WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Envoyé Spécial : une approche de l'environnement à la télévision française (1990-2000).

( Télécharger le fichier original )
par Yannick Sellier
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 2 Histoire et Audiovisuel 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C- Des moyens au service d'une volonté.

Dans un contexte finalement propice à l'innovation en matière télévisuelle, Envoyé spécial a développé une approche particulière du discours informatif et de la pratique journalistique. Cet effort de renouvellement est lié en grande partie à l'expérience et au professionnalisme de Paul Nahon et Bernard Benyamin en matière de journalisme. Mais cela ne suffit pas. Pour ce faire, ils ont rassemblé des personnes partageant cette même volonté et leur dynamisme. L'évolution du décor et du générique, le choix des sujets traités ont aussi donné consistance et cohérence à leur démarche. Le tout a d'abord été fait pour que le téléspectateur se sente en phase avec les propos tenus au cours des émissions, et ensuite, soit prêt à se laisser surprendre par des sujets parfois difficiles à aborder.

a- Qui sont les journalistes travaillant

pour Envoyé spécial ?

Envoyé spécial, 19-09-1996, 21h48, Paul Nahon va s'entretenir avec Georges Golberine à propos du reportage « Amiante, 50 ans de mensonges ».

Les journalistes sont systématiquement présents dans Envoyé spécial. Leur présence est attestée sur le plateau, au début par deux sièges, puis très rapidement par une table autour de laquelle Bernard Benyamin ou Paul Nahon s'entretiennent avec le journaliste après que le reportage ait été diffusé. Le journaliste est alors invité à s'exprimer sur les conditions de tournage, ses intentions et souvent, sur les événements qui ont suivi la fin du tournage. Le journaliste, en apparaissant à l'écran, incarne le propos et les images du reportage. Il est rendu responsable, surtout du point de vue des téléspectateurs, de l'information qu'il communique. Il participe ainsi personnellement à un processus de légitimation du discours qu'il a produit et qu'Envoyé spécial contribue à diffuser.

Il faut ici préciser ce que l'on entend par journaliste. La désignation précise de ceux qui réalisent ce type de reportages est, selon la définition de la convention collective nationale du travail des journalistes et avenants des entreprises de l'audiovisuel, rédigée dans les années 1980 et encore en vigueur aujourd'huis44(*), « Journaliste reporter d'images » (JRI). Selon cette convention, « Il est responsable de la qualité technique de la prise de vue et co-responsable avec le Rédacteur Reporter du contenu informatif des images à diffuser. » Il est précisé par ailleurs qu'il se sert de sa caméra « comme d'un stylo ». Il se distingue du cameraman par sa formation journalistique et non purement technique.

Etant donné l'apparition d'un matériel plus maniable et performant (caméscope, Betacam), on attend du JRI qu'il soit capable à lui seul de rendre compte de l'information depuis sa recherche sur le terrain jusqu'à son lancement sur le plateau du studio. L'équipe de tournage est plus autonome, souvent réduite à une ou deux personnes, les journalistes. Auxquels il faut ajouter le monteur et parfois la personne qui dit le commentaire en voix-off (le commentaire étant rédigé par le journaliste en charge du reportage). L'efficacité des journalistes et le soin apporté aux reportages qui sont diffusés sont à noter. Ainsi en 1991, Envoyé spécial reçoit le prix Albert Londres (prix récompensant le travail d'un grand reporter de moins de quarante ans) pour « L'Affaire Farewell », première d'une longue série de récompenses.

L'effectif des journalistes travaillant pour Envoyé spécial est principalement composé de personnes issues de la rédaction d'Antenne 2, puis de France 2. Mais Envoyé spécial fait aussi appel à des journalistes venant de maisons de production indépendantes. Concernant notre corpus, on observe deux tendances45(*). De 1990 à 1994, ce sont surtout des partenariats de la rédaction avec des organismes reconnus pour leurs compétences en matière de journalisme scientifique comme NHK pour le Japon, LMK Images pour la France. Ce à quoi il faut ajouter Spot Images pour les prises de vue satellitaires. Pour les reportages tournés dans les pays de l'Union Soviétique, puis de l'ex Union Soviétique après 1991, Paul Nahon et Bernard Benyamin ont fait aussi appel à la chaîne Master TV de Moscou ou encore à Est Ouest Production en France.

De 1995 à 1999, c'est la boîte de production Capa Presse qui se distingue en fournissant sept reportages à Envoyé Spécial, parmi lesquels cinq sont des sujets internationaux (au sens où le reportage est tourné dans plusieurs pays) et deux français sur des sujets sensibles (les nitrates en Bretagne et les irradiés de Forbach). Dans ses principes, cette agence s'avère correspondre à l'esprit d'Envoyé Spécial « être plus prêt des gens, montrer l'envers du décor, comprendre et enquêter. »46(*) En constante recherche de la preuve par l'image et poursuivant leurs efforts pour proposer au téléspectateur un reportage de qualité, Paul Nahon et Bernard Benyamin ont donc fait d'abord appel à des maisons de production indépendantes parce que des contraintes logistiques le leur imposaient. Ils ont aussi fait cet appel pour la liberté de ton ou le renouvellement de l'approche de l'information que les journalistes de ces maisons de production apportent au magazine.

Paul Nahon et Bernard Benyamin, parlent dans un livre consacré à leur émission en 199247(*), d'une « génération Envoyé spécial » pour qualifier rétrospectivement l'équipe des journalistes ayant travaillé pour le magazine48(*). Précisons qu'au cours des années 1990, l'âge médian des journalistes baisse légèrement pour se stabiliser entre 25 et 30 ans. En effet, au début, Paul Nahon et Bernard Benyamin recrutent de préférence des journalistes ayant une expérience et surtout d'anciennes connaissances, parmi lesquels Patrick Hesters (quatre reportages du corpus, de 1991 à 1992) ou Isabelle Staes (cinq reportages de 1990 à 1992). Puis très vite, Paul Nahon et Bernard Benyamin demandent à de jeunes reporters ou inversement de jeunes reporters proposent leurs services. Les journalistes réalisent alors un nombre plus limité de reportages pour Envoyé spécial.

En général, ce ne sont pas des journalistes spécialisés. Paul Nahon et Bernard Benyamin les choisissaient justement parcequ'ils peuvent apporter un regard neuf sur l'actualité49(*). Cela ne veut pas pour autant dire que ces journalistes n'étaient pas préoccupés à titre personnel par les sujets sur lesquels ils travaillaient. S'agissant de l'écologie, quelques cas particuliers permettent de s'en rendre compte. François Cornet, qui fait un reportage sur Tchernobyl et un autre sur une ville roumaine très polluée, est connu pour avoir couvert en 1978 le naufrage de l'Amoco Cadiz. Lorsque Georges Golbérine décide de tourner deux reportages, en 1995 et 1996, relatant les effets de l'amiante sur la santé, il avait déjà publié, en 1992, une enquête qualitative sur l'hôpital qui avait fait grand bruit et dirigeait alors la rédaction de Sciences et Avenir. Enfin Marie-Odile Monchicourt, dont le reportage traite des conditions de travail des scientifiques et du personnel dans une centrale nucléaire en Lituanie, est aussi productrice à France Inter et France Culture d'émissions scientifiques.

* 44 Cf. le site http://journalistes-reporters-dimages.france2.fr

* 45 Pour le détail, se reporter en annexe au répertoire complet des maisons de production auxquelles Envoyé spécial a fait appel.

* 46 Cf. site officiel de CAPA Production

* 47 Benyamin Bernard, Nahon Paul, Azoulay Minou (coordination), Envoyé Spécial, le livre, Edition n°1/Michel Laffont, Paris 1992, 207 p.

* 48 Pour le détail, se reporter en annexe à la liste des journalistes ayant travaillé pour Envoyé spécial.

* 49 Cf. notre entretien avec Paul Nahon et Bernard Benyamin en annexe.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand