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De la representation du français et du créole dans le cinéma haïtien: le cas du film "Barikad"

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par Schwarz Coulange Méroné
Université d'Etat D'Haiti - Licence 2008
  

Disponible en mode multipage

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TABLE DES MATIERES

CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Chapitre I

La problématique de la langue en Haïti

1.1- Définitions du concept de langue

1.2- Le cas du créole

1.2.1- Genèse du créole haïtien

1.2.2- Evolution et utilisation du créole en Haïti

1.3- Le cas du français

1.3.1- Le français à Saint-Domingue

1.3.2 Le français en Haïti

1.4- Les nouvelles langues en Haïti

1.4.1- L'anglais en Haïti

1.4.2- L'espagnol en Haïti

Chapitre II

La théorie des représentations sociales

2.1- Histoire et évolution du concept de représentation sociale

2.1.1- Définition du concept de représentation sociale

2.1.2- Représentation sociale et le concept de représentations collectives

2.2- Formation des représentations sociales

2.2.1- l'objectivation

2.2.2- l'ancrage

2.3- Structure des représentations sociales

2.31- Le noyau central

2.3.2- Le système périphérique

2.4- Fonctions des représentations sociales

2.4.1- La fonction de savoir

2.4.2- La fonction d'identité

2.4.3- La fonction d'orientation

2.4.4- La fonction de justification

Chapitre III

Le cinéma

3.1- Définitions du cinéma

3.2- Le cinéma dans le monde et en Haïti

3.2.1- L'invention du cinéma

3.2.2- Arrivée du cinéma en Haïti

3.2.3- Evolution du cinéma en Haïti

3.3- Les approches du cinéma

3.3.1- Le cinéma comme réalité

3.3.2- Le cinéma comme construction

DEUXIEME PARTIE

CADRE METHODOLOGIQUE

Chapitre IV

Méthode de recherche

4.1- Type de recherche

4.2- Etudes exploratoires

4.3- Technique de collecte des données

4.4- Le corpus

4.5- Opérationnalisation des variables

4.6 Technique de recherche

4.6.1- L'analyse de contenu

4.6.2- Technique d'analyse

Chapitre V

Présentation des résultats

5.1- Retranscription-découpage du film

5.2- Les tableaux

5.3- Les graphes

Chapitre VI

ANALYSE DES RESULTATS

CONCLUSION

Bibliographie

PROBLEMATIQUE

S'il est vrai qu'en Haïti les films étrangers dominent les salles de cinéma et les téléviseurs ; il sort depuis un certain nombre d'années, précisément depuis 19621(*), des films produits et réalisés par des Haïtiens, avec des acteurs haïtiens, des histoires haïtiennes. Bref, il sort des films haïtiens.

Etant des productions haïtiennes et étant destinés d'abord à un public haïtien, la première exigence à laquelle ces films sont supposés répondre, c'est d'être en des langues comprises par tous les Haïtiens ou par une fraction significative des Haïtiens, c'est-à-dire d'être en créole et/ou en français.

En effet, comme attendu, les films haïtiens adoptent le créole et le français comme langues principales de communication. Certains sont presque totalement en français, d'autres presque totalement en créole. D'autres encore essayent de faire l'équilibre entre les deux langues. Le cinéma haïtien semble donc vouloir être, entre autres fonctions, un espace de cohabitation entre le créole et le français.

Cependant, cette cohabitation semble n'être pas aussi harmonieuse et innocente qu'elle en a l'air. En effet, les répétitions patentes de formes d'utilisation des langues semblent dégager une logique propre, préalablement programmée. Dans presque tous les films, certaines remarques importantes sur l'utilisation de chacune des langues sont presque immédiatement perceptibles à tout observateur averti. Parmi ces remarques, il n'est pas inutile de citer :

a) Les langues sont distribuées à certains personnages bien particuliers. Certains parlent presque exclusivement français, alors que d'autres presque seulement le créole.

b) Ceux qui s'expriment le plus souvent en français parlent un  créole « francisé » quand ils choisissent cette langue tandis que ceux qui parlent habituellement le créole ont un « français syntaxiquement et/ou phonologiquement mauvais » si les conditions leur imposent le français.

c) Certaines scènes telles : mariage, cérémonie officielle, administration publique et privée etc. sont généralement présentées en français. D'autres scènes telles : marché, scène de rue, arrestation, etc. sont généralement en créole.

d) Les films dont les acteurs principaux ont un statut social élevé sont plus en français qu'en créole alors que l'inverse se fait pour les films dont les principaux acteurs sont de bas statut social.

e) Certaines émotions telles : déclaration d'amour, expression de satisfaction etc. se font en français contre des émotions comme colère, punition ... qui sont exprimées en créole.

A bien regarder donc, il semble être possible d'apercevoir une espèce de « division du travail » (diglossie) entre les langues de sorte que chacune indique la valeur sociale ou symbolique de tel personnage, de tel évènement, de tel lieu ; accentue l'intensité de tel type d'émotion etc. Bref, la pratique linguistique dans le cinéma semble véhiculer une idée sur les langues: le créole et le français ne sont pas faits pour remplir les mêmes fonctions. Dans les sciences cependant, les observations sensibles sont inadmissibles. Elles peuvent bien mettre en lumière certaines connaissances, mais il faut des recherches rigoureuses et approfondies pour les asseoir et pour qu'elles puissent mériter le qualificatif `scientifique'.

Autant dire que ces observations sur l'usage des langues dans le cinéma haïtien ne doivent pas être prises comme un compte rendu de la réalité linguistique dans le cinéma si elles ne sont pas étayées par une étude sérieuse. Au mieux de notre connaissance cependant, il n'existe pas de travaux de recherches scientifiques sur le cinéma en Haïti. Les quelques rares textes retrouvés s'appliquent plutôt à retracer l'histoire du cinéma.

Etant donné cette quasi absence de travail scientifique dans ce domaine, la présente étude circonscrit ses ambitions à la réponse de la question bien particulière que voici : Quelle représentation du créole et du français est véhiculée dans le cinéma haïtien, notamment dans le film "Barikad" ?

A cause de la même absence dont il est question plus haut, ce travail n'avance pas de réponses préalables à la question formulée. Il n'émet donc pas d'hypothèses. Il se veut plutôt une étude exploratoire avec des objectifs clairs et précis.

En effet, l'objectif général que poursuit le présent travail est de déterminer la représentation des deux langues (le créole et le français) véhiculée dans le cinéma haïtien en particulier dans le film choisi à savoir "Barikad".

Plus spécifiquement, le travail tâchera de :

1- Déterminer la représentation du créole véhiculée dans le film;

2- Déterminer la représentation du français véhiculée dans le film;

3- Comparer la représentation du créole à celle du français.

Le travail est divisé en deux grandes parties. D'abord, dans la première partie l'ensemble des théories et concepts sur lesquels repose le travail, le cadre théorico conceptuel donc, est précisé. Ensuite, la seconde partie se consacre à présenter le cadre méthodologique de l'étude suivi de la présentation et de l'analyse des résultats de la recherche.

Chapitre I

La problématique de la langue en Haïti

L'Année 1492 n'a pas seulement marqué la pénétration des Européens dans l'île d'Haïti. Elle marque aussi un tournant dans la pratique linguistique dans l'île. En effet, aujourd'hui, près de six siècles après la pénétration européenne, les langues parlées dans l'île sont ou bien fortement marquées par les langues européennes ou bien viennent de l'Europe tout court. En Haïti, deux langues sont pratiquées : une fortement marquée par des langues européennes (notamment par le français et l'espagnol à savoir le créole haïtien) et une européenne, le français. De houleux débats se sont engagés par des intellectuels de diverses époques autour du statut de ces langues, de leur importance, de leur `haïtianité'. Aujourd'hui, ces débats semblent être abordés avec moins d'acuité mais restent tout de même toujours ouverts.

Cette partie du travail présente la trajectoire du créole et du français en Haïti et la montée en puissance de deux autres langues que sont l'anglais et l'espagnol. Mais avant tout, une clarification conceptuelle s'impose. Qu'est ce que c'est qu'une langue ?

1.1- Définitions du concept de langue

Selon le Dictionnaire des sciences humaines, « une langue serait [...] un dialecte qui a pris le pouvoir dans un pays.»2(*) Cette définition s'inscrit dans la droite ligne de la vision de Pierre BOURDIEU de la langue. En effet, pour BOURDIEU, « Nul n'est censé ignorer la loi linguistique qui a son corps de juristes, les grammairiens, et ses agents d'imposition et de contrôle, les maîtres de l'enseignement.... »3(*)

Il Ajoute : Produite par des auteurs ayant autorité pour écrire, fixée et codifiée par les grammairiens et les professeurs, charger aussi d'en inculquer la maîtrise, la langue est un code, au sens de chiffre permettant d'établir des équivalences entre des sons et des sens, mais aussi au sens de système de normes réglant les pratiques linguistiques.4(*)

Ces définitions mettent en relief le fait qu'il n'existe pas de différence intrinsèque entre un dialecte et une langue. La différence est souvent politiquement décidée et maintenue grâce à l'institutionnalisation. Elevé au rang de langue politiquement, un dialecte bénéficie de toute forme de privilèges et devient imposable à une population.

Franck NEVEU pour sa part, présente une définition plus élaborée et plus objective de la langue.

Pour Franck NEUVEU en effet, la langue est définie comme un système complexe de communication propre aux communautés humaines [...]. Un système de signes vocaux, articulés selon deux plans distincts et complémentaires correspondant à deux ordres d'unités, celui des unités significatives (première articulation) et celui des unités non significatives (deuxième articulation).5(*)

Considéré comme le fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand DE SAUSSURE définit la langue comme étant à la fois « un produit social de la faculté de langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les individus.»

Pour DE SAUSSURE, la langue est un trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant à une même communauté, un système grammatical existant virtuellement dans chaque cerveau, ou plus exactement dans les cerveaux d'un ensemble d'individus ; car la langue n'est complète dans aucun, elle n'existe parfaitement que dans la masse.6(*)

La définition du linguiste André MARTINET, très connue et largement acceptée dans les milieux linguistiques, est celle retenue dans ce travail.

Pour MARTINET en effet, une langue est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes ; cette expression phonique s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, dont la nature et les rapports diffèrent, eux aussi, d'une langue à une autre.7(*)

Puisque le créole répond parfaitement à cette définition de la langue et puisque les chercheurs du domaine, à savoir les linguistes, le reconnaissent comme telle, ce travail ne revient pas sur les critiques selon lesquelles le créole ne serait pas une langue. Il considère le créole, au même titre que le français, comme étant une langue à part entière. Il considère aussi que rien dans l'une ou dans l'autre langue n'est en soi facteur de supériorité ou d'infériorité.

1.2- Le cas du créole

Le terme "créole" tout court ne renvoie pas exclusivement à une langue. Il est utilisé pour nommer des réalités autres qu'une langue. Etymologiquement « le terme créole provient du portugais "crioullou" ou criollo, passé au français par l'intermédiaire de l'espagnol, dérivé vraisemblablement du participe passé du verbe criar (latin creare) signifiant élevé dans le foyer du maître, domestique.»8(*)

Marie Thérèse ARCHER pour sa part, cherche à savoir l'époque de la première utilisation du terme créole et le sens qui lui était attribué à cette époque.

Elle affirme que: le mot: créole fut employé originellement depuis le 15eme siècle, pour dénommer dans les Amériques, les personnes de parents espagnols, portugais, français et de natifs indiens ou amérindiens et aussi de Noirs africains dans les Antilles.9(*)

Pour ce qui est de la langue créole, Marie-Christine HAZAEL-MASSIEUX affirme que « La première attestation du mot `créole' pour designer une langue semble [...] dater de l'extrême fin du XVIIe siècle [...] »10(*)

Aussi, selon Marie Thérèse ARCHER, « Les scientistes emploient le mot créole, pour désigner animaux et plantes hybrides nés d'une espèce indigène et d'une espèce importée. »11(*)

D'après ce qu'affirment plusieurs autres auteurs y compris Marie Thérèse ARCHER, le terme créole renvoie à d'autres réalités encore. Cependant, quelque soit la réalité à laquelle il renvoie, le terme est traversé par le sens de mélange. Mélange de cultures, d'ethnies, d'espèces, de langues etc. Dans ce travail toutefois, le terme est limité à sa signification linguistique; plus précisément à la langue créole parlée en Haïti, le créole haïtien.

1.2.1- Genèse du créole haïtien

Les auteurs sont divisés sur la genèse du créole. Un auteur comme Jules FAINE, par exemple, croit que le créole est dérivé du Normand12(*) et aurait peu à voir avec les langues africaines.

Selon Jules FAINE en effet, le créole haïtien possède plus que des affinités avec le `Normand' (celui du XVIème et XVIIème siècle). Il faut chercher sa conformation la plus profonde au niveau de ce dialecte d'où il dérive de façon évidente, dont il porte la marque indélébile et qui y entre dans l'énorme proportion de 75%.13(*)

Depuis l'étude de Suzanne COMHAIRE-SYLVAIN en 1936 cependant, l'importance des langues africaines dans la formation du créole est largement prise en compte par les chercheurs intéressés à cette langue.

De fait, à l'instar de l'ethnicité, du vaudou, d'une partie de la gastronomie, le créole d'Haïti est intimement lié à l'histoire coloniale du pays. C'est une langue née du brassage linguistique opéré durant plus de trois (3) siècles de colonisation (1492-1803). Les différentes langues en présence dans l'espace colonial sont mises à contribution pour la former. A cet effet, trois (3) périodes - chacune correspondant à l'arrivée de nouveaux peuples, de nouvelles langues - sont à considérer :

1) La période allant de 1492 à 1503. Cette période est marquée par la rencontre des Aborigènes de l'île d'Haïti et des Espagnols.

2) Celle allant de 1503 à 1625, marquée par l'introduction dans l'île, de Noirs venus d'Afrique pour remplacer les Aborigènes décimés.

3) Celle allant de 1625 à 1803, marquée par la colonisation française de la partie ouest de l'île (aujourd'hui Haïti) et par l'intensification de l'immigration (forcée) des Africains.

Qu'il s'agisse des Aborigènes, des Espagnols, des Africains ou des Français, chaque groupe parlait sa langue. Cependant, parce qu'ils sont dans l'espace non de passage mais pour habiter, il leur était nécessaire d'avoir un code commun pour communiquer. Ils ont alors forgé un outil de communication orale : le créole. Marie Thérèse ARCHER (1987) est un des tenants de cette vision de la genèse du créole. Elle nomme créole amérindo-hispanique, le créole de la première période ; créole amérindo-hispano-africain, celui de la deuxième période et créole amérindo-hispano-afro-français, celui de la troisième période. Ces appellations, comme c'est clairement exprimé, indiquent quelles langues ou familles de langues entrent à chaque fois dans la formation du créole. Si ce modèle est suivi, il serait possible de parler de créole amérindo-hispano-afro-franco-anglais pour le créole d'aujourd'hui étant donné l'importance de vocable anglo-américain qui s'y trouve.

D'autres auteurs, tels Pradel POMPILUS ou André Vilaire CHERY, conçoivent la genèse du créole, à des différences près, de la même manière.

En effet, selon Pradel POMPILUS la multiplicité de leurs parlers (du parler des Africains) d'une part, la grande différence entre ces parlers et ceux des Français, la nécessité pour tous, maîtres et esclaves, de communiquer entre eux, firent naître rapidement une langue commune, le créole.14(*)

Pour CHERY, « le créole haïtien est né des nécessités de communication entre les colons français et leurs esclaves africains sur les plantations de Saint-Domingue. »15(*)

Cependant, Jean-François DORTIER souligne le fait que les langues créoles ne constituent pas des ramassis de langues permettant simplement la communication entre deux communautés linguistiques différentes.

DORTIER explique que les linguistes notent que les langues créoles ne sont pas de simples mélanges composites de mots ou de règles venus de langues diverses. Elles se sont rapidement constituées en un système avec leur cohérence interne, leur vocabulaire propre marqué par les régularités de prononciation, de règles régulières d'organisations de phrases.16(*)

En ce sens, il est possible de dire qu'en dépit du fait que le créole doive beaucoup à d'autres langues, notamment au français, il est régi par sa "cohérence interne" et par ses "règles régulières d'organisation de phrases".

1.2.2- Evolution et utilisation du créole en Haïti

Il est difficile de préciser à quelle date le créole a entièrement remplacé les langues aborigènes. Peut-être est-ce à la disparition totale de ces derniers. Ce qui est certain c'est que le créole était à la fois sous la forme orale et sous la forme écrite17(*) du temps de la colonisation française.

Pour ce qui est de la forme écrite, Jeannot HILAIRE signale que : « Le premier document créole écrit de l'époque coloniale française en Haïti est un poème en vers, de 1757, Lisette. On le doit à Duvivier de la Mahotière».18(*) Cependant, pour Sauveur Pierre ETIENNE, le premier texte écrit en créole remonte à bien plus longtemps. Selon ETIENNE, le PETIT CATHECHISME du père Raymond BRETON19(*), rédigé en 1664, serait le premier document écrit du créole.

Quoi qu'il en soit, l'histoire écrite du créole a précédé l'indépendance d'Haïti. D'ailleurs, Jeannot HILAIRE fait remarquer qu'il existe d'autres textes écrits en créole durant la période coloniale. De ceux-ci, il souligne, « [...] le poème Evahim ak Aza rapporté par Descoutilz, 1709 [...]»20(*) Celui-ci était en fait un dialogue entre deux esclaves de l'habitation Pèlerin, du coté des Cayes, qui était popularisé en chanson à Saint-Domingue durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle. 

Au niveau politique, en dépit du fait que le français était la langue de l'administration à Saint-Domingue, les auteurs retrouvent des textes officiels écrits en créole. Selon Sauveur Pierre ETIENNE21(*), le 5 mai et le 2 juillet 1793, les commissaires français de Saint-Domingue SONTHONAX et POLVEREL ont émis des proclamations en langue créole. Pauris JEAN-BAPTISTE pour sa part, affirme que le 26 mai 1793, SONTHONAX et POLVEREL ont publié dans le Moniteur de la partie française de Saint-Domingue22(*) une proclamation en langue créole23(*). Aussi, la proclamation de la liberté générale des esclaves du 29 août 1793 était, elle aussi, rédigée en créole.24(*) Toujours selon Pauris JEAN-BAPTISTE, en 1802, Napoléon Bonaparte a signé un communiqué écrit en français et en créole qu'il a envoyé au peuple Saint-Dominguois par l'entremise du général LECLERC.

Il ne fait donc aucun doute qu'en 1804 le créole a déjà connu une histoire orale et écrite. Cependant, à l'indépendance, les nouveaux gouvernants l'ont pratiquement écarté de la sphère officielle25(*). Depuis, les élites politiques, économiques et intellectuelles du pays l'ont jeté aux oubliettes. Toutefois, « Le créole était à l'ordre du jour dans les préoccupations, de certains politiciens pragmatiques dans les années qui suivirent la proclamation de l'indépendance », affirme Jeannot HILAIRE26(*). Selon cet auteur, des initiatives de codifications auraient même été prises.

Gérin, dans la République de l'ouest, aurait réalisé une grammaire créole dont on ne trouve aucune trace. Cette idée aurait également fait du chemin dans le Royaume du Nord, mais là encore il ne reste aucun élément de preuve, écrit Jeannot HILAIRE27(*).

Au niveau juridique, jusqu'à une date récente, le créole n'a jamais été pris en considération non plus. En effet, de 1805 à 1957, toutes les constitutions haïtiennes faisaient silence sur le statut du créole. La constitution de 1957 est la première à accorder une place au créole dans l'administration publique. En effet, dans son article 35 elle proclame :

Le français est la langue officielle de la République. Son emploi est obligatoire dans les services publics. Néanmoins, la loi détermine les cas et les conditions dans lesquels l'usage du créole est permis et même recommandé pour la sauvegarde des intérêts matériels et moraux des citoyens qui ne connaissent pas suffisamment la langue française.28(*)

La constitution de 1964 a repris ce même article. C'était une forme de progrès pour le créole car, en vertu de cet article « certains parlementaires ont requis le droit de s'exprimer en langue vernaculaire au sein de la chambre des députés.»29(*)

La constitution du 27 août 1983 a, quant à elle, reconnu le statut de langue nationale au créole. Dans son article 62, elle proclame: «Les langues nationales sont le français et le créole. Le français tient lieu de langue officielle de la République d'Haïti.»30(*) Enfin, la constitution du 29 mars 1987, celle actuellement en vigueur, reconnaît au créole le statut de langue officielle. Son article 5 proclame: « Tous les Haïtiens sont unis par une langue commune, le créole. Le créole et le français sont les langues officielles de la République.»31(*)

Ce nouveau statut du créole n'est pas sans conséquence dans le paysage linguistique haïtien. Selon André Vilaire CHERY, il se traduit par une nette présence du créole dans les medias, en particulier à la radio et à la télévision ; et aussi par le fait que le créole « occupe une place privilégiée au Parlement et sert d'outil de communication au même titre que le français dans les circonstances les plus protocolaires de la vie politique. »32(*)

Toujours au sujet de l'avancée que connaît le créole dans la société après son officialisation, Collette LESPINASSE explique que fort des événements ayant conduit à la chute des Duvalier du pouvoir, le créole s'est imposé dans les médias, dans milieux officiels et poursuit sa progression « pour briser les derniers carcans qui entravent encore son épanouissement.»33(*) Jean-Pierre ARSAYE est allé encore plus loin en déclarant : « lorsque l'on considère la place occupée par le créole dans ce pays, par rapport au français, on peut affirmer qu'Haïti n'est plus en situation diglossique »34(*)

En effet, aujourd'hui, le créole est bien présent dans les administrations (sous forme orale en tout cas car, à l'écrit presque tout se fait en français), dans les milieux officiels. A titre d'exemple, le discours d'investiture du Président René Préval le 14 mai 2006, a été prononcé totalement en créole. Il reste toutefois au créole du chemin à parcourir car « les codes juridiques, les lois publiées par le Moniteur et les tribunaux continuent à n'utiliser que le français. »35(*)

1.3- Le cas du français

La langue française en Haïti est tout aussi un héritage de l'histoire coloniale du pays. Elle y a été introduite par la pénétration des flibustiers et des boucaniers français dans l'île pour, ensuite, connaître une longue histoire qui aujourd'hui encore continue d'être écrite.

Si la présence du français en Haïti est, comme le créole, le résultat de la colonisation ; son histoire dans le pays est bien différente de celle du créole. Le sort qui lui a été réservé sur l'ensemble de la période de la colonisation française et sur la période d'après, c'est-à-dire la période haïtienne, est bien différent de ce qui a été le sort du créole. Un survol historique du devenir de la langue française dans cette partie de l'île nommée Saint-Domingue, puis (depuis 1804) Haïti, est donc nécessaire à ce moment précis du travail.

1.3.1- Le français à Saint-Domingue36(*)

La langue française est arrivée en Haïti (alors appelé Hispaniola37(*)) avec la pénétration des Français dans l'île de la Tortue38(*) au début du XVIIème siècle. Plusieurs dialectes de la France d'alors y étaient arrivés. Avec le Traité de Ryswick en 1697 par lequel l'Espagne céda à la France la partie occidentale de l'île, elle (la France) établit son autorité sur cette partie de l'île qu'elle dénomme Saint-Domingue39(*). L'année 1697 marque donc la présence officielle de la langue française à Saint-Domingue (Haïti). La colonisation française va désormais transformer Saint-Domingue en une "terre de langue française" officiellement. Ainsi, Pauris JEAN-BAPTISTE rapporte que « Le français était [...] la langue des grands planteurs, de l'Administration, de la justice, des cercles mondains.» Toutefois, comme c'est déjà dit plus haut, à plusieurs reprises des officiels de Saint-Domingue ont dû recourir au créole pour émettre certains communiqués.

1.3.2- Le français en Haïti

En 1804, les Héros de l'indépendance ont expulsé les Français du pays redevenu désormais Haïti, mais non pas leur langue. Au contraire, ils l'ont jalousement gardé ; d'ailleurs l'acte de l'indépendance lui-même est rédigé en français40(*). Et la langue française est gardée comme la langue administrative du pays, la langue « officielle » donc. Cette officialisation du français n'était qu'une officialisation de fait car aucun texte de loi ne l'avait consacré. Il a fallu attendre 1918 pour que ce soit fait. En effet, Pradel POMPILUS rapporte que « c'est la constitution de 1918 élaborée, votée et plébiscitée au fort de l'occupation américaine qui a, la première, proclamée le français langue officielle d'Haïti. »41(*) Depuis, toutes les constitutions qui suivent (1932, 1946, 1950, 1958, 1983, 1987) ont repris l'officialisation du français. En effet, pendant longtemps, le français avait été la seule utilisée dans les sphères officielles.

C'était la langue des proclamations, discours et actes publics [...] la langue des services administratifs, celle dans laquelle sont écrits les récépissés du bureau des contributions, les actes de l'état civil, les contrats et obligatoirement les inscriptions sur les pièces de monnaies et billets de banque.42(*)

S'agissant de savoir combien d'Haïtiens parlent le français, qui sont-ils, et dans quelles circonstances ils le parlent ; les auteurs s'accordent à dire qu'il s'agit d'une minorité, d'une élite, et qu'elle le parle en grande partie dans des circonstances particulière. LOFFICIAL l'explique en ces termes : « vraiment maîtrisé par une petite minorité, qui d'ailleurs la réserve pour les circonstances sortant du commun, le français est loin d'être la langue de grande communication et de culture qu'elle pourrait être.»43(*) L'auteur va jusqu'à parler du sous-développement du français en Haïti.

Pour sa part, Pradel POMPILUS, même à l'époque coloniale, il (le français) n'a jamais été une langue de masse, mais la langue d'une minorité composée de colons, d'administrateurs et de fonctionnaires coloniaux, d'affranchis, d'esclaves domestiques peut-être dans leur rapport avec leurs maîtres. Aujourd'hui encore c'est la langue d'une fraction réduite de la population.44(*)

De son côté, Albert VALDMAN45(*) avance un pourcentage de 10 à 15% d'Haïtiens pouvant s'exprimer en français.

Cependant, comme le montre Pradel POMPILUS ou André Vilaire CHERY, il existe un "français haïtien". Pradel POMPILUS parle du français en Haïti en ces termes:

Transplantée dans un milieu différent de son milieu d'origine, appelée à exprimer de nouvelles formes de vies et de nouveaux rapports sociaux, parlée par une élite bilingue [...], la langue française a acquis en Haïti certaines particularités bien saillantes.46(*)

André Vilaire CHERY, quant à lui, illustre certaines de ces particularités dont parle Pradel POMPILUS dans les deux tomes de son Dictionnaire de l'évolution du vocabulaire français en Haïti. Les deux tomes de ce dictionnaire présentent des mots et expressions françaises propres à Haïti et aussi des mots et expressions qui, bien qu'ils aient cours dans d'autres pays francophones, ont un sens particulier en Haïti. A eux seuls, ces textes prouvent l'existence d'une forme de français qui pourrait être qualifié d'"haïtien".

1.4- Les nouvelles langues en Haïti

S'il est vrai qu'historiquement et juridiquement le français et le créole demeurent les langues d'Haïti, deux autres langues se font petit à petit une place dans le paysage linguistique haïtien. Ce sont l'anglais et l'espagnol. Si à l'inverse du français et du créole ils ne bénéficient d'aucun statut, leur usage n'est pas moins perceptible. La présentation de leur situation dans l'univers linguistique haïtien s'avère nécessaire à ce stade du travail.

1.4.1- L'anglais en Haïti

L'usage accru de l'anglais en Haïti semble ne pas remonter à très longtemps. Selon Pradel POMPILUS, « (C'est) Après 1934 [...] (que) l'anglais s'est répandu principalement dans les couches cultivées de la nation.»47(*) Il l'explique par le fait qu'à ce moment, « beaucoup d'Haïtiens sont partis se former ou se perfectionner dans les universités américaines et sont revenus prêter leurs services [...]»48(*) au pays. Aussi, à l'époque, l'essor qu'avait connu le tourisme dans le pays « amène [...] beaucoup de petits employés, de chauffeurs, de chauffeurs guides et même de colporteurs à se munir d'un peu d'anglais. »49(*) Finalement, les plus pauvres essayent de se procurer d'un peu d'anglais «dans l'espoir de devenir un jour ouvriers ou manoeuvres aux Etats-Unis [...]»50(*)

Pour illustrer combien l'anglais est en train de gagner du terrain, Frantz LOFFICIAL a proposé d'aller « se planter aux heures de cours devant l'Institut Haïtiano-Américain de Port-au-Prince et de dénombrer les étudiants ; [...] de compter les écoles et instituts de langue anglaise de plus en plus nombreux même dans les quartiers populaires. »51(*)

Même si la proportion de l'anglais dans la pratique langagière en Haïti n'est pas connu, il est tout de même possible de se faire une idée à partir des chiffres d'une étude52(*) de l'"Observatoire de politique linguistique" de la faculté de linguistique appliquée de l'Université d'Etat d'Haïti sur l'utilisation des langues (créole, français, anglais et espagnol) dans les médias à Port-au-Prince.

Selon cette étude en effet, sur un total de 445 186 heures d'antennes comptabilisées, pour la période allant de mars 1998 à mars 2001, les radios de Port-au-Prince ont diffusé 8 405 heures et 37 minutes d'émissions en anglais ; soit un pourcentage de 1.88%. S'agissant de la télévision, la tendance s'inverse totalement. En effet, selon la même étude, pour la période allant de janvier 1999 à mars 2001, sur les 507 166 heures d'antennes comptabilisées, les télévisions ont diffusé et/ou retransmettent 238 138 heures d'émissions en anglais ; soit un pourcentage de 46.95%, loin devant le français (36.66%) et le créole (2.62%).

Pierre VERNET fait toutefois remarquer que ce fort pourcentage de l'anglais dans la télévision « n'est pas dû au pourcentage d'anglais des stations de télévisions d'Haïti mais uniquement aux émissions de chaînes étrangères captées et diffusées par les stations locales »53(*) Pour les journaux54(*) la fréquence de l'utilisation de l'anglais est nettement redescendue, mais garde tout de même une certaine supériorité par rapport à celle du créole. Pour une période de trois mois (les mois et l'année concernés ne sont pas précisés), l'étude révèle que 3.33% des articles, 6.08% des annonces/avis et 11.55% des publicités sont anglais.

A partir de ces chiffres donc, il est possible de conclure qu'une partie des consommateurs (réguliers ou non) des produits médiatiques est à même de comprendre l'anglais ; car si la presse utilise cette langue pour faire passer des messages ; et si elle le fait dans ces proportions, c'est donc bien parce qu'elle en trouve des consommateurs. Ces chiffres de l'étude corroborent bien l'assertion de Pradel POMPILUS qui stipule que l'anglais est le « deuxième concurrent du français en Haïti »55(*) après le créole. Frantz LOFFICIAL a, dans la même veine, affirmé que dans la question de la langue en Haïti « il faut tenir compte de cette évolution du statut de l'anglais qui représente désormais pour beaucoup une alternative valable au français [...] »56(*)

Compte tenu de toutes ces remarques et étude, il n'est donc pas exagéré de dire que l'anglais prend des proportions non négligeables en Haïti. Il reste à savoir maintenant, combien sont ces proportions, comment est la tendance par rapport aux autres langues en présence - le français en particulier, quelles pourraient être les conséquences politiques, sociales, économiques de la montée de l'anglais, etc. Il est donc clair qu'à ce propos les chercheurs en sciences sociales, particulièrement en sciences politiques et en sociologie, ont devant eux un champ de recherche assez vierge.

1.4.2- L'espagnol en Haïti

S'il est un autre "concurrent" du français en Haïti après l'anglais, c'est bien l'espagnol. En effet, « l'espagnol est peut-être moins répandu chez nous que le français, le créole et l'anglais, mais son extension est loin d'être négligeable [...]»57(*) On le retrouve principalement « dans les couches populaires, parmi les habitants des régions frontalières, les ouvriers agricoles qui se font embaucher en République Dominicaine pour la coupe de canne.» 58(*)  Et s'ajoutent aussi les milliers de jeunes Haïtiens qui étudient en République Dominicaine, à Cuba, au Mexique et dans d'autres pays de l'Amérique latine.

Certaines remarques faites pour l'anglais sont tout aussi valables pour l'espagnol ; par exemple, les écoles et instituts de langue espagnole, quoique moins nombreux que ceux qui s'adonnent à la diffusion de l'anglais, se retrouvent partout, surtout dans les villes.

De plus, à l'école les élèves haïtiens ont des cours d'espagnol (d'anglais aussi) au moins dans les trois premières années du secondaire. Certains élèves (ceux de la section C) ont ces cours durant toutes les sept années du secondaire.

La même étude de l'"Observatoire de politique linguistique" de la faculté de linguistique appliquée de l'UEH fournit des chiffres sur l'utilisation de l'espagnol dans les medias. En effet, sur les 445 186 heures comptabilisées, pour la période mars 1998 - mars 2001, les radios de Port-au-Prince ont diffusé 5 837 heures et 20 minutes d'émissions en espagnol ; soit un pourcentage de 1.31%. Quant aux télévisions, elles ont diffusé ou retransmis 18 816 heures d'émissions en espagnol, soit un pourcentage de 3.71%, sur les 507 166 heures comptabilisées pour la période janvier 1999 - mars 2001. Il faut faire remarquer que l'espagnol a tout de même supplanté le créole (2.62%) à la télévision. Pour ce qui est de sa présence dans les journaux, c'est là que l'espagnol récolte le moins de d'espace. En effet, pour les cinq périodiques et pour les trois mois, aucun article ou publicité n'est paru en espagnol. 0.035% d'annonces et d'avis sont tout de même parus en espagnol. Il est donc clair que l'espagnol n'est pas au même niveau que l'anglais dans le pays. Néanmoins, sa présence est certaine et prend des proportions significatives. A titre d'exemple, il n'est pas rare de lire dans une offre d'emploi, publiée dans les journaux en Haïti, la mention « une bonne connaissance de l'espagnol oral et écrit est souhaitée »59(*)

Comme pour l`anglais, la nécessité de déterminer la place qu'occupe l'espagnol dans la pratique de la langue en Haïti, ainsi que ses conséquences politiques, économiques et sociales s'avèrent importantes.

En somme, poser la problématique de la langue en Haïti aujourd'hui ne se résume pas à une simple confrontation créole/français. S'il est vrai que la polémique créole/français - français/créole tend à se refermer du fait de l'officialisation et de la présence de plus en plus marquante du créole dans la société ; la progression de l'anglais et de l'espagnol ouvre de nouvelles voies potentiellement polémiste. Il est donc nécessaire que des recherches sérieuses soient menées afin d'anticiper toutes conséquences qui pourraient être néfastes pour la société et en même temps de disposer de connaissances permettant de tirer profit de la nouvelle donne linguistique. Chapitre II

La théorie des représentations sociales

Il est à rappeler qu'il s'agit dans cette étude de déterminer la représentation du créole et du français dans la mise en scène du film haïtien "Barikad". Un tel travail exige la disposition d'une grille, d'un filtre ; en termes plus savants, d'une théorie. La théorie des représentations sociales sur laquelle porte ce chapitre servira de cadre d'analyse car elle se donne pour objectif d'étudier les représentations que les individus se font des personnes, des groupes, des objets, etc.

2.1- Histoire et évolution du concept de représentation sociale

Le concept de représentation sociale a été introduit en psychologie sociale par Serge MOSCOVICI en 1961 dans son ouvrage intitulé La psychanalyse, son image et son public. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre, cet ouvrage de 650 pages ne concerne guère la Psychanalyse en tant que telle. Il se consacre plutôt à l'étude de l' « image de la psychanalyse dans le grand public (français) »60(*). De cette recherche fondatrice est ouvert tout un champ d'étude autour du concept de représentation sociale. En témoigne les recherches sur les domaines comme « [...] le langage des femmes (Aebischer, 1985), le savoir économique (Vergès), l'intelligence (Mugny et Carugati, 1985), [...]»61(*)

Plus illustrative encore est la bibliographie de près de 600 ouvrages et articles scientifiques autour du concept, présentée par Denise JODELET sous le titre de « Bibliographie générale sur les représentations sociales »62(*) dans son ouvrage intitulé Les représentations sociales. Aussi, Serge MOSCOVICI déclare que « s'opère autour des représentations sociales une convergence remarquable entre les diverses sciences psychologiques et sociales. »63(*)

En réalité, MOSCOVICI s'est beaucoup inspiré du concept de «Représentations collectives » d'Emile DURKHEIM pour élaborer le concept de représentation sociale. C'est pourquoi Denise JODELET eut à déclarer que « le concept de représentation sociale - ou plutôt collective - apparaît en sociologie où il connaît une longue éclipse. Mais sa théorie va s'esquisser en psychologie sociale [...] »64(*)

Serge Moscovici lui-même se prononce sur le rapport existant entre le concept durkheimien et celui qu'il a forgé.

Il précise que, la notion de représentation collective a subi une éclipse qui a duré près d'un demi-siècle [...] C'est vers le début des années 60 de ce siècle qu'il m'a semblé possible de renouer avec l'étude des représentations (MOSCOVICI, 1961) et de susciter l'intérêt d'un petit groupe de psychologues sociaux, faisant ainsi revivre la notion.65(*)

Ce pour dire que le concept n'est pas nouveau et que certains changements ont été opérés au cours de son évolution. Cette évolution dans le sens du concept est présentée plus loin dans le travail.

2.1.1- Définition du concept de représentation sociale

Déjà dans l'introduction de son ouvrage fondateur, Serge MOSCOVICI donne un aperçu de ce que c'est pour lui la représentation sociale. Il affirme que son travail cherche à étudier les « processus afférents à son enracinement dans la conscience des individus et des groupes. »66(*).

Pour MOSCOVICI donc, la représentation sociale est (un) système de valeurs, de notions et de pratiques relatives à des objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, qui permet non seulement la stabilisation du cadre de vie des individus et des groupes, mais qui constitue également un instrument d'orientation de la perception des situations et d'élaboration des réponses.67(*).

Cette définition de MOSCOVICI met l'accent sur le contenu (valeurs, notions, pratiques) et les fonctions (stabilisation du cadre de vie, instrument d'orientation, élaboration de réponses) d'une représentation sociale.

Denise JODELET, s'inscrivant dans la même veine définit la représentation sociale comme

Une forme de connaissance spécifique de savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il (le concept) désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel.68(*)

Plus simplement, Jean-Claude ABRIC indique que « les représentations sociales sont des ensembles sociocognitifs, organisés de manière spécifique, et régis par des règles de fonctionnement qui leur sont propres. »69(*)

De ces différentes définitions, il en ressort trois éléments fondamentaux à propos de la représentation sociale. Ce sont bien le sujet, l'objet et la connaissance. « Toute représentation sociale est représentation (connaissance)70(*) de quelque chose (objet) et de quelqu'un (sujet) »71(*) ce quelque chose (l'objet) peut être `un travail à faire, un événement économique, un personnage social etc.' et le quelqu'un (sujet) peut être `un individu, une famille, un groupe, une classe...' Dans le cadre de ce travail, le sujet et l'objet sont respectivement le film "Barikad" (par extension ses producteurs) et les langues créole et français.

Ce qu'il faut connaître au sujet de cette connaissance qu'est la représentation sociale c'est qu'elle n'est ni réalité pure ni fiction pure.

La représentation n'est pas un simple reflet de la réalité, elle est une organisation signifiante. Et cette signification dépend à la fois de facteurs contingents [...] - nature et contraintes de la situation, contexte immédiat, finalité de la situation - et de facteurs plus généraux qui dépassent la situation elle-même : contexte social et idéologique, place de l'individu dans l'organisation sociale, histoire de l'individu et du groupe, enjeu sociaux.72(*)

D'où la base sociale de toutes représentations ; elles sont enracinées dans un contexte social, dans une structure sociale. Par conséquent, la représentation sociale est ni tout à objective ni tout à fait subjective.

ABRIC explique qu'il n'existe pas a priori de réalité objective, mais que toute réalité est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l'environne. Et c'est cette réalité appropriée et restructurée qui constitue pour l'individu la réalité même.73(*)

Denise JODELET fait la même remarque. Pour elle, la représentation sociale n'est « ni le double du réel, ni le double de l'idéel, ni la partie subjective de l'objet, ni la partie objective du sujet. »74(*)

2.1.2- Représentation sociale et le concept de représentations collectives

Comme souligné antérieurement, Serge MOSCOVICI s'est inspiré du concept de représentations collectives de DURKHEIM pour élaborer le concept de représentation sociale. Cependant, dès le départ, MOSCOVICI a marqué les nuances sinon les différences qui justifient le nouveau concept et le sépare de son aïeul. En effet, pour DURKHEIM, « les représentations collectives sont partagées par l'ensemble d'une société et sont stables à travers le temps contrairement aux représentations individuelles qui sont variables, éphémères, propres aux individus. »75(*) 

MOSCOVICI établit la différence entre les concepts au sens où ces représentations collectives sont le propre des sociétés traditionnelles alors que les représentations sociales vont avec les sociétés modernes. En effet, le rôle sans cesse croissant que jouent les médias dans la diffusion de l'information, des opinions, des connaissances dans les sociétés actuelles, rend difficile l'institution d'une représentation qui soit commune à tous les membres de la société. Les représentations sociales sont plutôt partagées par des groupes, en fonction des valeurs et des normes communes aux membres.

2.2- Formation des représentations sociales

MOSCOVICI a, dans son étude inaugurale, identifié deux étapes dans la constitution d'une représentation sociale. Ces deux étapes de la formation des représentations sociales sont reprises par la plupart des chercheurs travaillant dans le champ des représentations sociales. Ces étapes sont: a) l'objectivation et b) l'ancrage.

2.2.1- L'objectivation

Selon AEBISCHER et OBERLE, le processus d'objectivation consiste en l'omission de certains éléments de l'objet de la représentation de leur univers propre pour être intégrés dans un univers plus familier à l'individu ou au groupe qui représente. Par le fait même, une certaine distorsion est faite au caractère objectif de l'objet représenté.

Le fait de dissocier ces éléments de leur contexte d'origine et des règles qui les gouvernent, pour les associer à quelque chose de nouveau, s'accompagne d'une recomposition de ce qui a été dissocié, avec de nouvelles règles, qui va leur donner un sens différent.76(*)

C'est pourquoi, ABRIC croit qu'en matière de représentation sociale, « il n'existe pas a priori de réalité objective, mais que toute réalité est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs [...] »77(*)

2.2.2- L'ancrage

Après avoir été `decontextualisés', c'est-à-dire enlevés de leur environnement d'origine, les quelques éléments (informations, explications, usages, vertus etc.) de l'objet représenté doivent être intégrés dans un environnement familier, cohérent avec lui-même et facilement repérable pour l'individu ou le groupe. A ce moment, les analogies, les dissemblances, les souvenirs etc. vont s'activer pour ordonner les éléments et les faire trouver un univers. Ce processus d'intégration des éléments s'appelle ancrage. Pour AEBISCHER et OBERLE « le processus d'ancrage consiste en l'incorporation de ces informations dans un réseau de catégories plus familier. »78(*) Une fois ancrée, la représentation « constitue pour l'individu ou le groupe la réalité même. Il est donc clair que la représentation contient à la fois des caractéristiques objectives de l'objet et des expériences du sujet, son système d'attitudes et de normes.»79(*)

2.3- Structure des représentations sociales

Dans les définitions données précédemment, il est question qu'une représentation sociale est un `système', un `ensemble organisé. C'est dire donc qu'une représentation sociale revêt d'une structure, d'un mode d'agencement qui régit son ordre interne et qui la rend significative et cohérente à elle-même. En effet, une représentation sociale est « composée de deux sous-systèmes en interaction : un système central (ou noyau central) et un système périphérique.»80(*)

2.3.1- Le noyau central

Plusieurs termes sont utilisés pour désigner le noyau central ; des auteurs comme « Mugny et Carugati (1985) parlent de noyau dur, et Doise (1985) de principe organisateur »81(*) pour le désigner ; d'autres auteurs encore parlent de « schémas cognitifs de base ou de système central »82(*). Le noyau central joue un rôle capital dans toute représentation.

Il est constitué d'un ou de quelques éléments toujours en nombre limité. Il assure trois fonctions essentielles, c'est-à-dire que c'est lui qui détermine :

- La signification de la représentation (fonction génératrice)

- Son organisation interne (fonction organisatrice)

- Sa stabilité (fonction stabilisatrice).83(*)

En tant qu'il assure ces fonctions, le noyau central « constitue la part non négociable de la représentation. »84(*) Ainsi, toute remise en question de l'un d'entre eux (des éléments du noyau central), entraîne automatiquement la transformation ou l'abandon de la représentation. »85(*)

2.3.2- Le système périphérique

Le second élément de toute représentation sociale c'est le système périphérique. Si l'on peut considérer le noyau central comme la tête ou le cerveau de la représentation½, « le système périphérique en constitue le corps et la chair. Son rôle est essentiel et peut être résumé en cinq fonctions : concrétisation, régulation, prescription des comportements, protection du noyau central et personnalisation. »86(*)

Dans Pratiques sociales et représentations Jean-Claude ABRIC explique que le système périphérique comprend :

Des informations retenues, sélectionnées et interprétées, des jugements formulés à propos de l'objet et de son environnement, des stéréotypes et des croyances [...] Ils constituent en effet, l'interface entre le noyau central et la situation concrète dans laquelle s'élabore ou fonctionne la représentation [...].87(*)

Ces deux éléments à savoir le noyau central et le système périphérique constituent la structure de la représentation et s'organisent de façon à donner sens à une réalité pour un individu ou un groupe.

2.4- Les fonctions des représentations sociales

Si les représentations sociales existent c'est pour remplir un rôle dans la vie des groupes et des individus. En effet, selon Jean-Claude ABRIC, les représentations sociales remplissent quatre fonctions qui sont la fonction de savoir, la fonction d'identité, la fonction d'orientation et la fonction de justification.

2.4.1- La fonction de savoir

Les représentations sociales fonctionnent comme des connaissances de sens commun qui permettent à leurs détenteurs d'appréhender l'objet de la représentation et de communiquer à propos de cet objet. « Elles définissent le cadre de référence commun qui permet l'échange social, la transmission et la diffusion de ce savoir 'naïf'. »88(*) Elles servent donc comme le stock de connaissance disposé par le sujet par lequel il comprend et agit ou interagit avec l'objet. A ce moment, il clair que la représentation qui est faite d'un objet détermine pour le sujet ce qu'est cet objet. En d'autres termes, la représentation définit, à tort ou à raison, l'objet.

2.4.2- La fonction d'identité

Les représentations sociales sont partagées par des groupes et en fonction des valeurs et de normes de ceux-ci. En tant que telles, les représentations permettent de « situer les individus et les groupes dans le champ social... (Elles permettent) l'élaboration d'une identité sociale et personnelle gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de normes et de valeurs socialement et historiquement déterminés. »89(*)

En ce sens, quelqu'un qui prend telle position en face de telle situation sera catégorisé dans un groupe donné. Cette catégorisation permettra l'attirance ou la répulsion entre les individus; d'où la différenciation sociale.

2.4.3- La fonction d'orientation

L'une des raisons pour lesquelles existent les représentations, c'est de rendre disponibles des programmes tout faits, des "guides pour l'action" à leurs détenteurs.

Selon Jean-Claude ABRIC, la représentation produit [...] un système d'anticipations et d'attentes, elle est donc une action sur la réalité: sélection et filtrage des informations, interprétation visant à rendre cette réalité conforme à la représentation. [...] L'existence d'une représentation de la situation préalable à l'interaction elle-même fait que dans la plupart des cas ' les jeux sont faits d'avance', les conclusions sont posées avant même que l'action ne débute.90(*)

En ce sens, l'individu détenteur de type de représentation n'aura pas à faire d'effort quand une situation ayant trait à la représentation se présente. Il saura automatiquement quoi faire et comment le faire.

2.4.4- La fonction de justification

Les représentations sont cognitives, identitaires, programmatrices mais aussi elles sont justificatrices. En effet, les représentations servent à justifier les actions posées qui sont conformes à elles. Elles permettent aux « acteurs d'expliquer et de justifier leurs conduites dans une situation ou à l'égard de leurs partenaires »91(*) Elles permettent donc à leurs détenteurs de garder leur équilibre psychologique, c'est-à-dire qu'elles permettent d'éviter la dissonance cognitive. De plus, comme les représentations participent à l'élaboration de l'identité sociale tout en permettant la différenciation sociale, la fonction de justification permet de pérenniser la différenciation sociale.

La théorie des représentations sociales permet donc de comprendre la représentation qui est faite des deux langues, à travers les régularités des formes de leur utilisation dans le cinéma. Il convient toutefois de rappeler que l'objectif de cette étude est la détermination de la représentation du créole et du français dans le film Barikad. En ce sens donc, elle n'a pas la prétention de déceler le noyau central et le système périphérique, encore moins d'étudier les fonctions dans le film, de la représentation qu'elle aura trouvée. Ce travail de description et d'étude des fonctions de la représention peut à lui seul faire l'objet d'une recherche bien plus volumineuse que celui-ci.Chapitre III

Le cinéma

Le domaine auquel s'intéresse ce travail est le cinéma. Par conséquent, il est indiqué de préciser ce qu'est le cinéma, sa situation dans le monde et en Haïti ; et aussi, de jeter un regard sur certaines considérations faites à son égard. Loin de vouloir présenter la situation du cinéma de manière exhaustive, ce chapitre constitue plutôt une mise en contexte du domaine auquel le travail s'adonne.

3.1- Définitions du cinéma

Comme presque toutes les notions auxquelles les sciences humaines sont intéressées, le cinéma n'a pas une définition mais plutôt des définitions. Ce qui fait dire donc que le terme cinéma est polysémique.

Dans son acception étymologique, le terme cinéma, apocope de cinématographe qui du grec, Kinçma (mouvement) et gráphein (écrire), signifie écriture du mouvement92(*). Cette définition renvoie à l'histoire et à l'aspect purement technique du cinéma. Etant donné que le cinéma n'est pas seulement une histoire et ne concerne pas seulement une technique, d'autres définitions sont alors possibles.

Ainsi, le cinéma est considéré comme un art. La Bibliothèque Laffont des grands thèmes pressente le cinéma comme « un art, un art moderne, neuf, dynamique. »93(*) Elle ajoute que « le cinéma appartient au domaine des arts dès qu'il s'attaque à une oeuvre d'imagination. »94(*)

D'autres le considèrent comme une industrie, étant donné que le processus de réalisation des films nécessite des compétences différentes qui interviennent chacune à un moment donné du processus. Aussi le cinéma est considéré comme industrie à cause des ressources financières, parfois très élevées, mobilisées pour la réalisation et la promotion des films.

Enfin, le cinéma est considéré comme un media. Warren K. AGEE et alliés, par exemple, voient le cinéma comme «le moyen de propagande le plus puissant invente jusqu'à ce jour. [..] »95(*) Ils argumentent leur assertion par le fait qu' « outre le message verbal qu'il fournit par le biais des dialogues, du commentaire ou des sous-titres, le film fait passer simultanément un message visuel instantané, offrant au spectateur une image qui vient étayer ce qu'il a tout juste appris à travers le langage.»96(*)

3.2- Le cinéma dans le monde et en Haïti

En Haïti comme dans le reste du monde, le cinéma a une histoire. Il est né, ou est arrivé, dans le cas d'Haïti, et se développe dans le temps. Les points qui suivent donnent un bref coup d'oeil de l'histoire et du développement du cinéma dans le monde et en Haïti.

3.2.1- L'invention du cinéma

S'il est vrai que l'invention du cinéma est passée par un long processus où divers savants ont participé, deux noms et une date restent comme les points de repères de sa naissance. En effet, les frères Louis et Auguste Lumière et la date du 28 décembre 1895 sont considérés comme les incontournables de l'histoire du cinéma. Les historiens du cinéma s'accordent à considérer cette date qu'est le 28 décembre 1895 comme l'année zéro du cinéma tout en reconnaissant que les frères Lumière n'ont inventé le cinéma qu'« avec une cinquantaine d'autres [...] »97(*)

La Grande Encyclopédie Larousse a, elle, fait remonter jusqu'en 1816 le début du processus de l'invention du cinéma avec les premières expériences de Nicéphore Niepce98(*). Elle illustre les étapes de l'invention avec les apports, années après années, de divers savants, pour enfin arriver à la date fatidique du 28 décembre 189599(*). A cette date, en effet, les frères Lumière ont donné les premières projections publiques de leur appareil : le cinématographe, au sous-sol du Grand Café, Boulevard des Capucines à Paris. Déjà à cette date «  le billet coûtait un franc et donnait droit à une dizaine de films d'une minute chacun environ [...] »100(*)

Il faut toutefois faire remarquer qu'à l'époque le cinéma était muet et seulement en noir et blanc. Il a fallu attendre 1927101(*), avec le film les chanteurs de jazz pour que le cinéma devienne parlant et 1934 avec la mise au point du technicolor trichome pour que « commence l'essor du cinéma en couleurs.»102(*)

3.2.2- Arrivée du cinéma en Haïti

Seulement quatre ans après la projection des Lumière au Grand Café de Paris, le cinéma fait son entrée en Haïti. Le 7 décembre 1899 en effet, M. Joseph FILIPPI, représentant du cinématographe-Lumière, est arrivé à Port-au-Prince. Il était venu faire de la promotion pour le nouvel appareil en proposant des projections publiques.

A ce propos, Michaëlle LAFONFANT-MEDARD explique que la primeur des vues cinématographiques a été accordée aux invités de la soirée de fête organisée à la Légation de France le mercredi 13 décembre 1899... (Et) la première représentation publique [...] le lendemain jeudi 14 décembre 1899 au théâtre du Petit-Séminaire-Collège de Port-au-Prince.103(*)

Au cours de ce même mois de décembre, il devait y avoir le premier film tourné sur Haïti et en Haïti. Le titre du film c'est : « Dernier incendie du 15 décembre 1899 à Port-au-Prince ». En effet, le 15 décembre 1899, le feu éclata près de la Place Pétion à Port-au-Prince, Joseph FILIPPI filma ces images « que le public port-au-princien eut l'occasion de revivre le samedi 30 décembre 1899 quand Filippi (les) projeta »104(*) Ainsi, le mois de décembre 1899 marque plusieurs événements dans l'histoire du cinéma en Haïti : son entrée, la première réalisation d'un film sur Haïti et la projection du premier film réalisé en Haïti sur Haïti.

3.2.3- Evolution du cinéma en Haïti

Après le passage de Joseph FILIPPI en Haïti, le cinéma a continué. D'après Arnold ANTONIN « Les premières projections continues [...] ont lieu à partir de 1907 au Grand Hôtel de Pétion-Ville, puis au Parisiana, situé au Champ de Mars, à partir de 1914.»105(*)

Les salles de cinéma commencent aussi à se multiplier à partir de ces dates : Ciné Variétés (Port-au-Prince, 1916), Ciné Eden (Cap-Haïtien, 1933), Paramount (Port-au-Prince, 1934), Rex théâtre (Port-au-Prince, 1935), Cabane Choucoune (Pétion-Ville, 1940), Choucoune (Pétion-Ville, 1942) etc.

Au cours de l'occupation américaine (1915-1934) on continuait à tourner des films en Haïti puisque Arnold ANTONIN explique qu'on dispose encore « d'images en mouvement » datant de l'époque de l'occupation dans les archives de la Library of Congress des Etats-Unis d'Amérique.

De nombreuses images en mouvement de la période de l'occupation (1915-1934), représentant les actions des marines et les cérémonies officielles. On peut retrouver encore des images en mouvement tournées en Haïti sur les soins de santé, l'agriculture ou des moments de la vie sociales, dont le carnaval est le moment privilégié, dans les archives de la Library of Congress également à Pathé-ciné.106(*)

Le cinéma continuait mais, à part des ½actualités haïtiennes½  le public n'avait droit qu'aux films étrangers. Il a fallu attendre 1962 pour voir le « premier long-métrage documentaire (1h 30 mn) du cinéma haïtien »107(*) Il s'agit du film  ½Mais moi je suis belle½, réalisé par Jean DOMINIQUE, Edouard GUILBAUD et Emmanuel LAFONTANT. Ensuite suivent un moyen-métrage ½M ap palé net½ en 1976, de Raphaël STINES ; un long-métrage ½Olivia½ en 1977, de Bob LEMOINE et le long-métrage  ½Anita½ en 1980, de Rassoul Labuchin. Ce dernier « a connu, un grand succès à l'époque »108(*)

Parallèlement se développe à l'étranger un cinéma militant emmené par Arnold ANTONIN. On connaît, à cet effet, les documentaires ½Les Duvalier sur le banc des accusés½ (1973, A. ANTONIN)109(*) ; ½Haïti le chemin de la liberté½ (1974, A. ANTONIN) ; ½Les Duvalier condamnés½ (1975, A. ANTONIN) ; ½ Canne amère½  (1983, Paul ARCELIN), etc.

Au cours des années 80, plusieurs films tels ½Ayisyen leve kanpe ½ (1982) ; ½ Nou tout se refijye ½ (1983) ; ½Haitian Corner ½ (1989, Raoul PECK) sortaient dans les salles de cinéma; mais les années 90 semblent avoir donné un nouvel essor au cinéma si l'on considère le nombre de films sortis (on peut citer : ½Se met kò ½ (1990), ½ Le Cap à la une ½ (1993), ½ Cicatrices ½ (1997), ½Chéri je t'aime ½ (1998), ½ Les gens de bien ½ (1995), ½La troisième guerre mondiale a déjà eu lieu½ (1997)), et cet essor continue encore dans les années 2000.

Cependant, malgré tout le progrès que connaît le cinéma haïtien tant au niveau du nombre de films sortis ou du nombre d'entrée en salle, la qualité laisse tout de même à désirer.

Pauvre du point de vue technique et artistique, (le cinéma haïtien) est très peu compétitive face aux productions étrangères... Il y a une faible préparation technique et artistique dans les milieux de la production et de la réalisation. La plupart des techniciens et des artistes, y compris des acteurs, se forment sur le tas [...] le professionnalisme est donc quasiment absent.110(*)

Il est donc clair que dans ces conditions la qualité technique, artistique et esthétique du cinéma laisse à désirer. Il reste donc au cinéma haïtien d'énormes pas à franchir avant de pouvoir s'imposer dans les festivals internationaux de films.

3.3- Approches du cinéma

Plusieurs approches théoriques tentent d'appréhender et d'expliquer le cinéma, son rapport avec la société et ses conséquences sur celle-ci. Chaque approche propose des explications sur le cinéma et, du même coup, fournit des éléments méthodologiques pour l'analyser. Deux de ces approches sont présentées ici en raison de leur lien étroit avec l'objet de la présente étude.

3.3.1- Le cinéma comme réalité

Certains auteurs voient dans le cinéma la restitution de la réalité sociale. Pour ces auteurs en effet, le cinéma représente le miroir grâce auquel il est possible d'accéder à la réalité. KRAKAUER par exemple, soutient que « le cinéma reconstitue un univers dédoublé, reflet de l'univers réel, se supprimant à lui, doté de la qualité magique [...]  Le cinéma offre et offrira à l'homme un reflet de lui-même et du monde, en même temps qu'il puisera sans cesse une conscience nouvelle.»111(*)

S'inscrivant dans la même veine André BRAUN-LARRIEU parle du cinéma comme révélant « l'originalité des civilisations disparues, les grands drames de l'histoire, les splendeurs d'outre-mer, la diversité des cadres humains...»112(*)

Ce courant théorique qui voit au cinéma le "reflet de la réalité" a connu un très grand essor avec la théorie du "cinéma-oeil" du documentaliste soviétique Dziga VERTOV et avec le courant "cinéma-vérité" ou "cinéma-direct" fondé par l'ethnologue Jean ROUCH et le sociologue Edgar MORIN113(*).

3.3.2- Le cinéma comme construction

A l'opposé de l'approche cinéma-vérité se trouve l'approche qui considère le cinéma comme une construction. Selon ce courant « aucun film ne peut se soustraire au travail créateur, c'est-à-dire à une interprétation donnée par ses réalisateurs.»114(*) La succession de tranches de la vie sociale ne suffit donc pas pour faire du film un "reflet du réel" selon le courant "constructiviste" du cinéma.

Jacques DURAND, par exemple, prévient qu'il ne faut pas se hâter de rechercher dans le film une image fidèle des relations sociales réelles. Les aspects fondamentaux de la réalité n'étant [...] pas saisis directement par la caméra, les traits sociaux présentés (qui n'ont, elles non plus, aucune garantie d'exactitude), soit le résultat spontané du processus de création.115(*)

DURAND souligne un ensemble de distorsions qui éloignent le cinéma de la réalité. Ces distorsions, selon lui, sont exprimées dans le choix le traitement des sujets qui sont limités et partiels ; dans le choix des personnages où certaines catégories de personnages (hommes, riches, adultes, célibataires...) sont privilégiées par rapport à d'autres ; dans les falsifications dues au  "trucage à la prise de vue, adjonctions de sons, de musique, de commentaires tendancieux, omissions volontaires ou forcées etc."116(*) Il en résume donc que pour ce courant, le cinéma est un construit qui peut partir de la réalité certes, mais l'éloigner à la fin.

Quoi qu'il en soit, le cinéma ne peut pas être considéré ni comme pure réalité puisque, comme les tenants de l'approche constructiviste le montrent, les films portent l'empreinte de leurs auteurs (acteurs, producteurs, réalisateurs etc.). De même, il ne peut être considéré non plus comme étant pure construction ; les auteurs des films puisant leur histoire, dans la plupart des cas, dans la réalité. Aussi, pour répéter DOFNY, l'organisation économique même du cinéma fait qu'il ne peut se dissocier du reste de la société.

Dans cette étude par conséquent, le cinéma est considéré comme étant à la fois  produit social  et construction. En conséquence, il est considéré comme combiné d'éléments de la société productrice et de l'empreinte de ses producteurs directs. Et par le fait même, les résultats qui découlent de l'étude ne doivent pas être considérés comme étant les résultats de l'utilisation réelle des langues de la société mais comme comportant certains éléments de cette utilisation. Cette position est appuyée par Jacques DOFNY. En effet, DOFNY déclare que le cinéma n'est pas seulement un miroir qui reflète la société. « (Il) fait partie de la réalité sociale par son organisation économique et par la médiation de l'auteur, avec les chocs en retour qui s'y produisent, avec les décalages temporels entre le cinéma et la réalité. »117(*)

Chapitre IV

Méthode de recherche

Les documents écrits, sonores, graphiques, cinématographiques etc. ont pour le moins, un point commun avec l'architecture, les meubles, les vêtements, les ustensiles de cuisine, les déchets... Ils sont tous des traces des différentes activités de l'homme, son empreinte laissée dans la nature. En les analysants, les chercheurs en sciences humaines et sociales peuvent mettre en lumière un grand nombre d'informations allant des habitudes jusqu'à l'organisation sociale de ceux qui, par leurs activités de toutes sortes, ont laissés derrière eux ces traces.

La méthode qui permet de faire ces genres d'études est la méthode d'analyse des traces. Cette méthode est, selon GIROUX (1998), une méthode qui consiste à retrouver ces traces pour « les analyser afin de reconstituer le portrait de l'humanité [...] (Elle permet d') interpréter des traces de l'activité humaine...»118(*) En ce sens, son analyse peut dévoiler des informations énormes sur la société qui l'a produit. KRAKAUER (1941) a d'ailleurs expliqué ce fait pour les films en déclarant : «  [...] à qui voudrait les examiner de près, les contenus latents des films révéleraient les valeurs implicites, tabous, fétiches d'une civilisation, sa mythologie de la vie quotidienne, les complexes élémentaires qui en régissent les rapports `microsociologiques'.»119(*)

A ce sujet, Edgar MORIN abonde dans le même sens.

Il déclare que les films sont devenus dépositaires non seulement d'un inconscient collectif à la Jung, où se retrouveraient des `archétypes' transhistoriques (notamment dans la mythologie qui entoure les stars), mais aussi des inconscients collectifs, où se fixent la sensibilité, les aspirations et les rêves des sociétés en situation historique et sociologique déterminée.120(*)

Il est donc très clair que la méthode qui est plus appropriée à trouver la représentation des langues créole et française dans les films haïtiens est la méthode d'analyse des traces. C'est elle donc qui est retenue pour ce travail.

4.1- Type de recherche

Selon DE KETELE et ROGIERS (1996), il existe sept types de recherche qui sont :

1- La recherche scientifique basée sur une démarche inductivo-hypothético-déductive ;

2- La recherche technologique construisant des outils pour le praticien et orientée vers la prise de décision ;

3- La recherche évaluative avec prétention prévisionnelle et prospective ;

4- La recherche-action examinant une situation du point de vue des participants ;

5- La recherche exploratoire, phase heuristique permettant de générer des hypothèses ;

6- La recherche descriptive, lorsque la description et la classification sont un préalable ;

7- La recherche spéculative, axée sur la fonction prospective.121(*)

Parmi ces sept types de recherche, ce travail s'inscrit, comme c'est dit dans l'introduction, au type exploratoire. Il donc judicieux que de préciser ce que c'est qu'une étude de ce type en vue d'évacuer tout malentendu ou toute mésinterprétation.

4.2- Etudes exploratoires

Les études exploratoires sont des études réalisées dans les situations où le domaine qui intéresse le chercheur n'a pas été `explorer' par des recherches antérieures. Andrée LAMOUREUX explique que dans ces cas « le chercheur ne peut avoir d'hypothèse de départ ; il a alors comme objectif de `déblayer le terrain' pour y voir plus clair. »122(*) Plus loin, ce même auteur affirme que « les méthodes exploratoires sont essentiellement des méthodes de recherche qualitatives et elles regroupent la recherche théorique, l'observation naturelle, l'entrevue informelle, l'étude de cas et la recherche historique, ces deux dernières pouvant parfois contenir des éléments de la méthode quantitative123(*)

La présente étude s'inscrit donc immanquablement dans cette perspective car, elle suit un à un la position de LAMOUREUX sur le choix entre l'hypothèse et l'objectif, et aussi sur le fait d'utiliser des "éléments de la méthode quantitative."

4.3-Technique de collectes des données

Les données qui servent à étudier la représentation des langues se retrouvent dans le film lui-même. Par conséquent, pour les collecter le DVD du film Barikad et un lecteur DVD ont été utilisés comme instruments. A mesure que le lecteur DVD donne lecture du film, les conversations sont retranscrites, du début à la fin, sur du papier.

