2001

2635,21

5,20

13719

0,78

_

_

_

2001/2002

3080,28

5,50

16942

0,95

_

_

_

2002/2003

909,34

4,50

4092

0,27

_

_

_

2003/2004

2982,28

5,74

17118

0,90

_

_

_

2004/2005

2994

5,76

17245

0,90

_

_

_

2005/2006

3039,9

5,08

15443

0,92

_

_

_

2006/2007

2856

_

_

1,52

1291,91

6,83

8823,74

Source : union de Boundoum 1.1) Les rendements

Les rendements ont relativement évolué et sont plus constants en hivernage (avec une moyenne de 5,62 t/ha) qu'en contre-saison chaude où le rendement moyen tourne autour de 5,29 t/ha. Ce léger accroissement des rendements s'explique par l'emploi d'engrais chimiques qui sont des fertilisants, l'usage d'herbicides pour les mauvaises herbes et de pesticides pour les parasites. L'option pour les variétés à haut rendement (VHR) comme le Sahel 108, IR 15 29 ne doit pas être négligée pour l'explication de l'augmentation des rendements. En fait, le

Sahel 108 peut donner, si les conseils du technicien et l'itinéraire technique sont bien

respectés, des rendements de 11 t/ha.

1.2) L'intensité culturale

Dans la cuvette de Boundoum, la mise en valeur est caractérisée par une intensité culturale qui évolue en dent de scie de 1991 à 2006 (figure 3).Durant cette période, l'intensité culturale d'une moyenne de 1,11 a été variable d'une année à l'autre. Cette variabilité est due aux facteurs qui suivent : l'accès au crédit, le remboursement des dettes, la commercialisation

de la production, l'organisation des producteurs.

2,5

0,5

1,5

2

0

1

Intensité culturale

Intensité culturale

Figure 3 : L'évolution de l'intensité culturale de 1991 à 2006.

2- Les contraintes à l'exploitation

L'exploitation au niveau du périmètre connaît de nombreuses contraintes. N'eussent été ces difficultés, les exploitants du casier pourraient faire de bons résultats. Ces difficultés ont

pour noms :

- travail du sol parfois sommaire (un seul passage de disques) ;

- une faible fertilité du sol (insuffisante quantité, non respect des dates d'épandage dû

parfois à l'impraticabilité des pistes surtout en saison des pluies) ;

- les adventices (herbes nuisibles aux cultures) ne sont encore pas très bien maîtrisés. Les

adventices peuvent entraîner une chute de rendement de plus de 50% par rapport aux

zones non infestées (DIOP, 1980), cité par M. DIAGNE, 1995.

Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés dans le périmètre

Nom scientifique

Nom vernaculaire (wolof)

Oryza longistaminata
Oryza barthli
Ludwigia sp
Ischaemum rugosum
Echinichloa colona
Ipomoea aquatiqua

Njem
Xalir
Mboyte
Mbara
Mbay dek ou Mbaket
Lawlawane

- le calendrier, bien vrai qu'il soit bien établi, n'est pas toujours respecté ;

- le retard de la livraison des intrants souligné par plusieurs producteurs ;
- la non praticabilité des pistes, surtout le tronçon Ross-Béthio-Boundoum Barrage, qui ne

facilite pas l'acheminement des intrants pendant l'hivernage ;

- le prix de l'engrais est devenu élevé. Par exemple pour l'urée, le sac coûte 12 000 FCFA ;
- la non maîtrise par les paysans du RIDEV (Rice Development). Le RIDEV est un logiciel

qui fournit des instructions relatives à la planification de la campagne qui permettent de

prévoir selon la variété, le site et en fonction de la date de semi, les dates d'épandage, de

floraison, de dernier drainage et de récolte, ainsi que le taux de stérilité (Voir annexes).

Selon ce logiciel, si on sème en Septembre, l'épiaison ou floraison va se faire au mois de Décembre et le riz, sous l'effet de la fraîcheur, avorte ; ce qui se répercutera sur le rendement.

Cependant l'analyse de la mise en valeur agricole révèle des responsabilités à différentes

échelles. Ainsi à l'échelle de la parcelle, l'exploitant respecte-t-il réellement l'itinéraire
technique suggéré ? Au niveau extérieur du périmètre, il y'a d'autres paramètres à prendre en

considération comme les difficultés d'approvisionnement en intrants et la disponibilité en

matériel agricole.

L'entretien, gage d'un maintien en état des infrastructures hydro agricoles de la cuvette, revêt
une importance de taille. En effet, il y va non seulement de la rentabilité de tant d'efforts
financiers, techniques, physiques, etc. consentis mais aussi et surtout de la subsistance d'une
population de presque 20 000 personnes.

Ces travaux d'entretien, dans la mesure où ils visent pour l'essentiel l'amélioration des
conditions de l'irrigation, alors n'est-il pas opportun de voir dans un premier moment la façon
dont l'eau est gérée avant de nous lancer dans leur étude ?

A- Gestion hydraulique dans le périmètre

On est tenté de définir la notion de gestion avec DEBACKER, cité par (A.COLY, 2004)
comme « l'administration des biens d 'un autre et de ses intérêts avec soin, avec talent dans le
but principal du succès
». Ce qui revient à dire que la gestion de l'eau équivaudrait à une
situation où il n'y aurait aucun déséquilibre (ni dans sa circulation, ni dans l'état du réseau),
aucun problème eu égard à la ressource eau. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'une étude
menée par l'ADRAO en 1990 suggérait que « la gestion de l'eau doit inclure toutes les
activités d'exécution et de direction concernant la distribution de l'eau, l'entretien des
infrastructures et la gestion des conflits ».

1- Les infrastructures hydrauliques

A l'instar de tous les aménagements tertiaires, le réseau du casier est composé du

réseau d'irrigation, de drainage et des pistes. Il y a aussi d'autres équipements qui sont
présents dans les villages du périmètre. Il s'agit des hangars, des AEP et du réseau électrique.

1.1) Les stations de pompage
a) La station d'irrigation de Diawar

La station d'irrigation du casier de Boundoum se trouve à Diawar, siège social de l'union des OP. Elle est née en 1968 et édifiée sur la fameuse digue de protection construite par la MAS en 1964. Son équipement peut se résumer sur cinq (5) électropompes totalisant un

débit de 11,7 m3/s dont deux (2) pompes SULZER de 2400 l/s chacune et trois (3) pompes

FLYGT de 2300 l/s chacune.

Comme tout station de pompage pour l'irrigation, son rôle est d'aspirer des volumes d'eau et de les refouler sous une certaine pression dans les canalisations du réseau (RNEDHA,

1996).

Photo 3 : la Station de pompage de Diawar

b) La station d'exhaure de Gaéla

La station d'exhaure du casier dispose de quatre (4) pompes de 2 200 l/s chacune totalisant un volume de refoulement de 8,8 m3/s et une hauteur manométrique totale (HTM)

de 2,7m.

Le rôle essentiel de la station d'exhaure est d'assurer l'évacuation des eaux pluviales,

des eaux des vidanges stockées dans les parcelles (eau de submersion) et des eaux de
drainages des sols en culture dans un émissaire de drainage. Ainsi, serait-il trop dire que
d'affirmer que la station d'exhaure permet l'assainissement du périmètre tout entier ?

1.2) Le réseau d'irrigation et les équipements hydromécaniques

C'est un réseau en commande par l'aval. C'est-à-dire qu'il y a une vanne Avio au niveau de chaque tête. Ce réseau est constitué d'un canal adducteur de 1970 m de long. C'est

le canal qui va de la station de pompage jusqu'aux canaux primaires.

Pour les canaux principaux, on en dénombre six (6) qui sont le BN (Boundoum Nord), le
C1A, le C1B, le C1C, le C2 et le C3. Ces canaux totalisent une longueur de 32 948 m linéaire.

Les canaux secondaires du périmètre, d'un linéaire de 17 003 m, sont au nombre de 15. La
troisième catégorie de canal à savoir les canaux tertiaires compte 144 canaux qui s'allongent

sur 99 756 m. Enfin viennent les canaux quaternaires qui n'ont pas pu être recensés à cause de
leur nombre pléthorique et qui assurent l'alimentation en eau des parcelles.

Dans l'ensemble, tous les canaux à l'exception des quaternaires qui sont en déblai

fossé simple sur terrain naturel sont en terre compactée.

Pour assurer la sécurité des cavaliers en cas de débordement, on a mis en place trois (3) déversoirs. Des modules à masque qui sont au nombre de 130 (certains secteurs en ont 2) sont dressés sur les canaux principaux et desservent des canaux de types secondaires. Ce sont

ces derniers qui assurent l'alimentation en eau des mailles hydrauliques (environ 10 à 12

hectares).

Photo 4 : un module à masque

Nous avons en dehors des modules d'autres ouvrages tels que les partiteurs et ceux qui
officient pour la régulation d'où leur nom d'ouvrage régulateur.

1.3) Le réseau de drainage

Le réseau de drainage du périmètre de Boundoum se structure de la façon suivante : cinq (5) drains primaires totalisant un linéaire de 27 301m ; dix sept (17) drains secondaires d'une longueur total de 33 710m et cent cinq ( 105) drains tertiaires d'un linéaire de 55 760m. Pour limiter les problèmes que les contraintes que le mauvais drainage causait, il s'est avéré

nécessaire d'évacuer les eaux de drainage vers l'océan par l'intermédiaire d'un chenal de

drainage appelé émissaire de drainage.

a) L'émissaire de drainage du Delta

Relié à la station de Boundoum par des ouvrages de connexion, l'émissaire de drainage est
composé des dépressions suivantes : la dépression de Boundoum qui fait 400ha et la
dépression de Krankaye qui fait elle 1200ha de plus que la première soit 1 600ha. L'émissaire
comprend un canal primaire endigué et long de 12km. La largeur de plafond varie entre 8 et
10m et l'eau est déversée dans les deux dépressions déjà citées.

La création de l'émissaire s'inscrivait dans le cadre du plan de développement intégré de la rive gauche (PDRG). Le financement du projet était assuré par la KFW pour un montant de 4 Milliards 800. 000 .000 F CFA et les travaux de la première phase sont achevés en Juin

2000.

b) Les problèmes résolus par l'émissaire

Avec la réalisation de l'émissaire du Delta l'évacuation des eaux de drainage du périmètre de Boundoum depuis la station de Gaéla jusqu'au fleuve plus précisément en aval du barrage de Diama a été rendue possible. L'émissaire a également contribué à renforcer la capacité d'alimentation de l'axe Gorom-Lampsar en libérant le Gorom aval. Du point de vue écologique, ce chenal de drainage a été d'un apport considérable. En effet, le drainage sur le Ndiael qui est une zone protégée et classée au rang de patrimoine mondiale de l'humanité est

arrêté. La salinisation est réduite car les eaux stagnantes qui la favorisaient avant la

construction de l'émissaire sont aujourd'hui éliminées.

Cependant, ces bienfaits de l'émissaire ne doivent surtout pas nous faire oublier un certain nombre problèmes qu'il a engendrés. A titre d'exemple, les parcours pastoraux sont

réduits.

1.4) Les pistes et autres infrastructures

a) Les pistes

Pour le passage des engins, ou l'évacuation de la récolte, l'aménagement de pistes parait être d'une importance considérable. Les pistes dont dispose le périmètre de Boundoum

totalisent un linéaire de 236 431m. Cela se décompose comme suit :

- piste principale revêtue en latérite de 166, 750km de long ;

- piste principale revêtue partiellement longue de 4km ;

- piste secondaire non revêtue d'un linéaire de 0,9km ;
- piste tertiaire en bordure des drains non revêtue totalisant 203,381km de long.

Pour l'entretien des pistes principales, un fonds de maintenance est mis en place et cela dans le cadre de la nouvelle politique de maintenance. Ce fonds est appelé Fonds de Maintenance des Infrastructures d'Intérêt général (FOMIIG) que nous verrons plus tard.

b) les hangars

Pour le stockage de la production et des intrants, l'union des OP de Boundoum a construit sept (7) hangars et un bureau pour l'union sur financement conjoint IDA/KFW. Dans chaque village il y a un hangar où se tiennent les opérations de distribution d'engrais

d'herbicides, de semences, le pesage, etc.

c) Les AEP

L'Union des OP de Boundoum dispose aussi d'une commission AEP (Adduction d'Eau Potable). Cette commission intervient dans la gestion de l'eau en mettant en place des comités de gestion au sein des villages membres de l'Union. Ainsi, des châteaux d'eau (voir photo) sont installés dans chacun des sept villages assurant du coup l'approvisionnement des

populations locales en eau potable.

Le fonctionnement des AEP avait dès le début connu de sérieux problèmes relatifs au prix de l'eau. Face à cette situation, la solution de fixer la bassine de 30 litres à 15 F au lieu de 25 F a été finalement adoptée.

Le niveau de consommation présente deux caractéristiques majeures : d'abord il n'est

pas tellement élevé ; ensuite il varie en fonction du temps.

L'eau potable n'est généralement utilisée qu'à des fins alimentaires et pour les autres activités telles que la lessive, l'abreuvement des animaux domestiques, les ablutions et parfois

les bains et « petites toilettes », l'eau venant directement du fleuve ou de ses défluents est
utilisée. Par exemple pour le village de Ronkh la présence, à côté, d'un marigot appelé Beud

fait que les habitants ne se servent de l'eau potable que pour la boisson.

La situation socioéconomique de la zone explique en grande partie la variation du niveau de consommation. En effet, ce n'est que pendant la période de récolte qu'on l'on

enregistre les forts taux de consommation. Cela découle non seulement du fait que les paysans
voient leur pouvoir d'achat augmenter mais aussi et surtout de l'arrivée massive des
travailleurs saisonniers (« Sourga », les transporteurs de la production, les commerçants, etc.).

Avec les AEP, plusieurs maladies, qui étaient liées à l'eau et qui empêchaient les producteurs qu'elles affectaient de se rendre aux lieux de travail (les champs), ont reculé. Ces maladies étaient la bilharziose, la diarrhée, la dysenterie, etc. et sont aujourd'hui devenues de vieux souvenirs. Vu cela, nous pouvons conclure que les AEP ont contribué à l'amélioration

des conditions de vie des populations du casier.

Photo 5 : Le château d'eau du village de Ronkh
d) l'électrification rurale

La satisfaction des besoins en électricité des équipements électromécaniques des stations de pompage (irrigation et drainage) a finalement abouti à l'électrification des différents villages du périmètre de Boundoum. Des systèmes d'éclairage public

peuvent être notés dans tous les villages et la transformation du riz sera plus facile

avec l'installation de rizeries fonctionnant à partir de l'électricité.

La construction de l'émissaire du Delta, l'avènement des AEP et

l'électrification des villages qui sont des mesures d'accompagnement de la
réhabilitation sont dans l'ensemble d'une grande importance pour les populations du

casier de Boundoum.

3- La distribution de l'eau

La culture du riz est très sensible au manque d'eau et nécessite, dans les conditions
pédoclimatiques du delta du fleuve Sénégal, un apport hydrique non moins important. La
distribution de ce liquide précieux au niveau du casier de Boundoum se fait de la manière
suivante : c'est l'union hydraulique, responsable de la fourniture et de la gestion de l'eau, qui
se charge du remplissage du canal principal et laisse par la suite aux SV le choix de
déterminer les modalités de l'irrigation. Tous les modules qui sont branchés sur le réseau
peuvent fonctionner synchroniquement.

A l'intérieur de la maille hydraulique, l'eau qui entre fera l'objet d'un contrôle très strict obligeant les paysans à organiser des tours d'eau. La mise en place de tours d'eau pour

éviter les dilapidations renvoie à la police de l'eau. Pour ce faire, des aiguadiers ont été
formés et sont chargés de passer la clé du module (les modules sont cadenassés) d'amont en
aval ou inversement afin qu'il y ait un respect strict du tour d'eau. L'irrigation à la parcelle

s'effectue par des prises directes ou des buses en PVC à travers le remblai des canaux.

Cependant, cette distribution pour qu'elle se fasse dans les meilleures conditions, il faut que l'état sanitaire du réseau ne fasse l'objet d'aucune lamentation. Partant de là, la porte ne nous est-elle pas ouverte pour analyser l'état du réseau ?

4- L'état du réseau

C'est surtout au niveau du réseau de drainage qu'il y'a des problèmes. En effet, une insalubrité notoire due principalement aux mauvaises herbes comme le typha caractérise ce réseau. Pour les pistes, les difficultés surviennent le plus souvent en hivernage. Par exemple, la non praticabilité de la piste principale Ross-Bethio-Boundoum Barrage rend très difficile l'acheminement des intrants en saison des pluies. Dans l'ensemble, ce sont ces quelques maux qui affectent le réseau. D'où la nécessité d'y mener, dans l'immédiat, des travaux d'entretien

si l'on veut bien sûr assurer la pérennité de l'aménagement.

Photo 6 : Un Canal de drainage envahi par les typhas australis


B- Les travaux d'entretien et la redevance hydraulique


1- Les travaux d'entretien

L'entretien du réseau est une condition sine qua non quant à la circulation normale de l'eau.
Avant le transfert, c'était la SAED qui assurait toutes ces fonctions. Désormais c'est l'union
qui s'en charge à travers sa commission aménagement et matériel. C'est cette commission qui
fait chaque année, avec notamment l'appui de la SAED, le recensement des besoins en termes
de maintenance. Elle valorise ces besoins, les propose au bureau exécutif. Le bureau exécutif,
à son tour, les propose au conseil d'administration pour validation. Si ce dernier valide le
programme, la commission aménagement et matériel avec la SEAD lancent un appel d'offres
pour la réalisation des travaux d'entretien. Après dépouillement, les entreprises qui seront
retenues commencent à exécuter les travaux en présence des membres de la commission et
d'un technicien de la SAED pour le suivi et le contrôle des travaux.

Parmi les entreprises qui intervenaient pour le compte de l'Union dans le cadre de la
maintenance nous pouvons citer RAZEL, GIE Mamadou Bâ (Ross Béthio), Entreprise
Africaine (Boundoum Barrage), etc.

Selon la date d'intervention, nous pouvons distinguer deux types d'entretien ou de

maintenance. Il s'agit de l'entretien préventif et de l'entretien curatif.

1.1) L'entretien préventif

L'entretien préventif a lieu avant la campagne et comme son nom l'indique, il consiste à
maintenir en état les canaux d'irrigation (primaires, secondaires et tertiaires) et les chenaux
des eaux de drainage et cela se fait chaque année. Quand les talus sont affaissés ou bien quand
ils ont subi des déformations, on fait intervenir des engins lourds comme graders pour le
réprofilage. Du fait de la déflation, éolienne les canaux sont ensablés. Pour corriger cela, on
fait recours à une technique dénommée curage. Le curage peut se faire soit avec une pelle
mécanique pour les grands canaux soit avec un camion ou grader pour les petits canaux.

Il convient de souligner que toutes ces opérations se font en fonction des besoins

exprimés par l'union locale.

1.2) L'entretien curatif

L'entretien curatif se déroule durant la campagne et surtout en cas d'urgence. Par exemple, l'excès d'eau dans les canaux peut causer des fissures ou débordements. Il peut

également arriver que les canaux d'irrigation ou drains soient envahis par des herbes
(enherbement) pouvant porter atteinte à la bonne circulation de l'eau dans le réseau. La

technique utilisée par les exploitants pour faire face à l'enherbement est le faucardage manuel.
On l'appelle faucardage manuel parce qu'ils utilisent des faucilles pour arracher l'herbe.

Parfois, chaque exploitant est sous l'obligation de nettoyer la partie du canal correspondant à sa parcelle. Dans ce cas, l'union effectue des visites régulières sur chaque secteur hydraulique et une amande de l'ordre 50 000 FCA est infligée aux Récalcitrants.

Il y a aussi le faucardage mécanique si on utilise des engins lourds, et à cette occasion,

les SV expriment leurs besoins à l'union qui, à son tour, fait appel à des prestataires

mécanisés.

Pour les stations de pompage, que ce soit l'irrigation ou l'exhaure, chaque année, la SAED, sur la base d'un contrat de maintenance, fait une descente et vérifie les équipements électromécaniques. Pour ce faire, elle procède à des contrôles systématiques des appareils électriques et hydromécaniques une fois dans l'année. Pour les appareils mécaniques, le contrôle systématique se fait deux (2) fois par an. Il convient cependant de retenir que le

contrôle est assuré conjointement par la SAED et l'union. A la demande de l'Union, la SAED
effectue les dépannages électriques et les réparations d'ordre électrique ou mécanique.

Le tableau ci-dessous résume l'opération de maintenance dans le casier.

Tableau 9 : La maintenance des infrastructures du périmètre de Boundoum

Intervention

Ouvrages concernés

Fréquence

Prestataire

Faucardage

Canaux d'irrigation,
drains

Par campagne

Exploitants

Curage, ré profilage,
rechargement
cavaliers, planage

Canaux d'irrigation,
drains, diguettes,
parcelles

Annuelle

Prestataires
spécialisés par
consultation ou appel
d'offres

Ouvrages
hydromécaniques,
ouvrages génie civil

Ouvrages sur réseaux
d'irrigation et
drainage ou de pistes

Selon la nécessite

idem

Equipements
électromécaniques
des stations de
pompage

Station d'irrigation
de Diawar, station
d'exhaure de Gaéla

*1 fois par an pour le
contrôle
systématique des
appareils électriques.
*2fois par an pour le
contrôle
systématique des
appareils
mécaniques.
*1 fois par an pour le
contrôle
systématique des
appareils
hydromécaniques,
dépannage selon
nécessité.

SAED par contrat de
maintenance

Source : Union de Boundoum.

La réalisation de tous ces travaux relatifs à la maintenance a nécessité des dépenses plus ou
moins lourdes. Ainsi, de 1998 à 2005, le montant total que l'union des OP de Boundoum a
consacré à la maintenance se chiffre à 214 836 917 FCFA. Mais 79% de cette somme est
alloué à la maintenance préventive soit 170 516 919 FCFA. Cela s'explique par le fait que
l'union ne souhaite qu'aucun problème ne soit rencontré au cours de la campagne.

Tableau 10 : Les dépenses effectuées sur la maintenance (en FCFA)

Année

Terrassement
maintenance
préventive

Terrassement
maintenance.
curative

Génie civil
Maintenance
préventive

Faucardage
Manuel
(maintenance.
préventive)

 

Total

 

1998/1999

28

147

000

 

0

 
 

0

 

4

205

000

32

352

000

1999/2000

25

883

384

 

0

 

1

842

000

2

600

000

30

325

384

2000/200 1

50

790

650

 

389

048

1

240

000

7

582

660

60

002

358

2001/2002

25

300

575

 

722

150

3

389

000

 

0

 

29

411

725

2002/2003

 

0

 
 

0

 
 

0

 
 

0

 
 

0

 

2003/2004

18

571

310

2

028

490

3

383

450

5

383

350

29

366

000

2004/2005

21

824

000

1

236

550

1

583

900

8

734

400

33

378

850

Total

170

516

919

4

376

238

11

438

350

28

505

410

214

836

917

Source : SAED

2- La redevance hydraulique

C'est la somme que doit payer chaque paysan qui irrigue ou draine à partir des réseaux d'irrigation ou de drainage de l'aménagement. La redevance rémunère les efforts fournis par l'Union dans le cadre de la distribution de l'eau et lui permet de couvrir les frais suivants :

- Fonctionnement (salaires, indemnités, électricité, entretien véhicules, carburant,

déplacements) ;

- Renouvellement et grosses réparations (DAT) ;

Entretien des parcelles, des canaux et des digues.

Suite à l'application de la nouvelle politique de maintenance en 2003/2004, le coût
hydraulique sera revu à la hausse. En effet, le périmètre de Boundoum est assujetti au fonds
de maintenance des adducteurs et de l'émissaire du Delta (FOMAED). Le montant de la
redevance pour le service de drainage est de 16 000 FCFA par hectare et par an. Aujourd'hui
la redevance hydraulique est de 75 000 FCFA par hectare.

Tableau 11 : La décomposition de la redevance hydraulique.

Elément

Montant à l'hectare (F.CFA)

Renouvellement et grosses réparations
(DAT)

20

000

Réfection canaux par piste

10

000

Réfection parcelles

10

000

Fonctionnement (électricité, carburant,
salaires, indemnités, déplacements)

19

000

FOMAED

16

000

TOTAL

75

000

Source : d'après entretien avec Abdoulaye Diop, comptable de l'union.

Il est à signaler que le coût hydraulique a beaucoup évolué au niveau du casier. Avant la concession, il était fixé à 41 000 FCFA par ha net. De 50 000 FCFA après le transfert, il sera porté à 60 000 FCFA avec la dévaluation du FCFA survenue en 1994.

De cette analyse, on peut retenir qu'à Boundoum, on consacre beaucoup d'efforts à la

maintenance. Cependant cette dernière souffre de problèmes financiers pour être bien

pratiquée. Selon M. Abou Ndao (Responsable de l'opération de Boundoum), les fonds
destinés à l'entretien sont insuffisants et cela résulte du fait que l'union consomme plus dans
la rubrique Fonctionnement au détriment des autres (exemple sur 50 000 000FCFA qu'elle
devait verser sur DAT, elle n'a versé que 12 000 000FCFA. Donc le fonctionnement pèse

lourd).

Face à cette situation, des mesures idoines sont à adopter dans l'immédiat afin d'assurer la préservation de l'aménagement et de la production. L'union doit dans un premier temps mettre l'accent sur le respect des principes normatifs (l'utilisation) de la redevance car

c'est l'avenir de l'aménagement qui en jeu. Ensuite une importance doit être accordée à la

pérennisation du périmètre.

A- Facteurs explicatifs et finalités de la nouvelle politique de maintenance 1- Les Facteurs explicatifs de la nouvelle politique de maintenance

La maintenance, gage de la performance des différents ouvrages réalisés et de la préservation de leur efficience globale, est une condition indispensable d'obtention de bons

rendements.

En 1997, l'Etat du Sénégal, soucieux de prendre à bras le corps la maintenance, a mis en application de maintenance des aménagements hydro agricoles. Cette option s'explique par plusieurs raisons dont nous essayerons d'analyser les plus déterminantes. Il s'agit des échecs

de l'ancien système de maintenance, de l'avènement de la décentralisation et des pressions

exercées par les bailleurs de fonds.

1.1) Les insuffisances de l'ancien système de maintenance des aménagements hydro agricoles

Les échecs voire les insuffisances notées dans l'ancien système de maintenance des

aménagements hydro agricoles étaient telles que l'Etat du Sénégal s'est vu être sous
l'obligation de revoir sa manière de faire en termes de maintenance. En fait, l'opération de
maintenance, dans toute la vallée du fleuve Sénégal, se faisait à la sauvette ou encore avec
hâte et de façon irrégulière. En plus, il n'existait aucun fonds pouvant cautionner les efforts

fournis dans ce domaine. Personne n'était disposé à mettre ses sous dans l'entretien des

infrastructures. Cela était dû en grande partie au fait que les paysans accordaient plus d'intérêt

à la production qu'à la pérennité des infrastructures hydro agricoles.

Par ailleurs, l'argent mis dans les NEG (Note d'Entretien et de Gestion) n'était pas toujours suffisant pour permettre aux unions concessionnaires de renouveler leurs équipements. Et très souvent, certaines unions n'ont pas pu maintenir en état leurs

équipements en raison des pressions exercées par certains usagers qui ne pouvaient plus avoir
accès à la CNCAS. Cela se traduisait en général, par le détournement des provisions

constituées pour le renouvellement à d'autres fins. Un tel état de fait contribuait sans doute à

fragiliser leur situation.

Toutes ces raisons ont stimulé l'Etat du Sénégal à réfléchir sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour prendre en charge de manière beaucoup plus sérieuse l'activité de

maintenance.

1.2) L'avènement de la loi sur la décentralisation

En 1996, intervient au Sénégal la loi sur la décentralisation. Cette loi a vu le renforcement des compétences des communautés rurales devenues collectivités locales et qui ont pour mission d'organiser l'aménagement de leurs terroirs. Désormais la collectivité locale

est responsable de la gestion de ces propres ressources naturelles (l'eau, la terre, etc.).

Selon cette loi, ce sont les conseils ruraux qui détiennent l'essentiel des moyens de pression sur les usagers défaillants, essentiellement par la possibilité de désaffecter les terres. Et elles doivent être consultées dans les activités relatives à la maintenance des infrastructures

hydro agricoles de leurs terroirs.

1.3) La pression des bailleurs de fonds

Les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, KFW et AFD) ont joué un rôle considérable dans la définition d'une nouvelle politique de maintenance. En effet, s'étant rendus compte de la non rentabilité des moyens financiers qu'ils investissaient dans la filière agricole suite à des

défauts d'entretien, ces derniers ont suggéré à l'Etat du Sénégal qu'il fallait réformer le
système d'entretien en vigueur. Les bailleurs stigmatisaient aussi la formule « tout par l'Etat

et rien par les paysans » : les paysans ne participaient pas financièrement aux travaux

d'entretien et c'était l'Etat qui assurait tout.

Dans leur plan d'actions, ils préconisaient la mise en place d'un fonds d'entretien dont l'organisation, le fonctionnement et le financement seront définis dans le cadre d'une étude à mener sur la base de termes de référence à soumettre à l'ensemble des parties concernées.

Suite à l'analyse approfondie de ces facteurs, l'Etat Sénégalais et ses partenaires au développement ont adopté le plan d'actions de Ndiaye en 1997. Ce plan aboutira à la mise en place, en Janvier 1998, d'un nouveau dispositif de maintenance caractérisé par la création

d'une Division autonome avec pour mission la maintenance des infrastructures hydro

agricoles (DAM) ainsi que le lancement d'une étude pour la définition de la nouvelle

politique de maintenance. Cette étude prévoit également la mise en place de fonds de

maintenance.

La DAM est installée à Ross-Béthio dans les anciens locaux de la SAED. Elle a pour

mission principale de :

- assurer la maîtrise d'ouvrage déléguée des travaux de maintenance des infrastructures hydro
agricoles (adducteurs, drains, stations de pompage, équipements électriques et
hydromécaniques, pistes et digues) sous la responsabilité de la SAED ;
- assurer l'exécution des contrats de maintenance conclus avec les unions hydrauliques pour
les installations hydro agricoles qui leur sont transférés ;
- assister, à la demande, les unions et les autres irrigants privés pour la maintenance de leurs
infrastructures ;
- fournir le conseil et les services techniques nécessaires aux unions hydrauliques et aux
privés pour les décisions de renouvellement ou d'investissement en équipement électrique,
électromécanique et hydromécanique ainsi que leur réalisation.

Les différents fonds de maintenance qui sont concernés par cette étude sont : le FOMAED (Fonds de Maintenance des Adducteurs et Emissaires de Drainage), le FOMUR

(Fonds Mutuel de Renouvellement des stations de pompage des équipements
hydromécaniques), le FOMPI (Fonds de Maintenance des Périmètres Irrigués) et le FOMIIG

(Fonds de Maintenance des Infrastructures d'intérêt Général).

2- Les finalités de la nouvelle politique de maintenance

Dans le cadre de la nouvelle politique de maintenance, l'Etat souhaite atteindre entre

autres objectifs :

- l'évolution de la SAED vers des fonctions de prestataires de service rémunéré par les

usagers et par l'Etat ;

- les usagers et les conseils ruraux seront bien impliqués dans la gestion des

aménagements hydro agricoles ;

- le renforcement des bases juridiques des relations qu'entretiennent la puissance

publique et les unions d'usagers concessionnaires des périmètres publics ;

- le développement et l'usage d'outils de gestion et de suivi tels que le Répertoire des

ouvrages et la Base de suivi de la maintenance (Annexes) ;

- l'intensification de la culture irriguée, sous l'effet d'une redevance payable progressivement à l'hectare affecté (redevance FOMAED et provisions à verser au FOMUR) ;

- une plus grande efficacité de gestion et de mise en valeur des aménagements hydro

agricoles grâce notamment, à la formation prévue pour tous les acteurs concernés (usagers,

conseils ruraux et autres personnels de la SAED) ;

- le développement des activités de PME dans la maintenance des aménagements grâce à une programmation plus efficace et mieux étalée dans le temps des travaux, et la sécurisation des ressources financières dédiées à la maintenance.

B- La politique des fonds de maintenance

Pour réussir la maintenance des infrastructures hydro agricoles, plusieurs fonds ont été

constitués. Ces fonds seront donc destinés à financer l'entretien des aménagements
structurants, des périmètres et équipements hydrauliques et des infrastructures d'intérêt

général.

Les aménagements concernés


1.1) Les aménagements structurants

On appelle aménagement structurant tout aménagement hydro agricole dont la vocation

est de desservir d'autres aménagements, généralement avec un objectif unique (adduction
d'eau, drainage, circulation ou protection contre les crues). Dans la vallée du fleuve Sénégal,

ces types d'équipement sont au nombre de sept (7) : les adducteurs Gorom-Lampsar,

Ancienne Taouey, Ngallenka Amont, Dioulol, et Diamel et les émissaires de drainage du

Delta et de Namardé.

Pour la maintenance de ces ensembles, un fonds dénommé FOMAED est constitué. Ce fonds recevra les redevances payées par les usagers et l'Etat apportera la différence sur la base des coûts normalisés annuels de maintenance.

La redevance à percevoir auprès des usagers est de 14 000 FCFA par hectare net et par an pour le service de d'adduction et varie de 16 000 à 18 000 FCFA par hectare net et par an

pour le service de drainage. Les contributions de l'Etat seront versées au prorata des

redevances recouvrées auprès des usagers.

Photo 7 : Travaux de faucardage manuel sur un adducteur
1.2) Les périmètres et équipements hydrauliques

Pour le financement de la maintenance des périmètres (périmètres publics transférés,

périmètres publics non transférés ainsi que les PIV de première génération) et des
équipements hydrauliques (station de pompage et équipements hydromécaniques), on a mis

en place deux fonds. Il s'agit du FOMUR et du FOMIIG.

Le FOMUR est un instrument d'orientation et de contrôle du gros entretien et renouvellement (GER) des périmètres publics transférés. Il doit également permettre d'assurer une meilleure rémunération aux provisions constituées que les DAT utilisent actuellement. Ce fonds sera alimenté par les provisions constituées par les usagers pour le renouvellement des

équipements des périmètres publics concédés. La part de l'Etat est prévue pour financer en
partie les dépenses de GER dans les périmètres transférés mais structurellement déficitaires.

Le FOMPI est destiné à financer les travaux d'entretien des grands périmètres publics non transférés et à contribuer au financement du gros entretien et renouvellement des groupes moto pompe et réseaux des PIV de 1ière et 2ième génération sur la base de 5% par an des GMP et superficies concernées. Les contributions de la puissance publique sont conditionnées par une garantie de mise en culture et une participation financière des usagers de ces périmètres à

leur mise en état.

1.3) Les infrastructures d'intérêt général

La maintenance des pistes rurales, des digues protégeant des lieux d'habitation ou

plusieurs périmètres irrigués ainsi que toutes les infrastructures sur lesquelles se font les
transports des intrants et de la production, les axes hydrauliques naturels ne faisant pas l'objet
d'aménagements visant à la desserte de périmètres irrigués, sera financée par le FOMIIG.
C'est un fonds qui est constitué exclusivement des contributions de l'Etat.

2- La gestion des fonds et utilisation des ressources 2.1) La gestion des fonds

Pour permettre à la nouvelle politique de maintenance des aménagements hydro agricoles de porter ses fruits, les fonds doivent être gérés de manière compétente. Cependant, les fonds de maintenance, puisqu'ils ne sont pas alimentés de la même manière présentent quelques différences dans leur mode de gestion. Ainsi, le FOMAED est géré par la SAED mais sous le contrôle des usagers ; le FOMUR, bien vrai qu'il n'est pas encore fonctionnel, sera administré par un représentant des usagers avec un contrôle de la SAED ; la gestion du FOMPI est assuré par la SAED à partir des contributions de l'Etat ; c'est la SAED qui se

charge également de la gestion du FOMIIG mais les travaux ne sont engagés qu'après

délibération officielle des conseils ruraux et approbation de l'autorité compétente.

2.2) L'utilisation des ressources

Les fonds de maintenance ne sont pas utilisés n'importe comment. Ainsi ils sont

destinés à financer :

- tout types de travaux d'entretien des infrastructures concernés ;

- le renouvellement des équipements installés sur ces infrastructures ;

- la rémunération de la maîtrise d'oeuvre (études et contrôle des travaux de

maintenance) correspondant, soit 7% du montant hors taxes des travaux réalisés ;

- la rémunération de la maîtrise d'ouvrage assurée par la Direction Autonome de la

Maintenance (DAM), au tarif de 2,5% du montant hors taxes des travaux réalisés ;

- le remboursement éventuel des frais de déplacement des délégués des comités

d'usagers et leurs représentants à la commission des marchés de la SAED ;

- les frais de procédures éventuellement engagées pour le recouvrement de la

redevance, à l'exception des coûts internes à la SAED ;

- les frais d'audit des fonds éventuellement demandés par les comités d'usagers.

Tout fonds destiné à la maintenance d'une infrastructure donnée ne peut pas être

employé pour la maintenance d'une autre infrastructure. 3- Les comités d'usagers

Un des bienfaits de la nouvelle politique de maintenance et qui est loin d'être

négligeable est la mise sur pied de comités d'usagers. Ces derniers ont pour mission
principale d'assurer le suivi et l'usage de la dotation de l'Etat et de la gestion de la redevance

perçue auprès des usagers. Ainsi chaque adducteur et émissaire de drainage dispose d'un

comité d'usager.

Les comités d'usagers comprennent : des usagers agricoles directement raccordés (souvent des Unions hydrauliques) disposant d'un branchement sur les aménagements hydro

agricoles structurants concernés ; des entreprises n'utilisant pas l'eau à des fins principales
d'irrigation, mais prélevant ou rejetant de l'eau dans ces aménagements et des conseils ruraux

de la zone concernée.

Puisque la nouvelle politique privilégie le dialogue entre acteurs, les comités d'usagers

donnent leurs points de vue et parfois prennent des décisions relatives aux travaux de
maintenance. Donc ils ont des attributions consultatives et décisionnelles que nous tenterons

d'étudier.

3.1) Les attributions des comités d'usagers
a) Les attributions consultatives

Afin de permettre aux usagers de se sentir carrément impliqués dans la maintenance

des aménagements hydro agricoles, un certain nombre d'attributions leurs sont conférées.
Cela peut donc être salué comme une approche participative de gestion. Ces attributions sont

entre autres :

- la participation à l'identification de tous les besoins en terme de maintenance ;
- la fourniture de propositions sur les programmes annuels et pluriannuels de

maintenance et sur les fonds qui s'y rapportent ;

- donner un avis sur l'inventaire des surfaces redevables établis par la SAED ;

- la proposition de mesures concernant le recouvrement des redevances auprès des usagers et notamment l'examiner et la prononciation sur les demandes de dégrèvement de

redevance faites par les usagers, etc.

b) Les attributions décisionnelles

Les prérogatives des comités d'usagers ne sont pas uniquement d'ordre consultatives,

il existe d'autres à caractère décisionnel. Parmi ces derniers on peut retenir :

- la demande ou l'interdiction à la SAED (avec les Conseils Ruraux) de lancer des procédures de désaffectation des terres ou de saisie sur les ressources ou sur les biens des

usagers ;

- la participation au choix des bureaux d'études et des entreprises (participation à la commission des marchés de la SAED au même titre que les représentants de la SAED)

intervenant dans la maintenance des aménagements de leur ressort ;

- la saisie des autorités de tutelle de la SAED en cas d'insuffisance du service fourni ou de la gestion déficiente des fonds destinés à la maintenance des aménagements de leur

ressort.

3.2) La structuration des comités d'usagers

Les comités d'usagers sont composés d'une assemblée générale, d'un conseil des

délégués et des commissions.

L'Assemblée Générale regroupe les usagers de chaque comité, avec des sous assemblées générales autour de sous-ensembles hydrauliques en fonction de la diversité des situations physiques et socio-économiques.

Le Conseil des Délégués est élu par l'Assemblée Générale avec un mandat qui dure

trois ans renouvelables.

Les Commissions sont constituées soit par sous-ensemble hydraulique et, dans ce cas, prévues par l'arrêté interministériel, soit selon des thèmes laissés à l'initiative des comités.

Etat Usagers

Redevance hydraulique
Financement du
Service public

Redevance FOMAED

SAED DAM

Budget Travaux de main- Unions d'usager

tenance, appui-conseil,
formation, contrôle. Gestion

Travaux de maintenance

Adduction, drainage

Légende :
Prestations
Rémunération acteurs

Aménagements structurants et D'intérêt général

(adducteurs, émissaires, pistes, digues, etc.)

Aménagements terminaux ( périmetres)

Figure 3 : Schéma de l'organisation de la maintenance

4- Les réunions de sensibilisation

Dans le cadre de la mise en place des fonds de maintenance, la SAED a développé des mesures incitatives, C'est dans ce cadre que des réunions ont été programmées et tenues avec le dispositif SAED. La DAM avait multiplié en grand nombre tous les documents relatifs aux

fonds pour les mettre à la disposition de tout le dispositif pour qu'il puisse s'imprégner

davantage des tenants et aboutissants de ces divers fonds et convaincre par voie de

conséquence les producteurs à participer à leur établissement.

Par la suite, la DAM avait également pris l'initiative d'organiser des réunions de sensibilisation au niveau de l'ensemble des villages où il y a des périmètres publics sur les enjeux des fonds de maintenance et de leur importance. Ainsi les usagers de ces

aménagements étaient suffisamment informés voire mise au parfum de la nouvelle politique
de maintenance.

Cependant, l'information avait des problèmes pour passer avec les producteurs privés

malgré les nombreuses réunions.

Dans cette série de réunions, il a noté que les communautés rurales n'ont pas été en

reste. En effet, en rapports avec les conseils ruraux, la DAM a tenu des rencontres de
sensibilisation dans leurs principaux locaux.

A- Les programmes annuels et coûts de maintenance

1- Les programmes de maintenance

Les travaux d'entretien des infrastructures hydro agricoles sont réalisés en fonction des programmes bien définis communément appelés programmes annuels de maintenance. Chaque année, on donne l'ordre aux différentes Délégations d'établir un programme pour la mise en bon état de fonctionnement du patrimoine aménagé. Pour ce faire, on organise une rencontre réunissant les représentants du comité des usagers, de la SAED et du conseil rural et dans laquelle on fait une évaluation des activités de l'année précédente afin de faire jaillir les priorités. Ce sera sur la base de ces dernières et en fonction du budget alloué (par exemple pour l'année 2006, le budget se chiffrait à 188 113 417FCFA, DAM cf. réunion) qu'on lance

le programme.

Une fois le programme de maintenance lancé, la DAM en parfaite collaboration avec

la DAGE établie et lance un dossier d'appel d'offres. En réponse à cet appel d'offre, des
entreprises ayant des expériences dans le domaine de la maintenance réagissent en faisant des

prestations de services.

Dans le cadre des travaux d'entretien qui se font annuellement sur les infrastructures hydro agricoles, plusieurs entreprises interviennent dans le périmètre de Boundoum. Parmi ces dernières, nous pouvons citer EGECAM (cette entreprise a été créée par des anciens de

RAZEL), le GIE THAYTOU, Equip Plus, etc.

Cependant avant que les travaux n'aient lieu, des contrats doivent être au préalable

signés par la SAED et l'union hydraulique d'où les contrats de maintenance.

1.1) Les contrats de maintenance

Dans le cadre de l'entretien préventif il y a un contrat qui lie la SAED et les unions

concessionnaires. Ce contrat peut soit intéresser les services d'adduction et de drainage
(contrat FOMAED), soit intéresser les stations de pompage. Dans la pratique un contrat de

maintenance avait été signé par l'union des OP de Boundoum et la SAED en 1999. Son

analyse nous permettra de comprendre réellement ce qui a été fait dans le casier de

Boundoum. Ce contrat était relatif à la maintenance des équipements électriques,
électromécaniques et hydromécaniques. Dans tout cela la SAED avait pour mission d'assurer

des prestations de services que l'union devait rémunérer.

a) Les prestations de services de la SAED

En premier lieu, la SAED avait procédé à un contrôle systématique électrique consistant à vérifier et au besoin à remettre en état toute la partie électrique des stations de pompage (moyennes et basses tensions) ainsi que ses automatismes et sa régulation.

Ensuite il y a eu un contrôle systématique mécanique qui consistait quant à lui à

vérifier l'état des diverses machines et appareillages tout en assurant leur entretien. En
présence du contractant (M. Brahim Niang, président de l'union d'alors) une opération de
mise en service avait été faite. Cette mise en service permettait de mettre en marche les

installations au début de chaque campagne d'irrigation et d'en vérifier leur bon

fonctionnement.

Après cela, un contrôle des appareillages hydromécaniques du réseau s'était opéré. Ce

travail avait pour objectif de vérifier leur bon fonctionnement, de procéder aux différents
réglages et d'effectuer l'entretien courant des vannes de garde, des vannes de sectionnement,

des modules à masque.

Enfin, nous avons les dépannages et réparations. A la demande de l'union, la SAED avait effectué les dépannages électriques et les réparations d'ordre électrique ou mécanique dans les stations ainsi que les réparations des appareillages hydromécaniques sur le réseau gravitaire de distribution. Si on ne peut pas réparer un matériel sur place, on l'amène au

niveau de la DAM.

b) La durée des travaux

Le contrôle électrique systématique des stations de pompage est réalisé une fois par an

tandis que le contrôle mécanique se fait deux fois par an avant et après chaque campagne
d'hivernage. Pour les appareillages hydromécaniques du réseau, le contrôle a lieu une fois par
an. Mais la SAED tenait à informer à l'avance, le contractant de la date de ces trois contrôles.

La mise en service des stations quant à elle, est faite avant chaque campagne d'irrigation à la demande du contractant. Les dépannages électriques sont effectués dans un

délai maximum de deux jours. Les réparations sont faites après l'aval du contractant sur le
devis correspondant qui, outre le coût, précise également le délai global d'intervention, le plus

bref possible.

2- Le coût des prestations

Toutes ces opérations : contrôles systématiques (électrique et mécanique), mises en

service des stations d'irrigation et de drainage ainsi que le contrôle des appareillages
hydromécaniques du réseau d'irrigation sont rémunérées par une redevance forfaitaire. C'est-
à-dire que ces travaux se déroulent dans la Délégation de Dagana, Podor, Matam ou de Bakel,

la redevance reste la même. La rémunération couvre également :

- l'intervention du personnel de la SAED sur simple demande à tout moment et cela dans le
cadre du régime d'astreinte ;

- il peut arriver que besoin se fasse sentir pour que l'on procède à un diagnostic avant la
réparation et le cas échéant avant dépannage ;

- parfois les délais de livraison de pièces détachées proposées par le fournisseur sont longs et
pour pallier cela, la SAED dispose d'un magasin de stockage de pièces et machines (groupes
d'électrogènes, électropompes, transformateurs, etc.) ;

- la répercussion au contractant des conditions commerciales consenties à la SAED par ses
fournisseurs agréés ;

- les pompistes, les aigadiers, etc. bénéficient d'une formation à l'occasion de toutes
prestations ou visites de la SAED ;

- le conseil pour toutes décisions techniques que le contractant sera amené à prendre lors ou
en cours de campagne ou lors de son assemblée générale annuelle ;
- l'appui-conseil nécessaire face au fournisseur si des anomalies sont constatées au niveau de
la qualité du produit, des conditions de garantie ou de la facturation ;
- la garantie de résultats dans les jours suivants les dépannages et réparations effectués.

Le montant de la redevance (R) sera calculé sur un coût unitaire par pompe ou bien groupe électropompes (GEP) de 62 000FCFA. Puisque l'union disposait en 1999 neuf (9)

GEP alors :

R99 = 62 000FCFA * 9 = 558 000FCFA.

R renvoie à la redevance forfaitaire et 99 à l'année 1999.

Le dépannage électrique est aussi facturé sur la base d'un forfait (F) avec l'application

d'un prix unitaire à la demi journée de 10 000FCFA.

Il est important de noter que cette somme couvre tous les frais de main-d'oeuvre et de déplacement quelque soit la distance parcourue et le temps passé dans l'installation par l'équipe de la SAED.

On a ainsi : F 99 = 10 000FCA * nombre de demi journées.

Le coût d'une réparation (H) sera facturé sur la base d'un devis. Le devis tient compte

du coût de la main-d'oeuvre, du déplacement et des fournitures nécessaires pour la réparation.

Les frais sont calculés par application d'un prix de 3 000FCA. Le nombre d'heures est le
temps effectivement passé par l'équipe de la SAED pour faire cette réparation.

H 99 = 3 000FCFA * nombre d'heures.

Le contractant se libère des sommes dues pour l'exécution de ce contrat par virement au compte ouvert auprès de la CNCAS, agence de Saint-Louis ou par chèque ou encore à la

caisse de la DAM, dés réception des factures établies par la SAED conformément aux

dispositions suivantes :

La redevance R 99 est facturée le 01 Août et payable au plus tard le 01 Février 2 000,

fin de la campagne d'hivernage.

Les réparations H 99 sont facturées au fur et à mesure de leurs réalisations.
Les dépannages F 99 sont facturés à la fin des campagnes d'irrigations qui existent dans
l'année. C'est-à-dire : hivernage (01 Février) ; contre saison froide (01 Avril) et contre saison
chaude (01 Juin).

Le contactant doit s'acquitter de ces redevances un (1) mois après avoir reçu les

factures. Passé ce délai, il subira des sanctions de la part de la SAED.

Dans le cadre de contrat aucun conflit digne de ce nom n'avait été noté. Mais nous

tenons à signaler à l'attention des décideurs et chercheurs qui s'intéresseraient à cette

thématique que si des difficultés surgissent entre les deux protagonistes, une solution à
l'amiable sera trouvée. En l'absence de conciliation, les litiges pouvant naître de l'application

d'un contrat seront soumis au jugement du tribunal régional de Saint-Louis.

Hormis ce type de contrat, nous pouvons avoir d'autres que la SAED paraphe avec les autres acteurs de la maintenance des infrastructures hydro agricoles à savoir les usagers, les

conseils ruraux.

B- Les difficultés et les perspectives de la mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance dans le casier

1- Les blocages de la mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance
1.1) Les problèmes rencontrés par les entreprises dans l'exécution des travaux

Au niveau du casier de Boundoum, la mise en oeuvre de la nouvelle politique de

maintenance est rendue difficile par un lot de problèmes. D'abord, les entreprises
adjudicataires des marchés de travaux sont souvent confrontées à des difficultés notables dans
l'exécution de ces derniers. Ces problèmes sont relatifs à la fréquence des pannes (Scrapers,

Grader, pelle hydraulique, et camions qui occasionnent des arrêts de chantiers de
l'entreprise) ; la vétusté des engins ; le ravitaillement des engins en carburant pose également

problème (ICA, 2005).

Par ailleurs, dans les FOMIIG la réhabilitation des pistes était souvent contraignante dans la mesure où les carrières étaient situées à des endroits très lointains. Ce qui réduit sans conteste le nombre de rotations journalières des camions.

En outre, dans certains sites on note des difficultés d'accès. A titre d'exemple, tous les travaux qui devaient s'opérer dans l'émissaire du Delta, en 2006, n'ont pas pu être réalisés en raison notamment du fait que les producteurs de Boundoum drainaient leurs eaux (d'où des

sols humides) et il en est résulté d'énormes problèmes pour l'entreprise THAYTOU d'y
accéder. L'entreprise attend jusqu'à présent une période favorable pour y faire intervenir ses

engins (SCIEPS, 2006).

1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs bloquants de la mise en oeuvre des
fonds de maintenance dans le casier de Boundoum

Facturation et recouvrement sont aujourd'hui des facteurs qui entravent la réussite de

la nouvelle de maintenance des aménagements hydro agricoles dans le périmètre.

a) La facturation

En 2003, l'année où on a commencé l'application de la nouvelle politique de maintenance (Th. Diallo, com. Orale, mercredi du GIRARDEL), débute également des malentendus entre DAM et producteurs. En effet, la publication des factures à recouvrer en

février 2004, avait suscité le courroux des paysans de l'union des OP de Boundoum qui
avançaient l'idée selon laquelle ils n'avaient pas mis dans leurs expressions de besoins la
redevance FOMAED. Donc ces derniers n'étaient pas bien préparés et par voie de
conséquence le règlement a été faible voire nul.

Lors du conseil des délégués tenu au village de Ndiaye en 2003, une décision de taille fut alors prise : 50% du montant facturé devait obligatoirement être payés et pour le reste, le remboursement était prévu ultérieurement.

D'une manière globale, les problèmes liés à la facturation dans la zone, selon M.

Mamadou Wane (chef de service de la clientèle de la DAM) sont :
- la collecte des données pose un réel problème : les données ne sont pas toujours fiables. Ce

qui entraîne l'annulation de certaines factures ;

- la détermination des superficies redevables semble être une équation sans solution ;
- il n'est pas toujours aisé de localiser tous les usagers ;

- le refus catégorique de certains usagers de prendre les factures ;

- l'acheminement des factures : ça doit se faire main à main sans quoi certains usagers
n'hésiteront pas à dire qu'ils n'ont encore rien reçu.

b) le recouvrement

A ce niveau, ce qu'il faut surtout noter c'est que les usagers commencent le plus souvent à payer la redevance mais pour la plupart du temps ils proposent le remboursement en

nature (riz paddy) ce qui est contraire aux aspirations de la banque (CNCAS) qui préfère

plutôt le paiement en espèce.

Le taux de recouvrement est relativement faible pour l'ensemble de la zone du Delta (Délégation de Dagana). Cette situation découle en grande partie du fait que bon nombre d'usagers ne s'acquittent plus de leurs redevances.

L'union de Boundoum n'est assujettie qu'au service de drainage. Ici, contrairement

aux autres types d'aménagement (PPNT, PIV, PIP), la facturation est en fonction de la
superficie affectée. Donc, que les gens cultivent ou non la facture reste la même. Le tableau

suivant montre la situation du recouvrement de 2003 à 2006 dans le casier.

Tableau 6 : Situation du recouvrement de 2003 à 2006 dans le casier de Boundoum.

Secteur

Usager

Année

Montant

Montant

Solde en

Taux en %

 
 
 

facturé en

réglé en

FCFA

 
 
 
 

FCFA

FCFA

 
 

Delta

Union de

2003

49 539 840

36 833 800

12 706 040

74%

central

Boundoum

2004

49 539 840

47 003 960

2 535 880

95%

 
 

2005

49 539 840

--

49 539 840

00%

 
 

2006

49 539 840

--

49 539 840

00%

Total

198 159 360

83 837 760

114 321 600

42%

Source : DAM 2007

L'analyse du tableau ci-dessus montre de bons taux de recouvrement durant les premières années de mise en application de la nouvelle politique de maintenance (74% et 95%

respectivement en 2003 et 2004). Pour les années 2005 et 2006, il n'y a pas eu de

recouvrement. Cette situation peut trouver son explication sur le fait que les deux dernières

campagnes ont été catastrophiques et une telle situation ne permettait pas aux paysans de

rembourser leurs dettes. D'ailleurs à travers le célèbre mouvement dénommé Forces

Paysannes, ces derniers tendent la main aux autorités étatiques afin que leurs dettes soient

annulées (voir annexes).

Cependant il convient de souligner qu'il existe une typologie dans le comportement des clients (producteurs) de la DAM :

- un client qui peut et veut payer mais qui se contente de dire tant que la DAM ne viendra pas
chez lui il ne paierait jamais ;

- un client qui veut payer mais qui ne le peut pas faute de moyens financiers ;
- un client qui peut payer mais qui n'est pas satisfait du service fourni ;
- un client qui peut payer mais qui refuse par mauvaise foi.

En définitive nous pouvons déduire que c'est l'avenir même du FOMAED qui est rendu incertain, au regard de la situation qui prévaut actuellement. De même, la DAM est un

service autonome, donc qui va bientôt se prendre en charge. Mais avec ce rythme de

recouvrement, force est de reconnaître qu'elle est loin de voir un tel souhait se réaliser.
Partant de là, c'est la nouvelle politique de maintenance qui risque d'échouer dans cette partie

du Delta si des solutions ne sont pas trouvées.

2- Quelques propositions en vue d'une amélioration

Pour mieux réussir la nouvelle politique de maintenance, surtout à Boundoum,

quelques suggestions méritent d'être appliquées.

D'abord la mise en oeuvre du FOMAED a montré un certain nombre de limites relatives aux activités de recouvrement et de signature des contrats. Ces équations doivent être résolues immédiatement. Par exemple au niveau du recouvrement on doit prendre des mesures coercitives telles que l'application de sanctions à l'endroit des débiteurs récalcitrants : «quand la diplomatie atteint ses limites, il faut faire parler les armes» pour décanter une situation de la

sorte.

Ensuite, une collaboration avec les institutions mutualistes (MEC : Mutuel d'Epargne

et de Crédit) pour intégrer dans leurs dossiers de crédit la redevance FOMAED.

En outre, des rencontres périodiques entre les principaux acteurs que sont la DAM, Délégations, représentants de la Direction générale, représentants des comités d'usagers et conseils ruraux sont nécessaires pour des évaluations à mi-parcours des opérations relatives

aux fonds de maintenance afin de corriger les dysfonctionnements éventuels.

Enfin, la SAED, pour mieux réussir cette politique, doit en signant les expressions de

besoins exiger aux paysans de signer les ordres de virement.

Pour éviter le vandalisme qui sévit dans certains endroits, il est indispensable de créer

des conditions favorables à l'appropriation par les usagers de certains ouvrages.

L'implication des usagers n'est pas aussi effective que cela puisse paraître. Durant

notre stage, lors de la réunion avec les paysans sur la situation des fonds de maintenance de
2003 à 2006 dans la Délégation de Dagana, certains délégués ont déploré le fait de n'avoir pas

été informés de la date de réfection. Donc cela est à corriger dans l'avenir en mettant au

courant toutes les personnes concernées le jour de l'exécution et de faire en sorte qu'elles

soient présentes ce jour là.

3-Quelles perspectives de la mise en oeuvre de la nouvelle politique de
maintenance à Boundoum ?

Avec la mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance, de belles perspectives

s'offrent et qui profiteraient bien aux populations du périmètre de Boundoum. Ces
perspectives sont légion et se résument sur :

La mise en oeuvre, dans un avenir proche, du FOMUR. Cela permettra la définition d'un cadre réglementaire relatif à la constitution et à la l'utilisation des provisions pour gros

entretien et renouvellement (GER) chez l'union des OP de Boundoum. Le FOMUR permettra
également aux paysans de disposer d'une capacité financière leur offrant la possibilité de

renouveler leurs équipements hydro agricoles. Un autre bienfait que l'on espère dans la mise
en oeuvre du FOMUR est la préservation de l'autonomie financière et la responsabilité de

l'union.

Il est prévu, cette année, l'entretien de l'axe Ross-Béthio- Boundoum-Barrage. Cela contribuera activement à réduire les nombreuses contraintes que les exploitants du casier connaissent aujourd'hui. C'est le cas, par exemple, de l'acheminement des intrants pendant

l'hivernage.

Si les textes sont respectés à la lettre et que les acteurs s'impliquent davantage, nous

pouvons être optimistes sur le fait que la nouvelle politique de maintenance des
aménagements hydro agricoles puisse assurer une pérennisation du système de production et

au-delà une relance continue de la filière rizicole.

Conclusion générale :

Cette étude a révélé que le delta du fleuve Sénégal est passé, suite à une artificialisation, d'une vocation agropastorale à une vocation presque rizicole. En effet, avant l'introduction de la culture irriguée, le Delta était une zone d'élevage extensif et de culture de

décrue.

Aujourd'hui ce système d'exploitation traditionnel de l'espace est fortement

bouleversé par le développement rapide des aménagements hydro agricoles.

La gestion de certains de ces aménagements a très vite été transférée à des organisations de producteurs. C'est ainsi que l'union des OP de Boundoum s'est chargée d'assurer cette lourde tâche au niveau du casier rizicole de Boundoum. Mais l'entretien de l'aménagement lui parait être un casse-tête chinois. En fait, malgré les efforts considérables consentis dans ce domaine, l'union connaît de sérieux problèmes pour réussir à remettre en

bon état de fonctionnement le périmètre. Ce qui peut, sans nul doute, porter atteinte à la

préservation de l'aménagement et de la production.

L'application de la nouvelle politique de maintenance en 2003 est une opportunité pour la relance de l'agriculture irriguée. Cette redynamisation est très attendue par les acteurs.

L'entretien courant des infrastructures hydro agricoles revêt donc une importance capitale.

Toutes les contraintes doivent être levées pour la réussite de cette politique. Le coût des
travaux d'entretien ne doit plus constituer un frein à la remise en bon état de fonctionnement

nonobstant les problèmes que rencontre la filière rizicole.

La gestion intégrée et ou participative de la maintenance des infrastructures hydro agricoles qui est l'un des acquis de la nouvelle politique de maintenance permettra de relever les défis qui se présentent : une gestion formelle de l'eau d'irrigation et une gestion abordable de l'eau en agriculture qui soit favorable aux paysans à revenus souvent faibles ; adaptation à

une demande alimentaire persistante et changeante et la recherche de niveaux durables de

développement. Une fois ces défis relevés, la sécurité alimentaire sera assurée et
l'autosuffisance alimentaire atteinte. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons pour
nos prochains travaux de recherche l'ambition de porter notre réflexion sur les rapports entre

la maintenance des systèmes d'irrigation et la sécurité alimentaire.

Nous osons espérer que nos éventuels travaux intéresseront tous ceux qui de manière directe ou non sont concernés par la maintenance et qu'ils bénéficient du soutien de ces

derniers.

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www.fao.org/docrep

www.cifas.sn

Table des illustrations

Liste des cartes et figures

Carte 1 : La carte de situation du delta du fleuve Sénégal .. P 15

Carte 2 : Le réseau hydrographique du delta du fleuve Sénégal . P 26

Carte 3 : Les différents types d'aménagements hydro agricoles du Delta .. P 44

Carte 4 : Le périmètre de Boundoum et de l'émissaire du Delta P 48

Figure 1 : L'évolution de la pluviométrie à Richard-Toll de 2000 à 2004 . P 23

Figure 2 : La répartition des superficies aux villages p 53

Figure 3 : L'évolution de l'intensité culture de 1991 à 2006 ..... P 57

Figure 4 : Schéma de l'organisation de la maintenance . P 82

Listes des photos

Photo 1 : Un GMP installé sur les berges du Gorom-Amont . P 42

Photo 2 : Une batteuse « bourga » . P 55

Photo 3 : La station de pompage de Diawar . P 61

Photo 4 : Un module à masque . P 62

Photo 5 : Le château d'eau du village de Ronkh P 65

Photo 6 : Un canal de drainage envahi par les Typha australis ..... P 67

Photo 7 : Travaux de faucardage manuel sur un adducteur P 78

Liste des tableaux
Tableau 1 : L'évolution de la pluviométrie de 2000 à 2004 P 22
Tableau 2 : La répartition de la population du Département de Dagana selon la collectivité

locale et les différents recensements en 2005 P 30

Tableau 3 : Les grands aménagements du Delta et leur mode de gestion P 40

Tableau 4 : Les différents types d'aménagement en fonction du coût d'investissement à

l'hectare .. P 42

Tableau 5 : Chronologie de la réhabilitation P 50

Tableau 6 : La répartition des terres entre les villages P 51

Tableau 7 : La situation de la mise en valeur au cours de cette période P 56

Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés dans le périmètre P 58

Tableau 9 : La maintenance des infrastructures du périmètre de Boundoum P 69

Tableau 10 : Les dépenses effectuées sur la maintenance (en FCFA) P 70

Tableau 11 : La décomposition de la redevance hydraulique .... P 71

Tableau 12 : Situation du recouvrement de 2003 à 3006 dans le casier de Boundoum P 91

Table des matières

Dédicaces 2

Remerciements 3

Liste des cigles et acronymes 4

Introduction . 7

Problématique 8

Méthodologie . 10

Première partie : Le delta du fleuve Sénégal : un milieu artificialisé 14

Chapitre I- Le milieu naturel et le cadre humain dans le Delta 16

A-Le milieu naturel 17
1 .Unité géomorphologiques, sols et végétation 17
1.1)- Les unités morphologiques 17

a)- Les cuvettes de décantation (appelées waalo) 17

b)- Les levées fluvio deltaques 18

1.3)- Les dunes du diéri .18

1.2)- Les sols 18

a) Les sols hydromorphes 19

b)- Les sols salés

1.3)- La végétation

2- Climatologie

.19

19

20

2.1- Les masses d'air

.21

2.2-Les températures

21

2.3-Les précipitations

22

3. Le réseau hydrographique

..23

B. Le cadre humain

...27

1)- La composition ethnique

27

2.)- Peuplement et colonisation du Delta

.28

2.1)- Les villages traditionnels

.28

2. 2)- Les villages neufs

28

2.3)- Population et évolution démographique

29

3. Les activités traditionnelles

.31

3.1. L'agriculture

.31

3.2. L'élevage

32

 

102

3.3. La pêche 33

3.4 Les autres activités traditionnelles 33

Chapitre II- L'introduction de l'irrigation et l'artificialisation progressive du milieu 34

A - L'introduction de l'irrigation 35

1)-Du plan de colonisation agricole du Baron Roger à la création de la

SAED 35

2) Le processus d 'artificialisation du milieu 37

2-1) Des cuvettes de décrue aux cuvettes rizicoles 37

2-2) L'endiguement du Delta

2-3) L 'artificialisation du régime hydrologique interne

37 ..38

3- De la reconversion des aménagements vers la maîtrise de l'eau

38

3.1) Les aménagements en submersion contrôlée

..38

3. 2)- Les aménagements en maîtrise complète de l'eau

.38

B- Les différents types de périmètres et leur organisation

39

1)- Les périmètres irrigués de la SAED

39

1.1)- Les grands aménagements

...40

1.2)- Les petits périmètres

41

1.3)- Les aménagements intermédiaires

41

2- Les périmètres privés

..41

3- Les périmètres agroindustriels

42

 

3.1)- Les aménagements de la CSS

43

3 .2)- Les aménagements de la SOCAS

..43

Deuxième partie : Organisation de la gestion et travaux d'entretien dans le périmètre de

Boundoum 45

Chapitre I- Organisation de la gestion et de l'exploitation du périmètre 46

A- Organisation de la production et de la gestion du périmètre 47

1- Historique et évolution de l'aménagement de Boundoum 47

1.1) Localisation et historique 47

1.2) Les réhabilitations et extension du périmètre 49

1.3) Evolution de la gestion des terres .50

2- Organisation de la gestion et de l'exploitation ..51

2.1) Organisation de la production .52

2.2) Les organisations paysannes .52

2.3) Les relations avec les partenaires extérieurs 52

a) L'accès au crédit

53

b) Relation avec la SAED

54

2.3) Les prestataires de services

.54

B- Mise en valeur et contraintes à l'exploitation dans l'aménagement de

Boundoum 55

1- La mise en valeur .55

1- La mise en valeur .56

1.2) L'intensité culturale ..57

2- Les contraintes à l'exploitation ..57

Chapitre II- Infrastructures hydrauliques et travaux d'entretien 59

A- Gestion hydraulique dans le périmètre 60

1- Les infrastructures hydrauliques 60

1.1) Les stations de pompage ..60

a) La station d'irrigation de Diawar 60

b) La station d'exhaure de Gaéla 61

1.2) Le réseau d'irrigation et les équipements hydromécaniques ..61

1.3) Le réseau de drainage .62

a) L'émissaire de drainage du Delta ..63

b) Les problèmes résolus par l'émissaire 63

1.4) Les pistes et autres infrastructures 63

a) Les pistes ..63

b) Les hangars ..64

c) Les AEP ..64

d) L'électrification rurale 65

2)- La distribution de l'eau ..66

3)- L'état du réseau 66

B- Les travaux d'entretien et la redevance hydraulique 67

1- Les travaux d'entretien ..67

1.1)l'entretien préventif 68

1.2) L'entretien curatif 68

2)- La redevance hydraulique ..70

Troisième partie : La nouvelle politique de maintenance : un cadre de dialogue entre

Etat, collectivités locales et usagers 72

Chapitre I- La nouvelle politique de maintenance 73

OUSSEYNOU DIELE MEMOIRE DE MAITRISE

105

A- Facteurs explicatifs et finalités de la nouvelle politique de maintenance

..74

1- Les Facteurs explicatifs de la nouvelle politique de maintenance

74

1.1) Les insuffisances de l'ancien système de maintenance des aménagements hydro agricoles

74

1.2) L'avènement de la loi sur la décentralisation

..75

1.3) La pression des bailleurs de fonds

75

2- Les finalités de la nouvelle politique de maintenance

76

B- La politique des fonds de maintenance

77

1- Les aménagements concernés

77

1.1) Les aménagements structurants

77

1.2) Les périmètres et équipements hydrauliques

78

1.3) Les infrastructures d'intérêt général

78

2- La gestion des fonds et utilisation des ressources

79

2.1) La gestion des fonds

79

2.2) L'utilisation des ressources

79

3-Les comités d'usagers

.80

3.1) Les attributions des comités d'usagers

80

a) Les attributions consultatives

.80

b) Les attributions décisionnelles

81

 

3.2) La structuration des comités d'usagers

81

4- Les réunions de sensibilisation

82

Chapitre II- La mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance : pratiques et

perspectives à Boundoum

84

A- Les programmes annuels et coûts de maintenance

84

1- Les programmes de maintenance

85

1.1) Les contrats de maintenance

..85

a) Les prestations de services de la SAED

.86

b) La durée des travaux

..86

 

2- Le coût des prestations

..87

B- Les difficultés et les perspectives de la mise en oeuvre de la nouvelle politique

de maintenance dans le casier 89

1- Les blocages de la mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance 89

1.1) Les problèmes rencontrés par les entreprises dans l'exécution des travaux 89

1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs bloquants de la mise en oeuvre des fonds de

maintenance dans le casier de Boundoum 89

a) La facturation .89

b) Le recouvrement .90

2- Quelques propositions en vue d'une amélioration .92

3- Quelles perspectives de la mise en oeuvre de la nouvelle politique de maintenance à

Boundoum ? 92

Conclusion générale 94

Bibliographie 96

Table des illustrations ..99

Annexes






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon