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Fluctuation du Taux de change en Haiti, une analyse de ses principales causes, de 1996 à 2005

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par Antoine Dit Rigaud Fils Fragé
Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licence 2009
  

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AVANT-PROPOS

Après avoir bouclé les quatre années d'étude en science économique à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE) de l'UEH, il est fait obligation de préparer un projet de fin d'étude pour l'obtention du grade de « Licencié en Sciences Economiques ». Ce travail n'a pas été facile, à cause du manque de disponibilité des encadreurs dans l'UEH, et de la faiblesse au niveau de la documentation destinée aux recherches. Ce travail est en fait une synthèse des quatre années d'études, mais basé sur un phénomène économique en particulier (La Fluctuation du Taux de Change). Un phénomène qui s'avère très difficile à appréhender, car il contient plusieurs dimensions d'analyses. Mais avec l'aide et les encouragements de plus d'un, nous sommes très heureux d'en arriver aux termes.

Parmi l'ensemble des variables macro-économiques, le taux de change est peut-être celle, qui a le plus désespéré les économistes. Car prévoir sa fluctuation, a toujours été un grand souci, et ceci depuis plusieurs années. Dans ce document l'objectif poursuivi a été d'évaluer théoriquement et empiriquement les principales causes de la fluctuation du change dans le cadre d'Haïti. Et l'approche monétaire de la détermination du taux de change a été retenue comme approche de base. Au niveau du cadre empirique le travail présenté par Adnan CHOCKRI pour l'Europe a été adapté à cette étude. Après l'estimation du modèle choisi via le logiciel E-views, les résultats nous ont prouvé effectivement que les variables macroéconomiques choisies comme variables explicatives du change ont respecté la réalité à 99 %. Donc la masse monétaire (locale et étrangère), le produit Intérieur brut (local et étranger1(*)) et l'indice des prix à la consommation locale ont eu de forte répercussion sur la variation du change.

INTRODUCTION

Avec l'expansion qu'a connu le commerce un peu partout dans le monde,

les pays ne pouvaient plus rester en autarcie, et se sont vu contraint de commercer, d'échanger des biens et des services entre eux. Ces pays engagés dans le commerce extérieur possèdent également leur propre monnaie qu'ils gèrent en fonction de leurs objectifs économiques intérieurs. Cette monnaie est considérée comme un intermédiaire dans les échanges, elle sert à accumuler la valeur d'échange de toutes les marchandises y compris la monnaie elle-même. Pour procéder à un échange dans le cas d'une importation ou d'une exportation, la conversion d'une monnaie en une autre monnaie s'avère nécessaire, d'ou la notion de « taux de change ». Le taux de change qui est le cours (Prix) d'une devise (monnaie) par rapport à un autre, représente un instrument macroéconomique assez important, car il permet entre autre de mesurer l'état de santé d'une économie et d'ajuster la politique monétaire et commerciale d'un pays. De ce fait, il peut être un frein à son accroissement s'il n'est pas régulé et même contrôlé.

Pensant à l'économie haïtienne, une étude sur ce phénomène, permettrera de mieux le comprendre, et de prendre des mesures nécessaires pour contrecarrer ses mauvais effets.

Il y a plusieurs années, l'émergence de plusieurs accords économiques, s'est fait ressentir un peu partout dans le monde dans le but de fixer les grandes lignes du système financier international, et de mettre en place les bases de la politique monétaire mondiale. On est passé du système de l'étalon-or (Gold Standard), au système de Bretton Wood. Car les pays les plus puissants agissaient sur les taux de change qui avaient tendance à fluctuer trop fortement après la deuxième guerre mondiale. Connaître le niveau d'équilibre du taux de change représentait un défi considérable. Donc plusieurs théories ont vu le jour, entre autre, la théorie du pouvoir d'achat (PPA2(*)), l'approche des Monétaristes, l'approche Macroéconomique, l'approche NATREX (Natural Real Exchange rate) etc. Tous ces modèles ont eu pour objectif d'expliquer les crises de change et d'arriver à une solution appropriée.

La crise des changes a eu des répercussions dans le monde, et Haïti n'a pas été exempt. Depuis les années 1910, la dépréciation3(*) de la gourde par rapport au dollar américain se faisait sentir dans le pays. Pour contrecarrer cela, le gouvernement Haïtien et celui des Etats-Unis se sont fixés un accord le 13 mai 1919 relatif au taux de change. Afin de le stabiliser, un taux de cinq (5) gourdes pour un (1) dollar américain a été accepté (selon une parité fixe). Ce taux resta en vigueur jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Durant Les années qui suivront, le taux de change deviendra très instable, s'écartant du niveau fixé par le gouvernement haïtien pour fluctuer vers le haut sans jamais revenir au niveau initial. Face à cela le gouvernement allait adopter un régime de taux de change flexible. La Banque de la république d'Haïti, malgré le régime de taux de change flexible en vigueur, cherchera tant bien que mal à contrôler la variation du taux de change, à travers maintes politiques telles que : Des interventions sur le marché des changes, la politique des taux d'intérêt, les réserves obligatoires des banques commerciales et en 1996 l'utilisation des Bons du trésor (communément appelé BON BRH4(*)).

Cependant, serait-ce possible d'admettre que ces instruments de politique monétaire sont inefficaces, une analyser plus approfondie du phénomène parait nécessaire, c'est-à-dire trouver les véritables causes de la fluctuation du taux de change malgré l'application de ces politiques. Telle est notre préoccupation dans le cadre de cette étude. De plus, compte tenu de la carence de travaux réalisés sur ce thème, ce document pourra servir de supplément à  la liste des éléments d'information utilisés par les autorités monétaires pour l'analyse et l'implémentation des mesures de politique monétaire.

Bien entendu, cette étude a avant tout, une portée académique visant à nous permettre d'étudier un phénomène économique tant du point de vue théorique qu'empirique.

La crise des changes est un problème macroéconomique mondial. Plus récemment, en 1994 ; on a assisté à une vaste crise de change dans les marchés des pays émergents5(*), tels que, le Mexique en 1994, l'Indonésie et la Corée du Sud en 1997, la Russie et le Brésil en 1998, l'Argentine et la Turquie en 2000 pour ne citer que ceux là. Pourtant, Haïti a connu la crise de change un peu plus tôt, dès la fin des années 1970, des chocs économiques notables comme, la récession de l'économie des pays industrialisés, la rupture de l'aide étrangère, les crises du pétrole (il faut mentionner qu'Haïti est non producteur de pétrole), les problèmes de l'environnement et les problèmes de la balance des paiements ont été des signes qui précédaient la crise de change. Malgré tout cela, le gouvernement dans sa politique monétaire se devait de garantir la stabilité de sa monnaie dans le but de faciliter les échanges commerciaux.

Cependant, après les années 1970, la crise monétaire semblait être définitivement installée dans le pays, la situation économique se dégrada sérieusement à la suite des déséquilibres internes qui aboutirent à une véritable crise au cours de l'année fiscale 1980-1981. Les déficits budgétaires sont de plus en plus financés par des crédits de la Banque Centrale. Entre 1987 et 1999, le financement monétaire interne constitue la plus forte composante du financement total et représente, en moyenne, 90.52%6(*) du financement total. Il s'agit dans ce cas de création monétaire, d'une augmentation de la masse monétaire et par ricochet une augmentation de la demande globale. Ce financement cause aussi le creusage du déficit commercial, entraînant une diminution des réserves internationales (diminution des réserves nettes de change), ainsi que l'accumulation d'arriérés de paiement envers la dette externe. Le dollar américain disparaissait au fur et à mesure de la circulation interne, et on allait assister à l'apparition, au milieu de l'année 1982 d'un phénomène qui était complètement nouveau en Haïti, l'émergence d'un marché parallèle des changes. Il nous fallait en ce moment beaucoup plus de gourde pour effectuer les mêmes transactions qu'auparavant. Ce qui signifie que la gourde s'est complètement dépréciée par rapport au dollar américain. Cette situation s'est aggravée au fil des années qui suivront car le taux de change passera en moyenne de 5 gdes en 1980, de 14,45 gdes en 1995 à 39.23 gdes pour un (1) dollar USD en 2005.

Durant la période sous étude (1996 - 2005), on a enregistré de forte fluctuation du taux de change, accompagné d'une recrudescence de la crise Politico-économique. Des agrégats macroéconomiques entre autres les variables monétaires, ont fluctué énormément pour la période. L'offre monétaire (M2)7(*) est passée de 9,451.05 millions de gourdes en septembre 1994 à 38,938.64 gourdes en septembre 20058(*). Cette augmentation de la masse monétaire est à la base de l'augmentation de la demande globale. Malgré les politiques de la Banque Centrale, et le régime de change flexible adopté, les réserves nettes de change ont augmenté timidement pour la période, et notre dépendance vis-à-vis de l'extérieur ne s'est pas réduite.

Face à ce problème d'instabilité du taux de change, certaines questions deviennent capitales et même primordiales : « Quelles sont les principales causes de la fluctuation du taux de change de la gourde face au dollar américain ? La masse monétaire et le PIB domestique ont-ils une influence sur le change ?» Telles sont les questions qui nous préoccupent dans le cadre de cette étude et dont les différentes réponses apporteraient sans doute une lumière aux autorités monétaires.

Notre objectif principal est de présenter les principales causes de la fluctuation du taux de change dans l'économie haïtienne. De manière spécifique, nous voulons étudier la dynamique d'ajustement du taux de change HTG/USD par rapport à certaines variables macroéconomiques telles que : la masse monétaire (locale et étranger) et la production (locale et étranger), et l'indice des prix à la consommation. Et présenter un modèle économétrique du taux de change, afin de mieux suivre son comportement par rapport à ces variables. Face aux questions préalablement citées nous formulons les hypothèses suivantes :

Les fondamentaux9(*) de l'économie influencent le comportement du change, de manière spécifique, la faiblesse de la production locale contribue à la hausse du taux de change, et la hausse de l'offre de monnaie locale affecte négativement la valeur de la gourde.

Notre travail est de nature théorique et empirique. La stratégie pour vérifier notre hypothèse est de deux sortes : une approche descriptive et une approche analytique. Dans la première approche, nous présentons le cadre conceptuel et théorique du travail, d'une part et d'autre part, nous verrons comment certaines variables clés dans cette étude ont évolué dans l'économie haïtienne de 1996 à 2005. Dans la seconde approche, nous estimons et analysons le taux de change pour Haïti à partir d'un modèle tiré dans la littérature économique.

Le modèle choisi a déjà été utilisé par plusieurs chercheurs tels que : Mohamed Douch en 2001 pour le Canada, Khan Muhammad Arshad / Sajid Muhammad Zabir pour le Pakistan et Adnan CHOCKRI pour l'Europe etc. Toutefois nous apporterons certaines modifications pour tenir comptes des spécificités propres de notre économie. Les données que nous allons utiliser proviennent de la BRH et de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI) et du site internet : www.econstats.com , et seront traitées à partir du logiciel E-views 4.1.

Le chapitre I est consacré au cadre conceptuel et à l'historicité du système monétaire International. Le chapitre II met en évidence une revue de littérature théorique et empirique du sujet, nous passerons en revue certaines théories qui ont rapport avec notre thème d'étude, à travers lesquelles nous allons tirer le cadre d'analyse pour mener cette recherche. A noter que dans cette partie, nous ne nous contenterons pas de faire des présentations, ce sera de préférence une revue critique, où nous nous proposons d'analyser les points forts et les limites des différentes théories explorées dans ce travail. Enfin, une revue de littérature empirique du sujet sera fait, où nous étudierons comment certains auteurs ont abordé ce thème.

Au niveau du chapitre (III), l'état de santé de l'économie haïtienne durant la période sous étude sera analysé et on fera ressortir les principales causes de l'évolution du taux de change en Haïti. Et dans le Chapitre (IV), nous allons d'une part, présenter et spécifier le modèle retenu dans le cadre de ce travail, d'autre part, nous présenterons et analyserons les résultats d'un point de vue statistique et économique à la lumière de la théorie économique et du contexte d'évolution de l'économie haïtienne. Cette partie permettra d'accepter ou de réfuter les hypothèses de base.

Le Taux de change étant une variable très complexe, comporte plusieurs champs d'analyse. Parmi toutes les approches qui cherchent à expliquer les variations du taux de change, celle des monétaristes a été retenu. Et certaines variables macroéconomiques clés qui ont un grand pouvoir explicatif dans la variation du change ont été choisies. Mais après le traitement des données, le logiciel utilisé pour faire ce travail ne nous a pas permis de mesurer le pouvoir explicatif de chaque variable pris séparément. Donc notre analyse se basera sur l'ensemble des données agissant en même temps sur le change. Une période de neuf ans a été choisie, soit 1996-2005, car durant cette période on a enregistré de forte fluctuation au niveau du taux de change. On a omis de faire une présentation détaillée des conséquences de la fluctuation du taux de change sur chaque variable indistinctement, car cela pourrait faire l'objet d'un autre travail de recherche.

CHAPITRE I

Régime de Change :

Analyse conceptuelle et historicité

Dans ce chapitre, il est présenté le cadre conceptuel de l'étude. Il ne s'agit pas pour nous de retenir tous les aspects des termes sélectionnés, mais de construire des concepts qui peuvent nous donner des idées claires sur le phénomène que nous étudions. En ce sens, nous définirons les termes que nous aurons à utiliser tout au long de l'étude, et déterminerons dans certains cas les dimensions qui constituent ces concepts.

1-A.- Référence conceptuelle

1.a-1- Fondamentaux de l'économie

Fondamentaux de l'économie ou variables macroéconomiques fondamentales de l'économie sont les variables sur lesquelles peuvent jouer les autorités concernés, pour pouvoir prendre les meilleurs décisions pour la bonne marche de la situation socio- politico-économique d'un pays. Elles sont généralement les suivantes :

Les prix, l'offre de monnaie, les taux d'intérêt, les écarts de productivité, la dette publique, les termes de l'échange et les actifs étrangers nets. Elles sont habituellement exprimées en écart entre les pays.

* 1 Les variables étrangères sont les variables des Etats-Unis

* 2 Voir cadre Théorique

* 3 Une dépréciation de la gourde signifie que le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain augmente, fluctue vers le haut. Et une diminution du taux de change signifie que la gourde est appréciée, taux de change fluctue vers les bas. Quand le taux de change s'écarte de sa tendance, on dit qu'il y a une fluctuation, une variation, une instabilité, une volatilité du taux de change.

* 4 A partir du mois de novembre 1996, la Banque Centrale a introduit les BONS BRH comme nouvel instrument de reprise de la liquidité à court terme du système bancaire. Cette mesure visait un double objectif. D'une part, il s'agissait de substituer progressivement les bons BRH aux réserves obligatoires pour signifier que la banque voulait rompre avec la politique de répression financière qui avait prévalu durant les quinze années antérieures. D'autre part, il était donné aux opérateurs économiques le signal d'un engagement de la BRH envers le développement du marché interbancaire.

* 5 Jean-Pierre Alleget, Mohamed Ayadi et Leile Haouaoui, « Volatilité des Chocs et degré de Flexibilité du taux de Change » Scientific Paper. P 35

* 6 Bulletin AHE, volume 1 # 3, décembre 2002, p 21

* 7 M2  : les comptes sur livrets, M3 : les dépôts à termes, bons et certificats de dépôts. M1 représente la monnaie fiduciaire (pièce et billets) et les dépôts à vue,

* 8 Rapport BRH, www.brh.net

* 9 Les fondamentaux dans notre travail sont : la masse monétaire (locale et étranger), la production (locale et étranger), et l'indice des prix à la consommation. Voir cadre conceptuel.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams