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Micro-finance et lutte contre la pauvreté : Cas des micro-crédits octroyés par le CERP - GALA LETU à  la population de Kisangani; De septembre 2007 à  décembre 2008

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par Kim BWANGA M'VUANDA
Institut supérieur de commerce de Kisangani - Licence 2009
  

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    REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

    ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

    INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE DE KISANGANI

    B.P. 1010 / KISANGANI

    Section Licence

    MICRO FINANCE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE 

    Cas des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani

    De septembre 2007 à décembre 2008

    Par

    Kim BWANGA M'VUANDA

    MEMOIRE

    Présenté en vue de l'obtention du diplôme de LICENCE en Sciences Commerciales

    Option : COMPTABILITE

    Directeur : Pr Dr Ir MUANASAKA KABUITA

    Encadreur : Ass. J.J. MATETE OSAKO HERI

    Année Académique 2008 - 2009

    Première session

    SYNTHESE DU MEMOIRE

    Ce travail est intitulé « Micro finance et lutte contre la pauvreté : Cas des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani. De septembre 2007 à décembre 2008 ».

    Ce travail étant une étude de cas, nous avons centré nos efforts sur le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Etant nous même membre de cette institution de micro finance, nous avons porté notre choix sur ce cas d'abord pour la facilité d'accéder aux données fiables, mais aussi et surtout pour la concordance de la mission de cette institution à l'objet de notre étude, la réduction de la pauvreté.

    Préoccupation de l'homme depuis des temps antiques, la pauvreté - disons mieux la réduction de la pauvreté - fait l'objet, depuis la nuit de temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. La situation de la pauvreté extrême devenue un phénomène de masse généralisé en République Démocratique du Congo, et à Kisangani en particulier, a ainsi mobilisé notre énergie intellectuelle jusqu'à nous engager à la réalisation de cette étude.

    L'objectif global poursuivi a consisté à comprendre le phénomène de la pauvreté et sonder la mesure dans laquelle la micro finance peut être un outil efficace de lutte contre la pauvreté. Ceci constitue également l'intérêt scientifique de ce travail qui permettra, nous l'espérons, à tout lecteur, même non averti, de comprendre le phénomène de la pauvreté et le mécanisme de sa réduction par la micro finance comme outil à la portée de l'Etat et des populations les plus démunies.

    Notre hypothèse de recherche a émis deux postulats, notamment :

    - Primo : L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani, n'aurait pas encore contribué à réduire la pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et scolariser leurs enfants.

    - Secundo : Les difficultés rencontrées par les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires, ou du côté de ceux-ci, il y aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement.

    Dans l'entreprise de la vérification de ces hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire, d'interview structurée, de questionnaire et d'observation participative.

    Au bout de cette entreprise, les résultats obtenus ont démontré que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas, d'augmenter les revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter le nombre de repas consommés par les ménages par jour ; d'améliorer la capacité de stockage des aliments de base dans les ménages ; et de faire évoluer positivement les activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la problématique de l'accès à l'eau et à l'électricité reste non résolue ; la capacité d'épargne et d'investissement ainsi que l'indépendance des débiteurs vis-à-vis du créancier n'ont pas été assurées. Néanmoins, les crédits octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas.

    Nos enquêtés ont exprimé une opinion optimiste sur le microcrédit, estimant à 46 % des cas, que la micro finance peut être une activité intéressante à long ou à moyen terme et 24 % d'entre eux pensent que cette activité doit être mieux organisée pour être plus efficace et, par ce fait, faire bénéficier au meilleur des cas, ses effets d'outils de réduction de la pauvreté à la population. La modicité des sommes prêtées, l'échéance de remboursement jugée trop courte et le ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont constitué des difficultés majeures relevées par les bénéficiaires des microcrédits. Pour les responsables de l'IMF par contre, le non respect des échéances de remboursement, la méfiance de la population et le manque d'implication de l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la culture de l'épargne et l'importance de la micro finance ont constitué des contraintes à l'exercice de leur activité.

    Ainsi, par rapport à nos hypothèses, les résultats ci-dessus résumés nous ont amené à infirmer et à confirmer nos hypothèses. Nous pensons en effet que, contrairement à l'impression que cela puisse donner, l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de la pauvreté. Mais, ces effets positifs sont limités dans leur impact sur la réduction de la pauvreté, les bénéficiaires des microcrédits n'ayant pas réussi à améliorer leur capacité d'accès à l'eau et à l'électricité, moins encore celle d'épargne et d'investissement.

    Dans la discussion de ces résultats, nous avons rencontré les avis de MPANZU BALOMBA, qui estime que la micro finance est une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici, et de KUVITUANGA NSIMBA pour qui l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays. Ce qui va de pair avec la conclusion de MOHAMMED AMINE BENJELOUN qui a trouvé que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le défi d'une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable au Maroc.

    Au revers de la situation, nous nous sommes accordé avec IRAGI RUGAMBWA Adolphe qui a constaté que les microcrédits assuraient la survie et non l'émergence des ménages. En ce sens, aucune croissance d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme l'a démontré MENIKO NDIBO en étudiant le financement des PME par la micro finance à Kisangani.

    Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa comme ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu, ont exprimé la même difficulté que les nôtres quant à la modicité des sommes prêtées et le délai de remboursement trop court.

    Au-delà de ces difficultés, nous disons que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs sur la réduction de la pauvreté. Ce qui nous a fait consigner une note d'espoir dans notre conclusion, conformément à l'avis de nos enquêtés qui se sont dits plus optimistes que satisfaits, émettant le voeu de voir l'activité de la micro finance être pérennisé et mieux organisée. Donnant ainsi raison à Clément WONOU pour qui, l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes.

    Ce travail a été plus une étude qualitative, au regard de la courte période qu'il couvre. Sans prétention d'avoir accompli une oeuvre parfaite, nous gardons espoir qu'elle pourra servir de référence aux futurs chercheurs qui pourront mener une étude plus quantitative qui compléterait nos résultats.

    Kim Bwanga M'vuanda

    Introduction

    Alors que le monde n'a jamais été aussi riche, plus d'un milliard de personnes souffrent d'extrême pauvreté. L'UNESCO fait le constat d'une tragédie silencieuse, l'extrême pauvreté qui touche 1,2 milliard de personnes. Forte de sa mission éthique et intellectuelle, l'organisation s'engage à faire prendre conscience qu'être libre de la pauvreté est un droit humain fondamental.1(*)

    La pauvreté, en effet, est une préoccupation des hommes depuis les temps antiques. Sa réduction fait l'objet depuis la nuit des temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. Les dirigeants du monde réunis à l'occasion du sommet du millénaire en septembre 2000, se sont donné huit objectifs dits « du millénaire pour le développement » (OMD) dont le premier vise la réduction de moitié de l'extrême pauvreté et la faim à l'horizon 2015.

    L'une des contraintes à l'atteinte de cet objectif est certainement l'absence des services financiers inclusifs et donc la capacité de susciter une autopromotion par les activités génératrices de revenus. Le secteur financier inclusif pouvant permettre l'accès d'une majorité de la population aux services financiers, la micro finance est apparue comme un support essentiel à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. 2(*)

    Plusieurs études et publications ont été rendues possibles et disponibles sur cette problématique. Nous avons pu lire, pour notre part, le Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) de la République Démocratique du Congo3(*) ainsi que les travaux de Mohammed AMINE BENJELLOUN4(*), Patience MPANZU BALOMBA5(*), Djibril KUVITUANGA NSIMBA6(*), Adolphe IRAGI RUGAMBWA7(*), Joujou MENIKO NDIBO8(*) et Agathe KALINDE MAKETA9(*).

    Le DSCRP pose un diagnostic sévère de la pauvreté en République Démocratique du Congo. Il passe en revue les perceptions de la pauvreté et son profil par la base, pose un diagnostic sectoriel et thématique de la pauvreté avant d'en déterminer la stratégie de réduction reposant sur cinq piliers dont l'appui à la dynamique communautaire. Ce document qui reconnaît le rôle du secteur informel dans l'économie nationale et dans la réduction de la pauvreté en RDC, annonce entre autres que seul un changement d'approche de développement et la mise en place d'une stratégie cohérente d'interventions qui recueille l'assentiment et l'adhésion de tous les partenaires au développement et en particulier les bénéficiaires eux-mêmes permettront au pays de sortir de cette situation d'extrême pauvreté.10(*)

    Mohammed AMINE BENJELLOUN11(*) conclut que le microcrédit a pu relever le défit en constituant, à lui tout seul, une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable, malgré les difficultés qu'affrontent différentes associations et fondations dans les initiatives (de lutte contre la pauvreté) au Maroc. Malgré cet apport incontestable du microcrédit, souligne Mohammed Amine, le renforcement du secteur informel s'impose ; puisque la majorité des activités échappent à toute réglementation sectorielle.

    Sans être considérée comme une panacée, la microfinance se présente aujourd'hui comme une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici. C'est l'avis de Patience MPANZU BALOMBA.12(*) Cet auteur estime que le secteur micro financier congolais mérite qu`on lui accorde une attention particulière, en raison de son potentiel de développement remarquable. L`ampleur du phénomène est telle qu'on ne peut plus se permettre de continuer à l`ignorer notamment dans la formulation des politiques économiques. Il constate que l'offre sur le marché financier congolais est encore insuffisante par rapport aux besoins exprimés, alors que sur le site maraîcher de N'djili / CECOMAF où il a mené son étude, on relève une opinion généralement négative sur la façon dont la micro finance a fonctionné jusqu'ici. La petitesse de crédit octroyé (100 $us en moyenne) et le délai de remboursement jugé trop court sont les deux raisons évoquées pour justifier ce manque de satisfaction.

    Djibril KUVITUANGA NSIMBA13(*) estime quant à lui, que lutter contre la pauvreté dans les proportions de la République Démocratique du Congo nécessite une intervention multidimensionnelle et de longue durée. Aussi mentionne-t-il que l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays, étant donné qu'elle est encore dans sa première phase de développement. Il reconnaît que la micro finance est un outil indispensable dans la lutte contre la pauvreté en République Démocratique du Congo dans la mesure où elle peut permettre la création des petites et moyennes entreprises et industries qui contribueraient à réduire la pauvreté dans la société.

    Pour Adolphe IRAGI RUGAMBWA14(*) qui a étudié l'impact des microcrédits sur le bien-être socio-économique des ménages de Bukavu, le constat était que les microcrédits assuraient la survie des ménages et non leur émergence. La constitution d'un capital d'investissement est rare à cause de la modicité du montant de crédit obtenu et les taux d'intérêts très élevés appliqués par les IMF (20,3 à 40 % l'an).

    Joujou MENIKO NDIBO15(*) a constaté pour sa part, que les institutions de micro finance n'ont pas permis la croissance des PME par une augmentation de capital à base de microcrédits octroyés. Au contraire, ces crédits ont une allure croissante tandis que les remboursements ont baissé pendant la même période, signe que l'obtention de crédit n'a pas favorisé l'accroissement de capital, encore moins le pouvoir d'investissement de leurs bénéficiaires.

    Par contre, Agathe KALINDE MAKETA16(*) confirme dans son travail de fin de cycle sur le microcrédit et la lutte contre la pauvreté, cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani que les microcrédits accordés par le Bureau Diocésain de Développement aux femmes maraîchères de Kisangani ont produit des effets rentables pour leurs bénéficiaires qui arrivent à nourrir, scolariser et soigner leurs familles.

    De même que Pitt et Khandker17(*) qui ont analysé en 1994 l`impact de la Banque Grameen et du « Bangladesh Rural Advancement Commitee » sur le bien-être de la population ont constaté que la participation à des programmes de crédit avait des effets positifs et significatifs sur la scolarisation, les avoirs des ménages, la consommation et l'état nutritionnel des enfants.

    Notre point de convergence avec ces auteurs se situe au niveau de ce thème qu'est la micro finance et la lutte contre la pauvreté. Autrement dit, la question commune qui nous préoccupe consiste à examiner l'impact des microcrédits apportés par les IMF sur la réduction de la pauvreté. Cependant, notre ligne de démarcation se situe non seulement sur le champ d'étude, mais également sur la période de recherche. Pour ce qui nous concerne, notre travail étant une étude de cas, celui-ci voudrait spécifiquement vérifier si l'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani, a déjà contribué à réduire la pauvreté.

    Naturellement, les avis divergent : pour certains auteurs, la micro finance ou le microcrédit est une stratégie capable de relever le défît ou une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement. Pour d'autres, les microcrédits assurent la survie et non l'émergence, ils n'ont pas réussi à bâtir le capital des micros entreprises viables... Il ressort de la simple observation que, les divergences ont tendance à se rattacher à l'espace géographique de l'étude. En effet, les études menées en dehors de la République Démocratique du Congo aboutissent globalement sur des conclusions positives en faveur de la micro finance alors que celles menées sur le territoire Congolais accusent une défaillance de cette stratégie pour des raisons diverses.

    Cependant, nous savons, pour notre part, que « l'argent appelle l'argent dit un proverbe,... Si vous en avez un peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus difficile, c'est d'avoir ce peu là... », comme dit Adam Smith.18(*) («Money, says the proverb, makes money. When you have got a little, it is often easy to get more. The great difficulty is to get that little»)

    Or, la problématique de la pauvreté en République Démocratique du Congo s'apparente au manque de ce peu là. La population dispose d'immenses atouts et est pleine d'initiatives dont la mise en oeuvre est handicapée par le manque de capital et le manque d'accès au marché financier. L'insuffisance d'institutions bancaires ou leur inexistence pure et simple dans plusieurs localités du pays, le dysfonctionnement de ce circuit et l'impossibilité d'y accéder pour la majorité de la population Congolaise est une réalité qui aggrave l'état de la pauvreté devenue un phénomène de masse en RDC.

    A la recherche de solution pour la survie, la population de Kisangani se livre à des activités du secteur informel (artisanat, petit commerce, agriculture, ...) presque sans encadrement ni soutien de l'Etat, ou de tout autre organisme. La micro finance surgit sur ce terrain fertile comme une alternative apparemment salvatrice. Les hommes et les femmes s'y livrent, parfois sans réflexion, comme poussés par cette croyance populaire selon laquelle « qui ne risque rien n'a rien ». Mais, malheureusement la mesure du risque n'est pas toujours prise de manière suffisante. Et l'Etat revient à la charge, tente d'organiser et de réglementer ce secteur de la micro finance qui octroie de petits crédits à la population de manière plus facile et plus inclusive que les banques traditionnelles. En outre, notre constat est également que, malgré la présence d'un certain nombre d'IMF à Kisangani, la pauvreté de masse semble prendre toujours l'ascenseur.

    Fort de ce constat, nous nous sommes posé les questions ci-après :

    - Les microcrédits octroyés par l'IMF CERP - Gala Letu améliorent-ils les conditions de vie des populations bénéficiaires ? Autrement dit, est-ce que ces microcrédits contribuent à la réduction de la pauvreté dans les ménages de leurs bénéficiaires ?

    - Quelles sont les difficultés rencontrées aussi bien par cette institution que par ses abonnés ou membres ?

    Ces questions font appel aux hypothèses que voici :

    - L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani n'aurait pas encore contribué à réduire la pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et de scolariser leurs enfants.

    - Les difficultés rencontrées par les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires, ou du côté de ces derniers, il y aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement.

    Dans l'entreprise de la vérification de nos hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire, d'interview structurée, de questionnaire et d'observation participative.

    Madeleine GRAWITZ définit une méthode comme un ensemble concerté d'opérations mises en oeuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs. Un corps de principes présidant à toute recherche organisée, un ensemble de normes permettant de sélectionner et de coordonner les techniques.19(*) La méthode, ainsi entendue, a comme finalité l'explication de phénomène étudié du fait qu'elle implique « le moyen de parvenir à un aspect de la vérité, de répondre plus particulièrement à la question : comment ? »

    Comme nous l'avons déjà annoncé, nous avons recouru à la méthode dialectique pour tenter d'atteindre la vérité du phénomène étudié. GRAWITZ précise à ce sujet, que la méthode dialectique part de la constatation très simple de contradictions qui nous entourent. Celles-ci existent dans la réalité elle-même. La pensée de l'homme doit donc franchir un double écran : celui de ses propres limitations et contradictions, ensuite celui de l'incohérence des choses. Les limitations et les contradictions de l'homme ainsi que l'incohérence des choses doivent être saisies dans une perspective totalisante.20(*) Le phénomène de la micro finance plutôt récent à Kisangani ainsi que l'activité de lutte contre la pauvreté qui lui est associée dans cette étude ont donc été saisi dans leur totalité, leur dynamique et leurs contradictions. La problématique de la lutte conte la pauvreté dans l'étude de cas concerné par ce travail a été étudiée et vérifiée au travers de la méthode adoptée.

    Par ailleurs, nous avons appris de CHEVALIER J. et LOSHAK, que la technique est un outil, un instrument qui permet de découvrir les différentes données sur ces faits. Dans ce sens, nous avons lu la documentation disponible et accessible pour nous en passant par les travaux de fin d'études, les mémoires, les ouvrages et les publications sur Internet pour construire l'armature conceptuelle, théorique et empirique de notre étude. Compte tenu des difficultés d'ordre technique pour atteindre la totalité de notre population d'étude, un échantillon de 50 bénéficiaires a été interviewé de manière structurée alors que 2 responsables de l'IMF CERP - Gala Letu / Kisangani ont bien voulu répondre à notre questionnaire d'enquête.

    L'échantillonnage a été fait de manière occasionnelle du fait qu'il s'est basé sur la disponibilité des individus ayant accepté de répondre à nos questions. Lors du dépouillement, nous avons procédé question par question avant de mesurer les opinions de nos sujets sur le phénomène étudié.

    Le choix de ce sujet nous a été dicté par la situation d'instabilité économique que traverse la RDC avec comme corollaire la pauvreté extrême entraînant la médiocrité des conditions de vie, la vulnérabilité, le manque d'accès aux services sociaux de base, la non scolarisation des enfants, etc.

    L'intérêt scientifique de notre travail est de contribuer à la compréhension du phénomène de la pauvreté et du mécanisme de sa réduction par la micro finance comme outil privilégié à la portée de l'Etat et des populations les plus démunies.

    Sur le plan social, il pourra aider :

    - les IMF à améliorer leurs méthodes de travail et bénéficier davantage du capital de confiance populaire en apportant le plus de service à leurs clients ou membres et en exploitant pleinement le potentiel du marché ;

    - et les bénéficiaires des microcrédits à comprendre le bien-fondé du crédit et le meilleur moyen de son bénéfice qui passe par une orientation par objectif de crédits obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci.

    En ce sens, l'objectif global poursuivi dans cette étude consiste à comprendre le phénomène de la pauvreté et sonder la mesure dans laquelle la micro finance peut être un outil efficace de lutte contre ce phénomène. Tout lecteur, même non averti, pourrait ainsi trouver dans cette rédaction les informations nécessaires à la compréhension de la pauvreté et du crédit, du rôle de celui-ci dans la réduction de la pauvreté et de la manière la plus efficace de l'utilisation ou du recours au crédit sans aggraver les difficultés de la vie et l'endettement. Les dirigeants des IMF pourraient aussi en tirer un vrai profit scientifique susceptible d'apporter une amélioration dans leur travail.

    Nous avons limité notre sujet d'étude au cas de l'institution de micro finance CERP - Gala Letu, pour la période allant de septembre 2007 à décembre 2008, période retenue après observation, comme celle d'activité la plus prononcée de la micro finance à Kisangani. Nous avons pour cela, mené une enquête tant du côté des dirigeants de l'IMF que de leurs membres bénéficiaires de microcrédits durant cette période.

    Quant aux difficultés rencontrées pour la rédaction de ce mémoire, nous pouvons citer la rareté de la documentation relative à notre thème de recherche, le manque des données statistiques fiables sur l'état de la pauvreté et l'utilisation de la micro finance en RDC ainsi que la méfiance de nos enquêtés qui ne comprennent pas d'une manière générale l'importance d'une étude scientifique sur ce qu'ils considèrent comme une activité privée. A ceci s'est ajouté l'effet tache d'huile de la crise financière mondiale qui aurait affecté les avoirs des initiateurs des IMF au point de faire manquer aux institutions leur capacité de paiement à vue. Les retraits de l'épargne du public et l'octroi de crédit ont connu des perturbations sérieuses, engendrant ainsi une crise de confiance sévère vis-à-vis des IMF.

    Mais par détermination à atteindre notre objectif, nous avons surmonté ces difficultés notamment par une recherche abondante sur l'Internet pour avoir une documentation fiable et actuelle en dépit du temps et du coût que cela exige ; autant que nous avons expliqué et convaincu à la limite de nos capacités, nos enquêtés pour avoir les données analysées dans ce travail.

    Par besoin d'élaboration et de clarté, nous avons scindé notre étude en trois chapitres, hormis l'introduction et la conclusion. Le premier chapitre porte sur les considérations théoriques, le deuxième parle de la pauvreté à Kisangani alors que le dernier s'intéresse au CERP - Gala Letu et la lutte contre la pauvreté Kisangani.

    Chapitre premier

    CONSIDETATIONS THEORIQUES

    Afin de faciliter la compréhension des concepts utilisés, nous allons préciser leur contenu dans les lignes qui suivent.

    I.1. Des concepts clés

    I.1.1. Pauvreté

    Selon le Nouveau Petit Robert, la pauvreté c'est l'état d'une personne qui manque de moyens matériels, d'argent ; insuffisance de ressources.21(*) Elle est synonyme de besoin, de dénuement, de gêne, d'indigence, de nécessité, de paupérisme, de privation et peut être une insuffisance matérielle ou morale. Elle se traduit par la stérilité (pauvreté du sol), la faiblesse ou la médiocrité (pauvreté intellectuelle), etc. La pauvreté est le contraire de l'aisance, du bien-être, de la fortune, de la richesse, de l'abondance, de la fertilité.

    Majid RAHNEMA,22(*) cité dans l'encyclopédie libre www.wikipédia.org, renseigne que la pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Cet auteur admet sans réserve que la révolte viscérale que la pauvreté suscite en chacun de nous est tout à fait compréhensible et justifiée.

    Le document de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) de la République Démocratique du Congo23(*) perçoit la pauvreté comme une situation de faible production, de manque d'acheteurs et d'inexistence des voies d'évacuation. Elle est aussi perçue comme un manque d'emplois, d'initiatives et de vision à long terme du fait de l'inexistence d'entreprises capables de créer de l'emploi pour la population active. La pauvreté, c'est aussi le manque du capital qui se traduit par l'incapacité d'accéder au crédit pour démarrer une activité productive.

    La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des groupes et populations entières ; elle est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel. La dimension pécuniaire est la plus fréquemment prise en compte.

    La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les difficultés pour se nourrir, s'habiller, se loger,... La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte d'une insuffisance de ressources, et est estimée au moyen de seuil de pauvreté.

    I.1.1.1. Types de pauvreté

    a. Du point de vue matériel, on distingue deux types de pauvreté : la pauvreté relative et la pauvreté absolue.

    La pauvreté relative, c'est lorsque les personnes ont moins de ressources que les autres et n'ont pas suffisamment d'argent pour vivre normalement dans une société.

    La pauvreté absolue, c'est celle où les personnes n'ont pas assez pour survivre physiquement, par exemple pas assez de nourriture pour s'alimenter.24(*)

    b. ARJUN SENGUPTA, expert indépendant sur la question des droits de l'homme et l'extrême pauvreté a expliqué le concept de l'extrême pauvreté dans son rapport qui a été débattu au Conseil des droits de l'homme à Genève, du 11 au 12 juin 2007, comme une combinaison de trois types de pauvreté : la pauvreté en terme de revenus, la pauvreté en matière de développement humain et, une autre, nouvelle, l'exclusion sociale en tant que pauvreté particulière des personnes qui sont exclues socialement et qui est le fait des structures sociales.

    L'auteur rappelle que la pauvreté est un concept multidimensionnel et estime qu'il faut un consensus particulier entre les pays pour fixer l'élimination de l'extrême pauvreté comme priorité essentielle. Ainsi, si le droit d'être à l'abri de l'extrême pauvreté est un droit fondamental, il en résulte des obligations pour les Etats. L'extrême pauvreté définie comme violation de droit de l'homme implique obligations pour les Etats et mise en place de politiques nationales pour l'éradiquer, a-t-il insisté.25(*)

    I.1.1.2. Formes de pauvreté

    Serge PAUGAM qui analyse la sociologie de la pauvreté comme étant avant tout une sociologie du lien social, distingue trois formes élémentaires de pauvreté qui sont la pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante.

    La pauvreté intégrée, caractéristique de pays dont le développement économique est faible et où la pauvreté monétaire est répandue, apparaît comme faiblement stigmatisée et ne s'accompagne pas d'une expérience de rupture des liens affectifs. Comme la pauvreté est depuis longtemps largement répandue, les pauvres ne sont pas stigmatisés et bénéficient de la solidarité familiale ou de la socialisation par une pratique religieuse qui reste intense. L' économie informelle est particulièrement développée. C'est une pauvreté sans exclusion (ou, plus exactement, l'exclusion suit sa dynamique propre indépendamment de la pauvreté).

    La pauvreté marginale apparaît comme une pauvreté résiduelle, quasi structurelle, dans les phases d'ascension économique. Occultée comme problème politique, la pauvreté marginale est vécue de façon honteuse, et s'accompagne d'une problématique de l'inadaptation sociale. Elle correspond à la pauvreté d'une petite partie de la population au sein d'une société prospère. Ces pauvres, considérés comme des « cas sociaux » inadaptés au monde moderne sont fortement stigmatisés.

    La pauvreté disqualifiante, quant à elle, est caractéristique des situations de crise économique dans les pays riches : elle frappe des populations nombreuses, qui font pour la première fois l'expérience de la relation d'assistance. L'Etat-providence s'étant substitué aux solidarités traditionnelles, et l'intégration par le travail jouant un rôle prépondérant conformément au modèle de la société salariale, cette pauvreté s'inscrit le plus souvent dans une dynamique cumulative de rupture des relations sociales et familiales. Les pauvres sont considérés à travers l'image de la chute ou de la déchéance.26(*)

    I.1.2. Seuil de pauvreté27(*)

    Le seuil de pauvreté est un niveau de revenus au-dessous duquel un ménage est considéré comme pauvre. Ce seuil prend des valeurs radicalement différentes selon les pays considérés : pays développés ou pays en développement. Le seuil de pauvreté peut être défini de manière absolue (en fonction d'un panier de consommation minimale) ou relative (en pourcentage du revenu médian ou moyen).

    La notion de pauvreté monétaire étant difficile à cerner avec précision, plusieurs conventions sont utilisées pour déterminer le seuil de pauvreté. On distingue en général un seuil de pauvreté absolue, utilisé pour les pays en développement et plusieurs pays développés, et un seuil de pauvreté relative, utilisé dans quelques pays développés.

    Pour déterminer le seuil de pauvreté on cherche généralement à établir combien coûtent au total toutes les ressources essentielles qu'en moyenne un adulte consomme en un an. Cette approche se fonde sur l'évaluation qui est faite de la dépense minimale pour assurer un niveau de vie tolérable... Il existe plusieurs méthodes d'évaluation absolue de la pauvreté. Toutes ces méthodes se basent sur des conventions normatives admises à un moment donné dans le pays ou dans une communauté donnée. Une de ces méthodes est fournie par la Banque mondiale avec comme critère un seuil normatif de un dollar (de 1990) par personne et par jour ; un seuil de deux dollars est également couramment employé. Le nombre de personnes sous ce seuil dans un pays est délicat à estimer : d'une part, les pays concernés n'ont pas les moyens de tenir des statistiques nationales détaillées, d'autre part à ce niveau de revenu il faut tenir compte d'activités non marchandes, comme l' autoconsommation ou l'accès possible à des services publics. Cette méthode s'applique essentiellement dans le cadre des comparaisons internationales entre pays.

    Afin de pouvoir faire des comparaisons internationales, les seuils doivent être exprimés en parité de pouvoir d'achat, ce qui permet de s'affranchir des différences de pouvoir d'achat des différentes devises. Toutefois, cette méthode est sujette à caution, puisque la consommation des ménages pauvres peut être différente de celle du ménage représentatif, servant à l'établissement des taux de parité de pouvoir d'achat.

    Le seuil de pauvreté relative par contre, tient compte du niveau de vie d'un pays. Le plus souvent, on utilise une fraction du revenu médian : 50 % pour la France, 60 % pour l' Union européenne. Le nombre de personnes sous le seuil est donc davantage une mesure de l' inégale répartition des revenus qu'une véritable mesure de la pauvreté (si le revenu de tous les habitants augmente de 20 %, le seuil augmente lui aussi de 20 %, et le taux de pauvreté reste identique). Cette mesure peut apporter un éclairage sur la pauvreté ressentie par une partie de la population, en comparaison avec les autres individus.

    A l'échelle mondiale, la Banque mondiale, qui étudie surtout les pays en développement, retient des seuils de pauvreté absolus identiques (1,25 dollar/jour, 2 dollars/jour, etc.), et tient compte dans ses mesures des parités de pouvoir d'achat.

    I.2. Microfinance

    I.2.1. Notions

    Mot composé constitué de deux termes clés, la micro finance pourrait être entendue dans l'esprit du Dictionnaire Le Petit Robert selon le sens de chacune de ses composantes. D'abord Micro dérivé du grec Mikros qui signifie petit. C'est le préfixe qui indique la division par un million de l'unité dont il précède le nom28(*). Et Finance qui signifie ressources pécuniaires.29(*) On dirait donc que c'est une infime unité des ressources pécuniaires, de l'argent.

    L'instruction n° 1 de la Banque Centrale du Congo (BCC) qui régit l'activité de micro finance en RDC précise que par micro finance il faut entendre « la prestation de services de crédit et/ou d'épargne aux agents économiques vulnérables, exclus du système bancaire, en vue de leur permettre de réaliser des activités génératrices de revenus, de créer des emplois et ainsi de lutter contre la pauvreté ».30(*)

    Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro finance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits (microcrédit) à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises.

    De façon plus générale, la microfinance se réfère à une vision du monde où « le maximum de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers de grande qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds ».31(*)

    Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays développés, la micro finance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la micro finance ne se limite plus aujourd'hui qu'à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.32(*)

    L'expérience montre que la micro finance peut aider les pauvres à augmenter leur revenu, créer des entreprises viables et sortir ainsi de la pauvreté.

    Elle peut également constituer un puissant instrument d'émancipation en permettant aux pauvres, et en particulier aux femmes, de devenir des agents économiques du changement. En effet, en donnant accès à des services financiers, la microfinance joue un rôle important dans la lutte contre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Par exemple, les revenus générés par une activité non seulement permettent à cette activité à se développer mais ils contribuent également au revenu du ménage, et par là même à la sécurité alimentaire, à l'éducation des enfants, à la prise en charge des soins de santé, à l'amélioration de l'habitat, etc.

    Selon Michel Lelart33(*), membre du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) : "La micro finance repose sur le lien social et s'en sert"....."La micro finance est une finance de proximité, proximité géographique bien sûr, mais surtout culturelle car les personnes se connaissent et se cautionnent parfois mutuellement. Elle est toujours adaptée aux besoins, c'est pourquoi elle innove en permanence : ce sont des services d'assurance, ce sont aussi les services de transferts de fonds utilisés par les migrants".

    I.2.2. Enjeux de la microfinance34(*)

    Normalement, les banques ne fournissent pas de services financiers à des clients dépourvus d'un minimum de revenus. Pour gérer un compte clients, les banques doivent supporter un coût fixe assez substantiel qui ne dépend pas du montant des sommes d'argent mises en jeu. Par exemple, le total des profits dégagés par une centaine de crédits de 1 000 unités monétaires chacun est à peu près égal au profit dégagé par un crédit de 100 000 unités monétaires, alors que la gestion de cent crédits implique cent fois plus de travail et de diverses dépenses que la gestion d'un seul. La même équation de base régit l'économie d'autres services financiers. Il y a un seuil de rentabilité associé au crédit ou au dépôt qui veut dire que la banque perd de l'argent lorsqu'elle effectue une transaction au-dessous d'un certain montant. Les besoins financiers des pauvres se situent généralement au-dessous de ce seuil.

    De plus, les pauvres ne possèdent pas suffisamment de biens qui puissent être considérés comme un collatéral, c'est à dire qui puissent servir de garantie. Même lorsqu'ils possèdent leurs terres, ils n'en ont souvent aucun titre de propriété. Cela implique que les banques n'ont pratiquement pas de recours contre les emprunteurs défaillants.

    D'un point de vue plus général, on a longtemps accepté l'idée que le développement d'un système financier national prospère est un objectif intermédiaire important qui peut ensuite servir de catalyseur pour le développement économique national qui est l'objectif final. Cependant, tant les responsables de la planification des États concernés que les experts internationaux privilégient le développement du secteur bancaire commercial spécialisé dans les opérations mettant en jeu des sommes importantes, tant ils négligent souvent les institutions à même de fournir des services aux ménages disposant de moyens limités, alors que ces catégories de ménage représentent la plus grande partie de la population.

    A cause de ces difficultés, lorsque les pauvres sont amenés à emprunter, ils doivent souvent faire appel à leur famille ou à des prêteurs locaux qui pratiquent des taux d'intérêts trop élevés. Ces prêteurs pratiquent généralement pour les plus pauvres des taux plus élevés que pour les moins pauvres. Alors que ces prêteurs sont souvent stigmatisés et traités d' usuriers, leurs services sont accessibles, rapides et très flexibles lorsque les emprunteurs doivent faire face à des problèmes. Les espoirs qu'on a pu caresser de les éliminer du circuit se sont avérés irréalistes même dans des contextes où les institutions de microfinance étaient très actives.

    I.2.3. Historique de la microfinance

    On peut noter dans le passé les pratiques visionnaires de certains moines franciscains qui ont fondé au quinzième siècle des Monts de piété35(*) qui présentaient des orientations communautaires. Toujours en Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich Wilhelm Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première société coopératives d'épargne et de crédit, une institution qui offre des services d' épargne aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. L'épargne collectée permet de consentir des crédits à d'autres clients. Ces organismes sont dits mutualistes. Plus tard, les organismes et institutions se développent sur cette base en Europe et en Amérique du Nord, puis, après la seconde guerre mondiale dans les pays du Sud se focalisent sur l'épargne et offrent peu de services de crédit.

    Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad Yunus développe le microcrédit au Bangladesh ouvrant ainsi la voie à de nombreuses autres expériences menées dans le monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour gérer le risque associé, c'est-à-dire les services financiers normaux qui sont proposées aux catégories plus riches. Le succès de la Grameen Bank qui compte maintenant comme clients plus de 7 millions de Bangladaises pauvres a connu un écho dans le monde entier, dans la pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette expérience. Dans les pays où les densités de population sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir les conditions de rentabilité pour créer des services et commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres coûts.

    A la fin des années 1980, les initiatives se multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans subvention. L' ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide de « filialiser » ses activités de microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom de BancoSol. C'est l'émergence d'une « industrie de la micro finance ».

    Beaucoup de progrès ont été effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins d'un dollar par jour, spécialement dans les zones rurales, ne bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier normal. Le secteur de la microfinance a connu une croissance régulière jusqu'à atteindre en 2007 25 milliards de dollars pour l'ensemble des crédits relevant de la microfinance. Il en faudrait dix fois plus pour fournir aux populations pauvres le capital dont elles ont besoin. Le secteur de la microfinance a connu une forte croissance, au point qu'on a pu se demander s'il n'y avait pas un risque potentiel à laisser filer autant de capitaux vers un secteur qui n'était pas forcément géré correctement.36(*)

    Du point de vue de la forme, on a vu se développer au cours des vingt dernières années, de nombreuses organisations actives en micro finance. Il existe de nombreux cas plus ou moins différents de par le monde et trois courants essentiels coexistent dans cette démarche :

    · Le premier, d'inspiration plus coopératif, a cherché à mettre en place ou à renforcer des organisations populaires où les micro entrepreneurs étaient à la fois épargnants et emprunteurs du système. Sa spécificité est de vouloir construire des institutions à partir de leurs bénéficiaires, c'est en cela qu'on y retrouve un côté coopératif plus affirmé.

    · Le second, illustré notamment par la BRI en Indonésie, a consisté à transformer une banque existante (ou dans le cas de la BRI une partie de cette banque) de manière à la spécialiser en direction des micro entrepreneurs.

    · Le troisième a mis sur pied des ONGs ayant pour vocation de réaliser elles-mêmes l'intermédiation financière. On a ainsi vu la création d'ONG de microfinancement qui, après s'être procuré des fonds, soit au travers de donations soit au travers d'emprunts, octroyaient elles-mêmes des crédits aux micro-entrepreneurs. Dans ce dernier cas, l'accent a surtout été mis sur l'octroi de crédit, la collecte de l'épargne étant généralement interdite aux ONGs.

    Parallèlement, on doit souligner que depuis une dizaine d'années à peine, il existe aussi des cas de banques privées à vocation commerciale qui pour des raisons de stratégie propre, se sont orientées vers la micro finance.37(*)

    En République Démocratique du Congo, il est généralement reconnu que l`histoire de la micro finance se subdivise en trois périodes, à savoir de la période coloniale à 1970 ; de 1970 à 1990 ; et de 1990 à nos jours.38(*)

    1. De la période coloniale à 1970

    Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a organisé la création et le fonctionnement des « sociétés coopératives indigènes » dont l`objet social était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la coopération, les intérêts économiques et sociaux de leurs membres exclusivement. Toutes les sociétés de type coopératif, y compris les coopératives d`épargne et de crédit ou COOPEC, étaient assujetties à cette loi et placées sous la tutelle du Gouverneur de province.

    De cette période, aucune structure financière de proximité formelle d`initiative privée n`a été agréée. Par contre, le pouvoir colonial a créé la Caisse d`Epargne du Congo (CADECO), Institution de droit public, afin de collecter les petites épargnes.

    2. De 1970 à 1990

    Cette période est caractérisée par l`émergence des coopératives d`épargne et de crédit (COOPEC), en raison notamment de l`accessibilité des services offerts aux membres et de leur implantation dans les milieux les plus reculés du pays dépourvus de banques. Toutefois, faute d`un cadre légal spécifique, ces dernières continueront à se conformer aux dispositions du décret de 1956 et de ce fait seront désormais placées sous la tutelle du Ministère du Développement Rural.

    En 1987, les coopératives détenaient l`équivalent de 7% de l`épargne du secteur bancaire. Elles étaient pour la plupart affiliées à des centrales provinciales regroupées à leur tour au niveau national en une Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit « UCCEC ».

    3. De 1990 à nos jours

    Depuis 1991, le contexte socio-économique et politique difficile caractérisé notamment par les pillages, l`hyperinflation, la prise des mesures monétaires incohérentes et l`instabilité politique, a contribué à fragiliser le système financier en RDC et particulièrement les COOPEC.

    Ainsi, les coopératives ont perdu, entre 1991 et 1993, près de 80 % de leur clientèle et 66 % des fonds placés dans les banques de dépôt, justifiant ainsi le climat de méfiance des membres envers ce mouvement. Aujourd`hui, la plupart des COOPEC se sont regroupées en centrales et ont adhéré à des structures faîtières de 3ème niveau, à savoir l`Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit (UCCEC) et la Confédération Nationale des Coopératives d`Epargne et de Crédit (CONACEC). Les Institutions de micro finance autres que les COOPEC, se sont développées en RDC dans les années 1990, dans le secteur informel. Elles sont l`oeuvre, dans la quasi majorité des cas, des Organisations Non Gouvernementales « ONG » et des initiatives locales de Développement.

    De nos jours, un bref aperçu de l`organisation du système bancaire congolais permet de dégager deux constats majeurs à savoir, la couverture bancaire insuffisante du pays et les distorsions existant dans l`implantation provinciale des guichets des banques commerciales. Ce constat a rendu plus pressant la nécessité de promouvoir des structures alternatives de financement capables d'assurer la mobilisation de la petite épargne, d`octroyer du crédit en milieu rural et milieux urbains défavorisés, et de créer des conditions d`une insertion progressive du secteur informel dans l`économie moderne.

    Par ailleurs, de nombreux ménages, confrontés au problème de pauvreté, ont entrepris des activités nouvelles capables de générer des revenus. Cette situation les a amenés à concevoir des microprojets en quête de micro financements. En réponse à ces attentes, on a assisté à l`éclosion d`une catégorie d'institutions chargées de mobiliser des ressources tant internes qu`externes et capable d'octroyer des microcrédits. Elles ont donc commencé à offrir des services financiers, de crédit et/ou d`épargne, aux personnes les plus démunies ne pouvant accéder aux avantages du système bancaire classique. Mais, comme qui dirait l'histoire se répète, au moment où nous rédigeons notre mémoire, comme nous l'avons mentionné au chapitre des difficultés rencontrées, la méfiance à l'égard de ces institutions a refait surface à Kisangani suite à la défaillance observée à leurs guichets de payer à vue les demandes de retrait de l'épargne déposée à leurs soins. Cette situation serait un simple effet tache d'huile de la crise financière mondiale qui aurait frappé les avoirs de certains initiateurs des IMF.

    I.2.4. Forces et faiblesses de la microfinance

    Posant un diagnostic revu du secteur de la micro finance au Togo, KPIZING ESODONG,39(*) Coordonnateur CAS-IMEC, relève les forces et faiblesses de la micro finance ci-dessous.

    a. Forces

    - Une prise de conscience de l'importance du secteur et des engagements en faveur de son développement ;

    - Un secteur informel dynamique entraînant une forte demande de services financiers de proximité ;

    - Un secteur de la micro finance en cours d'assainissement et structuré ;

    - Un secteur touchant de plus en plus les femmes ;

    - Un secteur bénéficiant d'une offre en matière de renforcement institutionnel ;

    - Un secteur intéressant des investisseurs non publics.

    b. Faiblesses

    - L'insuffisance du cadre légal, réglementaire et institutionnel ;

    - L'insuffisance de surveillance et de contrôle du secteur ;

    - L'insuffisance de professionnalisation du secteur ;

    - L'insuffisance des ressources humaines et de leurs formations ;

    - L'insuffisance de systèmes de gestion de l'information fiables ;

    - Les difficultés d'accès aux ressources pour donner les crédits ;

    - L'insuffisante articulation avec les banques.

    En conclusion, l'auteur décèle des opportunités du secteur de la micro finance ; opportunités parmi lesquelles nous pouvons retenir la volonté politique du gouvernement et des partenaires, la force de la demande de produits, la volonté de concertation des acteurs, l'élaboration d'une stratégie nationale pour la micro finance et l'intérêt des partenaires en développement et des banques.40(*)

    Nous épousons le diagnostic de cet auteur pour le cas du secteur de la micro finance en République Démocratique du Congo car, selon nos observations, celui-ci bénéficie en effet des opportunités et présente des forces et des faiblesses similaires à celui du Togo.

    I.2.5. Rôle de l'Etat dans la micro finance

    Les économistes sont divisés en deux blocs sur le rôle de l'État. D'un coté les libéraux et de l'autre les interventionnistes. Mais, bien que le débat sur le rôle de l'État ne soit pas encore épuisé, le constat est que l'État intervient très souvent dans la vie économique et sociale avec pour objectif d'assurer l'efficacité et la stabilité.

    En matière de développement économique, la théorie économique a été dominée par les partisans de l'interventionnisme en raison de leur appréciation pessimiste sur la capacité du marché à impulser les mutations structurelles de l'économie. En ce sens, l'État est un développeur qui joue un rôle important voire principal dans la production des biens et services... Au niveau de la formation et de l'éducation des populations l'État joue un rôle prépondérant aussi bien dans les domaines de la santé, de la protection sociale, etc. Dans les pays en voie de développement, les théoriciens vont encore plus loin en stipulant que l'État est le seul acteur susceptible d'agir pour l'intérêt général tandis que le secteur privé n'avait que pour unique objectif la maximisation du profit. Par conséquent, elles ne peuvent agir dans l'intérêt général, d'où sa marginalisation dans le processus de développement. Du fait, l'État devient l'unique entrepreneur susceptible de parvenir au développement.40(*)

    Il a fallu attendre les années 80 pour avoir le retour des arguments et théories prônant un État minimum. Ainsi, l'État devrait se retirer de la production industrielle et laisser l'entière place au secteur privé et se recentrer sur les activités régaliennes qui lui sont dévolues, principalement les activités de réglementation. Cette tendance découle de ce que les économistes ont qualifié de néoclassique, donc l'analyse préconise la liberté d'entreprendre qui est source d'efficacité économique et l'échange par le marché est garant d'une allocation optimale des ressources. Le marché est présenté comme le lieu de la rencontre de l'offre et de la demande. Et que le mécanisme de marché conduit à une situation optimale.41(*)

    Toutefois, en dépit de cette argumentation, force est de reconnaître qu'il existe des défaillances de marché qui entraînent une divergence entre les allocations optimales et celles de l'équilibre. Ces écarts justifient de remanier l'analyse néoclassique avec la théorie de l'économie du bien-être. Car, dans la théorie du bien-être, s'il y a échec du marché, l'intervention étatique est justifiée. Avec pour mission pour l'État de rapprocher l'équilibre et l'optimum. Cette conception de l'intervention de l'État se veut restrictive dans la mesure où aucune place n'est laissée à l'intérêt général. De plus, l'État est un agent non doté d'une spécificité particulière par rapport aux autres agents économiques dont il est le reflet.

    STIGLITZ42(*) nous montre les caractéristiques de l'État plutôt en tant que organisation. A ce propos, il explique que l'État est caractérisé par le pouvoir de contrainte et de participation universelle de tous à cette organisation. Par conséquent, en référence à ces caractéristiques il présente deux avantages certains par rapport aux autres organisations dans la mesure où le gouvernement est une organisation pré établie tandis que le pouvoir de contrainte fait de lui un instrument d'orientation de la politique et de surveillance des activités de manière plus efficace qu'une organisation privée.

    Le fait que le gouvernement soit pré établi fait qu'il peut intervenir en subissant des coûts de transaction inférieurs à ceux des nouvelles organisations. Il est aussi bien placé pour réduire les coûts de transaction dans les cas où il y a absence de certains marchés et information incomplète. Donc, il est bien placé pour aider les institutions de micro finance, les activités de celles-ci étant fortement liées à l'existence de coût de transaction et de manque d'information que constitue le marché du microcrédit.

    Compte tenu de l'échec des entreprises publiques (de collecte, distributions et d'affectations de ressources), les pouvoirs publics misent sur les PME et la micro finance pour assurer aussi bien la croissance que l'emploi dans les pays en voie de développement. Ceci grâce aux proximités sociologiques que cette dernière a avec le secteur informel qui occupe une place considérable dans leurs économies. Les IMF constituent le maillon indispensable de soutien à la micro entreprise. Leurs activités se doivent d'être protégées par un cadre réglementaire adapté à leur spécificité. En raison du caractère récent de leur émergence, les IMF méritent un soutien en formation, et des aides au démarrage de l'activité de la part de l'Etat et de ses partenaires extérieurs en l'occurrence les organismes d'aide au développement. D'autre part, du fait des incertitudes qui prévalent sur ce type de marché, il est indispensable que l'état intervienne pour fixer les règles de bonne conduite en vue de protéger les transactions.

    C'est ainsi qu'en République Démocratique du Congo,43(*) la loi n° 005/2002 du 7 mai 2002 relative à la constitution, à l'organisation et au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo (BCC) confère à celle-ci en son article 6, le pouvoir de réglementer et de contrôler l'activité des IMF. En vertu de ces dispositions légales, la BCC a édicté l'Instruction n° 1 du 12 septembre 2003, modifiée en date du 18 décembre 2005. Cette instruction met en place un cadre général régissant l'activité de ces structures de financement décentralisées, en attendant l'élaboration d'une loi spécifique portant régime applicable à ces dernières.

    Au terme de cette instruction, il existe en RDC trois catégories d'IMF, à savoir les entreprises de microcrédit de première catégorie, les entreprises de microcrédit de deuxième catégorie et les sociétés de micro finance. L'exercice de cette activité est subordonné à l'obtention préalable de l'agrément de la BCC, moyennant accomplissement des conditions d'ordre juridique et économique bien définies.

    En vue de garantir une meilleure protection de l'épargne, une IMF doit se constituer en personne morale même si aucune forme sociale particulière n'est prescrite, et une société de micro finance doit se constituer sous la forme de S.A.R.L. pour pouvoir collecter l'épargne. L'instruction fixe le capital minimum pour la constitution d'une IMF à l'équivalent en Francs Congolais de 15 000 usd pour les entreprises de microcrédit de première catégorie, 50 000 usd pour celles de deuxième catégorie et 100 000 usd pour les sociétés de microcrédit.

    Elle prévoit la possibilité pour dix IMF de se regrouper en réseau pour constituer une Centrale des IMF, en sigle CIMF qui doit aussi être agréée par la BCC. Dans l'exercice de son activité, une IMF est tenue de transmettre un rapport mensuel à la BCC, suivant les modalités précises, alors que cette dernière est habilitée à infliger des sanctions administratives et disciplinaires aux IMF ou à leurs dirigeants en cas de violation des textes légaux et règlements en la matière.

    Par ailleurs, cette instruction qui est un acte réglementaire ne modifie pas les textes légaux régissant le commerce de la monnaie en RDC, notamment la loi n° 002/2002 du 2 février 2002 portant dispositions applicables aux Coopératives d'Epargne et Crédit et la loi n° 003/2002 du 2 février 2002 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit. Les opérations de micro finance étant assimilées aux opérations de banque réputées actes de commerce par le Code de commerce, les banques et les coopératives d'épargne et de crédit ne sont pas interdites légalement de les réaliser pour autant qu'elles se conforment à la réglementation, notamment une simple autorisation de la BCC.

    La législation en vigueur en RDC distingue donc les IMF des coopératives d'épargne et de crédit et des établissements de crédit qui sont elles, régies par les lois 002/2002 et 003/2002 du 2 février 2002 ci-dessus évoquées. Quant aux IMF, elles ne sont régies actuellement que par l'instruction n° 1 de la BCC. Plusieurs études, renseigne l'analyse de MASANGU MULONGO, ont préconisé par souci de cohérence réglementaire, soit d'incorporer les IMF dans la loi bancaire, soit d'en extraire les COOPEC. Ce qui reviendrait à opérer un choix entre élaborer une loi unique qui s'adresserait aussi bien aux établissements de crédit qu'aux IMF, ou mettre en place, à côté de la loi bancaire, un cadre légal qui régirait l'ensemble des systèmes financiers décentralisés. Une enquête socio-économique a été initiée par la BCC et pourrait, le moment venu, aider à lever une option définitive sur ces deux alternatives.

    Ainsi, en vue d`encadrer et de promouvoir ce nouveau secteur44(*), deux structures d`encadrement ont vu le jour, l`une au niveau professionnel et l`autre au niveau institutionnel. Au niveau professionnel, le Regroupement des Institutions du Système de Financement Décentralisé au Congo (RIFIDEC) fut créé en l`an 2000, pour principalement trois objectifs, à savoir assainir et promouvoir le secteur de la microfinance en RDC ; assurer la défense des intérêts des opérateurs du système de financement décentralisé ; et renforcer les capacités institutionnelles de ses membres à travers des formations, des échanges d`informations, des appuis techniques et des conseils. Au niveau institutionnel, l'encadrement est assuré par la Banque Centrale du Congo (BCC). En effet, le secteur de la microfinance étant devenu un outil d`émancipation économique et sociale, une Sous-Direction chargée de la microfinance a été mise en place au mois de septembre 2000 au sein de la BCC.

    I.3. La lutte contre la pauvreté

    Depuis la nuit des temps, l'homme ne cherche que son mieux-être. Des actions de lutte contre la pauvreté avaient eu lieu dans les sociétés mésopotamiennes plusieurs siècles avant le début de l' ère chrétienne .

    En Europe, l'essor du christianisme implique une forme de solidarité nouvelle, puisqu'elle est prise en charge par des institutions et qu'elle devient un devoir chrétien. Malgré tout, il existait une solidarité antérieure.

    Ce changement implique une nouvelle conception, la pauvreté théologique. La pauvreté est dans la conception chrétienne un état de fait qui dans le cadre d'un monde régi par le divin ne peut être éliminée. Elle est souvent perçue comme un châtiment et menace l'âme du chrétien de l' oisiveté, mère de tous les vices. La lutte contre la pauvreté passe donc par la remise au travail. Ainsi la pauvreté n'est pas due à un dysfonctionnement de la société mais aux individus eux-mêmes. Le traitement de la pauvreté est laissé à la volonté individuelle des riches.

    Les XVIIe et XVIIIe siècles apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l' abbé de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à concilier utilité et philanthropie. Il préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le système de l' hôpital général. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6.000 personnes, soit 1% de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, on comptait 32 hôpitaux généraux dans tout le pays. Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des états européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d' Elisabeth I instituait des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les "Houses of correction" qui auraient dues être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. FOUCAULT note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature.

    Cette politique d'enfermement systématique apparaît maintenant inhumaine et dangereuse au plan sanitaire. Elle fut contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée. En France, la révolution enclenche une évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté devient l'expression de dysfonctionnements dans la société. Un traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du moment où le principal facteur est le facteur économique, bien que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque, le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la République. Les personnes prises en charge font partie de certaines catégories : veuves, orphelins.

    La mise en place de l' État-providence dans des pays développés étend l' aide sociale.45(*)

    De nos jours, à l'échelle internationale46(*), la lutte contre la pauvreté est considérée comme une priorité consensuelle. L'on reconnaît que le monde a connu un réel progrès économique avec des avancées en matière de développement humain et un recul de la pauvreté relative, au cours des dernières décennies. Mais, en valeur absolue, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté reste le même... En situant le seuil de pauvreté à 2 $ par jour, presque la moitié de la population mondiale se trouve à l'écart des circuits de la richesse. Sous l'impulsion de la libéralisation des échanges, il y a eu effectivement croissance et réduction de la pauvreté, mais également croissance des inégalités. La croissance profite plus aux riches qu'aux pauvres, que l'on parle des pays ou de catégories sociales.

    Les instabilités, les exclusions, les pertes de lien social créées par de telles situations de pauvreté et d'inégalité, dans les pays en développement comme dans les pays émergents et même dans les pays développés, suscitent de vives inquiétudes... De plus, face à ce développement inégalitaire largement lié à la mondialisation, la société civile internationale prend une position nettement critique et se fait de plus en plus pressante dans les débats et les négociations, notamment sur les questions de libéralisation et/ou de régulations.

    La prise de conscience de l'aspect choquant de ces évolutions a progressivement amené la communauté internationale à réaffirmer l'importance de la priorité en faveur de la lutte contre la pauvreté : des engagements renouvelés et plus précis sont pris à l'horizon de 2015. La pauvreté a été remise au centre des préoccupations et les manières de l'aborder ont été modifiées par les résultats de plusieurs sommets internationaux comme celui de Copenhague sur le développement social (1995), les contributions de différents groupes de travail (Programme Spécial Afrique, CAD/OCDE, etc.), la réflexion sur la dimension sociale de l'ajustement structurel, les remises en question au sein de la Banque mondiale et bien d'autres contributions, un peu partout dans le monde, traduisent cette prise de conscience consacrée par les objectifs du millénaire pour le développement.

    Ces objectifs du millénaire dont la déclaration fut signée en septembre 2000, concernent notamment huit objectifs que les Etats membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU) ont convenu d'atteindre d'ici l'an 201547(*). Il s'agit de :

    1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim.

    2. Assurer l' éducation primaire pour tous.

    3. Promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes.

    4. Réduire la mortalité infantile.

    5. Améliorer la santé maternelle.

    6. Combattre le VIH/ SIDA, le paludisme et d'autres maladies.

    7. Assurer un environnement durable.

    8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

    Le monde s'accorde aujourd'hui, dans cette lancée de la recherche des voies et moyens de réduire, sinon d'éliminer la pauvreté, à reconnaître que la micro finance est un instrument adapté à ce combat d'autant plus qu'il repose sur le lien social et s'en sert, comme le démontre Michel LELART.48(*) Mohammad YUNUS, prix Nobel de la paix 2006 considéré comme père du microcrédit, conduit quant à lui « vers un monde sans pauvreté »49(*), construit à base de la micro finance.

    En République Démocratique du Congo, le gouvernement s'est engagé à « faire de cette terre de nos aïeux, un lieu de paix, de prospérité, d'espérance et de bonheur pour tous, spécialement pour les plus démunis ».50(*)

    Thierry NGOY51(*), Conseiller au Ministère de l'industrie, petites et moyennes entreprises a développé dans le cadre d'un colloque sur la lutte contre la pauvreté tenu à Kinshasa en 2005, une pensée sur le thème « Le gouvernement de transition face à son engagement de lutter contre la pauvreté ». De sa pensée nous retenons que la situation macro économique s'est détériorée énormément jusqu'à devenir catastrophique à l'issue du conflit armé de 1998. Avec l'avènement de Joseph KABILA au pouvoir, le gouvernement a décidé de renouer avec ses principaux partenaires au développement. Plusieurs mesures ont été prises avec l'appui des institutions de Bretton Woods en vue de rayer les distorsions introduites dans la gestion de l'économie.

    Parmi ces mesures, nous pouvons citer le Programme Intérimaire Renforcé, PIR en sigle, mis en place avec pour objectifs la stabilisation, le redressement et la relance économique pour une croissance durable. Des résultats palpables ont découlé de ce programme, notamment la stabilisation du taux de change, l'arrêt de l'hyperinflation, l'augmentation des revenus fiscaux et la stabilisation des dépenses publiques.

    Dans le cadre du Programme Economique du Gouvernement (PEG) développé avec le concours des bailleurs des fonds, plusieurs réformes structurelles ont été initiées ainsi que quelques programmes solides et ambitieux pour stimuler la croissance économique et s'attaquer aux contraintes structurelles qui ont entravé le développement économique du pays. Le PMURR (Programme Multisectoriel d'Urgence de Reconstruction et Réhabilitation), le PUCER (Programme Cadre d'Urgence de Création d'emplois et de Revenus), la création de l'ANAPI et du COPIREP ainsi que la mise sur pied de la loi garantissant l'indépendance de la Banque Centrale, le Nouveau Code des Investissements et le Nouveau Code Minier sont une illustration des résultats de ce programme.

    Sur le plan sécuritaire, la paix a été négociée dans le cadre du Dialogue Inter Congolais et un gouvernement de transition a été mis en place ... jusqu'à l'organisation des élections en 2006. La finalisation de la rédaction du Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) en juillet 2006 est un aboutissement de tant d'efforts et de détermination du gouvernement congolais à lutter contre la pauvreté qui frappe l'ensemble du territoire national.

    Au terme de ce DSCRP notamment, il est attesté le rôle de la micro finance dans la lutte contre la pauvreté en République Démocratique du Congo à l'instar de plusieurs pays d'Afrique et du monde.

    I.4. Microcrédit dans la lutte contre la pauvreté

    Avant d'aborder la question du microcrédit, il s'avère important de préciser le terme « crédit » dont le microcrédit n'est qu'un diminutif.

    Etymologiquement, crédit vient du latin credere qui signifie croire. Selon une expression de MOLIERE reprise dans le dictionnaire Le Petit Robert, le crédit est la confiance qu'inspire quelqu'un ou quelque chose. De façon empirique, c'est la confiance dans la solvabilité de quelqu'un. Et d'un point de vue financier, c'est l'opération par laquelle une personne met une somme d'argent à la disposition d'une autre.52(*)

    L'encyclopédie libre www.wikipédia.org53(*) revient sur le sens étymologique du mot crédit qui exprime la confiance accordée à autrui. Il définit le crédit comme une créance pour un prêt et relève le fait qu'en comptabilité générale, le mot crédit est un terme technique qui désigne une des deux colonnes de la comptabilité à partie double. Par convention, cette colonne est toujours celle de droite et elle sert à enregistrer l'origine des fonds (apports en capital), les gains de l'entreprise (les ventes réalisées, les produits financiers) et les dettes de l'entreprise envers les fournisseurs, l'État ainsi que les emprunts faits à la banque. La notion complémentaire du crédit est le débit.

    En finance, Le crédit englobe les diverses activités de prêt d'argent, que ce soit sous la forme de contrats de prêts bancaires ou de délais de paiement d'un fournisseur à un client.

    Le crédit est généralement porteur d'un intérêt que doit payer le débiteur (le bénéficiaire du crédit, appelé aussi emprunteur) au créditeur (celui qui accorde le crédit, appelé aussi prêteur). L'intérêt représentant ici la rémunération du risque du prêteur ou du créditeur.

    Parlant justement des risques de crédit, KABONGO KANDA54(*) enseigne que l'octroi du crédit entraîne une série de conséquence dont l'immobilisation des capitaux, le risque de trésorerie et le risque de perte. Il note que malgré ces effets néfastes, les entreprises ne peuvent pas ne pas accorder des délais de paiement aux clients. Mais il faut définir une politique de crédit à suivre et la mettre en pratique : accorder escompte ou délai et doser le mode de recouvrement tout en fixant les critères de sélection et le seuil maximum de crédit par client.

    Comme pour affirmer la dimension sociale et intangible de la pauvreté décelée par Majid Rahnema en terme d'insuffisance de respect (nous aurions dû ajouter `'et de confiance'') reçu des autres citoyens, la micro finance étant orientée vers une cible particulière, les pauvres, fixe ainsi ce seuil maximum à un niveau très bas qui réduit le crédit au microcrédit.

    Le microcrédit peut ainsi s'entendre comme une infime unité du crédit, si nous nous en tenons à l'étymologie Mikros et Credere.

    Il est défini comme une petite quantité d'argent mise à la disposition d'un client par une banque ou une autre institution. Un microcrédit bien réalisé personnalise à la fois ses termes, ses prix, ses critères, ses évaluations et sa diffusion, afin de proposer le meilleur accès possible aux clients, de limiter les risques et de proposer des services à long terme. On peut proposer un microcrédit à une personne ou à travers un modèle de garantie de groupe.

    Selon l'encyclopédie libre www.wikipédia.org55(*), l'activité de microcrédit consiste généralement en l'attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs ou des artisans qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. Elle se développe surtout dans les pays en développement, où il permet de concrétiser des microprojets favorisant ainsi l'activité et la création de richesse mais se pratique aussi bien dans les pays développés ou en transition.

    Du point de vue historique, cette encyclopédie libre précise que l'on peut trouver des antécédents au microcrédit dans la pratique de prêt sur gage à taux faibles ou nuls des Monts de Piété56(*), dans les mutuelles de crédit agricole créées en Europe à la fin du XIXe siècle. Le système a été développé par le professeur d'économie Muhammad Yunus au cours des 30 dernières années. Lors d'une séance de travaux pratiques d'un cours d'investissement, Muhammad Yunus propose à ses étudiants d'interroger les fabricants de tabourets en bambou des plus proches villages. Les 42 femmes artisans ont besoin de 27 dollars au total pour développer leur activité. Or toutes les banques refusent de financer ce trop faible montant à des clients a priori insolvables. Yunus déclare avoir eu honte de cette situation et prête la somme de sa propre poche. En permettant aux producteurs d'acheter d'avance le bambou sans subir les variations importantes de prix, ils réussissent à créer des emplois et à rembourser intégralement Yunus.

    Depuis 1999, la méthodologie de crédit adoptée par les institutions de microfinance prend de manière croissante la forme d'un produit individuel flexible, ressemblant plus aux produits bancaires classiques. La forme choisie à l'origine était basée sur la méthodologie de crédit collectif, utilisant les mécanismes d'épargne locale et de caution solidaire et la supervision des pairs pour couvrir le risque de crédit...

    L'activité de microcrédit encourage les microprojets au niveau local. Cela permet d'induire des mutations "à la base". Celles-ci sont souvent plus efficaces et ont un plus grand effet d'entraînement - en créant un maillage économique dans le pays - que certaines infrastructures ou certains gros projets industriels qui bénéficient rarement aux plus pauvres. Cet effet de levier permet d'agir efficacement auprès de ceux qui prennent des initiatives en s'engageant personnellement, c'est-à-dire les entrepreneurs ou les artisans.

    Mais au-delà du simple aspect financier, les programmes de microcrédit ont aussi un impact sur le développement local. En effet, ils touchent des secteurs aussi divers que l'agriculture (groupements villageois, coopératives paysannes, organisations professionnelles agricoles), l'artisanat (groupements d'artisans, associations artisanales féminines), le financement de l'économie sociale (mutuelles d'épargne et de crédit, banques villageoises), la protection sociale (mutuelles de santé, caisses de santé primaire). Ainsi, ils contribuent à l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, aux soins de santé, aux services de planification familiale et à l'eau potable.

    Aujourd'hui, il est admis que le microcrédit constitue un espoir pour les pauvres. Il désigne les programmes qui fournissent des petits prêts, et d'autres services y inclus des épargnes, aux gens les plus pauvres pour des activités indépendantes qui produisent des revenus, en leur offrant des moyens d'existence pour eux-mêmes et leurs familles.57(*)

    A ce titre, le portail de micro finance enseigne qu'une bonne gestion de crédit inclus le rachat de crédits. Contrairement à ce que l'on pense souvent, le crédit, le microcrédit en particulier, n'est pas destiné à vous rendre la vie plus difficile en vous permettant de vous endetter. Non, le microcrédit doit être considéré et utilisé comme un instrument financier à votre disposition.

    Que ce soit pour financer un projet, étaler des créances immédiatement exigibles, mettre en place un programme de retraite complémentaire en utilisant le crédit comme levier financier, tous ces besoins peuvent être comblés par l'utilisation judicieuse du crédit.

    Bien évidemment, le microcrédit, comme tout crédit d'ailleurs, ne doit pas être utilisé de façon impulsive mais réfléchie. Ne jamais perdre de vue qu'un crédit n'est pas un don ou une subvention, mais une avance qui vous est accordée sur un temps plus ou moins long et qu'il faudra rembourser chaque mois ; augmenté éventuellement d'intérêt. De ce fait, si l'on n'y prend garde, nos achats impulsifs risquent de nous coûter très cher... Par contre, le crédit utilisé judicieusement est un fabuleux levier nous permettant de réaliser nos projets, tout en continuant de vivre agréablement sans se priver inutilement.

    Ne pas confondre « vivre avec le crédit », donc utiliser tous ses avantages, et « vivre à crédit », c'est-à-dire vivre au dessus de ses moyens. Dans ce dernier cas, le crédit est néfaste alors que si nous l'utilisons judicieusement en fonction de nos besoins réels et non de nos impulsions et, que nous limitons notre endettement en fonction de nos capacités de remboursement réelles, le crédit est un merveilleux outil.58(*)

    Jean-Philippe de Schneval, fondateur de BlueOrchard Finance à Genève,estime que ce secteur rentable, est censé établir « un lien entre deux mondes qui ne se parlaient pas : d'une part, les démunis qui n'avaient aucune chance d'accéder au crédit et, d'autre part, les clients des banques privées, les fonds de pension et les investisseurs institutionnels »...59(*)

    Selon l'approche théorique de Castillo60(*) Le microcrédit a pour objectif de créer des revenus supplémentaires en octroyant des crédits de petites tailles aux personnes pauvres. Les organismes qui octroient des microcrédits définissent la pauvreté de manière spécifique pour chacun et se prêtent, en général, aux caractéristiques reprises dans le tableau ci-dessous :

    Prêts

    Emprunteurs

    Faibles montants

    Pauvres

    Pas de caution ou caution modique

    Principalement des femmes

    Offres de services autres que le crédit

    Peu instruits

    Remboursements réguliers

    Géographiquement isolés

    Responsabilité collective

    Possèdent peu d'actifs

    Financés par des donateurs

    Activités liées à l'agriculture

    Emettant sur une toute autre longueur d'onde, Sylvie BRUNEL conclut que sans nier l'utilité du microcrédit dans certaines situations bien précises, il faut se garder d'en faire la solution miracle ou l'instrument unique de l'aide aux populations pauvres ; les sommes consenties servent surtout à créer de petites activités de service, qui donnent un tout petit peu plus d'aisance financière à leurs promoteurs, mais en aucun cas ne leur permettent de sortir de la pauvreté.61(*)

    Chapitre deuxième

    LA PAUVRETE A KISANGANI

    Dans ce chapitre, nous examinons la situation de la pauvreté à Kisangani. A cet effet, nous avons articulé le chapitre en trois volets. Le premier nous présente la ville de Kisangani, le deuxième nous fait part de la situation de la pauvreté et le troisième nous ramène aux institutions de micro finance dans cette ville.

    II.1. Présentation de la ville de Kisangani

    Présenter la ville de Kisangani, revient donc à parler de la situation géographique de la ville, de son histoirique, de sa population, de ses aspects sociopolitiques et de son économie.

    II.1.1. Aspect géographique

    Du point de vue géographique, la ville de Kisangani est située dans la cuvette centrale congolaise, avec une superficie d'environ 1 910 km2 à 25°11' de longitude Est et à 0,31' de latitude Nord.62(*) Elle est située dans la cuvette centrale de la RDC et a les caractéristiques d'une région équatoriale : chaleur constante, forte pression atmosphérique, précipitations abondantes et absence relative de saison sèche. Chef-lieu de la Province Orientale, Kisangani est entourée des territoires du district de la Tshopo : au Nord, le territoire de Banalia ; au Sud, le territoire d'Ubundu ; au Sud-Ouest, les territoires d'Opala, de Yahuma et de Basoko ; à l'Est le territoire de Bafwasende.63(*)

    II.1.2. Aspect historique

    Sur le plan historique, Kisangani, autre fois Stanleyville jusqu'en 1966, tire son origine du poste colonial fondé en 1883 par l'explorateur Henry Morton Stanley sur l'île « Wana Rusari ». L'île était habitée par des clans des pêcheurs Enya, en plein milieu des chutes « Wagenia » surnommées « Stanleyfalls » par Stanley. Avant de s'appeler Stanleyville, on l'a longtemps appelée « Poste de Stanleyfalls » ou les « Falls » tout court ou encore « Boyoma » du nom africain des chutes. D'autre part, Kisangani est le nom swahili qui signifie « le village dans l'île ». Ce nom a été usité de façon constante, semble-t-il, par les indigènes, concurremment avec la dénomination de Stanleyville.64(*)

    Le 15 juillet 1898, le district de Stanleyfalls devient la Province Orientale avec comme chef-lieu Stanleyville, qui obtient le statut de ville grâce à l'ordonnance n° 12/357 du 6 septembre 1958 qui la divisait en quatre communes : Belge I (mangobo et Tshopo), Belge II (Lubunga), Bruxelles (Kabondo) et Stanley (Makiso). Vers la fin de 1958, la ville est devenue la forteresse de Patrice Emery Lumumba qui y lance le Mouvement National Congolais (MNC). Après l'assassinat de Lumumba en 1961, Antoine Gizenga y a installé un gouvernement qui a rivalisé avec le gouvernement central de Léopoldville, Kinshasa actuelle. De 1964 à 1967, la ville a été le théâtre de troubles sanglants avec les grandes exécutions publiques des autorités insurgées (16 condamnés) à la place des martyrs en 1964. Par décret-loi du 5 septembre 1964, la République Populaire du Congo est créée et la présidence est confiée à Christophe Gbenye qui devient chef du gouvernement constitué à Kisangani et reconnu par sept pays dont l'ancienne URSS et l'Egypte. Le 24 novembre 1964, la ville tombe aux mains des parachutistes belges du premier bataillon de Diest qui accueillent la 5ème Brigade mécanisée de l'Armée Nationale Congolaise (ANC). La 12ème brigade commandos katangais (Diabos) vint en renfort à la garnison, et chaque habitation de la ville fut fouillée à la recherche des rebelles simbas et d'armes.

    Le 23 juillet 1966, les katangais du régiment Baka se mutinent pour une question de solde et les Diabos assassinent le Colonel Tshatshi, commandant de la 5ème brigade mécanisée de l'ANC. Quatre jours plus tard, un cessez-le feu est obtenu entre les katangais et les mercenaires du 6ème bataillon commando européen de Bob Denard, sous l'impulsion du premier ministre, le Général de brigade Léonard Mulamba accompagné du ministre de l'intérieur, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Deux mois plus tard, les katangais sont chassés de la ville par les mercenaires de Bob Denard... Le 5 juillet 1967, les mercenaires conduits par Bob Denard et Jean Schramme se mutinent à leur tour pour tenter de ramener Moïse Tshombe au pouvoir et ils s'emparent de la ville après de durs combats, ...avant d'y être chassés une semaine plus tard par l'ANC.

    Avec la politique d'authenticité du président Mobutu, Stanleville devient Kisangani, Stanleyfalls chutes Wagenia, et les communes sont rebaptisées de leurs noms actuels le 27 octobre 1977.65(*)

    Cette page d'histoire a donné à Kisangani un qualificatif peu enviable de ville martyre qui a connu encore en 1997 la guerre dite de libération menée par l'AFDL, la ville est tombée aux mains de l'AFDL le 15 mars 1997. En 1998, le RCD a imposé une nouvelle guerre et Kisangani a connu ses guerres de trois jours en 1999 puis de six jours en 2000. Le tout avec comme corollaire l'aggravation de la situation de pauvreté dans la ville qui s'est faite baptiser plus tard, ville d'espoir.

    II.1.3. Population de la ville de Kisangani

    Au delà de cette histoire aussi riche que les potentialités naturelles du pays, Kisangani connaît une grande population, diversifiée culturellement qui, si elle était bien exploitée, devrait constituer une supplémentation en richesses socio-économique, estime Vicky YAAYA LIAGOLOGA.66(*) Benoit VERHAEGEN déclare à ce sujet que Kisangani s'est constituée grâce à des vagues migratoires successives de différents peuples : des orientaux arabes et arabisés, des riverains avoisinants, des ethnies venues de l'Equateur, de l'Est et du Nord-Est du pays ou du Kasaï, chacune de ces vagues y a laissé ses empreintes...67(*) Selon les estimations de l'I.N.S., cette population s'élevait à près de 700 000 habitants en 2005.

    II.1.4. Aspect sociopolitique

    Sur le plan sociopolitique, nous retenons avec Vicky YAAYA68(*) que Kisangani connaît des moments de violence plus ou moins vive tout au long de son histoire, depuis ses origines et qui marqueront et jalonneront son évolution. Elle a subi les affres de l'esclavagisme, celles de la colonisation et encore des crises politiques post-coloniales accompagnées des troubles, des violences, des rébellions et les pillages qui s'en suivaient, etc. La ville garde la réputation d'être un bastion des nationalistes, unitaristes et lumumbistes. Kisangani, ville d'espoir, est le berceau du nationalisme congolais.

    II.1.5. Aspect économique

    Du point de vue économique, la pénétration des arabes à Kisangani en 1875 a fait de cette ville un centre essentiellement commercial ; et le régime colonial est venu organiser le commerce dans cette ville, déclare JEWSIEWICKI.69(*) Cet auteur indique que le commerce et l'artisanat ont commencé à se développer vers les années 1967 et 1971 dans la mesure où, avec son statut de troisième ville du pays et son rôle colonial de ville transit, elle a soutenu une économie fondée sur un commerce et une agriculture d'exportation pour vitaliser la métropole et dévitaliser la colonie.

    Mais, à la suite du dépérissement économique et de la chute du secteur secondaire constaté par NGUB'USIM et STREIFFELER70(*), au fil des événements, la plupart des entreprises manufacturées ont fermé leurs portes, d'autres ne travaillent qu'à un rythme réduit. Il s'en suit que petit à petit, Kisangani offre l'image paradoxale d'une ville dont l'emploi salarié est relativement stable à partir de 1952 puis à partir de 1974, alors que la population en âge d'activité est multipliée.

    La rébellion, les affrontements militaires et les pillages qu'a connus la ville dans les années 1964, 1967, 1991, 1992 et 1997 à 2000 ont eu entre autres comme conséquence économique, la suppression ou, au meilleur de cas, la diminution sensible de certaines unités de production qui assuraient un important marché d'emploi. Les cas des usines B.A.T., le groupe Englebert pour les pneumatiques, la SORGERI, LA FORESTIERE, AMEXBOIS, la SOTEXKI et de nombreuses entreprises commerciales ou d'exploitation agricole peuvent illustrer ces propos. Il est aussi bien évident que, quand les infrastructures de transport étaient bien entretenues, Kisangani était un véritable entrepôt, comme dit OMASOMBO cité par Vicky YAAYA.

    Au fil des événements, l'économie de la ville de Kisangani se retrouve sinistrée. Elle est concentrée sur les activités informelles tenues par des PME qui font bien preuve de créativité et de dynamisme, mais n'assurent malheureusement pas la production attendue pour la croissance économique. Aussi la population vit-elle, d'une manière générale, dans un état de pauvreté de masse généralisée comme c'est le cas pour toute la RDC.

    II.2. Situation de la pauvreté à Kisangani

    Notre analyse part d'une présentation plus globale au niveau national, avant de circonscrire la situation particulière de la ville de Kisangani.

    En effet, Kisangani est une ville de la RDC. Par ce fait, la situation de la pauvreté vécue à Kisangani est comprise par rapport à la situation générale du pays. Rappelons que selon les termes du DSCRP, en RDC la pauvreté extrême est une situation de masse généralisée.

    Le PNUD71(*) remarque d'abord que la RDC est un pays de paradoxes. Dotée d'immenses ressources naturelles variées, la RDC figure parmi les trois derniers pays du classement mondial sur la base du PIB par tête d'habitant.

    Au chapitre de la pauvreté extrême de masse, ce rapport observe que la pauvreté humaine est élevée (40,4 % en 2006) et elle a tendance à s'accentuer. Plus de la moitié des Congolais sont privés d'accès à l'eau potable (57 %) et aux soins de santé de base (54 %) ; plus de 3 enfants sur 10 sont mal nourris, et la probabilité pour un citoyen congolais de décéder avant de fêter son 40ème anniversaire s'élève à 47 %.72(*)

    Cette observation a conduit le PNUD à calculer l'indice de pauvreté humaine (IPH) tel que repris dans le tableau 2 ci-après.

    Tableau 2 : Indice de Pauvreté Humaine en RDC

     

    1995

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    Probabilité de décéder

    Avant 40 ans

    34.70

    36.10

    37.50

    39.00

    40.50

    42.10

    43.70

    45.40

    Taux d'analphabétisme

    Des adultes

    37.00

    36.80

    36.30

    35.90

    35.40

    35.00

    34.40

    34.00

    Proportion des enfants

    De moins de 5 ans souf

    frant de l'insuffisance pondérale

    34.40

    33.80

    33.30

    32.70

    32.20

    31.60

    31.10

    30.60

    Proportion de la population privée de l'eau potable

    58.50

    57.70

    57.20

    56.50

    55.80

    55.10

    54.40

    55.70

    Proportion de la population privée d'accès aux services de santé

    78.10

    76.20

    74.60

    67.60

    71.80

    66.50

    61.80

    58.30

    IPH-1

    40.05

    40.04

    40.08

    40.16

    40.27

    40.48

    40.70

    41.42

    Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement Humain 2008, p. 40

    En dépit de cette situation générale déjà faible, la RDC connaît de grandes disparités spatiales en matière de développement humain. Le tableau 2 ci-dessous renseigne sur ces disparités spatiales.

    Tableau 3 : Indicateur de Développement Humain par province

     

    IDH

    ISDH

    IPH-1

     

    2001

    2003

    2006

    2001

    2003

    2006

    2001

    2002

    2003

    Kinshasa

    0.587

    0.582

    0.583

    0.580

    0.573

    0.574

    22.4

    24.6

    25.1

    Bas-Congo

    0.467

    0.458

    0.465

    0.455

    0.446

    0.448

    39.2

    41.4

    42.6

    Bandundu

    0.348

    0.346

    0.345

    0.327

    0.327

    0.326

    44.6

    45.9

    44.8

    Equateur

    0.290

    0.290

    0.291

    0.256

    0.258

    0.257

    47.2

    48.0

    46.9

    Kasai occidental

    0.412

    0.410

    0.409

    0.390

    0.389

    0.387

    45.2

    46.9

    45.8

    Kasai Oriental

    0.420

    0.420

    0.425

    0.404

    0.406

    0.412

    38.4

    40.3

    39.0

    Katanga

    0.408

    0.403

    0.407

    0.390

    0.390

    0.400

    39.5

    41.4

    40.4

    Province Orientale

    0.326

    0.330

    0.330

    0.304

    0.308

    0.307

    41.0

    42.1

    39.7

    Nord Kivu

    0.367

    0.363

    0.361

    0.347

    0.350

    0.355

    43.4

    44.5

    45.0

    Sud Kivu

    0.341

    0.343

    0.344

    0.320

    0.329

    0.333

    47.5

    47.8

    44.8

    Maniema

    0.387

    0.389

    0.389

    0.363

    0.370

    0.378

    45.2

    46.7

    45.8

    Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement Humain 2008, p. 41

    Mais la RDC est aussi parmi les 189 signataires de la Déclaration du Millénaire en 2000. Par cette déclaration, le pays s'est engagé à oeuvrer pour la promotion d'un monde meilleur pour tous... Par rapport justement à cette déclaration, la situation de la RDC en rapport avec les OMD fait preuve de l'existence d'une pauvreté extrême de masse. L'analyse par objectif faite par le PNUD73(*) nous éclaire à ce point.

    Objectif 1 : Réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim d'ici 2015

    71 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté de 1 $/jour/tête, plus de 92 % des ménages consomment en moyenne moins de trois repas par jour, et 73 % des Congolais n'atteignent pas le niveau minimal d'apport calorique.

    Objectif 2 : Assurer l'éducation primaire à tous

    Plus de 3 enfants Congolais sur 10 âgés de 6 à 14 ans n'ont jamais fréquenté l'école, le taux net de scolarisation primaire est de 52 % et seul 1 enfant sur 4 entrant en première année primaire achève la cinquième année.

    Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes

    Le rapport fille/garçon est de 90 % dans l'enseignement primaire, 54-56 % dans le secondaire et près de 30 % dans le supérieur. Les femmes occupent 8 % des sièges au parlement.

    Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile

    Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 213 %o. Le taux de vaccination des enfants de moins d'un an contre la rougeole est de moins de 50 %.

    Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle

    Le taux de mortalité maternelle est de 1 289 décès pour 100 000 naissances, soit parmi les plus élevés au monde. Le taux d'accouchements assistés par du personnel de santé qualifié est de 60 %.

    Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies

    Le taux de prévalence du VIH/SIDA est estimé à 5 % pour la population de 15 à 49 ans et à 8 % pour les femmes enceintes de 15 à 24 ans.

    Objectif 7 : Assurer un environnement durable

    La proportion des zones forestières est de 52 % et le taux d'accès à l'eau potable est de 54 %.

    Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

    La dette extérieure est estimée à 11,5 milliards de dollars à fin 2006, le pays a atteint le point de décision au titre de l'initiative PPTE en juillet 2003.

    Ce rapport démontre que malgré l'adoption par le Gouvernement en 2006 d'un Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), et l'adoption par le Parlement d'un Programme du Gouvernement 2007 - 2011, le pays ne dispose pas encore d'un cadre de planification et de programmation approprié pour stabiliser et inverser d'une manière durable les tendances régressives constatées en matière de développement humain.

    Comme toute l'étendue de la RDC, la ville de Kisangani connaît, tel que l'indique l'IDH de la Province Orientale dans le tableau 3 ci-dessus, une pauvreté extrême de masse. Vicky YAAYA LIAGOLOGA74(*) a démontré dans son étude que 85,5 % des ménages à Kisangani croupissent dans une hyper pauvreté avec un revenu moyen par personne par jour de 0,254 usd. Il y distingue trois catégories des ménages pauvres dont les revenus moyens par personne par jour sont de 0,49 $us pour les plus pauvres (85,5 % des ménages), 0,754 usd pour la deuxième catégorie avec une pauvreté relative (7,7 % des ménages) et 1,338 usd pour les ménages vivant au dessus du seuil de pauvreté de 1 $ par personne par jour (6,7 %).

    Après analyses, cet auteur a noté que le revenu moyen par personne par jour de toutes catégories combinées était de 0,782 usd. Ce qui l'a poussé à considérer que par rapport au seuil de pauvreté reconnu universellement, à Kisangani on vit dans des conditions relativement bonnes de pauvreté. Par ailleurs, il constate que la ligne acceptable de la pauvreté de 1 $us comme minimum traduisant la non pauvreté n'est pas applicable à Kisangani, compte tenu de la modicité du pouvoir d'achat réel que représente ce montant par rapport aux prix pratiqués sur le marché.

    Vicky YAAYA affirme alors que tout le monde est pauvre à Kisangani en dépit des disparités de rang social que l'on peut y observer. Il s'est ainsi rendu compte que l'indicateur de 5 usd comme revenu moyen par personne par jour conviendrait à Kisangani pour vivre dans une pauvreté moyennement supportable.

    Sur le plan humain et social, sur 100 % d'enquêtés, le même auteur a retenu que 50,6 % des ménages n'accèdent pas à l'eau de la REGIDESO, 58,9 % n'ont pas accès à l'électricité, 88 % n'ont pas le moyen de faire un contrôle médical annuel alors que 69,5 % recourent à l'automédication ou à la médecine traditionnelle avec une alternance vers la médecine moderne.

    Concernant l'indicateur alimentaire, ce chercheur a trouvé que sur 100 % de ménages enquêtés, 70 % ne prennent qu'un repas par jour contre 27,2 % qui en prenaient deux et 2,8 % qui mangeaient trois fois par jour. D'où l'existence d'une pauvreté matérielle et mentale selon l'auteur, qui n'a pas manqué de déceler des effets à la fois positifs et négatifs de cette pauvreté.

    D'un point de vue positif, cette pauvreté a donc réveillé le génie créateur des habitants de la ville de Kisangani dont la majorité vit du secteur informel (petit commerce, jardinage, le maraîchage, l'artisanat, l'élevage domestique de survie, ...). L'autre paire de manches, c'est la prostitution, la corruption, le détournement, l'escroquerie, l'invention des taxes illégales, l'extorsion, la tricherie, l'automédication, ... comme pratiques à effets négatifs de la pauvreté vécue à Kisangani. Or, le développement du secteur informel est un signe de pauvreté dans la société. Et si les activités et pratiques relevant de ce secteur sont fonctionnels, les effets négatifs cités par contre restent dysfonctionnels et empoisonnent l'organisme social et aggravent la pauvreté, renchérit cet auteur.

    II.3. Les institutions de micro finance (IMF) à Kisangani

    En termes simples, une institution de micro finance est une organisation qui offre des services financiers à des personnes à revenus modestes qui n'ont pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel.

    Au sein du secteur, le terme institution de micro finance renvoie aujourd'hui à une grande variété d'organisations, diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit, société anonyme, banque, établissement financier etc.).

    Selon les pays, ces institutions sont réglementées ou non, supervisées ou non par les autorités monétaires ou d'autres entités, peuvent ou ne peuvent pas collecter l'épargne de leur clientèle et celle du grand public.

    L'image que l'on se fait le plus souvent d'une IMF est celle d'une ONG « financière », une organisation totalement et presque exclusivement dédiée à l'offre de services financiers de proximité qui vise à assurer l'auto promotion économique et sociale des populations à faibles revenus.75(*)

    Clément WONOU76(*), expert international des Nations Unies en micro finance, enseigne que l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits (hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui servir d'amortisseurs systémiques. Cette définition sous-entend que l'IMF dispose d'une gouvernance à toute épreuve et a une assise organisationnelle conséquente.

    C'est ainsi que l'auteur ci-dessus cité s'applique dans son article, à rappeler entre autres, les quatre piliers importants dans la construction d'une IMF viable. Il s'agit de la constitution d'une masse critique d'activités comme soubassement à la viabilité ; la maîtrise de l'intermédiation micro financière ; la maîtrise des charges d'exploitation ; et la maîtrise des impayés.

    A Kisangani, nous avons identifié huit IMF dont Le Crédit Boyomais, Le Crédit Congolais pour la Reconstruction (CCR), Le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté (CERP - Gala Letu), La Mutuelle d'Epargne et de Crédit de Kisangani (MECREKIS), La Congolaise d'Epargne et de Crédit pour la Relance Economique (CECRE), IMF HOPE, BARAKA PRECE et Gold Money Trust (GMT).

    Notre travail étant une étude de cas comme nous l'avons précisé en introduction, nous avons centré nos efforts sur le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Nous étant nous-même fait membre de cette IMF, nous avons porté notre choix sur le CERP - Gala Letu, d'abord pour la facilité d'accéder aux données fiables, mais aussi et surtout à cause de la concordance de la mission de cette IMF à l'objet de notre étude, la réduction de la pauvreté.

    En effet, cette institution qui inclut le thème même de notre étude dans sa dénomination se veut être un grenier, notre grenier à nous tous, exprimé en langue Swahili par le suffixe GALA LETU (notre grenier) qui complète la dénomination sociale de l'IMF. Elle se fixe pour mission de contribuer d'une manière significative et progressive à la réduction de la pauvreté en RDC, avec comme objectifs globaux :

    a. La promotion de la culture de l'épargne au sein de la population ;

    b. L'élévation relative du niveau de revenus de la population par l'appui aux activités génératrices de revenus, au moyen des microcrédits ;

    c. La participation à la réduction du chômage par la création de l'emploi ; et

    d. La facilitation des déplacements des fonds en toute sécurité à travers différentes villes, cités et agglomérations du pays.

    Le CERP - Gala Letu organise les activités ordinaires reconnues à une IMF, notamment la collecte de l'épargne du public, l'octroi des microcrédits, les transferts d'argent et la formation de ses clients et/ou membres. Pour accéder aux avantages offerts par cette IMF, il faut compléter six conditions suivantes :

    1. Payer les frais d'ouvertures de compte suivant votre choix fait parmi les six classes suivantes :

    Classe

    Frais à payer

    Crédit disponible

    1

    I

    5 usd

    De 1 à 100 usd

    2

    II

    10 usd

    De 1 à 500 usd

    3

    III

    20 usd

    De 1 à 2000 usd

    4

    IV

    30 usd

    De 1 à 5000 usd

    5

    V

    50 usd

    De 1 à 10 000 usd

    6

    VI

    100 usd

    De 1 à plus de 10 000 usd

    2. Effectuer pendant une période de trois mois, des mouvements jugés suffisants en compte

    3. Rémunérer ordinairement le crédit obtenu avec un intérêt mensuel de 3 %

    4. Avoir en 5 mois la capacité de remboursement du prêt reçu

    5. Se rassurer de ses capacités ainsi que de ses qualités (garantie matérielle et/ou morale)

    6. Pour l'intérêt communautaire, mobiliser six autres clients pour bénéficier aussi des services de Gala Letu.

    Comme on peut le remarquer, le crédit est ainsi accordé à des conditions peu exigeantes, moins rigoureuses que celles qu'imposerait une banque traditionnelle. La catégorisation des classes est inclusive, toutes les catégories sociales sont prises en comptes, chacun pouvant devenir membre, ouvrir un compte et accéder au crédit dans la limite de ses propres capacités.

    En pratique :

    - les crédits sont accordés sur la base de garantie immobilière, de garantie salariale ou d'un simple gage collectif. En fonction de crédit demandé et de la capacité de remboursement offerte, seuls les biens immeubles sont acceptés à titre de garantie. A défaut, une garantie salariale est acceptée pour les travailleurs sous contrat. L'aval de l'employeur constitue dans ce cas un gage suffisant. Sinon, pour des personnes ne disposant d'aucune forme de garantie, les plus pauvres, une garantie collective est admise pour des groupes organisés (par exemple, groupe de femmes vendeuses de légumes verts du marché central, association de cyclistes transporteurs, association de menuisiers, ...). Les membres du groupe assurent la surveillance du membre bénéficiaire du crédit, suivent l'utilisation des fonds et procèdent au recouvrement à l'échéance. Le crédit peut être rotatif parmi les membres à des intervalles de temps différents. Le responsable du groupe se charge en définitive de rendre les sommes recouvrées au CERP - Gala Letu alors que chaque membre supporte seul les intérêts.

    - Les crédits accordés sont remboursables en cinq tranches étalées sur cinq mois. A la fin du premier mois, le bénéficiaire du crédit paye théoriquement 3 % d'intérêt de la somme empruntée. Au deuxième mois, il paye 3 % de la somme restant à payer, ainsi de suite jusqu'à la fin du cinquième mois, au point que le cumul des intérêts payés atteint les 9 % de la somme empruntée.

    - Le total des intérêts ainsi calculés est payable anticipativement par rapport à l'obtention du crédit. Ainsi, pour obtenir un crédit de 100 usd par exemple, le débiteur doit payer anticipativement ses intérêts soit 9 usd composés de 3 % de chaque tranche de remboursement soit 3 usd de 100 usd dus au premier mois, 2,40 usd de 80 usd restant dus au deuxième mois, 1,80 usd de 60 usd restant dus au troisième mois, de 1,20 usd de 40 usd restant dus au quatrième mois et de 0,6 usd des 20 usd restant dus au dernier mois.

    - L'agence de Kisangani est habileté à octroyer des crédits jusqu'à 3000 usd maximum. Pour tout crédit de plus de 3000 usd, l'agence reçoit la demande de crédit, l'examine et la soumet à l'approbation de sa direction.

    Ces conditions souples et inclusives d'octroi de crédit ont conduit, selon notre observation, à une très forte mobilisation, une adhésion massive de la population de Kisangani à l'activité des IMF et du CERP - Gala Letu en particulier. Nous analysons dans le chapitre suivant la contribution de cette IMF à la réduction de la pauvreté à Kisangani.

    Chapitre Troisième

    CERP - GALA LETU ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE A KISANGANI

    Dans ce dernier chapitre qui constitue le socle de notre étude, nous analysons l'impact des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu sur la réduction de la pauvreté à Kisangani.

    III.1. Aperçu sur l'activité du CERP - Gala Letu à Kisangani

    III.1.1. Historique et organisation

    Le CERP - Gala Letu est une institution de micro finance créée depuis 2005. Elle a ouvert officiellement ses portes à Kisangani le 1er septembre 2007. Elle emploi 14 travailleurs dont un Gérant, un Comptable, un Chargé de crédit et onze autres agents de collaboration et/ou d'exécution. En vue d'une organisation efficace du travail, quatre guichets sont ouverts pour la caisse recettes ou versements, la caisse recettes, la documentation et le visa. La direction générale du CERP - Gala letu est basée à Goma avec huit agences à Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Bukavu, Bunia, Beni, Butembo et Kisangani.

    III.1.2. Effectif des abonnés ou membres de CERP - Gala Letu à Kisangani

    Tableau 4 : Effectif des abonnés ou membres de CERP - Gala Letu à Kisangani

    Catégorie membre

    Nombre

    %

    Catégorie I

    802

    38,39

    Catégorie II

    392

    18,76

    Catégorie III

    306

    14,65

    Catégorie IV

    246

    11,78

    Catégorie V

    267

    12,78

    Catégorie VI

    76

    3,64

    TOTAL

    2 089

    100

    Source : Rapports du CERP - Gala Letu

    A la lecture de ce tableau, nous découvrons que le CERP - Gala Letu enregistre un effectif de 2089 membres répartis selon le choix de chacun, à :

    · 38,39 % pour la catégorie I, celle qui paye 5 usd de droit d'adhésion et a droit à un crédit qui va de 1 à 100 usd maximum ;

    · 18,76 % pour la catégorie II, qui paye 10 usd de droit d'adhésion et peut emprunter jusqu'à 500 usd maximum ;

    · 14,65 % pour la catégorie III, avec 20 usd de droit d'adhésion pour un crédit maximum de 2 000 usd ;

    · 11 ;78 % pour la catégorie IV, qui paye 30 usd de droit d'adhésion pour un crédit maximum de 5 000 usd ;

    · 12,78 % pour la catégorie V, avec 50 usd de droit d'adhésion pour crédit maximum possible de 10 000 usd ; et

    · 3,64 % pour la catégorie VI qui paye 100 usd de droit d'adhésion etpeut emprunter jusqu'au delà de 10 000 usd.

    Signal fort du degré de pauvreté, la catégorie I qui n'a droit qu'à 100 usd maximum de crédit pour un membre n'ayant payé que 5 usd de frais d'adhésion occupe la première place avec 38,39 % alors que la catégorie VI qui donne droit jusqu'à plus de 10 000 usd de crédit pour 100 usd de frais d'adhésion payés vient en dernière position avec seulement 3,64 % des membres.

    Nous pouvons en déduire que les plus pauvres se sont le plus intéressés à la micro finance à la recherche de l'accroissement de leur capacité de financement. Très limités dans leur capacité réelle, ils ont adhéré pour la catégorie la moins coûteuse pendant que les moins pauvres, disposant d'un peu plus de moyens de leur action, ont opté pour la catégorie la plus coûteuse, à la recherche certainement des financements plus importants et des bénéfices qu'ils pourraient apporter.

    III.1.3. Nombre de bénéficiaires de microcrédits de CERP - Gala Letu

    Tableau 5 : Nombre de bénéficiaires de microcrédits de CERP - Gala Letu

    Catégorie membre

    Nombre

    %

    Catégorie I

    307

    38,33

    Catégorie II

    73

    9,11

    Catégorie III

    101

    12,61

    Catégorie IV

    84

    10,49

    Catégorie V

    127

    15,86

    Catégorie VI

    109

    13,60

    TOTAL

    801

    100

    Source : Rapports du CERP - Gala Letu

    Comme au tableau 4, la catégorie I occupe la première place. Ce qui confirme le besoin de financement exprimé par les plus pauvres, mais aussi l'enthousiasme avec lequel cette catégorie de la population a accueilli l'activité de micro finance à Kisangani. La catégorie VI gagne 13,60 % de crédits obtenus. Ceci exprime également le besoin de financement par cette catégorie de la population composée essentiellement de commerçants et hommes d'affaires en quête de financement toujours plus accru en vue de la redynamisation de leurs activités.

    III.1.4. Répartition des bénéficiaires de microcrédits

    III.1.4.1. Selon le statut socioprofessionnel

    Tableau 6 : Répartition selon le statut socioprofessionnel

    Statut

    Crédit obtenu

    %

    Commerçant

    138 500 usd

    22,28

    Vendeur au marché

    216 695 usd

    34,86

    Artisan

    79 500 usd

    12,79

    Agriculteur

    87 000 usd

    13,99

    Fonctionnaire

    100 000 usd

    16,08

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Ce tableau renseigne que les vendeurs du marché viennent en première position avec 34,86 % suivis des commerçants avec 22,28 % et des fonctionnaires qui ont pris 16,08 % des microcrédits octroyés. Or, nous savons que l'économie de la ville de Kisangani est dominée par les activités du secteur informel. Ce secteur est tenu par les détenteurs de petits capitaux, ce qui explique qu'il caractérise une situation de pauvreté dans l'économie générale d'un pays.

    Ainsi, forts de leur esprit d'initiative et inventif, les commerçants, les vendeurs du marché et même les fonctionnaires, artisans et autres agriculteurs se sont livrés à la recherche des moyens de financement de leurs initiatives respectives au travers de la micro finance. Les activités du niveau tertiaire ont bénéficié de 57,14 % si nous mettons les commerçants et les vendeurs ensemble ; les activités de production ont reçu 26,78 % de crédit accordé aux artisans et aux agriculteurs alors que 16,08 % ont servi à des activités difficiles à cerner tenues par les fonctionnaires.

    III.1.4.2. Selon le statut matrimonial

    Tableau 7 : Répartition selon le statut matrimonial

    Statut

    Crédit obtenu

    %

    Marié

    512 695 usd

    82,47

    Célibataire

    109 000 usd

    17,53

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Nous constatons sur base de ce tableau que 82,47 % de microcrédits octroyés ont été accordés aux hommes et aux femmes mariés. Cette catégorie sociale de la population est normalement la plus vouée à rechercher l'amélioration des conditions d'existence.

    III.1.4.3. Selon l'âge

    Tableau 8 : Répartition selon l'âge

    Tranche d'âge

    Nombre

    %

    20 à 25 ans

    7 695 usd

    1,24

    25 à 30 ans

    26 000 usd

    4,18

    30 à 35 ans

    83 000 usd

    13,35

    35 à 40 ans

    327 500 usd

    52,68

    40 à 45 ans

    161 500 usd

    25,98

    Plus de 45 ans

    16 000 usd

    2,57

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Ce tableau démontre que les crédits octroyés par le CERP - Gala Letu ont bénéficié aux adultes dans la tranche d'âge de 35 à 40 ans à la hauteur de 52,68 % suivi de ceux de 40 à 45 ans avec 25,98 % des cas. D'une manière globale, nous pouvons observer que ces deux tranches d'âges sont constituées d'adultes, murs, responsables et actifs qui ont l'espoir en l'avenir et qui luttent pour améliorer leurs conditions de vie et celle de leurs dépendants. Ceci explique suffisamment qu'ils soient d'abord plus attentifs à la micro finance, et ensuite plus habiles à rechercher des financements pour leurs initiatives.

    III.1.4.4. Selon le sexe

    Tableau 9 : Répartition selon le sexe

    Sexe

    Crédit obtenu

    %

    Masculin

    432 000 usd

    69,49

    Féminin

    189 695 usd

    30,51

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Contrairement à la tendance générale connue de la micro finance, les hommes ont été plus nombreux à solliciter et à obtenir les microcrédits de CERP - Gala Letu. Les hommes, en effet, prennent 69,49 % des microcrédits octroyés contre 30,51 % pour les femmes. Ceci nous semble être lié au statut matrimonial des bénéficiaires des microcrédits (voir tableau 7) qui sont pour la plus part des mariés et chefs de ménages.

    III.1.4.5. Selon le niveau d'études

    Tableau 10 : Répartition selon le niveau d'études

    Niveau d'études

    Crédit obtenu

    %

    Primaire

    216 695 usd

    34,85

    Secondaire

    335 500 usd

    53,97

    Supérieur

    69 500 usd

    11,18

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Par rapport au niveau d'études, la catégorie post-primaire ou secondaire constitue la majorité des bénéficiaires des microcrédits de CERP - Gala Letu avec 53,97 % des cas enregistrés. La catégorie des études primaires représente 34,85 et celle des études supérieures ou universitaires enregistre 11,18 % des cas. Ceci donne à penser que l'on retrouve moins d'intellectuels dans le secteur informel de l'économie de Kisangani.

    III.1.4.6. Selon le montant reçu

    Tableau 11 : Répartition selon le montant reçu

    Catégorie membre

    Crédit obtenu

    %

    Catégorie I

    237 695 usd

    38,23

    Catégorie II

    57 000 usd

    9,17

    Catégorie III

    78 500 usd

    12,63

    Catégorie IV

    65 000 usd

    10,46

    Catégorie V

    98 500 usd

    15,84

    Catégorie VI

    85 000 usd

    13,67

    TOTAL

    621 695 usd

    100

    Source : Rapports de CERP - Gala Letu

    Nous avons déjà constaté aux tableaux 4 et 5 que la catégorie I était la plus intéressée à devenir membre et à obtenir le crédit offert par CERP - Gala letu. Le tableau 11 ci-dessus atteste ce fait avec 38,23 % des microcrédits octroyés à la catégorie des plus pauvres.

    III.2. Impact socio-économique des microcrédits sur les ménages des bénéficiaires

    Dans ce point, nous analysons les données recueillies lors de nos enquêtes auprès d'un échantillon de 50 bénéficiaires de microcrédits rencontrés au hasard aux guichets du CERP - Gala Letu. L'impact des microcrédits est analysé sous divers angles, notamment l'évolution du revenu, l'évolution du nombre des repas par jour, la scolarisation des enfants, l'accès à l'eau et à l'électricité, la capacité de stockage des aliments essentiels, la capacité d'épargner et l'évolution des activités exercées.

    Nous utilisons indifféremment les termes « crédit » et « microcrédit », termes dont le sens a déjà été précisé au chapitre premier.

    III.2.1. Evolution du revenu des bénéficiaires de microcrédits

    A ce point, nous avons analysé dans nos enquêtes si les revenus des bénéficiaires des microcrédits avaient augmenté ou diminué après obtention du crédit. Le tableau ci-dessous rend compte des résultats obtenus.

    Tableau 12 : Evolution du revenu des bénéficiaires de microcrédits

    Revenu

    Clients

    %

    Augmenté

    39

    78

    Diminué

    11

    22

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    78 % de nos enquêtés ont reconnu avoir constaté une augmentation de leur revenu à partir des microcrédits reçus, alors que 22 % se plaignent d'avoir enregistré une baisse de leur revenu sous l'effet de la micro finance. Ceci reflète une bonne gestion des crédits obtenus pour 78 % des cas, alors que pour 22 % des cas, le crédit reçu a été confondu à une subvention ou à un don, avec comme conséquence qu'au moment de remboursement, ces enquêtés ont vu leur revenu diminuer de la somme affectée à des activités ou à des achats non productifs. Des cas d'achat de motos, de téléviseurs, de radios ou de vêtements nous ont été rapportés. Pour d'autres encore, des investissements précoces ont été réalisé avec les fonds empruntés ; c'est le cas d'un client qui a financé la poursuite des travaux de construction de sa maison avec le microcrédit lui octroyé par CERP - Gala Letu. Le remboursement dans ce cas a dû se faire sur le revenu ordinaire du bénéficiaire qui a omis de comptabiliser son investissement et estimait que son revenu avait diminué.

    III.2.2. Nombre de repas par jour

    Nous avons admis pour l'analyse de ce paramètre, que trois repas par jours constituaient une amélioration de la situation du bénéficiaire de crédit.

    Tableau 13 : Nombre de repas par jour

    Nombre de repas

    Avant

    Après

    Un repas

    16

    9

    Deux repas

    22

    31

    Trois repas

    12

    10

    TOTAL

    50

    50

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Après obtention des microcrédits du CERP - Gala Letu, les ménages qui prenaient un seul repas par jour ont amélioré leur situation comme ceux à deux repas journaliers, alors qu'à l'inverse, ceux qui en prenaient trois ont vu leur situation se détériorer. L'évolution respective est de 16 à 9 cas ; 22 à 31 et 12 à 10 cas observés. La proportion entre différentes évolutions reste tout de même à l'avantage de l'amélioration. Ce qui nous fait dire que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu ont amélioré les conditions de vie des bénéficiaires. La primauté de deux repas, traduit bien la situation de Kisangani. En effet, comme vu précédemment, le grand nombre des bénéficiaires de crédits était constitué des commerçants et vendeurs au marché, qui partent le matin au lieu de service pour ne revenir que le soir et penser à préparer ou à prendre le repas.

    III.2.3. Situation scolaire des enfants

    Par rapport à la scolarisation des enfants, nous avons établi le tableau ci-après.

    Tableau 14 : Situation scolaire des enfants des bénéficiaires de microcrédits

    Situation scolaire

    Clients

    %

    Améliorée

    0

    0

    Restée la même

    50

    50

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Le tableau ci-dessus établit que sur 50 enquêtés, aucun n'a améliorée la situation scolaire des enfants. Ceci est dû au temps très bref sur lequel a porté notre analyse. En effet, au bout de deux années, il n'est pas évident d'observer ou d'organiser une amélioration de la scolarité des enfants.

    III.2.4. Accès à l'eau

    L'eau et l'électricité ont été retenues comme paramètre de vérification du niveau de vie ou de la pauvreté de nos enquêtés. Les résultats obtenus pour l'accès à l'eau de la REGIDESO sont consignés dans le tableau ci-après.

    Tableau 15 : Accès à l'eau de la REGIDESO

    Accès

    Avant

    Après

    OUI

    47

    47

    NON

    3

    3

    TOTAL

    50

    50

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Pour l'accès à l'eau, aucune modification n'a été enregistrée par rapport à la situation avant l'obtention du crédit. Cette situation est à imputer à l'adresse de résidence de nos enquêtés.

    III.2.5. Accès à l'électricité

    Les résultats obtenus pour l'accès à l'électricité sont repris dans le tableau 16.

    Tableau 16 : Accès à l'électricité

    Accès

    Avant

    Après

    OUI

    47

    47

    NON

    3

    3

    TOTAL

    50

    50

    De même que pour l'accès à l'eau, l'accès à l'électricité n'a donné aucune observation particulière. Le même motif de lieu de résidence est aussi valable pour ce paramètre.

    III.2.6. Capacité de stockage des aliments de base

    Constituer un stock d'aliments de base à la maison nous a semblé être un autre signe de niveau de vie acceptable. Aussi, avons-nous évalué la situation de nos enquêtés par rapport à ce paramètre.

    Tableau 17 : Capacité de stockage des aliments de base

    Capacité de stockage

    Avant

    Après

    OUI

    33

    36

    NON

    17

    14

    TOTAL

    50

    50

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Une légère amélioration est observée à ce point. Sur 50 enquêtés, 36 soit 72 % sont capables de stocker les aliments de base après obtention du crédit contre 33 soit 66 % des cas avant.

    III.2.7. Capacité d'épargne

    Epargner c'est mettre de côté une partie du revenu non consommé immédiatement, ou pour une consommation future. Celui qui épargne donc est supposé être détenteur d'un revenu lui permettant de couvrir ses besoins immédiats et constituer une réserve pour ses besoins futurs. Ce paramètre a été mesuré pour apprécier le niveau de vie de nos enquêtés.

    Tableau 18 : Capacité d'épargne des bénéficiaires

    Capacité d'épargne

    Avant

    Après

    OUI

    26

    29

    NON

    24

    21

    TOTAL

    50

    50

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Epargner, c'est aussi une culture. A lire le tableau 18 ci-dessus, il ressort clairement que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu n'ont eu qu'un effet très limité dans le sens de l'amélioration de la capacité d'épargne.

    III.2.8. Evolution d'activités exercées

    Le sens de l'évolution des activités exercées par nos enquêtés est un signe d'enrichissement ou d'appauvrissement, selon qu'il est positif ou négatif. Nos observations à ce sujet sont contenues dans le tableau ci-après.

    Tableau 19 : Evolution d'activités exercées

    Evolution

    Clients

    %

    Positive

    37

    74,00

    Négative

    13

    26,00

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Les activités exercées par les bénéficiaires de crédits de CERP - Gala Letu ont évolué positivement à 74 %.

    III.2.9. Capacité de remboursement

    La mesure de la capacité de remboursement des capitaux empruntés traduit le degré d'enrichissement ou d'appauvrissement, mais aussi l'expression de la personnalité des bénéficiaires de microcrédits. Le tableau 20 ci-après renseigne sur ce paramètre.

    Tableau 20 : Capacité de remboursements des crédits reçus

    Capacité de remboursement

    Clients

    %

    A l'échéance

    42

    84,00

    Après échéance

    8

    16,00

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    La capacité de remboursement à échéance est assurée à 84 %. Ceci témoigne de l'intérêt porté par les bénéficiaires à garder et à promouvoir la micro finance ; une simple expression de la personnalité de ceux-ci. Mais aussi, ce taux de remboursement dans le délai est un signe d'enrichissement pour les bénéficiaires de crédits.

    III.2.10. Capacité d'investissement

    Nous avons cherché à vérifier à base de ce paramètre si les crédits octroyés ont permis à leurs bénéficiaires d'améliorer leur capacité d'investissement. Nous consignons les résultats obtenus dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 21 : Capacité d'investissement de bénéficiaires de microcrédits

    Capacité d'investir

    Clients

    %

    Améliorée

    11

    22,00

    Diminuée

    3

    6,00

    Restée la même

    36

    72,00

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    La lecture de ce tableau démontre que dans 72 % des cas, la capacité d'investissement de nos enquêtés est restée la même ; elle a même diminué pour 6 % contre une hausse dans 22 % des cas. Cette évolution est due d'abord à la modicité des capitaux propres exploités puis par celle des sommes reçues à titre de microcrédits.

    III.2.11. Indépendance vis-à-vis du créancier

    En dernier ressort, nous avons estimé la capacité des bénéficiaires à devenir indépendants vis-à-vis du créancier. Le tableau 22 résume les résultats obtenus.

    Tableau 22 : Indépendance vis-à-vis du créancier

    Indépendance acquise

    Clients

    %

    Plus besoin de recourir au microcrédit

    7

    14,00

    Besoin persiste

    43

    86,00

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    Seuls 14 % de nos enquêtés estiment ne plus avoir besoin de recourir au microcrédit contre 86 % de notre échantillon pour qui le besoin de microcrédit persiste. Nous pensons qu'à ce stade, nos enquêtés comprennent le bien-fondé du microcrédit et restent disposés à travailler avec ce système pour accroître leur capacité d'autofinancement jusqu'à devenir indépendants vis-à-vis du créancier.

    III.3. Opinion des bénéficiaires sur le microcrédit

    Notre étude a cherché aussi à connaître l'opinion de la population de Kisangani sur les microcrédits. Les réponses reçues sont condensées dans le tableau 23.

    Tableau 23 : Opinion des bénéficiaires sur le microcrédit

    Le microcrédit

    Clients

    %

    Aide à améliorer les conditions de vie à court terme

    9

    18,00

    Peut être intéressant à long ou moyen terme

    23

    46,00

    Doit être encore bien organisé

    12

    24,00

    Est une activité d'appauvrissement

    6

    12,00

    TOTAL

    50

    100

    Source : Enquêtes de l'auteur

    46 % des personnes enquêtées pensent que le microcrédit peut être plus intéressant à long ou moyen terme ; 24 % pensent que l'activité doit être encore bien organisée avant de devenir un vrai outil de lutte contre la pauvreté et 9 % se disent simplement satisfaits de la marche actuelle de la micro finance pendant que 6 % sont pessimistes et estiment qu'il s'agit d'une activité d'appauvrissement des plus pauvres.

    Au regard de tous les résultats enregistrés plus haut, nous épousons l'avis majoritaire qui estime que la micro finance peut devenir une activité plus intéressante et donc un outil efficace de réduction de la pauvreté à long ou moyen terme. Ceci nécessite bien entendu une organisation plus structurée que celle que présentent les IMF aujourd'hui.

    III.3. Contraintes rencontrées par les bénéficiaires

    Au chapitre des contraintes rencontrées par les bénéficiaires de microcrédits, nos enquêtés ont évoqué :

    - La modicité des sommes prêtées ;

    - La durée de l'échéance de remboursement ; et

    - Le ralentissement trop brusque de l'activité en fin d'année 2008.

    Notre observation conduit à confirmer ces difficultés : la majorité des bénéficiaires de microcrédits appartiennent à la catégorie la plus pauvre de la classification de CERP - Gala Letu et reçoit au maximum 100 usd de crédit. Ceux qui sollicitent des sommes plus élevées ne bénéficient pas des mêmes facilités que les premiers ; à partir de 3000 usd et plus, l'autorisation d'octroi du crédit doit être accordée par la direction générale... Par ailleurs, pour une somme empruntée pour besoin de financement d'une activité génératrice de revenu, le délai d'un mois avant le remboursement de la première tranche nous paraît trop court. En effet, en trente jours, il n'est pas évident d'avoir investi et produit jusqu'à la hauteur de 20 % soit le cinquième constituant la première tranche à rembourser. Par besoin d'honneur personnel, il est plus probable que les bénéficiaires de crédits aient commencé à rembourser avant d'avoir tiré tout dividende.

    En plus, le ralentissement de l'activité à la suite de la crise économique mondiale qui aurait touché les avoirs des initiateurs d'IMF est un fait négatif dans l'histoire de la jeune micro finance de Kisangani. L'insolvabilité accusée par une IMF implantée à Kisangani vers le début du dernier trimestre 2008 a généré un climat de méfiance généralisée au sein d'une population qui n'était qu'à ses premières appréhensions dans les IMF et COOPEC.

    III.4. Difficultés rencontrées par l'IMF CERP - Gala letu

    Pour l'IMF, les difficultés rencontrées peuvent se résumer en termes de manque de respect des délais de remboursements, de la méfiance développée trop facilement et trop rapidement par leurs membres et clients à base d'informations pas toujours vérifiées et de l'insuffisance de l'implication de l'autorité publique à mieux organiser le secteur.

    En effet, les IMF octroient des microcrédits sur contrat express. Celui-ci précise les modalités de remboursements conformément d'ailleurs aux statuts et règlements de l'institution. Pour rentrer dans ses droits, le CERP - Gala Letu est souvent obligé de se déplacer pour recouvrer ou d'engager des frais divers pour cette fin. Malgré les efforts consentis à l'intérieur de l'institution, la déception est parfois grande de se retrouver en face d'une clientèle devenue de plus en plus hostile à une activité qui leur a octroyé des crédits et à soutenu tant soit peu l'épanouissement de leurs activités.

    Face à tout ceci, l'Etat reste indifférent, aucune intervention du pouvoir public ni pour sensibiliser la population à la culture de l'épargne, ni pour organiser le secteur.

    III.5. Discussion des résultats

    Les résultats de notre étude démontrent que les microcrédits octroyés par l'IMF CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas, d'augmenter les revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter le nombre de repas consommés par les ménages par jour ; d'améliorer légèrement la capacité de stockage des aliments de base dans les ménages ; et de faire évoluer positivement les activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la problématique de l'accès à l'eau et à l'électricité reste non résolue ; la capacité d'épargner n'a pas connu un changement significatif autant que la capacité d'investissement n'a pas évolué et que l'indépendance vis-à-vis du créancier n'a pas été assurée. Néanmoins, les crédits octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas.

    46 % de nos enquêtés ont exprimé une opinion optimiste sur le microcrédit, estimant qu'il peut être une activité plus intéressante à long ou à moyen terme alors que 24 % d'entre eux pensent que l'activité doit encore être bien organisée pour faire bénéficier au meilleur des cas, ses effets d'outil de réduction de la pauvreté à la population. La modicité des sommes prêtées, l'échéance de remboursement jugée trop courte et le ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont constitué des difficultés majeures relevées par les bénéficiaires de microcrédits. Pour les responsables de l'IMF par contre, les difficultés rencontrées se résument dans le non respect des échéances de remboursement, la méfiance de la population et le manque d'implication de l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la culture de l'épargne et l'importance de la micro finance.

    Par rapport à nos hypothèses de recherche, les résultats ci-dessus décrits nous amènent à la fois à infirmer et à confirmer notre première hypothèse. Nous pensons donc, que contrairement à l'impression que cela puisse donner, l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de la pauvreté. Les revenus des bénéficiaires ont augmenté et leurs activités ont évolué positivement. Ce qui pourrait conforter l'avis de MPANZU BALOMBA qui estime que la micro finance est une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici. Mais aussi celui de KUVITUANGA NSIMBA pour qui l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays.

    Tout ceci pouvant réjouir MOHAMMED AMINE qui a conclu que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le défi d'une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable au Maroc.

    Ces effets positifs sont pourtant limités dans leur impact sur la réduction de la pauvreté des bénéficiaires qui n'ont pas réussi à améliorer leur capacité d'accès à l'eau et à l'électricité, moins encore celle d'épargne et d'investissement. Ceci tend donc à confirmer notre première hypothèse au point de rencontrer l'avis émis par IRAGI RUGAMBWA qui a constaté que les microcrédits assuraient la survie des ménages et non leur émergence. En ce sens, aucune croissance d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme le démontre MENIKO NDIBO qui a constaté que les IMF de Kisangani n'ont pas permis la croissance de PME par une augmentation de capital à base de microcrédits.

    Notre deuxième hypothèse postule que les difficultés rencontrées par les responsables des IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires. La première partie de cette hypothèse se confirme, la deuxième ne se vérifie pas. En effet, le manque de remboursement des prêts reçus à échéance constitue une difficulté évoquée par les responsables de CERP - Gala Letu. Mais, le problème nous a paru être seulement du délai, de l'échéance calendrier car en définitive, les crédits octroyés sont remboursés à la hauteur de 84 % ; ce qui ne traduit pas un manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires.

    Par contre, pour ces derniers, la modicité des sommes empruntées et le délai trop court de remboursement sont des difficultés réellement vécues. Le remboursement effectué, surtout au premier mois, est plus une expression de la personnalité et du sens de l'honneur que celle de l'amélioration de la situation financière. Nous avons soutenu cette inquiétude de nos enquêtés, nous estimons que pour une somme de 100 usd empruntée en vue de financer une activité génératrice de revenu, il n'est pas évident de produire suffisamment en un mois pour pouvoir rembourser 20 usd en trente jours. Le premier remboursement est souvent fait sur le capital emprunté, diminuant ainsi l'impact attendu du prêt.

    Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa - N'djili / CECOMAF et ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu ont exprimé la même difficulté quant à la modicité des sommes prêtées et le délai de remboursement trop court. A la seule différence avec IRAGI RUGAMBWA que dans le cas étudié ici, le taux d'intérêt est de 9 % contre 20 à 40 % pratiqué en son temps à Bukavu.

    Nonobstant ces difficultés, nos enquêtés semblent plus optimistes que satisfaits. Exprimant leur opinion sur le microcrédit, 46 % ont estimé que la micro finance peut être plus intéressante à long ou à moyen terme, 24 % souhaitent que l'activité soit mieux organisée et 18 % pensent qu'elle aide à améliorer les conditions de vie à court terme contre 12 % des pessimistes qui pensent que la micro finance est une activité d'appauvrissement des plus pauvres.

    Ainsi, contrairement à PITT et KHANDLER qui ont constaté que la participation à des programmes de crédit avait des effets positifs et significatifs au Bangladesh, nous pensons que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs sur la réduction de la pauvreté. Pour ce faire, il nous paraît impérieux de faire fonctionner le système de microcrédit en RDC selon l'idée de Clément WONOU, pour qui l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits (hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui servir d'amortisseurs systémiques.

    CONCLUSION

    Nous arrivons au terme de notre étude sur la « micro finance et lutte contre la pauvreté : cas des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani. De septembre 2007 à décembre 2008 ». A ce niveau, revenons à l'essentiel.

    Dans le présent travail, nous avons abordé la problématique de la pauvreté et de sa réduction. Préoccupation de l'homme depuis des temps antiques, la pauvreté - mieux la réduction de la pauvreté - fait l'objet, depuis la nuit de temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. La situation de la pauvreté extrême comme conséquence de l'instabilité économique que traverse la République Démocratique du Congo a réussi à mobiliser aussi notre énergie intellectuelle. Tentant de rechercher un mécanisme capable de réduire cet état de médiocrité et de vulnérabilité vécue par la population de notre pays en général et celle de Kisangani en particulier, nous nous sommes intéressé à la micro finance comme outil de lutte contre la pauvreté.

    Deux hypothèses ont sous-tendu cette étude, à savoir :

    - L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani n'aurait pas encore contribué à réduire la pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et de scolariser leurs enfants.

    - Les difficultés rencontrées par les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires, ou du côté de ces derniers, il y aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement.

    Pour vérifier ces hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique soutenue par les techniques documentaire, d'interview structurée et d'observation participative.

    Par besoin d'élaboration et de clarté, ce travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier porte sur les considérations théoriques. Afin de faciliter la compréhension des concepts utilisés, nous avons tenu à préciser leur contenu dans ce chapitre.

    Le deuxième parle de la pauvreté à Kisangani où nous avons examiné la situation de la pauvreté en RDC et à Kisangani. Nous y avons d'abord présenté ici la ville de Kisangani, cadre physique de nos enquêtes, avant d'analyser la situation de la pauvreté qui y est vécue et de fixer les esprits sur les institutions de micro finance dans cette ville.

    Le CERP - Gala Letu et la lutte contre la pauvreté à Kisangani a été au centre de la réflexion contenue dans le troisième chapitre. A ce stade, nous avons analysé l'impact des microcrédits octroyés à la population de Kisangani. A partir des résultats enregistrés, il se dégage des appréhensions suivantes :

    - Le CERP - Gala Letu est installé à Kisangani depuis le 1er septembre 2007 et, conformément à son organisation interne, a octroyé ses premiers crédits trois mois seulement après soit au 1er novembre 2007. A ce jour, 2 089 personnes ont adhéré à l'institution et 801 microcrédits ont été octroyés pour une somme globale de 621 695 usd en plus de la collecte de l'épargne du public, de la tenue des comptes et de l'intermédiation financière ;

    - 82 % des bénéficiaires de ces microcrédits sont des hommes et des femmes mariés, pour la plus part chefs de ménage. Les tranches d'âges de 35 à 40 ans et de 40 à 45 ans ont raflé respectivement 52,68 % et 25,98 % soit un total de 78,66 % pour une population active, à l'âge mur et responsables de foyers ;

    - Contrairement à la tendance générale connue de la micro finance, les hommes ont été plus nombreux à solliciter et à obtenir les microcrédits de CERP - Gala Letu dans une proportion de 69,49 % contre 30,51 % pour les femmes ;

    - Les crédits octroyés étant plus orientés vers le secteur informel, les intellectuels de niveau supérieur et universitaire occupent la dernière place avec 11,18 % contre ceux du niveau post-primaire qui viennent en tête avec 53,97 % des cas observés ;

    - Du point de vue des sommes reçues, la catégorie I de la structure étudiée se place en première position avec 38,23 % des sommes reçues sur le total. Cette catégorie se compose des personnes les plus pauvres qui n'ont droit qu'à un maximum de 100 usd par prêt octroyé.

    A l'analyse de l'impact socio-économique des microcrédits sur les ménages des bénéficiaires, les résultats de notre étude établissent que :

    1. Les revenus des bénéficiaires de microcrédits ont augmenté. 78 % de nos enquêtés attestent cette vérité.

    2. L'état nutritionnel des ménages de ces bénéficiaires de microcrédits s'est amélioré : la catégorie 1 repas par jour a baissé de 16 à 9 cas ; celle de 2 repas par jour a augmenté de 22 à 31 cas alors que celle de 3 repas a diminué de 12 à 10 cas observés.

    3. La situation scolaire des enfants est restée la même autant que l'accès à l'eau et à l'électricité qui n'ont connu aucune modification.

    4. Les ménages ont commencé à stocker tant soit peu les aliments de base à la maison et l'évolution des activités de nos enquêtés est positive à 74 %.

    5. La capacité d'épargne et d'investissement n'a pas été améliorée de manière significative bien que les capitaux empruntés aient été remboursés à 84 %. Les microcrédits ont plus servi comme fonds de roulement que comme un levier efficace capable de faire remonter la pente.

    6. Seuls 14 % de nos enquêtés ont reconnu que les crédits obtenus avaient assuré l'indépendance économique vis-à-vis du créancier. 86 % d'autres gardent intact leur besoin de financement.

    Cette oscillation de l'impact induit cependant une opinion plus optimiste que satisfaisante de la part de nos enquêtés, en dépit des difficultés rencontrées de part et d'autre. C'est ainsi que l'on peut lire l'intention des bénéficiaires que l'activité de micro finance soit mieux organisée et pérennisée, que les sommes prêtées et les délais de remboursement soient revues à la hausse pendant que les IMF elles, émettent le voeu de voir la puissance publique s'impliquer dans la sensibilisation du public à la culture de l'épargne.

    Ces résultats nous ont permis à la fois d'infirmer et de confirmer notre première hypothèse de recherche. En effet, nous pensons que l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de la pauvreté à Kisangani, mais compte tenu du temps resté au court terme, ces effets n'ont pas encore permis l'amélioration de tous les paramètres mesurables, tels l'accès à l'eau et à l'électricité ou la capacité d'épargne et d'investissement qui traduiraient une réelle amélioration des conditions de vie de la population. Nous avons pour cela épousé l'avis de MPANZU BALOMBA admettant que la micro finance est une alternative sérieuse aux politiques de développement, ainsi que celui de KUVITUANGA NSIMBA pour qui le secteur de la micro finance est une solution durable pour le développement du pays.

    Mais aussi, les limites auxquelles se soumettent les effets positifs nous ont fait croire, comme IRAGI RUGAMBWA que ces microcrédits ont assuré la survie des ménages et pas encore leur émergence.

    La deuxième hypothèse, elle aussi, est vérifiée en partie. Le manque de remboursement à l'échéance des prêts accordés constitue en effet une difficulté évoquée par les responsables de l'IMF, mais au regard du taux de remboursement définitif qui est de 84 %, il y a lieu de dire que ces microcrédits n'ont pas manqué d'influer positivement les avoirs de leurs bénéficiaires même si, pour ces derniers la modicité des sommes reçues à titre de microcrédits et les délais de remboursement trop courts sont des difficultés réellement vécues.

    A ce point, nous attestons avec les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa et ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu, que la modicité des sommes prêtées et le démarrage du cycle de remboursement au terme d'un mois constituent des difficultés réelles.

    C'est ainsi que nous disons, à l'opposé de PITT et KHANDLER que les microcrédits octroyés par CERP - Gala letu à la population de Kisangani ont certes des effets positifs, mais pas encore des effets significatifs. Aussi, à l'opposé de MENIKO NDIBO qui démontre de manière un peu pessimiste que les IMF n'ont pas permis la croissance des PME à Kisangani, nous consignons dans cette conclusion une note d'espoir, un optimisme quant à la capacité des IMF à diminuer les effets nocifs de la pauvreté sur le vécu du Congolais en général, et du Boyomais en particulier.

    Il faut pour cela réorganiser le secteur, éduquer la population et appuyer la constitution des IMF solides, viables et pérennes comme envisage Clément WONOU.

    Loin de nous l'idée d'avoir réalisé une oeuvre parfaite, nous pensons néanmoins que cette étude a le mérite d'aider à comprendre le phénomène de la pauvreté et le mécanisme de sa réduction basé sur la micro finance. Elle pourra servir de référence aux chercheurs futurs tant au Congo qu'en Afrique ou ailleurs, la question de la pauvreté étant une question universelle. On trouve des pauvres partout.

    Ce travail étant presque qualitatif, vue la période très courte qu'il traite, un travail quantitatif pourrait compléter sérieusement notre étude. C'est ainsi qu'il faudra quantifier l'amélioration de certains paramètres plus tard.

    BIBLIOGRAPHIE

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    YUNUS, M., et JOLLY, A., Vers un monde sans pauvreté, éd. Amazon, Paris, 2005

    II. REVUES, ARTICLES ET DOCUMENTS

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    UNESCO, Texte d'information sur le thème « lutter contre la pauvreté », développé lors de la 7ème semaine du 60ème anniversaire de l'UNESCO, Paris, Octobre 2005

    III. MONOGRAPHIES ET MEMOIRES

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    KALINDE MAKETA, A., Microcrédits et lutte contre la pauvreté : Cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani, TFC, ISDR, Kisangani, 2007 - 2008

    KUVITUANGA NSIMBA, D., La microfinance et les ONGs de financement de PME et PMI

    et la lutte contre la pauvreté en RD-Congo, mémoire de licence, Université de l'Armée du Salut, Kinshasa, 2006 - 2007

    MENIKO NDIBO, J., Le financement des petites et moyennes entreprises par le mécanisme de micro finance, Cas de la COPEMECO / province Orientale, de 1999 à 2004, mémoire de licence, ISC, Kisangani, 2007 - 2008

    MOHAMMED AMINE, B., Impact du microcrédit sur l'activité économique : Cas de l'ASMSSF/MC, mémoire de licence, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, FES, Maroc, 2005-2006

    MPANZU BALOMBA, P., Microfinance en République Démocratique du Congo : Cas du site maraîcher de N'djili / CECOMAF à Kinshasa, mémoire de DES, UCL, Belgique, 2005-2006

    TEBILI, D., Micro finance et développement : une mise en évidence théorique et empirique de la relation, mémoire DEA, FEA, Aix-en-Provence, 2006 - 2007

    YAAYA LIAGOLOGA, V., Pauvreté absolue et/ou relative à Kisangani : recherche des antidotes sociologiques de réduction, mémoire de DES, UNIKIS, FSSAP, 2005 - 2006

    IV. SITES INTERNET

    www.aidh.org

    www.diplomatie.gouv.fr

    www.fr.wikipedia.org

    www.lamicrofinance.org

    www.microfinance.tg

    www.microceditsummit.org

    www.portailmicrofinance.com

    www.stanleyville.be

    www.worldnet.scout.org

    TABLE DES MATIERES

    * 1 UNESCO, Texte d'information sur le thème « Lutter contre la pauvreté », développé lors de la 7ème semaine du 60ème anniversaire de l'UNESCO, Paris, Octobre 2005

    * 2 Carrefour Microfinance, n° 2, Mars 2008, p. 4

    * 3 Ministère du Plan Gouvernement Congolais, Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, DSCRP, Kinshasa, Juillet 2006

    * 4 MOHAMMED AMINE Benjelloun, Impact du micro-crédit sur l'activité économique : cas de l'ASMSSF/MC, Mémoire de licence, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, FES, Maroc, 2006, (inédit)

    * 5 MPANZU BALOMBA Patience, Microfinance en République Démocratique du Congo : Cas du site maraîcher de N'djili / CECOMAF à Kinshasa, Mémoire de DEA, Université Catholique de Louvain, Belgique, 2004-2005, (inédit)

    * 6 KUVITUANGA NSIMBA Djibril, La microfinance et les ONGs de financement de PME et PMI et la lutte contre la pauvreté en RD-Congo, Mémoire de licence, Université de l'Armée du Salut, Kinshasa, 2006-2007, (inédit)

    * 7 IRAGI RUGAMBWA Adolphe, Les microcrédits et le bien-être socio-économique des ménages, Mémoire de licence, ISDR/Bukavu, 2006-2007, (inédit)

    * 8 MENIKO NDIBO Joujou, Le financement des petites et moyennes entreprises par le mécanisme de micro-finance, Cas de la COPEMECO/Province Orientale, de 1999 à 2004, Mémoire de licence, ISC/Kisangani, 2007-2008, (inédit)

    * 9 KALINDE MAKETA Agathe, Microcrédits et lutte contre la pauvreté : cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani, TFC en développement rural, ISDR/Kisangani, 2007-2008, (inédit)

    * 10Ministère du Plan, DSCRP, Op. Cit., p. 27

    * 11 MOHAMMED AMINE Benjelloun, Op. Cit., p. 78

    * 12 MPANZU BALOMBA Patience, Op. Cit., p. 69

    * 13 Djibril KUVITUANGA NSIMBA, Op. Cit., p. 73

    * 14 IRAGI RUGAMBWA Adolphe, Op. Cit., p. 56

    * 15 MENIKO NDIBO Joujou, Op. Cit., p. 47

    * 16 KALINDE MAKETA Agathe, Op. Cit., p. 39

    * 17 Pitt et Khandker, cités par KALINDE MAKETA, A., Idem, p. 2

    * 18 SMITH, A. cité par MPANZU BALOMBA, P., Op. Cit., p. 4

    * 19 GRAWITZ, M., Méthodes en sciences sociales, Paris, 2ème édition, Dalloz, 1974, P. 673

    * 20 Idem, p. 142

    * 21 Le Petit Robert, Dictionnaire de la langue Française, éd. N° 10100237, Paris, 2003, p.1876

    * 22 Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard/Actes Sud, 2004, site Internet www.fr.wikipedia.org lu le 20/09/2008

    * 23 DSCRP, Op. Cit., p. 18

    * 24 La pauvreté in www.worldnet.scout.org lu le 25 octobre 2008

    * 25 ARJUN SENGUPTA, Rapport Extrême pauvreté : Considérer l'extrême pauvreté comme violation de l'un des droits de l'homme les plus fondamentaux, in www.aidh.org lu le 31 octobre 2008

    * 26 Serge PAUGAN, Les formes élémentaires de la pauvreté, PUF, mars 2005, pp. 143-144

    * 27 Seuil de pauvreté in www.fr.wikipedia.org lu le 22 septembre 2008

    * 28 Le Petit Robert, Op. Cit., p. 1628

    * 29 Idem, p. 1074

    * 30 Banque Centrale du Congo, Instruction n° 1 aux Institutions de Micro finance, du 12/09/2003

    * 31 Robert Peck Christen, cité par www.wipipédia.org lu le 25 novembre 2008

    * 32 Qu'est-ce que la micro finance ? in www.lamicrofinance.org lu le 23 septembre 2008

    * 33 Michel LELART cité dans www.lamicrofinance.org Op. Cit., lu le 23 septembre 2008

    * 34 Microfinance, www.wikipedia.org lu le 25 novembre 2008

    * 35 Un Mont de piété est un organisme qui a pour mission de faciliter les prêts d'argent, notamment en faveur des plus démunis, fondé sur le but de combattre l'usure et les taux d'intérêt abusifs pratiqués à l'époque.

    * 36 Microfinance, www.wikipedia.org, Op. Cit., 24/11/2008

    * 37 Idem

    * 38 Patience MPANZU BALOMBA, Op. Cit, p. 22

    * 39 KPIZING ESODONG, Diagnostic revu du secteur de la microfinance au Togo, in www.microfinance.tg lu le 13/01/2008

    * KPIZING ESODONG, Op. Cit., lu le 13/01/2008

    * 40 Bernard Chavance cité par Hermann Didier TEBILI, Micro finance et développement : une mise en évidence théorique et empirique de la relation, Mémoire DEA, Mémoire on line, Faculté d'économie appliquée, Aix-en-Provence, 2007

    * 41 Dirat J-R cité par Hermann Didier TEBILI, Idem

    * 42 STIGLITZ cité par Hermann Didier TEBILI, Op. Cit, p.

    * 43 MASANGU MULONGO, Cadre réglementaire des institutions de micro finance en RDC : situation actuelle et perspectives d'avenir in Carrefour microfinance, Bulletin trimestriel du PASMIF/RDC - n° Spécial introductif, Kinshasa, Octobre 2007

    * 44 LEBUGH cité par Patience MPANZU B., Op. Cit., p.23

    * 45 www.fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_contre_la_pauvret%C3%A9#Lutte_contre_la_pauvret.C3.A9 lu le 23 septembre 2008

    * 46 www.diplomatie.gouv.fr lu le 25 septembre 2008

    * 47 www.fr.wikipedia.org/wiki/Objectifs_du_mill%C3%A9naire_pour_le_d%C3%A9veloppement lu le 25 septembre 2008

    * 48 Michel LELART cité dans www.lamicrofinance.org Op. Cit., lu le 23 septembre 2008

    * 49 Muhammad YUNUS & Alan JOLLY, Vers un monde sans pauvreté, éd. Amazon, Paris, 2005, p. 18

    * 50 EKOFO PANZOKO Jean François, Le secteur de la microfinance : une opportunité pour le développement de notre pays in Carrefour de la microfinance, n° spécial introductif, Kinshasa, Octobre 2007

    * 51 Thierry NGOY, Le Gouvernement de transition face à son engagement de lutter contre la pauvreté, inédit, Kinshasa, 2005

    * 52 Dictionnaire Le Petit Robert, Op.cit., p. 588

    * 53 www.wikipedia.org lu le 3 octobre 2008

    * 54 KABONGO KANDA, Cours de gestion financière à court terme, inédit, L1 ISC/Kisangani, 2007-2008

    * 55 Microcrédit in www.wikipedia.org lu le 15 novembre 2008

    * 56 Un mont de piété est un organisme de prêt sur gage né vers 1462, qui a pour mission de faciliter les prêts d'argent notamment en faveur des plus démunis. ( www.wikipedia..org)

    * 57 Campagne du Sommet de Microcrédit in www.microcredisummit.org lu le 12 novembre 2008

    * 58 Bonne gestion de crédit in www.portailmicrofinance.com lu le 12 novembre 2008

    * 59 Alexander COCKBUM, « Le microcrédit : solution ou mythe ? » in Le Temps du 14/10/2006, p.

    * 60 CASTILLO, Le micro-crédit, outils de financement pour les micro-entreprises dans les pays en développement : Le cas de Perou, Thèse de doctorat, lu dans www.wikipédia.com le 13 novembre 2008

    * 61 Sylvie BRUNEL, Micro crédit : Fiction et réalité, Action Contre la Faim, Aventure n° 90, Automne

    * 62 NYAKABWA M., cité par Vicky YAAYA L., Pauvreté absolue et/ou relative à Kisangani : recherche d'antidotes sociologiques de réduction, Mémoire de DES, inédit, UNIKIS, FSSAP, 2005-2006, p. 31

    * 63 STREIFFELER, F. et MBAYA, cités par YAAYA, V., Idem, p. 31

    * 64 Jean Luc Ernst sur www.stanleyville.be lu le 24 juin 2009

    * 65 Jean Luc Ernst, Op. Cit., lu le 24 juin 2009

    * 66 YAAYA, V., Op. Cit., p. 33

    * 67 VERHAEGEN, B., cité par YAAYA, V., Op. Cit., p. 33

    * 68 YAAYA, V., Idem, p. 36

    * 69 JEWSIEWICKI, B, cité par YAAYA, V., Ibidem, p. 43

    * 70 NGUB'USIM, M. et STREIFFELER, F., cité par YAAYA, V., Ibidem., p. 43

    * 71 PNUD, Rapport National sur le Développement Humain 2008, PNUD, Kinshasa, 2008, p. 17

    * 72 Idem, p. 40

    * 73 PNUD, Op. Cit., p. 42

    * 74 YAAYA LIAGOLOGA, V., Op. Cit., pp. 175-181

    * 75 Michel LELART, Op. Cit.

    * 76 Clément WONOU, Pour contribuer à la réduction de la pauvreté, construisons des IMF viables in Carrefour microfinance,

    n° Spécial introductif, PASMIF/RDC, Octobre 2007






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo