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Coopération au développement et renforcement des capacités locales : Intervention des ONG et marges d'autonomie des acteurs à la base (cas des ONG GADEC et DIAPANTE )

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par Mamadou DIOUF
Université GASTON BERGER de Saint Louis - Maîtrise de Sociologie du Développement 2007
  

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conclusion

Au terme de cette étude, il est important de préciser que notre prétention n'a pas été d'épuiser la question des marges d'autonomie des acteurs à la base dans le cadre des interventions des ONG. A la vérité nous pensons n'avoir qu'esquissé des pistes de réflexion qui pourront faire l'objet d'études plus poussées.

L'importance sans cesse grandissante des ONG dans le système international de l'aide au développement s'est surtout justifiée par les approches et méthodes que celles-ci ont mis en avant dès leur apparition ; approches et méthodes se réclamant des théories de l'auto développement.

L'objectif de cette étude était justement de nous interroger non seulement sur la nature réelle des rapports que ces structures entretiennent avec les populations à la base, mais aussi et surtout, sur la conformité de ceux-ci avec la dimension endogène et/ou humaine du développement.

Pour cela nous sommes partis d'une démarche empirique reposant sur deux piliers méthodologiques que sont la recherche documentaire et les enquêtes de terrain. Les données collectées nous ont permis d'une part d'analyser dans le détail le profil des ONG concernées par l'enquête (nature, valeur, moyens ...), puis d'analyser la nature, la forme et l'intensité (ou la portée) de la participation des différentes catégories d'acteurs gravitant autour des interventions du GADEC et de DIAPANTE pour finir par nous prononcer sur les marges d'autonomie dont jouissent effectivement les acteurs à la base dans les interventions de ces ONG. Sur chacun de ces points nous pouvons retenir en guise de conclusion :

1. concernant le profil des ONG : a l'exception de leurs méthodes respectives et de leurs statuts, les ONG GADEC et DIAPANTE ont un profil similaire qui repose sur des valeurs partagées, des stratégies ou domaines d'intervention similaires et une philosophie commune.

2. concernant la participation des différentes catégories d'acteurs aux projets ou programmes du GADEC et de DIAPANTE : nous l'avons analysé aux phases d'élaboration des documents de projets, d'exécution ou de mise en oeuvre et de suivi/évaluation.

· L'élaboration des documents de projets ou programmes : Il ressort des résultats de l'étude qu'autant à l'étape d'identification/priorisation qu'à l'étape de planification, les populations sont effectivement et volontairement associées par les ONG GADEC et DIAPANTE. Là ou le bât blesse cependant, c'est qu'en terme de pouvoir de décision les choses ne sont pas tout à fait les mêmes à l'étape d'identification/priorisation qu'à l'étape de planification. Lorsqu'il ne s'agit que d'identifier et de prioriser des besoins, les ONG GADEC et DIAPANTE sont effectivement promptes à conférer aux populations de réels pouvoirs de décision puisque déterminants dans le processus. Mais dès lors qu'il s'agit de planifier, les modalités de participation de ces dernières ne sont plus tout à fait les mêmes dans la mesure où elles (les populations) ne jouissent plus que d'un pouvoir de décision qui n'est déterminant que « dans certaines limites ».

· L'exécution des projets ou programmes : dans la plupart des projets et programmes mis en oeuvre par le GADEC et DIAPANTE, les populations participent effectivement à l'exécution dans la mesure où elles sont dans la plupart des cas les principaux exécutants. Parfois même cet investissement humain ou physique s'accompagne d'un investissement financier ou monétaire. Au-delà de ces modalités de participation cependant, l'idée même de participation est biaisée à cette étape du projet ou programme dans la mesure où ces mêmes populations sont à la vérité absentes des véritables sphères de décision. Autrement dit bien qu'elles soient les premiers exécutants, elles n'en demeurent pas moins écartées de la gestion et de l'organisation du projet ou programme (elles ne décident par exemple pas des décaissements).

· Le suivi/évaluation : les populations y sont effectivement associées mais elles n'y disposent d'un pouvoir de décision qui n'est déterminant que « dans certaines limites ».

3. concernant les marges d'autonomie : elles comprennent les marges d'initiative et les marges de manoeuvre

· Les marges d'initiative, au terme de cette étude l'appréciation que nous pouvons faire des marges d'initiative dont jouissent les acteurs à la base dans le cadre des interventions du GADEC et de DIAPANTE, est une appréciation mitigée. Il faut comprendre que sur les deux indicateurs principaux que nous avions eu à dégager concernant les marges d'initiative (auto analyse et auto programmation) on s'est rendu compte que si le premier est effectif et suffisamment appréciable ; le second par contre reste effectif mais néanmoins limité dans le sens où le pouvoir de décision dont les populations y jouissent est un pouvoir de décision qui n'est déterminant que dans certaines limites.

· Les marges de manoeuvre, sur cet aspect par contre notre appréciation peut être catégorique dans la mesure où sur les deux indicateurs identifiés (auto organisation et auto évaluation) les résultats des enquêtes ont révélé que même si les populations sont appelées à participer ; cette participation reste de façade en ce sens où les pouvoirs de décision dont elles y disposent ne sont déterminants que « dans certaines limites ». Autrement dit, même si elles sont associées l'auto organisation et l'auto évaluation quant à elles restent quasi nulles puisque ce ne sont pas elles qui au fond prennent les décisions.

En définitive, cette étude nous aura permis de nous rendre compte que même si les ONG GADEC et DIAPANTE se font les portes drapeaux des théories de l'auto développement, ce qu'il est possible de retrouver au travers de leur rhétorique ainsi qu'au travers de leurs méthodes respectives, le fait reste qu'à l'épreuve de la réalité (terrain) toute cette rhétorique et toutes ces professions de foi restent vaines du simple fait que ces ONG ne parviennent pas à échapper à des pesanteurs qui le plus souvent ont pour nom les bailleurs. L'autonomie et l'indépendance vis-à-vis de leurs partenaires financiers étant de moins en moins facile, les ONG GADEC et DIAPANTE en arrivent par «excès de professionnalisme» à négliger les marges d'autonomie des acteurs à la base .

Cela ne veut aucunement dire que les populations ne sont pas associées aux protocoles d'intervention. Mais, le plus important étant de les responsabiliser et de les écouter, l'étude révèle que les ONG GADEC et DIAPANTE en arrivent très souvent à limiter très largement leurs marges d'initiative et de manoeuvre dans le sens où, sur les trois (3) étapes phares des procédures d'intervention elles (les populations) ne disposent presque jamais de réels pouvoirs de décision. A part l'auto analyse ; ni l'auto organisation, ni l'auto évaluation ne sont d'un niveau suffisamment appréciable pour garantir l'émergence d'une réelle dynamique d'auto prise en charge des questions de développement local par les populations elles mêmes. C'est dire que même s'il est bien de faire participer tout comme il est bien de recueillir des avis ; le plus important reste au-delà de tout d'écouter et surtout de faire confiance.

Pour nous, le projet quel qu'il soit et quelque puisse être ses bailleurs doit être dans son fond comme dans sa forme non seulement une initiative des populations mais aussi, et surtout, une possibilité de manoeuvre pour ces dernières. Que ce soit pour l'identification/priorisation, la planification des activités, la mise en oeuvre (exécution) ou tout simplement le suivi/évaluation les populations doivent être les décideurs centraux. Ceux là qui après toutes les consultations d'usage seront ceux que l'on écoutera le plus et à qui l'on fera surtout, le plus confiance. De tous les avis recueillis les leurs doivent, à notre sens, être impérativement celles qui comptent le plus et qui pèsent plus lourd sur la balance parce que le développement endogène tel qu'il doit être pour satisfaire aux exigences de durabilité et de pérennité nécessite cela.

Formulons, pour clore, quelques recommandations que nous ont suggérées les résultats de nos enquêtes :

1. Vu que les moyens de créer un certain détachement vis-à-vis des cadres juridico institutionnels et financiers (bailleurs) sont largement limités pour les ONG, des stratégies comme le forum des partenaires du GADEC sont de notre point de vue à encourager et à vulgariser. Il s'agira d'établir et de conforter des cadres de concertation permanents avec l'ensemble des partenaires en vue de promouvoir des formes de collaborations sincères et respectueuses de la philosophie et des options de l'ONG. Il faut de plus en plus que les ONG aillent au-delà des discours et quelles cherchent, à travers une plus large concertation avec les bailleurs et autres partenaires, à faire comprendre qu'il leur faut plus de liberté pour que les exigences de participation à la base soit efficacement satisfaites,

2. En appoint à cela, il nous parait également opportun que ces organisations pensent de plus en plus à développer des stratégies de collecte de fonds et de plaidoyer (en un mot de véritables plans de communication) adaptés à la société de l'information que nous vivons, et à renforcer leurs politiques d'auto financement en les rendant économiquement plus efficaces et socialement plus durables. Pour cela il faut par exemple, susciter (encourager) les vocations messianiques à travers des campagnes de sensibilisation et de communication de masse. Tout cela doit se faire tout en prenant garde de ne pas tomber dans le piège de la perversion c'est-à-dire finir par devenir autre chose que des organisations à buts non lucratifs,

3. Les populations elles aussi ont de plus en plus intérêt à prendre en compte les exigences de professionnalisme. Ce que nous voulons dire c'est qu'au moins les associations à la base doivent de plus en plus relever leur niveau d'aptitude, il leur faut de plus en plus tendre vers un renforcement de leurs capacités de participer valablement aux projets et programmes qui les concernent. En cela nous pensons que le système de coopération au développement doit de plus en plus axer le financement sur des modules de formation ayant trait à la planification, au montage de projet, à l'évaluation et au suivi de projets et programmes de développement......

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