4.4- Le corpus

Le corpus est "l'ensemble des données sur lequel va ou doit s'effectuer l'analyse de contenu."124(*) Ainsi le corpus de ce travail est constitué de toutes les conversations verbales, les discours, les monologues... qui sont en créole et/ou français recueillis dans le film. Cela étant dit, toute parole qui n'est pas en ces deux langues (qui est en anglais par exemple) n'est pas considérée125(*). Aussi, aucun élément non verbal n'est considéré.

4.5- Technique de codage

Pour la présentation des données nous avons utilisé un système de codage par lequel les conversations sont divisées en unités et en sous-unités. Les unités sont ordonnées par des chiffres alors que les sous unités sont ordonnées par des lettres. Les unités correspondent chacune à une séquence du film. Les sous-unités, elles, correspondent à chaque prise de parole des interlocuteurs en présence.

4.6- Opérationnalisation des variables

Pour opérationnaliser les variables il faut d'abord les identifier là où elles se trouvent. Elles se trouvent toujours dans l'hypothèse ou l'objectif de l'étude concernée. Dans le cas de la présente étude, qui n'a que des objectifs, les variables sont dans l'objectif principal. De ce fait, il n'est pas inutile de rappeler l'objectif principal du travail qui est de déterminer la représentation des deux langues (le créole et le français) véhiculée dans le cinéma haïtien en particulier dans le film choisi. Il est donc clair qu'ici deux variables sont en présence : 1) représentation, et 2) langue.

Tableau opérationnalisation des variables

VARIABLES

DIMENSIONS

INDICATEURS

Représentation

1- langue de gens à statut social élevé et d'expression de sentiments positifs

- Utilisée par des personnages généralement bien vus dans la société.

Exemple : intellectuel - père de famille - mère de famille

- Utilisée dans des scènes d'activités sociales généralement bien vues dans la société.

Exemple : Mariage - Fête - Défilée - voyage - administration publique/privée

- Utilisée pour exprimer les sentiments et émotions honorables aux yeux de la société

Exemple : Déclaration d'amour -Félicitations - Satisfaction - Moment émotions positives - être content - etc.

2- Langue de petites gens et d'expression de sentiments négatifs

- Utilisée par des personnages généralement mal vus dans la société.

Exemple : Femme de ménages - Restavèk - Délinquant - Enfants des rues - Prostituée - Malade mental etc.

- Utilisée par n'importe quel personnage pour exprimer des émotions ou des sentiments négatifs.

Exemple : Injures - Colère- Punition - Moment d'émotions négatives - Se fâcher - etc.

Langue

1- Français

- Utilisation de mots de la langue française.

- Utilisation de la syntaxe de la langue française avec prononciation correcte ou pas.

2- Créole

- Utilisation de mots de la langue créole.

- Utilisation de la syntaxe de la langue créole.

4.7- Technique de recherche

La méthode d'analyse des traces comprend trois techniques: a) l'analyse historique qui, comme son nom l'indique, est une technique permettant d'établir la vérité historique - elle s'applique donc en Histoire; b) l'analyse statistique qui s'applique à faire connaître une réalité jusque-là méconnue, par la manipulation des données statistiques; et c) l'analyse de contenu qui par une analyse des données, des communications en particulier, permet de faire ressortir leur contenu. Cette dernière est la technique retenue dans ce travail.

4.7.1- L'analyse de contenu

Diverses conceptions sont faites de l'analyse de contenu. Il en résulte donc diverses définitions. Pour Bernard BERELSON, un des pionniers en analyse de contenu, « C'est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications ayant pour but de les interpréter.»126(*)

Si la plupart des chercheurs s'accordent sur les deux premières caractéristiques de l'analyse de contenu telles que définies par BERELSON; le caractère quantitatif se trouve relativiser ou parfois même rejeter. Pour Madeleine GRAWITZ par exemple, "cette condition n'est pas indispensable et certaine analyses de type qualitatif recherche des thèmes plus qu'elles ne les mesurent".127(*)

Pour QUIVY et CAMPENHOUDT, l'analyse de contenu peut être quantitative ou qualitative. Selon ces auteurs, la première forme, c'est-à-dire quantitative, serait extensive et aurait pour information de base « la fréquence d'apparition de certaine caractéristique de contenu ou les corrélations entre elles »128(*). La seconde forme, c'est-à-dire qualitative, elle, serait intensive et aurait pour information de base « la présence ou l'absence d'une caractéristique ou la manière dont les éléments du 'discours' sont articulés les uns aux autres ».129(*) Ils ajoutent toutefois que «  les caractéristiques propres des deux types de démarche ne sont pas aussi nettes et plusieurs méthodes font aussi bien appel à l'un qu'à l'autre »130(*).

C'est justement ce que ce travail sur le film Barikad se propose de faire; coupler l'analyse de contenu quantitative - en comptant les fréquences d'utilisation de chacune des langues dans des circonstances particulières (ces circonstances seront élucidées plus loin) et faire des corrélations entre ces fréquences - avec l'analyse de contenu qualitative - en déterminant la valeur accordée à certaines scènes, certains personnages et la langue utilisée.

Aussi, les avancées de l'analyse de contenu ont permis d'aller plus loin que le "contenu manifeste". Les auteurs du General Inquier131(*), par exemple parlent de l'analyse de contenu comme une « technique permettant de faire des inférences »132(*) et selon Madeleine GRAWITZ « le terme 'inférence' marque l'élargissement de la procédure qui permet dorénavant la mise en rapport des traits littéraux et des traits sociologiques.»133(*)

QUIVY et CAMPENHOUDT présentent l'inventaire des matériels sur lesquels peut s'appliquer l'analyse de contenu. Selon eux, elle peut s'appliquer « sur des communications de formes très diverses (textes littéraires, émissions télévisées, radiophoniques, films, rapports d'entretiens, messages non verbaux, ensemble décoratifs etc.) »134(*)

Toujours selon ces auteurs, l'analyse de contenu peut servir à:

L'analyse des idéologies, des systèmes de valeurs, des représentations et des aspirations ainsi que leur transformation;

L'examen des logiques de fonctionnement d'organisation grâce aux documents qu'elles produisent;

L'analyse des processus de diffusion et de socialisation (manuels scolaires, journaux, publicités...);

L'analyse de stratégies, des enjeux d'un conflit, des composantes d'une situation problématique, des interprétations d'un événement, des réactions latentes à une décision, de l'impact d'une mesure [...];

La construction de réalités passées non matérielles: mentalités, sensibilités ...135(*)

4.7.2- Technique d'analyse

Pour arriver à trouver ce que contiennent les films en matière de représentation des langues, ce travail s'applique à croiser les formes dans lesquelles les langues sont utilisées. D'abord, est (sont) déterminée (s) quelle (s) langue (s) parle un personnage ; et, pour comprendre la représentation, la langue que parle le personnage est ensuite mise en rapport avec « le rôle social » tenu par le personnage. Ensuite, la langue utilisée pour exprimer les émotions/sentiments est considérée pour les personnages utilisant les deux langues. Ici, la représentation tient du fait d'utiliser une langue pour exprimer un sentiment/émotion considérée comme honorable ou non honorable, comme positifs ou négatifs aux yeux de la société.

Chapitre V

Présentation des résultats

Les résultats sont de deux ordres. Premièrement, il y a la retranscription du film qui est en même temps un découpage. Le découpage se fait de manière à diviser le film en unités d'analyse codées par des chiffres et en sous unités codées par des lettres. Deuxièmement, il y a les tableaux et graphes qui sont la présentation de données tirées de la retranscription-découpage.

5.1-Retranscription-découpage du film

UNITES/

Sous-unités

DIALOGUES

1

a)

Marianne: Doudoun, ou pa ta kapab fè lòt jan. Si w vle rann manman w yon ti sèvis, se travay di, sanble on ti kòb, w al lekòl epi fè yon ti komès.

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Odette: Sonia ? Sonia ?

Sonia: Wi madanm.

- Kòman Sonia ! depi maten vèsèl yo poko fèt! Kisa w t ap fè avèk yo depi maten?

- Menaj la wi m t ap fè.

- Son gran netwayaj ou t ap fè kòmè ? Si se te manje w t ap manje ou ta gen tan fini wi !

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Odette: Kote moun k ap mande pou mwen an?

Odénie: Men mwen wi madam.

- Se kote m ou vini?

- Wi madanm, se... se pou travay la wi.

- Apwoche non, ......ouh ! Vye kò a wi... pwoche ! anh ! pwoche non !

- Kòman w rele ?

- Odénie wi madam

- Odénie an se tout non w ?

- M pa gen lòt non madanm.

- Ki kote w moun ?

- Moun Answouj.

- O! Answouj! Se pa atè la a non! Ou gen fanmi isi ?

- Wi. Matant mwen, Marianne, se li menm ki voye m pou travay la wi.

- An ! Marianne. Li te esplike ou son travay dòmi leve ?

- Wi madanm.

- Li te esplike ou tout travay la ?

- M kwè sa wi.

- Bon ban m reprann pou ou. W ap lave chak jou, w ap pase chak jou ; nou pa kite rad akimile isit la. W ap lave rad matmwazèl la ak pa m apa. Pou menaj la, w ap bale tout pyès yo, w ap ranje kabann yo, w ap siye tout mèb yo. Epi, avan m bliye, fè atansyon ak ti biblo m yo paske m ap oblije tire tout kòb ou pou sa w ap kraze ; e kòb ou pa menm kont pou tire sa w ap kraze. Ou konprann sa m di w la ?

- Wi madanm.

- Marianne te ba w kondisyon yo ?

- Wi madanm

- Ou dakò ?

- Wi madanm.

- Kilè w ap kòmanse ?

- M te tou pot afè m yo wi.

- Rantre.

- W ap mete sa yo nan ti pyès la la a. M pral rele Sonia l ap vin esplike ou kay la

- Wi madanm

- M t ap bliye, m pa vle tande vwa pyès moun fò nan kay mwen, ni tripotay... E m tyen aske yo respekte ak mari m ak 2 pitit mwen yo, mesye Thierry ak matmwazèl Sagine. Oke ! ou mèt ale.

4

a)

b)

c)

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e)

Sonia: Ou mèt met bagay ou yo la a. Ou wè jan madanm nan tchak ?

Odénie : Figi l pa sanble sa non !

- E ! si w gad sou figi l w a bal lakominyon san konfesyon. Jan w wè bouch li pwenti a, konsa tou lè sa pran joure se detrese l detrese bò tèt ou anba jouman. Pitit fi l la menmjan avè l.

- E mesye a ?

- A ! se pa moun ki pale, sof lè l ap regle zafè politik li. Li gen tan wè l prezidan kounye a. Apa de sa, ba l ti jounal li, ti manje l, ti liv li... dayè ke l la ke l pa la se menm bagay. Bon ann ale, w a fin ranje bagay sa yo pita, madanm nan pa renmen moun trenen kò nou la a lajounen.

M pral moutre w. On vye djòb wi ou pran la a.

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Sagine: Thierry, sonje bay netwaye soulye w pou aswè a, oke.

Thierry: Aswè a? Sak gen aswè a?

- Ou bliye bal lan?

- Mh! M pat sonje bagay konsa non mwen menm. Dayè m pa kwè m prale.

- Ouh mon Dieu ! Thierry ou pa ka fè m on bagay konsa. Tout ekip solid la ap la. Lèfini m achte kat mwen deja wi, ou imajine w?

- Sagine w a depouye w oke ! Mwen m pa sou sa.

Thierry: Bonjou manmi.

Odette: Bonjour Riri.

Sagine: Ecoutes, chak fwa m ap fè on bagay m oblije met ajenou nan pye ou. M oblije supliye ou pou rann mwen on sèvis. Ou pa ka fè sa pou mwen !

Odette: Qu'est ce qu'il y a encore les enfants ?

Thierry: Rien de sérieux maman.

Sagine: Ouh ! rien de sérieux ? Bon se ou k pwoblèm nan !

Maman, tu as entendu parler du bal de ce soir ?

Odette: Oui bien sûr.

Sagine: Eh bien ! nous avons payé pour y ...

Thierry: Nous avons payé?

Sagine: Nous avons payé pour y aller, Thierry ne veut plus maintenant.

Thierry: Manmie, je ne veux pas y aller, ok.

Odette: Si c'est une question d'argent...

Thierry: Non, ce n'est pas une question d'argent, ok. C'est seulement que j'ai pas envie de faire le dindon au milieu d'une bande d'imbéciles qui sont là uniquement pour qu'on puisse dire le lendemain qu'ils étaient au bal de l'année.

Odette: Thierry tu ne crois pas que tu exagères un peu. Franchement je ne te comprends pas. Mais on ne va pas te forcer.

Sagine: Mon Dieu ! Thierry gen tout dwa isi an manman?

Odette: Wouch! timoun sa yo soti pou yo vire tèt mwen.

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Odette: Chéri tu aurais pu m'attendre pour le café.

Eddy: Mais chérie tu as toujours une chose à faire avant de descendre dans l'office. Et tu sais, je ne lis jamais mon journal sans...

Odette: Sans ta tasse de café, je sais. Passe-moi le sucre.

Thierry: Je sors, je vais faire un tour.

Odette: Mais tu n'as presque rien mangé.

Thierry: Ça va. J'ai pas faim.

Odette: Je le comprends de moins en moins.

Eddy: Comment ça chérie ?

- Ce n'est plus mon petit garçon docile d'autrefois.

- C' normal ma chérie, les enfants grandissent et nous nous vieillissons. Faut bien qu'on s'y fasse.

- Tu as sans doute raison, bientôt, il ne restera plus que nous deux.

- C'est ainsi que tout a commencé

7

a)

b)

c)

Sonia: On ti gason chèlbè enh!

Odénie: M pa menm sou bò l menm, travay mwen m ap okipe.

- A! ou pa bezwen bay tèt ou manti, mwen menm tou m renmen wè l. men se tankou lè w ap gade bèl kado nan vitrin ou pa gen kòb nan pòch ou pou achte. Vin ban m on kout men nan kizin nan.

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a)

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e)

Thierry: W ap reve tit sè? W ap reve!

Sagine: Eskize m ban m pase ! Ou nève m menn !

- Ou nève men... Ou pap soti ce n'est pas la peine.

- Je t'ai demandé quelque chose!

- Si ou pa al nan bal ou pap mouri pou sa non.

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Odénie : Eskize m wi!

Thierry: Wi

- : Se e e yon kòb...

- Sa w di? Vanse non... vanse, m pa tande.

- Yon kòb wi mwen te jwenn nan pòch pantalon ou te bay nan lesiv la wi.

- O ! mèsi, ou mèt mete l sou ti tab la nan chanm mwen an. Se kijan w rele ankò a?

- Odénie.

- An! se vre. Ou fèk vin Pòtoprens ?

- M pa gen twò lontan non.

- Ou te di m se Marianne ki te voye ou, sa l ye pou ou ?

- Matant mwen.

- On bon moun wi. Se li k te okipe m lè m te piti. M ta swete w pran kote l.

Odette: Odénie ou gentan fin fè travay m te ba w fè anba a ?

Odénie : Non matant.

Odette: Ebyen sa w ap fè la a ?

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a)

b)

Thierry: Elle était venue m'apporter de l'argent qu'elle avait trouvé dans mon pantalon aux lessives, maman.

Odette: Combien de fois dois-je te dire de fouiller tes poches avant de donner tes habits à laver ? Et puis, tu sais, évites de trop bavarder avec ces gens là. Kote ou wè l ye a ou pa ka fè l konfyans ; li plen travay pou l fè anba a wi.

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Florence: Eh ! o ! c' moi.

Sagine: Florence ! viens ! viens ! viens ! Comment vas-tu ?

- Ça va.

- Assieds-toi, assieds-toi. Tu deviens belle.

- Ban m on ti niouz non.

- Ou konnen tout lasent jounen m chita nan kay la m pap regle anyen serye, m pa ka gen anyen pou m di w. E ou menm ?

- Ah ! rien de spécial. Ane sa a vakans yo pi raz pase tout ane, m pa ka konprann sa !

- Ebyen ou pap bay manti non, paske mwen menm kote w wè m chita la a m regrèt enfiniman m te fèt Ayiti. Tout tan m ap di poukisa o ! papa m pat... ameriken, oubyen manman m pat... poukisa yo pat gen yon lòt nasyonalite, pa ayisyen kan menm...

- Mwen menm papa m mande rezidans lan pou mwen, m ap tann.

- Ou wè kòman w gen chans. Son bagay ki evidan ou gen bon paran pitit. Mwen menm pa m nan chita nan on zafè... kòman ? M pa konnen bagay li a... politik nasyonalis, se sa ? Tout lasent jounen politik sèlman l ap pale. M pa menm kwè l gen on bout viza nan men l akoz bagay sa a.

- Tu es la fille d'un leader tu devrais en être fière.

- Kounye a men l ap pase m nan betiz. Kounye a pale m de bal la pito.

- A ! pitit ou pèdi ! bal la te anfòm, m pa konn kijan ou fè rate pwogram sa a !

- Kounye a ou panse mwen menm ka deside pa al nan on bal ! Ou pa wè se salopri mennaj ou a k pou fè on bagay konsa !

- Se pa frè w li ye. Bon l pat deside ale li ret chita. Nan lavi sa a fò toujou gen kawoutchou derechanj.

- Ma chère m pral di w on lòt bagay tou, premyèman moun lakay ou pi cool pase moun lakay mwen. Ou konn manman m pap kite m soti san ti gason sa a. Lèfini, li fè m kou a nan ta. Jis byen ta wi Thierry vin di m li pap ka ale ankò ! M t ap chache on lòt mwayen m ale, si l te di m sa pi bonè. Waw ! M kole avè l ?

- Li la a ?

- M te kite l nan twalèt lan talè a, kounye a l ka nan chanm li.

- M genn yon kont pou m regle avè l. na wè talè.

- Eh bien ok ! je t'attends.

- D'accorrd.

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Thierry: Tu cherches quelque chose ?

Florence: Non, je...

- Tu t'intéresses à mes affaires ?

- Tes affaires ? kòmsi ou te gen zafè !

- M pa gen zafè epi w t ap fouye.

- M pa wè ki bigdil ki genyen si m gade kèlke papye, se mennaj ou m ye.

- Tu vois, tu ne respectes pas la vie privée des gens, je me demande si tu respectes quelque chose.

- M pa konprann ou ! m pa wè kisa k pou fè tout pawòl sa yo non. Ou antò epi w ap chache m kont.

- Antò! Mwen antò ! Je te signale que tu es dans ma chambre et tu fouilles dans mes affaires epi se mwen k ap chache w kont.

- Wi se ou k ap chache m kont. Tu crois me respecter quand tu décides d'annuler un rendez-vous que nous avions et auquel je tenais?

- Un rendez-vous, quel rendez-vous ?

- Oui...

- Oh ! le bal, je savais pas que le bal t'intéressait à ce point. D'ailleurs je m'en allais pas pourquoi ? Tu aurais passe toute la nuit à roucouler avec tes amis ; apre sa ou ta vin fè m fè de ti danse ploge pou m pa fache ; mwen menm t ap fèmen je m tankou on gwo enbesil, pandansetan ou t ap fè chantè djaz la jedou, ki, ant parantèz pa menm bo gason. Dayè on aura trop de parler c' vraiment pas la fin du monde. La prochaine fois je ferai un effort.

- Thierry ou vin frekan ! La prochaine fois tu feras un effort ! tu crois que tu m'es absolument indispensable ? Tu crois que j'ai besoin de toi pour sortir. Eh bien mon cher, pour ton information, hier soir j'ai sorti. J'ai été roucoulé comme tu dis, je me suis bien amusé. Erezman kounye a fanm pa ret ak gason ankò.

- O ! m byen kontan konn sa, alèkile w a va al nwi fanm parèy ou yo olye ou vin anmède m la a.

- Non cheri m pa bezwen fanm pou fè m soti. Grasadye gen pakèt nèg serye k ka rann mwen sèvis la.

- Florence sa fè kèk tan m santi m pa ase pou ou. Sa fè kèk tan m wè w ap chèche on pretèks pou ouvri zèl ou.

- Qu'est ce que tu veux insinuer ?

- Florence j'en ai marre de plein de choses, mais de toi particulièrement.

- Donc ça s'arrête là?

- Je sais pas Florence, c' pas ce que je voulais dire.

- Thierry je t'embête, pas vrai ?

- Mais non...

- Thierry ou konn yon bagay, m toujou repwoche tèt mwen ke m ap tcheke ak yon timoun. Men abitid se vis, e m te toujou renmen w. Se paske m te renmen w ki fè jodi a m ap pran tout imilyasyon sa yo. Ofon, se ou k gen rezon. Renmen pa bay. Je vais me chercher un homme, un vrai. E lè m jwenn li m ap ba w nouvèl.

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Thierry : Ou konn sak pi mal la ? kòmsi... ondirè m santi m soulaje menn avèk bagay sa a k fini an. Dèfwa... m twouve sa raz kòmsi se konsa sa fini. Men menn franchman m pa regrèt anyen menn.

Roody : Bon de tout lèfason pa gen lapriyè k pa gen amèn.

Epi, depi ou santi w anfòm nan po w.

- A ! sa a, si se pou sa a...

- Bon ou konn sak pase ? sak rive anvan...

- Roody, ou konnen m kontan, m kontan ou vini patnè, paske aktyèlman menn m ap pase on move moman nan kay la.

- Kòman sa ?

- Manman m ak papa m chak jou se on pwoblèm pou mwen, pale anpil nan tèt mwen. Sagine menm de jou an jou l ap vin pi pès. Kounye a men Florence menm vin ap banm pwoblèm menn... Roody, sa w panse si ou vin lakay la?

- Vin lakay ou?

- Wè... a! oke. M konnen, m konnen, m konnen w pè manman m, men kòmsi li pral pati. Li gen pou l al rankontre medsen l Ozetazini.

- Li malad?

- Ou konnen, gen de zan de sa li te fè on operasyon, so depi lè sa a detanzantan l pati l al nan randevou.... Wè, ou pa reponn mwen non ?

- Kèt menn ! ou konnen m fèk antre menn, mother a ka pale anpil. Fò m fè on ti tan avè l kanmenm.

- So, pa gen mwayen menm menn?

- Bon! Se vre lakay la raz... e... gen de twa kondisyon. Dabò, si pou m vin lakay ou, I want your bed, epi tout chanm ou an nèt. W a dòmi kote w vle, m pa konnen. Epi fò moun lakay ou trete m byen.

- Ou konnen y ap trete w byen.

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Odette: Kote m met mont sa a mezanmi? Kote m met mont sa a ? Kote m met mont sa a ? Sonia ? Odénie ? Kote m met mont sa a ? Ouy Jezu ! m prèt pou m pran lari.

Eddy: Allons, allons chérie, dépêche-toi, tu vas rater l'avion.

Odette: Sa w wè m m ap fè Eddy ? Sa w wè m ap fè? Se pa depeche m ap depeche m ?

Timoun, kay la sou kont nou. Pas de désordre. Pa fè papa nou fè kolè non. Epi ou menm Sagine kontwole medam yo pou yo pa pran dèz yo nan kay la.

Sagine : Oke.

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Thierry: Ou konnen kounye a se mwen k pi gran ? Ou konnen kounye a se mwen k chèf ? Ou konn sa ?

Sagine: E wè m pral wè !

- Ebyen oke! Ebyen oke!

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Odénie : Kòman ou santi w?

Sonia: M pa bon, m pa bon menm. M santi m frèt.

- Ou frèt ? Talè, tann mwen. Mete men ou la. Enben, m pa konprann ou menm ak lafyèv sa a non.

- M pa moun ki konn malad non, m pa ka konprann bagay sa a.

- Al mande yon grenn pou ou ?

- Lè sa a ?

- Non, moun yo poko dòmi, m ta mande yo.

- Ki mele moun sa yo ak maladi m, yo ta pito m mouri.

- A ! fò w pa kouri di sa non. Madanm nan k pi enbesil, li pa isi. Epi, si n pa eseye ou pa ka pale. Antouka m pa renmen maladi sa a sou ou

menm. M pa ta renmen ou dòmi avè l. M ap vini.

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Odénie: Mesye Thierry?

Thierry: M h!

- Eskize m wi, men, Sonia gen yon gwo lafyèv sou li, e m te panse m te ka jwenn kèk aspirin nan men ou. Silvouplè.

- Sonia gen lafyèv! Bon, poukisa ou pa al mande matmwazèl Sagine?

- Bon sèke, matmwazèl Sagine pa sitèlman fasil, m te panse m ta ka jwenn on pi bon repons nan men w.

- Bon, se vre matmwazèl Sagine pa twò fasil... Ou mèt ale m ap pote l pou ou.

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Sonia: M te di w ou t ap pèdi tan w. M poko janm wè joumou donnen kalbas.

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Odénie : Wi

Thierry: Se mwen... Kòman malad la ye?

- Pa twò byen non.

- Ba l de konprime aswè a epi ba l de lòt demen maten. Bon, m ale wi. Si sa ta pi grav oua fè m konnen. Bonne nuit Odénie.

- Bonne nuit.

- Bonne nuit Sonia

Sonia: Bonne nuit wi mesye Thierry.

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Odénie : Pitit tig se tig, pa vre ?

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Eddy: Mon cher Roody, je suis heureux de t'accueillir sur ma table pour ce déjeuner. Depuis quelques jours Odette n'est pas là, elle est partie. C'aurait été un plaisir pour elle également de t'avoir avec nous. J'aurais pu te recevoir mieux, en fait, Sonia est partie.

Thierry: Partie ?

Eddy: Ah ! toujours cette histoire de fièvre. Depuis quelques jours elle ne se portait pas trop bien. L al chache on ti remèd nan peyi l.

Sagine: A bon ! poukisa l pat al kay doktè pito ?

Thierry: Ou t ap ba l kòb la ?

Eddy: Mais les enfants comprenez bien, quand un Haïtien vous dit qu'il est allé chercher un remède nan peyi l, savledi anpil bagay. Vous connaissez les croyances. Se Ayisyen n ye. En attendant, nous avons un problème. Premièrement nous n'avons plus de cuisinière et votre mère n'est pas là.

Sagine : Waw ! m kwè n ap byen oblije al manje nan restoran. Sa w wè papi ?

Roody : Pourquoi ne pas demander à Odénie si elle ne connaît personne ?

Eddy: Ah ! ça c'est une idée. Appelez-la donc.

Sagine: Odénie ? Odénie ?

Eddy: Odénie ma chère, est-ce que par hasard ou pa ta konnen yon moun ki te ka fè manje pou nou nan plas Sonia ?

Odénie : Non mesye Palmier. Si se te nan peyi m, m te ka jwenn on moun pou ou wi ; men bò isi a m pa konn pèsòn.

Eddy: Wow ! c'est très très ennuyeux. Ouh ! Dommage !

Sagine: M kwè n ap byen oblije al manje nan restoran.

Odénie : Si se pou de twa jou m te ka toujou fè manje a.

Eddy: Ou ta va sove lavi nou.

Sagine: Epi pou n pa fatige l twòp nou pra l manje nan restoran detanzantan, enh papi ?

Eddy: Ça va, ça va Odénie, vous pouvez disposer. N a rele ou pou vin desèvi.

Thierry: Vous pensez qu'elle doit faire seule tout ce travail. Elle avait déjà pas mal de choses enh !

Sagine: O !o ! Sak pran w la a ? Toi ! depuis quand t'occupes tu des histoires de bonnes ? Epi dayè pwogram kuizin nan twò bon pou yo pitit. Ou konnen yo manje kont mayimoulen yo andeyò. Lèfini l ap pi byen kontan, paske se ladan l ki gen koutay.

Eddy: Ah ! Sagine ! un peu d'humanité chérie. C' vrai que je n'avais pas pensé à l'aspect mercantile de la question, de toutes les façons si les choses ne passent pas bien, il y aura toujours une solution.

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Thierry: chut! Mesye, bagay sa a an pàn ankò.

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Thierry: Yow, sa w panse de dlo a menn?

Roody: Pa mal. Ou konnen m pa regrèt menn, ni ke m te vin lakay ou, ni ke m te antre nan peyi a. Anfèt, sa manyè fè m bliye lavi m ap mennen sou kanpous la ; etidye tout tan, pa vrèman gen tan pou pran plezi w. De tout lèfason an septanm se su ke m ap genyen de bon souvni. Men bagay yo te ka mye.

- Gade, monchè se vre peyi a te ka pa twò mal ; sèl bagay ki manke fò chak moun ta ka fè on ti efò.

- On ti efò ! si se pou sa nou pa bezwen tann twòp. M pa tande papa ou gen anbisyon politik. W a mete m nan limouzin nan !

- Bon... gade... papa m... msye pa menm ka jere kay la m pa bezwen pale w pou l ta jere on peyi menn. Lè pou l ta fè on bagay, li pral tonbe pale de bon, vous connaissez les défauts du système !

- E yow ! Ou konn ti sè w la pa mal menn !

- Pa mal ditou non...Ou gen lè pran filig ?

- Bon dènye fwa m te antre manmzèl pat won konsa. Men wè !

- M wè filig ou... Monchè Roody, non m pa gen pwoblèm avè w non, franchman pito se ou pase son lòt.

- Mwen menm ! M pap ka kondui kamyon sa a. Chadegè sa a ! m pa ladann.

- Son kamyon tout bon wi patnè. Ah ! de tout lèfason... m kite w papa. Ondirè ou jwenn on filing, mwen m pral tchouip nan pisin nan papa.

- Ou pral tchouip nan pisin nan. Oke.

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Thierry: Alors papi ça va ?

Eddy: Ah mon fils, j'en apprends beaucoup sur la médiocrité de notre canaille politicienne.

- Papi, on était censé prendre une journée de repos, de repos papi !

- Oui, mais comment veux-tu que je me repose quand le pouvoir est aux mains d'incapables et que le peuple se meurt, ah!

- Ou wè ou pat menm vle benyen men kounye a men l ap fè lapli.

- Bon de toute façon, il ne pleut jamais trop longtemps à cette heure de la journée. E avèk gwo solèy sa a ou daja konprann ke se zonbi k ap bat madanm li. A toute à l'heure

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Thierry: Odénie, sa w ap fè la a ?

Odénie : Mesye Palmier k te voye m achte on ti fritay epi lapli tou bare m.

- Epi ou wè sa en, talè a te gen gwo solèy wi. Tann, men m pa konprann, li pat ka achte nan restoran an ? Poukisa se fritay li voye ou achte?

- Li te al mande pri nan restoran an, lefini li te rele m epi l ban m kòb fritay, paske li di se pou konbat enflamasyon ; on bagay konsa m pa fin twò konprann.

- Enflamasyon ? suman l dwe di w enflasyon, en ?

- On bagay konsa wi.

- Odénie, ou gen lè frèt ?

- O ! non, m pa frèt non.

- Ou frèt Odénie, ou frèt.

- M fin mouye, ban m ale.

- Odénie ? Odénie ? Ou ta ban m nan griyo a.

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Roody: Yow menn ? Ti joune a pa tap fin twò mal si se pat vye lapli sa a k te vin blo filing nèg menn... But, si te gen de twa bèl fanm menn, bagay la tap pi anfòm patnè.

Thierry: Roody ? Si w sonje lè m te al nan pisin menn...

Roody: wè !

- M kwaze ak Odénie k sot achte on fritay.

- E alò? Wè fritay sa a te byen bon wi menn.

- Ou ka twouve sa biza menn. Kòmsi...pou ou ta wè efè sa fè sou mwen, kòmsi lè m te ansanm avè l nan lapli a.

- M pa konprann ou ?

- Ou pap konprann, de tout fason ou pa menmjan ak tout moun. Imajine, imajine... kòmsi...mayo a kole sou kò l... epi de ti pwent tete l parèt nan mayo a...

- O!o! o!o!, on fi, on gason, lapli ap tonbe, li mouye, pwent tete l parèt, wow! Nou tout se gason menn, m ka konprann sa. Odénie pa lèd tifi.

- A ! antouka m pa konn sa k fè sa menn, m pa ka trete l tankou Sonia, m pa ka trete l tankou Sonia, m pa konn sa k fè sa. Kòmsi.. ou pa ka konprann, kòmsi, chak lè m wè l m anvi fonn wi menn.

- Tu as envie d'elle ?

- Wi men. kòmsi... ah ! anfen... Se pa vrèman sa, kòmsi m plis anvi pwoteje l, m plis anvi pwoteje l menn.

- M pa konprann.

- Anfèt Roody, premye fwa m santi m alèz ak yon bòn konsa wi.

- Si ou anvi kouche l, kouche l. M su renmen moun sa a pap al rive. Dayè mwen menm, m pap al dèyè l, si l ban m menn... Bon m pa psikològ men se petèt le gout de l'interdit, kòmsi...tenter par le risque. Men wow ! sa pap mache menn.

- Anfèt... de tout fason eskize m si m te deranje w ak tout bagay sa yo pepe. Bonne nuit.

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Marianne: Doudoun pitit fi mwen, konsa ou fè sa ? Depi w pran travay la m pa wè w menm.

Odénie : Enben, epa sa non matant, dam ki te avè m nan Sonia, l al nan peyi l. Depi l fin ale a, tout travay yo lage sou kont mwen nèt. Se mwen sèl ki gen anwo a. Kounye a son ti mache m pral fè la a, m di ban m tou fè on ti pase la a.

- Enben y ap pete fyèl ou ! Fon ti chita.

- O ! matant li fè cho, pa ti chalè non ! Mòn nan di.

- Kòman w ap boule ak moun yo ?

- Enben, moun yo pa boule mal avè m non. Mesye a li la se kòmsi l pat la. Madanm nan menm li pa isit. Men se sèl tifi a, ou ! Sa a vre pwazonrat ! Pwazonrat ! Li pa bon menm non !

- Sagine ?

- M' h `

- Depi l piti l pran kot manman l. E Thierry ? Ban m nouvèl Thierry non.

- Sa w vle m di ou de Thierry ?

- M pa konprann ?

- Matant m pa ka ba w manti. Thierry son ti siwo.

- Sa k ap pase ou la a Odénie ?

- Pa gen anyen k ap pase m non matant. Men, Thierry tèlman janti avè m, li tèlman byen aji avè m...

- Doudoun, Thierry son bèl ti gason, li leve nan menm. Ou menm ou se yon bèl tifi, e m renmen w. M gen venntwa lane nan Pòtoprens, fò pa bay tèt ou manti. Se lè la antre nan ti chanm nan w a konprann sa m vle di w.

- Matant m pa timoun ankò ! Thierry pap janm antre nan ti chanm nan si se pa mwen k ouvri pou li. Men, Thierry tèlman gen on jan l pale avè m, li tèlman gen on jan l di m bonjou... Matant, pa gen pèsòn lòt moun non k janm pale avè m konsa... ki janm di m bonjou konsa !

- Doudoun ! Doudoun !

- Bon, e, matant fò m ale wi. M gen on pwa sou dife a, na wè on lòt lè.

- Fè atansyon wi cheri. Piga !

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Florence: Sagine ? Quelle surprise !

Sagine: Bonne fête. un petit souvenir.

- Merci. C' gentil. Entre.

- ..........

- Comment il va ?

- Il ne t'a pas appelé ?

- Même pas.

- L ap jwe... Qu'est ce que c'est ?

- Quoi ?

- Ok. Je vais voir.

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Florence: Viens, je vais te présenter à mes copains...

C' Josiane j'espère vous vous connaissez.

Sagine/Josiane: on se connaît.

Florence: C' Junior son grand frère.

Junior: Bonjour ça va ?

Florence: Et il y a Gisèle.

Junior: C' toujours un plaisir pour moi de rencontrer une si jolie belle fille comme toi.

Josiane: A! Junior, pa kòmanse la a.

Florence: Lui c' Dario

Sagine: Dario, ça va?

Dario: Oui ça va.

Florence: Bon je retourne ou...ok. Viens avec moi.

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Sagine: Florence ? Florence ? Ou pat pale m de kouzen sa a non.

Florence: M pat wè rezon Sagine. Ne me dis pas que...

- Wi m enterese, m enterese... Mais il est tellement beau...

- Oh !

- Écoute...

- Pa vin mande m anyen la a.

- Quoi ? ou pap ka fè anyen pou mwen ? C' sérieux ?

- Ou gen lè tonbe pou Junior la a ?

- Enh henh ! enh henh !

- Dans ce cas, je peux peut-être faire quelque chose pour toi, mais à une condition.

- ...Tout ce que tu voudras.

- A une condition

- M'h

- Voilà, laisse-moi t'expliquer. J'organise une petite, et voilà que depuis des temps ça n'est pas arrivé, ok. Je me demandais si tu pouvais amener Thierry...

- Ecoutes, je n'ai aucune emprise sur Thierry ces derniers temps. En fait, je crois pas qu'il... il ne sera pas d'accord. ça c' sur....

- Dans ce cas...

- Ok, ok, ok. Attends ma chère, ou twò prese la. On peut, on peut s'arranger, tu comprends ?

- Pas de problème.

- Tu en es sûre ?

- Oui

- Ok.

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Thierry: Odénie, manje a poko pare? M gen on grangou k ap kraze m la a.

Odénie : Non mesye Thierry pa nan inèdtan.

- M pa su m ap ka tann li, m pral fè on sandwich....

Odénie ou wè ak Marianne.

- Pas très souvent.

- Ban m nouvèl li non.

- Pa plimal non.

- E ou menm ou gen nouvèl lakay ou ?

- M gen yon kouzen m ki antre ye, l ap repati demen.

- Enben fò ou ta tou pwofite fè fanmi ou konnen kijan w ap degaje w bò isi a.

- Mesye Thierry ?

- Wi. M ap koute w.

- Eskize m wi, m gen on sèvis m anvi mande w.

- Sa l ye Odénie ?

- On lèt m te anvi voye lakay mwen, m pa konn si l te ka deranje w pou ekri l pou mwen ? M ta di w sa pou mete. Silvouplè.

- Bon, m pa gen pwoblèm non. M kwè m tou gen papye la a...

M ta ka fè l kounye a men sèl bagay m pa gen anvlòp.

- M a achete youn, sa pa fè anyen.

- Se kisa ou ta renmen di yo.

- E ! e ! e !..

- Odénie, ondirè ou pè m ?

- Non !

- Bon ban m ede w. Pou kiyès ouap voye lèt la ?

- Pou manman m

- Manman ou konn li ?

- Non, li pa konn li non, men li gen yon frè l, on monnonk mwen ki konn li...

- Donk sa w ta vle di l ?

- E... m ta renmen di manman m mwen trè byen kote m ye a. epi m ta renmen di l ke jiskaprezan moun yo pa mal boule avè m ditou, epi m ta renmen di l tou ke...

- Tann mwen, tann mwen Odénie, m poko fini... Men kòman Odénie, si nou pat boule byen avè w isi a ou t ap di l sa kanmenm ?

- Wi. Sèl bagay lè sa a, se pa ou m t ap bay ekri lèt la.

- Ok.... Bon, m ap pwofite di l jan ou fè travay ou byen, jan w okipe kay la byen, jan manje w yo toujou bon.

- Mèsi wi mesye Thierry.

- Oke, kisa pou m mete ankò?

- E ! m ta renmen konnen si manman m toujou gen doulè a toujou.

- Li malad ?

- Non se pa sa non. Sèke, lè gen on ti fredi, dèfwa pye l konn fè l mal, li konn gen ti doulè nan pye, lè konsa m oblije fè on ti friksyon pou li.

- Kidonk, se ou k doktè kay la ?

- Non se pa sa non, men manman m pa renmen lè lot moun manyen pye l. Gen on lè, gen yon madanm ki rele madan Emanyèl, li te vin mase pye manman m avèk gwo savon, Epi...

- Gwo savon ?

- Wi, savon lave

- An ! savon lave.

- ...Annik li fin manyen pye manman m, li tonbe rele tèlman pye a fè l mal. Ositou, li joure madanm nan... Apa ou pa ekri ankò ?

- An! Ok, ok, ok. Sa pou m mete ankò?

- Di manman m ke m pa bliye l, ke... se pou li m ap travay. Ou mèt di l ke tout sa yo ban mwen se pou li.

- Odénie, ou gen lè renmen manman w anpil?

- O! Manman m ?... Manman m ?... Manman m se tout sa m posede sou latè... Eskize m wi.

- Non1 ou mèt kontinye, ou mèt kontinye.

- Enben m panse se tout wi. Di l la salye tout moun.

- Se kisa pou m siyen ? M mèt met Odénie, ou pa gen lòt ti non yo pi abitye avè l ? Non... pa egzanp mwen menm lè m te piti yo te rele m Riri.

- Riri !... ou mèt met Doudoun.

- Doudoun ! bon ok. M ap reli l pou ou.

- Non, ou pa bezwen reli non m panse l bon konsa... mèsi wi mesye Thierry, mèsi anpil mesye Thierry. Ou pa konn sa w fè pou mwen la a. mèsi anpil mesye Thierry.

- Oke ! oke ! epitou, Odénie ?

- Wi mesye Thierry.

- Ou mèt rele m Thierry. Di l non Odénie : mèsi Thierry.

- Mèsi wi...Thierry.

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Eddy: Entrez

Thierry: Papi, il faut pensez à arranger la serrure enh. Dis, tu as fini avec le livre ?

- Oui, oui, ça fait déjà un bon bout de temps.

- Tu as aimé ?

- Oh ! j'ai trouvé l'histoire de ce blanc qui a fini par épouser sa femme de ménage noire assez édifiante. C' très spirituel, très profond, ce bouquin.

- Profond ?

- Ah oui, profond, même très profond. Et c'est là tout l'intérêt du livre que de donner la priorité au côté humain des personnages.

- Donc, tu approuves cette approche ?

- Mais complètement. Si seulement tous les hommes ne pouvaient laisser ainsi parler leur coeur, le monde ne serait que meilleur.

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Roody: Sak pase la a?

Thierry: Epòl mwen menn !

- Li pa dejwente menn?

- M pa konnen. M pa kwè. Talè ! Talè ! Roody menn. Nou mèt kontinye jwe wi.

- M ap gade si ma tounen.

- Pa manyen, pa manyen fò menn. Talè ! talè ! atansyon.... E ou konn sak pi mal la menn ? m pa menn kwè m gen dekontraktil non menn.

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Odénie : Sak pase la a ?

Thierry: Epòl mwen m tonbe sou li.

Roody: Oke. M ap antre anndan gad si m wè medikaman an menn.

Odénie : m gen on remèd ki ka pase doulè a plop plop wi.

Thierry: Sa l ye la a?

Odénie : M ka rale l pou ou avèk on pomad ki fèt espesyalman pou sa.

Roody: Ou kwè l ap bon ?

Odénie : Ou mèt fè m konfyans. Tann mwen on ti moman.

Thierry: Oke.

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m)

Roody: Ou kwè l ap mache menn?

Thierry: M pa konnen. Antouka...

- Paske gen famasi m ka toujou al eseye achte medikaman.

- Non, non, m vle eseye Roody.

- Men machin nan la a, m tap nèk ale m tounen rapid wi.

- Kite l eseye Roody. De tout lèfason m vle eseye Roody. Kite l eseye.

- Ou fè l konfyans?

- Oke.

- Bon... Ebyen de tout lèfason m ap retounen al jwe match la.

- Oke menn. Sèl bagay pa pèdi.

- M ap tire revanj pou ou, ou pa bezwen pè.

- A ! O ! a monchè Roody ou anraje menn !

- Sorry menn.

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a)

b)

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d)

e)

f)

g)

Thierry: Poko! Poko! Poko!

Odénie : Ou gen lè kapon ! ...M pap rale l pou l fè ou mal. Men on sèl bagay sa a cho.... Li fè w mal? Enh?

Thierry: Ça va.

Odénie : Kòman ou santi bra a?

- Li pa fè m mal menmjan...oke !

- Ou wè sa? Talè konsa ou pap santi doulè a menm.

- Men Odénie ? Odénie ? ... Gade ! m pa kwè se remèd la Sèlman non kifè l pa fè m mal ankò. Ou gen maji nan men w... Odénie ou gen maji nan men w wi. Odénie? Odénie?...

37

a)

b)

c)

Thierry: Odénie ou pa bezwen pè m non. Si w wè m di w sa jodi a se paske m jis vle fè w konnen jan m santi m. lè m avè w menn ou fè m santi m byen. Chak fwa m tande w, chak fwa m gade w...Doudoun franchman, si sèlman m te ka fè w santi... m te ka fè w santi sak nan fon kè m pou ou...si sèlman...

Odénie : Thierry m fini tande !, m fini !

Thierry: Ay ! Odénie !

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a)

b)

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d)

e)

Marianne: Son bagay m pa renmen di moun, m te pale w. Tout gason se menm, tout se salopri yo ye. Depi yo fin jwenn sa yo te bezwen an, w ap chèche yo ou pap jwenn yo. An! Thierry fè w deklarasyon? Eben m mèt tou rele w madan Thierry!

Odénie : Matant m konprann sa w di a wi, e m panse w gen rezon. Men e si nou twonpe nou ? E si l pap bay manti ? E si sa l santi nan kè l pou mwen an se tout bon vre ? Se pa fòt mwen non matant... mwen menm... m renmen wè l, m renmen tande l, m sansib pou li.

- E apre ? L ap toujou rele mesye Thierry, ou menm ti Doudoun. Menmsi l ta renmen w vre tout moun ap konnen dèyè kòb li w ye, dèyè non l. E li menm l ap rete yon ti kòk kalite k ap chèche ti poulèt.

- Alòs matant sa moun ka panse pi enpòtan ke sa Thierry gen nan kè l pou mwen, ke sa mwen menm mwen santi pou li, m' ?

- Sa w santi a Doudoun, li nan fon kè w, sa moun yo panse, li nan lari. E nan peyi isi, se lari k danse madigra.

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a)

b)

c)

Eddy: Wi, antre.

Odénie : Eskize m wi mesye Palmier. On bagay m te bezwen esplike w, m pat vle deranje w.

- Antre, antre. Fèmen pòt la.

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a)

b)

Thierry: Yow Roody ! Ou kwè son bon lide menn, afè al nan fèt Florence la ?

Roody: Ou pa kwè se on bon lide ! kite m di w menn, sanble se premye fwa nan vi m m resi dakò ak Sagine. M pap ka rate ti fèt sa a patnè. M ap monte anwo a byen fre, byen poze... Epi m avè w, map montre w kijan pou take care bagay yo. Se mennaj ou, jodi a se fèt li, m pa wè rezon pou pa ta ale.

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a)

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Eddy: Thierry?

Thierry: Oui papi.

- A quelle heure comptez-vous renter?

- Je sais pas. Peut être aux environs d'une heure.

- Soyez tout de même très très prudents car les rues sont pas très sûres ces jours-ci. Ok. Quant à toi, n'oublies pas que tu le fils d'Eddy Palmier, ok. Mes ennemis politiques pourraient bien vouloir te causer du tort. Beaucoup d'attention !

- Ah papi ! tes ennemis politiques ont sûrement d'autres chats à fouetter. Epi sûrement ou plen ti boubout nan lari a.

- Ah ! quant à ça... Jou va jou vyen, fòk sa chanje... On dirait que ta chemise est un peu chiffonnée ? Oui, mais pourquoi ne pas demander à Odénie de passer un fer là-dessus ?

- Ah ! papi, à cette heure ? je vais le faire moi-même.

- Oui, mais, on a payé pour ça. Elle est là pour ça. D'ailleurs, elle va nous laisser. Elle m'a dit tout à l'heure que ses parents la réclament ; elle n'attend que le retour de Sonia pour partir. Bon, quant à moi, il faut que j'aille dormir. En sortant, n'oubliez pas de fermer la porte. Amusez-vous bien les gars !

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a)

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Roody: You are beautiful !

Florence: Thank you amour

Thierry: ...

Sagine: J'ai les hommes galants.

Florence: Je vous arrive.

Roody: D'accord.

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Roody: Yow Thierry, èske w wè bèl grenn fanm sa a lòt bò a la a?

Thierry: Ki lide w?

- Kòman sa ki lide m nan menn? Chasè m ye m wè jibye menn.

- Wè, wè, wè! M wè sa menn.

- Ou pa sou sa ou menm? Enh ?

- Bay vag.

- Enben oke. Mwen menm m al lachas. Na wè talè.

- Oke, oke. Babay

- Yow menn, leydi a menn, m gen tan pran on bèk wi... w ap gad flannè k voye flè bay madanm ou?

- Roody li sa a menn.

- «En espérant qu'avec ces quelques fleurs, notre amour retrouvera toute sa fraicheur. Joyeux anniversaire amour ! signé Thierry. »... Kiyès ki fè w travay sa a ?

- Piga se Florence nan foli chowòf li ki fè sa, paske sa pa twò piti pou l fè.

- Ou kwè ?

- Non, men sérieusement sa pa twò piti pou l fè, li pa twò piti pou l fè.

- M pa kwè l t ap pran chans sa a, li pa t ap pran chans nan bagay sa a, Florence !

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Sagine: Alors grand frère, ou poko di m mèsi non. J'ai été bien obligée de sauver la face pour toi, tu sais que je suis tellement prévenante... Antouka ou dwe m sanven dola.

Thierry: Tann mwen Sagine...tann mwen... franchman, pa di m se ou menm ki... tann mwen, vin bò isi, vin pale w. Gade... gade... ou konnen se kenbe m m kenbe m pou m pa... anfen !

- Pou w pa kisa ? ou gen lè malad ! papa m ki papa m li pa janm fè m bagay konsa non mwen menm.

- Ou konnen, se pi gwo erè misye te ka fè, pi gwo erè l te ka fè franchman !

- Et puis mon cher, tu es un ingrat. M rann ou sèvis epi w ap fè enteresant !

- Tann mwen, èske m te mande w sèvis ? si m te bezwen voye flè se pa ou m t'ap mande sa.

- Se sa, sa pa t ap janm pase nan tèt ou, ou se on gwayil, on endiferan !

- Tann mwen, depi kilè bagay moun te enterese w konsa a ou menm ? antouka ouap pale m de sanven dola, m tou di w m pap remèt ou l. Epi kòm se ou menm ki te voye flè ba li, men l la a w a al danse avè l, w a pase men nan tèt li pou mwen.

- Egare !

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Roody: So, Thierry, on va dire à Florence que c' pas toi qui a envoyé les fleurs.

Thierry: Roody epa w ap pale fransè kounye a? Ou sou?... Tann mwen kijan m pral fè di l sa? A ki kouraj ? Epi sa sa ap itil mwen tou mwen menm ?

- You're right, ou gen rezon. Ret pran plezi ou menn. Dayè anbyans la pa twò mal pase sa menn. Menmsi ou pran de twa bèk, pran plezi w kanmen.

- Roody kijan m pral fè pran plezi m? M pat menm anvi vini menm, dayè m pa menm kwè m ap rete.

- Men Thierry...?

- Anfèt Roody, gade, m kwè se premye fèt ou depi w vin isit lan pa vre? So, m ka anpeche w pran plezi w menn. Mwen menm m ap degaje m jwenn on woulib m ale. So, w a mennen Sagine vini menn.

- Thierry?

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Odénie : O ! Thierry sa w ap fè la a ? lè sa a !

Thierry: M mèt antre ?

- O ! m pa kwè son bon lide non, sa w bezwen ?

- Non se sèlman on bagay m gen pou di w, m pap rete.

- Non ! non ! tann on ti moman, tann on ti moman.

- Papa m di m ou pap rete nan kay la, poukisa ?

- M byen regrèt sa men se vre wi.

- Li di m se se fanmi w ki voye chache w, men ki lè tout sa gen tan fèt la a ?

- M oblije ale Thierry, m oblije ale.

- Menmsi m mande w pou rete ? ...Odénie m vle w rete, m mande w pou rete... Epa w pa di anyen ?

- Pa anvi m anvi ale non Thierry. M apresye tout sa nou fè pou mwen, sitou ou menm ki rive konsidere m tankou on zanmi, m pat menm panse sa te ka rive jiskela menm. Men, lavi sa a mande sakrifis. Fò m ale !

- Odénie ou gen lè pa konprann ? Se pa fi k ap travay lakay mwen an non m mande pou rete. Se sèl fi ki fè solèy lanmou limen nan kè m wi Odénie.

- Lanmou Thierry ! Fè kwa twa fwa sou bouch tande pitit !

- Ou su map bay manti Odénie ! Ou su map bay manti !

- Bon e si se te vre ? Se pou m ta ale pi vit !

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e)

Sagine: Odénie genlè kite limyè nan chanm li an limen.

Roody: Et alors ?

- Kòman sa et alors ? Kounye an swa lap gaspiye kouran manman m nan oubyen kèk gason l ap resevwa anndan an.

- Li resevwa moun li vle lè l vle ma chère.

- Sa pitit sa a ap di m la a ? Nan kay manman m nan ? M pral pou li.

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Thierry: Sagine ! s'il-te-plait...

Sagine: Esplike m sa w ap fè la a ?

- Et toi, qu'est ce que tu viens foutre ici ?

- Kòman sa m'ap fè la a ? Isi an ou ka di m kay kiyès li ye ? Ou ka di m kay kiyès li ye ?... Esplike m sa w ap fè la a Thierry !... Kòman ou pap pale ? Di m byen, kòmsi...

Roody: Ann ale Sagine.

Sagine: Se sa, ou pat ka ret nan fèt la pa vre? Fèt la te twò bon pou ou, ou te gen yon randevou isi an, pa vre ?

Roody: Sagine ?

Sagine: Ou pa abitye a piblik lòt bò an, ou pa abitye a sant lòt bò an, se sant bòn nan ou ka vin pran, se sa ?... Se sak fè ou pat ka rete a, pale non ?

Roody: Sagine ann ale !

Sagine: Lage m, lage m ou menm ! lage m! kite m regle afè lakay mwen.

Thierry: Roody ?

Sagine: Gade lè w non ou menm (Odénie) ou pa ka ouvè djòl ou... Fout lage m !

Roody: A ! ann ale !

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Odénie : Ase pou aswè a Thierry !

Thierry: Odénie, pa okipe l, ou pa bezwen okipe l.

- Mesye Thierry avan matmwazèl Sagine kòmanse panse plis bagay toujou ou mèt ale, pito w ale, ale non ! ale !

- Ke w vle tande l ke w pa vle tande, ke w vle kwè l ke w pa vle l, m renmen w Odénie.

- Ou renmen m Thierry ? Ou renmen m Thierry? Ou renmen m !

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Roody: Thierry? Aswè a pat bon menm. Sagine gate tout filing ou. Puiske lè w vin la a gen pawòl anpil sa yo.

Thierry: Roody menn, ou pa bezwen enkyete w, ou pa bezwen bay tèt ou pwoblèm, de tout fason se pa fòt ou menn.

- M pat dwe kite l al nan chanm sa a menn. E menm lè l ta fin antre, m te sipoze fè l soti pi vit menn.

- Roody, ou pat ka konnen menn.

- E Odénie menn ?

- Roody aswè a m gen enpresyon... aswè a m fware tout bagay menn. M gate tout bagay Roody. Aswè a m santi m ta tuye tèt mwen menn.

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Thierry: Odénie? Eskize m wi pou yèswa.

Odénie : Sak fin fèt la fin fèt nèt sa pa gen enpòtans ankò.

- M reflechi nan nuit la, lè m te di w m renmen w lan se te a tout kè m wi.

- M ap travay lakay ou ! m ap travay avè w ! ou se moun lavil, grannèg Pòtoprens. Mwen menm se andeyò wi m soti, andeyò m soti, andeyò kote k pa gen non ! Epi w ap di m ou renmen m ! ou gen lè pa wè chimen k separe nou !

- Si m bay tèt mwen on chans ? M pare pou m eseye, m pare pou m eseye Odénie !

- Ou pare pou w eseye, eseye kisa ? Sa w vle menm Thierry ? E si sa pa mache, kiyès ki pral peye sa ? Ou menm ? Non Thierry ! Eskize m eskize m... Fò n ta pase anpil mizè sou chimen sa a avan n ta rive kontre. Lèfini gen twòp moun bò lakay pa w, twòp moun bò lakay pa m ki pare pou met barikad. Sa pa t ap janm mache !

- Odénie, m pare pou m sote tout barikad.

- Thierry, ou fou ! ou fou nèt ! barikad yo anpil, e barikad yo plis bò kote pa w ke bò kote pa m. w ap bouke avan m, w ap kòmanse, w ap tonbe e w ap blije rete. Lèfini mwen menm, m ap tann ou, m ap espere, m ap soufri. Non mèsi, m pito ale. M ap tann kou Sonia tounen m ap vire dom m ale, m ap pati !

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Odette: Je suis ravie d'être rentrée. M te kòmanse fatige a vi lòt bò a. bagay de cette question de fè vèsèl, ede moun sa a, bagay sa a te kòmanse fatige m. m te kòmanse tounen on ti bòn. Quant à vous, je vous ai apporté quelques affaires, je vous les donnes une fois pour toute. Ça c' pour toi chéri.

Eddy: Tu es un ange ma chère.

Odette: Quant à vous, je vous ai apporté des habits... mais aussi des montres. Vous vous entendez pour choisir celle qui vous convient, mais elles se valent vraiment toutes les deux.

Thierry: Merci.

Sagine: N'est ce pas que c'est à Thierry que tu les donnes ?

Odette: Qu'est ce que c'est encore ça Sagine ?

Thierry: Tiens donc Sagine !

Sagine: Il faudrait donner à chacun la sienne maman.

Eddy: Sagine, quand même !

Thierry: Tu peux choisir, ok. Je prendrai celle que tu n'aimes pas. Tu peux choisir.

Odette: Fòk nou fini ak chirepit la. D'ailleurs avant mon départ c'était ainsi...

Sagine: Ce n'est pas pour la même raison.

Odette: Je me fiche des raisons ! D'ailleurs, il n'y a aucune raison valable pour mettre à froid des frères et soeurs en conflit. Je vous l'ai déjà dit.

Sagine: Ouais, c'ça ! fòk mwen sipòte tout bagay.

Odette: je ne vois pas ce que tu dois supporter de si lourd pour être toujours en train de te plaindre !

Sagine: Thierry pa vle mennen m nan bal, fò m sipòte. Kounye a mwen jwenn Thierry nan chanm bòn nan an plèn nui, sa a fò m sipòte l tou manman !?

Thierry: Ecoutez! écoutez! oke ban m esplike nou. C' pas ce que vous pensez ok. C' pas ce que vous pensez. Se vre ke m te al nan chanm Odénie, men on sèl fwa d'ailleurs !

Sagine: Il faut bien un début à tout Thierry !

Thierry: Mais, tu ne peux pas te taire à la fin !

Eddy: Thierry tu t'énerves, mais ceci ne plaide pas du tout en ta faveur.

Thierry: Waw ! Mais papa regarde, c'est que Sagine est toujours là à forger des tonnes d'histoires sur les actes les plus innocents. Mais waw ! c' pas possible !

Odette: Tu ne nous as toujours pas dit ce que tu faisais dans la chambre

d'Odénie.

Thierry: Manmie, ok. Florence fêtait son anniversaire tu savais, pas vrai ? Ok. J'étais dans la fête mais je me suis senti pas bien, j'ai laissé Sagine avec Roody et puis en rentrant je me suis souvenu que Roody et Sagine n'avaient pas la clé, ok. Donc je suis allé la donner à Odénie pour qu'elle la leur rende. C' simple, il n'y a rien d'autre.

Sagine: M', e se pou sa w te byen enstale w sou kabann li an ! anfen, ki moun w ap bay pawòl sa a la a ?

Thierry: Waw ! des fois je me demande comment tu arrives à fermer la bouche avec une langue pareille !

Eddy: Thierry, tu aggraves ton cas.

Thierry: Men papi, Sagine merite l, enh ! mais j'étais seulement assis sur le lit.

Odette: Et ceci juste pour remettre des clés.

Thierry: Wow ! Mamie, je voulais aussi la remercier ok, parce que, en jouant au foot ball...disons... regarde... en jouant hier je me suis... je me suis fracassé... j'ai eu quelques chose à l'épaule ok. Alors Odénie m'a fait un massage avec un petit remède peyi qu'elle avait avec elle, c' ça, je voulais simplement la remercier Manmie.

Odette : Ça aurait pu attendre le matin.

Eddy: Bon, il devait remettre les clés, et puis merci ; ça peut se comprendre Après tout.

Sagine: Nou tout la a kwè ke Thierry se on ti sen l ye !

Odette: Thierry gen dwa pa on ti sen, men l pa fou nonplis. Tu as juste un peu trop de bon coeur, je te l'ai déjà dit. Pas trop de familiarité avec ces gens là. Ou ba yo sa, yo pran sa, tu comprends ?... Epi ou menm Sagine, je ne comprends pas que tu aies pu imaginer une histoire pareille. Thierry est ton frère, tu devrais le défendre au lieu de raconter n'importe quoi.

Sagine: Tout sa Thierry fè nou panse se on bagay ki nòmal, se pa sa ? Ebyen ret swiv la, se la ou ye manmi, ou rantre ou pral wè sa k ap pase nan kay la.

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Odénie : Manje a sèvi wi.

Odette: Mèsi...Gade, m te mete tout rad sal mwen yo devan pòt la ou te pran yo?

- Wi madam.

- Ou te gen tan lave lòt rad yo ?

- M te kòmanse lave rad mesye a avèk rad Thierry yo wi.

Sagine: Sa m tap di a !

Odette: Kiyès? Sak Thierry a? Sak Thierry a? Se zanmi w? Se frè w? Se mari w ? Li te sou menm ban lekòl avè w? Wouch ! fi sa a pran kay la !

Thierry : Manmie ? Manmie ? S'il-te-plait ok ! s'il-te plait !

- Sagine a parfaitement raison. Fi sa a fin pran kay mwen an !

- Elle peut m'appeler Thierry Manmie, il y a aucun mal à ça.

Sagine: Riri aussi pendant que nous y sommes !

Thierry: Bon de toute façon nou preske gen menm laj.

Odette: Ce n'est pas une affaire d'âge Thierry, c'est une question de rang. Ou te mèt on ti bebe fò l konnen le l ap rele w fò l met mesye devan non w.

Thierry: C' stupide !

Sagine: Si c'était si stupide que ça, Bondye li menm pa tap bay chak moun on men avèk senk dwèt on gwosè ak on longè diferan.

Odette: Sagine a parfaitement raison ; elle comprend bien les choses. Il y a une différence à marquer. Thierry c' pour les amis.

Thierry: Et alors Manmie, Odénie pa ta ka zanmi m ?

Odette: Ebyen w fin rive ! Semèn pwochèn w ap mande m pouki l pa ka mennaj ou ?

Thierry: Et pourquoi pas manmie ?

Eddy: Thierry, je veux croire que tout ceci n'est qu'une mauvaise plaisanterie.

Thierry: Mais papi, ça ne devrait pas te choquer.

- Qu'est ce qui ne devrait pas me choquer ?

- L'autre jour nous parlions de ce livre qui traitait d'union de deux personnes... je sais pas... de rangs différents.

- Un livre c'est un livre.

- Mais pourtant tu disais que...

- Ce n'est pas la même chose, je te dis.

- Mais papi, et ton fameux plan social construit sur les valeurs de la république, liberté, égalité fraternité ?

- Ah ! ça c'est pour le peuple.

- Je ne suis pas le peuple alors ?

- Non, le peuple c'est eux

- Qui suis-je alors ?

- Nous sommes l'élite intellectuelle de ce pays.

Odette: Silvouplè mezanmi ! bagay la senp, pa tounen l an politik. Thierry a fou, fi a frekan, Sagine gen rezon. Men m pral met lòd !

Thierry: Et si j'aime Odénie?

- Tu aimes Odénie ? Men li fou ! Li fou ! wouy ! M ap met on fren nan sa. M ap voye fi a ale.

- Manmie, voye l ale epi m kite kay la !

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Odette : Non, se pa vre ! Ou tande Eddy ? Ou tande ?

Eddy : Petite crise existentielle, crise d'adolescence, ça va passer. D'ailleurs c'est un garçon très intelligent, Thierry.

- Annatandan ke sa pase, m pap pran chans, m ap voye ti pèlen sa a ale.

- Sak pral okipe kay la ? Sois réaliste enh chérie! Ou pa jwenn moun sa yo fasil ankò. E li di kou Sonia tounen li prale. L'important c'est d'avoir Thierry à l'oeil jusque-là.

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Roody: Ou sezi? Ou konnen menmsi ou ka kouri pou tout moun yo, ou pa fouti kouri pou mwen.

Thierry: M konn sa. De tout fason m pa soti a machin nan, ou tap fini pa jwenn mwen kanmen.

- Epi m t'ap al fè rele w wi papa. Ou wè pou jan w soti a, swa manman w swa Sagine tap vin banm on... kanmen patnè.

- Yow Roody, m vrèman dezole menn. M gen enpresyon m gache vakans ou. Kòmsi... non... se pou jan bagay yo vire a menn.

- Ou konnen m monchè, m la se kòmsi m pat la. M vag kou chamo menn. Sa pa nui m... yow ! sak ap pase la a menn ? Yow sa ka p pase la a menn ?

- Ann al chita... Finalaman Roody, menm ou menm ou kwè ou ka konprann mwen menn ?

- Si m pa ka konprann ou, ou men k ta lakoz. Ou prèske pa pale avè m ankò.

- Yow Roody, m renmen Odénie wi menn.

- Wè, e la m pèdi a menn. Kòmsi... depi kilè ou te konnen w konsa ? Kòman ou fè konnen w renmen l ? Ou wè, franchman menn, sanble se pou takinen paran w yo ou fè sa. Paske m te sonje ou t ap di m ou gen pwoblèm ak manman w, papa w, Sagine, Florence.

- Ou wè moun sa yo menn ? M gen pwoblèm avèk yo nan tout sa yo bay enpòtans menn.

- Men Thierry menn, ann dakò, se pa lè bèl lòv ap tonbe ak ti bòn nan nan kay la ou panse ou ka fè yo chanje davi.

- Kòmsi... ou wè sa m santi a brother, li egziste vre wi menn. E plis y ap eseye kraze l se plis m anvi pwoteje l. Ou gen lè pa janm pran san w pou pale ak Odénie menn ?

- Ou pa t ap banm chans la.

Oke I`m sorry man, I' m sorry, oke, ou met kontinye

- Ou wè pandan dènye semèn sa yo menn, m te pran plis tan pou m pale avè l, aprann konnen l. Semèn pase a menn m te fè on lèt pou li pou l te voye bay fanmi l, m kwè ou te konn sa. Epi menn ase souvan, lè m sot fè spò sitou, jou ou konn ap ret fè parese nan nan kabann ou yo, m konn kwaze avè l ki sot nan mache, epi nou tou fè wout la ansanm menn. Ou wè, gen yon bagay ki dwòl menn, m gen enpresyon... ou wè lè map pale avè l, m gen enpresyon m konn tout fanmi l, manman l, ti sè l Loramiz ; on seri de moun m pa janm wè menn, m janm kontre yo menm. Pafwa m santi m konn tout zòn kote l soti a menn. Ou wè Odénie menn, son tifi k chaje a bèl rèv menn, li gen kouraj, li gen espwa patnè.

- Franchman Thiery menn, m avoue w bagay yo pi grav ke tout sa m ka imajine, menn.

- Yow ! fon ti tande m. m pa chwazi renmen Odénie menn. Oke. M just konstate l. Son santiman m just wè k parèt konsa. E franchman m pa vle tuye l, m pa vle tuye l san rezon patnè, oubyen pou on pakèt rezon stupid menn... pale m de bagay diskriminasyon menn.

- Mwen menm tou m kont diskriminasyon. Imajine w laba a jan moun yo aji avè w. Imajine w ou gen dwa wè on seri de krezi fanm blanch menn, on seri de krezi spanich...kòmsi se jis gade, pa touche. M avoue w menn se premye fwa, pandan m laba a, se premye fwa m santi m blak, e anplis de sa menn, m ayisyen menn. M sibi sa anpil laba a. m ka di w sak diskriminasyon an menn. Men si pandan tout pwoblèm sa yo menn, si m aprann ke gen de bagay fò pa jije sou aparans, youn nan sa k pi enpòtan ke m aprann yo sèke gen de bagay fò w pa jije sou emosyon menn. Paske gen de erè w ka fè patnè ou ka regrèt li pou tout vi w.

- Tankou renmen on bòn, pa vre ? Tankou renmen on bòn, ou ka regrèt li pou tout lavi w.

- Se pa sa menn, men fò w konprann ke son desizyon ou pa ka nèk rete konsa w pran l menn. kòmsi son bagay pou pran ak tèt poze. Fòk ou pran desizyon an ak konsyans ke apre sa pa gen anyen kap menmjan ankò non menn. Anyen, anyen, anyen, anyen. Kòmsi jan moun yo gade w, jan yo pale avè w, jan w ye lakay ou menn, anyen pap menmjan, anyen.

- Yow Roody, m pa bay pèsòn regle anyen pou mwen menn, m pa bay pèsòn regle anyen pou mwen, oke.

- Bon oke! Kòmsi, ou sansib pou manman ou pa vre ? Mwen menm map reflechi... m pa wè kòman, menmsi ou ta dènye jeni k egziste a menn, m pa wè kòman ou pral fè pou di madanm nan sa san l pa aji sou sante l, sensèman menn.

56

a)

b)

c)

Zanmi : O sak ap fèt la mesye ? Sa n genyen n poze konsa a ? E pa pa gen baskèt ? A ! pa di m se lach n ap fè la a !

Thierry : Ale nou prale.

Zanmi : Nèg yo gen lè pa konn jwe tou. Kite balon an nan men nou.

57

a)

b)

c)

d)

e)

f)

g)

h)

i)

j)

k)

l)

m)

n)

o)

p)

Odénie : Thierry, m gen on bagay pou m di w.

Thierry: Wi Odénie.

- Non pa isi a non. M konn on ti kote. M ap soti deyò a, w ap swiv mwen.

- Odénie, m pat panse ou te konn bò isi a.

- Leswa m konn vin la a wi. M konn vin pran ti frechè, m konn vin panse a moun mwen renmen.

- Papa m te konn mennen m vin pwonmenmen bò isi a wi, lè m te piti. Sa fè lontan.

- Sa pa fè si lontan ke sa.

- Se poukisa ou mennen m la a ?

- M te tande tout sa k di maten an. Menmsi gen anpil bagay ki te fè m mal anpil, men gen omwen on bagay ki efase tout doulè a. Thierry, lè w t ap di w te renmen m nan m pat vle kwè non apre tout sak pase a. Men apre tout sa ou di maten an, m oblije kwè.

- Odénie, yo pat ban m dwa renmen w, men kè m pat mande lapèmisyon.

- Wi, men Thierry kote sa ap mennen nou?

- Odénie, m pè anpil wi.

- M pè tou Thierry, m pè tout sa m santi pou ou, tout sa ou santi pou mwen. M pè pou tout bon wi. Si sèlman bagay sa a se te on rèv.

- E si n eseye ? E si n fè rèv la reyalize Odénie ?

- E si n ta eseye vre ? E si n ta fè kòmsi se ou menm ave m ki egziste pa gen lòt bagay ki pi enpòtan ke ou menm avè m, syèl la ak tè a.

- E si n eseye Odénie ? E si n eseye ?

58

a)

b)

c)

d)

e)

f)

g)

h)

i)

Roody:

Odénie: Eskize m wi mesye Roody, Thierry pa la ?

- Li dwe soti al fè spò. M kwè l pa vle kwaze ak moun nan kay isi an.

- M ka mande w on ti sèvis?

- Wè, kisa?

- Wòkmann ou an la?

- M h, ou bezwen l?

- M ka antre ?

- Mèwi.

59

a)

b)

c)

d)

e)

f)

g)

h)

Thierry: Sonia? Ki lè ou antre?

Sonia : Talè a wi mesye Thierry.

- E sante a ?

- Bon, m te fè kèk jou malad kounye a m fè mye.

- Trè byen

- Ou wè Odénie ?

- Bon, depi m vini an m pa wè l non.

- Odénie ? Odénie ?

60

a)

b)

c)

d)

e)

Roody: M kwè l gen tan ale wi menn.

Thierry: Ale! Sa fè lontan Roody?

- Bon a lè l ye la a li dwe gen tan nan stasyon

- Stasyon ?

- Thierry ?

61

a)

Odénie (vwa) : Thierry, tanpri padone m. M pap gen tan wè w m prale jodi a. l ap pi bon pou ou, l ap pi bon pou mwen, l ap pi bon pou tout moun. Pa chèche wè avè m tanpri. Avan m pati, fò m redi w sa m te di w yèswa a ak tout kè m ; sa m te di w ak tout nanm mwen, ak tout trip mwen ; m renmen w Thierry. Wi m fou pou ou, depi premye fwa, premye jou. Chak fwa m wè w, chak fwa ou pase kote m, m santi mwen fèt pou ou ou fèt pou mwen. Wi Thierry m renmen w, e se poutèt sa m prale. Se paske m renmen w nou pap janm gen nouvèl. Lanmou nou met dife nan fanmi w e si nou pèsiste pap ret kote pou n viv ankò... men m pito kenbe nan kè m yon bèl istwa ki pa fini pase m al detwi lavi nou toulèdè nan yon kochma san fen. M swete sèlman jou a va rive kote pitit nou pap jwenn barikad ankò ; kote ya ka kouri men nan men jouk yo bouke, kote ya ka met tèt ansanm, kote ya ka bwè dlo lanmou nan menm kalbas.

5.2- Les tableaux

Tableau 1

Tableau de distribution des langues aux personnages au regard de leurs rôles

Personnages

Rôles

# Unités

Langues utilisées

Eddy

Ø Père

Ø Mari

Ø Homme politique

Ø Intellectuel

6 - 14 - 21 - 24 - 32- 39 - 41 - 52 - 53 - 54

fr - fr - fr/cr - fr/cr

fr - cr - fr/cr - fr

fr - fr/cr

Florence

Ø Ex petite amie de Thierry

Ø Amie de Sagine

11 - 12 - 28 - 29

30 - 42

fr/cr - fr/cr - fr - fr

cr/fr - fr

Marianne

Ø Tante d'Odénie

1 - 27 - 38

cr - cr - cr

Odénie

Ø Femme de ménage des Palmier

Ø Nièce de Marianne

Ø Amoureuse de Thierry

3 - 4 - 7 - 9

16 - 17 - 19 - 20

21 - 25 - 27 - 31

34 - 36 - 37 - 38

39 - 46 - 49 - 51

53 - 57- 58 - 61

cr - cr- cr - cr

cr - cr - cr/fr - cr

cr - cr- cr - cr/fr

cr - cr- cr - cr

cr - cr- cr - cr

cr - cr- cr - cr

Odette

Ø Mère

Ø épouse

Ø Maîtresse de maison

2 - 3 - 5 - 6

9 - 10 - 14 - 52

53 - 54

cr - cr - fr - fr

cr - fr/cr - cr/fr -fr/cr

cr/fr - cr

Roody

Ø Ami de Thierry

Ø Etudiant haïtien venant de l'étranger

Ø Amoureux d'Odénie

13 - 21 - 23 - 26

33 - 34 - 35 - 40

42 - 43 - 45 - 47

48 - 50 - 55 - 58 59 - 60

cr - fr - cr - cr

cr - cr - cr - cr

fr - cr/fr - fr - fr/cr

cr - cr - cr - cr

cr - cr

Sagine

Ø Fille cadette des Palmier

Ø Soeur de Thierry

Ø Amie de Florence

5 - 8 - 11

14 - 15 - 21 - 28 29 - 30 - 42 - 44 47- 48 - 52 - 53

cr/fr - cr/fr - fr/cr - cr/fr - cr - cr/fr - fr/cr fr- cr/fr - fr - fr/cr - cr/fr - cr - fr/cr - cr/fr

Sonia

Ø Femme de ménage des Palmier

2 - 4 - 7 - 16

18 - 19 - 59

cr - cr- cr - cr

cr - fr/cr- cr

Thierry

Ø Fils aîné des Palmier

Ø Frère de Sagine

Ø Ex petit ami de Florence

Ø Ami de Roody

5 - 6 - 8 - 9

10 - 12 - 13 - 15

17 - 19 - 21 - 22

23 - 24 - 25 - 26

31 - 32 - 33 - 34

35 - 36 - 37 - 40

41 - 42 - 43 - 44

45 - 46 - 48 - 49

50 - 51 - 52 - 53

55 - 56 - 57 - 59

60

cr/fr - fr - cr - cr

fr - fr/cr - cr - cr

cr - cr/fr - fr/cr - cr

cr - fr/cr - cr - cr

cr - fr - cr - cr

cr - cr - cr - cr

fr/cr - -- cr - cr

cr - cr - fr/cr - cr

cr - cr - fr/cr - fr/cr

cr - cr - cr - cr

cr

Josiane,

Junior,

Dario,

Zanmi

Négligeable

29 - 56

fr - cr

fr : français cr : créole

fr/cr : conversation commencée en français et tournée en créole.

cr/fr : conversation commencée en créole et tournée en français.

N.B Les langues inscrites à la quatrième colonne correspondent horizontalement aux unités inscrites à la troisième colonne.

Ce tableau présente la distribution des deux langues aux différents personnages du film. Il permet de voir de façon globale, l'utilisation de chacune des langues par les personnages. Il a l'avantage de permettre le constat rapide du fait que certains personnages s'expriment presque exclusivement en français et d'autres presque exclusivement en créole.

Tableau 2

Tableau de présentation des langues utilisées entre amis de sexe masculin

 

Roody

Thierry

13 - 23 - 26 - 33 - 34 - 35

cr cr cr cr cr cr

40 - 43 - 45 - 50 - 55 - 60

cr cr fr/cr cr cr cr

Ce tableau qui présente les unités ou les deux amis de sexe masculin (Roody et Thierry) s'adressent l'un à l'autre, permet de voir les langues qu'ils utilisent. En effet, on constate que Roody et Thierry s`expriment beaucoup plus en créole qu'en français bien qu'ils soient tous deux à même de parler le français. Sur les douze unités où ils se parlent, tous sont en créole à l'exception de l'unité 45 ou la conversation débute en français et se termine en créole. Et même dans cette unité qui comporte 7 sous-unités, seule la sous-unité « a » est en français, toutes les autres sont en créole.
Il est donc clair que la volonté de s'exprimer en créole entre eux est manifeste.

Tableau 3

Tableau de présentation des langues utilisées entre amis de sexe féminin

 

Florence

Sagine

11 - 28 - 29

fr/cr fr/cr fr

30 - 42

cr/fr fr

Quant à ce tableau, il s'intéresse à la langue utilisée entre les amis de sexe féminin (Florence et Sagine). Il permet de constater qu'à l'inverse des garçons que c'est le français qui tient lieu de medium principal de communication entre les deux filles. Toutefois, il existe une alternance de sorte que la conversation démarre en français et tourne en créole. On constate aussi qu'il n'y a même pas une unité où elles se parlent exclusivement en créole. Ici encore, la volonté pour que les filles s'expriment en français est patente.

Tableau 4

Analyse de la langue des sentiments/émotions exprimés par les personnages136(*)

(Valeurs qualitatives)

Catégorie

Créole

Français

Français/créole

Créole/français

S'ennuyer/

Regretter

5v - 5t - 11h - 11j - 11n - 12q- 13g - 14a - 17d - 21e - 22a - 45d - 50a - 50c- 50f - 52a - 52n

53r - 54a - 55j - 55m - 55r - 59a - 59d - 53hh

5s - 12s - 21m 21s - 21u- 24c- 24d - 52f - 52h 52i - 52m - 52o 53h - 53j - 53m 53aa -

5l - 5e - 11g -30g - 47c- 53q

47d - 52k - 52gg

Se fâcher

8b - 12o - 12p - 35l 43l - 43n - 44g 47e- 48m- 52p 52dd- 52ff - 53gg

8d - 12g - 12r- 52e - 52s - 52u 52z -53v

5u - 12m - 41t

44e

12i - 12j - 12n 12x - 52aa

Se mettre en colère

44b - 44c - 44d

44f - 44h - 48b

48d - 48f - 48h

48j - 48l - 53f

53jj

48c - 52y

 
 

Ironiser

8a - 8e- 23d - 23j 15b - 45b -55m

11k - 53k

41f

23e - 23e

Etre content

13d - 13o - 21g

21n

11b - 11c - 11d 11e - 21i - 28a 28b - 28c -29f 30s - 30t- 30u 42d - 42e -52b

 
 

Tableau 5

Analyse de la langue des sentiments/émotions exprimés par les personnages

(Valeurs quantitatives)

Catégorie

cr

fr

fr/cr

cr/fr

Total

%cr

%fr

%fr/cr

%cr/fr

Total

S'ennuyer/

Regretter

25

16

6

3

50

50

32

12

6

100

Se fâcher

13

8

4

5

30

43.34

26.67

13.34

16.67

100

Se mettre en colère

13

2

-

-

15

86.67

13.33

-

-

100

Ironiser

7

2

1

2

12

58.34

16.67

8.34

16.67

100

Etre content

4

15

-

-

19

21.05

78.95

-

-

100

Les tableaux 4 et 5 présentent, pour le premier les valeurs qualitatives, et pour le second, les valeurs quantitatives de la langue des sentiments et émotions exprimées par les personnages qui font l'emploi des deux langues dans le film. Il s'agit ici de vérifier dans quelle langue les personnages `bilingues' choisissent, ou trouvent naturel d'exprimer tel ou tel sentiment. Si les valeurs qualitatives permettent de voir dans quelles unités et sous unités les sentiments sont exprimés, les valeurs quantitatives ont l'avantage de quantifier, et du coup, permettre la comparaison des langues utilisées pour l'expression de chaque sentiment. Les graphes qui suivent permettent d'apprécier de plus près les valeurs inscrites dans ces tableaux.

5.3- Les graphes

Graphe 1

Graphe présentant la langue utilisée pour exprimer les sentiments/émotions

Graphe 2

Graphe de comparaison de l'utilisation des deux langues en fonction des sentiments exprimés par les personnages

En effet, comme il est dit plus haut, ces graphes permettent de faire la comparaison des langues utilisées pour exprimer les différents types d'émotions et de sentiments repères dans le film. Ils donnent la possibilité de voir que certains sentiments sont exprimés en créole à un fort pourcentage alors que d'autres le sont fortement en français.

Chapitre VI

Analyse des résultats

Pour analyser les résultats ci-dessus présentés, il faut se rappeler de la théorie des représentations sociales d'une part, et d'autre part des objectifs du travail.

En effet, comme il est dit précédemment, les représentations sociales sont des « systèmes de valeurs, de notions et de pratiques relatives à des objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, »137(*) Et ce système de valeurs, de notions et de pratiques permet «la stabilisation du cadre de vie des individus et des groupes, [...] et constitue un instrument d'orientation de la perception des situations et d'élaboration des réponses138(*).

Par conséquent, l'analyse doit d'abord chercher à retrouver ce système de valeurs, de notions et de pratiques relatives à l'utilisation du créole et du français dans le film ; et aussi de chercher à comprendre en quoi ce système constitue-t-il un instrument d'orientation et d'élaboration de réponses. Elle doit ensuite, par rapport à l'objectif du travail et en faisant ressortir ce système de valeurs et de pratiques, déterminer la représentation qui est faite des deux langues.

En effet, au tableau I qui présente la distribution des langues aux personnages en regard à leurs rôles dans le film, l'on remarque que le créole et le français sont chacun concentré chez des personnages particuliers. Le français, il se retrouve concentré chez Eddy, Odette, Sagine, et quelque peu chez Thierry. Quant au créole, il abonde et est même exclusif chez Marianne, Odénie, Sonia. Alors comprend expliquer cette distribution ? L'explication semble apparemment simple, mais cache certaines subtilités. D'abord, les personnages chez lesquels est concentré le français sont tous des personnes se trouvant à un niveau plus ou moins élevé de l'échelle sociale. Ce sont essentiellement les membres de la famille de Eddy (Intellectuel, prétendant président de la République) et leurs amis. A l'opposé les personnages chez lesquels le créole domine sont ceux se retrouvant à un bas niveau dans l'échelle sociale. Ce sont les bonnes (Odénie, Sonia, Marianne), mais paradoxalement le créole se trouve concentré chez Roody et même, à un niveau moindre, chez Thierry. Le tableau II permet de comprendre ce paradoxe.

Déjà, il est clair que c'est le « rôle social » du personnage, indiquant sa place dans l'échelle sociale, qui détermine dans quelle langue ce personnage est susceptible de prendre la parole. Ainsi, les personnes de statut social élevé s'expriment en français et les personnes de bas statut social s'expriment en créole.

Sur l'ensemble des conversations qu'elles engagent dans le film, c'est seulement en trois fois que Odénie (deux fois) et Sonia (une fois) s'expriment en français. On les retrouve dans 19e, 19g et 31d. Cependant, à chaque fois, c'est toujours par des phrases nominales comme : Bonne nuit, Pas très souvent.

Ce fait, c'est-à-dire la prise de parole en français pour les personnes de statut social élevé et en créole pour les personnes de bas statut social, se confirme quand les premiers (personnes de statut social élevé) s'adressent aux seconds (personnes de bas statut social). En effet, à la seule circonstance où Eddy s'exprime totalement en créole (dans l'unité 39) c'est pour s'adresser à Odénie ; trois des quatre unités (2, 3 et 9) où Odette s'expriment totalement en créole c'est pour s'adresser à Odénie et à Sonia, la quatrième (54) c'est pour exprimer des sentiments négatifs. Quant à Sagine les deux unités où elle s'exprime exclusivement en créole c'est pour exprimer des sentiments négatifs (la considération pour l'expression des sentiments sera faite plus loin).

Quant au fait que le créole domine chez Roody (ami d'un membre de la famille de Eddy) et chez Thierry, le tableau II permet d'en trouver une première explication. En effet, ce tableau corrobore l'hypothèse (qui a cours en Haïti) selon laquelle entre amis de sexe masculin c'est le créole qui soit la langue de conversation, peu importe s'ils sont à même de s'exprimer en français. Et pour les amies de sexe féminin c'est plutôt le français qui soit la langue de conversation. De fait, toutes les conversations de Sagine et de Florence sont faites alternativement en français et en créole avec une nette domination du français.

L'autre explication à la prédominance du créole chez Thierry c'est le fait qu'il s'adresse beaucoup à Odénie qui lui-même ne peut s'exprimer, d'après la logique dégagée dans le film, qu'en créole. Il s'adresse à elle dans les unités 9, 17, 19, 21, 25, 31, 34, 36, 37, 46, 49, 53 et 57.

Quant à la langue utilisée pour l'expression des sentiments et émotions des personnages, c'est au tableau 3 (valeurs qualitatives et quantitatives), qu'on doit se référer. Les données de ce tableau permettent aussi de constater que les langues diffèrent suivant qu'il s'agit de sentiments positifs ou de sentiments négatifs.

En effet, des sentiments et émotions comme ennui/regret, se fâcher, se mettre en colère et ironiser qui sont des expressions négatives sont nettement plus en créole qu'en français. Les sentiments ennui/regret sont exprimés à 50% en créole contre 32% en français ; les personnages se fâchent à 43.34% en créole contre 26.67% en français, la colère est exprimée à 86.67% en créole contre 13.33% en français et l'ironie exprimée à 58.34% en créole contre 16.67% en français.

En revanche, avec 78.95% en français contre 21.05% en créole, « être content » est près de quatre fois plus en français qu'en créole. Les deux graphes présentés plus haut permettent d'apprécier l'écart qui sépare l'expression linguistique des sentiments.

Il en ressort donc que le créole est la langue des sentiments négatifs (ennui/regret), des émotions dures et sévères (se fâcher, se mettre en colère), et le français la langue des émotions suaves et tendres.

Il se dégage donc, à travers le film, un ensemble de notions que l'on peut formuler comme suit : 1) le créole et le français sont deux moyens de communication différents, 2) le créole et le français sont chacun fait pour être employé par une catégorie de personnes bien déterminée, 3) le créole et le français sont chacun mieux approprié pour exprimer des sentiments particuliers, 4) le créole est mieux approprié pour les conversations entre garçons et le français pour les conversations entre filles.

Dans la représentation ces notions jouent le rôle de connaissances que le sujet dispose sur l'objet de la représentation. Ces connaissances remplissent à la fois la fonction de savoir et la fonction d'orientation. Elles remplissent la fonction de savoir car elles permettent au sujet de disposer d'une certaine perception de l'objet et elles remplissent la fonction d'orientation au sens où ces connaissances servent de guides d'action pour le sujet vis-à-vis de l'objet.

On doit comprendre que ces connaissances sont antérieures à la réalisation du film. Le film n'est qu'une expression de ce que ses réalisateurs disposent de connaissances sur des réalités de toutes sortes (dans le cas présent sur les langues) ; et c'est ici qu'intervient la dimension constructiviste du cinéma.

Par ailleurs, les réalisateurs n'inventent pas tout. Les connaissances dont ils disposent sur une réalité déterminée leur proviennent en grande partie de ce qu'ils ont vécu dans leur société. Et c'est ici qu'intervient la dimension réaliste du cinéma.

En tant qu'elles sont antérieures à la réalisation du film, ces notions (qui forment la connaissance sur l'objet) agissent comme cadre d'orientation, comme guide d'action, comme réponses toutes faites dans la mise en oeuvre du mode d'emploi des langues dans le film. Elles remplissent donc la fonction d'orientation.

Ces notions peuvent aussi intervenir à un stade plus avancé pour justifier le comportement du sujet par rapport à l'objet. Par exemple pour justifier que Odénie ne pouvait pas s'exprimer en français parce qu'elle est analphabète ou que le français se prête mieux à l'expression de la satisfaction qu'à l'expression de la colère. Elles rempliraient dans ce cas la fonction de justification.

En somme, ces analyses permettent de conclure qu'à travers le film la représentation qui est faite du créole est qu'il est la langue de petites gens, de gens à statut social peu élevé ; que le créole est la langue de conversations entre garçons (tous statuts confondus) et qu'il est la langue de l'expression des sentiments et émotions durs, négatifs et sévères.

Quant au français, il est représenté comme la langue des gens de statut social élevé, la langue de conversation entre filles et femmes (qui ont un statut social plus ou moins élevé) et la langue de l'expression des sentiments et émotions suaves et tendres.

Cependant, il faut remarquer que pour l'expression des sentiments et émotions, il faut tenir compte du statut de l'individu à qui la personne s'adresse car, toutes les expressions tendres de Thierry à Odénie (expression d'amour) se font en créole. Ce qui fait dire donc que les expressions tendres sont exprimées en français quand la personne à qui l'on s'adresse a un statut qui lui permet d'accéder au français.

En termes de comparaison des deux représentations l'on remarque qu'une certaine pondération de supériorité est attribuée au français au détriment du créole. En effet, s'il est vrai que le créole parle par les « petites gens » n'est pas en soi très différent du créole parle par les gens a statut social élevé, le fait qu'aux yeux de la société ces « petites gens » ne représentent pas des modèles en termes de conditions et de formes de vie, bref le fait qu'ils ne représentent pas « l'homme idéal » la langue qu'ils parlent apparaît comme n'ayant pas d'importance ou ayant peu d'importance.

Par ailleurs, rien ne peut expliquer le fait que le créole soit si faiblement utiliser pour exprimer le contentement si ce n'est une pondération de négativité. De fait, les sentiments négatifs sont largement exprimes en créole et ceci par les gens même qui s'expriment, en général, en français. Ils s'expriment en français quand ils sont contents mais quand ils se fâchent ou quand ils se mettent en colère ils se tournent vers le créole. Il donc clair qu'à travers le film, se dégage une répartition bien marquée des deux langues de sorte que le français se présente comme une langue attrayante et le créole comme une langue de rejet.

CONCLUSION

Comme il est dit au départ, cette étude de type exploratoire se penche sur les représentations sociales du créole et du français dans le film Barikad. Les données qualitatives et quantitatives tirées de l'utilisation des langues dans le film montrent que les deux langues sont différemment représentées. Le créole représenté comme une langue de « petites gens » et le français comme une langue de gens de statut social élevé ; le créole comme langue de garçons et le français comme langue de femmes ; le créole comme langue de sentiments négatifs et le français comme langue de sentiments positifs.

Dans le cadre théorique et conceptuel il est dit que les représentations sociales sont enracinées dans un contexte social, dans une structure sociale. Alors, il faudrait que d'autres études se penchent sur le sujet pour trouver et expliquer les liens qui existeraient entre ces représentations et la pratique linguistique réelle du contexte de production du film, le contexte social haïtien.

Il faut cependant faire remarquer qu'entre ces représentations et chacune des langues, il n'existe pas de rapport en soi, car l'on s'en souvient que « la réalité (la langue) est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs [...] »139(*) L'on comprend donc que rien dans la langue ne fait qu'elle soit plus attribuable à tel ou tel statut social plutôt qu'à un autre ou qu'elle soit plus masculin que féminin et vice-versa ou encore qu'elle soit plus propre à l'expression de telle ou telle autre émotion. Il ne s'agit que d'une "forme de pensée sociale".

Par ailleurs, il n'est pas indiqué de considérer ces représentations comme étant celles que le cinéma haïtien fait du créole et du français. Autrement dit, il ne faut pas extrapoler ces résultats à l'ensemble du cinéma haïtien. Le film Barikad ne saurait à lui seul exprimer les représentations qui sont faites dans l'ensemble des films. Un tel travail nécessiterait que l'on considère un échantillon de films qui soient représentatifs de l'ensemble ; et donc beaucoup plus de ressources financières et matérielles devraient être mobilisées. Dans ce travail il s'agit plutôt, comme dans toute étude exploratoire, de considérer un cas afin de déblayer le terrain pour les éventuelles recherches à venir. En plus d'alléger les prochaines études sur les représentations dans d'autres films, ce travail offre un important raccourci à d'autres chercheurs qui voudraient approfondir ce travail ou qui voudraient faire n'importe quel autre type de recherche sur ce film.

Bien que modeste ce travail permet de montrer combien le terrain de recherche en communication est vaste. Les films, les vidéoclips, les musiques et autres productions culturelles sont des objets de recherches immenses. Elles constituent une mine de données qui dorment. Il faut des études pour les retrouver et les interpréter. A défaut d'une communauté scientifique structurée comme c'est le cas dans bien d'autres pays, les étudiants pourraient bien investir ce vaste champ et effectuer les travaux de base qui serviront sans doute à des recherches plus élaborées, plus pointues.

BIBLIOGRAPHIE

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39- MUCCHIELLI Roger, L'analyse de contenu des documents et des communications, Paris, ESF éditeur, Col. Formation permanente, 1998

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47- VALDMAN Albert, « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le créole haïtien », dans La linguistique : Les créoles, Paris, PUF, Vol 41, fascicule 1, 2005, pp. 81-105

48- VERNET Pierre dans CONFIANT Raphaël et DAMOISEAU Robert, A l'arpenteur inspiré, Mélanges offerts à Jean Bernabé, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Editions, 2006, pp 51-76

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2- ETIENNE Sauveur Pierre, Le créole dans la radiodiffusion à Port-au-Prince et son impact sur la population de `Pont-Rouge', P-au-P, mémoire de sortie, FASCH-UEH, 1990

3- JEAN-CHARLES Vladimir, Représentation des pratiques sexuelles des hommes hétérosexuels de 17 à 55 ans et les risques d'infection au VIH/SIDA dans les milieux défavorisés (Cas de Martissant I, Avenue Bolosse, et Carrefour Feuilles), mémoire de sortie, FASCH/UEH, P-au-P, 2005

Liste des sites web consultés

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* 1 Michaëlle LAFONTANT-MEDARD dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, nos 158-159, juin- sept. 1983, p. 39

* 2 Jean-François DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, Paris, Ed. Sciences humaines, 2004, p. 398

* 3 Pierre BOURDIEU, Ce que parler veut dire. Economie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1998, p. 27

* 4 P. BOURDIEU, idem

* 5 Franck NEVEU, Dictionnaire des sciences du langage, Paris, Armand Colin, 2004, p. 174

* 6 Ferdinand DE SAUSSURE, cité par Claude HAGEGE, Halte à la mort des langues, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 36

* 7 André MARTINET, Eléments de linguistique générale, Paris, Armand Colin, col. Cursus, 4e édition, 2005, p. 20

* 8 Albert VALDMAN, cité par Marie Léane BOBRUN, Langue, communication et société : obstacles à l'utilisation du créole comme langue officielle d'Haïti après 1987, mémoire de sortie, FASCH-UEH, P-au-P, 2002, p. 31

* 9 Marie Thérèse ARCHER, La créologie haïtienne. Latinité du créole d'Haïti, P-au-P, Le Natal, 1987, p. 7

* 10 Marie-Christine HAZAEL-MASSIEUX, «Théories de la genèse des créoles» dans La linguistique : Les créoles, Paris, PUF, Vol. 41, fascicule 1, 2005, p. 25

* 11 M.T ARCHER, op. Cit. p. 8

* 12 Dialecte du nord de la France

* 13 Jules FAINE cité par Sauveur Pierre ETIENNE, Le créole dans la radiodiffusion à Port-au-Prince et son impact sur la population de `Pont-Rouge', P-au-P, mémoire de sortie, FASCH-UEH, 1990, p. 37

* 14 Pradel POMPILUS, La langue française en Haïti, Thèse de doctorat, P-au-P, Fardin, 1981, p. 16

* 15 André Vilaire CHERY, Dictionnaire de l'évolution du vocabulaire français en Haïti dans le discours politique, économique et social du 7 février 1986 à nos jours, P-au-P, Edutex, Tome I, p. 96

* 16 J.-F. DORTIER, Le langage. Nature. Histoire et usage, Paris, Ed. Sciences humaines, 2001, p. 5

* 17 La forme écrite était calquée sur la graphie de la langue française.

* 18 Jeannot HILAIRE, L'édifice créole en Haïti, Fribourg (Suisse), Edikreyòl Tome III, 2002, p. 404

* 19 S. P. ETIENNE, op. cit. p. 39

* 20 J. HILAIRE, op. cit. p. 405

* 21 S. P. ETIENNE, op. cit. p. 40

* 22 Le titre du journal officiel de Saint-Domingue

* 23 Pauris JEAN-BAPTISTE, «spécial créole haïtien », dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, nos 161 - 162, mars- juin 1984, p. 18

* 24 P. JEAN-BAPTISTE, idem

* 25 Certains auteurs rapportent que le premier janvier 1804 Dessalines a fait une allocution au peuple en créole. Voir S. P. ETIENNE, op. cit. p. 41

Le 20 mai 1805, lors de la proclamation de la Constitution impérial, Dessalines aurait prononcé un discours en créole. Aussi retrouve-t-on le texte d'un discours prononcé en créole par le président Salomon le premier mai 1889. Voir Christophe Philippe CHARLES, Pawòl kreyòl. Literati kreyòl an Ayiti 1750-2000/La littérature haïtienne d'expression créole 1750-2000. Histoire et anthologie, P-au-P, Ed. Choucoune, 2000, p. 281

* 26J. HILAIRE, op. cit. p. 415

* 27J. HILAIRE, idem

* 28P. JEAN-BAPTISTE, op.cit., p. 19

* 29 M. T. ARCHER, op .cit. 1987, p. 80

* 30 P. JEAN-BAPTISTE dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit. p. 21

* 31 CENTRE OECUMENIQUE DES DROITS DE L'HOMME, Constitution de la République d'Haïti 1987/ Konstitisyon Repiblik Ayiti 1987, article 5, P-au-P, Deschamps, 1997, p. 4

* 32 A. V. CHERY, op. cit., Tome I, p. 96

* 33 Collette LESPINASSE, Communication en Haïti en 1994 : Réalités, contraintes et perspectives, UNICEF, 1994, p. 33

* 34 Jean-Pierre ARSAYE, Français-Créole/Créole-Français. De la traduction. Ethique. Problèmes. Enjeux, Paris, Presses universitaires créole (GEREC-F), l'Harmattan, 2004, p. 161

* 35 Jean-Claude BAJEUX, Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl Ayisyen/Anthologie de la littérature créole haïtienne, P-au-P. Ed, Antilla, 1999, p. xii

* 36 Saint-Domingue est le nom que les français ont donne la partie de l'ile que l'Espagne leur céda en 1697. C'est cette partie qui deviendra plus tard Haïti.

* 37 A son débarquement dans l'ile en 1492, Christophe Colomb la baptisa Espanola (Hispaniola, en français) en souvenir de l'Espagne. Les habitants d'alors de l'ile l'appelèrent : Ayiti, Kiskeya ou Bohio.

* 38 Ile située au nord d'Haïti et faisant partie du territoire haïtien.

* 39 Le 1er janvier 1804, avec la proclamation de l'indépendance vis-à-vis de la France, Saint-Domingue allait redevenir Haïti, nom que les habitants précolombiens de l'ile lui avaient donné.

* 40 Ce devrait être un choix puisque la forme écrite du créole existait bien avant 1804 ; un texte officiel comme la proclamation de La liberté générale des esclaves le 29 aout 1793 est rédigé en créole. A leur place, les héros de l'indépendance ne pouvaient ne pas être en connaissance de ce texte. Peut-être voulaient-ils être compris par le monde entier en rédigeant l'acte en français.

* 41 P. POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, P-au-P, Fardin, 1985, p. 78

* 42 P. POMPILUS, op. cit. p. 14

* 43 Frantz LOFFICIAL, Créole-français : Une fausse querelle ? Bilinguisme et reforme de l'enseignement en Haïti, Lassalle (Québec), Imp. Payette & Simms, 1978, p. 39

* 44 P. POMPILUS, op. cit. p. 52

* 45 A. VALDMAN, « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le créole haïtien », dans La linguistique : Les créoles, Paris, PUF, Vol 41, fascicule 1, 2005, p. 87

* 46 P. POMPILUS, la langue française en Haïti, P-au-P, Thèse de doctorat, Fardin, 1985, p. 20

* 47 P. POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, p. 56

* 48 P. POMPILUS, idem

* 49 P. POMPILUS, idem

* 50 P. POMPILUS, idem

* 51 F. LOFFICIAL, op. cit. p. 47

* 52 Pierre VERNET dans Raphaël CONFIANT et Robert DAMOISEAU, A l'arpenteur inspiré, Mélanges offerts à Jean Bernabé, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Editions, 2006, pp 51-76

* 53 P. VERNET, op. cit. p. 59

* 54 L'étude a été réalisée sur les quotidiens Le Nouvelliste, Le Matin (édités en Haïti) et les hebdomadaires haïtiens Haïti observateur, Haïti en marche et Haïti Progrès (édités aux Etats-Unis mais distribués en Haïti).

* 55 P. POMPILUS, op. cit. 1985, p. 56

* 56 F. LOFFICIAL , op. cit. p. 47

* 57 P. POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, p. 16

* 58 P. POMPILUS, idem

* 59 Cette assertion est bien plus fréquente dans le cas de l'anglais.

* 60 J.-F. DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, p. 731

* 61 Varena AEBISCHER et Dominique OBERLE, Le groupe en psychologie sociale, Paris, Dunod, 1998, p. 61

* 62 Il faut noter que cette bibliographie date 1994. Dans l'intervalle, d'autres recherches encore sont réalisées.

* 63 Serge MOSCOVICI dans Denise JODELET, Les représentations sociales, Paris, PUF, 5e édition, 1989, p. 80

* 64 D. JODELET « Représentation sociale : Phénomènes, concept et théorie » dans S. MOSCOVICI, Psychologie sociale, Paris, PUF, 1984, p. 357

* 65 S. MOSCOVICI, «Des représentations collectives aux représentations sociales: éléments pour une histoire » dans D. JODELET, op. cit., p. 79

* 66 S. MOSCOVICI, La psychanalyse, son image et son public, p. 1

* 67 S. MOSCOVICI, cité par Gustave-Nicolas FISCHER, Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, Dunod, 1996, p. 125

* 68 D. JODELET, « Représentation sociale: Phénomènes, concept et théorie » dans S. MOSCOVICI, Psychologie sociale, p. 361

* 69 Jean-Claude ABRIC, Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, p. 8

* 70 C'est nous qui nommons et soulignons.

* 71 D. JODELET, op. cit., p. 362

* 72 J.-C ABRIC, op. cit., p. 13

* 73 J.-C ABRIC, op. cit., pp. 12-13

* 74 D. JODELET, op. cit. p. 362

* 75 Vladimir JEAN-CHARLES, Représentation des pratiques sexuelles des hommes hétérosexuels de 17 à 55 ans et les risques d'infection au VIH/SIDA dans les milieux défavorisés, mémoire, FASCH, p. 38

* 76 V. AEBISCHER et D. OBERLE, op. cit. p. 166

* 77 J.-C. ABRIC, op. cit., 1994, p. 12

* 78 V. AEBISCHER et D. OBERLE, op. cit. p. 163

* 79 J.-C. ABRIC, op. cit. p. 13

* 80 J.-C. ABRIC, « L'approche structurale des représentations sociales : développements récents » dans Psychologie et société, no 4, p. 82

* 81 Claude FLAMENT, « Structure et dynamique des représentations sociales » dans D. JODELET, op.cit, p. 226

* 82 J.-F. DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, p. 731

* 83 J.-C. ABRIC, op. cit., p. 82

* 84 J.-C. ABRIC, op. cit., p. 83

* 85 Hérold TOUSSAINT (dir.), L'Armée et la presse écrite en Haïti. Approche psychosociologique, P-au-P, Imprimeur II, p. 37

* 86 J.-C. ABRIC, op. cit., p. 82

* 87 J.-C. ABRIC, Pratiques sociales et représentations, p. 25

* 88 J.-C. ABRIC, op. cit., p. 16

* 89 MUGNY et CARUGATI, cités par J.-C ABRIC, op. cit. p. 16

* 90 J.-C. ABRIC, op. cit., p. 17

* 91 J.-C. ABRIC, op. cit., pp. 17-18

* 92 wikipedia. Org/wiki/Cin%C3%A9ma

* 93 Idem

* 94 Bibliothèque Laffont des grands thèmes, Le cinéma, art et industrie, Paris, Robert Laffont-Gramont, 1975

* 95 Warren K. AGEE et al, Introduction aux communications de masse, Bruxelles, De Boeck Université, 1989, p. 311

* 96 W. K. AGEE et al., idem

* 97 Georges SADOUL dans wikipedia. Org/wiki/Cin%C3%A9ma

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* 99 Grande Encyclopédie Larousse, Paris, 1973, pp. 2877-2880

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* 101 Famille, l'âge industriel de la culture, Italie, Editions des connaissances S. A, 1971

* 102 Dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris, 1994, p. 227

* 103 M. LAFONTANT-MEDARD, « spécial cinéma haïtien », dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, nos 158-159, p. 14

* 104 M. LAFONTANT-MEDARD dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op cit., p. 19

* 105Arnold ANTONIN, «Films et vidéos : Le cinéma en Haïti », dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, no 206, 2001, p. 87

* 106 A. ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, idem

* 107 M. LAFONTANT-MEDARD dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op cit., p. 39

* 108 A. ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit., p. 88

* 109 Pour les dates et réalisateurs des films, voir A. ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit., pp. 92-93

* 110 A. ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit., p. 90

* 111 S. KRAKAUER dans Edgar MORIN, Sociologie, Paris, fayard, 1984, pp. 387-406

* 112 André BRAUN-LARRIEU cité par Jacques DURAND, « La représentation de la réalité économique et sociale au cinéma » dans Revue internationale de filmologie, Tome XI, no 36-37, janvier-juin 1961, pp. 21-32

* 113 Bibliothèque Laffont des grands thèmes, Le cinéma contemporain, Robert Laffont-Gramont, Paris, 1975, pp. 34-35

* 114 Bibliothèque Laffont des grands thèmes, idem.

* 115 Jacques DURAND, « La représentation de la réalité économique et sociale au cinéma » dans Revue internationale de filmologie, Tome XI, no 36-37, janvier-juin 1961, pp. 21-32

* 116 J. DURAND, idem

* 117 Jacques DOFNY (dir.), Sociologie et société- Pour une sociologie du cinéma, Presses universitaires de Montréal,

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* 118 Sylvain GIROUX, Méthodologie des sciences humaines. La recherche en action. Montréal, ERPI, 1998, p. 197

* 119 S. KRAKAUER cité par Edgar MORIN, Sociologie, Paris, Fayard, 1984, p. 387

* 120 E. MORIN, op. cit., p. 387

* 121 DE KETELE et ROGIERS (1996) cités par Luc ALBARELLO et al., « Apprendre à chercher » dans Pierre Maxime NICOLAS, Méthodologie II - Méthodes qualitatives et quantitatives, Port-au-Prince, département de communication sociale-FASCH-UEH, Session été 2006

* 122 Andrée LAMOUREUX, Une démarche scientifique en sciences humaines. Méthodologie, Laval (Québec), Etudes vivantes, 1992, p. 162

* 123 A. LAMOUREUX, op. cit., p. 164

* 124 Roger MUCCHIELLI, L'analyse de contenu des documents et des communications, Paris, ESF éditeur, Col. Formation permanente, 1998, p. 45

* 125 Les discours en anglais sont cependant apparus comme ils ont été prononcés dans la retranscription-découpage en vue de permettre de comprendre le fil de l'idée développée dans la conversation mais ne sont pas pris en compte dans l'analyse.

* 126 Cité par Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1996, p. 551

* 127 M. GRAWITZ, ibid. p. 551

* 128 Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1997 p. 231

* 129 R. QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, ibid., p. 231

* 130 R. QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, idem

* 131 Le general inquier est un système d'analyse de documentaire utilisé au Massachusetts Institute of Technology (E.U.A). Il se caractérise (comme le système Syntol développé en France) par la possibilité d'une analyse automatique du discours 9sur machine électronique0, en tenant compte d'un certain nombre de relations syntaxiques entre éléments. Voir Marie-Christine d'UNRUG, Analyse de contenu. De L'énoncé à l'énonciation, Paris, Ed. Universitaires, 1974, p. 53

* 132 M. GRAWITZ, op. cit., p. 552

* 133 M. GRAWITZ, idem

* 134 R. QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, op. cit., p. 233

* 135 R. QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, ibid., pp. 233-234

* 136 Les personnages : Odénie, Sonia et Marianne ne sont pas pris en compte à cause de leur très faible utilisation du français.

- Les chiffres correspondent aux unités et les lettres aux sous-unités correspondant aux chiffres placés à l'avant.

* 137 S. MOSCOVICI, cité par Gustave-Nicolas FISCHER, Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, Dunod, 1996, p. 125

* 138 S. MOSCOVICI, idem

* 139 J.-C. ABRIC, Pratique et représentations sociales, p. 12






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault