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Envoyé Spécial : une approche de l'environnement à la télévision française (1990-2000).

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par Yannick Sellier
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 Histoire et Audiovisuel 2007
  

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b- Mobilisation et prévention.

En conclusion de son livre, Climat sous surveillance, Philippe Roqueplo nous renseigne sur la difficulté pour toute personne de se rendre compte, en ouvrant les volets le matin, d'un éventuel changement du climat. Il en est de même pour la pollution atmosphérique. Dans le reportage « A bout de souffle », différents moyens sont utilisés pour essayer de mettre en image une pollution a priori invisible. A priori, car dès les premières images, les plans rapprochés montrent des pots d'échappement laissant échapper des fumées noires, signes tangibles d'une émanation toxique. Ces gaz d'échappement sont mis en parallèle avec le résultat d'une expérience (cf. images p. 74) : un professeur montre au téléspectateur des filtres qui recueillent l'équivalent, en poussières et gaz, de ce qui se dépose dans les alvéoles pulmonaires d'un parisien pour un temps donné. Le brouillard matinal et la grisaille du ciel parisien sont aussi donnés comme des indicateurs (comparable au smog londonien). Les données des organismes contrôlant la qualité de l'air sont aussi utilisées, on montre au téléspectateur des cartes et graphiques avec des zones en rouge (couleur du danger). Ces derniers indicateurs n'apparaissaient pas (ou très rarement) au début des années 1990 : les intervenants se contentaient d'énumérer des produits chimiques, ils les comparaient à des poisons sans véritables preuves. La nouveauté, ce sont les expériences et les études menées pour s'assurer des effets de l'environnement sur la santé, que l'on essaie de montrer (alors qu'auparavant ces études étaient assez vaguement évoquées). Enfin, la séquence dans l'hôpital avec les enfants atteints de problèmes respiratoires permet de montrer les effets sur la santé de la pollution atmosphérique. D'après les médecins interrogés dans le reportage, ils ne sont que potentiels (on parle d'aggravation des difficultés respiratoires pour les personnes prédisposées). Mais lorsqu'ils sont repris dans le commentaire, en voix-off, on insiste sur le nombre de décès et on élude le concept de prédisposition.

Envoyé spécial, 19-01-1995, 21h17, « A bout de souffle », un scientifique montre l'installation sur un toit de Paris permettant de savoir ce qu'un homme respire. 1- présentation de l'installation, 2- le filtre blanc avant l'expérience, 3- le filtre noir après l'expérience(couleur liée à la concen- tration des poussières dans l'atmo-sphère en milieu urbain).

Dans les faits, de nombreuses études, menées notamment aux Etats-Unis, confirment que les facteurs environnementaux sont à l'origine d'une croissance de certains problèmes de santé, des petits troubles respiratoires jusqu'aux cancers, d'avantage que les facteurs génétiques. Ainsi et entre autres, le Center of Disease Control (Etats-Unis) indique une augmentation, entre 1982 et 1992, de 52% du nombre de personnes asthmatiques et de la mortalité associée qui apparaît liée à l'environnement. En Europe, le lien entre la pollution chimique liée au transport et la santé est effectué en 199493(*). Mais les scientifiques Français, soucieux de ne pas affoler les populations et de ne pas jouer les oiseaux de mauvais augure, sont souvent très tempérés dans les reportages. Ils expliquent que les données sont encore à vérifier, qu'on ne peut tirer de conclusions trop hâtives.

Le magazine est donc amené à optimiser le statut de « connaissances molles » sur l'environnement afin de pouvoir fonder la prise de « décisions dures »94(*). C'est ce que l'on peut conclure des propos tenus pat José Blanc Lapierre après la diffusion de son reportage. Son reportage mobilise déjà toutes les ressources dont on peut disposer, à savoir un stock de connaissances et d'événements. Le passage de la mobilisation à optimisation des ressources disponibles s'effectue par la recherche d'exemples, et surtout, par le choix de moyens esthétiques et rhétoriques qui puissent rendre les exemples significatifs. Conformément aux intentions de Paul Nahon et Bernard Benyamin, les téléspectateurs, qui ne seraient pas encore informés, le sont. Mais ce n'est pas tout. Les recommandations explicites de José Blanc Lapierre et celles implicites contenues dans les images, incitent les téléspectateurs à adopter un autre comportement.

Cette tendance se renforce au fur et à mesure des années 1995 et 1996. D'autant plus que se discute, à l'initiative de Corinne Lepage, Ministre de l'environnement du gouvernement Juppé, une « loi sur l'air ». Cette loi instaure notamment l'obligation de se doter d'un pot catalytique et l'obligation de trouver des substituts au diesel (car c'est le carburant qui produit le plus de particules en suspension dans l'air). La loi est adoptée en dépit de très fortes pressions de la part des industriels95(*). Dans un tel contexte, les reportages suivants sur la pollution atmosphériques, ainsi que d'autres présentant l'environnement comme facteur de risque, s'apparentent (de nouveau mais différemment) à une mobilisation citoyenne, ainsi qu'à une campagne de prévention sanitaire.

* 93 Ashiéri André, Santé-environnement, dans Alliage, n°48-49, automne 2001, p. 172

* 94 Roqueplo Philippe, Climat sous surveillance, Paris, Economica, 1992, p. 97

* 95 De Banville Marc, « Les lobbies », Envoyé spécial, Paris, France 2 (production et diffusion), 27 septembre 1997.

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