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De la representation du français et du créole dans le cinéma haïtien: le cas du film "Barikad"

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par Schwarz Coulange Méroné
Université d'Etat D'Haiti - Licence 2008
  

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1.4- Les nouvelles langues en Haïti

S'il est vrai qu'historiquement et juridiquement le français et le créole demeurent les langues d'Haïti, deux autres langues se font petit à petit une place dans le paysage linguistique haïtien. Ce sont l'anglais et l'espagnol. Si à l'inverse du français et du créole ils ne bénéficient d'aucun statut, leur usage n'est pas moins perceptible. La présentation de leur situation dans l'univers linguistique haïtien s'avère nécessaire à ce stade du travail.

1.4.1- L'anglais en Haïti

L'usage accru de l'anglais en Haïti semble ne pas remonter à très longtemps. Selon Pradel POMPILUS, « (C'est) Après 1934 [...] (que) l'anglais s'est répandu principalement dans les couches cultivées de la nation.»47(*) Il l'explique par le fait qu'à ce moment, « beaucoup d'Haïtiens sont partis se former ou se perfectionner dans les universités américaines et sont revenus prêter leurs services [...]»48(*) au pays. Aussi, à l'époque, l'essor qu'avait connu le tourisme dans le pays « amène [...] beaucoup de petits employés, de chauffeurs, de chauffeurs guides et même de colporteurs à se munir d'un peu d'anglais. »49(*) Finalement, les plus pauvres essayent de se procurer d'un peu d'anglais «dans l'espoir de devenir un jour ouvriers ou manoeuvres aux Etats-Unis [...]»50(*)

Pour illustrer combien l'anglais est en train de gagner du terrain, Frantz LOFFICIAL a proposé d'aller « se planter aux heures de cours devant l'Institut Haïtiano-Américain de Port-au-Prince et de dénombrer les étudiants ; [...] de compter les écoles et instituts de langue anglaise de plus en plus nombreux même dans les quartiers populaires. »51(*)

Même si la proportion de l'anglais dans la pratique langagière en Haïti n'est pas connu, il est tout de même possible de se faire une idée à partir des chiffres d'une étude52(*) de l'"Observatoire de politique linguistique" de la faculté de linguistique appliquée de l'Université d'Etat d'Haïti sur l'utilisation des langues (créole, français, anglais et espagnol) dans les médias à Port-au-Prince.

Selon cette étude en effet, sur un total de 445 186 heures d'antennes comptabilisées, pour la période allant de mars 1998 à mars 2001, les radios de Port-au-Prince ont diffusé 8 405 heures et 37 minutes d'émissions en anglais ; soit un pourcentage de 1.88%. S'agissant de la télévision, la tendance s'inverse totalement. En effet, selon la même étude, pour la période allant de janvier 1999 à mars 2001, sur les 507 166 heures d'antennes comptabilisées, les télévisions ont diffusé et/ou retransmettent 238 138 heures d'émissions en anglais ; soit un pourcentage de 46.95%, loin devant le français (36.66%) et le créole (2.62%).

Pierre VERNET fait toutefois remarquer que ce fort pourcentage de l'anglais dans la télévision « n'est pas dû au pourcentage d'anglais des stations de télévisions d'Haïti mais uniquement aux émissions de chaînes étrangères captées et diffusées par les stations locales »53(*) Pour les journaux54(*) la fréquence de l'utilisation de l'anglais est nettement redescendue, mais garde tout de même une certaine supériorité par rapport à celle du créole. Pour une période de trois mois (les mois et l'année concernés ne sont pas précisés), l'étude révèle que 3.33% des articles, 6.08% des annonces/avis et 11.55% des publicités sont anglais.

A partir de ces chiffres donc, il est possible de conclure qu'une partie des consommateurs (réguliers ou non) des produits médiatiques est à même de comprendre l'anglais ; car si la presse utilise cette langue pour faire passer des messages ; et si elle le fait dans ces proportions, c'est donc bien parce qu'elle en trouve des consommateurs. Ces chiffres de l'étude corroborent bien l'assertion de Pradel POMPILUS qui stipule que l'anglais est le « deuxième concurrent du français en Haïti »55(*) après le créole. Frantz LOFFICIAL a, dans la même veine, affirmé que dans la question de la langue en Haïti « il faut tenir compte de cette évolution du statut de l'anglais qui représente désormais pour beaucoup une alternative valable au français [...] »56(*)

Compte tenu de toutes ces remarques et étude, il n'est donc pas exagéré de dire que l'anglais prend des proportions non négligeables en Haïti. Il reste à savoir maintenant, combien sont ces proportions, comment est la tendance par rapport aux autres langues en présence - le français en particulier, quelles pourraient être les conséquences politiques, sociales, économiques de la montée de l'anglais, etc. Il est donc clair qu'à ce propos les chercheurs en sciences sociales, particulièrement en sciences politiques et en sociologie, ont devant eux un champ de recherche assez vierge.

* 47 P. POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, p. 56

* 48 P. POMPILUS, idem

* 49 P. POMPILUS, idem

* 50 P. POMPILUS, idem

* 51 F. LOFFICIAL, op. cit. p. 47

* 52 Pierre VERNET dans Raphaël CONFIANT et Robert DAMOISEAU, A l'arpenteur inspiré, Mélanges offerts à Jean Bernabé, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Editions, 2006, pp 51-76

* 53 P. VERNET, op. cit. p. 59

* 54 L'étude a été réalisée sur les quotidiens Le Nouvelliste, Le Matin (édités en Haïti) et les hebdomadaires haïtiens Haïti observateur, Haïti en marche et Haïti Progrès (édités aux Etats-Unis mais distribués en Haïti).

* 55 P. POMPILUS, op. cit. 1985, p. 56

* 56 F. LOFFICIAL , op. cit. p. 47

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