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Comportement organisationnel des sites maraîchers coopérativisés vis à vis des contraintes environnementales

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par Blaise Muzingu Nzolameso
Université Catholique de Louvain - Doctorat en cours 2007
  

Disponible en mode multipage

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Comportement organisationnel
des sites de coopératives maraîchères
de Kinshasa vis-à-vis des contraintes
environnementales

Publié en octobre 2007 dans l'ouvrage : Les performances des organisations
africaines. Pratiques de gestion en contexte incertain, coll. "Conception et
dynamique des organisations", L'Harmattan, Paris, pp. 89-106.
Sous la direction de : Nizet, Jean et Pichault, François.

Blaise Muzingu Nzolameso1

Résumé

L'auteur s'intéresse aux relations qu'entretiennent les sites de coopératives maraîchères à Kinshasa avec leur environnement. Dans un premier temps, l'auteur aborde la question de la contribution de ces sites au développement de la filière maraîchère, à la fois sur le plan social (création d'emplois, diminution de l'insécurité alimentaire), économique (développement de solidarités susceptibles de faire face aux aléas climatiques affectant la rentabilité) et agro-environnemental (utilisation des déchets biodégradables pour fertiliser les cultures, réduction des problèmes d'insalubrité). Dans un deuxième temps, le texte se centre sur les contraintes auxquelles sont confrontés les sites de coopératives maraîchères (faible niveau d'encadrement technique, faibles capacités financières, carences en matière d'outillage, problèmes d'approvisionnement en semences de qualité, utilisation non contrôlée des pesticides). En se référant à la théorie de la dépendance des ressources, il approfondit et compare de manière systématique les stratégies mises en place par deux sites maraîchers à l'égard de contraintes similaires. L'analyse aboutit au constat de stratégies for-

1 Ingénieur Agronome et fonctionnaire au ministère du Développement rural en R.D.C, Blaise MUZINGU NZOLAMESO est titulaire d'un DEA en développement, environnement et sociétés (UCL). Il est chercheur à l'université du CEPROMAD (Kinshasa). Ses domaines de compétence sont les dynamiques agraires et l'organisation des coopératives. Il réalise actuellement une thèse à l'université catholique de Louvain portant sur l'organisation des sites maraîchers coopérativisés à Kinshasa.

( blaisemuzingu@yahoo.fr)

tement différenciées de contrôle des ressources, qui pourraient expliquer les contributions inégales des sites au développement de la filière maraîchère.

Introduction

Confrontée à une dégradation de la situation sociale, économique, politique et environnementale, la ville de Kinshasa (République Démocratique du Congo) est sujette à une paupérisation importante de sa population. Après l'échec des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel des années 80, elle a connu les deux pillages des années 91 et 93, auxquels se sont ajoutés les différents événements politico-militaires qui ont entraîné des déplacements massifs de population vers les grands centres urbains non touchés par les conflits. Dans un tel contexte, une dynamique locale de développement s'est déployée au sein de la ville de Kinshasa comme dans le reste du pays, non exempte, cependant, de contradictions. Les auteurs désignent cette dynamique, selon les cas, sous les vocables d'« économie informelle », d'« économie solidaire » ou d'« économie populaire ».

Selon Peemans (1997), les pratiques populaires combinent à la fois des stratégies individuelles, la formation de réseaux et des constructions associatives plus ou moins élaborées. Elles sont toutes liées à des contextes définis par l'histoire ancienne et récente, aux résultats de rapports de force, à la nature particulière de la crise de l'État. Ces pratiques font partie intégrante du processus de développement qui combine plusieurs logiques, à savoir l'économie, la redistribution, la solidarité et la mise en place de régulations destinées à sécuriser les acteurs concernés. Lapeyre (2002) considère que la réalité des pratiques populaires qui ont cherché - au fil du temps et des offensives déstabilisatrices - à sécuriser les conditions de vie des acteurs concernés, a longtemps été voilée.

Dans cet article, nous intégrons au cadre de l'économie populaire les activités d'une agriculture en pleine ville ayant trait à la survie. Plus précisément, notre intérêt se porte sur les cultures maraîchères pratiquées tantôt dans des sites structurés, tantôt dans des espaces non structurés (plates-bandes le long des grandes artères de la ville, terrains de football, alentours des écoles, des marchés et de certaines églises, etc.).

De multiples processus d'organisation conduisent un site maraîcher à se structurer : « coopérativisation » (Gentil, 1984), « ONGisation »

(Trefon, 2004), mutualisation, association d'exploitants maraîchers, etc. Les coopératives maraîchères représentent 58 % de l'ensemble des formes d'organisation. Les origines du processus de « coopérativisation » remontent à la coopération française qui en a été l'initiatrice vers les années 1962 avec une phase test axée sur le centre maraîcher de Kimbanseke.

Nous étudions ici les sites de coopératives maraîchères en tant que système ouvert ainsi que leur comportement vis-à-vis des contraintes environnementales. Nous entendons par filière maraîchère un ensemble d'activités liées à la production et à la commercialisation de légumes, feuilles, fruits et racines. À Kinshasa, le maraîchage apparaît comme la principale activité de l'agriculture urbaine.

Cadre théorique

En tant qu'organisations, les sites de coopératives maraîchères ne peuvent jamais être considérés comme des organismes clos sur eux- mêmes. Ce sont des systèmes ouverts (qui sont en relation permanente avec leur environnement ou leur écosystème). Les multiples segments de l'environnement conditionnent étroitement leur fonctionnement. Une telle influence se traduit en contraintes environnementales et génère des dépendances des ressources, qui nécessitent d'être maîtrisées de manière optimale.

La théorie de la dépendance vis-à-vis des ressources, développée par Pfeffer et Salancik (1978), fait clairement état des échanges que les organisations entretiennent avec leur environnement. Ces échanges peuvent s'exprimer en termes de besoins en ressources. Ces besoins deviennent des contraintes à partir du moment où ils constituent un frein à l'aboutissement d'un objectif. Une organisation devient vulnérable lorsque son besoin en ressources n'est pas contrôlé. Les auteurs pensent que la gestion de la dépendance à l'égard des ressources exige de définir et de surveiller consciencieusement l'environnement mais aussi d'imaginer des solutions rééquilibrant le pouvoir de l'organisation par rapport aux acteurs.

Par souci d'adapter la théorie de la dépendance vis-à-vis des ressources à la réalité des sites de coopératives maraîchères, nous choisissons d'identifier trois types de contraintes qui correspondent à trois types de ressources vis-à-vis desquelles les sites de coopératives maraîchères sont dépendants : les contraintes financières, technologiques et matérielles (figure 1).

Figure 1. Typologie des contraintes qui entravent le développement de la filière maraîchère à Kinshasa

Financières

Difficultés
financières

Typologie des contraintes

Technologiques

Inefficacité des pratiques de culture

Faible approvisionnement en outillage

Coût élevé et rareté des engrais et pesticides chimiques

Dégénérescence des semences

Matérielles et intrants

La difficulté de gérer simultanément toutes ces contraintes et dépendances en ressources invite à adopter une solution pratique qui consiste à classer les ressources selon leur importance critique et leur rareté. Les ressources qui sont à la fois rares et critiques deviendront logiquement la priorité maximale dans les efforts organisationnels.

Cadre méthodologique

Notre étude sur le comportement organisationnel des sites de coopératives maraîchères vis-à-vis des contraintes environnementales s'est déroulée à l'aide d'une approche en trois étapes : une première phase de prospection et de recherche bibliographique qui nous a permis d'affiner notre problématique et notre méthodologie de recherche ; une deuxième phase consacrée aux enquêtes de terrain à partir d'un questionnaire ; une troisième phase réservée à l'étude et à l'analyse des cas. Le travail de terrain s'est déroulé du 20 janvier au 20 mars 2006 à Kinshasa. Kinshasa est une ville située le long du fleuve Congo. Elle forme une entité administrative à statut particulier et joue le rôle de

centre administratif, économique et culturel de la RDC. Elle s'étend sur plus de 30 km de l'est à l'ouest et sur plus de 15 km du nord au sud.

Prospection

Pour mener à bien les travaux sur le terrain, nous avons réalisé une observation générale sur les 35 sites de coopératives maraîchères existant à Kinshasa et pour lesquels nous avons pu relever les caractéristiques communes en terme de contexte interne.

Nous avons commencé par nous imprégner du fonctionnement organisationnel des sites de coopératives maraîchères. Nous nous sommes rendus sur le terrain et avons observé, interrogé, recueilli des informations et procédé par vérifications par rapport aux documents existants tels que statuts, règlements d'ordre intérieur, rapports d'activité, statistiques de production, etc.

Questionnaire

Pour assurer la collecte des données, nous avons utilisé des enquêtes qualitatives par questionnaire à partir d'échantillons restreints limités aux membres des comités de gestion de ces sites.

Le questionnaire nous a renseignés sur :

· les stratégies développées pour mobiliser les ressources financiè-
res et maintenir la viabilité des activités de ce point de vue ;

· le système d'encadrement mis en place afin de faire face aux
contraintes liées au manque de formation et de spécialisation ;

· les alternatives développées pour lutter contre la rareté et le coût élevé des engrais et pesticides.

Étude des cas

Nous avons étudié deux sites coopératifs maraîchers (Kimbanseke et N'djili) en examinant leur dépendance vis-à-vis des contraintes environnementales. L'étude consiste, d'une part, à présenter les contributions des sites de coopératives maraîchères au développement de la filière maraîchère et, d'autre part, à présenter un diagnostic sur les contraintes environnementales qui entravent le développement de la filière maraîchère à Kinshasa, avant de relever les différents comportements organisationnels des sites par rapport à ces contraintes.

De la contribution des sites de coopératives maraîchères
au développement de la filière maraîchère

La contribution au développement de la filière maraîchère peut être observée à trois niveaux : social, économique et agro-environnemental, comme le montre le graphique ci-dessous :

Figure 2. Triple composante des sites de coopératives maraîchères qui contribuent au développement de la filière à Kinshasa.

Contrôle des
ressources

 
 

Contribution au développement
de la filière maraîchère

 

Social

 

Économique

 

Agro-environnemental

 
 
 

Sites maraîchers et composante sociale

La composante sociale met en exergue la création d'emploi et l'alternative à l'insécurité alimentaire.

Source d'emploi

Le tout premier facteur de lutte contre la pauvreté consiste à faire travailler les personnes. Les sites coopératifs occupent des exploitants maraîchers coopérateurs et des ouvriers agricoles (tableau 1).

Tableau 1. Effectifs moyens des exploitants maraîchers des sites coopératifs

Nombre de
sites de
coopératives
maraîchères

Effectifs moyens des exploi-
tants maraîchers coopérateurs
par site

Nombre moyen d'ouvriers
agricoles par exploitant
maraîcher coopérateur

Femmes

Hommes

Total

Moyenne par
exploitant

Total
ouvrier

35

115

74

189

3

567

Il ressort de nos enquêtes qu'une moyenne de 189 maraîchers coopérateurs est à l'oeuvre dans les sites coopératifs de Kinshasa. En plus, il faut ajouter que chaque maraîcher membre de la coopérative emploie de manière occasionnelle trois ouvriers agricoles en moyenne : ceux- ci constituent une main-d'oeuvre non qualifiée et formée sur le tas.

Un autre aspect frappant est la présence importante des femmes dans l'activité maraîchère (61 % contre 39 % d'hommes). Tout en jouant son rôle vital de mère de famille et d'éducatrice d'enfants, la femme constitue d'une part l'actrice principale et d'autre part l'essentiel de la main-d'oeuvre du secteur maraîcher urbain. L'approche gender adoptée dans notre recherche (Yepez et al., 2001) permet d'analyser la manière dont la femme s'intègre et participe au secteur maraîcher pour contourner la crise socio-économique que traverse la population de Kinshasa. La femme kinoise est souvent considérée comme un diamant à multiples facettes. Elle est celle qui lutte au quotidien pour la survie des enfants. Celle qui, dès l'aube, va travailler la terre, vendre sa récolte et revient au crépuscule pour nourrir sa famille en assurant l'entretien domestique et la protection de sa progéniture. Elle ne se contente pas de mettre au monde, mais se définit avant tout par son sens de la dépossession, son ascèse et sa capacité de donner un peu d'espérance aux siens. Dans cette considération du genre, il y a lieu de signaler que la femme se retrouve dans la structure administrative de la coopérative du site. En tant qu'exploitante maraîchère, elle effectue la part la plus importante des travaux agricoles, se charge entièrement de l'assainissement de la parcelle de culture et de la commercialisation des légumes.

De qui précède, nous pouvons conclure que le maraîchage constitue une activité qui offre des perspectives d'emploi et permet d'absorber une partie du chômage urbain en occupant de nombreux désoeuvrés.

Alternative à l'insécurité alimentaire

La filière maraîchère est considérée comme une source d'approvisionnement de la ville en légumes frais et, par conséquent, une alternative à l'insécurité alimentaire (Mougeot, 1993 et 2004 ; Kinkela, 2001). Du point de vue nutritionnel, il y a lieu d'indiquer que les légumes constituent un complément intéressant. Selon les calculs effectués sur la base des données de Nkwembe (2002) et Muzingu (2005), il est établi que la contribution en calories et en protéines par tête d'habitant est de l'ordre de 1,3 kcal et 8,1 g de protéines pour 100 g de légumes consommés. La qualité, la disponibilité et l'accessibilité des légumes produits dans les sites de coopératives maraîchères de Kinshasa contribuent indiscutablement à la sécurité alimentaire.

Sites maraîchers et composante économique

La filière maraîchère est considérée comme une source importante de revenu. Les éléments économiques qui nous ont permis d'apprécier cette dynamique sont repris dans le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2. Évaluation de la rentabilité d'une activité maraîchère

Rubriques comptables

 

Saisons de culture

 

Saison de pluie

Saison sèche

Dépenses d'exploitation

76

$

114

$

Recettes d'exploitation

42

$

214

$

Évaluation cash-flow brut

17

$

100

$

Autoconsommation

11

$

18

$

Évaluation cash-flow net

6

$

82

$

Source : notre thèse de doctorat.

Pour calculer la rentabilité d'une activité de production légumière dans un site maraîcher coopératif qui exploite une superficie moyenne de 400 m2, nous avons dressé l'état des dépenses d'exploitation, évalué ensuite les recettes d'exploitation par saison de culture, ressorti le cash-flow brut, déduit l'autoconsommation avant d'obtenir le cash-

flow net2. Le taux de rentabilité étant de l'ordre de 7 % en saison de pluie et de 93 % en saison sèche, il se dégage alors une nécessité pour le maraîcher de contrôler les aléas climatiques liés à la saison de pluie afin de rentabiliser ses recettes sur l'ensemble de l'année de récolte.

Il découle de ces deux composantes que le maraîchage constitue une activité qui favorise l'émergence de nouvelles solidarités socio- économiques.

Sites maraîchers et composante agro-environnementale

Composante agronomique

Les sites maraîchers coopératifs utilisent les déchets biodégradables pour fertiliser leurs cultures. La quantité moyenne de déchets biodégradables utilisés par un site maraîcher coopératif pour fertiliser le sol est d'environ 7102 m3/an (Muzingu, 2005). Les avantages agronomiques qu'offre cette pratique sont entre autres : la croissance rapide des végétaux et des racines, l'assimilation entière et directe des nutriments, la capacité accrue de rétention d'eau et la bonne perméabilité du sol, la limitation des attaques d'insectes et autres maladies des légumes.

Composante environnementale

Les déchets biodégradables utilisés dans la composante agronomique proviennent du ramassage effectué dans l'espace urbain et périurbain de Kinshasa. L'opération permet de réduire les problèmes d'insalubrité que connaît la métropole.

Après avoir décrit globalement la contribution des sites de coopératives maraîchères au développement de la filière maraîchère, nous souhaitons dresser un bilan de la triple contrainte environnementale pesant sur les deux sites maraîchers que nous avons étudiés, avant d'évaluer les processus organisationnels par lesquels ils font face à ces contraintes.

1. Le cash-flow brut est la différence entre les recettes et les dépenses, alors que le cash-flow net constitue en termes monétaires le bénéfice net de la production.

Le comportement des sites de coopératives
maraîchères vis-à-vis des contraintes
environnementales

Avant d'aborder ce point, il importe de faire un diagnostic sur les contraintes qui limitent le développement de la filière maraîchère à Kinshasa.

Diagnostic des contraintes environnementales qui entravent le développement de la filière maraîchère à Kinshasa

Une contrainte est considérée comme un goulot d'étranglement qui freine la poursuite d'un objectif. Trois contraintes environnementales ont été retenues pour ce diagnostic. Il s'agit des contraintes (a) technologiques, (b) financières et (c) matérielles et intrants (voir typologie des contraintes figure 1). Pour chaque contrainte, nous avons tenté de présenter un bilan complet.

a. Contraintes technologiques

Les contraintes technologiques sont avant tout liées au faible niveau d'encadrement technique. Elles exposent les maraîchers à des problèmes épineux tels que l'achat de pesticides et engrais de mauvaise qualité, la brûlure des cultures, l'intoxication des sols de culture, la contamination de l'eau du sol ou de l'air par les métaux lourds et la contamination de la population exposée à la rémanence de ces produits. Les cas de maladies sont surtout liés à la présence des vecteurs, à l'usage des engrais et pesticides chimiques, notamment les organochlorés. Les autres maladies sont associées à l'utilisation des déchets urbains et des eaux usées sans oublier toutefois la présence de microorganismes pathogènes (bactéries, protozoaires, virus, helminthes, etc). Le manque de formation et de sensibilisation des maraîchers reste la cause principale de toutes ces difficultés.

b. Contraintes financières

Le capital très faible dont disposent les maraîchers est une des contraintes les plus importantes en début de saison. La difficulté financière que rencontrent les sites de coopératives maraîchères de Kinshasa est généralement due aux coûts élevés des intrants et du transport, ainsi qu'à l'inexistence de l'accès au crédit. Concernant ce dernier point, il

importe de signaler que, dans les pays d'Afrique subsaharienne, les banques sont des entreprises transférées de l'Europe qui correspondent à un mode culturel étranger aux sociétés autochtones (Baumann et al., 1991). Traditionnellement, les agriculteurs n'ont que rarement recours au crédit bancaire pour financer leurs activités. L'accès au crédit est tout aussi limité du côté de l'offre, surtout avec la libéralisation du secteur bancaire mise en oeuvre dans le cadre des programmes d'ajustement structurel des années 80 et 90. Même les nombreuses institutions de microfinance, créées à la faveur de la libéralisation du système bancaire afin de financer les activités de survie et de lutter contre la pauvreté par la création de richesse et de revenus, ne permettent pas de relever le défi de l'accès au crédit. Elles ne disposent pas des moyens de leurs ambitions et sont plus promptes à financer les activités de commerce et de services : elles considèrent en effet les activités agricoles comme présentant des risques importants et une rentabilité aléatoire. Leurs conditions d'octroi (présentation d'un justificatif de revenu ou d'un compte d'exploitation actuel et/ou prévisionnel, mais aussi des pièces d'identité des cautions) sont autant de barrières infranchissables pour la grande majorité des exploitants maraîchers.

c. Contraintes matérielles et intrants

Parmi les intrants utilisés par le maraîcher kinois, un diagnostic a été réalisé sur son outillage, les semences, pesticides et engrais chimiques.

Outillage

Il ressort de nos enquêtes que certains maraîchers (21 %) sont dépourvus de tout outil, même d'un arrosoir. Un maraîcher se doit pourtant de disposer d'un minimum d'outils (un arrosoir, une houe ou une bêche et un râteau).

Semences

On constate que les maraîchers ont beaucoup de difficultés à s'approvisionner en semences de bonne qualité. L'analyse de cette situation montre que la pénurie en semences peut être justifiée par :


· L'insuffisance de l'offre en semences maraîchères de bonne qualité

Des enquêtes de terrain ont permis de constater qu'il n'existe aucune structure de production de semences maraîchères certifiées à Kinshasa. Face à cette insuffisance, les maraîchers recourent à l'utilisation des semences récoltées sur certains pieds qu'ils laissent monter en fleur à

la fin des divers cycles de production. Concrètement, les statistiques de nos enquêtes indiquent que 74 % des maraîchers produisent eux- mêmes les semences locales, tandis que 21 % d'entre eux n'en produisent pas et sont obligés de les acheter. Cette pratique d'autoproduction s'effectue sans sélection préalable et sans tenir compte des dégénérescences que peuvent subir les variétés locales et des défauts de production que peut induire l'utilisation d'une semence dont les qualités ne sont pas assurées. Certains maraîchers achètent les semences importées de cultures européennes. Considérant le fait que la production locale en semences maraîchères est inexistante, il est étonnant de constater qu'aucune structure ne s'adonne à l'importation et à la distribution des semences au niveau national. Les petits lots trouvés sur place ont un coût très élevé et par conséquent tous les maraîchers ne peuvent pas en disposer.

· La faible capacité de mise en oeuvre des projets

La faible capacité de mise en oeuvre de projets visant à assurer une production de semences de qualité est également mise en cause. En effet, l'insuffisance de moyens financiers des producteurs ne leur donne pas la possibilité de se livrer à des activités annexes de production. Ils préfèrent s'investir dans la production de biens de consommation. Ce désintérêt à l'égard de la production de semences est le résultat d'un manque d'information de la plupart des opérateurs du secteur maraîcher. Il faut pourtant relever que la production et la commercialisation des semences maraîchères dans les conditions actuelles du marché congolais pourraient être aussi rentables qu'une production légumière directe, même sans tenir compte de l'évaluation exacte des prix de revient des semences et produits maraîchers.

· La faible contribution du secteur de la recherche dans la diffusion des ressources semencières de haute qualité

Parmi les facteurs essentiels qui contribuent à la réussite de la culture maraîchère, la qualité des semences employées revêt une grande importance car la production attendue en dépend étroitement. En effet, les semis ne peuvent réussir que si les semences employées disposent d'une pureté spécifique importante, c'est-à-dire d'une faculté germinative suffisante, les rendant indemnes de germes et de maladies pouvant induire une dégénérescence des cultures. Les opérations qui tendent à stabiliser l'homogénéité variétale des semences maraîchères et à conférer à ces dernières des caractéristiques qui optimalisent la production sont souvent du ressort de la recherche. Initialement confiées de manière exclusive à l'Institut national des recherches agronomiques

(INERA), puis à certains opérateurs institutionnels (Service national des semences, etc.), ces missions ne sont plus assurées efficacement aujourd'hui.

Pesticides et engrais chimiques

Les pesticides sont largement utilisés par les maraîchers en l'absence de toute formation préalable sur les techniques d'application et sans identification du besoin. Nos enquêtes indiquent que 92 % des maraîchers de Kinshasa traitent leurs légumes avec des produits chimiques. Outre leur coût relativement élevé et leur mauvaise qualité, ces produits sont parfois très toxiques, d'autant plus que la plupart d'entre eux peuvent être absorbés dans l'organisme par voie orale, pulmonaire ou dermique. Les symptômes les plus fréquents liés à l'ingestion de ces produits sont des problèmes cutanés, digestifs, neurologiques ou respiratoires.

Stratégies variables des sites de coopératives maraîchères par rapport aux contraintes environnementales

Si l'on considère que tout système est limité dans la poursuite de son but par une contrainte, exploiter les alternatives à celle-ci serait le véritable levier d'action pour une amélioration significative des résultats (Schaefers et al., 2004). Il ressort de nos enquêtes que les deux sites de coopératives maraîchères étudiés n'anticipent pas de la même manière les contraintes environnementales. Pour le démontrer, nous avons procédé à une analyse systématique du comportement organisationnel des deux sites. Sur la base des indicateurs repris dans le tableau 3, les résultats présentent les différentes stratégies des sites de coopératives maraîchères par rapport aux contraintes environnementales étudiées.

Tableau 3. Indicateurs anticipant la dépendance en ressources ou contraintes environnementales

Organisation
étudiée

Type de dépendance
en ressources

Indicateurs anticipant la
dépendance en ressources

Sites maraî- chers coopé- ratifs de Kimbanseke et de N'djili

Ressources financières

capital social, droit d'adhésion, cotisations spéciales, ventes de semences, vente d'engrais, vente de pesticides, vente de cartes de membres, vente de fiches parcellaires, recettes des jardins collectifs, location de lopins de terre, location de matériels divers

 

dispositif d'encadrement : présence d'une « école au champ »

 

engrais, pesticides, fertilisants organiques, outillage

 

Site maraîcher coopératif de Kimbanseke

Le site maraîcher coopératif de Kimbanseke fait partie des sites pilotes dans le processus de « coopérativisation » des sites maraîchers. Il a été loti en 1954 et les premières installations des exploitants remontent aux années 1957-1958. Le processus de « coopérativisation » proprement dit a débuté en 1962 et a connu plusieurs restructurations. À ce jour (février 2006), l'effectif total relevé en son sein est de 2082 exploitants, parmi lesquels les maraîchers coopérateurs et non-coopérateurs. La coopérative ne dispose que de 148 membres, soit un taux de coopérativisation (tc) de 7 %3. Elle dispose d'un bureau assez bien équipé, est répartie en différents services et dispose d'une organisation administrative assez performante, ainsi qu'on le remarque à travers ses rapports d'activité et les statistiques sur ses productions légumières.

Par rapport aux trois contraintes mises en exergue dans notre étude et qui représentent autant de dépendances en ressources pour le site maraîcher coopératif de Kimbanseke, nos enquêtes ont permis de faire apparaître un certain nombre d'alternatives anticipatrices.

2. Le taux de coopérativisation est un indicateur sociologique qui se calcule de façon différente selon la fiabilité des statistiques disponibles. GENTIL (1984) met en exergue le nombre de coopérateurs (nc) par rapport à la population susceptible de l'être (pc).

Contraintes technologiques

Face à cette dépendance, le site maraîcher de Kimbanseke a mis sur pied un dispositif appelé « école au champ ». L'école est chargée d'assurer l'encadrement et la formation technique des maraîchers coopérateurs du site. Loin de se substituer au ministère de tutelle, la stratégie observée fait partie de la dynamique organisationnelle du site afin d'anticiper cette dépendance.

Contraintes financières

La situation économique du pays, présentée dans le diagnostic relatif à cette contrainte, rend difficile l'accès au crédit. En conséquence, le site a développé des activités d'autofinancement telles qu'un jardin collectif dans lequel les coopérateurs produisent et commercialisent pour le compte de la structure, la collecte des capitaux sociaux des membres, la levée de droits d'adhésion et de cotisations spéciales, les recettes de ventes diverses (documents, matériels) afin de suppléer aux besoins en ressources financières de la coopérative.

Contraintes matérielles et intrants

Parmi les stratégies développées par le site de Kimbanseke afin d'anticiper la contrainte relative aux pesticides et engrais chimiques, nous avons noté :

· une convergence vers l'usage des fertilisants organiques, notamment le compost, les sous-produits de la brasserie, les déchets des fermes porcines et des poulaillers ;

· la disponibilité de ces produits via les marchés de petits commer-
çants dans les environs des sites maraîchers (cas des engrais) ;

· le développement de méthodes et de pratiques agricoles appropriées qui réduisent l'utilisation des intrants externes, notamment les pesticides.

Site maraîcher coopératif de N'djili

Créé en 1962, après celui de Kimbanseke, le site maraîcher coopératif de N'djili a subi, comme tous les autres sites, les effets des pillages de 1991 et 1993. Il compte un effectif total de 2095 membres coopérateurs et non-coopérateurs et le taux de coopérativisation (tc) est évalué à 2 %. Ce site dispose d'un bâtiment en assez bon état, prévu pour le bureau, mais qui est actuellement utilisé comme magasin d'outillage et qui sert d'abri contre les intempéries.

Par rapport aux contraintes étudiées, notre enquête fait état de ce qui suit.

Contraintes technologiques

Le site maraîcher de N'djili n'organise aucune séance de formation des maraîchers sur place. Chaque maraîcher se débrouille tant bien que mal pour atténuer les conséquences néfastes de ce manque de formation et d'encadrement. Moins de 10 % des maraîchers se réfèrent à leurs collègues des autres sites en cas de non-maîtrise d'une pratique agricole, alors qu'il existe par ailleurs une structure habilitée à assurer ce lien.

Contraintes financières

Les ressources financières du site de N'djili sont constituées essentiellement des parts sociales des membres, des droits d'adhésion et de la location du lopin de terre propre au site. Étant donné l'inattention accordée aux deux autres contraintes étudiées, les maraîchers ont des difficultés à maximiser leur production à cause de la rareté et du coût élevé des intrants et matériels, ainsi que du manque des techniques agricoles appropriées.

Contraintes matérielles et intrants

Le site de N'djili n'organise aucune stratégie pour pallier cette difficulté. Les exploitants se débrouillent chacun de leur côté. Aucun dispositif collectif n'est mis en place, ce qui ne manque pas de fragiliser les activités maraîchères du site car les matériels et intrants constituent des facteurs de production très importants, qui nécessitent une attention particulière de la structure.

Discussion

Notons que les deux sites analysés présentent des caractéristiques internes communes : ils sont régis par les mêmes principes coopératifs identifiés à travers leurs statuts et règlements d'ordre intérieur. Ce sont des structures simples4 avec une présence prédominante de la femme (Yepez et al., 2001). Ils évoluent dans le même milieu géographique

3. Selon la théorie des organisations, une structure simple est une forme d'organisation qui se caractérise par une absence d'élaboration, une division du travail imprécise, un encadrement réduit, peu de formalisme et de planification, peu de différenciation fonctionnelle, une technostructure inexistante ou peu développée (Hatch, 2000).

(Kinshasa est), subissent les mêmes influences de l'environnement et sont par conséquent également dépendants des ressources qui correspondent aux trois catégories de contraintes environnementales distinguées plus haut. Notre discussion se basera sur une analyse systématique des stratégies d'anticipation des contraintes environnementales mises en place par chaque site en vue d'assurer le développement de la filière maraîchère à Kinshasa.

Il en résulte que le site maraîcher coopératif de Kimbanseke dispose d'une maîtrise incontestable de la dépendance à l'égard des ressources financières : il dispose de plus de moyens de générer des recettes que le site de N'djili, qui se limite aux seuls instruments statutaires. Quant à la maîtrise des ressources technologiques, à nouveau, seul le site maraîcher coopératif de Kimbanseke peut se prévaloir d'avoir mis en place une école au champ. Il s'agit d'un indicateur pertinent car l'école facilite la diffusion de techniques efficaces face aux maladies des cultures et aux attaques des insectes, ainsi que des techniques d'application et de respect de la rémanence des engrais et pesticides chimiques, des techniques agricoles (sarclage, semis en pépinière et en place), etc. En ce qui concerne la rareté et le coût élevé des engrais conventionnels (ressources matérielles et intrants), la confrontation des deux sites révèle une capacité supérieure du site de Kimbanseke à mettre à disposition les engrais conventionnels et à fournir les fertilisants organiques tels que la drêche, le fumier des fermes, les déchets biodégradables et le compost. Cette aptitude à utiliser la matière organique constitue une façon efficace de penser au développement de l'activité de recyclage des déchets urbains.

L'analyse des différences de stratégies entre les deux sites de coopératives maraîchères à l'égard des contraintes environnementales nous a permis d'établir la plus grande capacité d'adaptation organisationnelle du site de Kimbanseke par rapport à celui de N'djili :

· d'un point de vue financier: diversification des sources de recettes ;

· d'un point de vue technologique : encadrement et formation assurée (école au champ) ;

· d'un point de vue matériel et intrants : recyclage des déchets organiques pour un usage agricole et réduction des problèmes d'insalubrité à travers le ramassage et le stockage des déchets.

Cette capacité d'adaptation supérieure du site de Kimbanseke est le résultat d'une dynamique organisationnelle caractérisée par :

· une harmonie et une transparence dans la gestion des ressources disponibles ;


· une cohésion et une confiance mutuelle entre maraîchers coopérateurs, étant donné la régularité des réunions du comité de gestion ;

· une conviction relative aux bénéfices du travail en groupe, ce qui facilite l'écoute des orientations de l'école au champ ;

· un souci permanent de trouver des solutions efficaces anticipant les dépendances en ressources et surmontant les contraintes environnementales.

Quant au site de N'djili, on constate une faible attention de la structure aux problèmes épineux des exploitants maraîchers. Ceci se remarque à travers les faits suivants :

· faible capacité de sensibilisation des membres coopérateurs à la nécessité de rechercher des solutions face aux contraintes environnementales ;

· faible assimilation des principes coopératifs ;

· manque de confiance mutuelle et désintérêt à l'égard des activités de la coopérative (d'où l'absence d'une école au champ et d'activités d'autofinancement) ;

· faible légitimité du comité de gestion (absence de réunions).

Conclusion

Au terme de notre étude, nous aboutissons à quelques constats majeurs. Les deux sites de coopératives maraîchères étudiés évoluent quasiment dans les mêmes conditions environnementales. Ils disposent tous les deux des mêmes composantes fonctionnelles car ils sont régis par des grands principes coopératifs. Ils font face à des contraintes environnementales similaires, mais les alternatives de contrôle varient d'un site à l'autre.

La capacité inégale de chaque site maraîcher coopératif à gérer ses dépendances nous amène à énoncer l'hypothèse selon laquelle les stratégies par lesquelles les sites de coopératives maraîchères contrôlent les contraintes ou incertitudes environnementales contribuent de manière différenciée au développement de la filière maraîchère.

Il semble ainsi que le site maraîcher coopératif de Kimbanseke soit plus efficace que celui de N'djili pour ce qui est du contrôle des ressources mises en exergue dans la présente étude. La dynamique organisationnelle impulsée dans le site de Kimbanseke est le résultat des stratégies anticipatives développées par celui-ci afin de pallier les

contraintes environnementales et de développer les activités maraîchères en son sein. À l'inverse, l'assimilation précaire des principes coopératifs, la méfiance des maraîchers vis-à-vis du comité de gestion, l'inexistence d'une école au champ et l'absence d'autofinancement constituent pour le site de N'djili autant de facteurs régressifs.

Nous ne prétendons nullement à l'exhaustivité par rapport à ce thème. Il restera à étudier, dans le cadre de recherches ultérieures, les autres dépendances et contraintes environnementales auxquelles fait face la filière maraîchère kinoise, notamment la problématique foncière, la difficulté de commercialisation, les tracasseries administratives et les multiples vols dans les sites de coopératives de Kinshasa.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery