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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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Section ÉÉÉ

- Les réformes économiques et administratives.

Dans ce chapitre nous n'allons pas répéter et énumérer les réalisations économiques et administratives du mandat Chéhab. Les travaux de Hudson231(*) , Salem232(*) , El-jisr, Kfoury, et Sayigh233(*) récapitulent les réalisations du chéhabisme dans les domaines administratif, économique et social.

Mais, nous avons jugé pertinent d'analyser la politique économique du chéhabisme comme facteur de renforcement de la cohésion nationale et la réforme administrative comme ossature de l'Etat moderne.

« (...) Il existe dit Fouad Chéhab, un autre aspect de cette crise (1958) : le fossé creusé entre les différents membres de la famille libanaise. Je ne doute pas que tous les Libanais souffrent de cette situation regrettable et qu'ils soient décidés à y mettre un terme. Nous considérons que pour accomplir notre tâche essentielle qui consiste à liquider les traces de la crise, à résoudre les difficultés qu'elle a suscitées, à édifier une patrie libre et évoluée et à assurer un avenir stable et glorieux, nous devons nous attacher fermement à l'unité nationale234(*)

Il s'agissait de créer un sentiment d'appartenance à la communauté nationale pour une importante fraction de la population qui se considérait jusqu'alors frustrée sur bien des plans. Il s'agissait de redonner confiance en l'Etat à tous les Libanais. L'Etat devait prouver qu'il s'intéressait à tous ses enfants sans exception, qu'il n'y avait pas des privilégiés et des non- privilégiés.

La politique de planification et de développement pratiquée sous le mandat Chéhab depuis son élection en 1958 s'est basée sur ses convictions personnelles et sur les études effectuées par des experts étrangers et libanais dont les plus importantes sont celles de la mission IRFED, la première et la seconde.

La première étude s'est réduite au domaine des enquêtes de manière générale, alors que la seconde contenait une vision planificatrice et exécutive. Cette mission dirigée par le père Lebret est venue analyser les capacités et les besoins du Liban, et fut chargée d'exécuter les projets de développement économique entre 1961 et 1964.

Le président Chéhab a confié à ces experts de façon presque complète, la mission de reconstruire l'économie libanaise et de réformer les secteurs sociaux administratifs et gouvernementaux. En effet, il confirma au cours d'une rencontre avec le directeur de l'IRFED le 4 juin 1963, qu' « il n'y a aucun pouvoir au-dessus de celui de la mission IRFED.235(*) »

La mission IRFED a confirmé sa vision : ce sont les écarts socio-économiques entre les communautés et régions libanaises qui ont sous-tendu ou exacerbé les conflits politiques, et même nationaux, entre les Libanais et la vraie unité nationale ne peut être solide et sincère que si elle repose sur l'égalité des droits et des chances, la citoyenneté et non sur l'équilibre confessionnel.

Fouad Chéhab et Louis Lebret ont réalisé que le problème principal du Liban réside dans l'égoïsme des classes dirigeantes, dans la concentration de la prospérité à Beyrouth, et dans le dénuement le plus total des régions périphériques. Il est donc impératif de suivre une politique sociale et d'aménagement du territoire pour poser les bases d'une véritable unité nationale qui permette de surmonter clivages idéologiques et communautaires236(*). Le développement économique équilibré entre les régions devrait réduire les différences socio-économiques et renforcer l'unité nationale.

De même, le renforcement de l'unité nationale exige des réformes dans les administrations publiques pour éradiquer le clientélisme et bâtir une administration moderne basée sur des critères rationnels. Car, le salut réside dans la pratique des chemins difficiles, c'est-à-dire dans l'étude des réalités complexes grâce auxquelles nous pouvons circonscrire les maux à leur source et « dégager les principes de base qui permettent de bâtir sur le roc », selon Maurice El-Gemayel.

* 231 - Michael HUDSON, The precarious Republic: Political modernization in Lebanon, Random House, New York, 1968. ( 363 pages).

* 232 - Elie SALEM, Modernization without Revolution: Lebanon's Experience, Indiana University Press, 1973, ( 170 pages).

* 233 - Y. SAYIGH, « Lebanon » in The Economies of the Arab world : developpemnet since 1945, Croom Helm, London, 1978

* 234 - Les Discours du président Fouad Chéhab 1958-1964, p. 13.

* 235 - Mission IRFED, op.cit.

* 236 - Georges CORM, La Méditerranée, espace de conflit, espace de rêve, L'Harmattan, Collection comprendre le Moyen-Orient, Paris, 2001, p. 225. (374 pages

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams