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Une conquête existentielle et une autofiction perturbées: les effets d'un miroir brisé dans le Livre brisé de Serge Doubrovsky

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par Jérôme Peras
Université François Rabelais de Touraine - Maîtrise 1998
  

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1.4. LE RÉCIT D'ENFANCE : LE MODÈLE DES MOTS.

Pour trouver la « clé » de son existence et plus précisément, pour accéder à son enfance, autrement dit, pour en ouvrir la « grille » (pour reprendre la métaphore des pages 106 et 107), Doubrovsky utilise, en plus de la « clé » [p. 107] de Roquentin-Sartre137(*), celle marxisante de Sartre autobiographe. Il s'approprie le « trousseau [...] de clés » [ibid.] des Mots, à savoir les « instrument[s] critique[s] » [p. 106] de la philosophie existentialo-marxiste, qu'il résume en ces termes : « Un libre projet se façonne dans une famille, une famille s'articule à une classe, une classe se situe dans une histoire. » [p. 107]. Ce « libre projet » est ce par quoi Doubrovsky tend à se modifier, ou plutôt à modifier rétrospectivement son enfance et ce, dans le sens donné par Sartre : « Sartre s'empare de Poulou et en fait un écrivain en deux cents pages. » [p. 111]. Ainsi, notre auteur s'empare pareillement de l'enfant qu'il a été, Julien, surnommé « Juju » [p. 115], pour en faire un écrivain en quelques pages, disparates ou continues [p. 269-275].

Dans Le Livre brisé, l'histoire personnelle de Julien, ou son projet d'écrire, s'inscrit dans une histoire collective, celle d'un milieu social : « Comme Poulou. Mes histoires fantasmatiques font partie de l'Histoire réelle. Ma psychologie complexe recouvre une sociologie élémentaire. » [p. 270]. La préhistoire de Julien n'est pourtant pas la même que celle de Poulou, elle n'est pas celle de la bourgeoisie [cf. p. 106] pastorale ou enseignante, mais celle de la classe laborieuse ; de sa lignée paternelle, il n'y a que « les ghettos d'Ukraine » [p. 272], et de celle maternelle, « des maquignons, des colporteurs, des marchands ambulants » [p. 278]. Pour vivre, ou tout au moins survivre, les membres de sa famille doivent travailler de leurs mains ; par exemple, sa famille maternelle « s'est enrichie. Patiemment, laborieusement, par le commerce. Les jambes percluses, violacées de varices, de [sa] grand-mère [...] en font foi. » [p. 270]. Sa mère est « sans profession » [p. 259] et son père, après avoir occupé des emplois précaires, s'installe à son compte (en 1930) dans un petit « atelier de tailleur » [p. 273] qui ne lui assure pas toujours la sécurité financière escomptée [cf. p. 259]. En somme, rien a priori ne prédestine Julien à devenir écrivain ; toute sa famille paternelle est Russe, et si son père est le premier à s'exiler pour la France, il le fait « sans un mot de français » [p. 272] ; en ce qui concerne sa famille maternelle, son grand-père Polonais ne savait « ni lire ni écrire » [p. 271] et sa grand-mère, pourtant alsacienne, « n'a jamais tenu la plume » [ibid.]. Malgré tout, comme Poulou, Julien naît prédisposé au culte de la littérature, il est voué à l'écriture de par sa famille maternelle.

Cette famille, transformée au fil du temps et à force de travail en une petite-bourgeoisie [p. 270], et plus encore, sa mère, jouent un rôle déterminant pour l'enfant. Serge Doubrovsky déclare : « Issus d'illettrés, ma mère et mon oncle n'aiment que les lettres. Je suis, à mon tour, pris dans le désir de ma mère. » [ibid.]. Pour cette raison, on peut observer que Julien se sent plus proche de sa mère que de son père. Par exemple, il est manifeste qu'il préfère amplement ses sorties avec sa mère qu'avec son père : lorsque ce dernier veut l'emmener à la piscine, il obéit à contrecoeur - « Mon petit gars, c'est samedi, dépêche-toi [...]. Ça y est, je n'y couperai pas. Avec mon père, on obtempère. [...] Fini, plus un mot à dire, je me prépare. » [p. 115] -, lorsque sa mère veut l'emmener, également le samedi, à une séance de récitation poétique, il obéit de bon coeur - « [...] mon petit, dépêche-toi [...], je me hâte, de toutes mes jambes, de tout mon être [...]. » [p. 416]. Aussi, il est évident que ces récitations, soit la littérature, exercent sur l'enfant une influence bien plus grande que ces séances de piscine. D'ailleurs, dès qu'il est question de ses résultats scolaires, notre auteur écrit :

Moyen en gym, bas sur pattes empoté, je suis gauche. Rédaction, récitation, là, mon domaine. Ma mère m'emmène [...] aux matinées du Français. [...] J'ai mes voix. Elles me guident vers mon avenir : les nobles volutes de mots, les phrases ailées, j'aimerais bien, à mon tour, un jour, les déclamer. Ou les écrire. [p. 262]

Son attachement pour la littérature lui vient bien de sa mère et non de son père, comme le prouve encore ce passage : « Ma mère me tend l'amour des lettres : je prends. La langue me nourrit, elle est mon aliment, mon élément. J'y nage comme un poisson dans l'eau. » [p. 273]. Mais encore, son histoire personnelle, et son projet d'écrire, sont entièrement déterminés par le vécu de celle-ci. En effet, ses grands-parents maternels tenant (à la Belle Époque) un buffet au Trocadéro, tout près du théâtre de Chaillot, sa mère, comme son oncle (le frère de celle-ci), a pu « voir Mounet-Sully, Paul Mounet, pour les grandes occasions, Sarah Bernhardt » [p. 33] et s'éprendre pour le théâtre [cf. p. 271], soit pour la littérature. De ce fait, les souvenirs d'enfance de Julien-Serge se prolongent à travers ceux de sa mère et de son oncle : « [...] ils m'ont renvoyé leurs souvenirs. Au moins, ça me peuple. À défaut de mes souvenirs, j'ai les leurs. Je résonne de leurs échos [...]. » [p. 33]. Surtout, pour montrer sa différence entre son père et sa mère, l'auteur du Livre brisé met en valeur leur différence socioculturelle. Il déclare effectivement : « Par ma famille maternelle, par ma mère, sa mère, nées en France, je suis juif. Par la branche paternelle, je suis youpin. » [p. 272]. Rien que par ce passage, par l'emploi normatif (« juif ») et celui familier (« youpin »), on peut constater que l'auteur tend à dissocier ses parents et avec eux, leur lignée. Pour confirmer ces dires, il écrit d'ailleurs : « Pour ma mère, il n'y a de beau que les lettres. Pour mon père, que le travail. » [p. 274]. Alors, si Julien arrive tout de même, à cinq ans, à concilier les attentes de ses parents, en voulant être « un travailleur des lettres » [p. 273], c'est-à-dire un professeur de lettres, il s'inscrit plutôt du côté de sa mère en « gribouill[ant] » [ibid.] et en « rêv[ant] [p. 275] d'être écrivain. Bien plus, on peut dire que ce souhait d'être à la fois professeur, pour la sécurité matérielle, et écrivain s'inscrit entièrement dans le souhait de sa mère :

Ta soeur et toi, je veux que vous ne manquiez jamais de rien. Elle sera satisfaite. [...] Il faut commencer au commencement, bête à concours [...]. J'accumulerai les diplômes, j'irai à l'université, le premier de la famille à y pénétrer, j'y prendrai pied. Et puis, je n'en ferai qu'à ma tête. J'écrirai ce qui

me passera par la tête. Je serai, moi, plus tard, écrivain. [p. 275]

De fait, on peut remarquer que Julien se fait l'écho de Poulou, qui, de son côté, conclut avec son grand-père l'accord suivant :

J'écrirais, c'était une affaire entendue [...]. Mais il fallait regarder les choses en face, avec lucidité : la littérature ne nourrissait pas. [...] Si je voulais garder mon indépendance, il convenait de choisir un second métier. Le professorat [...]. [Les Mots, op. cit., p. 133]

En même temps, cette vocation pour le professorat et l'écriture, est pour Julien, une manière de venger sa mère qui, à cause de sa judaïté, n'a pu réaliser son rêve, celui de devenir une actrice [cf. p. 271], bref, d'appartenir au cercle des littéraires ; pour Poulou, c'est une manière de venger son grand-père Alsacien qui, ayant « opté pour la France » [Les Mots, p. 132], n'a pu être intégré dans la « communauté enseignante » [Les Mots, p. 133]. Ainsi, selon ce schéma marxisant, la mère de Julien joue le même rôle que le grand-père maternel de Poulou, ce que révèle clairement les deux extraits suivants :

À travers ma mère et à son insu, la deuxième génération de juifs eût fait volontiers de la littérature sa religion et son salut. [p. 272]

Tout un plan de mon histoire ancestrale est pris dans l'amour des lettres. Mais cet amour est pris aux Mots : rien d'innocent là-dedans, Sartre le prouve. Son grand-père et, à travers lui, sa classe en ont fait un sacerdoce sublime, un ersatz d'immortalité, bref, une religion. [p. 271]

En d'autres termes, en reprenant les instruments de la théorie marxisante de Sartre, l'auteur du Livre brisé tend à démontrer que son projet d'écrire a pour origine sa mère et la petite bourgeoisie juive qu'elle représente. Mais, il ne faut pas pour autant oublier que cette théorie est aussi une théorie existentialiste. En effet, si Julien-Serge se met à écrire, c'est aussi pour une raison existentielle.

Comme nous venons de le voir, l'histoire et le projet de Julien commencent bien avant sa naissance, puisqu'ils font partie intégrante de l'histoire des juifs. Ils sont même entièrement conditionnés par celle-ci. En effet, sa judaïté semble être à l'origine de sa crise existentielle ou identitaire, soit de son « trou » originel. Il apprend par expérience et déjà par celle de sa famille maternelle, les Weitzmann, qu'un juif n'est rien tant qu'il n'est pas complètement intégré à une population :

Règle absolue : dans la République, une et indivisible, de Loubet, il faut être comme les autres. Le juif s'assimile. [...] Pour être comme tout le monde, il faudra faire un effort supplémentaire, être plus français qu'un Français. [p. 270-271]

Justement, durant la deuxième guerre mondiale, Julien va être encore plus éprouvé par sa judaïté et plus précisément par « la solitude originelle du pour-soi » [p. 152]. Durant ces six ans de guerre, soit de l'âge de onze à dix-sept ans, il se trouve précisément dans le « trou ». Ce « trou » désigne concrètement l'endroit où lui et sa famille se cachent et symboliquement l'expérience de la solitude et du néant : « Tapi au fond de mon trou, avec défense absolue d'en sortir. Je suis devenu l'homme invisible. » [p. 12] ; « Arraché aux habitudes du lycée, terré dans un trou des mois : ça m'a retranché d'un seul coup de l'espèce humaine. » [p. 151] ; « Des mois et des mois, enfoui, enfui, comme un lapin dans son terrier. Pendant la guerre, au fond du trou. » [p. 204]. Par cette expérience, Julien est la réplique exacte de Poulou qui, au stade de « la prise de conscience du vide »138(*), connaît « l'ennui et l'angoisse de la mort »139(*), et a le sentiment d'être « de trop » [cf. Les Mots, p. 83]. Alors, avant même l'avènement de la guerre, dès l'âge de cinq ans, comme Poulou, et pour les mêmes raisons que celui-ci - pour combler ce « trou » ou ce vide existentiel -, Julien joue la « comédie » : cette « comédie » est d'abord celle du héros, puis celle de l'écrivain. Tout d'abord, en se nourrissant des mêmes lectures, accessoirement des mêmes films, et des mêmes modèles - « Pardaillan et Zévaco, Michel Strogoff » [Le Livre brisé, p. 269 ; voir également p. 118 ; pour la comparaison entre Julien et Poulou, voir Le Livre brisé, pp. 113 et 120 ; cf. Les Mots, p. 95-115] - que Poulou, Julien se réfugie dans le rôle du héros, dans un monde imaginaire et romanesque, soit narcissique, dans lequel il tente de transformer son existence en aventure. Seulement, si l'auteur du Livre brisé reprend l'ordre dialectique des Mots, même de manière schématique, il ne peut que démontrer l'échec de cette « comédie » : si l'enfant se désintéresse finalement du héros, c'est qu'il ne comble pas le « trou » existentiel et qu'il est même « un tantinet ridicule » [p. 268]. La mère en est témoin : « Et quand tu jouais devant la glace, tu étais très bien déguisé, avec un couvercle de marmite pour bouclier, tu t'escrimais, en inventant toutes sortes d'histoires, tu étais drôle ! » [p. 268-269].140(*) Cette anecdote sert en quelque sorte de transition : puisque le héros-chevalier est ridiculisé, il va falloir passer à une autre « comédie » ; puisque l'acteur n'arrive pas à remplir le « trou », à être reconnu, il va devoir être l'auteur de ses propres rôles. En somme, à la période de la lecture succède la période de l'écriture : « Lire, écrire : comme Poulou, à mon humble niveau, mon enfance aussi se partage entre ses pôles. » [p. 269]. Finalement, en écrivant, Julien peut se sentir exister et devenir quelqu'un ou tout au moins « comme tout le monde ». À la question du pourquoi et du comment devient-on romancier, ou, pour le dire autrement, du « [...] comment un homme devient [...] quelqu'un qui écrit, quelqu'un qui veut parler de l'imaginaire »141(*), notre auteur répond comme l'auteur des Mots, que c'est essentiellement par projet existentiel. En effet, par l'acte scripturaire, et ce, dès l'apprentissage de l'écriture, Poulou se sent renaître : « Je suis né de l'écriture [...]. Écrivant, j'existais [...] ; [...] je n'existais que pour écrire et si je disais : moi, cela signifiait : moi qui écris. » [p. 130-131]. De même, Julien renaît de son écriture. Précisément, en signant ses écrits, il donne sens et consistance à son nom, à son identité et donc à sa personne. Il peut prouver à lui-même et au monde son existence :

Un juif, lui, n'écrit pas vraiment pour se faire un nom : il s'agit de se le refaire. Il s'appelle Bergson, mais on ne s'en aperçoit plus. S'il devient suffisamment célèbre, le voilà enfin comme tout le monde. [p. 271]

La signature symbolise justement cette renaissance. On peut effectivement remarquer que pour tous ses écrits, qu'il s'agisse de critiques littéraires ou d'oeuvres romanesques, notre auteur signe toujours du nom de « Serge Doubrovsky », quand bien même son nom véritable, c'est-à-dire de naissance, serait Julien Serge Doubrovsky. Ainsi, en gardant pour seul prénom Serge, l'auteur se crée un nom, à la fois homonyme et pseudonyme, qui désigne uniquement l'être-qui-écrit : « Julien : moi et plus moi. Je m'appelle désormais Serge. » [p. 277]. De fait, la signature crée en quelque sorte le signataire.142(*) En somme, comme Poulou se transforme en Sartre-auteur de La Nausée, Julien se transforme en Serge. Aussi, derrière cette transformation, il apparaît clairement le fantasme d'une métamorphose posthume du corps en corpus, et plus encore, le fantasme d'immortalité et de reconnaissance suprême : comme Poulou qui rêve de finir sa vie dans la « Bibliothèque nationale » [Les Mots, p. 163], Doubrovsky rêve d'apparaître dans l'édition de la Pléiade : « Les petits cercueils blancs de la Pléiade sont un mausolée aussi exclusif que le Panthéon. Mais il ne faut point exagérer, la sélection n'est pas toujours du dernier rigide. » [p. 258]. Dans ce « salut par l'art » [p. 271], soit par l'écriture et l'imagination, S. Doubrovsky exprime le même fantasme ambivalent que Sartre, à savoir être « n'importe qui » (Sartre) ou « comme tout le monde » (Doubrovsky) et être quelqu'un143(*). Nous pouvons par exemple relever cette ambiguïté dans la phrase : « En France, puisque je suis comme tout le monde, je serai quelqu'un. » [p. 276].

Ainsi, nous avons pu constater que dans Le Livre brisé le récit d'enfance de Doubrovsky se déroule selon le même ordre dialectique et selon la même fiction analytique/théorique que dans Les Mots. Aussi, nous avons pu observer que l'appropriation de la « clé » existentialo-marxiste de Sartre permettait à notre auteur d'accéder et, mieux encore, de reconnaître lucidement la vérité sur son enfance. De ce fait, elle rend possible une certaine « conquête existentielle ». C'est pourquoi, la philosophie sartrienne se dégage amplement de ce récit.

Seulement, si Doubrovsky se montre grandement influencé par celle-ci, s'il y adhère, il prend aussi du recul, suffisamment pour y voir une insuffisance. Il écrit effectivement :

Longtemps, Sartre et moi, on a eu la même devise, sa devise : exister, pour une conscience, c'est avoir conscience qu'elle existe. Et puis, constater qu'on existe autrement qu'on en a conscience. D'une autre façon, qui vous échappe. Totalement. [p. 152]

Cet extrait révèle que de toute évidence Doubrovsky prend ses distances avec l'existentialisme sartrien pour se tourner vers autre chose qui est la psychanalyse freudienne et la théorie de l'inconscient. Il tend effectivement à se distancier du philosophe en affirmant que l'obstacle (pour reprendre la terminologie de J. Starobinski144(*)) à l'élucidation et finalement à la transparence (selon cette même terminologie) de soi sur soi est l'inconscient. Pour confirmation, il suffit de se rapporter à la scène où Doubrovsky fait part à Sartre de sa (psych)analyse de La Nausée, intitulée « Neuf de coeur, fragment d'une psycholecture »145(*) [p. 77], après quoi, finalement, le philosophe répond :

Je ne suis donc pas opposé à votre interprétation, mais ce que je continue à récuser absolument, c'est votre conceptualité freudienne, votre notion d'inconscient. Un vécu obscur à lui-même, oui, l'inconscient, non. [p. 78]

De toute évidence, un abîme semble se creuser entre le lecteur critique qu'est S. Doubrovsky et l'auteur Sartre, ou mieux encore, entre notre auteur et son modèle d'écriture. N'affirme-t-il pas d'ailleurs ne pas être « le nègre de Sartre » [p. 73] ? Pour le prouver, il nous livre, à côté de la « version Sartre » [p. 270] et de la fiction philosophique, une version freudienne de son enfance, dite « version Akeret » [ibid.], et une fiction psychanalytique. En d'autres termes, pour accéder à son enfance, pour en ouvrir la « grille », il utilise aussi la « clé » de la psychanalyse.

* 137 Cf. page 22 de cette présente étude.

* 138 Cf. Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, op. cit., pp. 211, 214-215.

* 139 Idem.

* 140 Cette anecdote se retrouve par exemple dans Fils, op. cit., p. 215 ; La Dispersion, op. cit., p. 253.

* 141 Sartre, Situation IX, Gallimard, 1972, p. 133-134.

* 142 On peut noter que, pour notre auteur, « Julien » est définitivement un « prénom défunt » [La Vie l'instant, op. cit., p. 52] au décès de sa mère : « Julien, depuis 1968, il est mort, ma mère ait son âme » [Ibid., p. 37]. Nous pouvons d'ailleurs remarquer que ce changement de prénom et d'identité traverse toute son oeuvre : « Usé aux coudes, Julien. Je me rhabille en Serge. Change de prénom, change de coupe. Je prends le pli. » [Fils, op. cit., p. 89] ; « Julien, peu à peu. Prénom désert. Plus personne qui m'appelle ainsi. Devenu Serge. » [Ibid., p. 276] ; « Julien, depuis belle lurette décédé. » [Ibid., p. 302] ; « Vingt ans, j'ai été Julien, depuis quarante ans, je m'appelle Serge. » [L'Après-vivre, op. cit., p. 30]. Cette création du signataire par la signature du prénom ou du nom, à la fois homonyme et pseudonyme, n'est pas particulier à notre auteur. Pensons par exemple à F. Nietzsche ; cf. J. Derrida, Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre, Galilée, 1984, surtout p. 47-48.

* 143 À propos de Sartre, voir Les Mots, p. 213 ; OEuvres romanesques, Le Sursis, op. cit., p. 755-756 et note n°1, p. 1980.

* 144 Cf. Jean-Jacques Rousseau : la transparence et l'obstacle, suivi de Sept essais sur Rousseau, Gallimard, 1971, coll. « Tel », 1976, p. 11-317.

* 145 Cette analyse est présentée en décembre 1975, lors de la communication faite à la Modern Language Association, au Congrès de San Francisco, et publiée dans Obliques, n°18-19, 1979, p. 67-73, puis dans Autobiographiques : de Corneille à Sartre, op. cit., p. 83-94. Notons que cette analyse est développée dans « Phallotexte et gynotexte dans La Nausée : `Feuillet sans date' », présentée en 1978, lors de la communication au colloque « Sartre », University of Western Ontario, et publiée dans Sartre et la mise en signes, Klincksieck, 1983, puis dans Autobiographiques : de Corneille à Sartre, op. cit., p. 95-122.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand