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Les organisations de soirées techno. Le loisir dans l'institutionnalisation du mouvement

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par Fabrice JALLET
Université Paris VII Denis Diderot - Master sociologie des politiques culturelles 2009
  

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Remerciements

Je remercie Alain Girard, maître de conférence à l'Université de Perpignan, pour ses
précieux conseils méthologiques lorsqu'il dirigait ce mémoire au cours de ma
première année de master.
Je tiens également à remercier l'équipe de l'Irma de m'avoir accueilli dans un stage
m'ayant fait prendre le recul suffisant pour réfléchir ce mémoire plus globalement.

SOMMAIRE

Introduction 3

Chapitre 1er : Idéal-typification des organisations de soirées techno et problème de l'usage des typologies 23

Chapitre2 : L'organisation "à l'arrache" 29

Chapitre 3 : L'organisation "dans les règles de l'art" 44

Chapitre 4 : L'organisation "entrepreneuriale" 62

Chapitre 5 : La techno et les politiques culturelles 72

Conclusion 87

Bibliographie 90

Annexes 94

Table des matières 229

Introduction

"L'amateur n'est pas la figure originelle mythique d'un amour de musique dévoyé par notre univers de spécialistes. Il est le point terminal d'une histoire au long cours, qui a peu à peu donné à la musique son autonomie, après en avoir fait un art, et l'avoir difficilement extraite de ses fonctions magiques, de son rôle de transporteur des foules, ou de catalyseur de la foi : après l'avoir délestée de toutes ses missions que sa capacité étonnante à changer nos états collectifs lui a fait remplir, pour favoriser l'adoration - d'un dieu, d'un prince ou d'une république. Et c'est précisemment à la suite de ce long accouchement que désormais le professionnel n'est plus au service d'un collectif en transe, en prière ou en joie, mais qu'il se retrouve, bon gré mal gré, au service d'un marché dont l'immense majorité est constituée d'amateurs, non pas au sens d'instrumentistes amateurs mais bien au sens large qui est le nôtre, d' "usagers de la musique" (c'est-à-dire de pratiquants d'un amour de la musique, que celui-ci passe par le jeu, la fréquentation d'un groupe, l'assistance à un concert ou l'écoute de disques et de la radio). À l'observation, l'amateur ne s'est jamais si bien porté"1

(Hénion A., Maisonneuve S., Gomart E., 2000).

1 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E., Figures de l'Amateur. Formes, objets, pratiques de l'amour de la musique aujourd'hui, La Documentation Française, Paris, 2000, p.51

De la fête techno vécue à l'attention portée sur son organisation

Mon mémoire porte sur les fête techno, un pan du réel qui m'intéresse mais sur lequel je n'avais jamais tenté de réfléchir méthodiquement avant cette recherche. Vivre le réel ne signifie pas le comprendre de manière scientifique. J'ai dû chercher les connaissances scientifiques sur la fête techno afin de prendre de la distance avec mon vécu. La fête techno est un phénomène social récent, aussi les recherches portant sur lui n'ont commencé que dans les années 1990. Les premières ont entrepris de comprendre la musique techno, le mouvement culturel, les pratiques à risque, la jeunesse ou le communautarisme.

La musique, le lieu et les participants créent la fête, ce sont les trois éléments principaux qui rendent possible une fête techno. Voilà, ce que l'on peut observer au premier abord lorsqu'on se rend pour la première fois dans ce genre d'événements. Cependant, cette lecture du social est insuffisante pour le comprendre. Des acteurs rendent possible la réunion de ces trois éléments : les organisateurs. Les "organisateurs" sont les membres d'un groupe qui prépare des soirées techno. "Organiser", c'est faire une fête. "Par exemple, parler de faire la fête veut généralement dire participer à une fête, alors que parler de faire une fête veut généralement dire organiser la fête2". S'il se produit de nos jours ce genre de phénomène qui a les apparences de la spontanéité et du désordre, qui repose même sur la valorisation de ces apparences, il faut comprendre que la fête techno repose sur une activité d'organisation. Alors, pour tenter d'apporter des réponses, non sur l'apparition de ces phénomènes contemporains, mais sur la continuité de leur production, il ne faut pas laisser ceux dont la volonté conduit à proposer une soirée techno.

C'est la raison pour laquelle je propose dans ce présent sujet de centrer mon travail sociologique sur ces acteurs du social et de tenter de comprendre leurs actions.

Encadré n°1 :

Ma découverte du mouvement techno

Lors de mes premières années à l'université, j'avais trouvé un petit job pendant 2 ans dans une association qui organisait des soirées étudiantes dans des discothèques. Ce job était à la fois une source de revenu, en supplément de ma bourse, et un moyen de gagner de l'expérience en la matière. Organiser ce genre de soirées avait quelque chose de flatteur aux yeux des autres étudiants. Pourtant, je n 'ai jamais aimé passer des soirées en discothèque à cause de la musique que je trouvais très commerciale (toutes les discothèques diffusent les mêmes chansons depuis que je suis adolescent), du prix des consommations et de

2 Hampartzoumian S., Effervescence Techno ou la Communauté Trans(e)cendantale, L'Harmattan, 2004 p.117

l'atmosphère dragueuse qui y règne en permanence. Généralement côté sorties, je préférais boire un verre dans le centre ville ou voir un concert dans une salle.

Pour ma quatrième année de droit, je suis parti en Erasmus dans une ville de Belgique flamande. Je n'avais aucun goût pour la musique techno et les soirées qui s'organisaient autour. Mais j'en étais tout de même curieux, à force d'en entendre parler. Des amis, qui avaient déjà fait cette expérience, m'y conduisirent pour la première fois. Mes deux premières teufs avaient eu lieu dans de grandes friches industrielles à la périphérie de Gant et sont restées assez similaires dans ma mémoire. J'appris plus tard que cette ville est un « foyer » de la culture techno en Belgique. Lorsque nous sommes arrivés sur le parking, des dizaines de voitures étaient déjà garées. Ce parking avait d'inhabituel qu'il y avait d'abord une proportion importante de camionnettes et que beaucoup de personnes étaient encore dans leur véhicule. Après avoir traversé le parking, nous sommes arrivés face à un grand bâtiment, une sorte d'usine visiblement laissée à l'abandon. Juste après le passage du seuil, nous nous sommes acquittés du prix d'entrée et laissés tamponner la main. Mes amis appellent la musique qui y était diffusée, la Trance Psychedelic ou Goa. Le rythme était très rapide, cadencé, même rotatif. Beaucoup de petits sons criards, métalliques, etc. apparaissaient et disparaissaient créant des mélodies, pour moi, étranges. Le lieu faisait partie prenante de la décoration : ces vieilles usines se composent essentiellement de béton et de métal. Comme pour réchauffer l'atmosphère, des tentures aux couleurs fluos étaient disposées tout autour de l'immense salle. Celles-ci brillaient comme des lucioles en pleine campagne. Des personnes parlaient entre eux immobiles ou dansaient en rythme sur la surface libre de la salle (le "dancefloor"). Elles étaient pour la plupart tournées vers le fond. Une table y était installée avec dessus, du matériel électronique et des fils dans tous les sens. Derrière la table, le "Dj" avait un casque à moitié sur les oreilles et dansait lui aussi en rythme. Il jettait parfois un coup d'oeil sur la salle lorsqu'il appuyait sur des boutons. Des enceintes étaient disposées tout autour de la salle, et juste devant chacune d'elles des personnes dansaient souvent les yeux fermés. À l'opposé, de la "cabine du Dj", un coin de la salle était délimité par des sièges, des tapis et des tables avec des personnes installés ça et là. Ils l'appelaient "le chill-out". Une autre musique dominait, une musique beaucoup plus calme, aux sonorités très exotiques. Dans la continuité du chill-out, on trouvait le bar. On y servait de la bière, du vin, des sodas et des jus de fruits à boire. Un autre stand servait des boissons chaudes : du thé, du café, des irish coffee (du café avec du wisky) et des assiettes de spaghettis bolognaises. Nous sommes restés faire la fête jusqu'au petit matin, puis nous sommes rentrés nous coucher. Ces deux soirées m'ont fait découvrir un autre type de sorties. Comparé aux discothèques que j'avais connu, ce genre de soirée m'avait beaucoup plu. Je me suis même surpris à danser alors que ce n'était pas mon habitude en public, et en plus sur cette musique. D'ailleurs, je doute que j'aurais apprécié la trance goa à la maison. J'ai beaucoup aimé le chill-out, un endroit plus retiré de la fête pour discuter avec les personnes qui accompagnent et même pour faire des rencontres sans le côté drague qui me rebutait.

La troisième et dernière soirée techno, dans laquelle je suis allé en Flandres, avait lieu à Breda dans une église. L'idée de passer une soirée dans un tel lieu était autant dérangeante qu'excitante. J'avais déjà entendu parler de fêtes se déroulant dans des lieux construit pour les cultes religieux et réhabiliter pour sortir. L'information de cette soirée nous avait été communiquée par un Dj Trance que nous connaissions bien. Lui l'avait obtenu sur le site internet psychedelic.be, une référence sur ces soirées en Belgique. Il avait alors contacté les organisateurs via internet, car cette soirée devait compter un nombre limité de participants et il fallait réserver les entrées. Nous sommes donc partis à quatre dans une voiture pour deux heures de routes. À Breda, nous avons mis un peu de temps avant de trouver le lieu. L'église avait un aspect extérieur assez banal. Puis nous sommes entrés à l'intérieur. Le dancefloor

était installé dans la chapelle située dans l'aile droite. C'était minuscule comparé au fête précédentes, mais nous comprenions pourquoi l'accès était limité. Alors que les objets de cultes étaient absents, de multiple représentations étaient peintes directement sur les murs, allant des Aum à des signes plus abstraits, (« psychédéliques », disent certains) et des tentures étaient accrochées sur les murs avec les mêmes types de motifs. Le chill-out se trouvait autour de ce qui avait servi d'autel. Ce n'est qu'au matin que j 'ai pu constaté que cette église était réellement squattée. Des tas de matériels étaient entreposées sur toute la surface de la nef. J'ai pensé que tous ces objets avaient été récupérés et qu'ils étaient stockés avant d'être utilisés à nouveau. La veille, nous étions entrés par une porte proche l'aile droite. Si nous étions entrés par la porte principale, nous aurions peut-être aperçu une zone fermée par des rideaux. Par curiosité, je suis allé jetté un coup d'oeil à l'intérieur. Il ne s'y trouvait qu'un petit autel et des chaises tournées vers lui. Ce petit endroit clos m'a semblé être un lieu de culte, comme si les squatteurs avaient investi cette église et qu'il ne restait que ce petit endroit pour les pratiquants qui veulent assister à l'office.

Lorsque je suis arrivé à Perpignan, je ne connaissais personne. Les quelques rencontres que j'ai faites m'ont immédiatement mis le pied à l'étrier. Au bout d'un mois, je suis devenu vacataire pour une association organisatrice de concerts de musique classique. Mon poste consistait à ouvrir la salle et accueillir le public, veiller à la sécurité des personnes et à leur confort, saluer le public une fois le concert terminé et fermer la salle. Un tel job étudiant, propulse le primo arrivant sur un territoire dans une nouvelle sphère : le monde de la culture ou presque, le monde de la Culture. Par le biais de rencontre avec d'autres organisateurs d'événements, j'ai ensuite participé, mais à titre bénévole, à des festivals de musiques dites populaires dans le centre ville de Perpignan (Sirocco et Ida Y Vuelta). Pour améliorer mes conditions de vie et pour entrer davantage dans le monde des cultures, il m'est apparu opportun de commencer à rechercher des contacts en dehors des cercles qu'on m'avait déjà ouvert.

Un week-end, je suis allé passé une soirée techno avec des amis. Je n'avais pas mis les pieds dans ce genre de soirée depuis mon séjour en Erasmus. J'avais été invité par l'organisateur dont j'avais fait la connaissance par hasard. Cette fête avait lieu dans un mas à Cabestany. Ce soir-ci, c'était une soirée techno, un autre ce serait un mariage et encore un autre un anniversaire. Cette polyvalence tient tout d'abord au fait que cette grande bâtisse, construite sur un étage, peut accueillir un très grand nombre de personnes dans sa grande salle. De plus, si l'on ne s'intéresse qu'aux murs, il règne dans ce lieu une neutralité adéquate pour l'arranger en fonction de l'usage escompté. Le jardin extérieur ajoute un certain confort à la salle : on peut sortir prendre l'air, et s'éloigner du bruit. D'ailleurs, l'organisateur n'avait pas installé de chill-out. Quelques tables et chaises assuraient cette fonction. L'ambiance de cette soirée différait quelque peu des fêtes trance que je connaissais : la techno remplaçait la goa et la décoration rappelaient davantage l'esprit disco (au lieu des lasers, la lumière était composée de spots, de stroboscopes et de boules à facettes).

J'ai recroisé F. quelques mois plus tard. Ce dernier, étant à la recherche de personnel, me proposa de travailler pour lui dans l'une de ses soirées. Mon premier intérêt dans cette rencontre avec l'association C. et le milieu techno local était de pouvoir travailler la nuit et le week-end : un intérêt purement personnel.

Pour un étudiant, trouver une source de revenus le week-end est une aubaine en raison du manque de temps pendant la semaine. Je n'ai jamais signé de contrat, de travail ou de bénévolat, avec ces organisateurs. Ce qui était entendu entre nous avait fait l'objet d'une négociation orale uniquement. Mon intéressement dépendait des recettes de chaque soirée et du choix arbitraire de l'organisateur principal qui jugeait mon travail. Mon rôle au sein de ces fêtes techno a surtout été celui d'un organisateur, d'un membre de l'équipe qui conçoit et réalise ces fêtes. N'ayant pas d'aptitude particulière à apporter dans la préparation du site

comme la musique, les tâches que l'on m'a confié étaient tout d'abord d'accompagner ceux qui détenaient les savoirs-faire (une fête). Ensuite, ma seule responsabilité, et pas des moindres, était de mettre en place le bar. Je devais le gérer au cours de la soirée. Disposer les boissons de telle manière à ne pas perdre de temps le moment venu, préparer les cocktails à l'avance afin que ceux-ci massèrent suffisamment, décorer au mieux ce lieu dont dépend en grande partie la recette de la soirée et aussi la mienne.

Comme je l'expliquais, ce milieu présentait déjà et en dehors de toute recherche scientifique, des attraits aiguisant ma curiosité : je trouve que la fête techno est un lieu de productions culturelles variées. En travaillant derrière un bar, les barmaids ont un point de vue central sur la fête. Ils sont tout d'abord entre l'organisation et le public. Ils reçoivent des informations, des plaisanteries et des requêtes des autres organisateurs répartis sur les autres lieux de la fête. D'autres part, on peut y pratiquer des échanges avec le public qui recherche souvent au bar, outre le service proposé, des intéractions avec celles et ceux qui en assurent la permanence. Ensuite, les gérants du bar sont ceux qui débitent les boissons et que l'on soit là pour monter la fête ou pour simplement s'amuser, on consomme. Dès lors, une complicité se met en place avec chaque consommateur : se souvenir de ce qu'il boit le flatte, il a l'impression d'être unique. Cette multiple complicité est un véritable atout pour celui qui cherche à poursuivre son entrée dans un milieu encore nouveau. Les organisateurs m'ont tout de suite considéré comme un des leurs, sans réellement me connaître, et le public comme un interlocuteur privilégié de l'organisation, facile à trouver et à leur écoute.

Dès la première soirée, j'avais fait la rencontre de nombreux acteurs des fêtes techno de Perpignan. En approfondissant mes liens avec ces complices au cours des soirées suivantes, je découvris qu'ils n'étaient pas seulement "public" ou "deejay" mais membres d'autres structures organisatrices de soirées techno ou qu'ils faisaient partie de leur cercle de connaissances. Le milieu techno de Perpignan me parut alors comme un grand réseau.

Voilà donc où j'en étais au moment de choisir un sujet de mémoire pour le Master 1. J'étais attiré par la sphère culturelle et en particulier des événementiels autour de la musique. Mes préférences en terme d'objets sociologiques se sont parallèlement portés sur cette sphère. Il ne me restait plus qu'à choisir lequel allait susciter le plus d'intérêt afin de faire un mémoire, lequel deviendrait mon objet de recherche. D'où mon choix définitif : les fêtes techno.

De la fête à la fête techno.

La fête techno est l'objet de l'organisation, sa raison d'être. Mais qu'est-ce donc que la fête ? Dans le dictionnaire Larousse le terme "fête" désigne deux sens principaux : "célébration religieuse ou civile, en commémoration d'un fait important" et "réjouissances organisées par un particulier ou une collectivité". Il a pour synonyme dans le deuxième sens "réception" et "soirée". En 2008, Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS, a signé un ouvrage intitulé la Teuf, sous-titré Essai sur le Désordre des Générations3. À partir d'une vaste enquête de terrain, elle parvient à dessiner le portrait du "fêtard" contemporain pour lequel "la fête se confond avec un mode vie"4. Monique Dagnaud retrace l'évolution de la fête jusqu'à son inversion, la "teuf". L'anthropologie est la discipline des sciences humaines qui s'intéressa tout d'abord à la fête. Ainsi, la fête est un temps

3 Dagnaud M., La Teuf. Essai sur le Désordre des Générations, Paris, Seuil, 2008

4 Ibid. p. 11

particulier extrait de l'activité humaine ordinaire, une "respiration", une "période d'extravagance" (Dagnaud M. 2008). Son essai portant sur les pratiques festives des "jeunes de le déjantes" croise ainsi des recherches sur l'imaginaire social, celles de Michel Maffesoli et de son équipe dont celui qui fut son élève, Stéphane Hampartzoumian.

Les recherches du CEAQ (Centre d'études sur l'actuel et le quotidien, Université de Paris V Descartes) et du GREMES (Groupe de recherche et d'étude sur la musique et la socialité) publiées dans la revue Sociétés, dont Michel Maffesoli est le rédacteur en chef, sont incontournables pour celui qui étudie les fêtes techno en France aujourd'hui. "À leurs yeux, la techno doit être envisagée comme un symptôme de notre société contemporaine. En ce sens, les chercheurs maffesoliens (dominants le champ) ont l'ambition de produire des travaux à visée explicative, tandis qu'une poignée d'autres chercheurs (plutôt proches de la revue Mouvements) tentent de produire des travaux à visée descriptive et compréhensive au sens d'un "monde" à la Becker. La volonté de mythifier d'une part et de démythifier d'autre part constitue une ligne de partage espistémologique majeure"5. Pour des raisons pratiques et de positionnement scientifique, le présent sujet se réfère en particulier aux travaux des "étudiants inspirés par sa pensée" (celle de Michel Maffesoli) avec l'objectif de les présenter et de les questionner au regard d'une enquête de terrain. De nombreuses analyses étaient disponibles pour expliquer la fête techno mais aucune ne traitaient à proprement parler des organisateurs (Hein F., 2008).

Stéphane Hampartzoumian a rédigé une thèse sur l' "effevescence sociale" des fêtes techno, dont il convient à présent de donner une définition. En effet, l'une des qualités du travail de Stéphane Hampartzoumian dans la fête techno, réside dans son effort de définition des termes qui servent à décrire ce pan du réel. "La faiblesse (et probablement la force) du mot fête, c'est qu'il désigne deux choses qu'il faut impérativement distinguer si l'on tient à penser analytiquement la fête. Le mot fête désigne à la fois l'effet de la fête, c'est-à-dire l'émotion induite par la fête, l'effusion collective, l'effevescence sociale ET la forme de la fête, c'est-à-dire sa modalité rituelle, sa liturgie, son dispositif"6. Il distingue dans la fête par l'opposition classique du fond et de la forme deux types de fêtes : celle qui s'organise et celle qui se vit. Seule la première m'intéresse dans ce sujet bien qu'elles soient interdépendantes. Il poursuit en expliquant que "parler d'organiser une fête, c'est donc à proprement parler d'organiser le rituel de la fête et non pas l'effet festif qui lui ne s'organise pas. Seules s'organisent les conditions de possibilités d'accomplissement d'une émotion collective".

5 Hein F., La question des genres musicaux en France, p. 170, in Stéréo, Sociologie comparée des musiques populaires France/G.-B., (dir. Dauncey H. et Le Guern P.), coll. Musiques et Sociétés, éd. Mélanie Séteun et Irma éditions, La Basse Ménerais/Paris, 2008. Je vais présenter les différents travaux produits par le GREMES. S'agissant des autres chercheurs, voir notamment la revue Mouvements n°42 -2005/5, Techno, des corps et des machines.

6 Hampartzoumian S., Effervescence Techno ou la Communauté Trans(e)cendantale, Paris, L'Harmattan, 2004. Cet ouvrage est la version publiée de sa thèse rédigée sous la direction de Michel Maffesoli.

Stéphane Hampartzoumian fournit bon nombre d'informations sur les organisateurs de fêtes techno. Il les distingue des participants car ceux-ci réunissent les "conditions de possibilité d'accomplissement" de la fête. Mais il ne fait pas à proprement parler une thèse sur l'organisation des fêtes techno, il différencie les organisateurs des participants à la fête pour finalement les considérer comme des acteurs au même titre que les participants. Sa démarche est de prouver l'existence de l' "effervescence sociale" qui se produit dans des rituels techno pour affirmer l'existence de ce qu'il nomme la "communauté trans(e)cendantale" (Hampartzoumian S., 2004).

Dans un article intitulé "Jeunesse et musique populaire : le cas des musiques électroniques"7, Anne Petiau fait la distinction entre la "musique populaire fonctionnelle" et la "musique populaire et le monde l'art". On peut rattacher à la première le participant de la fête techno, ce jeune "indéterminé" recherchant l' "effevescence festive" et la communauté ; à la seconde un adulte professionnalisé dans un milieu pour lequel la techno est devenu un "objet d'esthétisme" après avoir dépassé la première dimension collective. Deux types d'acteurs de la fête semblaient donc mis en évidence : le participant et le professionnel (Petiau A., 2003).

Avant de commencer mon enquête de terrain, je pensais avoir affaire à des phénomènes culturels et politiques d'opposition, à des phénomènes produits en dépit des règles et des normes établies par la société, donc clandestin ; et, même plus loin, que ces phénomènes pouvaient s'expliquer par la volonté de faire à contre courant, à l'instar de la musique techno apparue à Détroit dans sa dimension esthétique positionnée eu égard l'industrie et dont elle reprenait les traits en la subvertissant. Je suis donc parti de l'idée de faire un mémoire sur des phénomènes culturels "underground". Je ne rattachais pas ces phénomènes à une quelconque spiritualité, c'est pourquoi l'explication par "l'effervescence sociale" me semblait un peu extravagante. Puis, j'ai rapidement observé que ceux qui organisaient ce type d'événements essayaient de respecter le corpus de règles juridiques mis en place par la société. Mon préjugé était donc trop hâtif : le caractère clandestin d'une soirée ne suffisait pas à expliquer pourquoi ils l'organisaient et n'impliquait pas qu'il puisse être subversif.

La "professionnalisation" dans le secteur ne suffisait pas non plus, puisque des organisateurs étaient, a priori, bénévoles. Alors, pourquoi ces individus organisaient-ils ces fêtes ? Il fallait s'orienter vers d'autres concepts explicatifs que le rejet de l'autorité et le choix de la professionnalisation dans la fête.

7 Petiau A., "Jeunesse et musique populaire : le cas des musiques électroniques", publié le 23 janvier 2003 sur le site internet du GREMES

L'institutionnalisation de la fête techno.

La fête propose un temps et un lieu pour écouter de la musique techno. Or, pour comprendre l'organisation de fête techno, il faut revenir sur son processus d'institutionnalisation en France. "Pourtant à compter de 1981, un changement va s'opérer. Suite aux travaux de Michel De Certeau sur les cultures populaires notamment (il réalise, entre autres, la postface de la première enquête sur les pratiques culturelles des Français en 1973), le ministère Lang propose la notion de « démocratie culturelle » en réponse à la « démocratisation culturelle » initiée par Malraux. Toute pratique culturelle devient, a priori, digne d'intérêt. En musique, il en va ainsi du jazz, du rock, de la chanson ou, un peu plus tard du hip-hop et de la techno"8 (Guibert G. 2005). Ce que l'auteur explique est que la techno a fait l'objet d'une prise en compte par les politiques culturelles à l'instar des autres musiques populaires. En 1996, l'annulation de la fête Polaris et la constitution de l'association Technopol qui en a découlé, marque la naissance du dialogue entre les acteurs du mouvement et les autorités publiques. Bien que les organisateurs de cette fête étaient des professionnels du spectacle et que cette fête respectait les règles légales, son annulation causa des effets pour toutes les fêtes techno. Cet événement était l'élément déclencheur, et "structurant" selon Stéphane Hampartzoumian, d'un "processus d'institutionnalisation spécifique" à la fête techno ayant conduit à la "scission du mouvement" en France. Nous reviendrons tout au long de ce mémoire sur ces effets et sur l'évolution des fêtes techno, sur le rôle de l'institutionnalisation dans sa structuration.

Du loisir à homo festivus festivus ?

Pour comprendre ce que représente pour ces individus leur activité d'organisation dans le cadre de leur vie, j'ai tenté de placer l'organisation de soirées techno dans le cadre plus général de la société. On oppose généralement le travail et le loisir. On classe volontier ce qui est de l'ordre de la fête dans les activités de loisirs sauf lorsqu'il s'agit expressemment d'une profession. Comme le signalent Norbert Elias et Eric Dunning, le travail dans les "sociétés plus différenciées et urbanisées" a tendance à se quantitifier en terme de temps comptable. Les travailleurs vendent ce temps pour obtenir le revenu nécessaire à leur vie. Pendant ce temps de travail, ils ne sont pas libres de faire ce qui leur aurait été loisible de faire s'ils ne vendaient pas leur temps. Le temps de travail est donc un temps contraint, tandis que le loisir est un temps libre. Mais cette "polarisation" est plus conceptuelle que réelle : les deux auteurs prennent l'exemple du travail ménager et du sport

8 Guibert G., Les Musiques populaires : Commerce, loisir, underground ou tiers-secteur ? Socio-histoire de l'implication des politiques au sein d'une pratique culturelle. Troisième intervention dans le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005, publié la revue Cahier de la Psychologie Politique numéro 7, juillet 2005 Dossier Musique et Politique.

professionnel pour l'illuster9. De plus, le temps libre ne contient pas que le temps consacré au loisir, il est également un temps naturellement occupé pour la gestion du ménage, le repos et les besoins naturels de l'homme. Dans l'antiquité le loisir grec, otium en latin, était un temps consacré à l'enrichissement de l'esprit contrairement au travail, negotium en latin, un temps répugné par les Grecs et réservé à l'esclave. En sociologie, les recherches de Joffre Dumazedier sur le loisir se sont orientées vers diverses fonctions du "loisir". Alors qu'il n'était autrefois qu'un temps de délassement et de reproduction de la force de travail, le loisir est aussi devenu avec l'évolution économique un « loisir-divertissement », dont la fonction « délivre de l'ennui » et un « loisir-développement » de la personnalité délivrant « des automatismes de la pensées et de l'action quotidienne ». Il définit donc le loisir comme « un ensemble d'occupations auxquelles l'individu peut s'adonner de plein gré, soit pour se reposer, soit pour se divertir, soit pour développer son information ou sa formation désintéressée, sa participation sociale volontaire ou sa libre capacité créatrice après s'être dégagé de ses obligations professionnelles, familiales et sociales »10 (Dumazedier J., 1962).

L'évolution de notre société est allée vers l'accroissement du temps de loisir sur le temps de travail (diminution du temps de travail hebdomadaire, alternance temps chômé - temps travaillé, congés payés, etc.) et une diminution des contraintes du travail (télé-travail par exemple). Aux chômages structurel et conjoncturel se sont ajoutées la précarisation des emplois et la partiellisation du temps de travail. Avec le développement de la consommation de masse, le loisir est devenu un marché porteur et un temps privilégié. Le loisir des uns fait le travail des autres. Le développement du tourisme au cours du 20è siècle découle directement de ce processus de libération du travail pour les individus.

Une autre évolution est venue transformée profondemment la fête. Si la décennie 1960 marque la fin des grands mouvements sociaux ouvriers, elle signe le départ des mouvements de la jeunesse, de l'apparition de cette nouvelle classe d'individus sortie de l'infans ( du latin "celui qui ne parle pas"). Monique Dagnaud consacre d'ailleurs un chapitre de son ouvrage au développement de "la fête dans la culture juvenile ". Cet extrait en résume la teneur : "les jeunes ne fréquentent plus les bals qui se sont "ringardisés ". Boîtes, bars, salles de concert, terrains vagues pour les festivals techno, appartements vides : les lieux de divertissement du samedi soir se sont diversifiés et étendus. L'industrie musicale a explosé, mettant sans cesse dans les gondoles de nouvelles têtes d'affiche et de nouveaux genres musicaux. La gamme des boissons alcoolisées aussi, sous les auspices de l'industrie alimentaire qui a adapté ses prix et imaginé quantité de nouveaux mélanges (les mixs et les cocktails). Surtout, alors que dans les années 1970 la drogue était peu répandue (moins de 1 %

9 Comme nous le verrons lors du Chapitre 4, le choix de la professionnalisation peut dépendre de l'activité de loisir.

10 Dumazedier J., Vers une Civilisation des Loisirs, Paris, Seuil, 1962, pp.26-27-28

des enquêtés de Jean Duvigneau l'avaient essayé), elle s'est banalisée. Les valeurs de l'hédonisme, du consumérisme et du ludique, enfin, ont traversé l'univers éducatif des générations montantes"11 (Dagnaud M., 2008).

Dans son article précédemment cité, Anne Petiau tente d'expliquer comment les jeunes se saisissent des musiques populaires pour se construire. L'adolescence est une étape décisive dans la construction de l'identité des individus. "On peut envisager l'investissement des jeunes dans le milieu des musiques électroniques comme une étape importante dans leur processus de socialisation. Si, de par le phénomène de prolongation de la jeunesse, ces jeunes ne sont pas encore entrés dans la vie adulte, ou ont franchi certaines étapes mais pas d'autres (par exemple, être en couple mais être en précarité professionnelle), ils vont trouver dans le milieu des musiques électroniques des valeurs auxquelles s'identifier, des rôles à expérimenter, et à travers ces expérimentations vont construire leur propre identité" (Petiau A., 2003). Ceci explique que la techno, dernier grand courant musical apparu, soit avant tout investi par les jeunes et qu'il fait bon d'aimer la techno pour paraître jeune.

Claude Rivière s'est également intéressé au rapport de la jeunesse qui, face à la culture dominante, s'identifie à des sous-cultures attâchées à la musique. Il décrit des jeunes à la recherche de la marginalité pour se différencier, tout en adoptant bon nombre des valeurs de la culture qu'ils rejettent. Il fait ainsi le rapprochement entre ces rites et le rite de passage de l'adolescence. Le courant « Acid House Music » offre un terrain propice à cette différenciation eu égard à la rupture opérée avec le courant « Rock », préférant les rituels communautaires et la « béatitude » bercés dans une symbolique issue du mouvement hippie que le star system très présent dans le rock (Rivière C., 1995)12.

Les fêtes se sont multipliées. Monique Dagnaud parle "d'apologie de la fête"13 et valide la thèse de l' "homme hypermoderne" évoluant dans une société de l'hyperconsommation. L'essayiste, Philippe Muray, a constaté cela au travers de son observation de la vie quotidienne et de la presse. Commentateur des changements sociaux et politiques, il a publié en 2005 un ouvrage intitulé Festivus Festivus, dans lequel il répertorie avec Elizabeth Levy les manifestations de la mutation d'homo sapiens sapiens, l'homme qui sait qu'il sait, à l'état d'homo festivus festivus, l'homme qui festoie qu'il festoie. Il accuse les hommes politiques (Jack Lang et Bertrand Delanoé notamment) et scientifiques (Michel Maffesoli14) d'être les complices de cette mutation menant à la "fin de

11 Dagnaud M., op. cit. p.48

12 Rivière C., Les Rites Profanes, PUF, Paris, 1995, pp. 121-127.

13 Dagnaud M., op. cit. p.15

14 Muray P., Festivus Festivus. Conversations avec Elizabeth Lévy, Fayard, Paris, 2005 p. 82. notamment "[...] pourlécheur de la "transe techno", du "groupe en fusion", de l' "union cosmique", de l' "orgiasme musical", des "confins de la vacuité" et encore d'autres foutaises lyriques qui ne sont qu'autant de synonymes de la prosternation

l'Histoire" (Muray P., 2005).

Le temps de l'amateur

Le 20è siècle est enfin la période qui a connu le développement de la reproduction des oeuvres musicales : disques, disques compacts (cds) et oeuvres numériques. Parallèlement, s'est dessinée une nouvelle figure, l'amateur.

"Amateur" est un terme polysémique dans la langue française. Dans le dictionnaire Larousse de la langue, le terme "amateur" possède deux sens positifs et deux sens négatifs que l'on peut regrouper en deux sens, chacun d'entre eux ayant un recto mélioratif et un verso péjoratif. D'une part, il est celui qui s'adonne à une pratique pour son agrément, sans en faire sa profession. Alors, on ne définit cet amateur que négativement par rapport au professionnel, si bien que sa pratique peut être dépréciée et considérée comme manquant de compétences et de sérieux. Il est d'autre part cet individu qui a développé du goût et de l'attirance pour quelque chose. Si cet individu qui aime quelque chose désire l'acquérir, il devient aussitôt l'amateur au sens de l' "acheteur", qui privatise égoïstement l'objet de son amour. On peut donc distinguer chez l'amateur deux tendances, entre un amour passif et un amour actif. Dans le champ musical, l'auditeur est la figure directement liée à la réception de la musique, tandis que le pratiquant se caractérisise par son activité dans la musique. L'amateur est une figure négligée de la sociologie qui reste profondément construite dans la distinction travail-loisir. L'amateur de musique est attaché à l'auditeur et au mélomane dans la sociologie du goût. Avec le développement de la consommation de masse d'après-guerre, celle-ci n'y cherche plus que les structures sociales qui déterminent ses goûts.

En 2000, Antoine Hennion, Sophie Maisonneuve et Emilie Gomard ont signé un ouvrage qui analyse la figure de l'amateur à partir d'une enquête de terrain sur ceux qui aiment la musique classique et au moyen d'une sociologie de la médiation15. En constructivistes, les auteurs ont recherché l'origine historique de l'amateur. "Ce n'est pas le professionnel qui est une déviation moderne et pervertie de la pratique musicale authentique de nos ancêtres, c'est l'amateur". Celui-ci n'est donc pas antérieur à la reproduction de la musique par la technique, il en est le résultat. De plus, ils distinguent le professionnel de l'amateur, l'un vivant de sa pratique, l'autre pratiquant pour son plaisir. L'amateur est donc au sens large un "usager de la musique"16 (Henion A., Maisonneuve S., Gomart E., 2000).

Cette étude a été conduite auprès d'amateurs de musiques classiques. Aussi, peut-on se demander si
elle reste valable concernant la musique techno. Généralement, celui qui diffuse la musique au

[...]".

15 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E., op.cit.

16 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E., op.cit. pp.50-51

cours d'une soirée techno est le disc-jockey. Le dj est un auditeur avant d'être l'individu producteur de musique. Le dj ne produit pas, il connait la technique de ses appareils de reproduction mais ne connait pas toujours la structure la musique, il l'aime et doit savoir la faire aimer17 (Jouvenet M., 2001).

Est-ce que les organisateurs sont des amateurs pratiquant de la musique et de la fête s'adonnant à un loisir ? Pour tenter de répondre à cette question, je suis donc entré en contact avec des organisateurs correspondant à ce profil : ni clandestin ni professionnel (les organisateurs "ni ni").

L'enquête de terrain

Pour cerner l'organisateur "ni ni" qui ne se classe donc ni dans le type jeune rebel ni dans le type professionnel, j 'ai focalisé mon enquête sur les membres d'organisations associatives qui montaient des soirées techno dans Perpignan et ses environs. L'association Mystic Chrysalide m'a proposé d'observer sa manière d'organiser des soirées techno. Puis, pour avoir des points de comparaisons, je suis entré en contact avec des organisateurs d'autres structures auxquels j'ai appliqué le même type d'entretien.

L'objectif de cette enquête sur les organisateurs "ni ni" étaient justement de vérifier la typologie proposée par Anne Petiau, de l'enrichir si elle était suffisante ou d'en proposer une nouvelle plus fidèle à l'observation du terrain. Seule l'enquête qualitative me permettrait de juger des raisons pour lesquelles un individu organise des soirées techno. La méthode par entretien "permet d'atteindre la sphère des représentations et de la perception subjective d'une réalité par ses acteurs, qui sont à la fois complexes et situées"18. De plus, ces entretiens seraient ouverts voire biographiques pour permettre à l'interlocuteur d'enrythmer lui même son discours, de livrer les motifs de son action. À défaut, l'organisateur de soirées illégales aurait pu adopter une position défensive et me livrer un discours officiel faisant écran sur ses réelles motivations. Il existe, selon Paul Ricoeur, une « affinité entre l'action et le récit »19. Le récit de vie autorise l'enquêté à organiser lui-même sa biographie, à choisir lui-même les liens entre les événements et les situations, à insister plus particulièrement sur une partie de son histoire. Lorsqu'il a reccueilli le récit, le chercheur met en lumière des fragments de réalité sociale dont on ne sait pas grand chose a priori, outre des représentations (stéréotypes, préjugés...). Son travail consiste ensuite à tenter de conceptualiser et de mettre en hypothèses les occurences et les récurrences qu'il a dégagé à partir de son travail

17Jouvenet M., 2001, « "Emportés par le mix". Les DJ et le travail de l'émotion », Terrain, n° 37, pp. 45-60.

18 Le Digol C. (sous la responsabilité éditoriale de), Dictionnaire de Sociologie, Encyclopedia Universalis et Albin Michel, 2007, p.719

19 Bertaux D., Le Récit de vie : Perspectives ethnosociologiques, Nathan Université, 1996.

préparatoire. En effet, bien que les situations individuelles soient uniques, des logiques peuvent être dégagées et mises en rapport entre elles (Bertaux D., 1996). Dix entretiens ont été réalisés au cours de l'enquête, étalée entre janvier et mai 2008, dont les transcriptions sont portés en annexe.

Tableau récapitulatif des entretiens

 

Sexe

Âge

Situation
sociale

Organisation

Forme

Style
musical

Rôle
organisation

Rôle
soirée

Anthony

H

31

Chômeur

Melting Pot
Mystic
Chrysalide

Association

Techno variée

Secrétaire et
membre actif

Dj, entrée,
bar

Julien

H

35

Chef
d'entreprise

Komod'O
Dragon

Maison de
disques

Hardcore

Gestionnaire

Liver, dj

Ben

H

37

Chef
d'entreprise

Association
Sécurité
Pour Tous

Association

?

Chef sécurité

Chef
sécurité,
bar

Emilie

F

26

Salariée :
réceptionniste

Hadra

Association

Trance

Bénévole

Bar

Tristan

H

31

Salarié :
infographiste

Hadra
(salarié)

Association

Trance

Infographiste

Préparation
du flyer

Damien

H

24

Chômeur

Welcome to
the Jungle

Association
et sound
system

Drum and
Bass /
Jungle

Président

Dj

Stéphane

H

36

Salarié :
technicien
ADSL

Mystic
Chrysalide

Association

Trance

Trésorier
adjoint, chef
décoration

Décoration
, dj

Henri

H

25

Chômeur

Tromatik
System

Association
et sound
system

Hardcore /
Hardtek

Président

Dj

Renaud

H

25

Chômeur en
reconversion

Psyva

Association

Trance Full
On

Président

Dj

Amélie

F

25

Salariée :
infirmière

Psyva

Association

Trance Full
On

?

Polyvalent
e

De plus, je me suis livré à une observation participante dans les organisations de soirées techno. La
curiosité était à l'origine de mon choix pour cet objet de recherche. L'enquête a complété mon
expérience en la matière. "Nous sommes tous des sociologues à l'état pratique" affirmait Alfred

Schütz20. En effet, le sociologue peut observer un pan du réel pendant un temps qui lui conviendra, sa seule observation ne lui permettra jamais de connaître son terrain comme celui qu'il observe faisant ce qu'il fait dans la réalité sociale. L'observation participante justifiait ma présence dans l'organisation qui m'avait accueillie et réduisait la distance avec les membres. Je partageais de nombreuses informations avec les organisateurs sur leur activité, des informations précieuses pour dépasser le discours officiel.

Encadré n°2 :

Carnet de bord

Pour mener à bien une enquête sur les fêtes techno à Perpignan, je souhaitais dépasser ma propre expérience, profiter des avantages qu'elle pouvait me procurer, mais surtout éviter de confondre mon point de vue sur les soirées techno, devenu mon objet, et ces points de vues que je chercherais à obtenir. Donc, je n'est pas enquêté sur l'association C., celle avec qui j'avais déjà organisé. Alors, je me suis servi de mes contacts pour entrer en relation avec d'autres organisateurs, d'autres associations organisatrices de soirées.

Je n'ai pas écrit ce récit en cours d'enquête, mais avec un peu de recul à partir de mes souvenirs et de mes notes.

Intégrer une association organisatrice de soirées techno à Perpignan :

Pour avoir les informations nécessaires pour comprendre comment s'y prennent des organisateurs pour monter une soirée techno, il me semblait opportun de me rapprocher d'une association. J'en ai alors parler autour de moi, à des personnes qui avaient dans leurs relations des d'associations organisatrices de tels événements. Mystic Chrysalide fut la première association à entrer dans le champ de mes investigations. Je connaissais deux de ses membres actifs et ceux-ci, après que je leur ai expliqué mon projet ont accepté de me faire entrer dans l'association. Comme je ne voulais pas simplement observer de loin l'organisation de fête mais comprendre comment cette association fonctionne, j'ai décidé d'y participer. Mon rôle serait celui que je connaissais bien, la gestion du bar. Le Samedi 19 janvier 2008, je me suis rendu à la soirée « Mystic Chrysalide invite Mechanik Release Party ». Comme prévu, j'ai pu rencontrer les autres membres de l'association et aider au bar entre 3h et 11h. Au matin, c'est- à-dire au moment du rangement, ils étaient d'accord : je suis devenu observateur de l'association Mystic Chrysalide.

En effet, pour tous, j'intégrerais l'association au sens où je pourrais assister aux réunions d'organisation de soirées, avoir accès à des informations et des documents qui ne sortent pas du cercle des organisateurs, participerais à la totalité du montage pendant lequel il me serait loisible d'aider les organisateurs et d'interroger les personnes qui seraient d'accord pour participer à mon étude.

Ainsi, j'allais pouvoir mener une enquête qualitative dans laquelle je pourrais

20 Schütz A., Der sinnehafte Aufbau der Sozialen Welt. Ein Einleitung in the verstehende Soziologie (La Construction raisonnée du Monde social. Une introduction à la Sociologie compréhensive, traduction littérale), Vienne, SpringlerVerlag, 1932.

observer mon objet sur les terrains d'actions et interroger les organisateurs dans le cadre d'entretiens. La prochaine soirée organisée par l'association aurait lieu le Samedi 5 avril, je pourrais donc assister aux réunions de mise en place de la soirée et poser des questions sur cette soirée à venir.

Enquêter avec d'autres organisateurs à Perpignan

Pour ne pas faire une étude uniquement sur une organisation, je suis allé à la recherche d'autres organisateurs de soirées techno pour les interroger dans des entretiens. Au fil des rencontres et de mes recherches sur myspace.com, je suis parvenu à obtenir des entretiens.

Trois entretiens n'ont pas pu se produire ou être retranscrits. Je suis entré en contact avec deux organisateurs qui au dernier moment ne voulaient plus être entretenu. Un entretien aurait pu se produire mais, l'organisateur était en pleine préparation de soirée. Il se déplaçait constamment, si bien que l'enregistrement est à peine audible. De plus, il n'était pas à l'écoute de mes questions. Enfin, il est sorti pendant trente minutes environ, me laissant avec des amis à lui. Ce moment n'était pas propice au reccueil du discours.

Des présentations d'organisateurs et d'organisations affichées sur internet sont jointes au corpus. Ces textes ont été rédigés et ont donc été plus réfléchis que le discours reccueillis au cours des entretiens.

Par ailleurs, j'ai ajouté aux discours des organisateurs des documents internes d'une association pour compléter ce corpus de données avec des informations stables : statuts et modification statutaire, comptes rendu de réunion, engagement de bonnes pratiques (engagement unipersonnel de l'organisateur de soirées avec les autorités préfectorales). Des documents officiels sont insérés aux documents internes comme restituant les questions aux réponses, lesquelles, seules n'auraient pas de sens.

Neutralité axiologique et implication du sujet : l'usage de l'objectivation participante

"La demande de neutralité axiologique implique de pouvoir se distancier des idées les plus communément partagées du temps, suppose une liberté par rapport à un certain conformisme intellectuel, mais revendique également la liberté d'émettre des jugements en dehors de la juridiction scientiste en train de s 'instaurer"21(Watier P., 2002). Ce propos tente d'expliciter ce qu'entendait Max Weber eu égard à la distanciation nécessaire du sociologue vis-à-vis de son "rapports aux valeurs" et de sa capacité d' "élucidation", dénommée la "neutralité axiologique". La démarche compréhensive invite le sociologue à rechercher un équilibre intellectuel entre la proximité et l'éloignement.

À la différence des sciences positives, la sociologie compréhensive autorise le "je", c'est-à-dire

21 Watier P., Une introduction à la sociologie compréhensive, Circé, 2002 p.95

qu'elle permet à celui qui est en train de parler ou d'écrire (le narrateur) de révéler explicitement sa présence. Le lecteur d'un récit repère bien entendu qui est le narrateur et tente d'obtenir des informations sur lui. S'agit-il de l'écrivain ? Quel (s) point (s) de vue adopte-t-il pour raconter l'histoire ? Est-il une femme ou bien un homme ? Un récit ne peut qu'être raconté. Le récit produit par une science positive est lui aussi raconté, mais la présence de son narrateur est implicite ou volontairement cachée. Lors de mon cursus juridique, seul le droit positif avait droit de citer. En sociologie, je peux affirmer ma présence et ma plume.

Les sciences de l'homme offrent au "je" une place explicite et une place essentielle pour prendre de la distance par rapport à soi, à sa propre réflexion sur son objet, et permettre à ceux qui tenteront de suivre le cheminement de cette réflexion, de comprendre ce qu'ils lisent. Lors de l'écriture, l'utilisation du "je" renvoie au sujet alors que sans lui le narrateur peut cacher ses propres idées derrière des arguments dits positifs. Le "nous" et le "on" sont, quant à eux, des outils du narrateur utilisés pour se distancier et proposer au lecteur d'accompagner sa démarche.

Comment construire la neutralité axiologique nécessaire à l'analyse scientifique de l'objet quand on est soi-même lié au pan du réel que l'on cherche à étudier ?

Cette étude vise à enquêter sur les soirées techno. Or, je ne peux pas nier mon cas, comme entrant lui-aussi dans ce cadre. Je suis déjà allé dans ce genre de soirées pour m'y amuser avec des amis. De plus, j'ai même participé au montage et à la gestion de fêtes techno22. Alors, pour conduire une étude scientifique sur un objet qui m'est proche, je devais rechercher une certaine objectivité à son égard, construire une distance scientifique me permettant de "suspendre" mes valeurs et mes affects. En effet, mon regard aurait été biaisé si je n'avais pas tout de suite cherché à comprendre mes choix. "Car c'est par un mouvement de réflexivité (sur soi et sur son activité) que le sociologue peut éviter les erreurs liées à l'intellectualisme, qui consiste à prendre son propre rapport intellectuel à l'objet d'analyse pour le rapport de l'agent à son action. La capacité du sociologue de prendre en compte la relation qu'il entretient avec son objet constitue donc un des moyens d'améliorer la qualité scientifique de son travail" 23(Corcuff P., 1995).

C'est la raison pour laquelle un récit autobiographique s'imposait, et avant même d'entreprendre des réflexions sur l'objet24. Une autobiographie, parce qu'elle rend compte de ma découverte du milieu techno jusqu'à mon entrée dans une organisation de fêtes. Sans cet aveu, j'aurais probablement compliqué la compréhension du lecteur, en cachant (ou en ne révélant pas) quelle était ma positon au moment de choisir ce sujet, d'enquêter sur le terrain et d'interpréter les données que j'avais

22 Voir encadré n°1 p. 4

23 Corcuff P., Les sociologies nouvelles, Editions Nathan, 1995, p. 40, dans le paragraphe intitulé "Une sociologie réflexive".

24 Voir encadré n°1 p. 4

reccueillies. Par ailleurs, si j'avais rédigé ce mémoire en y soustrayant mon expérience personnelle, j'aurais privé mon étude de ma propre expérience en la matière : ce récit est encadré dans ce mémoire. En me soumettant à mon analyse, j'ai pu mettre au jour des informations utiles pour comprendre mon objet et mon regard sur cet objet.

Mais un récit explicatif du choix du sujet de l'étude ne saurait suffir pour rendre la distance nécessaire entre moi et ma réflexion sur mon objet. Pierre Bourdieu avait expérimenté ce travail de réflexivité sur soi, qu'il a nommé l' "objectivation participante"25. "Par objectivation participante, j'entends l'objectivation du sujet de l'objectivation, du sujet analysant, bref, du chercheur lui- même" (Bourdieu P. 2003).

On appelle aussi cette réflexion l' "auto-socio-analyse" dans laquelle le chercheur-sujet observe le chercheur-objet en train d'observer son objet. Dès lors, le carnet de bord du sociologue devient un outil indispensable. Grâce à lui, j'ai pu exposer ma stratégie pour obtenir des données de terrain. Mon étude sociologique sur le milieu techno s'appuie sur des éléments de mon histoire de vie. "L'objectivation participante se donne pour objet d'explorer, non "l'expérience vécue" du sujet connaissant, mais les conditions sociales de possibilité (donc les effets et les limites) de cette expérience et, plus précisemment, de l'acte d'objectivation. Elle vise à une objectivation du rapport subjectif à l'objet qui, loin d'aboutir à un subjectivisme relativiste et plus ou moins antiscientifique, est une des conditions de l'objectivité scientifique". Le chercheur qui enquête est au plus près des préoccupations des individus. Pendant cette phase, j'ai choisi personnellement d'adopter la posture la plus simple, celle d'un étudiant de sociologie qui aime la fête techno et participe au projet des organisateurs. Si la sociologie de Pierre Bourdieu est qualifiée de "sociologie de boursier", alors la mienne est une "sociologie de jeune fêtard". Alors, pour prendre de la distance, je me suis appuyé sur des concepts normatifs produits par la science. Les concepts normatifs sont utilisables par le chercheur pour analyser les données de terrain à la lumière et avec la méthodologie de la science. Je ne livrerais donc pas mes sentiments sur les fêtes techno et les organisations que j'ai observé mais tenterais de les analyser à l'aune des concepts qui me semble les plus pertinents pour les comprendre.

Le texte de Pierre Bourdieu est d'une grande richesse pour le chercheur qui se cherche : "et l'on peut même pousser un peu plus loin la violence de l'objectivation participante, avec un de mes élèves, Charles Soulié, qui a montré par exemple que les sujets de recherches (mémoires, thèse de doctorat etc.) de philosophie et de sociologie (et sans doute aussi d'anthropologie) sont statistiquement liés à l'origine et à la trajectoire sociales, au genre et surtout à la trajectoire

25 Bourdieu P., Actes de la recherche en sciences sociales n°150 décembre 2003, Participant Objectivation discours prononcé par Pierre Bourdieu le 6 décembre 2000 Royal Anthropological Institute de Londres. Les citations qui suivent proviennent du même article.

scolaire" . De ce point de vue, je ne peux pas nier mon origine populaire et l'orientation méthodologique de ma réflexion, qui puise dans les sciences juridiques (mes études de droit antérieures), la technique pour comprendre le social. Les organisations seront étudiées selon deux sens que je leur porte. Une organisation de soirées techno est tout d'abord la coquille qui rassemble les organisateurs, l'entité abstraite qui les lie. Celles-ci portent souvent des noms. Alors il conviendra dans ce sujet de mener l'étude des coquilles choisies par les organisateurs pour s'unir. L'organisation de soirées techno est ensuite la préparation de la fête, c'est-à-dire le processus de construction de cette fête.

"La réflexivité à laquelle conduit l'objectivation participante n'est pas du tout, on le voit, celle que pratique d'ordinaire les anthropologues "postmodernes" ou même la philosophie et certaines formes de phénomènologie". Je comprend que tous ces organisateurs attendent de moi que j'accomplisse un travail (quoique j'ai souvent douté qu'ils aient totalement compris quel était son but) qui donne une image positive de leur activité. Mais le chercheur n'est ni un journaliste, ni un agent de communication mais un observateur qui s'intéresse, sans être intéressé, et dont le but est de produire des connaissances sur ce qu'il a pu observer d'un pan du réel.

Avant d'exposer ma problématique, je tiens à préciser que ce mémoire ne prétend pas à répondre à des questions définitivement. Par conséquent, j'invite le lecteur à le lire comme une première recherche, c'est-à-dire comme un travail exploratoire sur un pan du réel qui nourrit et nourrira dans l'avenir ma curiosité.

Le paradigme du loisir contre le paradigme dyonisiaque

La problématique générale qui orientera cette recherche sur les soirées techno est nourrie par des doutes sur les recherches sociologiques qui privilégie le sacré pour comprendre la formation des groupes autour de la techno et l'action des individus. Les soirées techno peuvent-elles seulement être comprises comme des "fêtes dyonisiaques" au sens défini par Michel Maffesoli26 ? Pouvons- nous décrire sociologiquement la réalité sociale contemporaine grâce au concept de "postmodernité" dont la fête techno serait un symptôme ? La sociologie, consiste-t-elle à vérifier des postulats ?

N'existe-t-il pas d'autres motifs que la volonté d'appartenance à une communauté et le désir de se professionnaliser pouvant justifier l'organisation de soirées techno ? Le loisir n'est-il pas un champs explicatif de cette pratique ? Au-delà du participant, membre d'une communauté ou de l'organisateur professionnel, l'organisateur de soirée techno n'est-il pas un amateur agissant dans le cadre du loisir ?

26 Hampartzoumian S., op. cit. p.6, Préface rédigée par Michel Maffesoli.

Est-ce que les soirées techno ne sont pas un champ propice pour des individus pour construire ce qu'ils en veulent ? Le mouvement techno, bien qu'il se définisse par une musique et une culture de la fête élargie, n'est-il pas une enveloppe culturelle suffisamment malléable dans laquelle les individus apporteraient les caractéristiques correspondant à leurs goûts ?

Les cas rencontrés ne révèleront sans doute pas si l'organisation de soirées techno peut être envisagé comme un loisir comparable au sport amateur. Néanmoins, l'écart entre l'adolescent en quête de communauté et le professionnel est large. L'enquête de terrain ne partant pas d'a priori sur les motifs de leurs pratiques, a laissé les acteurs s'exprimer sur leurs pratiques en fonction de ce qui faisait sens pour eux.

Encadré n°3 :

L'actualité de la fête techno

Ce mémoire vise à mieux comprendre le phénomène techno. Les sciences sociales, et a fortiori la sociologie, se complètent à mesure que les connaissances de terrain s'accumulent. Les fêtes techno sont des phénomènes récents n'ayant pas fait l'objet de nombreuses recherches. De plus, le sociologue a un devoir de conseil envers le politique. Le premier construit des connaissances sur la réalité sociale dans la temporalité de la recherche tandis que le second doit prendre des décisions souvent pragmatiques. Aussi, une meilleure compréhension d'un mouvement culturel a vocation à améliorer les politiques publiques s'appliquant sur ce mouvement. Enfin, le sociologue peut avoir le devoir de conseil envers les individus. Produire des connaissances sur un pan du réel fournit un moyen de réflexivité sur des acteurs de ce réel sur leurs actions. Au-delà, le mouvement techno souffre d'une incompréhension et de préjugés tant de la part des médias que de quantité d'individus. Une réflexion sur ces phénomènes peut en cela réduire l'incompréhension et favoriser le dialogue sur la fête techno. Un débat fut organisé par l'IDE et l'association Technopol le 28 mai 2008 venant faire le bilan du tecknival du 1er mai. Il s'intitule "rave-t-on toujours en free". Il a réunit des acteurs du mouvement techno, le député Jean-Louis Dumont et la sociologue Anne Petiau. Les thèmes abordés ont essentiellement trait à la free party et aux grands rassemblements, mais des questions furent notamment posées sur le statut de l'organisateur et l'inadaptation de la règlementation pour les petits événements27.

En novembre 2008, le Premier Ministre a chargé le Député Jean-Louis Dumont d'étudier des améliorations des teknivals et de rédiger un rapport parlementaire sur la question des fêtes techno. Une présentation et neuf propositions visant à améliorer la règlementation encadrant les fêtes techno ont été rendues public. L'intérêt des autorités publiques sur le phénomène techno apporte du crédit à ce sujet d'actualité politique, médiatique et sociale28.

27 Débat, "Rave-t-on toujours en free", disponible sur le site de technopol, www.technopol.net

28 Rapport parlementaire Dumond disponible sur http://www.jeanlouisdumont.fr/medias/pdf/rapport-dumontgrft.pdf

Annonce du plan

Le chapitre premier est consacré à la construction d'une typologie des organisations construite ad hoc pour analyser convenablement les organisations obervées. Les organisations de fêtes techno n'ont pas encore fait l'objet de recherche sociologique, alors il convient de débuter ce mémoire par une tentative de classification pour avoir une meilleure visibilité de l'organisation de soirées techno. Nous commencerons donc par montrer que les organisateurs de soirées ont le sentiment de contribuer par leur action à une réalité plus large, ce que l'on peut appeler en le reprenant, le "mouvement techno". Qu'ils pensent faire partie des premiers à avoir découvert cette réalité ou bien qu'ils aient suivi ce mouvement, les organisateurs font encore durer ce type de fêtes. Or, il est impossible de ne pas lier la production d'une soirée au mouvement techno. Par conséquent, les organisateurs ont une histoire commune avec ce mouvement. On peut même dire que ce mouvement est devenu le leur et qu'ils contribuent à son évolution.

Puis, je tenterais dans un troisième chapitre d'expliquer comment la volonté de faire une fête est apparue chez les organisateurs. En effet, après avoir découvert les fêtes techno, les individus ont pu devenir des participants, mais cela n'explique pas comment ils sont devenus organisateurs. Ce chapitre montrera comment les organisateurs s'y prennent pour monter des fêtes. Il me semble que les organisateurs contribuent chacun à leur manière à se construire et à construire la fête. Nous replacerons alors la fête techno dans son évolution et en particulier par rapport à son processus d'institutionnalisation. Ce chapitre sera aussi le lieu, au sens de l'espace, où nous verrons enfin que l'organisateur un amateur-pratiquant en milieu techno.

Ensuite, dans le quatrième chapitre, je montrerais comment ces individus s'organisent efficacement, que la structuration du mouvement dépend aussi de son développement dans la sphère économique privée. Bien que les organisateurs présents soient dans le cadre du loisir ou même de la profession (mais nous verrons qu'est-ce que vivre de sa passion), ils rationnalisent leur activité de loisir. Ceci nous amènera à une réflexion plus large sur les pratiques de loisir.

Enfin, je réserve le dernier chapitre de ce mémoire pour réfléchir aux enjeux de la culture en replaçant la techno parmi les musiques populaires dans leurs relations avec les institutions publiques et comprendre quelles sont leurs spécificités dans le champ de l'intervention publique dans la culture.

Chapitre premier :

Idéal-typification des organisations de soirées

techno et le problème de l'usage des typologies

I. L'intérêt d'une idéal-typification

Pour construire un objet de science, j'ai rattaché les organisations particulières dans l' "organisation" avec tout ce que chacune comprenait d'éléments spécifiques. Ensuite, il a fallu classer tout ces éléments de manière à y apporter une logique scientifique. Au moyen de la sélection, j'ai réussi à dégager les éléments les plus pertinents pour tracer des figures plus typifiées.

Bien entendu aucune organisation particulière ne correspond à un type conceptualisé. Le travail du chercheur n'est pas de restituer à chaque interlocuteur ce qu'il fait au plus proche de ce qu'il pense qu'il fait mais de clarifier une situation pour que celle-si soit plus compréhensible pour tous. Ainsi, il convenait de puiser chez un père de la sociologie, Max Weber, le concept d' "idéal-type", afin de mieux mettre en évidence les figures les plus repérables de l'organisation de soirées techno. Idéaliser en partie les données reccueillies permet de faire la distinction d'éléments, qui, dans la réalité, sont imbriqués par rapport aux institutions et aux comportements des individus.

"L'idéal-type est un tableau de pensée, il n'est pas la réalité historique, ni surtout la réalité "authentique", il sert encore moins de schéma dans lequel on pourrait ordonner la réalité à titre exemplaire. Il n'a d'autre signification que d'un concept limite purement idéal, auquel on mesure la réalité pour clarifier le contenu empirique de certains de ses éléments importants, avec lequel on la compare"29 (Blin T., 1995). L'idée développée par Thierry Blin concourt aux précautions que doit prendre le chercheur lorsqu'il mobilise un tel outil pour à la fois comprendre la réalité et transmettre sa réflexion. Ainsi, pour éviter la démarche réductionniste consistant à ne voir la réalité qu'au regard de l'idéal-type, son auteur a le devoir d'expliciter le résultat de son enquête de terrain, le déroulement de sa pensée et l'objectif d'une telle entreprise.

La typologie que je vais proposée s'éloigne cependant quelque peu de la "pureté" exigée par l'idéale typification. Elle rend compte à la fois d'une typologie mise en évidence par les recherches accomplies sur la fête techno et d'une autre typologie mise en évidence sur les musiques populaires. Nous allons donc tout d'abord présenter ces deux typologies avant de tenter d'en construire une qui conceptualise les organisations de fêtes techno observées.

II. L'usage de typologies antérieures pour construire une typologie de l'organisation de la fête techno

Stéphane Hampartzoumian distingue deux types de mouvements techno distincts sur le critère du rapport à la loi à la suite de la rupture du mouvement techno en 1996. "Appelons sédentaire la

29 Blin T., Phénoménologie et sociologie compréhensive sur Alfred Schütz, L'Harmattan, 1995, p.88

première tendance du mouvement techno qui oeuvre à institutionnaliser la techno, et nomade la seconde tendance qui oeuvre à désinstitutionnaliser la techno. Cette distinction conceptuelle empruntée à Gilles Deleuze et Félix Guattari permet de mieux penser cette complexité interne du mouvement techno."30 La tendance nomade se définit donc par le caractère clandestin des fêtes techno et la défiance envers toute autorité. Elle est appelée "nomade" car le mode de vie nomade est un obstacle à son institutionnalisation. "La fête techno nomade est délibéremment une effraction et une infraction, elle ne s'autorise que d'elle-même31 ". La tendance sédentaire promeut au contraire l'institutionnalisation du mouvement techno et le dialogue avec les autorités, notamment par l'intermédiaire de représentants. "Processus voulu autant par les institutions, qui préfèrent intégrer le phénomène techno plutôt que de le voir se développer en dehors de leurs compétences, et de la part d'une partie des acteurs techno qui aspirent légitimement à se professionnaliser" (Hampartzoumian S., 2004). À la différence de Stéphane Hampartzoumian, je pense qu'il convient de distinguer deux types dans la tendance techno sédentaire car elle n'est pas unifiée. Dans son travail, il distingue ces deux grandes tendances mais ne centre pas sa recherche sur le mouvement techno institutionnalisé.

Une autre typologie est me semble pertinente pour comprendre l'organisation de fêtes techno. Celle- ci conceptualise l'intervention des politiques publiques dans les musiques populaires. Dans un article, Gérôme Guibert distingue trois types de médiation correspondant à trois logiques traversant la production des musiques populaires. La première est l'économie de marché. Dès la Troisième République, un marché de la culture se met en place dans les musiques populaires qu'il produit et exploite avec l'aide de l'Etat. La deuxième est celle de l'action des politiques culturelles dans ces musiques depuis l'arrivée de Jack Lang au Ministère de la Culture en 1981. L'apparition de la Techno Parade à Paris en 1998 est de cet ordre. Il définit entre ces deux pôles une zone non-aidée revendiquant une production contre-culturelle qu'il qualifie d' "underground" et que l'action politique tente d'investir depuis le second septennat mitterrandien32. "Cela donne lieu à l'apparition d'un nouveau mode de médiation musicale, original, un « tiers-secteur ». Les nouvelles structures aidées, issues de l'underground, se définissent, en effet, comme défendant une logique privée non lucrative, associative. Ni entreprise capitaliste, ni institutions publiques, ces structures sont en partie financées par des subventions". Ce dernier est une zone de transition d'un pôle à l'autre 33 (Guibert G., 2005).

La musique techno est devenue un style prisé par les jeunes générations de "fêtards". Au-delà, on

30 Hampartzoumian S., op. cit., p.212 : l'empreint de Stéphane Hampartzoumian à Gilles Deleuze et Félix Guattari est tiré de leur ouvrage, Mille Plateaux, Paris, Editions de Minuit, 1994, p.592.

31 Hampartzoumian S., op. cit., p.216

32 Je reviendrais sur cette notion d' "underground culturel" dans la partie IV du Chapitre 2 (p. 40)

33 Guibert G., op. cit.

entend ce style dans des lieux où l'on ne l'aurait jamais soupçonné : à la télévision, dans les supermarchés, dans les bars.. .Les professionnels de la fête, les discothèques et les boîtes de nuit en chefs de file, mais d'autres encore se sont rués sur cette évolution des goûts et ont enclenché la commercialisation de ce style de musique. De plus, comme le prévoyait Stéphane Hampartzoumian, de nombreux acteurs du mouvements techno sont parvenus à se professionnaliser dans ce secteur culturel. Je traiterais d'ailleurs le cas de Julien qui a créé une maison de disques sous forme d'entreprise.

On peut par conséquent rapprocher une partie de la tendance institutionnelle de la fête techno au producteurs de musiques populaires du tiers-secteur et l'autre. En croisant ces deux typologies, trois figures de l'organisation apparaissent : l'organisation clandestine, l'organisation institutionnalisée non-lucrative et l'organisation institutionnalisée commerciale.

III. Usage figé versus usage dynamique de l'idéal-typification

Toutes les organisations rencontrées au cours de l'enquête sont des organisations de type "sédentaire", contrairement à la tendance "nomade" étudiée par Stéphane Hampartzoumian. La recherche de Stéphane Hampartzoumian a eu lieu au début de la décennie 2000 et au début du processus d'institutionnalisation du mouvement techno et ne rend pas compte de l'organisation de fêtes techno telle que je l'ai observé. Comme il l'explique son "choix de cet aspect particulier du phénomène techno s'impose moins par goût que par un souci d'efficacité heuristique. En effet, la radicalité de la tendance nomade du mouvement techno permet d'offrir un objet d'une radicale lisibilité au sociologue. Notons que cette lecture sociologique est plus difficile, mais tout aussi possible à faire avec la tendance sédentaire"34 (Hampartzoumian S., 2004). Il est important de noter que sa typologie sert des objectifs dans les limites de son enquêtes et de sa réflexion. À vouloir mieux penser la réalité par les idéaux-types, le risque de mal en rendre compte apparaît. Entre les deux grands types, la fête techno nomade et la fête techno sédentaire retenus par le GREMES, je cherche à en montrer un troisième, celui correspondant à la "fête techno loisir". En effet, l'intention des organisateurs est à prendre en compte lorsque l'on définit les deux types de fête. Les organisateurs, agissent-ils nécessairement par rapport à la loi ? Certains ne s'accomodent-ils pas des procédures pour organiser des fêtes sans toutefois vouloir se professionnaliser ? Je chercherai ainsi à mettre en évidence entre le traveller et le businessman, la figure de l'amateur-pratiquant de la fête techno.

Au cours de l'enquête, seulement deux organisateurs s'étaient professionnalisés dans le milieu

34 Hampartzoumian S., op.cit. p.223

techno et un seul dans la fête techno. Les autres sont des organisateurs "ni ni", donc peut-être des amateurs-pratiquants. En revanche, je ne cherche pas ici à quantifier la présence de l'amateurisme dans la fête techno mais simplement montrer que cette logique d'organisation existe au même titre que les deux autres. Et bien que des organisations soient sédentaires et légalement enregistrées, les soirées qu'elles organisent n'ont pas toujours été et ne sont pas toujours légales. Ensuite, une organisation peut très bien avoir une finalité non-lucrative et employer des techniques commerciales dans son activité. Enfin, la finalité commerciale d'une autre peut très bien être poursuivie par des moyens non commerciaux. On peut donc affirmer que mon terrain est lié avec et se situe entre les deux grandes tendances. Par conséquent, les distinctions précédemment exposées ne constituent pas le cadre d'analyse figé qui permettrait comme par "subsomption" de rendre compte des situations observées dans mon enquêtes de terrain, ni de bâtir un cadre d'analyse pertinent pour la sociologie. En revanche, ces distinctions seront utiles pour construire a posteriori le cadre d'analyse dans un ajustement avec les données d'enquête. Je décide donc de faire un usage dynamique de l'idéal typification effectuée par les recherches antérieures.

IV. Une typologie ad hoc

Plutôt que de rejetter le concept d'idéal-type dans sa globalité, j'ai construit une typologie qui me semble rendre mieux compte de la réalité du terrain. Comme je l'ai déjà précisé plus haut, ce travail de terrain n'avait pas vocation à observer toutes les manières possibles d'organiser une fête techno, mais de reccueillir des manières de faire d'organisateurs rencontrés. "Les relations établies sont considérées de manière privilégiée sous un certain angle, la modélisation est dépendante du réel étudié mais aussi de tout le stock de connaissance disponible, et pour les besoins de la recherche en cours, elle va en accentuer certaines caractéristiques, en laisser d'autres dans l'ombre"35 (Watier P., 2002). Ma démarche ne se trouve pas si éloignée de l'idéal-typification. Avant de montrer quelle est cette typologie, il faut tout d'abord circonscrire le pan du réel observé.

Sept des huit organisations que j'ai rencontrées étaient implantées dans les Pyrénées Orientales. Leur rayon d'action dépasse ces frontières, mais elles ne s'aventurent pas au-delà de la Catalogne Sud et de l'Aude. Une organisation est implantée à Grenoble. Un partenariat avec une organisation des Pyrénées Orientales y expliquait sa présence. Ensuite, elles sont toutes des associations à l'exception d'une qui est une maison de disques. Des clubs et salles de concerts seront cités mais seulement lorsqu'il s'agit de partenariats avec les organisations visées. J'aurais pu presque les inclure dans la deuxième figure des organisateurs, mais cela aurait été insuffisant pour les comprendre

35 Watier P., op. cit., p.115

puisque je n'aurais eu aucun point de comparaison, et puis un classement arbitraire aurait été réducteur. Pourquoi réducteur ? Parce que ces organisations n'ont pas cherché à appartenir à une figure, que le choix de leur fonctionnement dépend de leurs valeurs, de leurs histoires et de leurs pratiques. Je propose donc d'analyser les organisations à l'aune d'une typologie proche des précédentes mais construite ad hoc, par ajustement progressif à la spécificité de mes données. Nous verrons tout d'abord qu'organiser une soirée "à l'arrache" perpétue des pratiques rattâchées aux "premières heures" du mouvement techno et nous tenterons de comprendre pourquoi les problèmes rencontrés poussent les organisateurs à s'institutionnaliser. L'organisation "dans les règles de l'art", sera la deuxième figure de cette typologie. Elle exprimera la tendance qu'ont de plus en plus d'organisateurs à respecter les règles établies par les autorités publiques pour éviter les risques de la clandestinité, mais également de se responsabiliser lorsque l'on veut être organisateur de soirée techno. Enfin, la troisième figure est celle de l'organisation "entrepreneuriale", celle qui recherche dans les techniques d'entreprises commerciales les moyens de mener à bien l'organisation de ces soirées.

Chapitre 2 :

L'organisation "à l'arrache"

Que signifie organiser "à l' arrache" ? On pourrait dire qu'organiser "à l'arrache" signifie organiser sans organiser, organiser sans l'avoir prévu, mais ce serait incomplet et inexact. Que signifie organiser ? Dans le Larousse, cette action signifie "arranger, combiner pour obtenir un bon fonctionnement" ou "préparer dans un but précis". Ce type d'organisation est le moins organisé des trois, mais ce que je veux montrer en consacrant un chapitre à l'organisation "à l'arrache", ce sont les perceptions qu'ont les organisateurs de la transgression de leurs activités par rapport aux normes eu égard à la réaction des autres. Une organisation transgressant les normes secrètement ne sera pas une organisation "à l'arrache" tant que les autres n'en auront pas connaissance.

I. La fête techno est une activité déviante

La fête techno fait l'objet de préjugés qui conditionnent les comportements mais aussi le discours des organisateurs sur leurs activités. Il conviendra tout d'abord de définir la déviance pour ensuite envisager de qualifier l'organisation de soirées techno d'activité "déviante".

I.1. La fête est déviante

Pour comprendre ce que sont les fêtes techno et leurs organisateurs, il convient de comprendre les liens entre cette micro-société et la société. Comment cette activité se positionne-t-elle dans la société ? Le concept sociologique de déviance apporte des réponses à cette question.

Selon Howard Saul Becker, plusieurs conceptions définissent la déviance36. Tout d'abord, la conception fonctionnelle définit la déviance comme un "mal" de la société provenant de ses aspects "dysfonctionnels". Le goût pour la fête a en soi quelque chose de dysfonctionnel dans une société régie par la "fonction" ("intention ou but d'un groupe") du travail, créateur de richesse et lieu de l'identification des individus. On retrouve ici la fable de "La cigale et la fourmi". Pour Philippe Muray, "homo festivus festivus" raconte l'histoire de la victoire de la cigale sur la fourmi et de la décadence de la société "à histoire". "La musique qui sort de la salle de concert pour se répandre n'importe où, on sait aussi ce que ça devient : de la techno, du Teknival, de l'horreur technomaniaque"37 (Muray P., 2005). Ensuite, une conception plus relativiste la définit comme un défaut d'obéissance aux normes du groupe. C'est cette conception que le mouvement techno illustre car les normes lui sont postérieures. Elles définissent stricto sensu quelle fête obéit aux normes et quelle fête les transgresse. De ce point de vue, nous serions face à des pratiques hétérodoxes, c'est-à-dire

36 Becker H.-S., Outsider. Etudes de sociologie de la déviance, Métailié, Paris, 1985.

37 Muray P., op. cit. p.385.

"autre" que celles correspondant à la norme ou l'orthodoxie. Enfin, Monique Dagnaud nous fournit une dernière conception statistique : "la conception la plus simple de la déviance est essentiellement statistique : est déviant ce qui s'écarte trop de la moyenne".

Dans l'organisation "à l'arrache", c'est la perception qu'ont les organisateurs de leur activité qui m'est transmise par leur discours, une perception directe de ce qu'ils font par rapport à ce qu'ils pensent être la perception qu'ont les autres de leur activité. "Je considerai la déviance comme le produit d'une transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui, aux yeux du groupe, a transgressé une norme"38. L'étiquette "déviant" n'est pas uniquement attachée à un individu par le groupe social lorsque cet individu transgresse une norme édictée par le groupe mais résulte du produit d'intéractions sociales et de rapports sociaux entre cet individu et le groupe social. Ainsi cette conception de la déviance intègrera ce que pensent les organisateurs du respect ou de la transgression des normes par rapport à ce qu'ils croient être la perception et le jugement des autres qui les ont produites.

Mais dans une société, il peut exister plusieurs instances productrices de normes. "Les sociétés modernes ne sont pas des organisations simples où la définition des normes et leur mode d'application dans des situations spécifiques ferait l'objet d'un accord unanime"39 (Becker H.S., 1985). On peut d'ailleurs distinguer tout de suite les normes juridiques et les normes morales qui peuvent obéir à des légitimités différentes. Les normes juridiques sont une sorte de synthèse ou de compromis fixé entre les normes morales des différents groupes d'une société en fonction des pouvoirs de chaque groupe sur ces normes juridiques. Dans notre société, les jeunes mineurs ne peuvent pas faire valoir directement leurs points de vue. On peut toutefois envisager le corpus de normes de la jeunesse puisqu'il constitue un objet de recherche de la part des adultes. Dans La Teuf, la fête est une valeur particulière de la jeunesse : "La fête acquiert une place de choix parmi les activités préférées des jeunes : 33 % des 15-24 ans citent "la fête" parmi les loisirs qui ont le plus d'importance pour eux"40 (Dagnaud M., 2008). Voyons à présent les normes juridiques encadrant les fêtes techno.

I.2. Un dispositif juridique postérieur aux pratiques d'organisations de fêtes techno.

Dans une conception matérialiste, le droit est un outil, pas une fin en soi. Il est produit par des
individus pour réguler la vie sociale. Il ne pouvait donc pas être antérieur à l'apparition du

38 Becker H.-S., op. cit. p.33

39 Becker H.-S., op.cit., p.38

40 Dagnaud M., op. cit., p.69 l'enquête d'où provient cette statistique s'intitule d'ailleurs "Les Valeurs des Jeunes" par la TNS-SOFRES du 23 novembre 2003. Mais on peut aussi renvoyer à tous les ouvrages et enquête sur le thème de la jeunesse.

mouvement techno tel qu'il s'est exprimé à ses débuts mais se construire en fonction du "phénomène techno". En 1995, la première circulaire émanant du Ministère de l'Intérieur relative aux soirées techno, s'intitulant "les soirées rave : des situations à hauts risques", est en décalage complet avec le vent libertaire qui souffle dans le mouvement. Elle contribue à la construction du stéréotype "techno = exstasy" en cristallisant dans la réaction des agents de l'Etat des préjugés sur la techno41. Une circulaire est un acte administratif produit par un ministère à destination des services subordonnés ou de tutelles pour commenter le droit positif et expliquer son application. L'objectif de la circulaire de 1995 était de fournir des informations sur ce nouveau phénomène et sur les différents actes de police possible. La circulaire interministérielle de 1998 émise par le Ministère de l'Intérieur le Ministère de la Défense et le Ministère de la Culture et de la Communication (marque la reconnaissance du caractère culturel et artistique de la fête techno) a été annoncée comme une victoire par le mouvement institutionnel et l'association Technopol après le succès de la première Techno Parade. Ce texte complète le précédent, qui accusait les organisateurs de fêtes d'organiser le trafic de stupéfiants, en leur reconnaissant certaines qualités : "les organisateurs des concerts rave et techno, outre qu'ils font preuve d'un professionnalisme accru, sont fermement résolus à assumer leurs responsabilités et se montrent demandeurs envers l'État, des règles applicables en la matière "42 . Elle distingue deux types de raves : la rave légale et la rave clandestine.

Ce n'est qu'en 2001, que le législateur intervient pour encadrer le mouvement techno dans l'article 53 de la Loi du 15 novembre relative à la sécurité quotidienne (LSQ). L'amendement Mariani, complétant la loi du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité (LOPS), reprend la circulaire de 1998 et oblige dorénavant les organisateurs à déclarer l'événement à la préfecture du département où il devra se tenir, un mois minimum avant qu'il n'ait lieu. Le décret du 3 mai 2002, modifié par le décret du 26 mars 2006, précise ce dispositif légal.

Sont concernés par la loi, "les rassemblements festifs [...] exclusivement à caractère musical, organisés par des personnes privées dans des espaces qui ne sont pas au préalable aménagés à cette fin, lorsqu'ils répondent à l'ensemble des caractéritiques suivantes [...]", à savoir : la diffusion de "musique amplifiée", "un effectif prévisible de participants et du personnel susceptibles d'être atteint, compte tenu de la surface du lieu du rassemblement, dépasse 250" (depuis 2006, "l'effectif prévisible de personnes présentes sur le lieu du rasseblement dépasse 500"), une communication à grande échelle et des "risques susceptibles pour la sécurité des personnes" tenant au lieu du rassemblement. À défaut de déclaration, l'événement est un délit passible de sanctions43. Cependant les pratiques étaient antérieures au dispositif juridique, si bien que sans la volonté de respecter la loi

41 Beauchet A., Approches stéréotypées et stéréotypantes de l'objet techno, 05 mars 2004 disponible sur le site du GREMES.

42 Circulaire interministeriel du 29 décembre 1998 disponible en annexe p. 219

et avec le sentiment de ne pas faire de mal, ces pratiques se sont répétées après l'entrée en vigueur de la loi. Et ainsi, sans avoir changé, elles sont devenues illégales. Le droit positif semble cristalliser deux types d'intention des organisateurs : organiser volontairement dans le respect de la loi et organiser volontairement dans la transgresseion de la loi. Deux types de déviance correpondent à ces deux types de comportements selon le modèle séquentiel d' Howard S. Becker : "conforme" et "pleinement déviant". Mais nous le verrons par la suite, des organisateurs qui devraient être classés dans la catégorie des organisateurs conformes se considèrent "accusés à tort"44.

Dans la pratique, la procédure de déclaration s'est transformée en procédure d'autorisation préalable. Le mouvement techno s'est alors construit avec ce caractère déviant revendiqué ou rejetté. Aussi, nous allons voir que ce caractère se décline sous la forme de valeurs et discours propres à ce mouvement culturel exprimant un militantisme libertaire.

II. Le militantisme libertaire

Sans aller jusqu'à l'analyse des facteurs socio-historiques de l'apparition du phénomène techno, l'organisation que je qualifie "à l'arrache" puise ses raisons dans des éléments antérieurs à son interdiction qu'il convient maintenant d'examiner. Au travers du discours des organisateurs deux types d'éléments sont apparus pertinents : les valeurs communes issues des "premières heures" du mouvement techno et des discours formatés relatant des origines mythologiques des fêtes.

II.1. Organiser une fête avec des valeurs héritées des nomades

J'ai pu constater que dans les organisations rencontrées au cours de mon enquête, les membres partageaient des valeurs communes que je peux imputer à cette "histoire commune" du mouvement techno que ceux-ci conservent en dépit des différences dans la manière de mettre en oeuvre leurs projets. J'en reparlerais donc dans tout le sujet et spécialement dans la partie consacrée à l'objet social de l'association. Bien sûr chaque individu, lorsqu'il raconte cette histoire commune, livre sa vision de cette histoire qu'il est nécessaire de restituer à son auteur.

"Moi, j'ai jamais arrêté de monter des soirées, mais des soirées underground [...] On montait des soirées underground c'est-à dire un peu plus à l'arrache, toujours sur un terrain privé pour pas être emmerdé, mais on va dire sans déclarer quoi que ce soit, avec un débit de boisson illégal, avec.. .pour le plaisir de faire des soirées" (Anthony). À partir de 2001, organiser une fête pour faire

43 Voir en annexe, le dispositif juridique p.212. J'ai souligné des éléments car ces formulations juridiques sont importantes dans la règlementation et pourtant difficile à appliquer en réalité.

44 Becker H.-S., op. cit. p.43.

la fête est devenu règlementé dès lors que l' "effectif prévisible" dépasse le seuil prescrit par décret, soit 250 personnes dès 2002 et 500 depuis 2006. "Pour mon anniversaire cet été, on a fait une soirée il y avait 2 sons. Il avait eu peut-être 350 personnes voire plus, dans la soirée entrée gratuite", raconte Anthony à propos d'une soirée "plus privée". Or, la communication de cette soirée avait été comme il le dit : "au bouche-à-oreille". Il est a fortiori difficile de prévoir le nombre de personnes présentes sur le lieu du rassemblement. Certainement du fait de sa gratuité, les organisateurs de cette soirée n'ont pas dû compter les personnes à l'entrée. Même sans la nommer ainsi, cette soirée était une free party, rassemblant les deux sens de la free, valeurs que Stéphane Hampartzoumian rattache à la tendance nomade 45: la gratuité et la liberté. Le nom de l'association d'Anthony, Melting Pot (For the Evolution of the Movement Techno), dévoile immédiatement l'intention de ses créateurs. Ceux-ci ont ajouté une dose de légalité aux pratiques pour poursuivre le projet lancé par les mentors du mouvement techno. La sédentarité, la conciliation de son loisir avec sa vie privée, l'ambition de monter de plus gros projets que des petites soirées privées sont autant de raisons pour adapter les valeurs premières du mouvement techno avec la réalité sociale. Le choix pour la clandestinité festive ne présume pas du choix pour une vie clandestine, la fête est un temps de la vie.

"Il y en a ça leur a pas plu de se prendre la tête dans les salles, dans les boîtes. Ils sont restés dans le mouvement pur, free party et voilà "on bouge pas, on reste là-dedans", il y en a pas mal qui restent comme ça ", rapporte Henri à propos des "résistants de la free party". Les plus résistants à l'institutionnalisation de la fête techno ont refusé de se conformer à la législation. Ce sont les défenseurs de la conception nomade du mouvement techno. Mais entre les deux extrêmes, de nombreux organisateurs composent avec les valeurs et la légalité. Il créent donc de nouvelles pratiques. De la confusion et même parfois de l'incohérence peut apparaître dans les soirées qu'ils organisent et dans leur discours, néanmoins chacun articule ses actions selon sa propre logique et la concilie avec celle des autres membres de l'organisation. C'est ainsi que l'on trouve des soirées métissées que l'on pourrait appelé des "free parties payantes" qui associeraient les codes de la free party et le besoin de rentabiliser les investissements d'une soirée. Beaucoup cite aussi Manu Le Malin, un dj issu du mouvement nomade qui s'est professionnalisé et donne des concerts payants. Ainsi, Henri défend des soirées payantes qui conserve les valeurs de la free : "Le Mas Bonete on a fait 6 euros. Notre intérêt, au départ, c'est vraiment la fête libre. Bon maintenant, les lois font qu'on peut plus faire la fête librement et donc il faut un minimum d'argent, faire entrée un minimum d'argent pour pouvoir assurer des soirées, des salles et tout. Donc on fait payer juste pour se rembourser et nous faire un peu de sous ".

45 Hampartzoumian S., op. cit. p. 222.

Julien, qui est originaire de Bordeaux, a analysé cette situation. Il prétend qu' "ici, le sud, en dessous de Clermont, c'est Hardtek, les free party. C'est pas pour rien qu'il y en a encore des free party ici." Je peux compléter ceci par l'hypothèse que se sont diffusées, chez les organisateurs locaux, des valeurs que continuent de revendiquer les tenant du mouvement de la tendance nomade, que Julien nomme "hardtek", comme si le choix pour ce courant musical induisait le choix de la clandestinité de la fête. Ce sous-genre de la techno est principalement diffusé dans des free-party clandestines mais les valeurs qu'il défend sont aussi partagées dans d'autres sous-genres. Lorsque ces valeurs sont en contradiction avec les normes de la société, ils doivent se conformer ou résister. Des organisateurs ont choisi le chemin de la résistance aux normes et de leur transgression systématique. Le caractère déviant de leurs organisations s'intègre dans un mode de vie déviant, le nomadisme. D'autres abandonnent l'organisation et recherche la liberté en produisant des oeuvres avec des labels indépendants. D'autres encore ont fait le choix de la sédentarité, mais en se reconnaissant ou en s'étant construit avec certaines des valeurs nomades, vont résister ou tout du moins agiront à leur manière en dépit des normes établies.

II.2.Les discours normatifs

Géographiquement proche du Languedoc-Roussillon, l'Aude, l'Espagne ; ou encore en Europe, à Ibiza, au Portugal et même au-delà en Inde, les origines de la Techno se rapportent souvent à l' "ailleurs". Comme à la recherche de l' "Utopie"46, les nouveaux passionnés de la musique techno partent à la recherche de son sens. Les sonorités renvoient parfois à un ailleurs lointain comme la trance de Goa, parfois quelques kilomètres suffisent pour retrouver des nomades venus d'ailleurs, comme la techno des Spiral Tribe fuyant la repression de la politique tatchérienne. Ceux qui l'ont diffusé, ont montré la fête techno, ont fait écouté la nouveauté musicale et transmis des codes et des valeurs. Comme ils sont venus, ils sont partis vers un autre ici en laissant derrière eux les nouveaux participants parfois séduits au point de vouloir faire de même en y ajoutant ce qu'ils aiment.

Le courant trance est représentatif d'un discours normatif de l'utopie. Il reprend dans les grandes lignes le discours issu du mouvement hippie47. "La trance devient d'ailleurs un genre à part entière, prisé par les factions les plus spiritualistes de la Techno Nation". Tout un discours normatif sur l'utopie raconte ce mythe de la techno. Les éléments qui le composent ont pour la plupart fait l'objet d'un recyclage de codes, de signes et même d'imageries. Le flyer et la décoration sont les supports

46 More T., L'Utopie, Flamarion, Paris, 2007.

47 Rivière C., op. cit. p.127 L'auteur attribue une filiation du mouvement Acid House Music avec le mouvement hippie et le psychédélisme. Cette filiation est plus représentative dans le sous-genre trance que le sous-genre house.

principaux de ce discours. Le flyer est une publicité annonçant la fête48. Les organisateurs utilisent les symboles recyclés de la mythologie indienne : "le Aum c'était pour rappeler la trance ", m'expliquait Anthony. Certaines organisations de soirées trance se réfère davantage à l'existence d'une vie extra-terrestre. Ce rapport à l'Autre rappelle de la même manière l'existence de l'Humanité en accentuant celle de la technologie. Même pour les organisateurs, ce discours normatif n'est pas qu'une technique. "Peut-être qu'on ne le sait pas encore, mais c'est vrai que ça peut être un événement, avec une certaine, de la spiritualité où les gens, ils sont libres, où ils font ce qu'ils veulent" m'a répondu Amélie lorsque je leur ai demandé s'il s'agissait d'une religion. Donc, je ne peux pas nier que la croyance tient une place dans les motifs des organisateurs, où la fête comme la musique sont sacralisées.

"L'idée de l'engrenage m'a beaucoup plu : beaucoup plus électronique et techno que trance goa" (Anthony). L'univers techno (et industriel) est celui de la machine. Comme la musique "techno" (de "techno-logique"), le discours normatif est construit sur la libération de la machine aliénante des sociétés industrielles. Alors les organisateurs utilisent des symboles de la même manière comme insérer des pièces mécaniques.

Dans les courants hardcore, "...c'est la morbidité qui domine"49 (Birgy P., 2001). La soirée organisée par les Tromatik System et Capscore au Point Batterie avait pour thème le jour : sur le flyer un "Vendredi 13", sanguinolant50.

Conformément à ces discours, les organisateurs se servent des nuits et des saisons pour organiser les soirées. Pour l'utopie, la full moon (plein lune) est la nuit rêvée. Pour la machine, la fête du travail. Et pour la morbidité, un vendredi 13 ou Halloween sont privilégiés. Ces signes sont consommés par les participants à la fête et les organisateurs le savent. Par conséquent, cette consommation illustre l'esthétique de la techno, ou l'esthétique correspondant au sous-genre. Cette consommation des signes est également à l'oeuvre dans d'autres styles de musique. "En l'occurrence, il s'avère qu'audelà des idées reçues, les acteurs de ce fait social populaire, les métalleux, cultivent une esthétique du choc qui procède de la recherche de puissance et non de pouvoir. Les métalleux et l'esthétique qu'ils mobilisent, en « bricolant » avec des interdits sociétaux, et plus particulièrement en « bricolant » avec la symbolique et l'iconographie du régime nazi, s'érigent culturellement en marge de la société. Cette mise à l'écart est source de narcissisme chez les métalleux et est pourvoyeuse d'une pensée « élitiste ». In fine, l 'instrumentalisation des extrémismes politiques par les métalleux procède majoritairement de la logique de subversion jusqu'au-boutiste

48 Birgy P., Mouvememt Techno et Transit Culturel, L'Harmattan, Paris, 2001, pp. 5 8-60.

49 Birgy P., op. cit. p.33.

50 Des flyers sont disponibles en annexe p.208.

consubstantielle à la musique metal"51 (Mombelet A. et Walzer N., 2005)

Ces discours devenus des mythes donnent du sens aux pratiques et aux choix pour telle ou telle esthétique. Ils sont produits par les groupes et permettent leur cohésion si bien que l'étude de ce langage conduirait à l'étude de ces groupes (Hebdige D., 1979)52.

III. De la communauté à l'équipe

Après avoir observé dans le réel ce fond commun des organisateurs de soirées techno, il est légitime de se demander de quelle manière l'organisation unie les organisateurs. En d'autres termes, nous allons exposer ce qu'est la communauté dans une lecture du sacré pour ensuite l'envisager à la lecture du profane.

III.1. "La communauté trans(e)cendantale"53

Pour comprendre ce qu'anime certains organisateurs, on peut s'intéresser à la thèse du rassemblement sacré dans la réalité "post-moderne". Ces recherches sont celles qu'a accompli Stéphane Hampartzoumian dans sa thèse sous la direction de Michel Maffesoli. La fête techno y est interprétée comme "la forme rituelle la plus en phase avec l'époque contemporaine"54. La fête techno serait organisée et rassemblerait ses participants pour lever les contraintes sociales qui pèsent sur les individus. La "post-modernité" est cette époque romantique du retour à l'utopie après les ravages causés par la modernité : différenciation, urbanisation, individualisation, désenchantement etc., autant d'effets destructeurs de la communauté.

La fête techno s'est construite et a évolué sur la transgression d'un interdit légal, la limite. C'est le franchissement de ce seuil, la lime, qui confère à la participation à la fête techno son caractère de rite initiatique. "La procédure rituelle de la fête techno ne vise essentiellement qu 'à produire une effervescence sociale"55. L'auteur s'intéresse au caractère collectif plutôt qu'au caractère esthétique de la fête. Le groupe des participants de la fête se transforme au cours de la fête en une communauté venue ressentir la jouissance collective de la fête jusqu'au point de fusion sans toutefois parvenir à fusionner. Pour justifier son propos, il va puiser dans la littérature, les sciences humaines (où la

51 Mombelet A. et Walzer N., Metal et politique : pour une compréhension sociologique des références aux extrémismes politiques dans la musique metal. Cet article est tiré de leur interventions lors du Colloque LAREQUOI du 17 janvier 2005 et de leurs thèses à l'Université Paris-5, CEAQ.

52 Hebdige, D., Sous-culture, le sens du style, éd. La Découverte, Paris, 2008.

53 Hampartzoumian S., op. cit. p. 295.

54 Hampartzoumian S., op. cit. p.105.

55 Hampartzoumian S., op. cit. p.264.

psychanalyse tient une large place), ainsi que dans une enquête de terrain soumise à une "grille d'analyse durkheimienne" pôlarisant les discours de participants entre le profane et le sacré :

"J'ai eu l'occasion de montrer précédemment combien chaque élément constitutif de la procédure rituelle de la fête techno pouvait être lu à la lumière de cette grille d'analyse, c'est-à-dire comment chaque élément du rituel festif techno pouvait rendre compte d'une mise en condition sociale propice à l'éclosion d'une expérience sensible du sacré. Comment les caractéristiques propres du rituel de la fête techno, c'est-à-dire le secret, la temporalité, la spatialité et la transe, organisent le basculement de la réalité sociale ordinaire en une réalité sociale extra-ordinaire, basculement d'un registre profane à un registre sacré "56.

Enfin, il nomme le groupe mis en évidence "la communauté trans(e)cendantale" qui ne disparaît pas totalement lorsque la réalité sociale réapparaît. Le résidu de la fête demeure cette expérience de la communauté engendrée par l' "effervescence sociale" et deviendrait une "communauté neutre" dans sa "synthèse soustractive"57 (Hampartzoumian S., 2004).

Ainsi, le sentiment d'appartenance à une communauté trans(e)cendantale peut expliquer le choix de l'organisation pour les invidividus. Si l'échec de la fusion est "le point final de la liturgie techno ", il est aussi le point de départ du continuum de l'organisation de la fête techno, comme le retour à cette communauté. Des organisateurs m'ont fait part de ce sentiment comme Henri et je restitue la transcription pour nuancer ce propos :

"Et à quoi ça sert que les jeunes écoutent de la musique techno et organisent des fêtes où il y a de la musique techno ?"

"Je sais pas, c'est apporter... c'est l'évolution de la musique et c'est chercher une certaine sensation. On va dire ça à la trance, c'est s'élever, c'est oublier tout ce qu'on a, tout ce qu'on subit, tous nos problèmes, se lâcher sans réfléchir et rencontrer des gens sans préjugés, sans se soucier de son passé, de n'importe quoi. C'est sur le moment, sur l'instant, tout le monde partage quelque chose. Dans la musique, on cherche un état de bien-être. Moi, je le vois comme ça." (Henri)

Henri semble décrire ce processus d'effervescence sociale dans la fête techno dans des conditions différentes de celles décrites pécédemment. Le secret n'est plus respecté, l'organisateur détient cette informations. Et quand il dit "on va dire ça à la trance", il révèle un discours formaté par la techno, et exacerbé dans la trance. Par conséquent, je met en doute le caractère sacré du rituel mis en place

56 Hampartzoumian S., op. cit. p.265.

57 Hampartzoumian S., op. cit. p.295. Cette référence à la "synthèse soustractive" est un empreint à Emile Durkheim (tiré de), Les Formes Elémentaires de la Vie Religieuse, le Système Totémique en Australie, Paris, Quadrige, PUF, 1990.

par la fête techno concernant l'organisation. On peut en revanche parler de la mise en place de « rite profane », « sans référence à une quelconque mythologie religieuse »58 (Rivière C. 1995).

III.2. Organiser une soirée : une activité de loisir entre amis

Anthony, et les autres organisateurs rencontrés aussi, le racontent de la même manière, l'organisation de soirée techno est une "occasion de faire la fête avec les copains". La différence avec des soirées privées organisées notamment pour célébrer un anniversaire, c'est qu'elles ne sont pas prévues pour accueillir du public. Dans des événements pouvant prendre de l'ampleur, la loi a posé des limites, car avec les amis des amis, une fête peut devenir ingérable et porteuse de risques pour les personnes, le matériel et les lieux. Les organisateurs en parlent constamment, il s'agit d'un invariant majeur, la fête est un lieu de sociabilité amicale. N'est-ce pas une caractéristique des musiques populaires ? Norbert Elias et Eric During, dans un chapitre intitulé "La quête du plaisir", propose une classification des activités de temps libre. Il nomme la "sociabilité non formelle", le temps libre employé par les individus dans des activités qui "ne sont pas liées au travail, comme aller au pub, au club, au restaurant, à une réception, bavarder avec ses voisins, rester en compagnie d'individus sans rien faire, comme une fin en soi"59. Toutes ces références aux amis, aux potes, aux copains sont de cet ordre. Ce temps libre n'est certes pas employé à ne "rien faire, comme une fin en soi", mais est mis à contribution pour préparer et faire la fête. Il ne faut pas oublier qu'on ne devient pas organisateur de soirée du jour au lendemain, que chacun, avant de s'investir personnellement dans la construction de fête, était lui-même un participant (Elias N. et Dunning E., 1986).

Henri a été "embrigadé par une bande de potes" ; Stéphane a été "branché pour aller faire des soirées" par un "mec" à l'armée ; Anthony a "découvert ce que c'était les soirées en Espagne, les soirées techno, en Espagne, avec des djs français comme J. -R., Fred Tassy, Cybersonic, Spdy 'T et tout ça" ; "dès qu'on voulait sortir, on était obligé d'aller à Toulouse, Montpellier", raconte Julien. La découverte du mouvement techno et des soirées a été un moment convivial pour les organisateurs qui ont tenté de conserver cette sociabilité en organisant à leur tour ou même ont édifié l'organisation de soirée sur ce principe : "au niveau des soirées comme on t'a dit, nous, on aime bien les faire avec nos amis. C'est notre motivation de se regrouper [...] parce qu'il y a un noyau qui est à Perpignan" (Renaud et Amélie décrivant l'équipe de Psyva).

58 Rivière C., op.cit. pp.127-136.

59 Elias N. et Dunning E., Sport et Civilisation : La Violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 84. Cet ouvrage est tout d'abord paru en 1986 sous le titre Quest for Excitement, Sport and Leisure in the Civilizing Process, par Basil Blackwell Ltd. Ce chapitre est la version revue de l'article "The Quest for Excitement in Unexciting Societies", écrit en 1967.

III.3. La coopération dans l'équipe organisatrice

L'organisation de soirées est le terrain de l'entre-aide. J'ai pu l'observer lors de l'après-midi de préparation de la soirée du 5 avril. Emilie, une bénévole d'Hadra, l'explique : "Mais c'est pas parce que je suis pas sur un planning que je donne pas un coup de main.". Nous ne sommes pas sur le terrain de l'entre-aide pour survivre mais de l'entre-aide pour se faire plaisir. Voilà, un trait intéressant dans la culture techno telle qu'elle s'est présentée à moi. Les membres de l'organisation ont le sentiment d'agir ensemble pour un même but, ce qui semblerait les conduire à être solidaires les uns vis-à-vis des autres. Elle expose d'ailleurs deux raisons de devenir organisatrice : "parce que j'aimais bien participer, comment dire, à aider à développer le mouvement en France, qu'il fallait participer". Dès lors, on peut parler de l' "équipe" organisatrice au sens de "groupe de personnes travaillant à une même tâche ou unissant leurs efforts dans le même dessein" possédant l' "esprit d'équipe", c'est-à-dire de l' "esprit de solidarité qui anime les membres d'un même groupe"60, comme dans le sport. Mais l'analogie avec le sport ne va pas jusqu'à l'affrontement de deux équipes adverses lors d'un match et au type de "configuration" décrit par Norbert Elias et Eric Dunning à propos du football car les règles du jeu sont différentes61. En revanche, n'existe-t-il pas une dynamique de groupes propre aux organisations de fêtes techno ? Au cours de l'enquête, des liens sont apparus entre les différentes organisations étudiées ce qui peut laisser penser que des interdépendances puissent exister entre elles comme la compétition.

Pour conclure cette partie consacrée aux groupes d'organisateurs dans l'organisation "à l'arrache", je ne peux pas infirmer l'existence d'une communauté. Les organisateurs se rassemblent dans des groupes afin de poursuivre leur mouvement. La "communauté trans(e)centale" fournit bien un motif pour organiser des fêtes techno : appartenir à une communauté dont le but est de réunir les conditions de l'effervescence sociale. Mais celui-ci va au-delà de ce que j'ai pu observer dans la réalité. En effet, les organisations que j'ai observé étaient composé d' individus unis par les liens d'affectivité et un projet commun, organiser une fête ensemble. L'être ensemble est-il transcendental ?

IV. Le caractère underground de la fête techno

L'organisation "à l'arrache" peut être définie par le choix délibéré de faire sans référence, aux
normes artistiques et/ou aux les normes juridiques. Dans la musique, cette "non référence" porte le

60 Dictionnaire Larousse de la langue.

61Elias N. et Dunning E., Sport et Civilisation : La violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 284.

nom d' "underground". Mais pour qualifier l'organisation "à l'arrache" d'organisation underground, il faut tout d'abord définir l'évolution de ce terme. Je propose ensuite de retracer l'expérience d'une organisation pour comprendre l'effet de l'institutionnalisation sur ce caractère underground.

IV.1. Tentative de définition de l' "underground"

Le terme "underground", littéralement "souterrain" s'oppose au "mainstream" ("le courant principal"). Ces deux pôles sont fréquemment utilisés pour qualifier la musique. Seulement underground est le plus souvent utilisé pour décrire des styles musicaux indépendants des circuits normatifs de la création artistique. Le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005 intitulé "Musiques underground : stratégies d'acteurs et politiques publiques" était organisé en ce sens : définir les rapports entre les acteurs citoyens et les acteurs politiques dans les musiques underground à partir une étude comparative des genres musicaux : le jazz, le metal, la techno, le hip-hop notamment. Dans la typologie de Gérôme Guibert sur les musiques populaires, on retrouve entre les économies marchande et publique, un champ de l'économie non monétaire et donc indépendant, "économiquement underground". Dans cette logique, "underground" peut caractériser une logique de militantisme qui se manifesterait ensuite dans des structures productrices "privée non lucrative" ou associative. Ce caractère peut impliquer une démarche artistique et/ou organisationnelle subversive, c'est-à-dire faire délibéremment à contre courant des canons académiques et des normes. Gérôme Guibert définit un "tiers-secteur" musical entre les processus d'industrialisation et d'institutionnalisation qui résisterait bon gré mal gré à ces processus. "Le phénomène [l'apparition du tiers-secteur subventionné] a notamment été dénoncé par une partie des tenants de la culture techno, des free-parties et des teknivals qui revendiquaient, en suivant le philosophe Hakim Bey, l'élaboration possible de TAZ (Zones Autonomes Temporaires). La volonté de disposer d'espaces en dehors de règles qui régissent l'économie et le droit légal de la musique, considérées comme trop contraignantes à l'impulsion créative et sociabilisatrice" 62(Guibert G., 2005).

Mais que dire des "Nuits underground" organisées par le Conseil Général des Pyrénées Orientales au Palais des rois de Majorque durant le mois d'août à Perpignan ? Je prend volontairement cet exemple pour illustrer le propos de Gérôme Guibert expliquant la volonté du politique d'intégrer l'underground et la techno dans le champ de son intervention et finalement de récupérer le caractère esthétique de ces créations. Cette expression est de plus de plus à la mode, ce qui est paradoxal. Au- delà, le concept d' "hétérodoxies" sert à décrire les particulatités "autres" que l'on peut observer que celles-ci s'opposent ou non à l' "orthodoxie". Son utilisation porterait sûrement moins à confusion.

62 Guibert G., op.cit.

IV. 2. S'accomoder de la légalité pour organiser des soirées

Même si organiser des fêtes "à l'arrache" a l'avantage d'assouplir l'organisation de soirées, de croire que ce qui se produit n'est qu'une fête entre amis, la clandestinité enferme l'organisation dans une sphère occulte. Pour décrire ce passage de la clandestinité à la légalité, il convient de se pencher sur le cas de Tromatik System, un sound system devenu une association.

Les Tromatik sont nés en 1998 à Perpignan sous forme de sound system, c'est-à-dire en groupe informel de djs possédant leur propre système d'amplification du son, d'où cette terminologie. Henri est un des djs du groupe, "Pitz" est son surnom et son pseudonyme. Il est le seul membre du groupe avec qui je me suis entretenu. Il qualifie sa découverte des soirées techno deux ans auparavant de "gros coup d'électrochoc", un moment fort qui le pousse à devenir dj. Cela rappelle le "traumatisme".

Le temps de se faire la main dans quelques bars et dans des petites soirées en groupe, les Tromatik System décident en 1999 de se lancer dans la free party. Beaucoup de lieux peuvent se prêter à ce genre d'événements dans les Pyrénées Orientales. Ils organisaient plusieurs free parties pendant l'année et un teknival en été. Ils ont même une fois collaboré en Espagne avec les Mental Resistance, ceux qui rassemblaient 1500 personnes dans l'Aude lorsque "les petites teufs" de Perpignan ne comptait que "200-300 personnes". Comme je le défendais plus haut, organiser des fêtes est de l'ordre du social, alors, lorsqu'Henri parle de l'évolution du sound system, il s'agit de l'évolution du groupe, de la sortie des uns et de l'entrée des autres. En 2001 selon lui, "il y a eu une vraie cohésion".

Au passif de Tromatik : un meurtre dans l'une de leur soirée à Corbère-les-Cabanes. Pour Henri, il s'agissait d' "une explication entre un groupe de punks et un groupe" . Un homme est blessé, un autre est mort. "Bon voilà, on a fait la une sur TF1". Mais le sound system n'a eu à subir que la perquisition de l'ordinateur sur lequel le flyer avait été conçu. Alors, le sound system a continué à organiser des soirées "illégal[es] à 100%" dans divers lieux du département jusqu'à la Franqui : "une énorme teuf, c'était vraiment la dernière teuf illégale qu'on a fait et où d'ailleurs on a eu des problèmes avec les flics". Cette soirée a marqué leur entrée dans la légalité.

En plus du sound system, Tromatik System devient une association en 2003. Henri avoue "Au départ, on faisait ça à l'arrache, même si on était une asso. Et là, de plus en plus, avec l'expérience on fait les choses carrées, avec des autorisations de débit de boissons, des contrats, tout ça ". Un changement de statut ne transforme pas les pratiques d'organisateurs. Mais cette nouvelle image leur a ouvert davantage de moyens de s'exprimer, pouvoir "occuper tous les terrains" comme Henri le décrit, c'est-à-dire organiser des soirées dans des clubs, des mas ou même dans les rues de

Perpignan à la fête de la musique. L'objectif officiel de leur association, comme beaucoup d'autres du même type est de promouvoir les musiques électroniques et les arts qui l'environnent (pour eux le graffiti) et officieusement c'est de "faire la fête, organiser des soirées et peu importe la manière... enfin, la manière : le lieu et les conditions". Pourtant, ils savent organiser une soirée "dans les règles de l'art" pour en avoir fait l'expérience.

Organiser "à l'arrache" est plus un état d'esprit des organisateurs qu'un rapport direct à la loi. C'est ce que je pense lorsque je dis que "rien n'est interdit du moment qu'on ne se fait pas prendre". J'ai utilisé volontairement l'expression "à l'arrache" employée par deux organisateurs afin de mettre en valeur leurs "expérience[s] de vie"63 (Dubet F., 1987). Cette manière d'organiser est une résistance contre la responsabilité et une esthétique artistique : on ne va pas respecter les règles imposées parce qu'elles sont justes et que leur respect signifie organiser une fête techno sans risque pour les participants et pour les organisateurs. Ces règles sont davantage perçues comme des contraintes. De plus, cette résistance est un moyen de faire la fête comme à ses débuts, ne pas se soucier de la sécurité des autres et les laisser responsables d'eux-mêmes. Après avoir exposé ce qu'organiser "à l'arrache" peut signifier, nous allons aborder l'organisation "dans les règles de l'art", une autre manière d'organiser la fête techno, une autre manière de décrire son organisation.

63 Dubet F., La Galère : Jeunes en Survie, Fayard, 1987, pp. 9 et 111.

Chapitre 3 :

L'organisation "dans les règles de l'art"

I. Pourquoi organiser "dans les règles de l'art" ?

Cette expression provient du discours des organisateurs : organiser "dans les règles de l'art" n'est pas une notion sociologique. Aussi, pour justifier son utilisation, il est indispensable de commencer ce chapitre par la définir avant de présenter les deux attitudes principales empreintées par les organisateurs qui qualifie leur organisation "dans les règles de l'art".

I.1.Définition du type d'organisation "dans les règles de l'art"

"Mais avec les autorités, un truc vraiment légal et vraiment dans les règles de l'art". Dans cette phrase, Stéphane ajoute à l'aspect légal de l'organisation, par la conjonction de coordination "et", l'expression "dans les règles de l'art", ce qui laisse penser qu'une telle organisation est plus que celle qui respecte la règlementation formelle.

D'autre part, Henri utilise deux fois l'expression "dans les règles de l'art" pour décrire l'organisation. Dans la première, il décrivait l'organisation interne de l'association. Bien qu'il avouait que les comptes de la structure n'était pas tenu "hyper carré", le fait d'avoir distribué les responsabilités légales du bureau lui semblait être fait "dans les règles de l'art". Donc tenir des comptes "à l'arrache" peut être perçu par l'organisateur comme négligeable et se justifier d'une bonne organisation. La seconde fois, il l'utilisait pour décrire l'organisation d'une soirée qui s'est déroulé l'été dernier à Prades en extérieur. À ce moment un respect plus strict de la règlementation formelle semble être un argument pour nommer une soirée faite "dans les règles de l'art". Il ne faut pas négliger le versant communicationnel du représentant de l'organisation, ce que Stéphane Hampartzoumian appelle le "prêt-à -parler d'un discours officiel sans parole"64. Mon intention n'est pas de gommer ce discours, qui n'est pas un faux discours, mais au contraire de le restituer afin que l'on comprenne son sens.

Par conséquent, l'expression "dans les règles de l'art" peut signifier deux choses dans la perception des organisateurs rencontrés : être dans les règles de l'organisation interne selon un rapport de conformité à des normes fixées par les autres (institutionnalisation telle que définie par Stéphane Hampartzoumian), mais pas nécessairement dans un respect strict des règles juridiques ; et bien mettre en oeuvre les règles propres à l'art d'organiser des soirées. Nous allons tout d'abord aborder le premier sens de l'expression au travers de l'organisation qui veut montrer plus de sérieux. Je n'exclue aucunement son deuxième sens, seulement nous le traiterons dans les différents points de ce chapitre.

64 Hampartzoumian S., op. cit. p.1 9.

I.2.Des "combines" pour organiser des soirées

Entrer dans une démarche plus légale est un moyen utilisé pour paraître ce que l'on n'est pas forcément. À l'image de l'association Melting Pot (For the Evolution of the Movement Techno), qui organisait officiellement des « expositions d'oeuvres artistiques en 3 dimensions » ou "un after dans un champs" [...] un endroit privé, entre amis" pour monter officieusement des soirées techno au moment où celles-ci étaient interdites, les organisateurs savent user de ruse pour mener à bien leurs projets. Comme ils en parlent, l'important n'est pas de respecter la règlementation à la lettre mais de ne pas être réprimandés par les autorités et au mieux d'être considérés comme des organisateurs sérieux. On peut également parler de l'invitation de l'association humanitaire Médecins du Monde qui n'est qu'une caution de la prévention des risques liés à l'excès d'absorption d'alcool et de drogues. Je consacrerai une partie de ce mémoire à cette prévention. À leur propos, Henri avoue même : "On essaie aussi de faire venir Médecins du Monde pour prévenir tout ça, par rapport aux autorités aussi. Ça fait mieux."

Dans ces derniers changements de statuts du 20 mai 2008, l'association Mystic Chrysalide a créé le statut de "membres d'honneurs, personnes physiques ou morales, qui en raison de leur notoriété ou prestige associent leur nom au projet de l'association ou qui ont rendu des services signalés à l'association". La raison d'être de ce statut est du même ordre : apporter une caution qui donne une bonne image à l'organisation.

L'association Psyva se défend aussi très bien en ce domaine. Ces deux représentants m'ont fait part de multiples astuces sans en dévoiler explicitement les clés : l'observation des autres structures organisatrices et un culte pour le perfectionnisme. "Tout ça peut débouler à des plaintes et donc à des interdictions aussi". Quel meilleur point de comparaison que les autres structures et en particulier Mystic Chrysalide, une organisation plus expérimentée. L'incident survenu lors de la soirée du 5 avril 2008, organisée par cette dernière a eu pour effet l'adhésion de Psyva à l'association Technopol, "un QG des petites assos ", capable de leur porter secours65.

Dans toutes ces astuces, ces "combines", on retrouve, le "il ne faut pas se faire pécho", des jeunes étudiés par François Dubet dans son étude sur la "galère "66, à la différence que les organisateurs de soirées techno ne vivent pas dans cette délinquance mais dans la peur de l'interdiction d'organiser. L'"intelligence stratégique" développée par les jeunes se retrouvent chez les organisateurs. Ils apprennent à rechercher les informations qui servent à mieux s'armer contre les obstacles à leurs projets. De son côté, Monique Dagnaud impute cette "élasticité des règles" au "parasitage entre la

65 Une description de cet incident est présente dans mes observations participantes p.168

66 Dubet F., op.cit. p. 101

connaissance d'une règle et son application, entre la notion de danger et les précautions à prendre pour s'en prémunir, entre la pensée rationnelle et les comportements ad hoc, entre le légal et l'illégal"67.

I.3.La prise de conscience de la responsabilité

Au-delà de simplement apparaître au regard des autres, l'institutonnalisation des organisations s'inscrit dans une volonté des organisateurs de se responsabiliser, d'organiser réellement "dans les règles de l'art". Ce processus ne s'est pas fait sans démonstration au niveau national dont la circulaire interministérielle de 1998 est un réponse. L'association Technopol a poursuivi le but qu'elle s'était fixée : "réhabiliter l'image publique de la techno"68. La même volonté anime des organisateurs que j'ai rencontré comme Stéphane qui défend son association : "C'est une organisation qui essaie d'être sérieuse, qui essaie de montrer que le mouvement électronique peut être tenu correctement et après les gens qui viennent, s'ils veulent se déchirer en boîte ou ici, qu'ils se déchirent. On sait qu'on véhicule cette idée mais...et quand je dis « on », c'est la musique, c'est le mouvement. Et justement, on voudrait arriver à faire des...on arrive au niveau musical et...au niveau sonore et visuel, mais ce qu'on aimerait c'est arriver à faire des teufs propres". Pour eux, l'image médiatique et celle partagée par la majorité des individus n'est que le fait d'une minorité qui entâche un mouvement culturel dans son ensemble.

L'organisateur est un acteur du mouvement techno auquel il veut appartenir, il est également l'acteur essentiel de la fête techno, celui qui réunit les éléments de la fête formelle, les conditions de l'émotion collective. Il est le responsable de la fête. "Et de passer de fêtard à l'organisation, tu vois déjà les choses complètement différemment. Moi, je sais qu'à l'époque ça m'avait vachement marqué, d'être responsable de la soirée. T'as un côté de responsabilité que t'avais pas avant, tu vois plus la musique pareil et j'ai trop kiffé donc je me suis dit que j'allais faire ça le plus longtemps possible." Tel que le raconte Julien, on sent qu'il prenait plaisir ("j 'ai trop kiffé") à ressentir le pouvoir inhérent au statut de l'organisateur de la fête sur les participants. Seulement tout pouvoir est assorti de responsabilité que l'organisateur doit supporter. En effet, une règlementation spéciale encadre les conditions dans lesquelles une fête techno est faisable, mais le droit général reste applicable et le droit pénal en tête.

Prenons le cas de l'association Mystic Chrysalide. Une participante s'est soudainement évanouie au
cours de la soirée qu'ils ont organisé le samedi 5 avril69. Cet événement a eu pour effet une réelle

67 Dagnaud M., op. cit. pp. 25-26.

68 Hampartzoumian S., op. cit. p. 209

69 Une description de cet incident est présente dans mes observations participantes p.168

prise de conscience au sein des organisateurs des risques pour les participants et pour les organisateurs responsables. Stéphane s'est d'ailleurs livré à ce sujet : " je pense pas que l'assoc soit prioritaire sur la vie d'un mec". Celui dont la vie a couru un risque étant le président de l'association, responsable pénalement selon eux. Mais il n'est pas le seul à courir un risque et en première ligne, les participants. Cependant dans les valeurs de la fête techno, on laisse les individus responsables d'eux-mêmes : "on n'est pas là pour les réprimer. Mais voilà, on leur demande de faire ça discrètement parce que après, c'est nous qu'on prend", explique Henri ; "les gens, ils font ce qu'ils veulent", répond Renaud. Alors, ils essaient de prémunir d'abord l'entité organisatrice, c'est-à-dire de structurer l'organisation et lui créer une image officielle. Ensuite, c'est leur propre sécurité qu'ils essaient d'assurer.

II. Formaliser l'organisation pour organiser réellement "dans les règles de l'art"

L'institutionnalisation du mouvement techno signifie que les organisations de soirées techno sont formalisées. Toutes les organisations que j'ai observées au cours de l'enquête sont, ou ont été des associations "loi 1901" (sauf Komod'O Dragon est une maison de disques qui organisent des soirées en partenariat). Il semble que pour les besoins des organisations, cette forme juridique était la plus adéquate. Comme l'enquête parlementaire le signale, les pratiques musicales et sportives sont proches en terme de besoins, donc il n'est pas nécessaire de justifier leur choix pour l'association, hormis de rappeler que leur pratique est amateure. Je n'ai pas cherché à connaître chacune d'elles en détail. En revanche, les données reccueillies proviennent de mon expérience au sein de Mystic Chrysalide et des entretiens réalisés auprès des organisateurs. Nous allons donc étudier cette formalisation des organisations. Puis nous verrons que dans l'institutionnalisation les rapports externes de l'organisation sont des rapports formalisés et principalement dans ses rapports avec les autorités publiques.

II.1. La formalisation du fonctionnement interne

Constituer ensemble des activités sous forme juridique est certes un moyen de protéger, par la personnalité morale créée, les individus personnes physiques, mais cela implique aussi des changements dans les rapports que les individus entretenaient entre eux. Plus que des amis, les membres d'une organisation formalisée dans une association "loi 1901" deviennent des membres de l'association. Ce qui auparavant unissait l'activité de chacun pouvait dépendre des liens tissés entre eux, l'amitié et/ou un projet commun par exemple. Avec la création d'une entité, vis-à-vis de

laquelle chacun s'est engagé, de nouveaux rapports se créent entre les individus.

Certains membres de l'organisation voudront respecter les procédures à la lettre. Selon eux, fonctionner dans la légalité implique de respecter toutes les formalités, quitte à envoyer une convocation pour se réunir quand un coup de téléphone aurait suffit70. "C'est un peu compliqué les associations quand même. Si tu veux vraiment respecter la règlementation à la lettre, c'est chaud", avouait Manu, président de l'association Mystic Chrysalide, lors d'une discussion sur le fonctionnement interne des associations avec Didier, un membre de l'association Hadra. D'autres, en revanche, ne comprennent pas pourquoi il faudrait formaliser les échanges entre les individus. Organiser la fête techno ne dépend pas directement du fonctionnement interne de l'association, en dépis des possibles malentendus. Cette dernière sert alors de "prête-nom".

Les statuts définissent des organes qui gèrent l'organisation. Différents degrés d'implications sont formalisés au sein de l'association. Des rôles, dotés de pouvoir spécifiques comme les membres du bureau, sont dévolus aux personnes physiques. Les décisions sont prises démocratiquement par les membres de l'organisation, ce qui n'éloigne pas des pratiques antérieures. Mais est-ce que cette formalisation ne tend pas à dénaturer la coopération entre les membres ?

La spécificité de l'association, en tant que forme juridique, est son caractère de non-lucrativité. C'est pourquoi cette forme est privilégiée dans le cadre des activités de temps libre comme les associations sportives. Ce choix correspond aussi à une certaine indépendance de l'économie marchande. Mais, "pour faire des soirées, il faut de la tune", rappelle Stéphane. Alors, les membres prêtent "de leur poche" l'argent pour investir dans les premières soirées. Celles-ci sont en parti rentabilisées avec les recettes du bar. Le prix des entrées les complètent. Certains attâchent de l'importance à faire payer une "entrée abordable" pour la soirée (de 5 à 10 euros). Le prix dépend du budget investi dans la soirée. Lorsque les membres sont remboursés, organiser des soirées peut génèrer un excédent sur le compte de l'association, qui constituent souvent le fond de roulement indispensable pour lancer de nouveaux projets, une réserve pour anticiper une soirée déficitaire et un budget pour investir dans du nouveau matériel de sonorisation et/ou de décoration. Lorsque l'association accumule suffisamment "de tunes", des projets plus importants peuvent être réalisés par le groupe comme l'organisation d'un festival ou d'un teknival.

Avant d'étudier les organisations techno, j'avais déjà travaillé illégalement dans des soirées où je gagnais un peu d'argent. Dans les associations organisatrices, les membres sont tous bénévoles. Leurs activités en leur sein sont accomplies pour l'association.

Le projet de chacun des organisateurs est également formalisé dans l'association, il devient son
"objet social". L'objet est plus ou moins large : il va de la promotion des styles de musique

70 Voir en annexe, la convocation à l'assemblée générale et de côtisation annuelle de Mystic Chrysalide pp. 196-197.

électroniques et techno au développement de la culture électronique dans son ensemble. L'association Mystic Chrysalide a d'ailleurs étendu son objet social le 20 mai dernier afin d'englober la décoration, art qu'il considère "autonome" accompagnant la musique, à la culture électronique. "Avant c'était David qui s'occupait de la déco et quand il est parti, je l'ai pris en charge alors que j'étais pas décorateur du tout et que ça m'intéressait même pas. Mais bon, pour le bien de l'assoce, j'ai évolué et maintenant j'arrête le djing pour me consacrer qu 'à la déco." Stéphane est en effet devenu le nouveau "chef décorateur" de Mystic Chrysalide. Les motivations de son choix relève du projet commun et non plus de son projet personnel. L'objectif des organisateurs est de défendre cette culture électronique et de participer à son développement. J'ajouterais les fêtes techno comme élément important de cette culture. Cette position défensive et les justifications de cette position sont vraissemblablement les réactions répondant au "dénigrement médiatique" et les préjugés qui en découlent71.

Vouloir organiser des soirées "dans les règles de l'art" et respecter la légalité est la solution que ces organisateurs ont choisi pour valoriser leur mouvement. Cette attitude démontre une prise de conscience des dangers de la fête techno. La règlementation a pour effet de responsabiliser les organisateurs. Elle est la cause aussi d'un accroissement des charges. Monter une soirée n'est plus simplement un loisir dénué de contraintes.

II.2. Dialoguer avec les autorités

Organiser des soirées techno amène certains organisateurs à se responsabiliser notamment dans les différents contacts avec les autorités publiques. De manière informelle, ils développent déjà des capacités à expliquer et rassurer ces autorités. La police et la gendarmerie nationale sont les autorités d'intervention sur les lieux de la fête. Lorsque celle-ci n'a pas fait l'objet d'une déclaration préalable, ils sont avertis par des plaintes de voisins importunés par le bruit et le rassemblement des particpants. J'ai pu observer que les organisateurs adoptent systématiquement le discours officiel tendant à fournir les cautions suffisantes pour continuer la fête : terrain privé, anniversaire... Dans l'institutionnalisation du mouvement, la volonté affichée du législateur était de responsabiliser les organisateurs et de poser "le principe d'un dialogue"72 entre eux et les pouvoirs publics. Nous allons justement examiner ce dialogue.

71 Hampartzoumian S., op. cit. p. 203.

Voir également le communiqué de presse de rendu de Rapport parlementaire en annexe : "Il (le rapport) décrit les mécanismes de solidarités, les compétences techniques et logistiques ainsi que les organisations humaines à l'oeuvre dans ces fêtes trop souvent et trop injustement stigmatisés par des visions et des propos caricaturaux".

72 Voir en annexe la Circulaire du 24 juillet 2002 sur les dispositions de la loi sur la sécurité quotidienne relative aux "rave-parties" et sur les dispositions règlementaires d'application p.222.

Le régime général prévu par le dispositif "rave parties" a vocation à éclairer les préfets de département chargés de la mise en place de ce dialogue. De leur côté les organisateurs doivent démontrer le bon déroulement du rassemblement. Les organisateurs rencontrés ont tous conscience qu'il faut dialoguer avec les autorités pour mener à bien leurs projets. S'ils veulent obtenir l'autorisation d'organiser, ils doivent se soumettre à certaines obligations et élaborer "un dossier de déclaration solide" à déposer en préfecture un mois avant le rassemblement. Doivent être jointes à la déclaration, les informations garantissant le bon déroulement de la fête : l'autorisation d'occuper le lieu, les modalités de communication au maire de la commune concernée et une démonstration des moyens mis en oeuvre pour assurer la sécurité et la santé des personnes, la salubrité, l'hygiène et la tranquilité publique. Pour cette dernière modalité, "les organisateurs doivent prendre contact" avec les services publics et privés susceptibles de s'en charger : police, gendarmerie nationale, protection civile, SAMU, associations de secouristes... Si les conditions ne sont pas remplies, le préfet peut surseoir à la délivrance du récépissé de déclaration et organiser une concertation avec les organisateurs. Cette procédure a fait l'objet d'une confirmation du Conseil d'Etat, dans son arrêt du 30 mai 2004. L'association Technopol estimait que le préfet excédait son pouvoir à ne pas délivrer ce récépissé et que le décret prévoyant ce pouvoir était illégal. Le juge administratif a rappelé que le préfet avait le pouvoir de vérifier le caractère suffisant des moyens prévus par la loi pour garantir le bon déroulement du rassemblement et qu'à défaut, une concertation peut être organisée avec les organisateurs73.

Pour être soumis au régime différencié plus favorable, les organisateurs peuvent signer un "engagement de bonnes pratiques" et le remettre quinze jours maximums avant le rassemblement à la préfecture de département, qui leur remmettra un récépissé. Ce régime est plus favorable aux organisateurs car il présente, en plus des informations exigées par le régime général, l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour la réduction des risques. Lors de sa soirée du samedi 11 juin 2005 à Bélesta, l'association Mystic Chrysalide a notamment inséré dans son engagement des plans de situations de la fête, l'attestation d'assurance et les engagements des partenaires chargés de la réduction des risques (Agents de sécurité, Médecins du Monde, Agoratek, Collectif de lutte contre le sida).

Toutes ces démarches sont lourdes de temps et complexes m'ont avoué les organisateurs. Pour mieux me rendre compte, j'ai fait l'expérience d'aller à la préfecture pour obtenir un formulaire de déclaration. Les employés m'ont envoyé le chercher à la Protection civile, laquelle m'a envoyé à la Direction Départementale Jeunesse et Sports pour finalement revenir à la préfecture. Une matinée de marche dans Perpignan et d'explications de la procédure aux employés des divers services sans

73 Conseil d'Etat, 30 mai 2004, 5è et 4è sous-sections réunies, 248460.

avoir obtenu le document.

"Manu et Céline avait été démarché et on avait un médiateur, un médiateur qui s'occupait de nous, mais après, avec la loi Sarkozy, ils ont arrêté les médiateurs. Et c'est vrai que c'était bien parce qu'on passait par lui et on montait des dossier béton", raconte Stéphane en évoquant l'aide du correspondant de la préfecture. Son rôle défini par la circulaire était de faciliter les démarches des organisateurs en se gardant de les faire à leur place, le but étant de les responsabiliser. Ces tâches sont une corvée pour beaucoup d'organisateurs si bien que certains se spécialisent pour l'ensemble du groupe.

III. Les "communautés de loisir"74

Julien parle d'une "communauté hardcore" pour décrire les amateurs de hardcore en Espagne." À Ibiza, tu as de la Trance Psychédélic, à mort aussi, qui est une communauté plus petite que celle de la House mais tu as des très grandes soirées", a également indiqué Renaud. "Le monde est petit quand même, c'est une petite famille, sur toute la France", a même renchérit Amélie. Je ne cache pas que les concepts de "néo-communauté", de "néo-tribu" me dérange tout autant que la "postmodernité" ou l' "hypermodernité". Pourquoi abosolument essayer de comprendre la fête techno au regard du sacré ? Pour décrire le groupe social regroupé dans l'organisation de soirées techno, je privilégie ici l'aspect du loisir au détriment de la ritualité. Ma recherche sémantique s'est donc portée vers les études sur les phénomènes sportifs. Or, le terme de "communauté" y est également employé dans l'expression "communauté de loisir" soulignant la sociabilité, en tant qu' "élément fondamental de loisir". Norbert Elias et Eric Dunning qualifient les groupes de loisir dans leur dimension sociabilisante de communautés de loisir avec prudence. Ils rejettent en effet l'assimilation de la communauté de loisir avec la "communauté de village" : "les exemples que nous avons à l'esprit permettent de se débarrasser des connotations romantiques traditionnellement associées à ce terme. Les gens qui, dans leur loisir, aiment se joindre à des "Gemeinschaft de pub" ou se rendre à des réceptions susceptibles d'encourager l'intégration à un niveau plus élévé d'attractivité déclarée et plus ou moins amicale n'ont pas nécessairement le même état d'esprit que les âmes romantiques qui rêvent d'un retour des Gemeinshaften des villages d'antan". Cette définition correspond au point de vue de l'organisateur de la fête et non du participant car ces appropriations des termes "famille", "communauté", "tribu" fait partie du jeu et de l'esthétique de la

74 Elias N. et Dunning E., Sport et Civilisation : La violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 165. "Gemeinschaft de loisir". Ce chapitre intitulé Les Loisirs dans le Spectre du Temp Libre est la version revue de l'article dont un extrait est paru en 1972 dans Sociology of Sport : Foundations and Research Methods, sous la direction de Rolf Abonico et Katarina Pfister-Binz, Bâle.

techno qui sont encore plus fort dans la "sous-culture trance"75. Les activités de loisirs sont des temps où les individus se libèrent de la routine et des contraintes liées au travail, des échanges impersonnels et de la retenue des émotions inhérentes aux relations professionnelles ce que nomment les deux auteurs le "carcan". Ils s'étaient d'ailleurs intéressés à la place de l'alcool dans la levée des inhibitions cérébrales facilitant "la stimulation réciproque amicale à un niveau relativement élevé d'affectivité, qui est l'essence de la sociabilité du loisir"76(Elias N., Dunning E., 1986). La fête est un temps où se joue des relations collectives et la libération des émotions individuelles. À propos du metal, l'utilisation des icônes extrémistes taboo, les auteurs parlent de "jeu subversif et de théâtralité"77 (Mombelet A. et Walzer N., 2005). Le jeu de la transgression des normes induites par la fête techno dépasse le simple cadre des loisirs lorsqu'il devient lui-même la norme. Après, confondre le jeu et la réalité relève du champs de la psychanalyse où je ne m'aventurais pas ici. Du point de vue de l'organisateur, la "communauté" signifie plus un groupe d'amateurs de tels ou tels styles et non pas d'une "tribu" ou "néo-tribu" au sens anthropologique. Alors, ces revendications d'appellations par les organisations n'ont pour les besoins de cette étude que le sens de production de mythes rassembleurs et comme le conclu Lionel Pourtau dans un article dédié à la définition du néo-tribalisme : "les technoïdes se rattachent à un tribalisme qui n'a jamais existé. Les administrations coloniales ont défini un tribalisme qui n'a jamais existé. Au niveau des effets, cela n'a pas grande importance"78 (Pourtau L., 2000).

"Mais c'est quoi « être organisateur » ? moi, comment je le vois, c'est participer à un projet et se faire plaisir. Et si tu peux faire plaisir au gens en te faisant plaisir, c'est super" (Stéphane). De ce point de vue, le sens de l'organisation de soirées techno ne fait aucun doute. Le motif ici exprimé est de l'ordre du loisir.

IV.Un mouvement culturel malléable pour ses amateurs

La diversification des sous-genres est le propre de l'offre des musiques électroniques. Nous allons voir que contrairement à son projet initial de subversion de l'industrie culturelle, la techno a également les traits d'un produit de consommation. Et cette consommation de masse permise par ses dérivés est à la source d'un courant musical participatif.

75 Birgy P., op.cit., p.58.

76 Elias N. et Dunning E., op. cit., pp.165-166

77Mombelet A. et Walzer N., op.cit.

78 Pourtau L., Vers la Définition d'un Néotribalisme, décembre 2000, disponible sur le site du GREMES.

IV.1. Consommer la techno

Le courant musical techno n'est pas homogène. On peut rechercher l'homogéméité par son caractère de musique de danse ou musique électronique, mais cela ne parvient pas à expliquer l'hétérogénité de ses emplois par les individus. Je préfère donc le considérer comme une "enveloppe musicale et culturelle maléable". Philippe Birgy dans son ouvrage Mouvement Techno et Transit Culturel a rendu compte de la variété des courants à l'intérieur de la techno et de son hétérogénéité79. Ses sous- genres sont en effet le résultat, d'un recyclage des éléments présents dans les autres courants musicaux comme le classique, le jazz, le reggae, le funk, le hip hop ou le rock.

J'ai eu des discutions avec des organisateurs sur ce sujet pour comprendre cette caractéristique de la techno. Mais même des organisateurs et djs n'ont pu m'apporter une classification ordonnée des musiques techno. Puis, s'appuyant sur l'analyse de René Girard, Philippe Birgy met en évidence les discours corporatistes et la personnalisation de la musique par ses créateurs : "il ["le discours de Girard"] fait apparaître que ce désir de distinction est inspiré par l'image médiatisée d'autres individus qui se sont distingués pour les mêmes raisons, que tout le foisonnements des genres, ses constantes ramifications, la complexité des champs de la mode tiennent à un seul objectif jamais formulé et voué à l'échec : celui de se mettre à part"80 (Birgy P., 2001). Les créateurs de la musique opèrent donc un va-et-vient entre le "mimétisme", c'est-à-dire l'observation de ce que font les autres, et la "différenciation", c'est-à-dire un démarcage qui n'a d'autre ambition que de se rendre unique.

Du côté de l'audition, les amateurs peuvent rechercher dans cette variété ce qui leur convient. Leurs goûts peuvent même évoluer en fonction du même double processus qui a conduit les créateurs à se distinguer. On retrouve ainsi des fêtes techno variées dans des détails alors que le fond respecte les normes du sous-genre choisi. Les organisateurs peuvent affirmer leur identité dans leurs actes. "Ouai, et du jour au lendemain, ils nous sortent un nouveau style: la "shrance ". Alors pourquoi, nous, on crérait pas l' "Electrochill". Et pourquoi on crérait pas, j'en sais rien, le "rugby-foot", un nouveau sport : le "rugby-foot". Le rugby avec un ballon rond, c'est un peu plus dur"(Anthony). De ce point de vue, la techno peut être considérée comme un genre musical favorisant des expressions culturelles plurielles.

79 Birgy P., op. cit. p.33 Le Tableau des "quatre "guides" des musiques électroniques de danse".

80 Birgy P., op. cit. p.127

IV.2. L'organisateur est-il un auditeur-pratiquant ?

"L'amateur est l'enfant du mariage récent de la musique et du marché". Au cours des entretiens, les organisateurs ont exprimé leurs goûts pour la musique. Je n'ai pas cherché à cadrer leur discours vers les aspects purement organisationnels et je les ai même parfois encouragé à m'expliquer leurs goûts. Néanmoins leur prêter une oreille attentive sur ce thème du goût pour la musique a instauré un climat de confiance et m'a fourni des informations utiles sur leur objet d'amour et le rôle de l'organisation de soirées techno dans leur relation avec la musique. " [...] qu'il la joue, la déchiffre, l'écoute ou s'en fasse un tapis sonore, l'amateur re-compose la musique ( y compris les fameuses "oeuvres elles-mêmes", découpées, changées de contexte de performance, de niveau sonore, d'enchaînements, d'usages...) "81(Hennion A., Maisonneuve S., Gomard E, 2000). On peut relier ceci avec la pratique de l'amateur de musique techno, aussi bien celle des producteurs de musiques et que celle des organisateurs. Porté par le mouvement punk rock dans les années 1970, l'esprit "Do It Yourself" (DIY) s'est diffusé dans les pratiques des différents genres musicaux jusqu'à nos jours. Traduit en français par "faites-le vous-même", cette expression est une revendication pour la participation des individus ordinaires à la production artitisque, à la disparition du rapport scène/public jusqu'à l'autoproduction de disques. Les pratiques observées au cours de l'enquête sont portées par cette logique, la participation librement conscentie des organisateurs s'explique par le sentiment de pouvoir et de vouloir faire par soi-même.

"À l'échelle des quatre dernières décennies, on s'aperçoit donc de l'attraction constante qu'exerce le studio, comme principe de traitement du son, sur la sphère amateur et, plus généralement, sur la performance scénique. De «l'attirail« domestique à la sonorisation du live en passant par l'équipement des instrumentistes électriques, de la console du DJ techno, à la platine-disque du scratcheur, à chaque fois on retrouve les principes organisationnels du studio transposés dans des équipements et des pratiques"82. Musicalement, le hip hop et les musiques électroniques sont les résultats de pratiques musicales construites avec l'esprit DIY couplé avec les avancées technologiques. Le matériel de diffusion de la musique loué par les organisateurs est souvent complété la mise en commun du matériel personnel appartenant à ces organisateurs et même parfois empreinté à des amis. Avec les moyens du bord, ces amateurs se fixent comme objectif de proposer des soirées de qualité avec leur propre programmation musicale. On a vu aussi que l'organisation de soirées est un plaisir pour ces amateurs. François Ribac commente ce phénomène ainsi : "en effet, si l'on observe les espaces et les activités dans lesquels s'insèrent les dispositifs publics, on

81 Hennion A., Maisonneuve S., Gomard E., op. cit. ppÀ4-55

82 Ribac F., L'amateur et la phonographie, rock, hip hop, techno. Une contribution au débat sur la filière musicale, 2005, disponible sur http://www.foruma.fr/IMG/l_amateur_et_la_phonographie.pdf

s'apercevra immédiatement d'un hiatus. Là où on créé des salles de concerts payantes les amateurs techno organisent des raves gratuites dans des friches ou à la campagne. Moins que d'y écouter des artistes sur une scène, on y danse et l'on y reste parfois plusieurs jours d'affilée" (Ribac F., 2005)83. J'ai tenté d'avoir une explication lors des entretiens et donc après que je lui ai demandé ce qu'il pensait d'une soirée techno à la Casa Musicale, Anthony m'a répondu que "les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer certains styles de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style de vie c'est écouter de la musique et danser jusqu'à épuisement". Dans sa réponse, le goût pour la musique est attaché au choix du style de vie : les réflexions de Dick Hebdige

L'organisateur est un amateur-pratiquant. Il apporte son quelque chose au projet commun. Anne Petiau met en avant le rôle des musiques populaires en général, et de la techno en particulier, dans la socialisation des jeunes. Partant de son idéal-type wébérien "musique-fonction", elle place au premier plan le caractère collectif des rassemblements festifs techno participant à la socialisation prolongée des jeunes : "ils vont trouver dans le milieu des musiques électroniques des valeurs auxquelles s'identifier, des rôles à expérimenter, et à travers ces expérimentations vont construire leur propre identité"84. Lorsqu'ils deviennent adultes et font le choix d'organiser, ils continuent de se construire dans cette musique et de la construire. "Nous au début, on a fait un peu la même chose parce qu'on a rencontré des gens qui faisaient ça, mais c'est pas...j'aime pas cette musique. J'aime beaucoup l'électro, mais ça la minimal, ça me...ça me ressort par les oreilles". Voilà comment Renaud relate le changement de musique que l'organisation Psyva va proposer pour coller davantage avec ce qu'il aime. Les organisateurs se construisent donc en continue dans leur passion.

IV.3. La participation musicale : l'exemple de l'amateur-dj

Les organisations sont souvent des collectifs de djs et livers qui aiment jouer eux-mêmes la musique. La simplification, la miniaturisation et l'abaissement des prix du matériel technologique de l'enregistrement a été le moteur de cette démocratisation de la pratique de deejaying et de live. Pour quelques centaines d'euros, chaque individu peut aujourd'hui mixer et composer de la musique en home studio. D'ailleurs, l'appellation house music en découle.

Grâce aux organisations, les djs résidents ont la possibilité de pouvoir se produire dans des spectacles qu'ils organisent eux-mêmes. Ces fêtes sont par conséquent le moyen pour ces amateurs de ressentir les émotions de la scène comme des artistes professionnels sans en avoir le statut. Ils sont généralement bénévoles lorsqu'ils mixent et parfois l'organisation les rémunère illégalement.

83 Ribac F., op.cit.

84 Petiau A., Jeunesse et Musiques Populaires : le cas des musiques techno, janvier 2003 disponible sur le site du GREMES.

Dans ce milieu, les musiciens professionnels ont souvent joué dans ce type de soirées avant de formaliser leur statut : "en fait, Phonic Request, c'est...la première fois qu'il a joué dans une teuf, c'était chez nous. Et d'ailleurs après, il a sorti plusieurs albums. Enfin c'était au début quand il se lançait et nous, on lui a fait confiance parce qu'il a du bon son. Et sur un de ses albums, il nous a remercié à la fin, il a remercié Mystic Chrysalide", me rapportait fièrement Stéphane à propos d'un liver venu jouer au Rachdingue pour l'anniversaire de l'association le 14 juin dernier.

L'organisation doit aussi faire jouer d'autres artistes pour éviter de répéter les mêmes soirées. Alors elle invite des djs et liver extérieurs. Nous verrons que le partenariat est un moyen d'innover en la matière. De plus, les djs amateurs ne sont pas tous attachés à une organisation et quand bien même, ils peuvent être invités pour mixer pour une autre pour une soirée. On retrouve ici le réseau pour expliquer ces invitations. Enfin, les soirées sont l'occasion de faire venir jouer des "têtes d'affiches". Ceux-là sont des professionnels dont la notoriété apporte du crédit à l'organisation aux yeux des amateurs participants et organisateurs. Et justement, les organisateurs rencontrent les artistes qu'ils affectionnent : ils peuvent échanger avec eux et les faire jouer est un moyen pour les organisateurs de contribuer à leur profession.

Pour renforcer les contacts entre les musiciens amateurs et professionnels créés par les soirées techno, le Rapport parlementaire Dumont, tel qu'il est avancé par l'association Technoplus, recommanderait qu'un "spectacle puisse être présenté au public dans un cadre lucratif avec la participation d'amateurs sans que leur prestation fasse l'objet d'un contrat de travail"85.

IV.4. Construire sa page sur myspace.com et son réseau social

Les possibilités offertes par le site internet sont éloquentes pour exprimer sa personnalité et se construire un réseau social, en amateur. Je ne vais décrire que l'utilisation la plus courante en raison du trop grand nombre de paramètres. On peut tout d'abord créer son ambiance, c'est-à-dire sa fête. Au moyen d'autres sites spécialisés ou de l'éditeur de profil, un surfer peut créer son propre décor. Il dispose d'un fond d'écran et de tables sur lesquelles il peut ajouter des textes, des images ou des vidéos. Il peut ensuite y ajouter de la musique. Les détenteurs d'un "myspace music" peuvent télécharger, héberger et insérer leurs propres morceaux musicaux. Ceux qui ne sont détenteurs que d'un "myspace live" peuvent emprunter (le nom de l'auteur présumé est ajouté sur le lecteur) dans les myspace music les morceaux qu'ils aiment. Le site est construit comme un web (réseau) où l'on peut naviguer à volonté d'une page à l'autre, comme si l'on allait chez des individus ou groupes d'individus. Les personnes liées virtuellement peuvent s'envoyer des messages confidentiels. Le

85 Voir en annexe le Rapport Parlementaire p.208

surfer peut effectuer des "demandes d'amis" sur ces pages et ajouter de nouveaux contacts à son propre réseau. Dès lors, des "commentaires" sous forme de textes, d'images, de vidéos ou de musique peuvent être envoyés par le surfer sur les pages de ses contacts ("amis"). Ces commentaires s'ajoutent les uns aux autres et restent publics. C'est pourquoi myspace.com est un outil performant de communication. Avec ces réseaux, il semble en effet plus proche d'une communication réelle que d'une communication de masse. Exclusivement pour communiquer, le surfer peut poster des "bulletins" qui seront envoyés à tous les contacts de son réseau.

C'est par ce réseau internet que je suis entré et resté en contact avec certains organisateurs. Tous les organisateurs sont détenteurs d'une page personnelle et chaque organisation s'y présente également. Les soirées techno y sont annoncées par les divers moyens que j'évoquais plus hauts. Des commentaires de la part des organisateurs et des participants sur ces fêtes sont très répandus pour exprimer leurs ressentis. J'ai constaté au cours de l'enquête que ce site pour amateurs est très populaire. Il est un outil de participation culturelle du fait de sa simplicité d'utilisation, de sa gratuité et de son accès, ouvert à tous. Pour le mouvement techno, il est avec le téléphone portable un outil de structuration du secteur grâce auquel l'observateur reccueille de nombreuses informations86.

IV.5. L'organisation, une école

"Ecole" du grec skholé est l'activité de loisir, opposée à celle du travail, l'activité méprisée au point d'en perdre son statut de citoyen. Cette notion est l'équivalent de l'otium en latin. Ce temps libre n'est pas dépensé dans l'oisiveté mais dans la formation de l'esprit et du corps. L' "école" est un objet de la sociologie qui remplit le rôle de socialisation des individus, de leur fournir une éducation morale et de les former pour que ceux-ci s'intègrent dans la société. Dans la République, le rôle de l'école est assumée au premier ordre par l'institution scolaire. Le dictionnaire de la sociologie ne fait d'ailleurs pas la différence entre l' "éducation" et l' "institution scolaire".

L'ensemble des organisateurs enquêtés ont expliqué qu'ils avaient appris au cours de l'organisation de soirées techno dans des domaines variés que l'on peut classer suivant les deux sens de l'organisation. "Au début, tout le monde a fait comme ça, les djs débutaient, les organisateurs débutaient, tout le monde débutait. Et tout on a construit le truc petit à petit. L'idée, c'était que tous, on donne à Hadra ce qu'on veut donner. Chacun donne ce qu'il veut et chacun apprend en même temps et chacun peut vendre son savoir à d'autres". Un individu peut donc se former dans le cadre de l'organisation de soirées. De plus, comme Tristan l'explique, en apprenant les organisateurs

86 Ribac F., op. cit.

bénévoles peuvent devenir des organisateurs professionnels ou du moins, tirer un revenu de l'activité de loisir. Au-delà, les savoirs qu'il a acquis ne sont pas uniquement utilisable dans le cadre de l'organisation de soirées techno. En effet, Tristan a acquis des compétences en infographisme grâce à son activité au sein d'Hadra. Or, ce domaine de compétences offre des débouchés sur le marché du travail. D'autres activités au sein de l'organisation sont transposables dans d'autres projets, l'administration notamment.

Après, Hadra a développé son projet et s'est diversifiée. Deux salariés travaillent dans cette association. "On a trois pôles : l'organisation de soirées, le label et la formation". Dans le pôle de formation, l'association propose deux ateliers. Le premier forme au djing et le second, qui allait ouvrir au moment de l'entretien, enseigne la décoration de soirées dont la peinture87. Enfin, ce développement de l'organisation de loisir vers la formation justifie les demandes de subvention de l'association et donc l'action publique dans le milieu techno. Elle devient ainsi un tiers-secteur et sort de l' "underground" (Guibert G., 2005). Cet exemple n'est pas unique, d'autres organisations de fêtes techno sont entrées dans ce tiers-secteur subventionné et d'autres encore y aspirent. Ce développement suit le cours du processus d'institutionnalisation.

On peut conclure ici en constatant que le loisir et l'investissement d'organisateurs de soirées se sont étendus jusqu'à la création d'activités de loisir ou de formation professionnelle dans un cadre de non-lucrativité, une participation à l'économie sociale.

V. La gestion de la fête

Tous les aspects de la fête font l'objet d'une gestion de la part des organisateurs de soirées techno. Seulement les répertorier exhaustivement ne ferait qu'alourdir ce travail (qui compte déjà de nombreuses pages consacrées à la gestion de l'organisation) sans toutefois satisfaire le besoin de compréhension. Nous nous centrerons donc sur comment les organisateurs gèrent deux types de préoccupations différentes, l'une ayant directement trait à la fête, la seconde relevant du spectre élargi du temps de loisir.

V.1.La gestion des risques

"Dans les règles de l'art", organiser la soirée techno ne se résume plus à vouloir faire la fête en
communauté et simplement réunir les éléments constitutifs de la fête. Les organisations reçoivent
du public composé de participants dont les intentions sont variables allant de la volonté d'apprécier

87 Voir en annexe le descriptif des formation Trancemission p. 207.

une manifestation de la culture techno à passer une "soirée déchaînée", pour reprendre Monique Dagnaud, en passant par sortir simplement entre amis. "Les jeunes de l'enquête suivent l'évolution des pratiques culturelles des Français, mais en surmultiplication : ils constituent la frange avancée, ceux qui sortent le plus, ceux qui consomment le plus de boissons alcoolisées et de drogues diverses", souligne-t-elle 88 (Dagnaud M., 2008). Les organisateurs doivent donc faire face à des situations de dangerosité.

Pour assurer la gestion de l'hygiène et de la sécurité, les organisateurs font appel à des équipes spécialisées dans ces domaines particuliers. Ils recourent à des agents de sécurité professionnels et à des associations humanitaires. Même si pour la sécurité ce n'est pas spécifié explicitement, l'intervention de ces spécialistes est une "mission rave". La fête techno requiert des compétences adaptées au public : faire croire que les participants sont libres et responsables tout en limitant les éventuels abus.

Une association de sécurité s'est créée dans ce champs à Perpignan : Association Sécurité Pour Tous (ASPT). Elle assure la sécurité pour les différentes organisations qui montent des soirées. Ce sont des agents de sécurité professionnels qui interviennent dans les soirées techno sous le titre de bénévoles. Mais ils sont rémunérés pour garantir l'accomplissement de leur mission. Qui passerait sa soirée à faire la police gratuitement ! Ils sont sélectionnés en fonction de leur capacité à s'adapter au contexte. Un comportement inadapté de leur part pourrait avoir des effets contraires car ils seraient perçus comme une atteinte à la liberté et un abus de l'autorité.

Au cours de mon enquête, les intervenants de prévention santé étaient des bénévoles envoyés par l'association humanitaire Médecins du Monde dans le cadre explicité de la "Mission Rave". Les risques liés à la toxicomanie, très présents dans les fêtes techno, sont leur priorité. Leur rôle est de veiller à la santé des participants et au besoin de recourir à des secouristes plus expérimentés, comme les pompiers. Seulement, les organisateurs cherchent à ne pas ébruiter les incidents se produisant dans leurs fêtes car ils ne veulent pas que ce soit la fête et l'organisation qui soient incriminées. De plus, aucune antenne de Médecins du Monde n'est implantée à Perpignan. Les organisations font alors appel aux groupes de Toulouse et/ou de Montpellier. Cette distance est un obstacle à la prévention de la toxicomanie sur le territoire des Pyrénées Orientales. Premièrement elle complexifie le dialogue sur les risques de la fête avec les organisations en dehors des fêtes. Secondement, les prises de contacts entre les intervenants et les usagers au cours des soirées sont laissées sans suite ou ne peuvent faire l'objet d'un suivi.

88 Dagnaud M., op.cit. p.69

V.2. Gérer l'organisation avec les autres temps

Voir comment les organisateurs qui s'investissent dans leurs activités me conduisaient à me questionner et à les interroger sur la gestion de leur vie et quelles étaient les influences de ce loisir sur les autres temps. Est-ce que ces activités sont totalement isolées les unes des autres ou bien existe-t-il des liens entre elles ? Quelle influence le loisir de l'organisateur peut-il avoir sur le travail ? Les organisateurs que j'ai rencontré sont pour la plupart des passionnés. Cela est déjà apparu plus haut, les organisateurs sont conscients comme Renaud de la charge que l'activité leur coûte : "ça prend du temps, ça prend du temps". Alors, ils peuvent décider de se mettre en retrait lorsque prime un autre temps qui laisse moins de place à l'organisation notamment le travail et la vie de famille. L'organisation est alors reléguée au second plan.

Mais ce loisir et la musique sont des passions, il est donc parfois difficile d'isoler le loisir des autres temps de la vie sociale, comme celui qui distribue des flyers aux clients à son travail ou l'autre qui propose à ses collègues de travail de se rendre à une fête dont on a participé à l'organisation dans le cadre de ses loisirs. Bien que l'on a tendance à opposer le travail et le loisir, ces deux activités humaines s'influencent l'une l'autre. Un amateur peut mettre en pratique des savoirs ou utiliser des contacts professionnels dans le cadre de ses loisirs. Inversement, le travail s'est inspiré du loisir pour améliorer les techniques de management notamment en diffusant de la musique dans les ateliers, en organisant des matches sportifs entre les services d'une société et même au-delà avec les "séminaires de motivation" des entreprises. Depuis longtemps, le monde de l'entreprise a récupéré le thème de la fête pour rapprocher ses employés : fête de noël, anniversaire...

Enfin, le loisir et le travail peuvent se concilier lorsque qu'ils se confondent en un seul temps que nous allons maintenant présenter dans la partie intitulée "vivre de sa passion". "Donc à un moment, comme le bénévolat me prenais de plus en plus de temps et qu'il y a la possibilité d'être salarié" (Tristan).

Aucun de mes interlocuteurs n'est étudiant ou lycéen et je n'ai jamais rencontré d'étudiant organisateur de soirées techno. Les étudiants qui fréquentent le milieu techno sont principalement des participants. Je fais donc l'hypothèse que l'organisation de soirée techno est une activité liée à la vie adulte et à la vie marquée par le travail89.

89 Voir le tableau récapitulatif en introduction p.1 5.

Chapitre 4 :

L'organisation "entrepreneuriale"

Pour définir le troisième et dernier type d'organisation de cette typologie, je n'ai pas dérogé à la méthodologie employée pour les deux précédents, la référence à l'entreprise est tirée du discours des organisateurs pour décrire leurs pratiques. "C'est comme une entreprise", s'exprimait Manu face à la complexité du fonctionnement. Ce type concerne moins l'institutionnalisation de la techno que sa structuration, il demeure néanmoins explicatif pour comprendre les relations qu'entretiennent les acteurs de la techno avec les institutions.

Les organisations de soirées usent les organisateurs : fatigue, stress... Cette activité n'est pas consacrée au délassement. Alors, les organisations utilisent différentes stratégies pour améliorer leurs soirées et/ou réduire leurs activités pour gagner du temps. Les participants de fêtes techno sont plus nombreux que les organisateurs et ces derniers utilisent leur temps libre pour permettre à tous d'écouter la musique "fort". Que l'organisation soit dotée ou non de personnalité morale, la préparation d'une soirée est une activité difficile dans le cadre du temps libre. Les individus se regroupent au sein d'une organisation qu'ils essaient de faire fonctionner efficacement. Alors ils "s'organisent" dans l'organisation, ils l'arrangent pour que le fonctionnement soit plus efficace. La spécialisation interne des organisations rationalisent les tâches à accomplir au sein d'une même entité. Nous l'avons déjà abordé précédemment avec la répartition des rôles de l'association. Pour l'organisation de la soirée, un découpage des tâches est également opérable. "Ça se développe, comme une mini-entreprise", avait confié Amélie lorsqu'elle m'exposait avec Renaud leur spécialisation. De plus, lorsque les projets sont de plus en plus importants ou de plus en plus nombreux, les organisations se spécialisent dans leur fonctionnement externe en concluant des partenariats avec d'autres organisations pour partager les tâches de la soirée.

Ce type correspond à l'action des acteurs dans le mouvement techno qui ont cherché à se spécialiser, à rationaliser leur activité dans le mouvement techno par l'instituionnalisation. Celle-ci est définie, comme la tendance sédentaire, par les chercheurs du GREMES. Cette phase terminale de l'action des individus dans la vie sociale correpond à la carriérisation de certains participants arrivés à l' "âge adulte". Cet "adulte" ne cherche plus à se comporter comme déviant, comme l'organisateur dans les règles de l'art, et respecte les normes. Mais cet institutionnel devient le "conformiste" dans la typologie de la déviance d'Howard S. Becker, alors que le précédent était redevenu un "accusé à tort".

I. La spécialisation fonctionnelle de l'organisation

Le découpage de cette partie illustre un rapport mimétique de l'organisation de loisir et de
l'organisation de travail. La rationalité n'appartient pas qu'au monde économique puisque

l'organisation de soirées techno peut se spécialiser dans ses fonctionnements interne et externe.

I.1. Répartir les tâches dans le fonctionnement interne

Pour comprendre, on peut à nouveau prendre un point de comparaison dans les activités sportives. Dans le club de football, une activité consiste à disputer des matchs contre des adversaires. L'équipe de football est le groupe plus restreint de onze joueurs à jouer réellement au football sur le terrain contre les autres clubs. Chacun des joueurs a un rôle spécifique dans la stratégie du sport. Par exemple, le gardien de but ne les marque pas dans le but adverse, il garde le but de son équipe et tente d'empêcher les attaquants de l'autre équipe de marquer. Pourquoi ? Parce que c'est plus efficace. Dans l'organisation de soirée, l'efficacité est aussi de mise. La soirée ne se joue pas uniquement lorsque les participants arrivent sur le site, il faut la préparer avant et ranger après. De plus, les soirées techno n'ont pas la même structure à chaque fois comme au football, dont les règles sont établies. Ainsi, le nombre de rôles est variable tout comme le nombre de membres qui auront le même rôle. Dans certaines soirées, un seul son est mis en place alors que dans d'autres il y en aura deux et dans d'autres encore, plus, jusqu'au teknival qui peut en compter des dizaines. Cette variabilité vaut pour le bar, le chill-out, l'entrée, etc. Logiquement, la spécialisation suit les aptitudes de chacun des membres de l'organisation. Les djs mixent, le trésorier est souvent à l'entrée, les bénévoles au bar... "C'est pas du tout mon rôle au sein de l'association. Moi, je gère tout ce qui est site internet, graphisme et pochette de cds. Donc en fait, l'organisation, tout ce qui est logistique, c'est pas moi", me répondait Tristan, à qui je demandais s'il avait participé au partenariat avec Mystic Chrysalide le 5 avril dernier. Dans ce rare cas de figure, la spécialisation est stricte. Des organisateurs ont un rôle bien précis au sein de l'organisation. Ils effectueront leur tâche seul et ne participeront pas aux autres.

Mais la spécialisation n'est pas rigide au sein des organisations de soirées techno. Elle est utilisée pour gagner du temps, non pour isoler chacune des tâches. Les soirées de l'assocation Mystic Chysalide comporte deux sons : la scène trance et la scène techno (L'électro-chill). "Nous avec Spdy, on s'occupe de superviser vraiment le deuxième son", m'avait expliqué Anthony le 18 mars (je ne m'étais rendu qu'une fois dans une de leurs soirées). "Nous, on gère le côté trance, les gars l'électro-chill et tout ça en concertation", me confirme Stéphane le 1er mai. Deux équipes se sont jointes au sein de la même association et ne forme plus qu'une équipe. La séparation des scènes est aussi une séparation des styles musicaux, ou chacun des groupes ne gèrent que ce qui le concerne en principe. Lors de la soirée du 5 avril, deux djs de l'association Hadra avait mixé dans l'électro-chill à l'invitation des gestionnaires de la scène trance. La décision dépassait la séparation des styles : cette

invitation était le fruit d'une concertation pour l'association.

"Parce que réellement, divisé par tout ce qu'on est, c'est rien à faire", s'exprimait Renaud qui souhaite se désengager de ses responsabilités au sein de Psyva. La répartition des tâches a fait l'objet d'une répartition des responsabilités dans l'association Mystic Chrysalide. Une répartition informelle n'aurait eu de valeur que dans le fonctionnement de l'association et non à l'égard des tiers. Cependant, cette organisation a fait le choix de la formalisation dans les statuts de l'association, ce qui rend la répartition des tâches opposable à l'égard des tiers. Un exemple significatif : Céline est désormais responsable des obligations sanitaires et de sécurité. En cas de dommage, elle engage donc sa responsabilité personnelle. Lors des discussions de ce point en réunion, les membres se sont mis d'accord sur le sens à donner à cette répartition. Un responsable n'a aucun pouvoir de décision sur la tâche dont il est responsable : il doit mettre en oeuvre les décisions démocratiques des membres et transmettre les informations.

I.2. Conclure des partenariats

La rationalisation gagne aussi le fonctionnement externe des organisations de soirées. L'organisation traditionnelle (trouver un terrain, le défricher, la mise en place...) laisse peu à peu la place à une organisation efficace. Pour développer leurs projets, des organisations unissent leurs efforts et leurs savoirs-faire des fêtes en utlisant un outil, le partenariat. Ces partenariats sont fréquents dans les organisations de soirées techno. Plusieurs cas de figures se produisent. Dans le premier, une structure organise un fête et invite une ou plusieurs autres organisations spécialisées dans un aspect de la fête. On peut par exemple citer les divers stands présents dans le village : chillout, restauration, ventes de produits divers.. .Ces stands font du commerce dans la fête et versent souvent une patente (impôt direct) à l'organisation. Lors de la soirée du 5 avril, la négociation entre le stand de restauration et les organisateurs a abouti à fournir gratuitement un repas pour les trente personnes organisatrices. Ces stands cherchent rarement à s'enrichir au cours d'une soirée. On retrouve la "dimension participative" des acteurs du mouvement dans le village techno, où "chacun se donne un rôle actif dans ce milieu festif" (Petiau A., 2003)90. Ils sont donc des participants qui ont trouvé une activité de loisir dans la fête. Dans le deuxième cas, deux ou plusieurs organisations collaborent pour l'organisation d'une soirée comme le 5 avril, où Hadra s'était jointe à Mystic Chrysalide. Les djs des deux organisations se sont succédés sur les scènes ce qui évitent la répétition de soirées musicalement identiques. Dans le même but, la décoration était mixte : "En

90 Petiau A., op.cit.

tout cas, on a posé le filaire, et eux, ils ont posé tout ce qui était tentures. On a changé carrément le visuel, ça aussi c'était important" (Stéphane). Les recettes de la soirée sont partagées entre les organisations selon un pourcentage négocié entre elles. De plus, si les deux organisations sont implantées sur un même territoire, la soirée organisée sera l'occasion de mélanger les deux publics. Dans le même ordre, l'association Psyva fait appel prochainement au Wakatoon, une association de décorateurs qui déchargera l'organisation de cette lourde tâche. Cet type d'appel se fait parfois sous forme de prestation de services comme rémunérer un veejay à prix fixe pour qu'il diffuse des séquences d'images et de films. Enfin, dans le dernier cas de figures, un partenariat peut être conclu avec un club privé. On dit alors que telle organisation fait une soirée dans le club. L'organisation prête son nom à la soirée et gère la direction artistique (fait jouer ses djs et en invitent d'autres). Le reste est pris en charge par le club. Organiser en boîte ? "En tant que dj c'est intéressant, mais en tant qu'organisateur, bof ", pense Henri. La satisfaction de l'organisateur provient en effet de l'accomplissement de son activité.

II. Vivre de sa passion

Chercher à se professionnaliser dans la techno peut se produire lorsque les individus ne trouvent pas ou plus de plaisir à travailler. De plus, un investissement coûteux dans ce loisir peut générer des problèmes dans les autres temps de la vie. Par conséquent se professionnaliser dans sa passion apparaît comme la solution aux deux problèmes. La musique est à envisager comme deux objets ayant des finalités différentes. Elle peut d'une part devenir un objet d'esthétisme et d'autre part rester un objet de sociabilité.

Tout d'abord, les organisateurs de soirées peuvent se professionnaliser dans l'esthétique de la musique. Anne Petiau cite à ce sujet la venue de cette musique dans "les institutions existantes" : concerts, festivals, circuits de distributions91. On peut donc à nouveau distinguer la professionnalisation dans la création artistique de la musique et la professionnalisation entourant cette création. Le statut d'intermittent du spectacle est une voie de professionnalisation. Les professionnels obtiennent alors le statut d'artistes de la musique électronique. De plus, d'autres emplois sont créés dans la médiation de la musique du label de production à la vente directe. La fête continue de jouer un rôle dans cette professionnalisation liée à la musique esthétique. Le cas de Julien l'illustre fort bien : "Ça, c'est des restes de quand j'étais en association, avant quand on organisait des soirées tous les week-end. De temps en temps j'en organise, ça fait un peu de pub pour mes labels et tout, ça fait parler". La soirée techno devient donc l'accessoire de la profession

91 Petiau A., op. cit.

bien que le professionnel puisse l'organiser avec un ami et y prendre du plaisir.

Ensuite, les organisateurs peuvent se professionnaliser dans la musique dans son aspect collectif. Là encore, le statut d'intermittent peut offrir un cadre dans ce métier pour ceux qui le choisissent. Je n'en ai pas rencontré. En renvanche, j'ai pu rencontrer des salariés d'associations organisatrices de fêtes techno qui bénéficient de l'intervention de l'Etat-Providence. Vivre de sa passion ne la transforme-t-elle pas en travail ? Les conditions de travail sont à prendre en considération pour connaître une telle évolution. Il semblerait que non car tout deux ne se sont pas plaints de leur conditions de travail et en particulier Tristan dont les tâches peuvent être effectuées de manière plus souple. Leur emploi n'est pas règlé par le temps comme un temps de travail, il s'agit de tâches à accomplir. Quant à Julien sa profession s'est construite dans un rapport pemanent à sa vie sociale92. Rien n'empêche d'ailleurs l'organisateur professionnel de travailler et d'avoir en dehors de ce temps une pratique de loisir entre amis où il organise des soirées techno.

Durant l'entretien, Julien a exprimé le plaisir vécu à vivre de sa passion, de produire ses oeuvres et celles de personnes qu'il apprécie. Il a aussi exprimé les difficultés que son métier occasionnent et du dénigrement de certains amateurs de musique lui reprochant justement le fait qu'il puisse vivre de sa passion.

III. Des activités de loisir mimétiques

Les organisations sont au sens de Norbert Elias et Eric Dunning des activités de loisirs appartenant à la classe "mimétiques" ou ludiques. Ils définissent cette classe de loisir comme "participer à des activités mimétiques fortement organisées (relativement) en tant que membre de l'organisation, c'est-à-dire dans un club de théâtre amateur, de cricket, de football. En pareil cas, on est au coeur des activités et des expériences mimétiques "dé-routinisantes" et "dé-contrôlantes" à travers une carapace de contrôles et de routines mimétiques de cette catégorie implique un degré de "déroutinisation" et un affaiblissement des contraintes à travers des mouvements du corps et des membres, c'est-à-dire par la mobilité "93. Les activités mimétiques libèrent les individus qui y participent des contraintes induites par les activités de temps ordinaire. Nous venons de voir que ceux qui vivent de leur passion ne ressentent pas les mêmes contraintes que dans le travail. Pourtant, on a vu que l'organisation de soirées peut se construire rationnellement comme une entreprise au sens d'une unité de production économique. Pourquoi les individus occuperaient-ils leur temps libre avec ce genre d'activités si celles-ci ne leur permettaient pas de sortir du "carcan"

92 Voir en annexe sa biographie sur myspace.com p. 204.

93 Elias N. et Dunning E., op. cit. p.92

du temps ordinaire ou ce qu'il en perçoivent ? Ce que les organisateurs mettent en pratique dans le cadre de l'organisation peut être ce que l'on ne peut pas mettre en place dans le cadre de son travail. Les organisateurs sont les gérants de la structure, ils définissent leur propre mode de fonctionnement.

La danse est une activité de loisir comme le sport, elle est parfois un sport, que les individus pratiquent dans le cadre du loisir et sans exprimer une quelconque spiritualité. "Les activités de loisir en tant que lieu social où l'individu peut se libérer des contraintes existent dans toutes les sociétés et à tous les niveaux de développement. [...] Nombre d'activités religieuses de jadis avaient des fonctions analogues à celle de nos différents loisirs, et nombre de nos activités de loisir, en particulier celles de la classe "mimétique", ont des fonctions analogues à celles de certaines activités religieuses d'antan "94 . Quelles fonctions "analogues" aux activités religieuses d'antan les fêtes techno remplissent-elles après que le processus d'institutionnalisation l'ait transformé ? est une question pertinente pour analyser les organisations. Il n'est pas nécessaire, je pense, de rechercher l'existence du sacré dans les fêtes techno mais simplement les fonctions qu'elles assurent. Le sacré n'est pas une grille d'analyse explicative quant aux fêtes techno, il questionne les moyens sans expliquer les fins (Elias N., Dunning E. 1986)..

IV.Des "entrepreneurs du spectacles amateurs"

En prenant l'exemple du rock ou du rap, on peut considérer que la structuration des musiques populaires s'effectue dans la sphère privée. S'agissant de la techno, de nombreux acteurs ont choisi d'excercer leur activité professionelle dans les métiers de cette esthétique, aussi il convient de s'intéresser au traitement spécifique des organisateurs de soirées techno accordé par une règlementation spéciale au regard de la règlementation générale sur le spectacle vivant.

IV. 1 La professionnalisation du spectacle vivant

Les professions regroupées sous le nom d' "entrepreneur de spectacles" sont des activités règlementées, c'est-à-dire que les autorisations d'exercer ces professions sont soumises à la loi et le règlement, en l'occurence l'Ordonnance du 13 octobre 1945 modifiée par la Loi du 18 mars 1999. Pour exercer leur activité, ces professionnels doivent être titulaires d'une des trois licences correspondant à une typologie distinguant la production, l'organisation de tournée et la diffusion de spectacles vivants. Cette récente modification a également précisé le statut de l' "organisateur

94 Elias N. et Dunning E., op. cit. p.86

occasionnel". Conformément à l'article 10 de l'ordonnance modifiée qui définit ce régime dérogatoire, "peuvent exercer occasionnellement l'activité d'entrepreneur de spectacles, sans être titulaires d'une licence dans la limite de six représentations par année civile, toute personne physique ou morale qui n'a pas pour activité principale ou pour objet l'exploitation de lieux de spectacles, la production ou la diffusion de spectacles". Ainsi, une personne physique ou une association dont l'objet principal serait d'organiser des spectacles, de même que l'organisateur, dont ce n'est pas objet principal, mais qui produirait, organiserait la tournée ou diffuserait plus de six spectacles vivants par an, dépasserait le cadre de cette définition. Il devrait donc être titulaire d'au moins une licence d'entrepreneur. De ce fait, peut-on considérer que l'organisation de spectacles puisse être un loisir si, comme je viens de le préciser, il s'agit de professions règlementées ? Peut-on créer une structure juridique pour son loisir dont l'objet principal est d'organiser des spectacles vivants ? Peut-on exercer ces activités en amateur ? Si la profession était différente, on ne se poserait même pas la question : imaginons un boulanger amateur vendant du pain et faisant donc concurrence à la boulangerie. L'esprit de la réforme relative à la réglementation des professions d'entrepreneur de spectacles était de mettre en accord les principes de respect du droit de cette activité commerciale avec l'évolution des pratiques de terrain notamment la multiplication des structures associatives type "loi 1901". "Depuis cette modification, le secteur associatif a maintenant les mêmes droits que les sociétés commerciales, mais également les mêmes obligations"95 (Audubert P., 2007).

"Les rassemblements festifs à caractère musicaux" sont réglementés par une législation particulière comme je l'ai décrit plus haut. Dans ce cadre, il est encore permis d'exercer une activité de loisir ayant trait au spectacle vivant. L'espace de développement des activités amateur se réduit à mesure que celui des activités professionnelles croît. De ce point de vue, s'associer avec d'autres acteurs dans une organisation de soirées techno apparait comme un moyen de pratiquer cette activité en amateur. Les objets définis dans les statuts des associations organisatrices de soirées techno sont souvent large même si concrètement ces dernières ne font qu'organiser des soirées. Nous sommes dès lors face à un conflit d'intérêts entre le respect des activités amateur d'une part et la liberté d'entreprendre d'autre part. En effet, le public choisit sa sortie entre deux flyers, l'un présentant une soirée techno organisée légalement dans un mas et l'autre, une soirée organisée par la SMAC de la ville, dont les organisateurs sont des entrepreneurs de spectacles. La seconde soirée subiera une forme de concurrence déloyale occasionnée par la concordance des calendriers et par le fait que l'activité d'organisation de "rassemblements festifs à caractère musicaux" n'est pas une activité commerciale. Pourtant le public se rendra bien dans l'une ou l'autre avec l'intention de faire la fête

95 Audubert P., Profession Entrepreneur de Spectacles, éd. Irma, Paris, 2007, p. 26.

en écoutant de la musique.

IV.2. Les spécificités de la culture musicale en question

La techno et les autres esthétiques ont leurs particularités. Pourtant, les politiques publiques ont construit une règlementation "sur-mesure" pour la techno. Tout d'abord, cette règlementation émane du Ministère de l'Intérieur et gère des préoccupations d'ordre public propres au phénomène techno comme nous l'avons vu précédemment. Cependant, il est important de noter que de nombreuses particularités traitées dans la règlementation spécifique sont partagées dans le champ des musiques populaires. Dans son ouvrage intitulé "Rap, techno, électro...Le musicien entre travail artistique et critique sociale", Morgan Jouvenet met en évidence de nombreux points communs entre ces esthétiques, notamment la position du musicien de l' "entre-deux", c'est-à-dire entre le statut de musicien et la pratique de l'amateur. À ce propos, l'auteur explique justement que le musicien est, dans ces esthétiques, pris dans une "tension entre les dimensions artistique et managériale de la production musicale"96 . En effet, si Julien et Tristan s'accommodent de travailler dans la techno, pour Anthony devenir dj résident d'un club privé peut entrer en contradiction avec les valeurs qu'il défend : "Il avait eu peut-être 350 personnes voire plus, dans la soirée entrée gratuite, les boissons au bar vraiment pas cher. Et une fois qu'on s'est remboursé, open bar. Voilà, c'est mon délire depuis toujours, quoi l'open...me remboursé. Pas faire ça pour gagner des tunes ! C'est vraiment pour faire la fête" (Anthony p. 4). En revanche, tous partagent l'intérêt et le plaisir d'organiser au Rachdingue. De ce point de vue, ils organisent comme des professionnels, c'est-à-dire avec les avantages de la profession, sans toutefois avoir besoin d'être déclaré et donc d'être obligé par le statut d'avoir à charge les inconvénients de la profession.

Morgan Jouvenet va plus loin lorsqu'il explique que les artistes sont amenés "à déployer des stratégies de multiactivité professionnelle leur permettant de contrebalancer l'incertitude du rendement économique de leurs créations par la relative sécurité d'un autre emploi"97 (Jouvenet

M., 2006). La plupart des acteurs rencontrés au cours de l'enquête exerçent l'activité de musicien en amateur et vivent de revenus autres, ce que Catherine Paradeise appelle la "diversification externe" . Est-ce un choix libre ou une nécessité ? (Paradeise C., 1998).

Enfin, des données empiriques nous amène à considérer que l'organisation de soirées techno se
distingue des autres et que la règlementation spécifique y répond justement. Lors d'une enquête
réalisée sur la Techno Parade en 2003, Etienne Racine relève que la moitié des personnes ayant

96 Jouvenet M., Rap, techno, électro... Le musicien entre travail artistique et critique sociale, Ed. De la Maison des science de l'homme, Paris, 2006, p. 122.

97 Jouvenet M., op. cit., p. 223.

répondu au questionnaire s'adonne à une pratique amateur dans la techno. Ensuite, on apprend que 20% des mêmes personnes exercent leur pratique dans l'organisation de soirées dont 95,7% en amateur et seulement 4,3% en tant que professionnel. Le sociologue tempère ses résultats puisque le questionnaire ne fournit pas plus de renseignements sur la fréquence et le degré d'implication de ces amateurs. Pour le présent sujet, je peux toutefois déduire de ces chiffres que la culture techno est bien un champ de pratiques amateur98.

98 http://www.irma.asso.fr/Les-participants-de-la-Techno

Chapitre 5 :

La techno et les politiques culturelles

Après avoir décrit les processus de structuration et d'institutionnalisation vu des organisations observées, je propose d'élargir le focus pour s'intéresser à ces mêmes processus au regard des relations entretenues entre les acteurs qui sont désormais les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et les acteurs de terrain afin de vérifier si le principe de "co-construction tripartite", qui fonde le processus de concertation dans le champ des musiques actuelles est également à l'oeuvre dans la techno.

I. Le champs des musiques actuelles

Nous allons voir que la genèse et la cristallisation du terme "actuel" est le fruit de transactions entre les acteurs de terrain et les pouvoirs publics, que cette même méthode a conduit à la structuration de ce secteur. Seulement, même si cette terminologie constitue un terrain d'études pour la recherche, cette dernière n'a toujours pas dépassé la distinction du savant et du populaire.

I.1. La genèse des musiques actuelles

Le terme "actuel", qui qualifie ces musiques, est cité pour la première fois "à la fin des années 1970 par les créateurs du Festival des Rencontres Transmusicales de Rennes "99 . Puis, les acteurs ont revendiqué cette étiquette pour défendre leurs intérêts premiers : faire exister leur esthétique dans le paysage musical français. En effet, dire que l'on joue de la "musique actuelle" pour un groupe de rock a facilité la conclusion d'accords pour être diffusé ou obtenir un local de répétition, à l'instar des partisans de la techno qui préfère utiliser le terme de "musique électronique", moins connoté free party et rave.

Le directeur de l'Irma (centre d'Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles), Gilles Castagnac, compare les musiques actuelles à une "maison commune à construire", c'est-à-dire à un regroupement d'esthétiques, de valeurs et de pratiques dont la fonction principale est de lutter contre la "balkanisation" et l' "affrontement des chapelles". Dans cette image, l'Irma ferait figure d' "oeucuménisme"100 (Castagnac G., 2006). En effet, l'Irma regroupe en son sein trois centres d'information dans lesquelles sont réparties les esthétiques : le Centre d'Information du Jazz (CIJ), le Centre d'Information des musiques Traditionnelles (CIMT) qui comprend aussi les musiques dites "du monde" et le Centre d'Information du Rock, des variétés, du hip hop, des musiques

99 Forumag', les musiques dans tous leurs états, p.2, disponible sur http://www.foruma.fr/IMG/ForuMag.pdf

1 00Castagnac G., Processus de Structuration d'un Secteur, Le Développement des Musiques Actuelles et leur Entrée

dans les Politiques Publiques, FNCC - mercredi 15 novembre 2006, disponible sur

http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/HistoriqueMA-1.pdf

électroniques, de la chanson et de la fanfare (CIR).

Les institutions publiques ont repris cette terminologie dans le cadre de leurs politiques. La reconnaissance de ces musiques par les institutions culturelles s'est tout d'abord manifestée par une politique de "soutien" : création de la Fête de la Musique, lancement du programme Zénith, création de diplôme d'Etat et de certificat d'aptitude pour le jazz et les musiques traditionnels, labellisation SMAC, etc. Mais loin de reconnaître ces musiques comme des cultures à part entière, ces politiques publiques n'étaient que des politiques en direction de la jeunesse des banlieues101.

Le Rapport sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles de 2006 prétend que cette mauvaise image et la marginalité des musiques actuelles au Ministère de la Culture, qui en découle, pourrait s'expliquer par les liens qu'entretiennent ses acteurs avec le marché, la réussite commerciale constituant "le mode de consécration attendu" 102 (Berthod M. et Weber A., 2006). Pourtant, un tel argument ne résisterait pas à la comparaison avec les arts plastiques étant donné l'implication de l'institution dans le marché de l'art contemporain. Quid de l'histoire propre d'une Direction ou de la différence entre les deux arts où, pour l'un la subversion aux canons adadémiques serait consacrée et, pour l'autre, elle constituerait une faute de goût.

I.2. La structuration du secteur des musiques actuelles

Dès 1982 l'action du nouveau Ministre de la Culture, Jack Lang, s'est concentrée sur un nouveau concept visant à promouvoir une autre idée de la culture : la démocratie culturelle. Dans le domaine de la musique, la professionnalisation des acteurs du secteur des « musiques populaires », le rock en premier lieu, est alors devenue une priorité. La démonstration des groupes de rock lors de la Fête de la Musique avait fait prendre conscience du retard de l'Etat. Seulement les déclarations ne suffisent pas à réaliser l'objectif politique fixé. Pour mener à bien cette entreprise, les politiques publiques se sont d'abord focalisées sur le secteur privé : "la structuration du secteur des musiques actuelles a en effet commencé il y a désormais plus de vingt ans , après l'adoption de la loi relative aux droits d'auteur et aux droits des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle (n° 85-660 du 3 juillet 1985) "103. Après, les politiques publiques se sont employés à institutionnaliser le secteur non-monétaire constitué des pratiques amateurs et des partiques dites « underground »104. Des réseaux (CIR en

101Castagnac G., op.cit.

102Berthod M. et Weber A., Rapport sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, Ministère de la Culture et de la Communication, Inspection Générale de l'administration des affaires culturelles, 2006, p.8.

103 Chardon C. (déléguée générale du Prodiss), Courrier du Prodiss à la coordination du ForuMa, Paris, 18 avril 2006, disponible sur http://www.foruma.fr/article.php3?id_article=723&var_recherche=forumag

104 Seca J.-M., Les Musiciens Underground, ainsi que Guibert G., Les Musiques populaires : Commerce, loisir,

1984, le SNPS, Fédurok "Fédération des lieux de Musiques amplifiées/actuelles" en 1992 alors que Jack Lang était à nouveau ministre de la culture, Irma en 1994, Technopol en 1996, etc.) étaient ou se sont mis en place pour renforcer la structuration des pratiques artistiques et de celles qui les entourent : entrepreneurs du spectacles, labels, tourneurs, etc. On peut distinguer deux types de réseaux : les réseaux de défense de droits collectifs qui sont des syndicats et les réseaux de mutualisation comme les centres d'information.

I.3. Les « musiques actuelles » en question dans la recherche

Par un soucis de cohérence scientifique, les chercheurs continuent d'utiliser la distinction entre musiques savantes et musiques populaires. Pour Pierre François le "clivage qui oppose musique "savante" ou "sérieuse" (entendue ici comme ce que l'on désigne par musique "classique", c'est-à- dire incluant les périodes médiévales, Renaissance, baroque, classique au sens strict, romantique, la musique du XXè siècle et la musique dite "contemporaine") et musique "populaire" (qui regroupe l'ensemble des autres genres musicaux : rock, pop, jazz, musiques du monde, musiques dites "amplifiées" ou "actuelles", etc.) est sans conteste l'un des plus structurants du monde musical contemporain"105. Comme il le précise à la suite, cette distinction continue d'être opérante pour de nombreuses études, en particulier concernant l'industrie de la musique (François P., 2008).

Mais les enjeux politiques sont tout autres et, comme le rappelle les contributions de Philippe Teillet, la charge symbolique de "populaire" ne sied pas en cette matière. Dans un article publié récemment, il affirme d'une part son attachement de chercheur à la distinction précédemment citée et d'autre part se détâche des "terminologies exclusivement nationales, notamment "musiques actuelles". [...] L'emploi de cette dernière expression signifiant une référence explicite aux politiques publiques menées en France.106" Il explique que les "agrégats" de musiques populaires au sein des musiques dites "actuelles" ont pour fonction d'associer les styles méconnus des autorités comme le rock, le rap ou les musiques électroniques avec les autres styles plus connus et surtout légitimés, notamment le jazz, la chanson, les musiques traditionnelles. L'expression "musiques d'aujourd'hui" n'avait pas fonctionné et rappellait d'ailleurs fortement la musique dite

underground ou tiers-secteur ? Socio-histoire de l'implication des politiques au sein d'une pratique culturelle. Troisième intervention dans le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005, publié la revue Cahier de la Psychologie Politique numéro 7, juillet 2005 Dossier Musique et Politique.

105 François P. , Le dynamisme incertain du monde musical, p.10, in La Musique , une Industrie, des Pratiques, (dir. Pierre François), Etudes de la Documentation Française, Paris, 2008.

106 Teillet P., Politiques culturelles et musiques populaires/actuelles/amplifiées, p.59, in Stéréo, Sociologie comparée des musiques populaires France/G.-B., (dir. Dauncey H. et Le Guern P.), coll. Musiques et Sociétés, éd. Mélanie Séteun et Irma éditions, La Basse Ménerais/Paris, 2008. La première citation est extraite de la note 1, les autres références sont contenues dans son texte.

"contemporaine". Entre les qualificatifs "amplifié" et "actuel", le second fut finalement adopté car il est plus englobant que le premier même s'il complexifie sa compréhension.

Outre cette explicitation, son texte s'appuie sur le Rapport ministériel sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, de 2006 107 . Il expose ainsi les enjeux dont doivent faire face les décideurs politiques dans ce champs "exemplaire" pour bâtir les nouvelles politiques publiques des "cultures". Tout d'abord, ces musiques se sont développées avec le soutien des personnes publics à tout les échelons et dans le secteur privé marchand et non-lucratif. Cette caractéritique fait de ce secteur un bon terrain d'expérimentation pour la décentralisation administrative de l'intervention publique, en particulier pour la jeune Politique de la Ville. De ce point de vue, celle-ci met fin à la division opérée depuis plus de cinquante ans à l'échelon national entre la Culture et le Social et grâce à sa situation géographique, favorise au mieux la coopération culturelle transfrontalière. Enfin, la diversité de publics, en quête d'une reconnaissance qui ne signifie pas allégeance, commande une prise en compte globale et individuelle concernant les goûts, l'écoute de la musique, l'organisation des spectacles, la volonté de pratiquer la musique en amateurs ou chercher de se professionnaliser dans ce secteur. Ce dernier point fait écho à la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle et le Développement Durable de 2001 adoptée par de l'UNESCO en 2001 dont le Doc Kasimir Bisou (alias Jean-Michel Lucas) se fait un des porte-paroles concernant les musiques actuelles (Teillet P., 2008).

Pour résumer, la méconnaissance des styles regroupées en son sein et l'emploi d'une terminologie "passe-partout" explique en grande partie le choix institutionnel pour l'adjectif "actuel" ("contemporaine" étant déjà utilisé pour la musique savante). L'emploi de musiques "amplifiées" précisant ces musiques auraient été trop restrictif pour ces différentes esthétiques que les institutions ne se donne pas le devoir de connaitre.

II. La participation des acteurs à l'élaboration des décisions publiques

La prise en compte des musiques populaires par les politiques publiques concrétise le principe de démocratie culturelle mise en oeuvre par la méthode de concertation qui fait intervenir au côté des décideurs habituels, que sont les pouvoirs publics nationaux, d'autres acteurs intéressés par les politiques publiques. Nous allons voir comment la concertation est apparue dans le processus de décisions concernant le secteur des musiques actuelles. Ce chapitre est une synthèse construite à partir de lectures dans laquelle je tente de comprendre le positionnement des acteurs au coeur du processus de prise de décisions.

107Berthod M. et Weber A., op. cit.

II.1. Les enjeux de la reconnaissance : "la culture de tous"

La notion d'intérêt général de la culture s'est substitué à l'intérêt du Prince au cours du processus long et complexe dans lequel la grandeur d'une civilisation ou d'une culture s'est finalement attachée à la Nation. La vision française de la Culture l'élève vers l'Universel que l'on illustre par les "oeuvres capital de l'esprit humain". L'article 2 de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques prévoit d'ailleurs leur classement dès lors qu'ils "présentent un intérêt d'histoire ou d'art suffisant pour en rendre désirable la préservation pourront, à toute époque". Le Ministère de la Culture a ainsi été institué sous l'égide d'André Malraux avec cette idée d'une action publique de l' "intérêt public": le "droit à la Culture pour tous".

Avec le développement et la reconnaissance des cultures populaires, le principe des droits à la "culture de tous" ou de "droits culturels" s'impose, non comme une évidence du respect de l'Autre mais plutôt comme une solution à des crises chroniques. Les dernières enquêtes dirigées par le DEPS sur les pratiques culturelles des français ont révélé statistiquement la place grandissante des pratiques de loisir dans le champ culturel et donc du besoin de repenser les liens entre l'art et la culture. Pour Philippe Henry, "il convient de mieux comprendre que les pratiques artistiques sont aussi des pratiques culturelles, c'est-à-dire que l'expérience personnelle sensible qui aboutit à l'expression d'un jugement du goût est non dissociable d'une construction relationnelle au sein d'un environnement sociétal donné". La démocratie culturelle nécessite une nouvelle prise en compte des publics en matière culturelle. Son étude sur les nouveaux territoires de l'art, dont le slam, met en évidence une logique de "trajectoires culturelles individualisées" et la diversité des modes de médiation où "chacun sait pour lui-même la place capitale de certains événements ou de certains prescripteurs, croisés par pur hasard (un membre de la famille ou un pair, un enseignant ou un acteur culturel, un concert ou un spectacle particulièrement marquant pour soi...)108. Cette remarque amène à relativiser les définitions construites pour se représenter un secteur culturel complexifié par la rationalisation.

Le Rapport Balladur sur la décentralisation récemment rendu, dont la mission était de clarifier les politiques publiques, ne propose aucun éclairage sur cette question comme le commente le Doc Kasimir Bisou : "la politique culturelle est certes "connue" pour ses bâtiments et structures mais pas "reconnue" pour ses valeurs d'intérêt général. Elle fait partie du paysage de l'action publique, mais elle est "invisible" dans les finalités propres qu'elle revendique. Sa liberté est la contrepartie de l'indifférence qu'elle inspire"109 (Doc Kasimir Bisou, 2009). Ce rapport mettrait à mal l'idée de la

108 Henry P., Spectacle vivant aujourd'hui. Une filière artistique à reconfigurer, PUG, 2009, Grenoble, p. 106

109 Doc Kasimir Bisou, Premier regard interrogatif et critique sur le Rapport Balladur et sa conception de la politique de la culture, p.4, disponible sur http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/doc_KBanalyse_rapport_Balladur.pdf

République éclairée, qui sélectionne les chefs d'oeuvres de l'Humanité, puisqu'il préconise de confier la compétence de la "création artistique" à toutes les collectivités sous forme de financements croisés sans que l'Etat ne fixe un barême de sélection. Vis-à-vis de la diversité culturelle, il ne ferait pas mieux : Doc Kasimir Bisou conteste la vision consumériste que le rapport préconise pour la décentralisation culturelle puisque l'intervention des collectivités locales dans ce champs ne serait que la "contrepartie" de la contribution à l'impôt local.

Et alors que l'Etat continue de financer la culture dite savante avec l'impôt, son intervention dans les musiques populaires est financée par la profession, c'est-à-dire par les taxes sur les supports vierges et sur les entrées de spectacles notamment. L'Etat a délégué en 1985 le rôle de la gestion des droits et la charge de définir l'intérêt général à des entités privées lesquelles protègent davantage les intérêts collectifs de leur affiliés (Sacem, Adami, Spedidam, SCPP, SPPF...).

II.2. La notion de "co-construction tripartite"110

Comme son nom l'indique, la co-construction tripartite, principe adopté par la concertation, rassemble les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et les acteurs de terrain lors des discutions servant de base aux prises de décisions. Le GEMAP (Groupement des Entrepreneurs de Musiques Actuelles et Populaires) considère que les acteurs sont des acteurs professionnels. Bien qu'il affirme le contraire, ce réseau est dans une logique de représentativité111. En effet, les professionnels ne sont pas les seuls acteurs de terrain concernés, la vision du GEMAP exclut les amateurs. La concertation est une méthode participative qui concourt à la "démocratisation de la démocratie"112 et de ce fait, doit aussi représenter les intérêts des non-professionnels ou amateurs (Meunier, 2006).

Cette notion de "co-construction" induit en effet la participation des citoyens administrés à la construction de l'espace public. Plus que la consultation ou les sondages, elle pose la question de la légitimité de la décision et de son efficacité économique et sociale : "au coeur de cet éventail de procédures, les dispositifs dits participatifs, destinés à associer les citoyens à la décision, prennent une importance grandissante. La légitimité démocratique représentative et le recours à l'expertise technique et scientifique semblent en effet devoir de plus en plus se conjuguer avec la mise à

110 Castagnac G., op. cit.

111 GEMAP,Lettre au Ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres, Paris, 4 novembre 2005, disponible sur http://www.foruma.fr/IMG/syntheses/lettre_gemap.pdf

112 J'empreinte cette expression à Dominique Meunier, Le ForuMa, une expérience de la démocratisation de la démocratie ? Mémoire de Master 2005-2006, Université de Lyon 2/Arsec. Au-delà du ForuMa, la concertation participe à cette idée. Voir L'expertise et la démocratie culturelle, p.21.

disposition d'espaces de débats publics et de concertation"113 (Scolaro J., 2006). L'efficacité de la décision doit être étudiée quant à son application puisque légitimée et en elle-même puisqu'elle synthétise les expertises et les savoirs.

Dans cette procédure, le rôle dévolu à la recherche consiste surtout dans l'observation du chercheur et dans la médiation qu'il peut opérer. Julien Scolaro a traduit une situation locale dans le langage scientifique et utilisé le concept d' "empowerment" des cultural studies pour désigner l'implication des acteurs de terrains dans la prise de décision. Comme il le précise au début de son texte, ce concept est "très peu employé en France" (Scolaro, 2006). Sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication, on trouve son équivalent français nommé "autonomisation" défini comme le "processus par lequel une personne ou une collectivité se libère d'un état de sujétion, acquiert la capacité d'user de la plénitude de ses droits, s'affranchit d'une dépendance d'ordre social, moral ou intellectuel "114.

En effet, ce qui est en jeu dans la concertation est avant tout l'émancipation des individus et la détermination collective. En ces termes, l' "empowerment" semble procèder d'une volonté de rénovation des méthodes (ou des formes) laquelle emporterait rénovation des contenus.

II.3. Une méthode de concertation à tous les échelons

La concertation en musiques actuelles a d'abord été la méthode utilisée au niveau national avant de devenir territorial. Dans un article présenté dans la rubrique "Focus" du site de l'Irma, Nathalie Miel explique que le développement de la concertation dans le processus de décisions publiques concernant les musiques actuelles a démarré à la suite de la Commission nationale des musiques actuelles de 2001 après que les acteurs aient "tenu et obtenu que ces politiques s'envisagent en étroite relation avec eux"115 et de manière "globale". Les 300 propositions du Rapport de la commission Trautmann s'articulent autour de "quatre grands principes : reconnaissance, proximité, pluralisme et rééquilibrage", auxquelles a été alloué finalement un budget en deçà des attentes du secteur. Néanmoins, un vent de progrès souffle encore lorsque l'on évoque cette commission avec les chargés d'information et de ressource. Enfin, la Commission affirme le rôle de soutien des centres d'information et de ressource au coeur des enjeux : la "reconnaissance de ce secteur ne pourra se faire qu'avec le développement accru de véritables service d'information, de formation

1 13Scolaro J., De la reconnaissance à l'influence ? Heurts et enjeux d'une tentative d'empowerment en France, Géographie, économie, société 2006/1, Vol. 8, p. 87-106.

114 http://www.dglflf.culture.gouv.fr/cogeter/18-12-05-sc-humaines.htm

11 5Miel N., De la CNMA au CSMA, les musiques actuelles entrent en politique. Triptyque de la co-construction des politiques musicales, disponible sur http://www.irma.asso.fr/DE-LA-CNMA-AU-CSMA-LESMUSIQUES?xtor=EPR-1

mais aussi de convivialité autour des lieux de vie voués à la pratique musicale".

En 2004, le processus de décentralisation administrative est relancé par la loi du 13 août. Peu de transfert de compétences en matière de musiques actuelles (formation uniquement), les collectivités territoriales intervennaient conformément à la "clause de compétence générale". Mais la concertation était si bien ancrée que la sortie de "crise" à propos du "label" SMAC (Salle de Musiques Actuelles) s'est transformée en Concertation nationale pour le développement des musiques actuelles (CNDMA) avec pour "objectif de rédiger un texte cadre sur lequel tous pourront s'appuyer pour conduire les concertations territoriales - communales, départementales et régionales - qui devraient aboutir à la prise en compte de l'ensemble des questions relatives aux développement des pratiques artistiques, à l'exposition, à la production et à la circulation des oeuvres, au développement de l'action culturelle dans le domaine des musiques et des cultures actuelles"116. Le CNDMA était composé conformément au principe de co-construction tripartite. Les parties prenantes ont rédigé ensemble le plan "Pour une politique nationale et territoriale des musiques actuelles", "à la fois guide méthologique et document-ressource", qui prévoit la création de deux outils : le Conseil supérieur des musiques actuelles et les Concertations territoriales pour le développement des musiques actuelles. Ce texte rappelle que "cette démarche est originale et unique en son genre dans le champs des politique publiques de la culture"117. Il va même plus loin puisqu'il affirme les lacunes des pouvoirs publics dans la connaissance de ces musiques et leur besoin de s'appuyer sur les acteurs nationalement et localement.

Le Conseil supérieur des musiques actuelles (CSMA) est l'organe permanent créé officiellement à partir des résultats de la CNDMA même si le ForuMa de 2005 y a directement conconru. De plus, cette instance de concertation a fait l'objet d'un arrêté ministériel pour sa création ce "qui lui confère une autre légitimité institutionnelle"118 . Quatre commissions de réflexion ont été mises en place sur les sujets prioritaires : la structuration économique et sociale des musiques actuelles, les pratiques en amateurs, le développement territorial (Plan Pour des politiques nationales et territoriales en faveur des musiques actuelles, qui encadre les concertations territoriales) et l'évolution de la filière musicale et nouvelles technologies.

La commission 2 en charge des réflexions sur les pratiques amateurs s'est concentrée sur l'Avant Projet de Loi relatif à la participation des amateurs à des représentations dans spectacle vivant (APDL) préparé par la DMDTS en février 2007 pour modifier le décret du 19 décembre 1953. Elle préconise de manière générale que "si la mission du Ministère de la Culture est d'embrasser toutes

1 16Cayot A., inspecteur en charge des musiques actuelles à la DMDTS, disponible sur http://www.irma.asso.fr/Contribution-d-Andre-Cayot

1 17Document disponible sur http://www.csma-info.fr/upload/1174546924/Plan.pdf 11 8Nathalie Miel, op. cit.

les pratiques artistiques et culturelles, il devrait inclure le champ de l'éducation populaire et des pratiques amateurs, quitte à les avoir en partage avec avec Jeunesse et Sport"119. Le CSMA fait des recommandations que le ministère est libre de suivre, néanmoins celle-ci exprime son positionnement allant vers des changements dans l'intervention de l'Etat.

En dépit de la volonté de pérennisation, il semble que cette instance s'essouffle. La dernière assemblée plénière date de juillet 2007, et selon le propos Philippe Teillet en juin 2007, il était encore dans une phase de construction d'une politique nationale alors que les nouveaux enjeux se placent au niveaux territorial et européen. Néanmoins le spécialiste était lucide lorsqu'il affirmait "si le CSMA s'empare de quelque sujet que ce soit, c'est à [son] sens de façon nécessairement provisoire et pour favoriser le passage d'une époque des politiques culturelles à une autre. Ce en quoi le domaine des musiques actuelles a, incontestablement, un coup d'avance"120.

II.4. L'encadrement institutionnel des pratiques amateurs ?

Cet APDL propose la reconnaissance et la définition dès son premier article ce qu'est un amateur dans le spectacle vivant comme "toute personne qui pratique, seule ou en groupe, une activité artistique à titre de loisir et qui tire ses moyens habituels d'existence de salaires ou de revenus étrangers à cette activité"121. Le terme de "loisir" fait encore débat en raison du développement de cette activité encore définie comme "accessoire" dans la vie sociale qui rend sa distinction plus difficile, comme nous avons pu le constater. Pour favoriser la rencontre entre les professionnels et les amateurs des exceptions sur la présomption de salariat ont été retenues lorsqu'un artiste se produit dans un spectacle lucratif. Le texte prévoit également l'encadrement légal des spectacles non-lucratifs en leur fournissant une définition, une présomption de bénévolat et les conditions afférentes. De plus, il propose de réduire la présomption de lucrativité à partir de laquelle les spectacles pouvaient être requalifiés grâce à un faisceau d'indices comme l'ampleur du spectacle, la location de matériel professionel ou la publicité professionnelle. À l'instar, du bénévole dont le statut est en cours de discution, les institutions publiques se lancent dans l'encadrement de l'amateurisme avec l'objectif de l'avantager. Peut-on considérer que l'institutionnalisation de ces pratiques comme intrusive dans les loisirs des individus ? Ces pratiques sont attachées aux affects des individus, leur reconnaissance ne suffirait-elle pas ?

À la demande du Ministre de l'Intérieur, le Premier Ministre a chargé une commission

11 9Disponible sur http://www.csma-info.fr/upload/1220260990/CSMA-COM2.pdf

120Teillet P., 4 questions aux membres de ces instances, disponibles sur http://www.irma.asso.fr/4-questions-auxmembres-de-ces?xtor=EPR- 1

121 Disponible sur http://www.famdt.com/Publish/document/206/PratiquesAmateur-ResoFAMDT.pdf

parlementaire, dirigée par le député Jean-Louis Dumont, de réfléchir aux solutions pour résoudre des problèmes d'ordre public causés par les rassemblements festifs clandestins et légaux, c'est-à-dire sur les free parties et les quatre teknivals annuels. Ce rapport ne concerne donc pas les aspects culturels de ces manifestations. Le Premier Ministre a également prescrit la méthode d'élaboration de ce rapport qui est sans la nommée la "co-construction tripartite" : "vos propositions devront avoir fait l'objet d'une large concertation, associant les représentants des différents ministères concernés, leurs services déconcentrés, les élus locaux et les réprésentants du "monde" techno et les associations qui interviennent lors de ces événements "122 . Mais les choix de cette commission ne l'ont pas amené à analyser l'intégralité du "monde" de la techno. "Ce seront les free parties qui seront étudiées ici". Cela renforce encore mon choix d'avoir porté mon attention et mon analyse sur des organisateurs car leur pratique n'intéresse a priori ni la recherche ni les autorités publiques. J'ai tenté de l'expliquer au cours de ce sujet, lors de mon enquête la frontière entre la légalité et l'illégalité est floue. Même si je tiens compte des travaux allant dans ce sens, j'ai tenté de montrer que les distinctions ne sont pas si tranchées.

"Comprenons-la, encadrons-la, accompagnons-la. C'est notre rôle, c'est notre devoir." Dans la phrase de conclusion de la description du phénomène techno, le rapport parlementaire souligne l'enjeu de reconnaissance de l'altérité du mode de vie choisi par les acteurs de la free party. Or encadrer ces fêtes ne serait-ce pas contradictoire avec l'idée de clandestinité développé ? En effet, concernant les pratiques amateur, la proposition 5 reprend l'APDL préparé par la DMDTS qui vise à créer un statut de musicien amateur. La proposition 6 recommande de renforcer les structures de dialogue entre les organisateurs avec les institutions publiques123.

III. Les représentants de la techno

Pour faire valoir leurs intérêts, les acteurs du mouvement techno peuvent agir de leur propre chef ou bien entrer dans le dialogue avec les institutions publiques. Dans le deuxième cas, ils doivent se regrouper au sein de structures représentatives qui ont la charge de protéger leurs intérêts. Nous allons tout d'abord examiner trois représentants nationaux du mouvement techno et ensuite voir que les représentants des musiques actuelles travaillent aussi spécialement sur cette esthétique.

122 Fillon F., Lettre à Jean-Luois Dumont, in Les Grands rassemblements festifs techno, Jean-Louis Dumont, 2008, p. 4, disponible sur http://www.jeanlouisdumont.fr/fr/les-grands-rassemblements-festifs-techno/

123 Dumont J.-L., op. cit.

III.1. Techno+, structure d'information sur les risques liés à la santé.

Créée en 1995 par des acteurs de terrain, Techno+ se présente aujourd'hui comme une "association de militants, défendant la culture Techno et la mise en place d'une politique de réduction des risques liés à l'usage récréatif des drogues, c'est-à-dire une politique basée sur la responsabilisation des consommateurs et non sur l'interdit et la répression "124 . Animée par une équipe de bénévoles, Techno+ intervient comme une structure d'information et de sensibilisation en installant des chill-out dans les fêtes techno (free party, rave, clubs...). Elle distribue des documents d'information, entretient des partenariat avec d'autres structures de sensibilisation à la santé notamment Médecins du Monde, ASUD et AIDES.

Elle représente ainsi l'intérêt spécifique de la santé dans la culture techno ce qui lui a valu dès 1998 d'obtenir la reconnaissance du Ministère de la Santé par le biais de subventions. Avec ce soutien, le projet s'est étendu, d'une part en mettant en place une collaboration avec les voisins européens afin de "développer une banque d'information relative aux stratégies de réduction des risques en milieu techno", et d'autre part en décentralisant technoplus sur le territoire national. L'intervention publique n'est pas ni homogène ni continue, aussi au motif de l'élection présidentielle en 2002, les financements publics ont été gélés et Techno+ a dû faire face à un procès intenté par le ministère public en raison de deux flyers distribués, soi-disant "incitatifs". L'association a finalement réussi à légitimer son action et obtenir de nouveau le soutien des institutions publique de la santé en 2004. La mission menée par Techno+ dans la culture techno dépasse tous ses clivages internes si bien qu'elle se rapproche d'une mission de service public sans pour autant être définie comme telle.

III.2. Technopol, le syndicat des professionnels de la culture électronique

Comme je l'ai évoqué plus haut, l'association Technopol est apparue suite à l'interdiction de la soirée Polaris à Lyon en 1996 et "a donc été créée grâce à une mobilisation des acteurs de la scène électronique française, décidés à s'unir pour mieux défendre leurs droits, pour favoriser la reconnaissance de leur musique par les pouvoirs publics et pour la promouvoir auprès du grand public "125 . Ainsi, Technopol se présente comme un interlocuteur, un médiateur entre un réseau de 200 membres, acteurs de terrain, les pouvois publics et les médias.

Elle a défini ses rôles mais on peut les résumer par trois champs d'intervention. Tout d'abord, elle
agit dans la structuration du mouvement électronique et accompagne les acteurs dans leur

124 Disponible sur http://www.technoplus.org/index.php?option=com_content&task=view&id=25&Itemid=94

125 Disponible sur http://www.technopol.net/assotechnopol/presentation

professionnalisation. Pour atteindre cet objectif, elle propose "des conseils une compétence juridique et technique" . Ensuite, elle intervient dans une dimension politique en tant que médiateur avec les pouvoirs publics et les médias : elle "valorise et défend la scène électronique". Dans ce cadre "Technopol défend les organisateurs qui ont choisi la voie de la légalité ou qui souhaitent se professionnaliser". En effet, elle est le syndicat des professionnel exerçant leur activité dans les muqies électroniques et représente leurs intérêts dans des instances comme le GEMAP (Groupement des Entrepreneurs de Musiques Actuelles et Populaires). Enfin, Technopol organise la Techno Parade et les Rendez-Vous Electroniques à Paris, deux événements qui constituent son intervention dans la dimension artistique.

Le mardi 10 mars 2009, Technopol a annoncé sur dans la rubrique « actualité professionnelle » du site de l'Irma qu'elle ouvrait son propre centre de ressources dédiés aux musiques électroniques avec le même objectif : participer à la structuration de ce nouveau secteur de la musique126. Cette annonce laisse imaginer le nouveau rôle que l'association va tenter d'endosser dans ce secteur, celui du médiateur de l'information. Technopol a déjà produit une étude quantitative intitulée "Les participants de la Techno Parade 2003" sous la direction de l'ethnologue Etienne Racine, responsable du Laboratoire de Technopol. Seulement cette médiation commande un certaine neutralité et je me questionne quant à sa viabilité puisque Technopol ne représente pas tous les acteurs. Elle les divise selon la nature de la fête free ou rave en fonction donc de la légalité, puis selon le statut des acteurs entre professionnel et amateur. De plus, l'organisation et la mise en place de la Techno Parade constitue une lourde tâche annuelle qui mobilise beaucoup d'attention et d'intérêts sans garantir la visibilité de toutes les esthétiques issues de la techno.

III.3. Un réseau d'acteurs en construction

Le Réseau des festivals de culture électronique "a pour but de fédérer les festivals de musiques et des cultures électroniques, nouvelles, alternatives, adhérents au réseau, leur développement et leur promotion en France et à l'étranger"127. Il a été créé en 2006 à l'initiative de 5 d'entre eux Astropolis, Calvi On The Rocks, Marsatac, Nördik Impakt et Les Nuits Sonores et comptent aujourd'hui 8 membres. Les membres se reconnaissent dans une charte commune d'objectifs de représentation collective et de communication commune, de mutualisation d'outils et de partage d'informations ainsi que d'expériences. Cette charte consacre également une série d'engagements pris par les adhérents concernant la programmation musicale, d'autres envers les artistes et le public,

1 26 http://www.irma.asso.fr/Technopol-ouvre-un-lieu-ressource

127 Disponible sur http://www.irma.asso.fr/Charte-du-reseau-des-festivals-de

de leur rôle aux niveaux local et national. Les adhérents s'engagent enfin à respecter les règles en vigueur quant aux professions du spectacle : possession des licences, respect de règles de sécurité et acquittement des droits d'auteur. Ce nouveau réseau représente ainsi les intérêts collectifs d'une profession exerçant son activité dans le cadre particulier des festivals et bien que l'association Hadra soit organisatrice d'un festival annuel de trance techno, elle n'est pas adhérente à ce réseau. Il semble qu'il existe de nombreux écarts entre ces acteurs d'une culture électronique large et hétérogène.

III.4. La création d'outils pour favoriser la concertation

Des rencontres concertées produisent aussi des informations sur la techno dans le but de mieux comprendre pour mieux intervenir dans ce champ. Le 13 juin 2006, les Rencontres interrégionales Bretagne - Pays de la Loire se sont déroulées à Nantes sur les free parties pour poser "les jalons d'une concertation où les respinsabilités se dessinent, où les conditions du "vivre ensemble" s'organisent dans le respect des différences et de l'intérêt général". De nombreux sujets ont été abordés sur la techno sur les différents aspects du mouvement et pour renseigner les profanes les rencontres ont fait l'objet d'une publication intitulée "Free party techno, livret à l'usage des démarches de concertation".

Comme le rappelle Gérôme Guibert lors de cette rencontre, il n'existe pas de représentant "officiel" de la fête techno. Il ajoute que "s'il y a des accords "en creux", c'est-à-dire fondés sur des oppositions (refus de certaine décisions publiques), "il n'y en a pas "en plein", c'est-à-dire fondés sur une volonté de construction"128. Cette remarque permet de comprendre l'impasse devant laquelle se trouve la culture techno pour l'instant. Le schéma du progrès qui passe dans les musiques populaires de la reconnaissance à la structuration d'un secteur n'est sans doute pas celui qui correspond à la culture techno. En attendant l'apparition d'un telle volonté, on peut considérer la techno comme un OVNI dans les musiques actuelles permettant de repenser la construction de cette catégorie. Dans une intervention où il présentait l'historique des musiques actuelles, Gilles Castagnac affirmait que "la question des free-parties redéstabilise le nouvel équilibre fragilement obtenu avec les pouvoirs publics (tout en redonnant, il faut l'avouer, un coup de jeunesse à l'enjeu des débats)"129. Suivant l'exemple positif du département de la Marne où la concertation a été mise en place, les auteurs du guide de la concertation sont convaincus de ce mode de prise de décision. À Rennes, l'association Adrenaline a été créée à la suite d'Etats-Généraux sur la techno pour assurer avec le

128 Free party techno, livret à l'usage des démarches de concertation, réalisé par Musiques et Danses en Bretagne, Trempolino et Korn'g'heol, disponible sur http://www.trempo.com/IMG/pdf_free_parties.pdf

129 Castagnac G., op. cit.

collectif Korn'g'heol le rôle de médiation entre les acteurs du mouvement et les insitutions publiques. Pour gérer les problèmes, il propose la notion de « coresponsabilité » associant les organisateurs et les personnes publiques. Les enjeux de la techno sont les enjeux des musiques actuelles, il serait donc opportun de réfléchir aux apports de la techno dans cette catégorie. La structuration des musiques actuelles n'est pas un processus achevé, il s'agit au contraire d'un processus continu tant que les esthétiques qui les composent évoluent et/ou que la catégorie en intègre de nouvelles. De plus, la reconnaissance de la démocratie culturelle et la décentralisation des politiques culturelles entrainent de grands bouleversements dans l'intervention publique. La techno est certes une esthétique mondialement répandue, elle demeure néanmoins localement exprimée. La stratégie du dialogue avec les institutions doit donc impérativement en tenir compte.

Conclusion : le loisir dans l'institutionnalisation, le point de

départ de recherches sur les cultures

Les fêtes techno sont dans le cadre de l'analyse maffésolienne des fêtes où les individus expriment leur besoin d'extase, leur besoin de croire qu'ils forment une communauté. J'ai volontairement utilisé le terme "soirée" pour marquer les différences que j'ai pu observées lors de mon enquête. En effet, ici "fête" et "soirée" ne sont pas synonymes. La "soirée" marque le moment entre la durée de temps entre le coucher du soleil et le moment où l'on se couche. Elle désigne aussi la sortie extérieure que les individus font dans le cadre de leur loisir, le soir. La soirée techno désigne donc plus un spectacle que les organisateurs ont participé à créer et auquel le public vient assister. Le public est un élément de la soirée, une des conditions de la fête, mais il est aussi le destinataire du spectacle. À ce titre, on peut relever dans les entretiens de nombreuses références au public et non plus uniquement aux participants de la fête, comme Stéphane : "en début de soirée, tu sais jamais combien tu vas faire. Tu penses faire 500 personnes, tu vas en avoir 200. Tu penses en avoir 300, tu vas en avoir 800. Tu sais pas. Une soirée, c'est aléatoire". De plus, ce public est constamment mesuré car toute soirée nécessite un minimum d'entrées et un minimum de recette au bar pour pouvoir combler les frais engagés par l'organisation. D'ailleurs, les organisateurs échangent des informations sur les soirées qu'ils n'organisent pas et la question du nombre d'entrées est récurrente et centrale pour juger du succès d'une soirée.

Après, ces spectacles sont particuliers. Ils sont différents de la sortie au cinéma ou à un concert. "C'est un concert, c'est pas une rave party. C'est un concept : venez voir tel dj. Les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer certains styles de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style de vie c'est écouter de la musique et danser jusqu'à épuisement", m'a répondu Anthony après que lui ait demandé ce qu'il pensait d'une soirée techno à la Casa Musicale. Dans cette réponse, cet organisateur prend la position du participant. Les organisateurs militent en effet pour cette forme de spectacle. Ce temps peut être central dans la vie d'un individu qu'il n'en reste pas moins un loisir. Le temps de travail est alors mis au second plan dans ce choix. Alors le goût pour la musique techno, l'expression artistique subversive, faire primer le loisir sur le travail, est interprétable comme une critique du système économique orienter vers la production et la croissance. Celle-ci peut apparaitre pour beaucoup comme une illusion. Pourtant les médias de masse et particulièrement la télévision, ne cesse d'en décliner les exemples. À propos de la déviance de ce loisir et de la fête, je citais Philippe Muray car je pense que son ouvrage dénonce ce choix des individus d'orienter leur priorité dans la fête. La fête techno pourrait s'expliquer par une forme de consommation de l'instant, même

s'il s'agit de "bonheur artificiel".

Lorsque l'individu participe à l'organisation de soirée techno, il ajoute à sa vie une activité de loisir dont l'organisation peut rappeler celle de l'entreprise. Cette évolution du mouvement techno est un signe fort de son institutionnalisation et de sa structuration, le loisir ne disparait pas dans la professionnalisation. Ce temps de loisir n'est donc pas en ce sens dysfonctionnel. Le loisir est un temps de délassement, de divertissement ou de développement personnel. Il remplit donc des fonctions nécessaires dans la société industrielle moderne. Le loisir est de ce point de vue une soupape de sûreté nécessaire à la non explosion de la machine productiviste. Organiser une soirée est un investissement plus important que faire uniquement la fête. Il faut parfois plusieurs mois de préparation d'une soirée avant que l'accès soit ouvert au public : chercher le lieu, préparer le flyer, fabriquer la décoration, etc. On peut comparer ce temps de préparation à celui des sportifs qui s'entrainent avant de jouer un match en public. Toutes ces tâches, aussi ingrâtes soit-elles sont librement accomplies par les organisateurs pendant leur loisir. En effet, la particularité de ces activités pour les organisateurs est qu'elles sont effectuées pendant le temps libre et non pendant le temps contraint du travail. Les organisateurs rencontrés ont parfois le sentiment que le public ne comprend pas cette différence de temporalité. Ceux-ci ont cette exigence envers les participants et aimeraient que ces derniers ne se comportent pas uniquement en consommateurs de la fête. Stéphane Hampartzoumian accuse la sociologie de laisser le "temps", objet de science, à la physique et à la philosophie130. Norbert Elias est d'ailleurs cité comme l'auteur qui pensa le temps en sociologie dans son ouvrage. Pourtant le GREMES n'a toujours pas penser la fête techno en dehors de la fête, dans sa préparation. Cette temporalité sociale est celle qui a été mise en avant pas les organisateurs au cours de l'enquête. C'est la raison pour laquelle il convient de ne pas résumer la fête techno au culte du présent et à la peur dans les incertitudes de l'avenir. La fête techno n'est pas seulement vécu, elle est aussi prévue.

S'adonner à une pratique de loisir dans un mouvement culturel ou promouvoir un mouvement culturel identificatoire pendant son temps de loisir, voilà ce que j'ai pu analyser au cours de mon enquête de terrain auprès d'organisateurs de soirées techno. On retrouve les liens entre le loisir et la culture dans les musiques populaires, ce qui conduit à une réflexion plus large sur la participation des individus au développement des cultures populaires dans le monde du spectacle. Le paradigme du loisir fournit une bonne grille d'explication des fêtes techno mais cette approche est loin d'être parfaite et gagnerait à être encore réfléchie.

Ce mémoire est construit à partir d'une enquête sur un pan du réel. À défaut de l'avoir analysé
complètement, j 'ai tenté de le décrire au mieux en utilisant la méthode compréhensive de l'idéal-

130 Hampartzoumian S., op. cit. p.138

typification. De nombreuses questions sont apparues au cours de la réflexion et de l'écriture de ce mémoire sans que je puisse y répondre à cause du manque de temps et de données de terrain. Les conditions d'un mémoire sont ses propres limites : enquête de terrain trop courte, délai imparti trop bref et mobilisation de références théoriques difficiles pour l'étudiant.

La dernière partie a été rédigée un an après en raison de la prolongation de ce travail. Même si elle s'insère différemment que les autres grâce aux citations d'entretien par exemple, elle élargit la réflexion sur la techno que l'on a souvent tendance à isoler. Pour la construire, j'ai reccueilli des données provenant de divers médias constituant ma "veille informative" et me suis inspiré de mes réflexions nourries pendant cinq mois de stage à l'Irma. Cette expérience a été l'occasion de prendre du recul sur le "monde" de la techno et de le placer dans le champ des musiques actuelles. La techno et les musiques populaires ne doivent pas être penser séparément vis-à-vis du politique car même si certaines particularités sont traitées différemment, la techno est une musique populaire qui modifie la catégorie.

J'aurais aimé traité du rapport qu'entretiennent les organisations avec l'Espagne, c'est-à-dire avec des acteurs de terrains et les institutions, pourquoi certains choisissent de s'y installer pour continuer l'organisation de soirées, etc. La situation transfontalière dans laquelle j'ai effectué mon enquête était favorable à ces questionnement, mais tous les aspects du réel ne peuvent être envisagés dans le même sujet

Pour finir je souhaite revenir sur le rapport parlementaire que j 'ai présenté, dirigé par le député Jean- Louis Dumont. Les terminologies construites dans ce rapport sur les acteurs et les fêtes sont trop figées. En effet, l'étude sociologique présentée ne fournit aucun élément de méthodologie et se risque dans des typologies excluantes. La sociologie ne consiste pas à mettre les individus et leurs pratiques dans des catégories mal pensées pour leur appliquer je ne sais quelle politique, mais est un formidable outil de compréhension du monde lequel commande de l'observer pour l'analyser. La construction des idéaux-types est une méthode d'analyse dont l'efficacité repose à mon sens dans l'explicitation de la réflexion, des choix opérés pour découper conceptuellement une réalité et la comparer finalement avec cette abstraction. Pour répondre à la demande de l'institution, ce rapport a fait le choix de la mythification des fêtes techno. De plus, la majeure partie de cette étude est focalisée sur l'altérité du mode de vie choisi par les acteurs de la free party. Au contraire dans mon propos, je me suis efforcé de montrer ses liens avec les différents modes de vie et même déclinés de différentes manières, les fondements ne sont pas si éloignés. Néanmoins, neuf propositions émanent de ce rapport "pour favoriser l'acceptation de cette culture musicale dans notre pays", selon l'association Techno+. Ces recommandations concernent en priorité les grands rassemblements techno, néanmoins on peut retenir en particulier trois propositions qui touchent l'activité des

organisateurs de soirées techno : créer un cadre souple de musicien amateur, favoriser la circulation et la rencontre entre musiciens amateurs et professionnels, renforcer les structures de dialogue entre les organisateurs et les institutions. Le rapport fait l'analogie entre le sport et la musique, deux activités du temps libre où se distinguent les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles. Or, aucun statut de musicien amateur n'existe si bien que l'on présume la professionnalisation du musicien. Ce statut de mucisien amateur, outre qu'il reconnaisse la non-lucrativité de l'activité d'un spectacle de musique créerait "une passerelle" entre les deux statuts au bénéfice de l'amateur désirant faire de son loisir une profession ou du moins faciliter les spectacles mixtes. Enfin, le rapport préconise de renforcer le dialogue entre les organisateurs et les institutions au niveau départemental en confiant cette mission à la Direction de la Jeunesse et des Sports du fait des similitudes existant entre le sport et la musique amateur : pratiques des amateurs, âge des personnes concernées et vie associative. Par conséquent, le courant culturel techno pourrait s'institutionnaliser davantage.

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Annexes

Transcription des entretiens

Entretien réalisé avec Anthony

p.70

Entretien réalisé avec Julien

p.84

Entretien réalisé avec Ben

p.95

Entretien réalisé avec Emilie

p.97

Entretien réalisé avec Tristan

p.99

Entretien réalisé avec Damien

p.103

Entretien réalisé avec Stéphane

p.104

Entretien réalisé avec Renaud

p.125

Entretien réalisé avec Amélie

p.125

Entretien n°1 réalisé le 18 mars avec Anthony, Antomn'y(dj) organisateur de soirée (Mystic
Chrysalide-Melting Pot for Evolution Underground)

Conditions : Inviation à mon domicile, je connais Anto depuis une soirée underground dans un local chez un ami. Je lui ai expliqué depuis quelques semaines que je préparais un mémoire de sociologie sur les organisations de soirées techno dans le département.

Comment tout a commencé pour toi?

« Il me semble que c'était en 1995, on a créé Melting Pot for Evolution, une association, avec une copine et un copain à moi. Notre délire c'était d'organiser des soirées, alors comme t'avais pas le droit d'organiser des raves party et des soirées techno à l'époque, nous on montait des soirées.. .des « expositions d'oeuvres artistiques en 3 dimensions », on a commencé comme ça « expositions d'oeuvres artistiques en 3 dimensions ». J'suis allé la déclarer à la gendarmerie du village à côté. Ils ont dit : « bon bah très bien, on viendra la surveiller sur le parking voir si tout va bien ». et voilà, ils ont entendu la musique, ils ont rien dit, y-a pas eu d'histoire. Et mon délire, c'était de monter des soirées, de créer des ambiances parce que le rôle d'un dj c'est de créer une ambiance, si tu regardes la définition d'un disc jockey c'est un créateur d'ambiance. Voilà. C'est la personne qui est chargée de passer des disques, mais c'est elle qui crée l'ambiance dans une boite. Et mon délire à moi, c'est

de créer justement une ambiance avec une soirée thématique , un thème, avec à chaque fois, un nom pour la soirée, style...la première on l'avait appelé NewVision. Le fly c'était un oeil monté sur un ressort, un truc un peu..un peu...un peu tordu quoi ».

Son téléphone sonne. Je lui propose de répondre. C'est Richard, un ami d'Anto que j'ai rencontré en même temps. Il va venir chez moi.

« Ouai donc je sais plus où j'en étais. »

Tu parlais de Melting Pot, d'expositions.

« Ouai donc on montait des soirées à thème ».

Et c'était dans les années début 90 ?

« 95-96 ».

Les premières raves, à Perpignan, avaient déjà eu lieu ? « Oui. »

D'accord. Donc vous avez suivi un mouvement ou bien vous vous êtes inscrits dans quelque chose de différent ?

On a suivi un mouvement, disons que ce qui c'est passé que quand j'ai découvert en 93 avec l'expérience. J'écoutais que du rock à l'époque. J'étais AC/DC, Led Zepplin, Pink Floyd, vachement rock années 70. Et, j'ai découvert avec l'expérience ce que c'était la techno et tout, ça m'a pas tellement plu. Et peu de temps après j 'ai découvert ce que c'était les soirées en Espagne, les soirées techno, en Espagne, avec des djs français comme J.-R., Fred Tassy, Cybersonic, Spdy'T et tout ça. Qui était également le début des soirées pour eux en Espagne, parce que c'était à l'époque des Boréalis à Montpellier. On va dire que le mouvement est descendu du nord en descendant vers le sud. C'est parti de Belgique, Hollande tout ça et c'est redesendu sur Paris machin et tout. Et puis c'est redescendu vers le sud. Les premiers c'était à Montpellier Boréalis. Et ça a été l'euphorie, ça a

été des gros trucs graves quoi, c'était des grosses soirées. Les espagnols montaient, ils ont halluciné. Puis après les djs sont partis en Espagne pour lancer un peu tout ça. Bon ça s'est développé dans toute l'Espagne. Je dis pas, c'est pas par Perpignan et Gérone quoi. C'est passé par les 2 frontières, ça s'est développé de partout quoi. Et donc, moi, quand j'ai découvert un peu toutes ces soirées, tout mon délire ça a été de monter des soirées tel dj, tel dj, tel dj. Tiens je le verrai bien joué. Je me faisais ma sélection musicale finalement. Lorsque j'organisais une soirée je me faisais ma sélection musicale comme toi quand tu vas sur ton ordi te faire une playlist Winamp. [D'accord] Voilà pareil. Donc je me disais, tel dj en début de soirée parce qu'il joue plus calme, tel dj après ça va monter, tel dj après, tel dj après. Je me faisais comme ça un line-up, une évolution. Et c'est vrai : au niveau musical il y a toujours une progression dans la soirée. Pas comme font certains aujourd'hui où on te balance n'importe, tel dj à n'importe quel moment et où t'en a un qui va tabasser, l'autre après qui va être mou et l'autre après... Bon en tout cas garder une certaine logique, une certaine évolution dans la musique. Tout comme il faut avoir dans sa session, il faut avoir une session progressive machin. Ca sert à rien d'attaquer très fort pour redescendre derrière. Enfin c'est mon avis, après chacun ses goûts : après c'est une question de goûts et de couleurs. Donc j'me suis mis très tard au mix. Au début, moi, mon plaisir c'était justement de créer cette ambiance, cette atmosphère en faisant venir des djs que j'aimais bien, dont j'aimais la musique, que je connaissais d'avant parce que je les avais entendu mixer et ça a été mon trip de toujours. Et bon maintenant, au jour d'aujourd'hui, mon délire c'est plus de mixer. C'est toujours de monter des soirées et tout ça. Mais bon ça implique...à l'époque j'étais un peu plus maître de mes soirées et aujourd'hui ça implique de faire beaucoup plus de concessions par rapport au gens de l'organisation autour. »

Tu parles des gens avec qui tu travailles dans les organisations. Alors pour revenir à ce que tu appelles le Melting Pot Underground, justement c'est une association existante ?

L'association s'appelle le « Melting Pot For Evolution » entre paranthèses « of the mouvement techno ». C'est ce qui a été enregistré au journal officiel des associations. Elle existe encore aujourd'hui, mais au niveau légal on est un peu hors-la-loi. Pourquoi ? Parce que il y a jamais eu de suivi au niveau des papiers et tout ça, on a jamais fait de conseil, on a jamais fait tout ce qui faut faire pour qu'une association tienne la route. Même déjà à l'époque, on le faisait pas. On avait un nom au journal officiel, on avait les autorisations pour les soirées pour les endroits privés etc. au nom de l'association. Toutes les locations étaient au nom de l'association, que ce soit pour les boissons, pour le son etc. Et en tout cas on l'a jamais tenu au niveau paperasse, il y a jamais eu de secrétariat bien... [un trésorier, un secrétaire...]. Voilà. Au début on était 3. Rapidement il y a une fille qui s'est barrée, c'était la trésorière, donc....

Pourquoi avez-vous créé cette association, vous en aviez besoin à cette époque pour monter des soirées ?

Pour l'aspect légal. Pour rentrer dans un aspect légal. Parce que monter des soirées à l'arrache dans la nature c'est facile, mais nous, on voulait louer des endroits. On voulait même créer des gros évènements. On avait un projet énorme. On avait commencé à le travailler avec le conseil municipal de Perpignan. C'était de faire Fort Liberia au-dessus de Ville-Franche-de-Conflent. Tu connais
Fort Liberia au-dessus de Ville-Franche-de-Conflent ? [un peu oui]. C'est joli, c'est un endroit magnifique. On voulait faire un événement là-haut avec style : soirée médiéval, électro, machin, avec, spectacle de projection, cracheurs de feu, musique, stands, avec des activités la journée et

tout. On voulait faire vraiment un projet comme ça et puis on a laissé tomber parce que c'était un projet trop démesuré et on était pas assez nombreux. Et puis on avait pas assez de soutien de la part de la mairie. Il fallait qu'on monte un projet vraiment béton et puis on était un peu jeune. On est pas allé au bout du projet. Donc après on a un peu laissé tomber l'asso.

Très bien. J'suis allé voir ton Myspace, t'as mis un descriptif de ton parcours. Qu'est-ce que t'entend quand tu dis : « je suis marchand d'ombre la semaine et dj le week-end» ?

Parce que je vendais des stores. J'étais commercial et justement ça fait presque 10 ans que je travaille dans le store. [d'accord]. Donc c'est pour ça, j'étais commercial et je vend de l'ombre. Il y en a qui vendent du vent, moi je vendais de l'ombre. Pour dire que j'ai un métier qui me fait vivre et puis j'ai une passion qui me fait vivre aussi, mais différemment.

D'accord, mais quand tu dis cela, ça fait vraiment la différence entre ton travail et puis ton loisir.

Voilà. Je fais bien entendre que je vis pas du dj. Parce qu'aujourd'hui il y en a pas qui peuvent prétendre vivre du dj. Sauf des très grosses têtes d'affiches, ça implique... vivre du dj , ça implique d'avoir un mode de vie autre qu'un mode de vie sociale, qui te fait sortir du mode de vie sociale. [c'est pas le choix que tu as fait ?]. Par rapport à mes parents, par rapport à beaucoup de choses. [et t'es père]. A l'époque où j'ai eu ma fille, j'ai arrêté de sortir pendant 4 ans. J'ai carrément déconnecté donc, des soirées, de mes amis pour pouvoir construire un peu plus ma vie. Parce que c'était tralala tous les week-end, ça fait pas avancer. Et le temps que tu te réveilles le week-end c'est déjà mercredi et 2 jours après c'est déjà le week-end. Après t'as les semaines qui sont plus courtes que les week-end.

En effet c'est un rythme essouflant ! Ensuite, tu dis que « tu n'es résident d'aucun club ». Qu'est-ce que c'est, pour toi, de résider dans un club ?

Un dj résident dans un club, c'est quelqu'un qui travaille pour le club. Par exemple tu as.. .Cybersonic par exemple était résident du Palm Beach. C'était le dj résident, c'était le responsable artistique également. Résident, ça veut dire que tu travaille dans ce club.

Donc pour lui, ça veut dire qu'il en faisait sa profession réellement.

Voilà. Comme dj bidule c'est le résident de la boite pourrie qui est à côté en bas, le Milord. Et bien ils ont un dj : dj Fred ou dj Albert ou dj Jean-Luc ou va savoir et bien le mec, c'est le dj résident. C'est pour ça que sur les flyers, sur les line up des soirées tu vois dj untel Mystic Chrysalide, dj untel Melting Pot, dj untel résident, ça veut dire que c'est le mec de la boite.

Et si on parlait de la soirée du 5 avril ou peut-être d'abord parler de... Je sais pas si on va la faire finalement (rire). Je rigole.

On va plutôt parler de ton histoire avec Mystic Chrysalide. Comment as-tu rencontré les autres membres et qu'est-ce que tu fais au sein de Mystic Chrysalide ?

Moi, en fait, Mystic Chrysalide, c'est....Je connaissais les gens qui l'ont créé. Donc il y avait Spdy T, mon meilleur pote. Il y avait M., c'est un des responsables de l'asso, c'est le président que je connaissais depuis longtemps parce qu'on a souvent mixé dans des soirées en commun sans vraiment se connaître, mais on a souvent été amené à mixer dans des afters et des soirées où on était ensemble. Moi, à l'époque je mixais plus trance que ce que je joue aujourd'hui. Et S. que je connais depuis longtemps. Après il y a les filles qui s'occupent de la déco et tout ça que j'ai connu petit à

petit. Mais pour la plupart, c'est des gens que je connaissais avant Mystic Chrysalide déjà. Moi, je ne suis pas avec l'asso depuis le départ. Eux, ils ont créé l'asso, ils y sont depuis le début. Moi, j'ai été greffé par la suite parce que au début T. m'invitait à mixer. Donc j'allais mixer bénévolement pour aider l'asso etc. Bon, j'arrivais à la soirée, hop, je posais mes disques, je les remballais et je repartais quand je voulais. J'étais, on va dire, invité. J'ai été invité à 2 soirées et au bout de la deuxième soirée, T. m'a dit : "bon j'ai besoin de quelqu'un pour m'occuper du deuxième son, donc j'aimerais bien que tu rentres dans l'asso. J'en ai parlé aux autres, ils sont d'accord". Donc je suis entré dans l'asso à ce moment là, ça fait maintenant, ça va faire 2 ans maintenant je crois.

D'accord, et l'association existe depuis combien de temps ?

Depuis 3 ans et demi je crois. Je crois qu'on a fêté les 3 ans au mois de septembre.

Et donc entre ta première expérience en 1995, où tu as organisé justement cette exposition et il y a à peu près 2 ans et demi, au moment où tu es entré à Mystic Chrysalide, qu'est-ce qu'a été ton implication dans le mouvement techno dans le département, même au-delà ?

Moi, j'ai jamais arrêté de monter des soirées, mais des soirées underground. J'ai continué à monter des soirées sous le nom de Melting Pot dans des boites et tout ça, style au Marina, style dans d'autres boites ou quoi. On trouvait des clubs, on montait des soirées dans les clubs, il y a aucun problème. On faisait un flyer, il y avait marqué : "Melting Pot présente machin truc au Marina". Je dis le Marina, mais il y en a eu d'autres, il y a eu d'autres boites. Et, c'était quand même très ponctuel, voilà. C'est resté très ponctuel, de temps en temps, pour se faire plaisir, l'occasion de faire la fête avec les copains, tout ça. Et sinon, on montait des soirées underground c'est-à dire un peu plus à l'arrache, toujours sur un terrain privé pour pas être emmerdé, mais on va dire sans déclaré quoi que ce soit, avec un débit de boisson illégal, avec.. .pour le plaisir de faire des soirées. Quitte à faire des soirées plus privées c'est-à-dire ne pas faire de fly et le dire à personne, mais au bouche-àoreille et inviter les gens. On en est arrivé au bouche-à-oreille l'été dernier, tu vois, tout en étant avec Mystic Chrysalide, ça ne m'empêche pas de monter des soirées à côté. Parce que c'est mon délire à moi c'est pas trance goa machin, mon délire à moi c'est monté des soirées que techno aussi. Pour mon anniversaire cet été, on a fait une soirée il y avait 2 sons. Il avait eu peut-être 350 personnes voire plus, dans la soirée entrée gratuite, les boissons au bar vraiment pas cher. Et une fois qu'on s'est remboursé, open bar. Voilà, c'est mon délire depuis toujours, quoi l'open...me remboursé. Pas faire ça pour gagner des tunes ! C'est vraiment pour faire la fête. Les gens qui viennent à la soirée, bah ok, ils vont claquer des tunes, ils vont payer, payer, payer leurs boissons machin, mais enfin je suis pas chien non plus. J'ai bossé dans la restauration, je sais qu'un bon commerçant, derrière un bar c'est quelqu'un qui sait quand il doit offrir ou pas. Donc les gens savent qu'ils sont bien reçus dans nos soirées, c'est pour ça qu'ils reviennent quoi. Et c'est un peu la contribution qu'on apporte à Mystic Chrysalide aujourd'hui. Le deuxième son techno, on l'apporte pour...au départ c'était un chill out, parce que dans les soirées trance il y a toujours des chill out. Les premières soirées ils ont fait chill out. Moi, la première soirée où je suis allé mixé là-bas, le chill out et bon c'était chill out également mais bon c'était pas bien c'était des sons.. .j'ai joué mes disques trance les plus lents....on pouvait mettre un peu d'ambient à côté, enfin.

Un peu comme Infinity Project, ce genre de son ? (un des groupes fondateurs de la goa trance)

Très down tempo, très souple quoi, parce que ça se prêtait à la soirée et après petit à petit, on s'est rendu compte qu'on avait notre public techno-électro qui était dans ces soirées et que la trance soulait un peu au bout d'un moment. Donc on a décidé de faire...le chill out s'est transformé en

Electrochill. Voilà, on l'a appelé "Electrochill". "Electrochill"ça n'existe pas ! C'est un terme qui n'existe pas. Mais bon, vu tous les termes nouveaux qui naissent dans ce milieu, pourquoi pas inventé un nouveau coin sage "Electrochill", voilà. Dans le principe, le chill-out ça veut dire, c'est endroit où tu t'écarte, où tu te mets un peu en dehors de...de tout ce qu'il se passe...du gros son machin et de...on va dire l'excitation et de la bousculade. Chill out c'est pour se mettre à côté, pour être out quoi, un peu en dehors quoi, un peu plus posé. Donc voilà l'intérêt de monter ces Electrochill. C'est d'abord un deuxième son, c'est de pouvoir mélanger. C'est un melting pot. Ça reste un melting pot.

Toi, quand tu parles de melting pot aussi sur le net, tu parles de mélanger les cultures et les races. C'est la définition du melting pot.

C'est la définition américaine oui. C'est comme ça que tu cherches à l'appliquer.. .comment tu essaies justement ?...bon tu m'a expliquer un des moyens, avoir plusieurs sons disponibles pour le public. Est-ce qu'il y a d'autres moyens d'essayer justement d'atteindre ce résultat ?

Au départ, par ce qu'on a fait, le Melting Pot, il était déjà présent, le mélange des cultures. On avait pas le droit de faire des rave party ou des soirées électroniques. Donc qu'est-ce qu'on a fait ? On s'est mis en relation avec des gens des Beaux-Arts pour faire des oeuvres, des expositions d'oeuvres artistiques. En 3 dimensions pourquoi ? Parce que tu avais...et bien t'avais...le visuel, le sonore et puis la présence physique des gens. T'avais plusieurs dimensions à ce niveau là. Donc ça a été déjà,... le Melting Pot au départ c'était pas un nom trouvé pour rien. C'était justement mélanger différentes choses pour pouvoir, Melting Pot For Evolution pour pouvoir faire évoluer le mouvement techno. Tu vois c'est pour ça qu'il y a la petite parenthèse of the mouvement techno. Je pouvais pas appelé l'asso comme ça, c'était trop long. Donc déjà Melting Pot For Evolution...

(Pause)

Alors t'étais en train de me parler de ces 3 dimensions du Melting Pot. (Je lui montre le flyer de la soirée du Samedi 5 Avril 2008) Donc si je reprend le visuel, le son.. .C'était pour la soirée en question. Pour cette soirée-là d'accord. et l' humain, c'était une des soirées Melting Pot.

Le but du Melting Pot c'est de mélanger des gens, de milieux et de cultures différentes... Le but du Melting Pot, pour moi, c'est de.. .déjà au Etats-Unis et puis avant les Etats-Unis, ça vient d'Angleterre ce terme déjà à la base. Cest.. .c'est vrai qu'on a retrouvé beaucoup plus le principe aux Etats-Unis. C'est mélanger les cultures et les races pour pas créer le gettho. C'est ça le principe du melting pot, si tu renseigne un peu [j'suis d'accord] sur des expos et tout ça. Tu dois le savoir, mieux que moi, [pas sûr] avec les études que t'as fait. C'est pour éviter les gettho, mélanger les gens et les cultures. Pas faire un quartier comme un St Jacques ou Beluze où t'as que des gitans et un quartier où t'as que des arabes comme au Bas-Vernet parce qu'après ça crée des clashs et des confrontations comme on a pu en voir ici. C'est le cas dans des pays pauvres comme au Brésil où tu as des getthos avec des bidonvilles et des trucs comme ça, et puis à côté, t'as les gens qui vivent normalement. Bah t'auras jamais d'intégration entre les gens. Donc pour nous, se faire intégrer au milieu de ces gens-là, le mieux c'est de les inviter à voir ce qu'on fait.

D'accord, tu...

A partir de là, tu peux être mieux intégré je pense. Si toi, dans ton coin, tu vas te cacher sous les ponts. "Underground", c'est ça, ça veut dire "sous les ponts". Si tu vas te cacher sous des ponts pour

faire les soirées, les gens qui passent sur le pont, tu les connaitras jamais. [c'est vrai] Et ils te connaitront jamais. Et ta place, elle sera toujours sous un pont. Voilà, notre place, nous on a voulu qu'elle soit...on s'est battu tous depuis le départ du mouvement techno pour que cette musique soit reconnue en tant que telle, que ses soirées soient reconnues en tant que telles, qu'on arrête de dire : "ouai, la techno, c'est une musique de drogués. Les rave party, c'est des endroits de débauches". Non, moi je suis pas d'accord avec ça. C'est vrai certes.. .Mais au jour d'aujourd'hui, de la drogue, t'en trouve dans les lycées, dans les collèges. C'était déjà le cas il y a 10 ans, c'était déjà le cas il y a 20 ans. Bon, ça l'est encore plus aujourd'hui... .pour moi, les problèmes des cités et de la drogue dans les écoles et même du racket est beaucoup plus grave que, le poblème de la drogue dans les soirées techno. Le rock'n roll, déjà à l'époque c'était la drogue. Ça, c'est un truc, c'est inévitable. Bon et maintenant, justement on fait de la prévention, on fait en sorte...on fait tout pour que.. .Bon on va

pas fouiller les mecs à l'entrée. On peut pas faire ça. Il en a qui le font, qui ne se gênent pas. Dans certaines soirées, ça passe mieux. Moi, j'ai déjà fait des festivals, des grosses soirées à Montpellier ou quoi, les mecs, il te fouillent à l'entrée. Mais tu le vois de moins en moins au jour d'aujourd'hui, tu le vois de moins en moins ça, la fouille. [Il faudrait faire une fouille assez minutieuse pour trouver tout ce qu'il y a.] C'est dissuasif quoi. C'est pour le mec, le petit con qui arrive avec sa drogue dans la poche-là, forcément il va se faire fouiller, et hop, ils vont sentir une bosse comme ça. Il se fait goaler avec ça, le mec, il se fait refouler et puis voilà. Où peut-être il pourra rentrer, mais il devra laisser ça à l'entrée ou le jetter quoi. Souvent, j'en ai vu se faire goaler : "bon, bien tu laisses ça, tu le jette, mais tu rentres quand même". Tu vois, c'est pas non plus, cher payé.

Toi, ton style musical ? Comment tu le définis vraiment ? Mon style musical ?

Tu me l'a déjà "sacrément" défini. Tu m'as parlé de trance, tu m'as parlé de Melting Pot. Ses inspirations ? Est-ce qu'il y a des figures du milieu techno desquelles t'as pu t'inspirer ou empreinter peut-être ?

Moi disons, au début j'ai commencé...quand j'ai commencé à mixer, j'ai mixé de l'acid trance, acidtrance et trancecore. Voilà, j'ai commencé acid trance et trancecore (je prenais des notes). "Trancecore" en un seul mot. [d'accord]. Ensuite, je me suis mis un peu plus à la trance-goaprogressive, ce qu'ils appellent aujourd'hui la "progressive". A l'époque on l'appelait "goa". [C'était dans les années 90 ?] Ouai, c'était vers milieu 90, vers 96, 97.[ouai] Ensuite, je me suis arrêté un moment et quand j'ai repris, je me suis mis un peu plus à des sons techno. De là, je suis revenu un peu plus sur des sons techno-trance, minimaliste, un peu tech-house. Après les définitions on en avait sur un même morceau, il y a 6 ans ou 7 ans, on disait : "tiens, ça c'est de, ça c'est de...de la techno."Le hard-techno à l'époque, c'est ce qu'on appelera de la techno aujourd'hui. [d'accord]. Tu vois, aujourd'hui ce qu'on appelle le hard-techno, c'est ce qu'avant on appelait le hardcore. Il y a tellement de changements et de nuances entre un même morceau, que t'es chez un marchand de disques, tu vas le trouver dans un bac "tech-house" et chez l'autre, à côté, tu le trouvera dans un bac "progressive", et chez l'autre, à côté, tu le trouveras dans un bac "techno".

Comment, toi, tu arrives t'y retrouver dans tout ça ?

J'ai du mal.(rires) C'est pour ça que quand on me demande mon style, et bien aujourd'hui je joue minimal-trance-progressive-techno-acid, voilà. C'est ce que j'ai dit un peu... [oui, c'est ce que tu as mis comme présentation internet] Donc, ça veut tout dire et rien dire, c'est pour ça que...on peut pas définir, coller une image à la musique. C'est comme : aujourd'hui, donnes-moi la différence entre du drum and bass, de la jungle et du trip-hop. Est-ce qu'il y a une différence entre les 3, réelle. Et je

suis sûr que dans certains morceaux de trip hop que tu serais capable de classer en drum and bass et certains morceaux de drum and bass que tu classerais en...

C'est peut-être ça le problème (j'ai une idée et je n'est pas su la garder), c'est qu'il y a des courants, amis ils ne sont pas eux-mêmes clairement définis et étanches. Il y a une certaine porosité. Il y a des artistes, dont peut-être le métier est de créer des inter-courants.

Ouai, et du jour au lendemain, ils nous sortent un nouveau style: la "shrance". Alors pourquoi, nous, on crérait pas l' "Electrochill". Et pourquoi on crérait pas, j'en sais rien, le "rugby-foot", un nouveau sport : le "rugby-foot". Le rugby avec un ballon rond, c'est un peu plus dur.

Donc le but c'est pas d'essayer d'y voir des Ecoles comme il peut y avoir la techno de Détroit, l'acidhouse d'Angleterre, la techno d'Allemagne...

La musique évolue avec le temps et t'as des styles qui évoluent également. C'est comme le R&B, qu'est-ce que tu as d'autres, le R&B et le rap. A l'époque on aurait pas appeler ça du rap, on aurait appeler ça, je sais pas, de la pop ou va savoir.. .C'est dur à définir un morceau de R&B, pour moi, c'est de la variété [d'accord], pour moi ça reste de la variété à la base. Pour moi, que tu joues de la techno, que tu joues trance, hardtechno ou quoique ce soit tu joues toujours de la techno, à la base. Et la rave c'est quoi ? Une rave, c'est un endroit où tu écoutes de la techno.

Et qu'est-ce qu'on appelle l' "Electro" ?

L' "Electro", ça a été un peu les prémisses de, de.. .l' "Electro", c'est la musique électronique. Voilà, c'est pour ça. C'est un terme très difficile à définir. Moi, j'aime pas donner des termes et des styles à la musique. "Electro" ça veut dire musique électronique pour moi. L' "Electro", ça a été fin des années 80, même début des années 80, il y avaient déjà des groupes pionniers dans ce style "Electro" etc. Bon, me demande pas des noms parce que j'ai une culture musicale très (rires). [J'irais voir Fred si j'ai besoin.] Oui ou Aldo, Aldo, il est calé lui. A ldo, si tu veux des...Tu vas halluciner, si tu vas chez lui, tu regardes sa collection de disques. Tu veux encore plus halluciner, tu regardes son disque dur externe avec tout ce qu'il a de musique. Et tu lui demandes de te parler d'un groupe, d'un style etc. Et lui te racontera dans les années 80 etc. Lui te rancontera plus en détail l'histoire de la musique si tu veux. Voilà, moi l'histoire du mouvement je la connais, mais l'histoire de la musique, un peu moins. Même moi aujourd'hui encore, j'ai des disques, je mixe des disques, il y a des gens qui viennent me dire : "putain, c'est toi qui a joué le morceau de machin truc". Je dis : "ah bon ?". Il me dit : " mais oui, mais oui tu l'as mis tout à l'heure". Alors je regarde le disque et je dis: "ah oui en effet". Tu vois, ça m'arrive encore aujourd'hui. Moi je regarde et je m'attache à la musique. J'écoute un morceau, il me plait, je le reconnaitrais par la couleur du disque, par le machin ou quoi. [d'accord]. Depuis quelques années, je m'y suis mis un peu plus. À lire qui les faisait quand je les achète. Pendant que j'écoute, je lis la pochette je regarde qui c'est qui l'a fait. Donc j'arrive un peu plus aujourd'hui à retenir qui fait quoi. Mais pendant longtemps, je jouais de la musique, je savais même pas qui c'est qui la faisait. Je m'en foutais, même, à un certain point. Moi, ce qui me plaisais, c'était le contenu, ce qu'il y avait dedans.

Alors, pour parler un peu "organisation": Melting Pot, qu'est-ce que vous en faites aujourd'hui ? Alors aujourd'hui, Melting Pot ne fait plus rien, si ce n'est des soirées underground et non déclarées. A quelle fréquence à peu près ?

Avec un saisonnalité. L'hiver, on fait un peu moins, parce ce qu'on galère à trouver des endroits. C'est surtout l'été.

Vous les organisez en extérieur ?

L'été, on fait ça en extérieur, on a plus de facilité à trouver des endroits en plein air, du côté de la montagne, vers chez nous. Bon, moi je suis d'Espier de Lagly à la base. Espier de Lagly, c'est la fin de la plaine, c'est le début de la montagne. Après tu montes sur Maury, Tuchant, Tautavel, Vingros, tout ça. Depuis toujours, on a toujours fait dans des endroits magnifiques, des soirées vers là-haut.

C'est le "elle est belle ma région" ?(phrase sur le myspace de Melting Pot) Qui est-ce qui a dit ça ? Je sais pas, tu as ça sur ta page Melting Pot ?

Non, c'est Spdy. C'est lui qui a fait ça. Alors le blog Melting Pot c'est Spdy qui l'a fait, moi j'étais même pas au courant. D'ailleurs, il a fait une faute d'orthographe et en plus, il l'a fait sans m'en parler. C'est un truc dont je ne parlerais pas, je suis pas trop d'accord avec ça, voilà. Avant de faire des trucs comme ça, on en parle. Sauf que lui, il est arrivé beaucoup plus tard dans le Melting Pot que ça. Il a rien à voir à la base si tu l'écoutes aujourd'hui, Melting Pot, c'est lui. Voilà, il est très comme ça.

D'après ce que j'ai entendu, il y a sa musique d'Arythmétik Production dessus, Arythmétic School est dessus.

Bon alors, Thierry, t'apprendras à le connaitre, il est assez mytho, machin. Ça reste mon meilleur pote. Mais bon il est un peu space, il y a beaucoup à prendre et à laisser avec lui. Il y a des fois, je suis pas toujours d'accord avec lui. Quand il a créé le blog Melting Pot, j'étais pas d'accord. Il m'a créé un nouveau myspace, j'étais pas au courant [je l'ai vu]. Pourquoi ? Parce ce qu'il arrivait pas à me mettre un fond d'écran sur l'autre que j'avais. Alors il a tenu absolument à m'en faire un nouveau, avec un fond d'écran [il t'as recréé une adresse internet ?]. J'ai 270 contacts, je vais pas m'amuser à redemander un par un "veux-tu être mon ami ?" à 270 contacts et à refaire toute ma page. [tu l'a refais finalement ?]. J'ai essayé mais il reste pas, il apparait et il disparait en 2 minutes. Donc je sais pas comment l'arranger.

Internet, pourquoi vous utilisez Myspace ?

C'est une nouveauté (rires). Ça fait pas longtemps que je suis informatisé et il y a pas longtemps que j'utilise internet. Mais par contre, c'est un très bon moyen de diffusion et de communication. C'est clair, c'est clair à toutes les soirées qu'on a fait au bouche à oreilles cet été, si on a réussi à faire 350-400 personnes pour mon anniversaire, sur 2 sons, ça a été grâce au bouche à oreille et grâce internet aussi. Pourquoi ? Parce qu'on arrive à contacter des gens, on arrive à... dans le principe Myspace, tu sais comment ça fonctionne, tu y es dessus. Alors si tu veux que je te montre d'autres sites où on annonce les soirées Mystic Chrysalide [Cataloonya par exemple ?]. Cataloonya par exemple, mais bon ça reste un site beaucoup plus généralisé. Les tranceux vont pas voir là- dessus. Cataloonya, c'est plus pour toucher notre public à nous, on va dire, plus pour la deuxième scène, ou par le fait de proximité, parce que c'est une soirée au Mas Bonete qui est proche de Perpignan, donc les gens s'y déplaceront plus facilement. Si on fait une soirée à Bugarach ou va savoir, les gens de Perpignan ne viendront pas, c'est clair. T'enlèves déjà 200 à 300 personnes du public qui viennent pas pour la distance. Après, t'as d'autres sites comme Trance Goa et t'en as encore...Tu connais ce site ? [c'est la référence en terme de forum trance] Voilà, après t'en as d'autres. Sur ces sites là c'est bien d'annoncer la soirée à l'avance, temps en temps tu envoies un

commentaire pour que ça remonte sur la liste, il appelle ça des topics et après il y a plein d'autres sites. Si tu tapes "Mystic Chrysalide vs Hadra", tu vas avoir une dizaine de sites qui apparaissent avec le fly et la présentation de la soirée qui sont plus ou moins visités mais qui touchent un certain public. Tout le monde n'a pas internet non plus, mais ça reste un très bon moyen de communication aujourd'hui.

La dernière soirée date du mois de janvier, la prochaine le 5 avril, donc à peu près 4 mois d'écarts entre 2 soirées. Comment fonctionne ces écart chez Mystic Chrysalide ?

On les a faite rapprochées. Le problème c'est les endroits. On en a fait 2 au Point Batterie à Perpignan et bon l'endroit est pas terrible, c'est la quatrième fois qu'on en fait au Mas Bonete, les endroits, on commence à avoir épuisé un peu. Donc on manque d'endroits. [parce que vous n'avez pas envie de les répéter au même endroit ?] L'idéal serait d'en faire ailleurs des soirées, de trouver des endroits nouveaux. C'est ça toujours qui m'a plu dans ce genre de soirées, c'est que...et c'est ce qu'on continue à faire avec Melting Pot l'été, c'est on cherche des endroits nouveaux. Tiens j'ai trouver un terrain, tiens que je connais un mec qui a un mas, tiens un truc.. .A chaque fois le but c'est de trouver un nouvel endroit, avec une nouvelle ambiance et une nouvelle histoire. Comme une session de DJ. Un DJ qui fait une session, pour moi, c'est quelqu'un qui raconte une histoire. Il y a une introduction, t'as la session qui demarre "pimpampoum", puis à la fin tu as la conclusion de la session. C'est une histoire avec un suivi, ça doit être comme ça. T'as des gens qui le voient pas comme ça, tu as des gens qui balancent de la musique, qui balancent de la musique du début à la fin, il y a pas d'histoire. C'est balancé de la musique point final. Parce que c'est des morceaux à la mode, parce que style, parce que j'ai de la technique etc. C'est 2 approches différentes de la musique. La musique pour moi, quelque soit la musique : techno, pas techno ça doit raconter une histoire. Et tu montes une soirée, ta soirée, elle doit raconter une histoire. Tu dois plonger les gens dans une atmosphère. Une ambiance, c'est une atmosphère. Donc tu la crées par la musique, par l'endroit, par la déco, par les gens qui sont présents, qui travaillent dans l'endroit, qui te reçoivent d'une certaine manière. C'est important tout ça.

Avez-vous chez Mystic un bureau clairement défini ?

Oui, on a un trésorier, un secrétaire, un président et après il y a tout les membres actifs. Quel est ton rôle ?

Pour le moment je suis un simple membre, juste un membre actif. Mais il faut qu'on redéfinisse les statuts parce qu'on a un mec qui s'est barré et c'était le secrétaire.

Ok, il y a d'autres buts dans l'association que de monter des soirées, comme avoir un label ?

Non, le but c'est de monter des soirées. Moi, si tu veux, si je suis rentré dans Mystic Chrysalide, c'est déjà d'un parce qu'il y a un deuxième son, parce qu'il y avait le concept d'une deuxième scène techno électro qui se rapproche de ce que je fais et de ma vision du truc et puis c'est pour leur donner un coup de pouce, pour amener mon truc en plus, à moi, pour le melting pot, pour créer à nouveau le melting pot, sans que ce soit défini, sans que ce soit appeler Melting Pot, dans le principe. Voilà, parce que le principe du melting pot, tu as le coeur ou tu l'as pas quoi. C'est pas pour se donner une image. Donc, moi, je me bat depuis des années, et je me battrais toujours. Alors on s'est battu pour que ce soit reconnu en tant que tel et aujourd'hui on va se battre pour pas que ça disparaisse. Si demain il y a pas des gens comme Psyva ou Mystic Chrysalide qui montent des soirées à Perpignan, si il y a pas Melting Pot ou 4 jeunes qui montent 4 trucs, à part les bars pinpin à

Perpignan où il se monte des soirées avec des DJs, qui pardonne moi, mais qui restent très fermés comme cercle et les soirées vont pas plus loin. T'as une soirée dans un bar et à 2 heure du matin c'est fini. Ils vont pas faire la suite dans un bar ni l'after dans un champ. Tu vois, il n'y a pas ce mouvement, il n'y a pas cette énergie que nous on connais et pour laquelle on se bat. Ça devient du commercial.

Par exemple une soirée à la Casa Musicale avec en programmation un concert électro et un dj qui va mixer, qu'est-ce que ça représente pour toi ?

Pour moi, c'est un petit concert. C'est un concert, c'est pas une rave party. C'est un concept : venez voir tel dj. Les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer certains styles de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style de vie c'est écouter de la musique et danser jusqu'à épuisement. C'est pas resté sur ta fin. Nous on veut que les gens qui partent de nos soirées soient rassasiés, qu'ils disent : "j'en ai eu pour mon compte, je reviendrais". Pas qu'ils disent : "quoi, c'est déjà fini". Si, j'suis allé au Zénith voir les Chemical Brothers il y a 2 ans ou 3 ans. Ecoute, je suis sorti de là, il était minuit et demi, j'était là en train de dire : "vite vite il faut que je rentre à l'hôtel demain je bosse". Je me levais à 9h ou 9h30 et j'avais pas calculer, j'avais l'impression d'avoir passé la nuit complète tellement ça avait envoyé et que c'était tellement bon. Et tout le monde m'a dit : "tu rigoles ou quoi, c'est minuit et demi, tu vas pas rentrer maintenant". Ils voulaient tous aller à la Villa Rouge après. Mais je leur dit : "je vais pas aller à la Villa Rouge, ça va fermer". Je croyais sortir de boite tellement j'avais ramassé, j'avais pris du son que j'en avais oublié l'espace-temps. J'avais oublié que j'étais rentré à 9 heure du soir dans cette salle et qu'il était minuit et demi. J'en ai eu pour mon compte, tu vois, en 3 heures. Donc si tu arrives à en avoir pour ton compte en 3 heures et bien tant mieux. Moi, j'étais prêt à rentré, j'étais rassasié. Mais les gens ont besoin de ça aujourd'hui, ils ont besoin de se montrer. C'est bien, tu montres ce que tu fais, tu crées quelques choses, tu montres ce que tu fais. Mais si demain, on me propose de faire quelque chose à la Casa Musicale et que je suis imposé par la municipalité, par les lois tu es imposé d'arrêter le son à 1 heure du matin ou à 2 heure du matin et bien pour moi c'est que le début, t'as fait l'apéro c'est bien. Mais si tu invites les gens à faire l'apéro et qu'ils ont pas mangé, ils partent et ils ont faim encore. Voilà, donc moi, qu'est-ce que je ferais ? Je me bougerais le cul pour trouver un champ ou une salle pour faire la suite. Et pareil si dans ce champ ou cette salle ça fini à 2 heure du matin, on va ailleurs.

Et toujours dans le légal ?

Bien sûr que c'est légal. Tu es une asso et tu trouves une salle comme chez des potes et que tu as une autorisation. Avec Mystic Chrysalide, on fait une soirée comme ça, on fait une déclaration- préfecture et tu annonces ta soirée. Quand tu es une association, tu as le droit de faire des soirées tant que tu respectent les règles. Après tu peux faire quelque chose d'illégale c'est-à-dire, "illégale" entre guillemets. Moi, je monte un after dans un champ. Si le champ c'est un terrain privé qu'on m'a prêté, que moi je suis là, qu'on respecte les conditions à partir d'un point, c'est qu'il y a pas de débit de boissons, il y a pas d'entrée payante. Tu peux avoir un bar et si il y a pas de caisse, c'est légal. C'est un endroit privé, entre amis, machin. Combien de fois, quand il y a les condés qui déboulent, qu'on est dans la nature, je suis le premier à aller leur parler pour pas qu'il y ait le papi du coin qui y aille dire n'importe quoi, déjà d'un et puis de deux parce qu'en général le matos il est à nous, et si il doit y avoir quelqu'un de responsable pour quoi que ce soit, c'est nous, c'est nous qui amenons tout, c'est nous qui faisons tout. Bon et puis, moi je suis connu des autorités depuis longtemps par rapport à ça quoi. Je suis connu et reconnu comme organisateur de soirées plus ou moins légal, le tout c'est qu'il y a jamais eu d'histoire, ni de débordement dans nos soirées.

Vous n'avez jamais eu de soucis justement ?

Une fois oui, mais c'était pas moi qui montait la soirée et je me suis présenté comme témoin quand il y avait eu la fusillade à Corbère. Il y avait eu une fusillade à Corbère il y a quelques années de ça et j'avais été témoin de toute la scène et c'est un pote et moi qui avons trouvé le cadavre. Il y avait un mec mort. J'avais envoyé un jeune réveillé un mec qui dormait et il est revenu en vomissant et il m'a dit : "il est mort". Je leur ai dit de plier le matos et je lui ai dit : "je me barre". En descendant, il y avait une queue de fou avec les flics qui arrêtaient tout le monde, j'ai doublé tout le monde et j'ai dit aux flics : "bon là-haut il y a un cadavre, c'est moi qui l'ai trouvé. Je suis fatigué, j'en ai marre. Je vous laisse mes papiers d'identité. Demain matin, vous venez me chercher, on en discute et je vous raconte tout". Ils me répondent : "pas de problème". Le lendemain matin, 9 heure, ils étaient chez ma mère, ils sont venus me chercher Après c'est bien qu'il y ait des concerts et des soirées
dans les bars et tout ça, je dis pas, mais ça touche un autre public.

Qu'est-ce que le public techno à Perpignan et plus largement dans les Pyrénées Orientales? C'est une minorité de personnes, ça reste une minorité.

Comment peux-tu la définir, en terme d'âge par exemple?

J'ai du mal à la définir, parce que nous, on est plutôt vieux, mais je remarque qu'il y a de plus en plus de jeunes qui viennent dedans.

Et quel âge tu as ?

Moi, j'ai 31 ans. Je me considère pas comme un vieux mais j'ai commencé, j'avais 16 ans quand j'ai commencé à faire des soirées techno. Et je vois aujourd'hui plein de jeunes venir dans nos soirées, ça fait plaisir. Ils viennent me voir dans nos soirées me dire :"génial, j'adore votre musique, j'adore vos concepts", leur filer un cd, une session que j'ai sur moi, et les revoir en ville un jour qui me dit : "ah salut, excellent". Ça me rappelle moi quand j'avais leur âge et que je voyais des Djs que je suivais, que je faisais parfois 200 bornes pour aller voir mixer. Après tu as plusieurs mouvements, tu as les un peu plus bourgeois qui sont une génération un peu plus au-dessus qui traînent dans les soirées de R. D. Que tu verras pas trop dans nos soirées, tu as ceux qui font plus les soirées dans les bars avec N. et tout ça, qui de temps en temps va parfois jouer au Rachdingue. Je critique pas leur musique, je critique rien du tout, mais c'est...ce que j'ai tendance à critiquer moi, c'est ce phénomène de bars. C'est plus pour être vu que pour la musique en elle-même.

Ils en vivent, de leur métier ?

Non, je crois pas. Qui en vivent aujourd'hui sur Perpignan, il n'y en a pas beaucoup. Je sais pas s'il y en a même.

C'est un métier difficile alors ?

Même R. D. il en vit pas. Il avait un magasin et il l'a lâché parce qu'il en vivait pas de son magasin. C'est dur d'en vivre aujourd'hui. De toute façon, comme tout, vivre de sa passion c'est pas évident. Moi, je tire mon chapeau aux gens qui arrivent à en vivre. J'ai un copain G., qui tient un magasin de disque à Gérone, je suis fier de lui parce qu'il a réussi. Il vit de.. .mais bon, il en vit pas énormément, mais il a créé quelque chose. Il a mis quelque chose en place, il a créé un magasin de disques au départ. Il s'est rendu compte que le marché du disque allait se casser la gueule alors il a créé un studio de Djs pour les enregitrements. Il a monté un truc génial. À côté de ça, il a monté une

troisième entreprise où ils vendent des lumières, des lampes à LED. Ça c'est à la mode maintenant. Est-ce qu'avec Mystic Chrysalide vous essayez de compléter vos revenus ?

Pourquoi pas un jour, si l'asso tourne bien, un jour essayer d'être salarié de l'association. On en a parlé et oui ça serait l'idéal dans l'absolu. Maintenant, avant d'en arriver là, il faut arriver à rentabiliser ces soirées. Nous, on arrive à rentabiliser nos soirées depuis peu. C'est arriver souvent qu'on en ai de notre poche. À la dernière soirée qu'on a fait, on a réussi a vraiment sortir la tête de l'eau et tous ceux qui avaient mis de leur poche dans l'asso l'ont récupéré. Pour certains, ça faisait 2 ou 3 ans qu'ils avaient de l'argent dans l'asso qu'ils ne pouvaient pas récupérer. Donc, c'est vraiment l'association à but non lucratif, on est tous bénévoles, on prend même pas un petit salaire ou un petit cachet dans les soirées. On a du mal déjà à payer les Djs et tout. La dernière soirée, j'étais content parce qu'on a pu donner une petite enveloppe à chacun des Djs, sauf à nous qui faisons partie de l'asso.

La dernière fois, la soirée s'intitulait "Mystic Chrysalide Vs Meckanik Records" qu'est-ce que c'était, une invitation...?

C'était un partenariat donc de la même façon que la prochaine : c'est un partenariat avec ceux qui viennent. C'est-à-dire qu'on leur reverse un pourcentage sur les bénéfices de la soirée, pas sur le chiffre, sur les bénéfices.

Comment vous les choisissez, vous les connaissez ?

Oui, enfin, moi, personnellement pas trop. Mais c'est Mystic Chrysalide avec la scène trance qui supervise tout ça. Nous avec Spdy, on s'occupe de superviser vraiment le deuxième son.

(je montre le fly de la soirée du 5 avril)

Alors si je regarde le fly, vous allez donc mixé dans le deuxième son. Vous êtes également accompagné de Sycyphe et Nun, Pako et Yoan?

Qui sont des Djs de Hadra. Yoan, qui s'est séparé avec Psyva et qui rentre avec nous avec Mystic Chrysalide. Et comme c'était pas encore défini au moment où on a fait le fly, c'est Thierry qui a mis "Melting Pot", histoire de faire apparaitre Melting Pot. Même moi, chaque fois que j'ai joué au Rachdingue, il m'a pas mis Mystic Chrysalide, il m'a mis (le Rachdingue) "Melting Pot", parce qu'il me connaisse sous "Melting Pot", il me connaisse pas avec Mystic Chrysalide.

Par rapport à l'ancien fly que vous aviez ?

Oui, on a décidé de garder ce format. On a décidé ça au moment de faire celui-ci. Vous le faites ensemble ou quelqu'un s'en charge ?

C'est une personne qui fait partie de l'asso [Et dont c'est le métier ?] Je sais pas si on appeler ça un métier. Mais c'est elle qui s'occupe du design des flyer. [il vous fait des propositions ?]. Elle, elle nous fait des propositions. Elle nous sort 2-3 images et à partir de là, on lui donne le texte. On choisit une image et on lui donne le texte ou on retouche un peu l'image avec elle et on lui donne texte et une fois que c'est tout rempli et tout validé on envoie à l'imprimerie.

D'accord. Et toi, qu'est-ce que tu en penses de ces flyers ?

Moi je trouve qu'ils sont pas mal. Les 2 derniers je les trouve très bien. Il y en a eu certains que j'ai pas trop aimé, mais bon. Même les précédents quand j'étais pas dans l'asso, il y en a eu des jolis et il y en a eu des moins beaux : ça faisait un peu trop enfantin un peu trop. Là ça fait un peu plus pro je trouve au niveau de la typographie et tout.

Et pour ce visuel en tant que tel ? Je vois par exemple une fleur de lotus ?

C'est le printemps, les arbres en fleurs, le Canigou avec encore un peu de neige. [vous utilisez donc les saisons ?] Le précédent c'était avec Mechanik Records donc par rapport à mécanique, le logo de Mechanik c'était l'engrenage. [et le Aum] Le Aum c'était pour rappeler la trance, il avait cet aspect mécanique et l'idée de l'engrenage m'a beaucoup plu : beaucoup plus électronique et techno que trance goa et le Aum au milieu rappelait la consonnance trance.

On est obligé d'utiliser la mythologie indienne pour rappeler la trance ?

La Trance Goa, c'est [c'est donc de la Trance Goa] La base de la Trance Psychedelic comme ils

l'appellent aujourd'hui, ils appellent la Trance Progressive, ils ont la Full On, ils ont le.. .ils ont plusieurs définitions également. Tu vois, ils ont plusieurs définitions, ils ont plusieurs styles musicaux dans la Trance Goa. Pour moi, ça reste de la Trance Goa. Avant ça s'appelait de la Goa même.

Quand on veut organiser une soirée Trance, à quoi sert le fly ? Est-ce que c'est une pièce importante de la soirée ?

Oui, bien sûr. Ça représente un investissement pour la conception et ensuite pour l'impression. Ça rentre dans un budget. Il y a un budget communication qui est le flyer et le flyer, c'est le thème de la soirée. On doit définir le thème de la soirée, il doit être vraiment en rapport avec le thème de la soirée.

Il y a d'autres thème utiliser dans la Trance ?

Bah si tu veux en voir certains, tu vas sur le site Trance Goa et tu regardes toutes les soirées qui sont proposées. Tu en as certains où tu as...tu as souvent des fractals aussi et des trucs un peu abstraits qui rappelle plus le côté psychedelic.

Le psychedelic provient lui du rock ?

Quand j'écoute de la musique techno, j' entend du rock souvent dans les basses même dans la

musique dès fois. Même dans la musique techno dès fois quand elle me fait penser à du rock, j'aime bien dansé, je prend une guitare virtuelle dans les mains...

Je pense avoir fait le tour de ce que je voulais te demander. Est-ce que tu as quelques choses à ajouter ?

(Long silence)

Peut-être as-tu quelque chose à ajouter sur les autres même, sur ce qu'ils font par rapport à ce que toi tu fais depuis que tu es entré dans le mouvement techno ? Et par rapport à ta racine Melting Pot, car si j'ai bien compris c'est ton point d'appui depuis le rock.

Disons que tout seul tu peux rien faire. Donc dans Melting Pot, pour moi, il y a déjà le mot "pot". C'est ce qui m'a fait délirer au départ. Il vaut mieux pour organiser des trucs de le faire avec des potes plutôt qu'avec des gens que tu connais pas mais après le principe de l'association c'est ça. Puis après tu as besoin de faire entrer d'autres gens qui apportent autres choses. Donc ça reste du mélange. Il y a besoin de mélange et de diversité. Si tout le monde est arrêté sur la Trance Goa, t'aurais une asso 100% Trance Goa et voilà. Si demain, il y en a un qui entre avec des idées nouvelles il risque d'être critiqué : "ouai, non ça fait trop clubbing, ça fait trop club". On a été assez critiqué parce que les tranceux sont assez intransigeants à ce niveau là. Ils aiment pas les clubs, ils aiment pas les stroboscopes. Ils aiment le plein air, ils aiment.. .tout ce qu'ils aiment comme lumière c'est les lasers. Faut pas qu'il y ait des robots-scan, faut pas qu'il y ait de strobo ni de machine à fumée, tu vois. Il faut pas que les gens soient trop habillés club on a eu par rapport à la dernère soirée qui a très bien marché. D'ailleurs si il y a eu une si bonne ambiance c'est justement parce qu'il y avait ce mélange de gens et qu'il y avait du monde dans cette soirée. Si on avait fait une soirée 100% Trance, on aurait eu moitié moins de monde. Il y a eu beaucoup de critiques sur le forum Trance Goa sur les "oui, la soirée était génial machin truc mais il y avait un peu trop de gens fashion". Alors moi j'ai répondu à ça : "est-ce que vous êtes aussi peace and love que vous le dites ? ". Enfin j'avais fait une petite réponse au rapport qui remettait un peu tout le monde à leur place.

C'est donc un peu communautaire de courant trance ?

Très. Ils se mélangnent pas, ils ont beaucoup de mal à se mélanger. C'est pour ça que je reviens avec mon Melting Pot à la charge. Je suis là pour dire : "il faut se mélanger pour évoluer et pour avancer sinon notre mouvement va s'étouffer petit à petit si vous restez entre vous". Si il y en a 10 qui s'en vont, il y en aura 10 de moins et il n'y en aura pas 10 qui viendront de l'autre côté.

Entretien n°2 réalisé le 21 Mars 2008 de Julien, Néokoros (dj), gérant de la maison de disques
Komod'O Dragon.

Conditions de l'entretien : Pour réaliser cet entretien, j 'ai contacté Julien via Internet où il donnait son adresse. Je me suis présenté une première fois à son domicile pour lui expliquer mes intentions et prendre rendez-vous quelques jours plus tard. Le 21 mars, je suis donc retourné chez Julien pour réaliser cet entretien.

Est-ce que tu pourrais te présenter dans le cadre de tes activités liées aux musiques électroniques ?

Et bien moi, c'est Julien. Je m'occupe d'un label de musique qui s'appelle Komod'O Dragon. En fait c'est plus une maison de disques qui regroupe plusieurs labels. Je fais ça en tant qu'entreprise depuis 2003 et en tant qu'association depuis 1998. ça fait depuis, a peu près une quinzaine d'année que j'écoute cette musique. [c'est-à-dire ?]. La musique électronique en général. Au début, il n'y avait pas beaucoup de styles différents. On appelait ça de la techno en fait. Donc j'ai commencé à écouter de la techno en 94. A cette époque là j'habitait Bordeaux, et les seules soirées qu'on avait c'était vers Toulouse, Montpellier, enfin dans le sud. Dès qu'on voulait sortir, on était obligé d'aller à Toulouse, Montpellier. C'était l'époque des Spiral Tribe.

C'est arriver d'abord dans le Sud avant d'arriver sur Bordeaux ?

Le premier tecknival que j'ai fait c'était en 9. .6, je crois, c'était à Tarnos. Non, c'était en 94, je sais plus. C'était le premier tecknival du sud en fait. Tarnos, ça a été un des premiers en France. C'est l'époque où t'avais les Tecknocrate, les Spiral, enfin la clique. C'était horrible d'ailleurs, c'était déjà n'importe quoi. [c'est-à-dire ?]. Tu sais les tecknivals, enfin, moi j'suis pas un gros fan de ça. Les free party c'est déjà, pour moi, une période qui est finie depuis longtemps. Bon, il y a encore des soirées dans le sud. Ici c'est un peu le village Goa, enfin tu vois c'est un peu des résistants de la free party mais il y a longtemps que c'est terminé.

Comment peux-tu me décrire ça ? Pourquoi c'est fini selon toi ?

Écoute, parce que c'était quelque chose de nouveau à l'époque. Moi, j'avais jamais vu ça, des soirées où les flyers étaient donné que dans les soirées. Il n'y avait pas de flyers dans les magasins. Il fallait déjà connaître quelqu'un qui était allé dans une soirée pour trouver la soirée. Des infolines, il y en avait même pas, il y avait un point de rendez-vous, genre à 8h au parking de machin. Donc t'avais 75000 voitures qui arrivaient et t'avais un suiveur, un gars que tu devais suivre. Dès qu'il partait, hop tu traçais, tout le monde...il y avait des grosses files de voiture pour aller à la soirée. À l'époque c'était...ça fait un peu nostalgique mais c'était tout un concept : il y avait les gens de n'importe quel milieu, il y avait pas de code vestimentaire comme maintenant dans les free party, la musique c'était de la techno, de l'acid.

Donc c'est fini ?

Oui, c'est complètement fini. Depuis c'est devenu hyper-codifié. Avant il y avait même pas de message dans cette musique, il y avait pas de messages, c'était no message. Donc, les gens y allaient pour faire la fête et puis basta. Maintenant ils essaient de trouver une identité, ils essaient de trouver des codes. Quand tu vois avec la tecktonik par exemple, faut qu'il y ait des codes, dans les free party c'est pareil, faut qu'il y ait des codes. Moi, je trouve que c'est plus intéressant. Alors maintenant ce

qu'il se passe, c'est qu'il y a des rassemblements de, genre 200 personnes qui font des free party. Ici il y en a des free party l'été. Moi je connais des sound system comme les Tromatik et tout, je les connais bien. Mais c'est les seuls. À Toulouse, il y en a plus. Moi je les connais aussi, ils en font plus : les Karnage, les Fractal. C'est des gens qui font maintenant des soirées dans les clubs,

voilà. [et dans d'autres lieux ?] oui, dans des salles de concerts, . . .oui ils louent des endroits.

La musique reste la même ?

Non ça a évolué.

De quoi tu es parti comme musique ?

A l'époque, c'était l' Acid. Au début il y avait aussi la Trance Goa qui marchait vachement. L' Acid ? On a commencé avec ça. Puis il y a eu les Spiral, quand ils sont arrivés en France, ça a mis une claque à tout le monde. [les travellers ?] Oui c'était des Anglais qui avec le gouvernement

Tatcher, se sont faits exclure de leur pays, qui faisaient que des soirées en Angleterre et se sont tous dispatchés en Europe. Et bien dans le sud, il y a eu le premier tecknival de Tarnos, c'était avec eux. C'était Chrystal Distorsion, XI, enfin je sais pas, ils étaient une trentaine. Et ça a mis une claque, au niveau musical c'était le son acid. Bon moi j'avais jamais entendu ça. J'étais un gros fan de rock à

l'époque. Donc ça a commencé comme ça. Puis il y a eu les mouvements, enfin il y a eu très rapidement d'autres mouvements qui se sont créés. Il y a eu de Hardcore, le Speedcore. ..moi j'suis allé plus dans cette mouvance là, très vite avec les Fractal à l'époque, des artistes comme Maous,

No Name, M., des Fractal, Armagénan de Paris tout ça. Tous ces gens là, il y avait La Peste aussi du label Engrais Liquide, j'étais plus dans ce mouvement là, qui était du Hardcore, Speedcore.

Tu y es allé par goût de la musique ?

Oui parce que je voulais quelque chose de bien énergique. A combien de bpm pour le Hardcore ?

Ça dépend : tu peux avoir du Hardcore super lent à 140 bpm. Surtout maintenant c'est encore plus classifié : dans le Hardcore, t'as plein de Hardcore différents en fait. Tu vas avoir du Hardcore à 140 bpm super lourd, très dansant ou du Hardcore anglais super breaké à 200 bpm. Après, tu as le Speedcore où ça va de 300 à..., enfin après ça veut plus rien dire, tu peux être à 1600 bpm, toi tu vas commencé à danser sur ton rythme, tu sais comment ça marche, c'est de la musique binaire donc c'est tout divisé. Quand t'as du 300 bpm c'est comme si c'était du 150 bpm donc les gens ils dansent. Après quand ça va hyper vite et bien t'écoutes.

Pourrais-tu m'expliquer comment tu as construit ton label, ou ton regroupement de label par rapport au mouvement ?

Pour mes labels, j'ai pas que du Hardcore et du Speedcore. Alors quand j'étais sur Bordeaux et bien au départ je faisais des soirées, j'ai fait la fête, j'en ai profité. J'étais lycéen et rien à foutre. Et il y a un moment où on a voulu, avec des amis, commencé à organiser des soirées, nos soirées sur Bordeaux. Il y avait rien, il se passait rien, il y avait juste un magasin de disques et encore il est arrivé tard à Bordeaux. Tout s'est passé sur Toulouse et Montpellier dans le sud, donc on a créé une association sur Bordeaux qui s'appelait les Electronautes et on a organisé les premières soirées Hardcore à Bordeaux. Et de passer de fêtard à l'organisation, tu vois déjà les choses complètement différemment. Moi, je sais qu'à l'époque ça m'avait vachement marqué, d'être responsable de la

soirée. T'as un côté de responsabilité que t'avais pas avant, tu vois plus la musique pareil et j'ai trop kiffé donc je me suis dit que j'allais faire ça le plus longtemps possible. En commençant à organiser ces soirées et bien on a fait plein de rencontres d'artistes, de liver, de mecs qui mixent tout ça. Puis on a eu envie de faire du live aussi, de composer et au bout d'un moment, en 99 pour être précis, j'ai pris mon premier label de musique avec l'appui de plain d'artistes et j'ai signé un artiste Képa La Pierre, un ami de collège avec qui on avait monté cette association sur Bordeaux, qui avait fait des morceaux que j'ai signé sur mon premier label Hardcore qui s'appelle B2K et ça a commencé comme ça la production. Genre, pendant 3-4 ans on a organiser des soirées et au bout de 3-4 ans... en étant sûr du coup, j'ai créé le premier label Hardcore de Bordeaux et le premier artiste c'est Képa La Pierre.

D'accord, et depuis ?

Depuis, sur ce label j'ai dû sortir 20 productions dessus et le label a suivi les mouvances du Hardcore, mes goûts aussi. A l'époque, c'était du Hardcore à 240 bpm que je kiffais, donc j'ai signé les 3 premiers, c'était ça. Puis j'ai commencé à aimer des choses un peu plus lente, un peu plus dancefloor donc des sons un peu plus anglais.

Quand tu dis : « lancer des artistes ou des albums », comment ça se passe ?

Et bien je reçois des démos. Par semaine je reçois des Cds ou par rencontre, en soirées je rencontre des artistes qui me filent leur zik et si ça me plait, si ça me plait et bien je les contacte, je leur propose un contrat. Ça s'appelle un contrat de licence, ça veut dire que sur une production, je leur propose de sortir leurs morceaux sur vinyle ou CD. Bon, moi, je fais beaucoup de vinyles, donc à l'artistes, je lui prenais un 4 morceaux que je faisais presser sur disque, sur vinyle.

En combien d'exemplaire ?

Ça c'est variable. Le premier c'était autour de 1000 copies. C'était aussi l'époque qui fait que ça marchait vachement, il y avait beaucoup de distributeurs en France donc c'était facile de faire plus de 1000 copies. Aujourd'hui pour le Hardcore, ça va de 500 à 1000 pas plus.

Donc il y a moins de vente qu'auparavant ? Pourquoi ? A cause des nouvelles platines ?

Oui mais non c'est des cycles. Enfin je veux dire, ça fait 15 ans qu'elle existe la techno. Oui, voilà, c'est des cycles. En ce moment, ce qui marche le plus pour les jeunes, c'est le retour du rock alternatif, c'est ce qu'il y avait dans les années 80. Tous les jeunes, ce qu'ils kiffent, c'est joué de la gratte et ils pensent tous avoir inventé un cycle alors que c'était exactement la même chose dans les années 80. Donc là, la musique électronique, c'est plutôt dans le creux de la vague. C'est pour ça que des soirées il y en a moins, il y a moins de fréquentation, les free party ça tournent en rond, ça veut plus rien dire.

Et pourquoi vous organisiez des soirées, c'était vraiment pour passer de l'autre côté comme tu le disais, devenir organisateur ou pour ton label ?

Non, oui, si si. Enfin on voulait organiser nos soirées pour qu'il y ait des trucs à Bordeaux, on en avait marre de se taper 400 bornes tous les week-end et on voulait qu'il y ait des soirées...il y avait des soirées Hardtek avec les Araknides, c'est un sound system de Bordeaux et on voulait qu'il y ait des soirées Hardcore donc on a fait nos soirées, on a invité nos artistes quon kiffait bien, nos potes. À l'époque c'était les Caballe de Paris, il y avait La Peste aussi, qui est un bon pote. Donc on voulait

faire nos soirées voilà. Et après si tu veux, à force de faire nos soirées, de faire du live, j'ai eu envie de créer mon label, de sortir tout ça sur disque.

Et tu t'étais destiné à faire tout ça ou bien tu l'as fait sur le moment ?

Non, je n'étais pas destiné à faire ça. À cette époque je travaillais dans la vente. Je travaillais chez Virgin en fait. Enfin non, au début j'étais lycéen, mais c'était particulier. Cette musique, je l'ai vu arrivé en France, on faisait partie de la génération qui a découvert ça. On a tous pris une énorme claque dans la gueule. Et on savait pas trop au départ, on voulait faire la fête et on se prenait pas la tête et on allait en soirée avec tout ce que cela entraîne, tout ce qu'il y avait autour. Et c'est après, bien longtemps après qu'on a eu envie d'organiser nos trucs. A partir du moment où on a organisé j'ai vraiment vu les trucs différemment, peut-être moi plus que les autres, j'en sais rien. Dans notre groupe, il y en a certains qui ont monté des labels, Képa La Pierre continue encore à faire de la musique, à jouer et il y en a d'autres qui ont complètement arrêté qui ont préféré travaillé et faire autre chose. Mais nous, enfin moi, j'ai pris une énorme claque et à partir de ce moment là, on a commencé à organiser des soirées où il y avait 1500 personnes. C'est quand même,...ça change quoi. Et j'ai eu envie de monter mon label.

Lorsque tu as monter ton label, tu as arrêté d'oragniser des soirées avec les Electronautes ?

Non, on a continué un peu et après on s'est tous dispatchés, on est tous parti en fait de Bordeaux, donc on a arrêté.

Et après ?

J'suis parti sur Toulouse en fait. Perpignan, ça fait que deux ans que j'y suis. Je travaillais chez Virgin à cette époque là et j'ai continué en association à m'occuper de mes labels. Je rencontrais des gens en soirée. J'organisais moins de soirées, si de temps en temps j'en organisais, enfin, je coorganisais avec des gens de Toulouse d'autres labels. Il y avait plus ce truc de sound system comme avant, il y avait plus comme à Bordeaux quand avec les Electronautes, on était une vingtaine, on avait notre son. À Toulouse, c'était plus des labels qui organisaient leur trucs dans des clubs ou....au Bikini à l'époque, c'était une salle à Toulouse et voilà. Bon je continuais à faire ça et en 2003, j'ai eu envie de passer à... .non, pardon en 2005 j'ai eu envie de faire que ça, j'en avais marre de travailler chez Virgin, j'avais envie de faire que les labels.

Et là tu as créé ta maison de disques ?

Et là j'ai créé mon entreprise. À cette époque là j'avais le label B2K, mon label Hardcore, j'avais aussi, en 2002, j'avais créé mon label Hardtek qui s'appelle Absolute Rythm avec, en fait c'est avec la rencontre d'un gars qui s'appelle Unico, qui est un mec de Subradar de Paris, avec qui j'ai énormément sympathisé et qui... .c'était le premier gars en soirée que je voyais qui faisait son live dans le public, enfin tu vois, il installais toujours son live dans le public [sur le dancefloor ?] oui oui, il voulais jamais être avec nous sur l'estrade, tout son live il se mettait dans le public et dans le même sens et c'était de la Hardtek super bien foutue, hyper dansante. C'est le gars toujours le smile et tout. Du coup, j'ai trop kiffé le personnage. Tu vois des fois ça marche comme ça. « Il faut que je te signe, je vais créer un label pour toi ». Et ça s'est passé, j'ai créer mon label Hardtek avec lui. Et sur ce label, j'en suis à la dixième production. Je fais beaucoup de vinyles et c'est que de la Hardtek. J'ai signé les Banditos, qui sont hyper cool aussi, Floxytek, qui est un gars qui tourne pas mal aussi en ce moment. C'est le label qui marche le mieux là, qui a une quantité de pressage qui marche vachement. La Hardtek c'est ce qui se vend le plus dans le style de musique de ???, c'est mon label

qui me permet de faire des trucs un peu plus expé comme ça. Sinon, qu'est-ce que tu fais d'autres ?

Quand j'ai créé mon entreprise, j'ai créé un autre label Hardcore qui s'appelle Out Of Control. Alors ça, c'était en partenariat avec un pote de Corèze qui s'appelle DJ TSX, pareil un super pote. Et on a eu envie de monter un projet à 2 donc moi j'ai financé le projet et on a créé le truc à 2. Tu veux que je te montre ?

Oui, je veux bien. (il y avait autour de nous sa discothèque)

Out Of Control, c'était la partie « Versus », c'est-à-dire qu'il y avait 2 compositeurs, un sur chaque face et si possible, un morceau simple et un remix. Donc on a fait le premier « Néokoros vs TSX » et on a fait ça sur les 3 premiers, comme ça marbrés. C'était le moment où on jouait beaucoup. On en a fait un avec les pseudos et la tête de nos animaux : là c'est son chien et là c'est mon chat avec leur nom. Alors ça c'est un label qui n'existe plus maintenant. Quand j'ai créé l'entreprise, en 2005, on a arrêté parce que lui a arrêté de faire de la zik. Comme c'est un truc qu'on a commencé à 2 on a arrêté. J'en est fait un cinquième qui a commencé il y a pas longtemps. Après, il y a B2K, Absolute, celui-là, après j'ai créé un label Drum, parce que je kiffe bien aussi ce style de musique, la Drum and Bass. Alors là c'est pareil, dans la Drum, t'as 75000 styles différents. Il s'appelle Dust of Sounds. Ça veut dire « poussière de sons » en fait. Et dans la Drum c'est pareil, tu as la Jungle, le Ragga...en france les gens, ils aiment bien tout ce qui est ragga, où Jungle un peu chanté, un peu roots. Dans le nord, ils préfère la Drum un peu plus hard, un peu plus dark, la Drum anglaise aussi avec des grosses basses. Et moi ce que je voulais c'était de la Drum un peu plus dure. Je viens du Hardcore et du Speedcore, j'ai toujours aimé ce qui était un peu plus énergique. Pour le moment j'en ai fait que 2, 2 maxis avec DJ Hidden qui est un artiste hollandais qui cartonne en ce moment. Donc là le disque, il a cartonné. Il m'a fait un morceau par face. Le deuxième c'est un gars qui s'appelle Bazooka, c'est un allemand. C'est pareil, il faisait du Hardcore avant et maintenant il fait plus que de la Drum, ils appellent ça de la Drum anglaise en fait, c'est vraiment le son anglais. C'est hyper, c'est hyper, c'est presque du Breakcore, limite du Breakcore. Et le dernier label que j'ai monté, c'est Komod'O Dragon qui est en même temps le nom de mon entreprise. Et Komod'O Dragon c'est mon label Electrorock, le plus calme. Donc j'ai monté mon premier projet, je te montre.

Donc tu reviens à tes racines musicales ?

Oui, mais j'ai toujours écouté, même à l'époque où j'étais au lycée, quand j'écoutais du Hardcore avec les Spiral, je n'écoutais que ça et je ne parlais aux gens qui n'écoutaient que ça. À l'époque c'était nouveau, c'était vraiment particulier le rapport qu'on avait avec la musique. Les cassettes des Spiral qu'on avait, on voulait pas les passer. Genre, t'en avait une, c'était le collector, tu l'écoutais un peu, c'était....la drogue quoi (rires). Tu l'écoutais un peu et tu ranges quoi, tu les prêtais pas. Et après je me suis réouvert, j'écoute vachement d'Electro, de Triphop, des trucs comme Future Sound Of London j'adorais. Même des trucs un peu plus Rock, j'aime bien. Le premier album s'appelle Captain Kverne donc c'est de l' Electrorock, par la rencontre de Kid Loko. Il m'a présenté ce groupe là qui cherchait un label à l'époque. J'ai créé ce label par la rencontre de Captain Kverne. Quand j'ai entendu leur musique, je suis dit qu'il fallait que le sorte et j'ai créé Komod'O Dragon. C'est un énorme projet. Dedans t'as Mickey 3D qui chante, il y a Kid Loko qui joue du piano et de la gratte, il y a le bassiste de M qui a participé et c'est vraiment Electrorock. Il y a la chanteuse de Dolly aussi qui a participé à un morceau. Il y a un clip qui a été fait qui vient d'être fini, et elle a participé. Moi, j'étais trop content.

Tu as produit cet album ?

Et bien le rôle d'un label c'est en gros : tu signes l'artiste si ça t'intéresses, tu lui proposes un contrat et après tu t'occupes de faire le liens avec les distributeurs. Donc c'est à toi de trouver le bon distributeur pour le produit, le grossiste et tout ça. Tu es intermédiaire en l'artiste et la distribution. Il y a toute une partie promotion que peut prendre en charge le label ou il y a des boites qui font que ça. Quand tu fais de la pub pour un vinyle c'est pas pareil que pour un truc comme ça. C'est pas le même client : un vinyle, c'est pour les Djs, même si les nouveaux clients sont des collectionneurs (ils préfèrent les vinyles aux Cds). Et je viens juste de sortir il y a un mois un truc Dub dans le label Komod'O Dragon. Ça s'appelle Mÿdd Hubb et c'est...je sais pas où est le CD, je voulais te montrer la pochette et c'est tout récent.

Et c'est un album collectif comme Captain Kverne ?

Captain Kverne c'est 2 gars, c'est 2 batteurs au départ. C'est les 2 anciens batteurs d'un groupe qui s'appelle Cornu, c'est du Rock Indé, ils étaient chez Universal. Et ils en ont eu plein le cul d'Universal donc is ont continué sous Captain Kverne. Et là maintenant ils sont 3 : un clavier, un batteur et un mec aux machines. Et leur truc, c'est qu'avec Cornu ils connaissaient plein de monde, c'est des super potes à Louise Attack, de tout ce milieu là en fait, de Mickey 3D. Et, sur leur album, il y a plein de potes à eux qui ont participé, donc si tu veux sur chaque titre, la plupart il y a des gens qui ont participé. Il y a Louis Placido tu connais ? C'est des potes à eux, donc ils ont participé sur un titre. Alors le concept c'est ça : Captain Kverne, c'est le groupe et il y a plein de gens qui ont participé. Le nouveau truc que j'ai sorti, c'est un gars juste. Enfin ils sont 2. Il y a un batteur et lui qui fait les machines je crois et qui chante. Et là je prépare un autre projet aussi sur ce label là, c'est Electro, c'est le Amon Tobin français. Je l'ai trouvé (rires), grâce à Myspace.

Qu'est-ce que tu penses du site d'ailleurs ?

Myspace ? C'est des meilleurs outils de pub en ce moment. Pour faire de la pub, il n'y a pas mieux. C'est surtout un moyen de communiquer, c'est un gros truc de pub. T'as pas mal d'artistes qui s'y mettent, alors tu peux aller écouter, c'est pas mal. Après j'ai mes labels qui sont dessus, tu fous tes pubs c'est marrant. Après faut pas abuser, c'est pas hyper... .Pour moi, ça me sert, j'ai trouvé un artiste que je vais signer sur Komod'O, le prochain, qui s'appelle Franck Rigiaux, enfin bon. Et j'ai trouvé un artiste que j'ai signé sur mon label B2K, un belge aussi, qui avait jamais rien sorti. C'est mon pote TSX qui m'a dit d'aller écouter sur Myspace et puis c'était mortel donc j'ai signé sur 2 disques. Et il a 18 ans, alors moi j'en ai 30. Ca m'a fait chier quand je les fais jouer au Rachdingue [tu l'as fait jouer à la dernière ?] Oui, je l'ai fait venir à la soirée des Checkpoints en janvier genre, ou en décembre, je sais plus. Et il est tout jeune, il a trop la patate, c'est trop marrant et il fait du live Hardcore breaké, comme le son anglais, à la déchante (?). J'étais content de l'avoir signé, parce que maintenant, en plus, tout le monde veut le signer. [quand tu signes un artiste, il doit rester avec

toi ?] Moi je signe que pour un disque, j'ai pas de contrat d'exclusivité. Ça se fait ça maintenant, ça se faisait avant mais ça se fait plus. L'artiste, il faut pas qu'il le fasse. Alors dans l'Electro, dans le Rock, c'est différent, t'as des contrats d'exclusivité, tu dois faire par exemple 3 albums. Là vraiment tu signes un 4 titres, t'as l'exclusivité des 4 morceaux pendant 3 ans par exemple. Si il y a un des morceaux qui est sur une compil, c'est avec le label qu'il faut traiter. Après l'artiste peut faire ce qu'il veut.

Donc dernièrement tu as monté des projets-soirées, au Rachdingue par exemple ?

Ça, c'est des restes de quand j'étais en association, avant quand on organisait des soirées tous les

week-end. De temps en temps j'en organise, ça fait un peu de pub pour mes labels et tout, ça fait parler.

Tu vends des disques sur places ?

Oui, enfin c'est surtout pour faire la fête. On a fait ces 3 soirées là au Rachdingue....en fait ça fait 2 ans que je suis à Perpignan, j'ai jamais rien organisé ici et j'avais envie de faire un truc au Rachdingue. J'avais déjà fait un truc avec l'Oeil Marron, je sais pas si t'as déjà entendu [non], c'est des vidéastes de Perpignan. Alors eux c'est pareil, c'est des vieux de la vielle, comme moi. Ils sont ici, ils étaient 2 en fait, la nana est encore ici et le gars est parti habiter sur Paris. Donc ils font de la vidéo dans les soirées. Je les ai rencontré quand je suis arrivé ici et on a organisé un truc au Rachdingue avec les Boucles Etranges. Et ça c'était bien passé et là on voulait organiser des soirées que Hardcore pour voir comment allait réagir le public, qui allait venir.

Il y avait déjà une scène Hardcore avant que tu arrives ?

Oui, il y a les Tromatik, qui eux, sont plus du public free. Moi ce que j'appelle le public free, c'est le public Hardtek en fait, Tribe, Hardtek, tout ça. Tout ce qui est mon label Absolute, c'est ce qu'il y a dans ces soirées là. Après il y a un label Hardcore ici, mais moi je le considère pas comme un label Hardcore. Lui, il dit que c'est label Hardcore. C'est C. Lui, je te le dit franco, c'est pas un ami. Moi ce genre de personnage.

Tu le trouves pas dans la musique ?

J'ai pas envie d'en parler de lui s'il te plait (gêne).

Donc tu as eu du mal à rencontrer des éventuels partenaires ici.

Ici, c'est les Tromatik les plus actifs et comme je t'ai dit. Après il n'y a pas de scène Hardcore ici, du tout. Si tu veux, c'est un style qui marche vachement dans le nord de la France : tout ce qu'il y a au- dessus de Paris, Metz, Nancy et après Belgique, Hollande évidemment, Allemagne, c'était le début. Tout ça ouai, ça cartonne à fond. Toutes les ventes que je fais pour mon label Hardcore, c'est là-bas. Ici, le sud, en dessous de Clermont, c'est Hardtek, les free party. C'est pas pour rien qu'il y en a encore des free party ici. Mais à Perpignan, t'es à la frontière espagnole, donc au nord de l'Espagne. Donc en Espagne, on voulait voir en faisant ces soirées là, qui allaient venir à nos soirées et on a eu que des espagnols. La première soirée, on s'est planté.

Comment tu peux l'expliquer ?

Je sais pas. En fait, chez les espagnols, il y a une grosse communauté Hardcore mais il n'y a pas beaucoup de soirée, c'est hyper bizarre. Il y a.. . .j'ai rencontré des gars, le seul sound system Hardcore d'Espagne, ils sont à Barcelone, ils s'appellent les BaszDrome et c'est des gens qui ont la vingtaine tous. Et on a organisé cette soirée avec eux, tu vois en collaboration. Et on eu que des espagnols, de Gérone et tout. [tu as eu du public Makeena ?] non non. Ils écoutent plus de la Shrance, de la Techno. La dernière qui a le plus marchée, on a fait Daizy, c'est une nana de chez Epileptik, il y avait je sais plus qui aussi. Cette soirée, il y a eu plus de monde. Apparemment, il y a eu des gens un peu.. .comment ils appellent ça en Espagne. Tu sais pas des fascos mais des gens un peu relou. Apparemment c'est parti un peu en sucette avec le gérant qui les a tous viré et ça c'est un public qui écoute de la Makeena. Ça fait une sale réputation avec la Makeena. Et le Hardcore, nous, c'est du Hardcore Industriel, du Frenchcore. Donc nous c'est vraiment un public différent.

Et pourtant ce sont des espagnols qui viennent l'apprécier !

Que des espagnols. Et alors le public, c'est que du public cluber, c'est-à-dire, on fait une soirée dans un club, le Rachdingue et du public de club. Plein de nanas bien sapées, on a eu des jeunes qui faisaient de la tektonik sur notre musique. Bon, au bout d'un moment ils pouvaient plus, ça allait trop vite. Mais c'était fendard, moi, j'avais jamais vu ça. Il y avait que des clubers, il y avaient pas de mecs avec des parkas, tu vois, ils étaient pas en kaki les gens. Bon en même temps le Rachdingue, c'est un peu loin, c'était en plein hiver, alors le public perpignanais flêmard.

Mais.. .c'était marrant. Donc cet été on va essayer d'en faire à nouveau et on va essayer de viser plus les espagnols et tous les touristes.

Vous avez fait un essai à Perpignan, au Crockmore, au Point Batterie ?

Et bien non, je vais faire un essai. Alors au Point Batterie, j'y joue fin avril, le 24 il y a les Tromatik qui organisent un truc avec Même Pas Mal, je sais pas si tu connais, c'est un peu Jungle. On va essayer de faire un truc au Crockmore au mois de juin. Pour la première fois je vais essayer d'organiser un truc au Crockmore, je vais aller voir la nana, alors bon j'ai jamais le temps. Parce que je voudrais réussir à faire un truc dans la ville où j'habite. Déjà c'est vachement plus pratique, parce que le Rachdingue, c'est 2 heures, 1 heure plutôt. Le truc c'est d'y aller ça va, mais de revenir le matin à 7h, t'es éclaté, de se taper la route c'est fatiguant.

Et tu pourras savoir si plus de français aiment le Hardcore ?

Oui, mais je ne ferais pas seulement une soirée Hardcore-Speedcore, ce sera peut-être, il y aura de la Hardtek, faire jouer des gars du coin et faire des petites soirées. Donc là on est en train de voir pour juin Armagénan, c'est un mec de Paris et Pitz des Tromatik et après des gars du label, des potes, pour faire une petite soirée.

Pourquoi tu t'appelles Néokoros ?

Au départ c'était Néo et puis il y a eu le film Matix et tout le monde a commencé à s'appeler Néo. J'étais dégoûté. Alors j'ai choisi Néokoros parce que c'était au moment où j'ai créé mon label. Néokoros, c'est du grec, c'était les anciens gardiens des temples divins à l'époque greco-romaine et je trouvais que ça me correspondait bien. Bon je garde mon label, enfin tu vois l'image. Ah je garde mon label, B2K (comme un prêtre récitant une incantation). Pareil B2K, au début c'était Born To Kill, le problème c'est que Born To Kill, c'était un label anglais de Hardcore aussi, qui n'existe plus maintenant. Et après comme ça a été créé fin 99, genre Born 2000, tu sais en anglais quand tu mets 2K, c'est 2000, B2K c'était Born 2000. après les gensils ont dit Born To Kick, je sais pas pourquoi mais c'est resté Born To Kick. Enfin je m'en fous c'est B2K.

Donc tu associes ton activité de Djing avec ton label ?

Mon activité de compositeur. [du live ?] Non pas du live, ça c'est en soirée. Moi je fais de la compo, c'est-à-dire que quand je fais des morceaux c'est des formats 6 minutes, c'est un début, une fin. Je compose pas dans une durée de live. Moi c'est vraiment compositeur j'ai toujours fait ça.

Tu peux me montrer comment ?

J'ai mon expandeur, mon synthé.. .bon j'ai moins de machine maintenant parce que sur PC t'as plein

de choses. Bon ça je le garde (il me montre un clavier), c'est comme un synthé, c'est une très bonne machine que je peux pas me séparer. Et après t'as plein de logiciels de numériser, c'est plus simple et ça coûte moins cher. Parce que le problème du hardware, c'est que c'est super cher.

Tu achètes tes logiciels sur des sites spécialisés ?

Non, je les télécharge illégalement. Mais bon, tu sais que les firmes, Sony ou je sais pas moi Cubase ou tout c'est trucs là Stenberg, ils disent rien, ils sont bien content qu'il y ait des gens qui krakent les logiciels et qui les utilisent parce que ça fait parler de leurs trucs. Donc après.. .c'est con, c'est comme Photoshop, il parait qu'il y a un gars de chez eux qui fout un krak sur internet, les jeunes le téléchargent et l'utilisent kraké pour que les entreprises et que tout le monde utilise ça et achète les licences. Puis que dans les entrprises t'es obligé t'as des contrôles. Moi, quand je compose, c'est en tant que particulier et donc j'achète pas parce que c'est super cher.

Combien faut-il environ pour un petit studio personnel comme ça ?

Ça dépend si t'as l'ordi que tu rajoute Cubase, ça coûte Cubase, 700 euro. Et puis après tu as les logiciels, les programmes, les synthétiseurs, enfin les trucs virtuels. C'est 200-300 euro chaque synthé. Enfin faut aller voir sur internet, je suis même plus au courant des tarifs. Mais c'est hyper cher. Alors ce qui marche vachement en ce moment c'est Live. C'est la société Ableton qui fait ça. C'est simple tous les gars qui font du live, qui ont leur portable, ils utilisent ça, parce que ça coûte pas très cher la licence et d'ailleurs la plupart achètent la licence. Mes potes qui utilisent ça, ils achètent la licence, parce qu'elle coûte 300 euro. Donc c'est assez vite rentabilisé et c'est hyper bien. Quand tu veux apprendre à faire du live, c'est hyper bien.

On peut dire que tu as un studio chez toi ?

Moi, j'ai mon PC qui est la base de tout, j'ai ma console, ma table de mixage en fait et tout est branché dessus, mes platines. J'ai aussi une table de mixage avec mes platines, j'ai mon synthé qui est branché là-dessus, mon expandeur, mes enceintes aussi. C'est des enceintes de studio qui sont de bonnes enceintes. J'ai une carte son qui derrière aussi. Bon ça c'est à force. Ces enceintes sont assez chères, ça coûte 1000 euro la pièce. J'ai fait ça au fur et à mesure, j 'ai pas tout fait ça d'un coup. Mes platines c'est des Technics, ça fait 10 ans que je les ai, ça bouge pas comme ça. [c'est des MK2 ?] oui, c'est des MK2, c'est des platines qui vont. C'est ce que tu trouves quand tu vas mixer en soirée. Parce que c'est des trucs hyper robustes. Bon elles coûtent kedal, c'est 600 euro. Et après t'as les logiciels aussi.

Et tu as créé beaucoup de musique depuis 10 ans ?

Il y a une époque j'en faisais beaucoup, maintenant j'en fais moins, j'ai moins le temps. J'ai moins l'envie aussi. J'ai quelques trucs qui vont sortir. J'ai sorti une vingtaine de disques, avec un morceau. Des trucs qui sont sortis sur mes labels et des trucs qui sont sortis sur d'autres labels. Là j'ai sorti un truc sur un label qui s'appelle Necrosociety, le truc bien gai. C'est un label marseillais et il va sortir ce mois-ci. Il est parti à la presse, depuis le temps que je l'attend. Je vais sortir sur un label parisien qui s'appelle Komum. Alors, c'est un super vieux label en fait, c'est un label qui date de 95 où il y a eu que 3 références. Il a été arrêté et le gars qui tient ce label, quand il a écouté les morceaux il a trop kiffé et il a recommencé. Les premier sur ce label, c'était Radium des trucs comme ça dessus, tu connais, avec les Micropoint etc. Ce disque va sortir bientôt, mais ça fait 2 ans que j'attend parce que le mec il a pas de tune. Mais il va sortir maintenant, je suis content. Parce que il y a des gens qui voulaient m'acheter mon test pressing, ils voulaient me l'acheter 150 euro, un truc de malade et je leur disait : "non, il va sortir bientôt, il va sortir bientôt". 2 ans que j'attend, normalement il

devrait sortir là.

Tu travailles un peu sur les radios ? Non.

Ou des partenariats avec elles ?

Non. Des fois.. .à Toulouse il y avait Ephémère. J'ai un pote qui fait du son de radio et de temps en temps je lui file des mixs. Bon après il y a internet, c'est un bon...tu peux diffuser de la musique. Il y a un truc qui s'appelle Lastfm [oui] tu connais ? [bien sûr] et bein j'ai créé un truc sur lequel tu peux télécharger. Tous les artistes que j'ai signé, ils m'ont tous donné un mix ou un live gratuit, donc tu peux télécharger. Alors j'ai fait une playlist et avec un lien où tu cliques et tu vas direct dessus. Donc j'ai créé des playlist, une playlist Drum, une playlist Hardcore, une playlist Techno, il y a même une playlist Captain Kverne. Parce qu'il font vachement de bootlegs à côté. Donc j'ai foutu tout en bootleg et voilà. Bon ça c'est aussi un bon outils de communication. Il y a des forums aussi, où je balance des mixs. [tu vas sur quels forums ?] j'allais souvent chez mes potes, les Kaballe, c'est un label parisien Hardcore. Et des labels Hardcore basic, c'est un forum Hardcore quoi, donc des fois j'y vais. Mais ça me soûle, ils ont toujours en train de s'engueuler. Chaque fois que tu sors un truc...

C'est des lieux de débats non ?

Ah non, mais ils sont toujours en train de s'engueuler. Dès que tu sors un truc. Donc j'y vais de temps en temps, je vais faire ma pub, je fais mon commercial (rires)

Ils doivent apprécier ! C'est pas un peu contradictoire avec le style d'ailleurs ?

Je m'en fous moi. A partir du moment où tu vends quelques choses c'est du commerce. Après les gens, ça ça me fatigue. D'ailleurs sur le forum, ils en parlent : "oui, c'est du.. .c'est commercial ce que tu fais et tout". Mais il faut qu'on reste à notre échelle tu vois. Je veux dire que les ventes d'un vinyle c'est du 500 copies à 1000 copies. Même si la meilleure vente que j'ai faite c'est 2500 copies, ça reste 2500 copies. Ça veut rien dire. Tu fais du commerce et à partir du moment où tu fais du commercial c'est forcément pas bon. Dès fois t'as du mal à comprendre.

Donc il t'est arrivé d'avoir des discussions houleuses sur ce sujet ?

Mais je n'y participe même plus. Au début je gueulais : "oui, regarde pourquoi on ne pourrais pas vivre de notre passion. (il s'enerve) Je comprend pas en France à partir du moment où tu essaies d'en vivre..." et encore en ce moment, je conseille à personne de se lancer là-dedans et moi, je suis même en train de me demander si je vais pas travailler à côté. Parce que tu gagnes pas de tune et en ce moment j'en gagne plus. Le marché est complètement...le CD c'est fini, t'en vends plus. Le vinyle, ça va encore mais bon. Alors il faut arrêter, les gens, quand ils disent "c'est commercial". Un truc comme La Nouvelle Star, ça pour moi ça a un esprit commercial, c'est-à-dire que c'est hypermarketé, c'est calculé par rapport au rendement que tu vas faire. Ça c'est du commerce. Bon après

ça peut être bien, pourquoi pas. Et c'est pas parce que ça se vend vachement que c'est forcément mauvais. Mais en France on est tellement bloqué là-dessus. Epileptik, ça les a flingué ça, le label. Ils sortaient plus de vinyles, parce que c'était devenu une marque que tout le monde détestait. C'est bizarre, parce que c'est un truc qui marchait. Epileptik, ça a vendu et ça fait un moment que ça existe Epileptik. Ils faisaient plein de soirées. Les gens qui écoutent un peu de Hardtek, ils

connaissent tous Epileptik. Et du coup ça leur à jouer vachement de tours, au niveau des ventes je te parle. Dès qu'ils voyaient un disque d'Epileptik, pus personne n'achetait.

Donc dans ce courant il faut se planter pour que ça marche (je plaisante) ?

Non, j'en sais rien. Non faut faire ça en tant qu'association, tu sors un disque tous les 6 ans. Non, mais on est pas beaucoup à essayer d'en vivre, il y a ... Bon chez Epileptik ou l'autre truc en Hardcore, c'est Audiogenic, le label de Radium et tout ça, c'est les 2 qui s'en sortent un peu parce qu'ils sont plusieurs, ils sont à Paris, ça y fait vachement et puis ça fait longtemps qu'ils sont là- dedans. Moi, c'est une petite structure, je suis tout seul à m'en occuper. Je travaille avec des intermédiaires mais au départ je suis tout seul, pour prendre mes décisions de sortir ou pas un artiste. Et c'est hyper chaud en France d'essayer d'en vivre.

Ok je crois que j 'en ai terminé avec mes questions.

Entretien n°3 réalisé avec Ben, le chef de l'équipe de sécurité du Mas Bonete le Samedi 5 Avril
2008 lors de l'après-midi de préparation de la soirée. Il est également le Président de
l'Association Sécurité Pour Tous (ASPT).

Conditions de l'entretien : les équipes de Mystic Chrysalide et d'Hadra étaient en train de préparer la salle. Didier et Ben parlaient ensemble. Je suis entré dans la conversation et l'ai faite tourner à l'entretien.

Ça il faut que je gère aussi parce que par exemple en soirée on a affaire à des professionnels pour la sécurité puisqu'on essaie de travailler en sécurité et il y a tout un staff technique et intervenant qui est là tu vois. Ils ont leurs habitudes et il leur faut pas changer leurs habitudes, c'est-à-dire que tout ceux de l'asso aient des trucs avec les tampons de l'asso.

Des badges ?

Oui, des badges ni plus ni moins. Donc t'as pas besoin de... Des T-shirt aussi ?

Des T-shirt ça passe. Mais si tout le monde n'en a pas, il faut que tout le monde est le badge pour que tu puisse entrer et sortir.

Et là on en a des badges ? Normalement on va en avoir. Qui s'en occupe ?

Il faut demander à S. ou à M. Parce que, je veux que tout le monde ait ces badges pour 2 raisons. Si demain tu veux rentrer ou quoi que ce soit et qu'il y a les mecs à l'entrée, je veux pas que toi tu te fasses casser les couilles, que tu puisse entrer. L'asso, on leur fait confiance.

Combien d'agents il y aura ?

Ce soir, 5.

C'est des personnes qui sont diplômés ?

Oui, moi, j'ai une boite de sécurité. J'ai deux sociétés, j'ai une boite de sécurité et une boite de convoi exceptionnel.

Et tu as combien d'empoyés ?

18 et là j 'en ai 5 mais bénévoles qui viennent ce soir.

Tu fais souvent du gardiennage dans ce genre de soirée et dans le Mas?

Dans la région-là ! Dans la région, c'est moi le plus gros. J'habite au-dessus. Moi, j'ai commencé, j'étais ici, j'étais le gardien d'ici et j'ai monté ma boite de sécurité quand je suis venu à Perpignan de

Clermont-Ferrand avec ma petite femme, parce qu'elle est jeune, c'était mal vu. Et j'ai connu

Dragon Hunter, Psyva, Mystic Chrysalide, j'en fait à Lyon, j'en fait à Barcelone. On me demande un peu partout.

Et donc tu t'es spécialisé dans l'organisation de soirées Trance ?

Tu vas voir M. tu lui demandes, il y a jamais eu de soucis avec mes gars parce que c'est pas des impulsifs. Ils savent que les mecs sont arrâchés et que t'as pas à leur mettre le poing dans la gueule.

Comment tu gère ça justement au niveau sécurité, le respect des lois. Par exemple ce soir on a pas le droit de fumer ?

Tu peux pas respecter ça. Je l'ai déjà fait la dernière fois, toute la nuit j'ai tourné, ils le savent. Maintenant, si on a un contrôle, toi t'as les papiers à l'entrée et à la sortie, toi t'es couvert. Maintenant, le mec il vient, c'est comme dans un bar : la BAC, ils viennent en civil, ils lui mettent un PV, ils lui mettent un PV. Moi je connais la BAC, donc je sais où est-ce qu'ils sont ou pas quand ils y sont pas. Ils viendront pas nous casser les couilles, ils viennent jamais nous casser les couilles. Il faut pas oublier, ici c'est un mas privé. Avant d'entrer il y a déjà du mal de fait. Et j'ai monté une sorte d'asso.

Où ça ?

Ici à Perpignan. Pour la sécurité, elle s'appelle ASPT, c'est Association Sécurité Pour Tous. Ça m'est arrivé pour un mariage d'avoir un agent de sécurité qui surveille le parking pour pas qu'on vienne piquer.

Pourquoi ?

C'est ton mariage demain, t'aimerais pas qu'on pique les jantes à ton beau-frère. À oui.

Voilà, c'est une sécurité pour tous. Que je les fasse passer en bénévolat, malgré qu'ils ont 10 euros de l'heure. Moi, je gagne rien, je m'en bat les couilles. Moi ça fait 10 ans que je fais ça : 4 ans avec Psyva et j'ai commencé à Perpignan il y a 6 ans. Et en même temps j'ai monté il y a pas longtemps une boite de convoi exceptionnel, là j'ai 7 chauffeurs qui tournent pour moi, j'en ai 4 qui rentrent et 2 avec qui je parlent au téléphone avec (trop de bruits pour comprendre). Moi en sécurité, je travaille au port de Canet, je travaille à la mairie de Canet...

(puis son téléphone a sonné, il a parlé avec quelqu'un et il est parti.)

Entretien n°4 réalisée avec Emilie, une bénévole d'Hadra le 5 avril 2008 au Mas Bonete.

Conditions de l'entretien : elle était la seule à ne pas être occupée pendant que je réalisais des entretiens et des observations.

Ça fait depuis combien de temps que tu participes aux activités d'Hadra ?

3 ans, voire 4. j'ai connu Hadra il y a 4 ans et je suis bénévole depuis 3 ans. Pourquoi ?

Parce que j'aimais bien participer, comment dire, à aider à développer le mouvement en France, qu'il fallait participer. Si les gens font rien, il n'y a rien qui se passe. Et on a rencontré Hadra. Moi, j'ai rencontré Hadra qui avait sa structure et puis nous, on est arrivé pour donner des coups de mains. Bon après David, c'était par rapport à la musique et tout, mais moi, bénévole voilà.

D'accord et qu'est-ce que tu fais concrètement dans l'asso ?

Maintenant ? Et même avant ? Avant je m'occupais, pas par rapport à la Trance, je faisais à manger à tout le monde, je faisais le cattering et tout ça, j'aidais au bar et puis bien avant, après.

Maintenant qu'est-ce que tu fais ? Maintenant, je fais que le bar.

Et ce soir qu'est-ce que tu vas faire ?

Ce soir à l'origine, je viens faire la teuf. C'était déjà pas prévu que je vienne ici ce week-end, j'étais pas sûr et puis voilà quoi. Et puis, là c'était plus pour moi, les accompagner. Mais c'est pas parce que je suis pas sur un planning que je donne pas un coup de main.

Et dans la vie, qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que tu as une autre activité comme étudier, travailler ?

Je travaille, ce qui me prend énormément de temps, c'est pour ça que j'ai de moins en moins de temps pour Hadra.

T'es dans quel secteur ?

Je suis dans l'hotellerie, en réception donc 45 heures par semaines et beaucoup d'énergie donnée donc une fois rentrée à la maison, pchuit.

Tu aimerais avoir plus de temps pour participer au projet d'Hadra ?

Oui c'est sûr. Mais par rapport à ce que je faisais avant et ce que je fais cette année, je prend beaucoup plus de recul. Parce que dès qu'il y a des soirées je pose mes week-end, voilà, je pose des vacances. Voilà, si je peux je le fais. C'est vrai que Hadra, après il y a toute l'organisation des teufs Hadra et il y a tout le travail qui se fait la semaine, mais sur des mois. Et en fait je suis bénévole, le jour de la soirée je donne un coup de main, mais il y a plein d'autres gens qui donnent 25 heures de

temps par semaine. Donc voilà, il y a plein de gens qui font plein de choses à côté et...il y a le jour même et tout ce qui se passe avant qui est encore plus de boulot.

La déco par exemple ?

La déco, c'est Christelle qui est responsable déco.

Ça fait combien de temps que vous avez commencé à faire toute cette décoration ?

Christelle, alors, on a créé le truc, ça va faire un an, il me semble. C'est parti depuis un an, un an et demi. Moi, je suis pas une spécialiste de la déco. Je donne des coups de main. J'aime bien mais j'ai pas des grands talents artistiques on va dire.

(Puis, comme elle était appelée, nous avons mis fin à l'entretien)

Entretien n°5 réalisé le Samedi 5 Avril, lors de la journée de préparation de la soirée « Mystic
Chrysalide invite Hadra Records » avec Tristan, infographiste dans l'association Hadra de
Grenoble.

Conditions de l'entretien: nous sommes dans le stand d'Hadra dans l'enceinte de la soirée. Les membres de l'assocation ont installé un stand sous un préau collé à l'Electrochill. Ils y faisaient de la communication sur leur association par divers moyens : vente de cds, de T-shirt et dépôt de flyers annonçant soirées et sorties d'album du label.

Tristan est infographiste salarié par l'association. Cet entretien est donc axé sur le travail en milieu techno.

Tristan, tu es le seul salarié ce soir présent de Hadra. Vous avez été invité par Mystic Chrysalide. Comment ça s'est passé ? Est-ce que toi, tu as participé à la mise en place du partenariat avec eux ?

Non. C'est pas du tout mon rôle au sein de l'association. Moi, je gère tout ce qui est site internet, graphisme et pochette de cds. Donc en fait, l'organisation, tout ce qui est logistique, c'est pas moi.

Donc tu es le technicien visuel de l'asso.

Oui, je suis à la disposition de l'asso et pour chaque projet on me dit : « bah tiens, on va faire une soirée à tel endroit, donc il nous faut la promo en conséquence », et à ce moment-là j'interviens.

Depuis combien de temps tu participes à Hadra ?

Ça fait un an et demi comme salarié et sinon depuis 2001, 2002 comme bénévole. Donc à un moment, comme le bénévolat me prenais de plus en plus de temps et qu'il y a la possibilité d'être salarié.

Vous aviez la possibilité d'avoir des salariés ?

Une bonne partie, c'est aidé. C'est des contrats, où les six premiers mois c'est payé à 75 % par.. .qui c'est qui paye ? je sais pas exactement. La sécu ou la CAF : la CAF, la CAF. Enfin, c'est par le gouvernement, c'est des aides gouvernementales. Et maintenant, c'est aidé à 50 %, tu vois. C'est sur une base de 26 heures par semaine.

Quel contrat ?

C'est un Contrat d'Avenir. Donc ça permet aux assos d'avoir vraiment quelqu'un de salarié mais sans payer tout ce qu'il faudrait payer normalement.

Mais même tu n'as pas un grand salaire pour 26 heures par semaine.

Oui, un petit salaire, c'est payé au SMIC. Oui, moi ça me convient. Ça me convient, ça me laisse du temps à côté pour faire ce que je veux aussi, tu vois c'est pas un temps plein.

Tu as d'autres activités à côté ?

Oui. À côté, je fais aussi d'autres sites ou flyers pour d'autres associations. Ça ça se négocie au coup

par coup.

Ce que tu fais avec Hadra, maintenant c'est du travail ?

Oui, oui.

Et tu le vis comme du travail ? Tu as des horaires, tu poses tes vacances ?

Oui, j'ai droit à des congés payés que je prend ou que je prend pas parce que c'est assez libre. Enfin, j'ai des horaires officiels parce que pour les papiers, il faut bien avoir des horaires mais je travail chez moi, donc...je travaille quand j'ai envie de travailler. Donc, les dimanches ou les samedis ou la semaine ou la nuit, c'est moi qui voit. Et les projets c'est pas.. .c'est du boulot et c'est pas du boulot. Ça reste entre amis quoi, tu vois : tel jour, on a une soirée, donc le flyer, il faut qu'il soit prêt un mois avant. C'est sûr que si je met trois semaine à le faire et qu'il est prêt au dernier moment, ça va pas. Mais ça ne se passe pas comme ça. Après, la semaine d'après, il y a moins à faire donc bon, cette semaine-là je ferais pas forcément 26 heures. Mais si le boulot est fait et que le projet avance, tout va bien.

Et tu es diplômé ?

Non.

Tu as appris comment ?

J'ai appris par Hadra. C'est moi qui ai eu envie d'apprendre et j'ai choisi comme projet personnel de m'impliquer dans Hadra, sachant que j'étais bénévole et que c'était une asso, personne ne me demanderais des choses sur la qualité de mon travail dès le début. C'est pas comme si tu devais travailler pour un employeur. Au début, tout le monde a fait comme ça, les djs débutaient, les organisateurs débutaient, tout le monde débutait. Et tout on a construit le truc petit à petit. L'idée, c'était que tous, on donne à Hadra ce qu'on veut donner. Chacun donne ce qu'il veut et chacun apprend en même temps er chacun peut vendre son savoir à d'autres. Et les djs, ils vont mixer chez Hadra, ils vont se former chez Hadra. Si après, il y a un autre organisateur qui peut les booker et leur donner de l'argent et bien tant mieux pour eux quoi tu vois. Et moi j'ai fait pareil : j'ai fait le site internet d'Hadra, j'ai fait les flyers d'Hadra. Si un jour il y a quelqu'un d'autre qui a besoin d'un site internet ou d'un flyer, bon bah j'ai de l'expérience, je sais ce que je fais, je connais mon boulot, j'ai des références et on s'entend avec les autres ou on s'entend pas.

D'accord. Est-ce que tu peux me dire ce que fait Hadra, son but ?

Son statut, c'est la promotion des musiques électroniques. Et donc on se contente de ne faire que de la trance parce que c'est ça qu'on aime mais on a mis les statut un peu plus large...et donc on a trois pôles : l'organisation de soirées, le label et la formation.

Formation ?

Alors on a deux ateliers : un atelier dj et là on commence le mois prochain un atelier peinture aussi et déco et...

Vous avez donc un local ?

On a un local et on se fait prêté des locaux par d'autres associations à l'occasion. On a des bureaux quoi. Les bureaux sont à Grenoble mais moi, j'habite pas à Grenoble donc j'ai juste besoin d'un portable, d'une connection internet et je peux bosser n'importe où. À une époque je l'ai fait, j'étais au Maroc. Pendant un petit mois au Maroc, je bossais pour Hadra, pas de soucis.

C'est particulier, ça doit être sympa.

C'est pratique. Le jours où je n'ai pas envie de bosser, je bosse pas. Je peux me rattrapper la nuit, je peux me rattrapper le lendemain. Après, est-ce que légalement, c'est vraiment dans le truc, je sais pas. Mais ça passe bien avec l'équipe d'Hadra, il y a jamais eu de soucis. C'est vraiment fonction de ce qu'il y a à faire.

Et si il y a d'autres travaux à faire, tu participes ?

Un peu mais.. .par choix, je m'implique relativement peu. Je passe par là, il y a quelqu'un qui à un truc à faire, je vais le faire. Mais bon, je fais pas partie de l'équipe déco. S'il faut pousser le machin pendant qu'il est dessus ou tenir un truc pendant 10 minutes, pas de soucis.

Et l'autre salarié est lui chargé du côté administratif ?

C'est assez différent. Elle, elle a un bureau. Elle a des horaires. Elle est pas issu du mouvement. Elle a découvert la trance à sa première soirée chez Hadra. Au début, elle a travaillé pendant un mois sans savoir exactement ce qu'on faisait. Elle a un travail de bureau, elle fait de la recherche de subventions, de l'administratif quoi.

Vous faites souvent des partenariats avec des associations ?

On essaie de développer. La semaine dernière, on était avec d'autres associations en Italie. L'année dernière on a fait une soirée avec une asso de Londres aussi.

Vous n'aviez jamais organisé avec Mystic Chrysalide, c'est la première fois ?

Oui.

C'est la première fois que vous venez dans les PO ?

Oui.

C'est donc un nouveau public. À ton avis, quel apport ça peut avoir pour Hadra ?

Franchement je sais pas, on fait la soirée, les gens ils viendront, ils aimeront. De toute façon, je me fais pas trop d'illusions, dans une soirée t'as 20 % des gens qui savent exactement où ils sont et le reste, ils ont entendu parler du truc et ils arrivent.. .ils y a des gens qui s'intéressent vraiment où ils mettent les pieds et la majorité, ils viennent à la soirée. Donc toujours, sur la quantité de gens qui seront là, on vise vraiment... c'est une minorité. Après, j'espère que oui il y aura des gens qui compredront exactement ce qu'il se passe et qui seront intéressés. On a toujours des personnes qui viennent poser des questions un peu intéressantes, tu vois, qui s'intéressent à la scène, à comment ça se passe. Déjà quand on voit les critiques qu'on reçoit et les remerciements qu'on reçoit, ils sont pas toujours en phase avec ce qu'on fait. Des fois il y a des soirées qu'on fait et on reçoit des remerciements alors qu'on y est pour rien et des fois, c'est le contraire, on se fait engueuler, « mais

là c'était pas nous » (rires).

Pourquoi il y a des personnes « larguées » à ton avis ?

Parce qu'il y a des gens qui veulent faire la teuf et qui se cassent pas trop la tête à savoir qui est-ce qui l'organise. Il y a plein de gens qui se rendent pas compte de ce que c'est l'organisation. Et puis, tu as des gens, qui sont une minorité, qui eux se rendent compte et des gens qui ne se rendent pas comte et qui font l'effort.. .mais c'est une poignée. Tu vois, moi, je me fais pas d'illusion.

Vous êtes nombreux chez Hadra ? Combien de bénévoles ?

C'est difficile à compter et c'est très variable. C'est plus par cercles si tu veux. Il y a un cercle de gens très impliqués qui sont une dizaine. Il y a un cercle de gens qui sont un peu moins impliqués qui sont peut-être 20, 25. et puis, sur un plus gros évènement, on peut compter sur 50 personnes. Mais il y en a certains qu'on verra peut-être une fois dans l'année. Ça veut pas dire que le jour où ils seront là, ils feront rien mais on peut pas se dire que, dans un mois on fait quelque chose, on aura 50 personnes pour nous aider, non, ça marche pas comme ça. Déjà, rien qu'ici pour venir, tout le monde ne pouvait pas parce que c'est loin de Grenoble donc même ceux qui sont là à toutes les soirées pour donner un coup de main à chaque fois, ça veut pas dire qu'ils peuvent venir passer le week-end entier à 500 bornes. Et tout le monde a ses obligations à côté, son boulot, sa vie privée.

Ok, et bien je te remercie Tristan. Je t'en prie.

Entretien n° 6 réalisé le 14 avril 2008 avec Damien aka Littleson, DJ et organisateur à
Perpignan, rencontré par l'intermédiaire de Titi du 303, disquaire à Perpignan.

Conditions de l'entretien : Nous devions nous retrouver à la boutique du 303 pour effectuer cet entretien mais celui-ci était fermé. Nous nous sommes finalement installés sur les marches du théâtre municipal. J'ai tenté d'enregistrer cet entretien, mais en raison du vent les voix étaient inaudibles. Je m'en doutais, alors j'ai pris des notes. Voici un portrait tracé à partir de mes notes.

Damien a 24 ans. Il est, au moment de l'entretien, en arrêt de travail. Par la suite, il doit bientôt faire une formation professionnelle.

« Pour faire péter. Faire profiter de la musique. ». Il fait de la musique dans des soirées free party clandestines (50 à 60 personnes) depuis 4 ou 5 ans, dans lesquelles il participe à l'organisation. Il a déjà réalisé une soirée légale au Griot, parce que c'est un « endroit pour soirée sans jamais te faire chier » : "400 euros de location et ils nettoient après". 320 entrées ont été payées.

Il a débuté il y a quelques années avec un pote dans le courant Techno Drum and Bass. Ils sont en effet influencés des courant Techno anglaise. Cette année, ils se sont lancés dans le style Dubstep originaire d' Angleterre également.

Pour diffuser leur musique, ils se sont achetés un sound system à 2, un système amplifié de 2 à 3 kw Makkie Activ et un ampli Yamaha, permettant de "poser du son en toute indépendance".

Ils avaient créé, 3 mois auparavant, leur association : "Welcome to the Jungle" (pour rappeler la Jungle, un style qu'ils affectionnent aussi). Cette structure juridique est une étape pour organiser des soirées légales et donner une marque à leurs soirées.

Ils comptent organiser leur prochaine soirée en septembre prochain, au Griot Music.

Pour communiquer, le flyer est incontournable et sa qualité doit être soignée : des 135g en couleur. À cela s'ajouteront des affiches A3 et A4 en couleur également.

La décoration est aussi un élément important de la soirée. La salle du Griot n'en possède aucune. Pour leur prochaine, ils pensent imiter un décor de jungle, rappelant le style musical et le thème de la soirée. Il m'a de plus demandé de ne pas dévoiler son idée, car il pense que c'est innovant.

Certains de ses potes sont ensuite arrivés sur les marches et se sont joints à la conversation. Ma posture ne leur était pas fermée, je ne voulais pas interrompre leur réunion.

Nous avons échangé sur les teufs en free ou les teufs en club. Pour eux, la free est réellement plus libre, ils ne conçoivent pas d'attacher les chiens en teuf. Et à l'inverse, ils ne sont pas fermés au clubbing. Ils aiment écouter du Dub, de la Drum and Bass et du Dancehall dans les clubs, même s'ils considèrent ce dernier courant comme "plus fashion". Alors ils vont "en boîte de nuit" : "quand c'est bien mixé ça passe". Et d'ailleurs, à propos d'un DJ, l'un d'eux ajoute qu'il "joue de la House comme un sauvage, il fait bouger" et pour eux c'est bien.

Damien était venu avec un ami et tout deux étaient pressés.

Entretien n°7 réalisé le Jeudi 1er Mai 2008 avec Stéphane, Dj Diabolo, membre de
l'association Mystic Chrysalide.

Conditions de l'entretien : j'ai réalisé cet entretien à mon domicile car je n'avais pas de véhicule pour me rendre au domicile de Stéphane.

comment ça se passe ?

Et bien, je te poses des questions et toi tu n'as qu'à y répondre. On peut en discuter tous les deux sans se bloquer.

Est-ce que tu peux déjà me raconter comment tu es entré dans le mouvement techno ?

Super facile ! C'est grâce à l'armée. Ah oui ?

À l'époque j'étais...on faisait partie, enfin je faisais pas partie mais je tournais avec des mecs d' (Iscalon) 66. On était reggae, reggae, soul-Reggae, trojan, skin-trojan et j'étais à bloc là-dedans quoi. Et je suis allé à l'armée et je suis tombé avec un mec qui étais Trojan avec moi et un autre mec qui écoutais de la tech. Enfin, je te parles de ça, à l'époque, c'était en 9 1-92. C'était James Bonn, Is Dead, tout ce qui était un peu.. .techno de l'époque quoi. Et à force, ce mec écoutait tout le temps de la tech, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et comme on faisait des gardes, on était parfois 48 heures ensemble, petit à petit, à force d'écouter son son,..., j'ai commencé à comprendre quoi, à le capter et ça a commencé à me plaire et puis, il m'a branché pour aller faire des soirées. J'étais à Cannes à l'époque. Des soirées au Circus à Cannes. Et c'est là que j'ai connu les premières rave parties en boîte. Mais les rave party de l'époque, c'était vraiment...en plus il y avait à bloc d'Italiens. Les mecs, ils arrivaient déguisés. Les meufs, elles arrivaient style dessous-dentelles avec un imper transparent. Enfin, c'était vraiment déco à fond, vraiment dans l'esprit fête. Vraiment, j'avais jamais vu ça. Donc, je suis rentré là-dedans et puis très vite je me suis dirigé vers la trance, la goa. De suite, je suis entré dans un magasin et j'ai écouté plusieurs styles et puis bon voilà quoi. Il y a un style qui m'a tapé à l'oreille et j'ai décidé d'en savoir un peu plus. Après, j'ai connu du monde dans

la Trance et ils me ramenaient à un chemin : l'Inde. J'y suis allé. En 94, je suis allé en Inde pour voir si ça correspondait à ce qu'ils me disaient, la musique et tout ça. Donc, grosse teuf Goa, sous les palmiers, tatati-tatata. Mais, deçu du son. Par rapport au son en France, j'étais déçu parce que je m'attendais à ce que ce soit plus pointu et en fait, un an de retard. Et je suis revenu. Je m'attendais à voir des teufs excellentes : cocotiers, les pieds dans la mer, full moon. Mais déçu par...je m'attendais à... Et puis l'esprit, je m'attendais vraiment à un autre esprit et puis, bon bah, gros esprit défonce. Donc voilà, déjà j'étais pas en adéquation avec l'esprit défonce. Et puis bon, malheusement, on le traîne cette image, mais elle est réelle quand même quoi. J'y suis retourné en 96. Pareil, des bonnes teufs mais pas convaincu par le son. Et puis voilà petit à petit, je me suis mis à mixer.

Tu jouais simplement chez toi en tant qu'amateur ?

J'ai longtemps joué chez moi en tant qu'amateur. Après, avec Manu, on s'est fait quelques teufs ensemble, j'ai mixé à quelques endroits mais bon, c'était rien d'extraordinaire. Moi, la musique, c'est vraiment et ça a toujours été et ça le sera toujours...ça a jamais été une obligation. C'est vraiment un passe-temps pour moi. Moi, j'ai jamais eu de but derrière. Si je me suis mis dj dans l'asso et si j'ai

mixé sur toutes les teufs, c'était avant tout pour partager un moment, c'était pas pour, voilà... on me l'a dit. Plusieurs fois, on me l'a dit : « t'es trop stérile », derrière les platines il faut bouger. Bon, moi je suis pas. À la dernière teuf, j'ai essayé. La dernière teuf, j'ai pris un energy drink.

Je m'en souviens.

J'avais jamais pris de ce truc. Ça m'a mis une patate !(avec humour) J'étais mort, une demi-heure avant j'étais mort. J'avais pas envie d'y aller. Et ça m'a mis une patate ! Sérieusement. Et après, j'étais derrière et je m'éclatais. C'est la première fois que j'en buvais...j'en reboierai je crois . (avec humour et rires) Sérieux, je l'ai bu et une demi-heure après, mais, c'est comme si j'avais dormi 24 heures. J'avais une patate... Mais c'est vrai que t'as plein de gens qui vivent le truc par rapport à comment tu es toi aussi. Il y a des gens, si ils voient que tu t'éclates, que t'es vraiment dedans, ils le ressentent plus fort.

C'est pour ça que vous mettez une scène ?

Non, c'est les deux dernières teufs qu'on a mis une, on avait jamais eu de scènes avant. On a mis une scène, déjà pour que les gens te voient. Ça c'est sûr parce que la première fois qu'on a mis une scène, c'était pour le projet Mechanik Records et on a fait Neuromotor, qui nous a demandé la scène. Lui, comme il fait du live avec la guitare, et comme lui, il faisait un show... parce que lui c'est un show-man par contre. Lui, il fait un live avec les guitare et tout. Son live c'est vraiment un show. Son principe, c'est faire du live mais c'est faire un show visuel, de ses mouvements corporels. Et donc, il nous a demandé ça et en fait on s'est aperçu que c'était pas mal parce que les mecs qui viennent te toucher les platines.. .Déjà t'es un peu plus en hauteur, t'es beaucoup moins emmerdé.

J'ai vu qu'il y avait autant de cannettes vides.

Mais bon, quand t'as un mec, et qui dit : « pourquoi il est rouge le bouton là ? » tu vois, t'es en train de jouer, c'est vrai que le fait d'isoler, c'était pas mal. Et puis, en plus c'est vrai que tu vois mieux les gens. C'est vrai que toi en tant que dj, les gens te voient mieux aussi. Mais toi, tu vois mieux les gens et tu vois mieux les réactions. Et ça c'est pas mal. C'est vrai que c'est pas mal. Les deux dernière soirée, c'est à cause.. .à cause, grâce (se reprenant) à Neuromotor que on a mis des estrades. Tu l'as entendu mon set la dernière fois ? Qu'est-ce que tu en as pensé ?

Alors, je ai trouvé que tu faisais du psychdeledic en reprenant de la trance plus ancienne mais pas de la dark trance, de la trance banale que tu as tourné en psychedelic. J'ai bien compris ce que tu voulais faire ?

Oui, c'est ça.

Et à des moments, j'ai trouvé ton mix très rythmé, je sais pas à combien de bpm tu es monté. À 145 tout du long.

Ah oui et les voix.

J'ai essayé de faire un peu de vocal, un peu de psyché et assez soutenu. Un jump quoi, un jumping. Mais pour le matin, t'es obligé de faire un peu de jumping.

C'est ça, c'est le moment justement. Tu réveilles du psychedelic de Shotu; lui, c'était du

psychedeledic à fond. Il est fan de techno belge je penses.

Oui oui. Oui oui. Je suis d'accord avec toi. Et donc pour revenir, tu réagis par rapport à ce qu'ils font. Tu prévois quelque chose à l'avance. Après si ça réagi pas du tout, tu peux changer.

Depuis combien de temps tu participes à l'organisation de soirées ?

L'organisation ? Et bien c'est quand on a monté l'assoce. Alors l'assoce, on l'a monté en 2004. Ça fait 4 ans, c'était en 2004. Et en fait on a monté ça parce qu'on était plusieurs djs et on avait envie de jouer et donc bah voilà.

Qui il y avait au départ ?

Il y avait Abdoul, David, Manu et moi. Que sont devenus David et Abdoul ?

Ils ont quitté l'assoce pour des différends quoi. Abdoul, lui, ça a été. Il a quitté l'assoce quand on a coulé, enfin quand on a pris le bain à Bellesta où on a fait, on s'est mis dedans. Et David, lui, c'est...à un moment, ça a dérapé. Le pourquoi du comment, on l'a jamais réellement su, parce qu'il nous l'a jamais réellement dit. Bon, on a vachement évolué par rapport à ces deux...démissions, on va dire. Ça nous a fait prendre conscience que, encore maintenant ça nous fait prendre conscience qu'il faut plus de dialogue quoi. Mais c'est vrai que par moment, c'est pas réellement évident d'avoir un dialogue. On l'a vu l'autre jour avec Thierry quand il avait invité.. .enfin tu vois, c'est pas tout le temps. Et puis bon, il faut aussi que les gens veuillent s'ouvrir. Tu peux pas être tout le temps à l'écoute, à chercher le savoir du pourquoi du comment. Il faut que l'info, elle vienne aussi. Et ça, c'est le but de l'assoce, d'arriver à créer cette osmose. Ah, c'est un côté humain aussi une assoce et le côté humain, il est pas tout le temps facile. On a tous nos visions de la chose, de comment on le voudrait, comment on l'aimerait, comment ça peut être et par rapport à tout le monde.

Qu'est-ce que tu a fait dans Mystic Chrysalide comme tâches ?

Secrétaire. Maintenant c'est Nathalie qui le fait. Maintenant, je suis trésorier adjoint. Je suis décorateur, chef décorateur, on va dire. On va dire, l'étiquette « chef décorateur ». C'est moi qui gère la déco, enfin qui gère la déco avec les filles.

Tu vas faire le même type de déco ?

J'ai fait des champignons en papier maché comme ça (environ 50 cm). Mais le problème de ces trucs là c'est que tu peux pas les laisser à la dispo des gens. Tu peux pas mettre des champignons ici parce que tu vas avoir quelqu'un qui va s'asseoir dessus. Historiquement, le fluo c'est trance. C'est historique. Je penses pas que tu puisses faire une soirée trance sans fluo. C'est vraiment les soirées... les soirées trance goa, c'est vraiment, il y a deux mondes. Il y a le monde musical et le monde visuel. Et c'est vrai que là aussi c'est un stéréotype mais...tu fais pas une soirée trance sans déco fluo. Tu dois pouvoir en faire mais il faudrait vraiment être ingénieux. Le côté de la déco, c'est que ça te refait ressortir des couleurs dans le noir et on est pas sur.. .c'est pas plat. Enfin plat, je veux pas dire. C'est un monde quoi. En ce moment, je suis en train de regarder pour faire des tubes sur du lycra. Des tubes géants tu vois, avec des cerceaux. Tu rentres les cerceaux dans le lycra et ça te fait des tubes. Et mettre des lampes qui changent de couleurs. Je me suis rendu compte au niveau déco qu'il nous manquait des effets visuels en lumière, tu vois, des changements d'ambiance. On l'a eu la

dernière fois avec les robots-scan. Mais les robots-scan, ils étaient trop puissants, trop puissant par rapport à ce que moi, je voudrais. Moi je voudrais plus des changements d'ambiance tamisées, dans un monde de brute. Mais bon, c'est pas évident. Avant c'était David qui s'occupait de la déco et quand il est parti, je l'ai pris en charge alors que j'étais pas décorateur du tout et que ça m'intéressait même pas. Mais bon, pour le bien de l'assoce, j'ai évolué et maintenant j'arrête le djing pour me consacrer qu'à la déco.

Ah oui ?

Oui, c'était ma dernière. Je remixerai sans doute sur d'autres teufs mais là j'ai décidé d'arrêter. Donc, si il y a besoin, je le ferai mais tant qu'on peut trouver quelqu'un pour me remplacer...

Pourquoi vous utilisez tant de lycra ?

Ce qu'il y a de bien avec le lycra, c'est que tu peux lui donner la forme que tu veux, tu peux le déformer comme tu veux. Et ça c'est que...et en plus ce qu'il y a de bien avec le lycra tu arrives à couvrir des grosses surfaces. Tu comblent des trous quoi. C'est une matière utile quoi. Tu prends par exemple le plafond. Bon, là ce qu'ils ont fait, le lycra à la dernière soirée, j'ai pas aimé du tout. Moi, les tout petits trucs, ça me plait pas. La pieuvre avec le ventilateur, ça c'était pas mal. Mais ça, c'est des idées à explorer. Parce que après, il faut que je trouve la matière, pas chère. C'est vrai que le lycra là, j'ai des plans à la place Cassagnes. Je fais tous les marchés en fait, quand j'ai le temps. Et à un euro le mètre, c'est pas cher. Ça vaut dix euros le mètre normalement mais à la place Cassagnes, j'arrive à le trouver à un euro. Et le tissus noir aussi même épais, j'arrive à tout trouver à un euro. Bah, c'est du temps. Donc, c'est vrai que la déco, c'est à plein temps. Là, pour le Rachdingue, on était avec Manu l'autre jour, et à Carcassonne j'ai récupéré des grosses boules argent. T'as dû les voir, les pyramides.

Oui.

Donc on les a démonté. Et comme au Rachdingue, c'est Dali qui l'a fait, je voulais me taper un petit délire Dali, me faire des structures. Et donc, avec des longues tiges en bois, on met une grosse boule au milieu, deux grosses boules et on fait comme ça. Et en fait on fait une molécule assez grosse, en étoile. Et je vais la peindre en fluo avec un dégradé de couleurs, style ça va partir de la boule centrale qui sera jaune et puis ç va partir sur chaque boule, qui sera chacune d'une couleur et en accompagnant le dégradé. En avril, tu as vu la tenture que j'ai fait pour la scène ?

Oui.

Avec le tribal. Après, il y a plein d'idées comme ça. Avec Manu, on s'est aperçu que le devant de scène était jamais décoré. Il y avait du lycra tendu pour protéger. Et je suis allé au marché, j'ai acheté 5 mètres de tissus et j'ai fait une tenture de 5 mètres à 1 mètre 60. Après, le truc c'est avoir l'idée de faire quelque chose. Mais l'assoce, elle avance petit à petit parce qu'au niveau déco, on a pas mal progressé. On a quand même deux filles qui assurent bien, qui assurent vraiment bien. Tu les a pas les photos ?

Si je les ai (je prépare un diaporama des photos de la décorations de la soirées du 5 avril).

Pour l'instant, on a été, on passait sur un monde assez free. Bah voilà, ça c'est la tenture que j'ai faite. Celle-là, c'est moi qui l'ai faite. Tu vois, c'était pour combler le.. .Ça, c'est Virginie, une fille de l'assoce. Les pyramides, ça c'est du fil. Là, le papillon, c'est moi qui l'ai fait. Voilà, le lycra,

comme je te dis que j'aimerais le faire. Mais après, il peut y avoir plein, plein d'idées. Ça c'est moi qui l'ai fait. Ça c'est moi qui l'ai faite aussi. La tenture. Tu vois les pyramides en fil. Ça c'est un cerf- volant que j'ai trouvé et je lui ai peint les trucs en fluo. Ça c'est moi qui l'ai fait aussi, les attrapes- rêves. Après il y a plein d'idées, tu vois. Mais il faut avoir le temps, le monde et le matériel. Au fur et à mesure des teufs, on sort un budget déco justement. Et oui, si t'as toujours la même déco, les gens la connaissent et c'est fade. Là, par exemple dans cette soirée, on achangé carrément la déco. Toutes les tentures, elles sont de Hadra. Donc, nous on a une tenture là. On a posé que le filaire.

Et les dragons ?

Ah oui peut-être. En tout cas, on a posé le filaire, et eux, ils ont posé tout ce qui était tentures. On a changé carrément le visuel, ça aussi c'était important. Ça, c'est un visuel. Alors, ça aussi. On a vachement évolué sur le visuel. Donc un visuel à chaque soirée pour justement aussi qu'il y ait une image changeante tout le temps. Donc il y avait ça, le côté électro-chill-out, qu'on avait pas au départ et qu'on a rajouté avec Thierry et Anthony. Et je trouve que c'est un plus parce que t'arrives à, c'est éclectique. En fait, t'arrives à ramener des gens qui sont techno, à les ramener sur la scène trance pour qu'il écoute un autre son. Après, ils jugent s'ils aiment ou s'ils n'aiment pas. Et on arrives à des gens de trance, à les ramener du côté techno. Donc c'est un melting pot un petit peu, c'est le mélange des genres. Le but de la soirée, c'est les gens arrivent dans nos soirées et ils s'éclatent. Et c'est vrai que si tu mets des murs blancs avec rien, c'est beaucoup plus glauque. Et on c'est aperçu que plus tu mets de la couleur et plus les gens sont happy.

Tiens, on avait pas ça avant (en regardant des photos qui défilaient). Là, on a mis des line-up partout. Ça, c'est moi qui les ait fait. Je les ai fait pour justement.. .mais bon le problème c'est justement sur la réorganisation, c'est justement d'attribuer des tâches à chaque personne. Qu'il y en ait un, voilà, il a un road-book, il doit faire les line-up sur des affiches, sortir la loi anti-tabac, ce qu'on a fait là. Si chacun avait un rôle bien précis qu'il faisait, ce serait cool. Et c'est ce qu'il faut qu'on arrive à faire. Il y a du peuple là !

Oui, parce que le son electro-chill a commencé à peu près une heure avant le son trance. Oui. L'electro-chill, dans l'historique de l'assoce, il est arrivé deux ans après.

C'était sympa que Nadia est pu faire son anniversaire en même temps.

Oui, le truc qu'il y a, on en a parlé aussi pendant la réunion. C'est un peu off par rapport au sujet d'aujourd'hui. Le but de l'assoce, c'est quand même, c'est pas de faire de l'argent mais c'est au moins de se rembourser. Et en début de soirée, tu sais jamais combien tu vas faire. Tu penses faire 500 personnes, tu vas en avoir 200. tu penses en avoir 300, tu vas en avoir 800. Tu sais pas. Une soirée, c'est aléatoire. D'où, l'importance aussi de faire une bonne pub et d'où l'importance d'avoir un maximum de relais aussi. Parce que la pub, tu peux pas la faire tout seul. Après, tu as la pub par texto : t'envoies un texto qui est renvoyé, tatati-tatata. T'as la pub par les fly et t'as la pub par le net. Donc c'est vrai, pour nous, il faut aussi une personne qui gère ça c'est-à-dire qu'il y ait une personne, quand on va annoncer une soirée, par exemple là on a les fly, on a tout, qu'il soit capable d'aller sur 50 ou 60 sites où il est référencé, pour poser la teuf. Et ça, jusqu'à maintenant, c'est Manu qui le faisait et c'est un truc qui prend du temps, qui prend énormément de temps. Et après, si quelqu'un d'autre doit le faire, il faut qu'il ait les identifiants, d'où l'importance d'avoir une seule personne qui ne fasse que ça. La distribution de fly, après, c'est le réseau. Les texto c'est pareil, c'est une personne. Il envoie 30 textos d'un seul coup.

Il faut s'y prendre combien de temps de temps à l'avance pour la communication ?

Une soirée, il faut à peu près.. .bah là on reçoit les fly cette semaine, il faut qu'on attaque (un mois et demi avant la soirée au Rachdingue). On a jamais pris autant de fly. On a pris 5000 flys pour cette soirée et c'est parce qu'on a le côté espagnol. Et c'est pareil, nous, côté espagnol, on a pas de réseau donc on a pris un dj espagnol aussi pour que lui, de son côté, il puisse attirer du monde avec son réseau. Distribuer, c'est aléatoire. Moi, je suis à l'intervention de France Télécom dans l'ADSL et tu peux pas savoir le nombre de personnes à qui je donne des flys pendant le boulot et le nombre de personne que j'ai vu pendant les teufs. Les mecs que j'ai été dépanné, tu sympathisent, tu discutes cinq minutes le bout de gras, tu donnes un fly et le mec vient. D'ailleurs là, j'en ai rencontré un qui nous a laissé un message sur le forum. Et puis après, il y a les bars et y voir du monde. Et tu vois, moi, j'ai pas trop le temps et Manu non plus. Anthony le fait. Mais c'est avoir du monde qui passe des soirées et qui bougent beaucoup et qui puisse en poser partout. Ce qu'il faudrait, ce serait deux, trois personnes fêtardes, qui font la fête, qui bougent dans beaucoup d'endroits et qui posent partout. Et ce qui fait qu'une soirée marche aussi, c'est la réputation. Petit à petit, la réputation, on commence à l'avoir, comme les Psyva l'ont.

Tu penses que ça va bien marcher au Rachdingue.

Aucune idée. Là on est en dehors du territoire, là c'est un inconnu pour nous. C'est bien de le faire.

Qu'est-ce que tu penses du fait qu'une association organisatrice de soirée fête son anniversaire au Rachdingue ?

Et bien, fêter l'anniversaire au Rachdingue, c'est une date qu'on a trouvé donc c'est bien tombé pour l'anniversaire. Bon maintenant, au Rachdingue, on sait pas, on va voir.

Pourquoi vous organisez cette soirée au Rachdingue ?

Partenariat. Un bon partenariat où on a pas de réel investissement et où on peut faire une teuf, et où on pourrait faire une teuf gratuite, pour nous. C'est-à-dire que si on gagne pas d'argent, c'est pas grave. On a un peu d'investissement, on a 1000 euros pour les djs donc il nous faudrait cent à cent vingt personnes pour rembourser. C'est faisable. Donc c'est une teuf sans risque, où on va pouvoir fêter l'anniversaire entre nous et où, à part faire le dj, on aura rien d'autre à faire. On a juste la déco à faire avant, démonter la déco après, jouer au milieu, les djs. Sinon après, on tient pas le bar, on tient pas les entrées, on tient rien. Donc, c'est justement une manière de pouvoir faire un anniversaire où il y a pas de stress.

Et la fatigue.

La fatigue, oui oui. Il faut démonter le lendemain matin quand même. Mais bon, ça ferne à 6 h du matin donc à 8 h on peut avoir démonté et à 10 h on peut être au lit.

J'ai vu l'organisation de la soirée du 5 avril, c'est : commencer tôt le matin, bosser toute la journée. Et encore vous êtes arrivés, moi j'y étais depuis 9 h.

On est arrivé vers 9 h 30. Et est-ce que tu penses qu'il y aura un public trance dans cette soirée ? Ah oui, je pense. Je pense que ce sera partagé : les espagnols sont pas mal techno et il y a pas mal

de tranceux aussi. Le seul truc qu'il y a, c'est que ça ferme à 6 h et que ça commence à 11 h, il y a plein de gens.. .les vrais vrais tranceux, on va dire, ils vont hésiter. Et le deuxième truc, c'est que c'est à 15 euros, c'est une boite. Bon, il y a possibilité de faire un after en France ou en Espagne.

C'est le « to be continued »...

Oui. Donc après faut voir. (silence) Mais bon, l'Espagne, c'est vrai qu'on est pas chez nous, on a pas le gros réseau pour...on connait pas tout le monde quoi.

Donc par rapport au public de la dernière soirée ?

On aura 25 pourcents. Si on a cent personnes mais si ces cent personnes, elles s'éclatent, ça me dérange pas. Alors si on fait plus...je crois que la capacité est de mille ceux cent personnes au Rachdingue. Mille deux cent ou mille cinq cent, je sais plus. Mais là on est pas dans l'esprit de.. .là, c'est vraiment une teuf, un peu plus pour nous quoi. C'est l'anniversaire. C'est la teuf où on va s'éclater, où on devra jouer alors on ira jouer mais il n'y aura pas le stress de la soirée. À la limite, si on a pas les cent personnes, on sera pas dedans de beaucoup. Moi, perso je m'en fout. L'essentiel, c'est que nous, on passe un bon anniversaire entre nous. Maintenant, si on fait du monde, on fait du monde et tant mieux.

D'ailleurs, le fly est complètement différent des précédents.

Il a le même format. Ça, ça va être notre image. 14 x 14 ça restera. Mais c'est vrai que le fly est pas mal. Et c'est vrai que le prochain sera différent parce qu'on va repartir sur un côté tranceux. Mais là, on l'a fait un peu plus électro on va dire.

Pour attirer le public du Rachdingue ?

Je connais pas le public du Rachdingue. J'y suis allé deux fois mais pour des soirées trance. Sur ce fly, on était parti, comme c'est un partenariat avec le Rachdingue, sur le logo du Rachdingue, la bouche. Donc là, je trouve qu'elle est pas mal réussi.

Qui l'a fait ce fly ?

C'est Nini.

Phonic Request et Early Reflection, vous les connaissez ?

Oui. On les a fait jouer déjà il y a deux, trois ans. En fait, Phonic Request, c'est...la première fois qu'il a joué dans une teuf, c'était chez nous. Et d'ailleurs après, il a sorti plusieurs albums. Enfin c'était au début quand il se lançait et nous, on lui a fait confiance parce qu'il a du bon son. Et sur un de ses albums, il nous a remercié à la fin, il a remercié Mystic Chrysalide.

Donc vous les invitez pour l'anniversaire aussi ? En quelque sorte oui.

Dans l'electro-chill, il y a Thierry et Anthony, Electrik et Juan Carlos, les deux résidents du Rachdingue...

...et Yoan, qui vient d'entrer dans l'assoce et qui était chez Psyva. (silence). Oui, je sais pas, Yoan. Je sais pas comment il fonctionne de l'autre côté et ça m'intéresse pas trop. Je pense qu'on commence à faire famille. Nous, on gère le côté trance, les gars l'electro-chill et tout ça en concertation.

En avril, il y avait Sicyphe et l'autre dj qui ont joué dans l'electro-chill.

Oui, d'ailleurs Thierry était pas content parce qu'ils ne jouaient pas aux heures. Enfin ça a été galère là-dessus. Et la soirée passée, on l'avait dit avec Manu, on connait Thierry maintenant, on lui avait dit : « la soirée passée, tu sera super content de les avoir rencontré ». Et c'est ce qu'il s'est passé. Il a bien aimé le truc donc tu vois, comme quoi. C'est un truc que j'essaie d'éviter maintenant, c'est les a priori, j'essaie de les éviter à fond. C'est les délits de faciesses ou les a priori à la con. Après t'as des gens, ça accroche ou ça accroche pas. Il y a un mec qui va te faire une réflexion, tu vas de demander : « quoi, qu'est-ce qu'il y a ». Et s'il t'en colle deux ou trois dans la soirée, t'as plus envie de le voir. Parce que lui, il est en train faire le délit de faciesse et j'ai pas envie d'entrer dans le jeu de me prendre la tête.

Tu t'es bien entendu avec les Hadra ? Ah oui, oui, oui.

Tu les connaissais déjà ?

Oui, à part Christelle, la femme à Kokmok, qui fait la déco aussi. Elle est space, mais tout en étant gentille. Moi, c'est quelqu'un que j'apprécie. Mais elle est space sur sa manière de travailler et j'arrive pas trop à le comprendre. Et j'ai un peu de mal à accrocher mais bon pour le bien de l'assoce dans tous les cas, il faut avancer. Sinon, Didier, je l'adore, il est excellent.

J'ai pu parler avec eux, et ils fonctionnent différemment. Ils ont deux salariés déjà : une administratrice qui n'est pas du milieu et Tristan l'infographiste. Ils proposent des ateliers de déco et de djing.

Tu parles de qui, de Hadra. Je connais tout ça. Eux, c'est carrément une organisation, c'est une vraie. Nous, c'était plus dans l'esprit faire la fête, monter des petites teufs, tout ça. Mais plus ça va, plus tu t'aperçois que si tu veux monter des teufs en ayant un minimum de qualité, il faut un minimum assurer. Un minimum assurer et pour avancer c'est pas évident. C'est vrai que t'es obligé de devenir un peu sérieux partout. Et quand tu veux être sérieux et pour faire marcher une organisation de tout façon, il faut de la tune. Donc pour faire des soirées, il faut de la tune. Voilà, il faut être sérieux pour faire des choses à peu près potables et arriver à attirer du monde. Et puis bon, le but premier de l'assoce, c'est quand même de promouvoir les artistes et la musique électronique. C'est-à-dire promouvoir des artistes, dès fois on va faire venir des artistes connus, mais quelque part tu ouvres la musique électronique avec des bons djs à un maximum de personnes et d'un autre côté, tu fais commencer des débutants. Enfin, des débutants qui assurent quand même. Et de faire marcher le plateau trance dans les PO quoi. Et même techno, regardes, on a cinq djs avec moi ça fait six, mais cinq. Si on arrives à trouver des bons djs, pourquoi pas. Mais il y a ce côté là aussi. Le paradoxe c'est que tu fais revenir tout le temps les mêmes djs, il y a un phénomène d'accoutumance ou de rejet complet. Parce que t'en as marre d'écouter tout le temps les mêmes artistes. D'où, l'importance d'avoir de la tune pour faire venir des grosses têtes. Et t'as aussi un phénomène d'accoutumance, enfin de, par rapport au mas. Que tu fasses toujours les teufs au même endroit, t'as l'impression que c'est tout le temps pareil. À la limite, on reprend la même déco et on la met dans la forêt au milieu

des arbres, la déco, même si c'est les mêmes images, ce sera pas du tout le même délire. Donc il y a ce phénomène aussi, donc le mas Bonete, c'est un endroit qui est super parce qu'il est vraiment beau, où on peut faire entrer du monde, enfin c'est bien. Et c'est l'un des rares endroits qu'on avait dans les PO et en même temps, on est conscient qu'il faudrait carrément sortir de ce truc. On est conscient qu'il faudrait faire une bonne extérieur, trouver un bon endroit. Il y a ce côté là. Peut-être faire des démarches au niveau d'une mairie, j'en sais rien. D'où l'importance de la secrétaire, tu vois. Au niveau administratif, c'est aller chercher des renseignements sur qu'est-ce qu'on peut louer, légalement, par quelle mairie. C'est des trucs comme ça.

C'est la secrétaire qui s'en charge ?

Non, mais il faudrait qu'il y ait quelqu'un qui soit, comment dire, délégué au services publics. C'est- à-dire qu'il aille démarcher les services publics et qu'il fasse ça quoi. (silence). Tout en véhiculant l'image de Mystic et qui arrive à vendre... non, pas à vendre, mais qui arrive à faire reconnaître Mystic Chrysalide tel qu'on est et tel qu'on aimerait qu'on nous voit. C'est une organisation qui essaie d'être sérieuse, qui essaie de montrer que le mouvement électronique peu être tenu correctement et après les gens qui viennent, s'ils veulent se déchirer en boite ou ici, qu'ils se déchirent. On sait qu'on véhicule cette idée mais...et quand je dis « on », c'est la musique, c'est le mouvement. Et justement, on voudrait arriver à faire des...on arrive au niveau musical et...au niveau sonore et visuel, mais ce qu'on aimerait c'est arriver à faire des teufs propres. De toute façon, on arrive à le faire, c'est faire des teufs avec l'ambiance de l'époque.

Alors, bientôt vous allez partir jouer avec Hadra à Lyon ou Grenoble ?

Manu va jouer à Lyon. Moi, j'ai jamais été dj pour aller jouer ailleurs. Je m'en fous réellement de jouer ailleurs. Ce qui m'importe c'est, de temps en temps, pouvoir écouter ma musique fort.

T'en fais beaucoup chez toi ?

Non, non. Ma copine, elle est pas.. .elle est flamenco. (le téléphone sonne, sa copine l'appelle justement).

C'est intéressant ce que tu dis : tu joues peu de musique chez toi, mais tu vas passer six mois à organiser une teuf. T'es donc bien, plus organisateur de soirée que dj.

Carrément. Oui, c'est un autre monde. Mais c'est quoi « être organisateur » ? moi, comment je le vois, c'est participer à un projet et se faire plaisir. Et si tu peux faire plaisir au gens en te faisant plaisir, c'est super. Mais, je suis brancher dans un style, dans une musique, je connais un peu des références au niveau des artistes et tout ça, et c'est vrai que monter un projet comme Mechanik Records, c'est.. .Neuromotor, pour moi, c'est un dieu. C'est un mec, je lui ai acheté ses « skuds » (disque en verlan). C'est rare les cds que j'ai acheté. La plupart du temps, je télécharge. Les trois quart du temps, je télécharge. Et c'est vrai que d'un côté je télécharge et comme je contribue pas à acheter leurs cds, de les faire venir et de pouvoir les rémunérer d'une autre manière, je trouve qu'il y a un équilibre. Mais.. .oui, c'est faire venir des gens, faire venir des projets comme Neuromotor, Hyperfrequencies, Electrocult. On l'a monté une fois, on le remontera pas, je pense pas. Et c'est trois mecs que je rêvais de rencontrer. En plus Fred, il a dormi à la maison, on a gardé des liens, on s'appelle. Puis j'ai trouvé un mec super humain, un dj, il est dans les dix mondiaux ou même dans les cinq mondiaux. Il tourne partout dans le monde. C'est un mec, il est arrivé, un humain quoi. Pas une machine quoi, tu vois. Et puis en plus, le truc, c'est qu'on s'était téléphoné, on s'était...il habite en Belgique, on était resté au moins deux, trois heures au téléphone sur deux, trois coups à

« charer » (parler) et humainement on s'est trouvé : il se défonce pas, il vit.. .Alors lui, le paradoxe, c'est que lui, il fait de la trance mais il aime pas la trance (je ris). Quand t'as un mec qui te dit ça. Quand t'as Neuromotor qui te dit ça, tu lui dit : « expliques. Rembobines et expliques ». C'est un mec, il est hip-hop à la base. Hip-hop à fond. Après, il a été un peu techno, il s'est lancé dans la techno. Mais il s'est de suite, il a de suite créé des morceaux et il s'est de suite dirigé sur la trance pour créer, pour le niveau mélodie, on va dire, qu'il n'y avait pas dans la techno. Il adore la jouer, il adore la créer, mais tu lui mets dans la même soirée un côté trance et un côté hip-hop, il va aller partout sauf sur la trance. Ça m'a fait délirer quand il m'a expliqué ça. Puis, c'est un mec, côté humain, il est zen. Il se chauffe pas, c'est pas quelqu'un qui se prend la tête, alors qu'il y a des petits djs, qui sont arrivés et qui t'ont pris de haut. Mais t'as des mecs comme ça. Hyperfrequencies, plus tendu. Electrocult, c'est passé comme pchuit, nickel. Mais moi, à la base, c'était plus Neuromotor et je pense que Neuromotor, il nous a relancé sur nos teuf à nous. Ce projet-là nous a bien relancé. D'où l'importance de bien faire le truc. On s'est égaré du sujet ?

Non, c'est intéressant, c'est tes impressions des soirées passées. Alors qu'est-ce que serait ta vision de l'avenir pour les prochaines soirées Mystic, après l'anniversaire ?

J'ai plusieurs réflexions sur le truc. Mais bon, ça c'est une rélexion perso parce qu'après tu as la réflexion commune qui l'emporte. Mais pour le moment, ça a été chaud la dernière avec l'histoire de la meuf qui s'est mis, avec les flics et tout ça. Manu, il est président, je pense qu'à un moment il peut être sur la scellette, il peut être emmerdé. Et moi, je pense pas que le but de l'assoce, que l'assoce soit prioritaire quand même...je pense pas que l'assoce soit prioritaire sur la vie d'un mec. Donc pour moi, ce serait, pour l'instant (avec insistance), ce serait de trouver des partenariats avec des grosses boîtes.

Donc organiser des soirées trance en club ?

Non, tu prends par exemple la Koba à Barcelone, c'est pas un club. Oui, c'est une discothèque, mais ça a une culture électro et tout ça. Ce que j'aimerais c'est d'arriver à passer deux, trois partenariat avec des grosses boites, mais avec un bon esprit, du style le Rachdingue, la Koba, des trucs comme ça, pour qu'on se fasse un peu oublié.

Pendant ce temps, qui feront des soirées ici ?

Les Psyva, ils vont en faire une en octobre. Le but du jeu pour moi, le but du jeu tel que je le vois moi et tel que j'en ai déjà parler à Manu, le but du jeu il est d'engranger assez de tunes pour organiser un festival, de n'importe quels moyens. C'est-à-dire faire...là sur le Rachdingue, je crois pas qu'on fasse du bénéfice. Mais trouver des bons partenariats, pour avoir les reins assez solides pour pouvoir s'offrir une grosse teuf. Voilà ! Tel que je le vois moi.

À Perpignan ?

Oui, à Perpignan. Mais avec les autorités, un truc vraiment légal et vraiment dans les règles de l'art. Tu penses faire des partenariats locaux avec d'autres structures du coin ?

Avec les Psyva, c'est pas possible. Il y a des gros historiques avec Mystic Chrysalide. Il y a des historiques avec World People. World People, ils devaient monter un festival vers Grenoble ou je sais pas quoi. Ils ont pas eu le terrain et ils se sont rabattu à Cubière. Et ce soir-là, on faisait une teuf. On attendait 500 personnes et on a eu 300 personnes et eux, ils en ont eu 500. donc s'ils

avaient pas fait la teuf là-bas, on aurait eu nos 500 personnes. Donc on s'est mis dedans à cause des World People. On s'est pas mis beaucoup dedans, mais c'était mille euros et à l'époque on avait pas de tune en caisse. Donc déjà les World People...Et pourtant ils nous ont invité sur un festival, je suis allé jouer sur leur festival. Mais bon voilà, ça reste pas cool. Et ils nous ont invité sur le festival pour rattrapper le truc, mais je me vois pas organiser un truc avec eux. Et pourtant ils sont très forts. Les World People, c'est une super bonne organisation. Vraiment repect. Respect, même au niveau...et puis ils ont des super contacts. Après, il y a Christophe et Christophe, il est hors de question. Christophe et Manu c'est impossible. On devait faire une teuf à Espira, c'était en 2002 ou 2003, je sais plus. On avait le terrain et tout. On avait tout, le maire était d'accord et tout ça. Et quinze jours avant, ils ont fait un festival en force de trois jours ou de deux jours à Salses sur un champs privé, ils se sont installés. Et il y a eu une grosse polémique avec la préfecture, les journaux et tout ça. Et nous, notre terrain, on l'a perdu. On avait tout, on avait booké tout le monde, on avait fait les avances : la tune était sortie déjà. Donc, nous, on avait plus le terrain. C'est là qu'on a trouvé Bélesta et le problème de Belesta, c'est que il avait plu. Il y avait eu un orage et on s'y était mis de deux cent personnes : 2000 euros. Parce que le terrain, on devait pas le payer et que là, on a dû louer un truc. En plus Belesta, c'était super loin alors qu'à Espira, tout le monde aurait pu venir. C'est un peu le mas Bonete. On a perdu de la tune à cause de, enfin « à cause de », parce qu'ils ont fait une teuf en force.

Et avec Psyva ?

Oui, on peut en parler. Idée commune de faire une teuf ensemble. On était parti pour faire une teuf « groupir » et c'est parti sur des mauvais feelings. Moi, j'ai eu un mauvais feeling avec J., Drop, je sais pas si tu le connais. Sur des réflexions, sur des réflexions à la con, mais des trucs qui m'ont bloqué en moi. Donc, ça m'a fait chier à moi. Il y a eu David, qui était Mystic mais qui aimait les Psyva. Il y a des trucs que nous, on a dit en interne et qui ont été dit de l'autre côté. Et après, c'est parti en couille. Et puis, le fait que David aille chez les Psyva, les Psyva, c'est fini. Avec Manu, ils se voient plus alors qu'ils étaient amis. Manu l'a vécu comme une trahison. Donc Psyva, c'est mort.

(nous avons fait une pause et nous reprenons)

Le but de l'assoce c'est d'arriver à mettre assez d'argent de côté pour pouvoir faire quelque chose de réellement bien. C'est d'avoir l'argent pour voir assez grand, pas super grand mais, oui, même un festival, même de deux jours; c'est surtout d'arriver à se positionner au niveau de la préfecture par rapport au fait qu'on puisse monter un truc de sérieux, de correct avec les autorités.

Vous connaissez du monde déjà parmis les autorités ?

Bah là, on avait.. .Manu et Céline avait été démarché et on avait un médiateur, un médiateur qui s'occupait de nous, mais après, avec la loi Sarkozy, ils ont arrêté les médiateurs. Et c'est vrai que c'était bien parce qu'on passait par lui et on montait des dossier béton. Maintenant avec la loi Sarkozy, c'est moins de 500 personnes donc voilà quoi. Et là c'est pareil, si tu montes un festival, t'as intérêt d'être carré au niveau des infrastructures et carré au niveau des autorités pour pas que...et au niveau tune. Mais voilà, je pense, que si t'arrives à te retrouver avec 15 000 euros de côté pour faire un petit festival comme Cubière ou des trucs comme ça, c'est gérable, c'est réellement gérable. Après, il faut qu'il y ait du monde qui viennent pour rembourser, mais tu as déjà une partie investie quoi. Le problème c'est que quand on s'est mis dans le jus, on l'a sorti la tune. Manu, moi j'ai sorti de la tune, Thierry, il en a sorti aussi, non.

C'est de l'argent que vous avez récupéré ensuite ?

Oui, oui. On a super galéré et il y a super longtemps. (silence). Et avec David aussi, le problème...le problème qu'on avait avec David, c'est que dès fois on était pas du tout sur une même vision, sur une vision de comment avec l'assoce quoi. Ça a été des...on a pas parlé. Le côté humain, on l'a...le stress, peut-être nous a bouclé alors que maintenant on le voit plus avec du recul. Il faut aussi dire la vérité, il y a du recul mais il y a aussi les opportunités qui nous arrivent. Le Rachdingue, ça a été une opprotunité de jouer là-bas, on avait le mas Bonete, c'était bien, c'était tranquille. Maintenant, si on plus le mas Bonete, s'il faut retrouver des endroits, c'est pas pareil quoi.

À Perpignan, c'est plus difficile ?

Si, il y aura peut-être la salle des ?, mais bon, c'est pas extérieur, c'est un préfabriqué. Bon voilà quoi, tu vois.

Vous avez déjà fait le Griot, c'était comment ?

Les deux petites teufs, je les ai pas aimées. C'est ce couloir et surtout, ce qui nous nous empêche de réellement adhérer, c'est qu'il n'y a pas de sorties de secours. Donc, on est vraiment plus là dans des règles de sécurité, plus du tout. On a quoi 200-250 personnes quoi. Déjà 200 personnes là-bas, c'est énorme. Et puis c'est un endroit glauque. Bon, on s'était pris la tête à décorer, on avait sorti la bonne déco, mais c'est un endroit glauque. Le problème, on avait trouvé ça à Camélas, on avait trouvé un truc où d'un côté, tu avais une grande salle, et de l'autre côté, tu avais une salle plus petite où ils avaient fait le côté techno, nous, on avait fait le côté trance et il y avait un jardin, je sais pas, il devait faire 100 mètres de long sur 30 mètres de large, il était énorme, avec les pins et tout. Oui, c'était super. Mais bon, le mec, il nous l'a loué une fois et il a pris peur. Il a pris peur, il a halluciné.

Il est venu pendant la soirée ?

Oui, oui. Il a vu les mecs pisser contre les murs, déchirés. Ça, ça fout la haine. Et le truc aussi, c'est qu'il y avait du voisinage pas loin et ça les a fait chié. C'est pas facile de trouver un lieu et pouvoir mettre deux sound system. Le Rachdingue, c'est super, tu peux mettre deux sound system. Après, tu vas dans une autre boîte, t'es pas obligé de pouvoir en mettre deux.

Vous allez jouer où au Rach ? Eux dedans et nous dehors. Pourquoi ?

Parce que la trance, c'est mieux en extérieur. La trance naturellement, c'est extérieur. Et eux ont plus de son que nous : ils ont 8 kw et nous, on aura 3 ou 4 kw, mais bon, on s'en tape, c'est impossible que nous, la scène trance, on la mette dedans. C'est pas dans l'esprit quoi. Une soirée trance, si on la mettre à l'extérieur, on la met dehors. Maintenant, si on peut pas, on peut pas. Je pense que Anthony et Thierry, ils doivent le voir pareil, et on l'a pas discuté.

Et les friches industrielles ?

Le problème du squatt, c'est vraiment...tu rentres dans un principe, c'est du free, c'est du illégal, que tu peux arriver et que d'un coup on te prenne tout et qu'en plus toi, tu rammasses. Tu vois, le problème, il est là. C'est que les free. . .attends, des endroits free, il y en a plein ici. Il y en a plein où

tu peux poser un son. Le problème, c'est que l'assoce, elle en prend un coup. Tu vas leur dire "Mystic Chrysalide", ils vont dire : "ah oui, ils font des free, ils sont illégal et tout ça". Il suffit que tu sois une seule fois illégal, pour que tu le sois tout le temps. Dans ce milieu-là, c'est comme ça. Tu fais une erreur, tu l'as tout le temps l'erreur. Tu peux faire des trucs bien à côté, si tu fais une erreur, t'as l'erreur. C'est tout ce qu'ils retiennent. Et les habitations. Il y a ce trucs aussi, à gérer. Le problème des terrains, c'est déjà de les trouver et de pas emmerder les gens parce que si t'emmerdes le voisinage tu contribues à une mauvaise réputation et tu contribues à ce que le mouvement soit rejetté.

Médecins du monde c'est une solution

Mieux que Médecins du monde, il nous faudrait carrément un vrai docteur, un docteur sur les soirées. Un truc comme ça a été, c'était géré.

Son téléphone sonne. Il doit subitement partir.

Entretien n°8 avec Henri (Pitz) des Tromatik System au café La Source à Perpignan le 8 mai
2008.

Conditions de l'entretien : nous nous sommes installés sur la terrasse d'un café. Lorsque le tenancier est venu nous demander ce que nous voulions consommer, Henri a commandé un demi. Je fis de même. Henri est un interlocuteur très nerveux : il a des gestes très vifs et des clignements d'oeil.

Comment tu es entré dans le mileu techno ?

Je me suis fait embrigadé par une bande de potes, je sais pas, j'avais 16-17 ans. Ils m'ont emmené à une soirée, moi je connaissais pas, moi je venais plutôt du milieu Hip Hop. Et bon, j'ai découvert ça. On s'est retrouvé à Claira dans un espèce de casote. Mais bon, il y avait pas énormément de monde, il y avait une cinquantaine de personnes, un dj, tout ça. C'était la première fois que je voyais en vrai une rave party, en direct. Et puis bon, ça m'a foutu un gros coup d'électrochoc. Ça m'a donné

directement envie de m'investir vraiment là-dedans, de commencer.. .déjà au départ de commencer à être dj quoi.

C'était en quelle année ?

C'était en 97, fin 96-97. Et voilà et puis bon du coup...bah du coup, j'ai économisé et j'ai investi dans des platines et je me suis lancé là-dedans. Et on va dire qu'à partir de 98, courant 98, les Tromatik sont nés.

En 98, c'est tôt.

On commençait à faire des petites soirées dans des bars mais rien de.. .c'était vraiment les débuts. Dans quel genre de bars à Perpignan ?

C'était plutôt un bar à Canet, au port, oh putain le nom je m'en rappelerais plus, le Raven à Perpignan, on faisait des soirées au Raven, on a fait des soirées à la Source. Après je m'en rappelerais plus trop, tu vois à peu près. Après on posait, on posait entre nous, tu vois c'était des soirées privées au départ. 1999, juin 1999, c'est la première vraie soirée qu'on fait, organisée. C'était au Boulou. Mais ce que je vais te dire, au départ, c'est qu'en fait, l'effectif, enfin, les gens de Tromatik, ça a évolué. Au départ c'était pas les mêmes que maintenant, à part 2-3 personnes dont je fais parti. Il y a eu une évolution, ce qui veut dire que vraiment, là où il y a eu une vraie cohésion, un vrai truc, c'était il y a...ça a commencé en 2001, oui 2001. 2001, c'est les mêmes personnes qui tournent maintenant. Donc 99, première teuf au Boulou, bon et bien après on enchaîne, on fait des soirées un peu...on a fait...aff comment te dire ? On a fait des free party, on a eu des problèmes, je sais pas si tu as connu les histoires de Corbère.. .les Cabanes, où il y a eu un meurtre quoi.

Ah oui, c'était dans l'une de vos soirées ?

C'était dans une de nos soirées. À Corbère les Cabanes, il y a eu une explication entre un groupe de punks et un groupe. Un type que je connaissais, c'était un gros bandit quoi ! Bon il est revenu cagoulé avec 2 potes. Ils ont fermé les sorties avec les voitures. Il avait le pompe et il a tenu tout le monde en joue en plein milieu, avec tout le monde autour. Et après, un pote à moi a voulu lui enlevé le truc, il a pris une balle dans la râte, après il y a eu une balle perdue et il y en a un qui est mort.

Bon voilà, on a fait la une sur TF1. On a eu ça comme histoire. Qu'en a conclu l'enquête de la police ? Vous avez suivi l'histoire ?

Oui, oui. Nous, ils ont fait une "perquise", tout ça. Mais le problème...la personne, en fait, ils ont pas pu continuer l'enquête. Enfin, il y a eu un jugement mais enfin, nous, on a pas eu d'histoire, on a pas eu de problème quoi. Il y a eu un jugement, mais la personne principale, elle s'est barrée en

Espagne, mais bon. Il y a 2 personnes qui ont été jugées : il y en a un qui a pris pour 20 ans et l'autre 5 ans.

Est-ce que l'organisation a souffert de ça, que ce soit...

Il y a eu une perquisition, ils ont pris l'ordinateur et c'est tout. Ils ont vu qu'on faisait les flyers avec ça, mais il y a pas eu de suites judiciaires.

Et même, les gens n'ont pas considéré votre asso comme organisant des soirées dangereuses ?

Non parce qu'à cette époque on était pas une association. À ce moment là, on était juste un sound system. L'association est venue en 2003. On va dire que de 1999 à 2003, c'était vraiment le truc illégal à 100%. On organisait...on a organisé pas mal de soirées. Si tu veux, je te donne des lieux de grosses soirées.

Oui

Donc on a fait Corbère les Cabanes, Cubière, La Franqui, (c'était une énorme teuf, c'était vraiment la dernière teuf illégale qu'on a fait et où d'ailleurs on a eu des problèmes avec les flics)...On a fait quoi ? putain, je m'en rappelle plus. Oui, des endroits : Illes-sur-Têtes, on a fait Bellesta, aff tout les coins, on les a tous fait. Le Mas des Druides à l'époque, c'est un vieux mas, qu'que les anciens connaissent. Ça, après quoi te dire de plus ? Bon, les teknivals voilà, on fait un teknival par été, dans le sud et en Espagne. En Espagne, vers Gérone, on en a fait un vers Gérone avec les Mental Resistance. Voilà.

Donc vous êtes parti du monde de la free en fait. Et musicalement ? On vient vraiment du mouvement free et musicalement.

Comment tu le définis ?

Au départ, c'était Hardtek-Hardcore et là on a évolué plus Break-Hardtek-Drum & Bass. Après tu peux dire aussi qu'on a un projet, enfin surtout moi, j'ai un projet de sortie de vinyle normalement à la rentrée. Voilà. Quoi te dire ? Après je sais pas, pose-moi des questions.

Combien vous êtes de membres dans l'asso ?

Il compte. Allez, on est 10. 10 dont 6 Djs. Attends. Il recompte. Oui on est 7, Djs et Live. D'accord. Comment vous tenez l'association, les comptes, si vous avez un trésorier, un président...

Oui, on a un statut bien défini, mais après les comptes, on les tient pas hyper carré. Mais bon, oui on a des comptes, un trésorier, on a un président. Tout est fait dans les règles de l'art.

Vous avez appris à faire tout ça ? Et comment ?

Oui, on a appris. Au départ, on faisait ça à l'arrache, même si on était une asso. Et là de plus en plus, avec l'expérience on fait les choses carrées, avec des autorisations de débit de boissons, des contrats, tout ça.

D'accord. Alors comment vous fonctionnez ? Quel est votre projet, votre objectif ?

Notre projet, c'est "faire découvrir la musique électronique et les arts qui tournent autour". Oui, c'est vraiment la promotion de la musique électronique. Oui, le but essentiel, c'est d'organiser des soirées intéressantes sur Perpignan quoi. Parce que je trouve, il y a des free parties, des petits trucs mais après musicalement, ça manquait de . . .des gens intéressants qui apportent du neuf, voilà, du bon son, pas le dj du coin. C'est vraiment apporté ce qui manquait à Perpignan, des bonnes soirées quoi.

Qu'est-ce que tu en penses jusqu'à présent, vous avez un bon parcours ? Oui, je penses quand même, ça va.

Vous avez fait passer de bons artistes ?

Oui, on travaille avec les Spiral, les Desert Storm, Même Pas Mal (?), là on refait une soirée le 13 juin avec Interface 68, Pseuko, Mammouth, Radiobomb...

Où est-ce que vous la faites ?

A la salle Point Batterie, le 13 juin.

Vous en avez faite une il y a une semaine et demi ?

On en a fait 2 cette année. On en a fait une aussi au Mas Bonete avec 69 db tout ça. Voilà, après, qu'est-ce qu'on a fait ? L'été dernier, on a fait une grosse soirée, c'était vers Prades, je sais pas si tu en as entendu parler. Ça a duré 2 jours, c'était super bien, il y a du monde de partout qui est venu. C'est pareil, c'est une teuf dehors, mais c'était fait dans les règles de l'art : le terrain était privé et on avait prévu les autorisations et tout ça.

Tu dis que vous voulez promouvoir les musiques électroniques. Bon, vous avez 7 Djs, vous essayez et vous faites venir des Djs et des Lives. Est-ce que vous essayez de promouvoir d'autres arts autour de la musique électronique ?

Le graffiti notamment avec La Perche, c'est un crew assez connu. Avec La Perche, oui voilà c'est essentiellement ça et il fut un temps, c'était aussi les bijoux tout ça. Mais essentiellement, le graffiti.

Donc vous faites des manifestations de graffitis dans les soirées ?

Genre, la première qu'on a fait la fête de la musique, c'était là-bas. C'était en 2002-2003, je pense. 2003 on va dire. Justement on a mis un son et il y avait une expo Live Graffiti. On avait mis plusieurs bâches sur les murs et les types, en même temps que ça jouait tout le long de la soirée, ils faisaient des graffitis. Ça on l'a fait 2-3 fois : une fois au Rachdingue, c'est une boîte (ça aussi tu peux dire qu'on joue pas mal en boîtes, qu'on a fait pas mal de truc)

Qu'est-ce que tu en penses, toi, d'ailleurs ? Jouer dans une boîte ?

Oui, en tant que dj c'est intéressant, mais en tant qu'organisateur, bof. Après, moi, je suis pas très boîte, parce que je me sens compressé, mais après c'est intéressant biensûr. Surtout un club comme le Rachdingue, à Toulouse le Ramier, l'Aracus à Grenoble, c'est des gros trucs, des grosses structures qui accueillent tous les gros djs. Le Rachdingue, c'est un club mythique on va dire, donc ça apporte une certaine satisfaction de pouvoir jouer là-bas. D'ailleurs, j'organise avec mon pote Néokoros une grosse soirée le premier août au Rachdingue, une soirée Hardcore-Hardtek-TechnoMinimal avec vraiment du gros.

Je l'ai rencontré Néokoros ? Ah oui t'as vu il est sympa.

Il m'a donné avec Titi ton numéro et ils m'ont dit : "tu vas voir, tu vas galérer pour le voir". Finalement non. (rires)

Bah t'as vu. Faut pas écouter les gens. Néokoros...

Empatysm aussi.

Pourquoi ?

Parce que je fais parti de CapsCore Division avec mon ami Empatysm, que lui aussi tu pourrais rencontrer. Il gère plusieurs labels et c'est lui qui m'a fait connaitre la plupart des grosses relations.

Tu fais des partenariats très souvent avec d'autres artistes et associations du coin ?

Oui, ça fait 2 ans que je fais, qu'on fait beaucoup de partenariats avec tous les artistes qu'on peut avoir. Et les artistes locaux, que ce soit des artistes locaux ou des artistes reconnus.

Que ce soit avec Neokoros ou avec CapsCore, qu'est-ce vous partager en commun ? Qu'est-ce que vous essayer de produire ensemble ?

On essaie de chacun amener nos relations et notre savoir-faire dans l'organisation de soirées parce que plus on connait de monde de notre côté et qu'on attire un certain public, plus la soirée sera intéressante. Et aussi, c'est la rencontre musicale bien sûr. Surtout avec Empatysm, on collabore plus ou moins, on essaie de collaborer musicalement.

Qu'est-ce qu'il fait Empatysm ?

Hardcore, Hardtek, Techno, Electro un peu Drum & Bass.

Vous, vous êtes une asso d'organisations de soirées. Vous n'avez pas de label ?

Non. Enfin moi, je vais créer mon label à la rentrée, mais ce sera indépendant de l'association. Ce sera vraiment mon truc à moi. C'est en projet. Mais il faut l'argent, il faut tout.

Qu'est-ce que vous faites en communication ? Flyers, sites.

Vous avez un site internet?

Oui, une page Myspace, myspace.com/tromatik6system, voilà. Après, on communique les infos par tous les sites techno qui existent et par le flyage, les affiches et les petits magazines, genre le Tafeur Agenda, Coca'Zine, tous ces trucs là.

D'accord et ils vous annoncent tous à chaque fois.

Voilà, voilà. On essaie tous les supports possibles. Et la radio aussi, dont Radio Zygomar à Perpignan. Et dès fois on fait des soirées à Radio Zygomar, si tu peux le noter ça fera un peu de pub.

J'ai vu vos fly, ils sont imprimés fond blanc encre noire...

Oui, pourquoi ? Pour le prix. Parce que, nous, on pense qu'on a pas besoin de faire un papier glacé et 7 ou 8 couleurs que ça te coûte la peau du cul pour faire venir du monde. En faisant un papier noir et blanc ça revient au même, l'info elle y est, voilà. L'essentiel, c'est le contenu. Quand tu vois le prix des flyers.

C'est dur le budget ?

Chaque fois, ce qu'on gagne d'argent, on le reclaque dans du matériel ou dans l'investissement d'une autre soirée, donc on a pas un grand fond de roulement. Parce que notre politique, c'est aussi de faire des entrées abordables. C'est pas genre des entrées à 10-15 euros, ça tourne autour de 5-6 euros. Et pourtant on propose quand même des bons artistes : notre soirée avec Desert Storm on l'a proposé à 6 euros, alors je pense que c'est, c'est honnête.

Et même au Rachdingue, vous faites ce genre d'entrée ?

Ce qu'il y a c'est qu'au Rachdingue, c'est pas nous qui décidont, c'est le Rachdingue qui impose ses tarifs, donc ça reste à 10-15 euros. De toute façon, on peut pas faire autrement.

Et le Mas Bonete ?

Le Mas Bonete on a fait 6 euros. Notre intérêt, au départ, c'est vraiment la fête libre. Bon maintenant, les lois font qu'on peut plus faire la fête librement et donc il faut un minimum d'argent, faire entrée un minimum d'argent pour pouvoir assurer des soirées, des salles et tout. Donc on fait payer juste pour se rembourser et nous faire un peu de sous.

D'accord, la free c'est la fête libre et aussi la fête gratuite. Qu'est-ce que tu penses de ceux qui disent que l'on pervertit la free en faisant payer 5 euros d'entrée ?

Quand tu vas dans une soirée à entrée payante, tu n'y vas pas avec le même objectif que d'aller dans une teuf. Dans une entrée payante, tu vas payer mais c'est pour écouter donc plutôt l'aspect musical du truc, à fond. Quand tu vas dans une free party, tu vas écouter la musique, c'est sûr, mais tu y vas

te lâcher, te faire plaisir, faire la fête avec les potes. C'est plus une communion je pense qu'une soirée en boite ou en salle, où tu y vas vraiment pour du son, mais c'est pas le même plaisir. Je sais pas si je te répond bien.

Si, si. Et donc vous, vous essayer...

...d'occuper tous les terrains. Nous ce qui nous fait plaisir c'est de jouer, de proposer nos musiques, d'organiser des soirées. Alors si on peut l'organiser dans un bar, une boîte, un centre culturel, un terrain ou le faire illégalement, nous, on joue sur tous les tableaux. On essaie d'être présent partout, on fait pas de chichi, de discrimination. Nous, on s'en fout, ce qu'on veut c'est faire la fête, organiser des soirées et peu importe la manière.. .enfin, la manière : le lieu et les conditions.

Tu es en contact avec les Shockravers d'Italie ?

Oui, justement, je leur envoie de la com, tout ça, enfin des flyers qu'il peut mettre sur son site. Je le connait pas personnellement, mais bon j'ai des contacts avec lui par l'intermédiaire du net.

C'est un bon moyen de découvrir du monde...

Surtout dans une petite ville comme nous. Si tu es un peu au cul de la France, c'est pas comme si t'étais à Toulouse, c'est une grande ville et tu as d'autres villes autour. Là, c'est un bon moyen, pour nous, de se faire entendre très loin.

Et vous avez bougé ?

Oui, dans le Grand Sud et l'Espagne. Surtout au début, à l'époque où il n'y avait pas toutes ces lois avant l'année 2001, la teuf était surtout concentrée dans l'Aude. T'avais les Mental Résistance qui faisaient beaucoup de soirées et nous, on les connaissaient beaucoup, dans l'Aude justement, il y avait pas mal de teknivals, de grosses soirées dans l'Aude.

Et à Perpignan ?

À Perpignan, c'était des petites teufs. Surtout au début, c'était moins en place le mouvement donc c'était des teufs, bon il y avait 200-300 personnes. Mais c'était pas comme dans l'Aude avec 1500 personnes.

Et ils sont où aujourd'hui ces monteurs de soirées de l'Aude ?

Les Mental Résistance ont arrêté de faire des free party. J'ai vu qu'ils avaient fait une soirée vite fait, mais ils sont plutôt axés sur la production maintenant. Et après, je sais pas trop ce qu'ils sont devenus, on s'est un peu éparpillé à cause de ces lois qui sont venues. Ça a un peu tué le truc. Il y en a ça leur a pas plu de se prendre la tête dans les salles, dans les boites. Ils sont restés dans le mouvement pur, free party et voilà "on bouge pas, on reste là-dedans", il y en a pas mal qui restent comme ça.

Comment peux-tu décrire le public de vos soirées ?

Surtout dans nos soirées on va avoir le zonar comme on peut avoir le type putain sapé , non vraiment de tout. Ça c'est bien, on amène un public assez hétéroclyte, vraiment de tout.

Même en terme d'âge ?

Ça nous est arrivé d'avoir des vieux qui se la pètent.. .comme des petits jeunes. Vraiment de tout. On a vu de tout, de tout, de tout. En riant.

Et depuis le début, vous arrivez à attirer n'importe quel public ?

Oui. Et c'est par rapport au vécu de chacun, on apporte un style, un genre de personnes. Et on véhicule une certaine bonne ambiance que tu trouves pas dans certaines autres teufs où c'est vraiment vénère je trouve. Nous, on arrive à avoir une certaine légèreté tu vois, pas de prise de tête. On prend tout le monde comme il est et voilà. Je pense que ça reste et les gens, plus ou moins, prennent du plaisir. Il y a des gens de partout qui viennent, de tous milieux sociaux.

On taxe souvent le milieu techno qui peut être un milieu à problèmes, où l'on va beaucoup boire...

...oui, c'est la réalité. C'est un peu plus prononcé que d'autres mais c'est partout pareil, mais c'est un peu plus prononcé que d'autres, c'est sûr.

Vous essayez de vous prémunir contre les excès ou d'éventuels problèmes qui pourraient se passer dans la fête ?

C'est pour ça maintenant qu'on nous impose de mettre de la sécurité, de mettre des vigiles. Voilà au Point Batterie, ils faisaient sans, mais tout le monde faisait n'importe quoi, prenait de la drogue dans tous les sens. Donc on nous impose maintenant de mettre des vigiles pour essayer, pas de les réprimander, mais de faire ça discrètement. Voilà, on est pas là pour les réprimer. Mais voilà, on leur demande de faire ça discrètement parce que après, c'est nous qu'on prend et puis après il y a plus de soirée à cause de trucs comme ça. Mais après la drogue est présente, bien présente c'est sûr. Il y a des connards partout.

La sécurité suffit vis-à-vis des autorités à blanchir l'association ?

Voilà.

Comment fonctionne cette sécurité, vous prenez une société de sécurité privée ou bien...

Oui, c'est genre 2 vigiles du Décathlon qu'on paie au black. On leur dit : "voilà vous rester peace". Ils ont l'habitude ces agents ?

Ça fait 2-3 soirées qu'ils font comme ça, mais c'est nickel, il n'y a pas de soucis. On fait venir Médecins du Monde aussi par rapport à la drogue. On essaie aussi de faire venir Médecins du Monde pour prévenir tout ça, par rapport aux autorités aussi. Ça fait mieux.

Ils sont toujours présents Médecins du Monde ?

La fois dernière, ils n'étaient pas présents parce qu'on a eu un problème, c'est qu'on est obligé de faire venir une antenne de Toulouse et qu'ici l'antenne c'est la merde pour les avoir, c'est le bordel. Donc la dernière fois, en fait comment dire, les autorités de Toulouse leur disent : "c'est vous...", c'est pas inclus dans leur travail, c'est vraiment, c'est des extras quand ils viennent. C'est pour ça qu'on doit leur fournir à manger tout ça, c'est nous qui les entretenons.

Vous avez un budget ?

On a un budget réservé pour Médecins du Monde. Ils ont leur repas, ils ont à boire, on essaie de les mettre bien dans la soirée.

Est-ce que j'aurais oublié des choses à te demander ou est-ce que tu aurais des choses à me dire pour une fois qu'un étudiant sociologue t'interroge?

Non ça va. Qu'est que je pense d'un sociologue ? Oui, par exemple.

Oui, je trouve ça bien que des gens s'intéressent, comment dire, s'intéressent à la vie quoi en fait, à la diversité des gens à tout ça, je trouve que c'est bien.

Est-ce que tu penses qu'au travers des médias, de ce que disent les gens, le mouvement techno a sa place ?

Le mouvement techno a pris sa place. Il a sa place mais il est pas pris au sérieux en fait. Il a sa place du fait qu'on peut pas faire autrement de toute façon quand il y a des jeunes qui écoutent de la techno.

Et à quoi ça sert que les jeunes écoutent de la musique techno et organisent des fêtes où il y a de la musique techno ?

Je sais pas, c'est apporté.. .c'est l'évolution de la musique et c'est cherché une certaine sensation. On va dire ça à la Trance, c'est s'élever, c'est oublier tout ce qu'on a, tout ce qu'on subit, tous nos problèmes, se lâcher sans réfléchir et rencontrer des gens sans préjugés, sans se soucier de son passé, de n'importe quoi. C'est sur le moment, sur l'instant, tout le monde partage quelque chose. Dans la musique, on cherche un état de bien-être. Moi, je le vois comme ça.

D'accord, merci.

Si t'as d'autres trucs tu m'appelles.

Entretien n° 9-10 réalisé le 15 Mai 2008 au domicile du couple Renaud (RND, dj) et Amélie, tout deux, organisateurs dans l'association Psyva.

Conditions : nous avions commencé l'entretien depuis environ 30 minutes, lorsque je me suis aperçu que mon magnétophone n'enregistrait pas. Voici donc tout d'abord mes notes écrites, puis la retranscription de l'entretien.

Notes précédant la retranscription de l'entretien :

Renaud est âgé de 25 ans et est originaire de Tours (36), Mély également. Il a débuté son activité d'organisateur en 1998 à Tours. Leur première soirée, en tant que participants, avait eu lieu dans une salle troglodyte. Puis, Renaud a décidé de partir travailler à Ibiza où il a fait la découverte des musiques Techno. Il est venu s'installer à Perpignan en 2004 avec sa copine Mély. En 2005, ils créent avec des amis l'association Psyva (composé de « psychédélic shiva »). Ils définissent leur musique comme de la Full On, une trance « plus claire et plus musicale ».

Retranscription de l'entretien enregistré :

(Nous étions en train de parler du public des différentes soirées Techno.)

Renaud : Et donc en fait de voir le milieu de chacun, ça m'a montré que il y avait dans la HardTek, moi je l'ai interprété comme ça, que dans la Hardtek, quand les gens y vont.... il y a la catégorie des gens qui y vont vraiment pour la musique et il y a ceux qui y vont pour se dépouiller et ils y vont, ils se mettent dans une sphère, ils se mettent dans leur sphère, ils se rencontrent, les boules, elles se parlent entre elles, enfin je le vois comme ça. Les boules se parlent entre elles : "oui, machin", et c'est que des boules qui se déplacent dans un univers bien à eux, chacun. Et ils y vont pour évacuer quelque chose ou pour la musique ou pour ressentir quelque chose, je sais pas, mais c'est très individualiste contrairement à la House où c'est très bon chic bon genre....

Amélie : la House

Renaud : Après tu as plein de types de House : tu as la Prog, tu as la Deep, tu as la Happy, enfin tu as plein de trucs différents, tu as aussi la Hardhouse. Après la House en général est en train de devenir vraiment très bon chic bon genre, image très soignée et tout. Bon c'est bien mais c'est que des semblants, si tu veux. Tu vas pas avec les gens, il y a pas de trucs profonds, il n'y a pas de liens. C'est : on va bien s'entendre, on va passer une bonne soirée mais bon, c'est du semblant. Alors que tout ce qui est Trance, les gens sont vrais. Tu vas rencontrer des gens, ils vont vraiment s'intéresser à toi, ils vont te parler. C'est comme ça que je l'ai interprété.

Ce n'est pas plus une attitude qu'une réalité ?

Amélie : oui je pense que c'est une image qui se colle à la musique comme un punk, un rocker ou un rasta avec des dreadlocks... c'est vrai qu'on a eu l'occasion de faire 2 festochs à l'étranger, donc un au Portugal, je sais pas si tu connais [le Boom.] le Boom, voilà et un, c'était en Espagne à la frontière. C'était le premier d'ailleurs.

Renaud : c'est C., si si c'était C., l'Omni Festival.

Amélie : l'Omni voilà et c'est vrai que quand tu arrives.. .j'ai eu l'impression que cette musique me collait à la peau, c'est plein de couleurs, les gens sont happy, ils sont là avec leur camion, les gamins qui courent, les cheveux longs...

Renaud : avec les gamins qui courent, limite !

Amélie : non, oui, t'as le dancefloor qui est là, mais je veux dire, ça fait 20 km. Mais c'est toute une population, tu sais tu retrouves les hippies et là tu as un partage. Je sais pas mais moi, j'adore.

Renaud : c'est la musique aussi. Musicalement parlant, c'est la seule musique où j'ai retrouvé, où tu as vraiment envie de danser parce que ça punche, c'est pas trop, et en même temps ça peut t'emmener musicalement, les mélodies, les harmonies qu'il peut y avoir dans la musique, ça ça me.. ..moi, je trouve ça, c'est génial, à chaque fois que j'en écoute ça me fout la patate. Et pour ça, pas besoin de drogue. Je te le dis, c'est l'une des seules musiques où j'ai vu plein de gens qui disaient :"moi je prend rien", parce qu'ils n'ont pas besoin. Quand t'écoutes même de la Trance Naturelle, Highlight Tribe, des groupes un peu tu vois, c'est de la bonne musique pêchue, c'est pas de truc....De la Hardtek, c'est très répétitif, c'est machine, c'est machinaliste même, la House c'est super beau, il y a de très beaux morceaux. À Ibiza, j'ai vu de super beaux morceaux avec des vraies grattes, des vrais saxo, des trucs vraiment très bien faits. Donc la House aussi c'est pas mal. Et donc la Trance, c'est le seul où vraiment...la House ça manque un peu, tu vois, c'est un peu trop... .l'autre, c'est vraiment, je sais pas tu vois, ça a son truc. C'est la musique qui fait ça.

Vous savez comment ça a été créé la Trance, son histoire ?

Renaud : alors là ! Non. T'en sais sûrement plus que nous là-dessus. Amélie : euh... .c'est peut-être passé par Israël et par ...

Renaud : je sais où et comment ça se produit beaucoup, mais après comment ça s'est créé non. Toi, tu le sais.

Je pense pas qu'il y est d'écrivains assez vieux pour l'avoir écrit, c'est un rythme ancestral. Mais la Trance Electronique est apparue à Goa avec beaucoup d'Israëliens qui y partaient contester ou fuir leur régime là-bas.

Renaud : la musique psychédélique, moi j'interprète ça comme la suite du Rock Psychédélic un peu de ces années, tout.

C'est du Rock Psychédélic qui était joué à Goa avant de partir sur de la musique électronique.

Renaud : à Ibiza, c'était pareil. À Ibiza, c'était des granges de Rock et tout, des mecs venaient faire des concerts de Rock Psychédélic. À Ibiza, tu as de la Trance Psychédélic, à mort aussi, qui est une communauté plus petite que celle de la House mais tu as des très grandes soirées, tu as GMS (Growling Mad Scientits) qui ont une maison à Ibiza, et Highlight Tribe qui ont une maison à Calador à Ibiza, donc tu as vraiment...

Vous avez fait combien de soirées depuis 2005 ?

Renaud : alors là ! Une, deux, trois, quatre, cinq, c'est ça et là on attaque la sixième. C'est pas énorme.

Amélie : on en fait pas beaucoup, parce que c'est vrai que, c'est vrai que... Renaud : ça prend du temps, ça prend du temps.

Amélie : c'est du temps et en même temps, je préfère en faire une ou deux par an, mais dans des beaux lieux...

Renaud : . . .que d'en faire à tire-larigot, c'est clair. Tu vois, là, on a prévu d'en refaire une au Mas Bonete, on voulait quand même en refaire une de cette capacité là, parce que voilà, on avait on avait les artistes de préparer, donc on voulait en refaire une. Mais normalement, même à Arles-Sur-Tech, on l'a refait parce que la première a été... .c'était la première quand on est arrivé sur la région en fait. On avait appelé ça je sais plus comment "Selena de la Luna" et c'est vrai que c'était pas du tout en fait....on avait voulu faire un beau plateau, c'était démesuré et on avait fait 250 entrées peut-être.

Amélie : oui mais c'était le premier de l'an

Renaud : oui, c'était le nouvel an, oui c'était le bordel. C'est le nouvel an, donc t'as une équipe de sécu, elle te dit : "bah nous c'est plus le truc qu'on te fait, c'est le double". Tout augmente le nouvel an.

Amélie : au niveau des soirées comme on t'a dit, nous, on aime bien les faire avec nos amis. C'est notre motivation de se regrouper, en plus maintenant on est éparpillé dans toute la France. Donc c'est nos retrouvailles et vraiment dans un endroit sympa où oui c'est un cachet. C'est le cachet qui fait que ok là on peut s'organiser.

Vous vous retrouvez tous pour ces soirées ?

Amélie : oui c'est marrant.

Renaud : oui il y a une équipe de Bordeaux, de Tours, de.. .maintenant de Bayonne... Amélie : maintenant, un petit peu en Espagne avec M.

Renaud : il y en a un peu partout qui viennent. C'est délirant, ça me fait marrer. Amélie : on a réussi à créer en fait, comme une chaîne, c'est marrant.

Renaud : c'est l'occasion de se retrouver tous ensemble aussi tu sais comme on pourrait louer une villa je ne sais où et faire la fête, et bien là c'est la même chose sauf qu'en plus on en fait profiter tout le monde.

Amélie sur un ton plus affirmatif : je voudrais pas que ce soit une usine en fait. Les soirées qu'on a fait, on s'en rappelle, on a toujours des anecdotes. Mais je voudrais pas en faire beaucoup comme par exemple Mystic Chrysalide, biensûr que eux c'est pas la même vision. Alors je sais pas si tu as parlé avec eux. Bien sûr que eux, ils en font tous les 3 mois. Nous c'est vraiment, oui c'est une passion que tu as et que tu veux pas en faire comme une industrie.

Renaud qui renchérit : en plus plus ça prend du temps et j'aurais de moins en moins de temps. Là à l'heure actuelle, j'étais dans les alarmes juste avant, j'ai arrêté, j'ai eu un licenciement économique avec une boite qui a coulé. Et là j'suis en train de monter une boite dans les énergies renouvellables, donc je vais avoir de moins en moins de temps. Et déjà ça commence à ralentir un peu, même si les gars, à côté, on fait des réunions avec.. .parce qu'il y a un noyau qui est à Perpignan, qu'on a rencontré ici...

Amélie qui coupe : c'est ça qui est épatant en fait

Renaud qui poursuit : qu'on a rencontré ici et tout, c'est vrai que ça commence à arriver parce que, moi, je voudrais essayer de m'en détâcher, parce qu'avant je faisais tout. Puis on s'en rend pas compte, même si c'est une petite soirée, bon, moi j'appelle ça une petite soirée, t'as énormément de taf, à monter les dossiers, à aller demander les, les demandes, à prendre des mesures pour la décoration pour bien incorporer la décoration, à aller louer le son, appeler les djs, à aller régler avec ceux avec qui ça va pas, payer ce qu'il y a à payer, il y a plein de trucs. Et c'est vrai que, là, je vais m'en détâcher de plus en plus.

Amélie : c'est ça qui est épatant ! Parce que quand tu as commencé, t'avais quoi, t'avais 23 ans et en fin de compte, voilà sa passion, sa passion, elle est 5 ans après, voilà : l'association avec 5 soirées, en tout cas dans la région des PO c'est 6 soirées mémorables, avec un regroupement de personnes qui sont motivés, qui sont autant motivés. Là, on a été chez P. Et B., ils ont une agence. Et donc pareil, en bas, il a fait son studio [Renaud : c'est que des gens passionnés.] il a dit :"ah oui, je marquerais Psyva parce que voilà, il est accroc à l'association, il crois en nous et voilà c'est génial". Et donc ça a commencé de lui et donc faut voir le temps qu'il a mis et sa passion qu'il a donné aux autres. Donc vu que moi, je vis avec lui, donc je vis à ses côté, j'ai trouvé ça... .bah oui, en même temps c'est vachement beau et c'est vrai que le temps qu'il passe à l'association il le passe pas avec moi donc j'suis dégoûté (en riant). "Donc ouai, on va à Barcelone ce week-end. Bah non, je dois regrouper les artistes...."

Comment vous les trouvez les artistes ? Renaud : il y a de tout

Amélie : au début on a essayé de faire des échanges, c'est-à-dire que chaque fois que l'on faisait une soirée, on essayait d'inviter des gens que l'on connaissait, des assos qu'on connaissait pas.

Renaud : toujours tu fais ça. Il y a toujours eu notre noyau. Donc en fait on a 3 Djs Trance, 1 Djs Prog et un autre qui est en train de se reconvertir en ___, parce que moi, je ne veut plus faire de Minimal et compagnie, ça c'est les Mystic qui font ça. Nous au début, on a fait un peu la même chose parce qu'on a rencontré des gens qui faisaient ça, mais c'est pas.. .j'aime pas cette musique. J'aime beaucoup l'Electro, mais ça la Minimal, ça me...ça me ressort par les oreilles. C'est acide, c'est...je sais pas, je comprend pas. Je leur ai dit encore ce week-end, je veux que là, on en fait une dernière pour la prochaine. Déjà il y en a un qui était prévu et qui sera pas là et on remplace tout ça par de la Trance Progressive pour rester vraiment dans le milieu Trance et donc il n'y aura plus de Minimal. Donc là cette soirée, il y aura encore un ou deux Djs qui font de la Minimal et le reste c'est que de la Progressive. Et du coup on va...en fait, si tu veux, les Djs, ils sont....je sais pas pourquoi on en est là.

Si, si, je t'ai demandé comment vous construisiez les line-up, si vous faisiez des partenariats avec d'autres associations...

Renaud : Et bien en fait, les...

Amélie : oui c'est ça et du coup ça lui permettait, à lui, d'être invité dans d'autres festochs.

Renaud surenchérissant : il y a Electrom, je sais pas si tu connais Electrom du Mans, là ils ont préparé un truc. Ez3kiel, tu connais le groupe [oui]. Donc ils mettent Ez3kiel en première partie de la soirée et après ils font une soirée avec Subsiss (?), Kset (?), enfin avec que des gros gros d'affiche avec 40 euros sur place, 20 euros à l'heure actuelle en prévente pour le 1er novembre, un truc comme ça, le 1er week-end de novembre. Et donc là ils viennent, en fait, le Président et coPrésident, parce que c'est des potes, R. Et puis F., ils viennent à notre soirée là. Donc il y a ces deux Djs qu'on a jamais fait venir. On refait venir un autre Dj, Sangohan, avec qui on s'entend de plus en plus. On peut-être faire des choses sur Saint Etienne, Lyon parce que lui il est sur Saint Etienne, il a une autre association sur Saint Etienne. Donc on est en train de voir aussi pour faire des projets, pour se mettre ensemble parce que, on a voulu faire au début avec les Mystic, si tu veux, parce que tout de suite, on s'est très bien entendu avec les Mystic. D., qui est dans notre association, était un des fondateurs avec M. Et donc, le père D., c'est un de mes meilleurs potes ici, on peut dire que c'est un mec avec qui tu peux pas te prendre la tête. Mais bon, C. Et M., enfin M. est super, mais bon C., ..., elle lui pourrit un peu son univers, si tu veux. Elle a pas trop la mentalité du truc. C'est du genre à dire à 10h30 : "c'est bon on a fait notre quotat, quand est-ce que les gens se barre". Je sais pas, tu fais une soirée, t'annonces une heure, c'est l'heure, c'est comme ça. Du coup, si tu veux, D., il est venu, il y a eu des histoires à la con, enfin je te passe les détails [oui, c'est pas ce qui m'intéresse. (je les connais tous et je ne veux pas entrer dans leurs conflits personnels)], et puis du coup il est venu avec nous. À l'origine, D. était un des fondateurs des Dragon Hunter, il était fondateur des Dragon Hunter avec C., après il est passé chez les Mystic parce que les Dragon Hunter c'était trop énorme, et lui, il pouvait pas bouger partout et tout, et le passage avec Mystic et du coup, il est venu avec nous. Et donc c'est vrai avec D., on arrive à avoir une qualité de plateau au niveau des line-up qui fait que.. .lui, il arrive à rencontrer parce qu'il est beaucoup sur le net, il arrive à rencontrer des gens super sympa, il sympathise bien avec. Et du coup ça nous amène des mecs comme Digicult qui viennent, et Mekkanikka, c'est un vieux de la vieille.

Amélie : sur les forum...et puis au début ça commençait par J. aussi, qui t'as fait connaître le premier live, il était super, les deux jeunes qui ont mixé à Tours. Le monde est petit quand même, c'est une petite famille, sur toute la France. Il y en a pas tant que ça des gens qui sont accrocs à la Trance comme lui.

Vous l'avez annoncé très tôt cette soirée ?

Renaud : on a toujours voulu faire ça parce que comme ça, d'une, les gens, hop, ils font une croix sur leur calendrier, ils sont au courant ; nous, ça nous laisse le temps de préparer sans se speeder parce que 2 mois à l'avance...

Amélie : c'est au Mas Bonete, c'est ça qui est dommage parce que là ça va faire comme les Mystic. C'est bien, ça va faire la quatrième, les gens se sont habitués, ils connaissent bien le lieu. Mais on aurait pu innové. Je sais pas, à Salses, à la forteresse, ça aurait été génial. On a été visité et "ah, c'est un projet de jeunes, ah bah non, non, non". Ou peut-être qu'on connait pas assez bien la région, mais apparemment Mystic ont le même soucis aussi.

Renaud : et pour ça Céline, elle est forte. Quand il faut aller demander quelque part quelque chose. Ça, là-dessus, elle est nikel. Au niveau des administrations, tout ça...

Amélie : Manu et Céline, ils sont hyper clean. Quand on est arrivé dans la région, c'est vrai qu'ils t'ont filé plein de tuyaux.

Renaud : tu vois, on a essayé de faire une co-association parce que, moi, le but je le vois comme ça. Déjà, mon objectif final, ce serait un festival et j'ai toujours commencé les associations, et je le dis et je veux faire un festival, mais je veux pas faire comme C. et faire un festival tout de suite parec que si tu te foire, d'une, t'as du monde qui va te pourir après, de deux, ça coûte des sous.

Vous avez un gros stock de déco ?

Renaud : bah non, nous en fait, c'est fini. Mon garage, ça devenait un entrepôt donc on a arrêté ça. Moi, j'ai tout détruit et maintenant, c'est des gens qui font ça, c'est des...ou c'est des associations comme les Wakatoo, parce qu'ils ont une association, ou alors les autres, l'autre association de St Etienne, qui viennent, qui fait des trucs super, Xoria (?)...

Amélie : c'est vrai que, on délègue de plus en plus et ce qui est bien...

Renaud : on essaie de faire de moins en moins de chose pour gérer vraiment que l'intérieur de la soirée et pendant la soirée.

Amélie : et ça fait venir des petits clans de différentes régions, c'est sympa.

Renaud : le chill-out, c'est un gars qui s'occupe de monter tout son barnum et tout. On va faire un chill-out de...ça va faire à peu près 50 m2...

Amélie : ça se développe, comme une mini-entreprise...

Renaud : enfin tout ça pour arriver à faire un festival et quand on aura fait le festival, je sais pas parce qu'après bon, je sais pas comment ça va se passer, même l'année prochaine, je sais pas comment ça va se passer ....Mais, moi, le truc c'est d'arriver à rassembler tout le monde, de faire des, des.. .pour moi, je voulais faire vraiment un gros trucs, c'était mon idée, mais bon. Ça par contre je voudrais pas que tu le dises.. .(Je respecte sa volonté. Ma position est si proche et compréhensive qu'ils vont jusqu'à me confier leurs secrets.). Mais tu peux pas le faire tout seul. Je veux dire que nous, on a beau être 20-40, maintenant, on est de plus en plus. Avec tout le monde, on est à 50 sans problème. Mais tu peux pas le faire tout seul. T'as besoin d'avoir d'autres structures et puis de s'associer et puis de faire des trucs ensemble pour arriver à faire des gros trucs comme ça. Les concerts, tu vois, Ez3kiel, tout de suite, je l'ai dit, putain, ça fait 2 ans que je dis qu'on pourrait faire des trucs un peu open, des trucs cool, un vrai concert, des vrais musiciens. Pas comme Highlight Tribe, parce qu'ils sont passés partout, mais tu vois, des, des...je sais pas, tu vois le délire, des Nosfell, des trucs super sympa, des bons concerts au début. Ou alors le top, Radiohead. Un truc qui sorte un peu de l'ordinaire, parce que voilà, c'est bien, ça fait évoluer le mouvement, les choses...il y a pas de raisons que ça marche pas après.

Je vais juste vous poser une question, pour qu'on l'enregistre (nous en avions parler juste avant l'enregistrement) : comment peut-on se prémunir contre l'interdiction ?

Renaud : c'est-à-dire ?

Que fait un organisateur pour se prémunir d'une éventuelle interdiction d'organiser ?

Renaud : ce qu'il doit faire. C'est le mec de sécurité.. .c'est ce que la préfecture dit en fait. Si tu veux, quand tu vas voir la préfecture, c'est un autre dossier, je l'ai pas mis là-dedans (Renaud avait préparé, pour me le montrer, un dossier rassemblant les textes de lois encadrant l'activité d'organisation de rave), mais : "nous ne sommes pas soumis à déclaration préfectorale étant donné...", alors voilà, il y a le décret 2006/3 34 du 21 mars 2006 portant modification règlementaire de la règlementation relative aux soirées dites "rave-party", ce dernier porte de 250 à 500 l'effectif prévisible de personnes présentes sur le lieu du rassemblement et donnant lieu à une obligation de déclaration". Donc ça veut dire que tu vas les voir même pour dire que tu vas faire une soirée, si ils voient qu'il y a moins de 500, s'ils voient qu'il y a 500 personnes ou moins, ils diront que c'est pas la peine de venir nous voir, donc bon, tu fais ton dossier et ils te disent ce qu'il faut dans ton dossier, ce qu'il faut qu'il y ait comme services minimums: les sanitaires, les machins, que ta salle soit vraiment une salle à louer, donc dans la norme et tout. Et à partir du moment où tu as fait ce dossier, il y a pas de problème.

Amélie : il y a ce dossier, il y a aussi connaître toutes les lois donc avoir quelqu'un qui s'y connait en juridique par rapport aux assos et aux évènementiels, et après c'est aussi toute l'équipe de sécurité. Je sais que toi, tu as toujours mis un mot d'ordre à avoir plus de 3 à 4 mecs justement pour pas avoir des problèmes de drogues ou même de vol de voiture...

Renaud : oui, parce qu'il y a toujours des trucs. Moi, je sais pas ça m'est jamais venu aux oreilles ça. J'ai toujours entendu et appris au fur et à mesure, mais longtemps après, ce qu'il s'était vraiment passé. Parce qu'en fait on a pas le temps de tout se raconter, il se passe tellement de chose. Mais bon c'est vrai, il y a eu des bagnoles qui se sont faits cassées, je crois. Mais c'était même pas la nôtre.

Amélie : Tout ça peut débouler à des plaintes et donc à des interdictions aussi. Et puis aussi, le dernier truc qu'on a fait, la dernière réaction qu'on a fait quand on a su pour la petite minette de Mystic, on s'est inscrit à Technopol. Ça c'est des grosses associations, et je pense, qui peuvent te soutenir. C'est des assos, c'est comme un QG des petites assos.

Elle est très rattâchée à l'organisation de la Techno Parade !

Renaud : c'est complètement ça, ils sont bien, ils sont bien placés. Ces cons, ils ont des contacts assez haut placés et quand il y a des problèmes, tout de suite ça s'arrange mieux. Il vaut mieux être à leur côté et puis participer à leur mouvement et qui pourront t'aider un jour ou l'autre. Tu sais pas ce qu'il peut t'arriver, c'est pour se préserver. Et pour ce qui est de se préserver aussi parce que le problème c'est ça, c'est l'incitation à la drogue, c'est ça souvent qu'on risque en tant qu'organisateur et puis ça va l'être dans tous les cas pour Psyva, ça va être de raffermir avec les mecs de la sécu qui vont avoir pour mot d'ordre d'être beaucoup plus vigilants qu'ils ne l'étaient et puis de faire respecter les règles qu'on aura établi, à tout niveau. C'est-à-dire que dès qu'ils voient quelqu'un qui est en train de vendre quelque chose, il le fout dehors. On est pas là pour prendre ses trucs, on a pas les autorisations pour le faire, le mec on le fout dehors et si le mec il insiste et qui continue sur le parking, on appelle les flics pour qu'ils viennent. Et on va être obligé vraiment d'être très dur par rapport à ça pour pouvoir, si on veut continuer à organiser des soirées. Donc il va y avoir un taboo par rapport à ça parce que les gens, ils vont dire : "eh c'est quoi ce bordel et tout". Mais ils vont devoir s'y faire parce que sinon de toute façon il n'y aura plus de soirée, c'est clair.

Pour toi cette musique, elle reste une musique artistique ? Renaud : oui, complètement.

Est-ce que vous avez déjà essayé d'avoir des subventions pour fonctionner ?

Renaud : Non, mais on y pense depuis, pour les projets qu'on a de 1500 personnes, ça on y pense. De toute façon, on va être obligé quasiment, d'avoir des subventions.

Et tu sais à qui t'adresser ?

Renaud : et bien, tu as le Ministère de la Jeunesse et des Sports, le Conseil Régional et déjà quand t'as frappé à ces 2 portes si t'as rien. Enfin, après ils vont sûrement nous donner d'autres trucs, il y a sûrement d'autres petits organismes, mais les plus gros c'est ceux-là.

Vous avez fait une soirée au Rachdingue, pourquoi ?

Renaud : ah, mais alors ça ! J'aurais pu ne pas la faire, je ne l'aurais pas faite. C'est un ancien de l'association, avec qui on s'est séparé là récemment [Y.], oui, Y., avec qui on a pas du tout. Tu l'as vu ? [Oui, je le connais] On avait pas du tout le même état d'esprit et lui je sais pas du tout ce qu'il avait. Lui comprenait pas trop. Il y avait pas mal d'histoires par rapport aux gens qu'on avait rencontré comme nos potes. Moi, c'est mes potes d'enfance, je faisais du foot avec eux, on se connait depuis qu'on est tout petit si tu veux, donc c'est vraiment un truc familial qu'on a fait. On a fait un truc avec les meilleurs amis. Ceux qu'on a rencontré ici, ça commence à devenir de très bons amis, mais ils ont pas l'expérience que j'ai pu avoir avec tous mes amis, tous les trucs qu'on a pu faire ensemble. Et du coup, on a fait ça très familial donc si tu veux, c'est ouvert à tous. Mais le Y., il commençait à, je sais pas, à gratter un peu des trucs. Il nous soupçonnait même de prendre dans la caisse, des trucs comme ça. Mais, moi, je veux dire si je veux prendre dans la caisse...ça crée un truc malsain.

Amélie : il nous voit se donner à fond, même introduire de l'argent. Donc j'étais là : "mais ça va pas, pour une soirée tu vas pas mettre nos économies". Et au bout de 2 ans tu entends ça. Alors que c'est quelqu'un qui avait participer peut-être à 2 réunions. Mais je crois qu'il y aura toujours des gens comme ça dans la vie.

Renaud : après faut respecter, on était pas sur la même longueur d'ondes et bien tant pis, enfin moi je suis comme ça, j'aime pas me prendre la tête.

Donc c'était son idée cette soirée au Rach ?

Renaud : oui, c'était lui qui avait monté ce projet là et je sais plus pourquoi, il pouvait plus l'assumer donc il nous a dit : " si vous voulez, quand on sera rentré on pourra faire ça là-haut". Donc on a fait ça là-bas. On a pas eu beaucoup de personnes, on a payé...

Ce n'était pas dans votre projet ? Renaud : ah non, pas du tout.

Amélie : et puis tu vois, c'était dans un lieu plus ou moins public, même si le lieu est quand même super magnifique, mais je trouve que ça l'a pas forcément fait.

Ce n'était pas l'esprit de votre asso...

Renaud : pas au niveau.. .dans une boite, j'ai toujours dit non et puis après il a réussi à me convaincre parce que Y. je l'aimais fort, c'est quelqu'un, je l'ai laissé entrer dans ma vie en plus de l'association. Dans tous les cas, il avait ce projet là, et puis la boite, moi, j'ai toujours dit non, je ferais jamais de trucs dans un boite parce que j'aime pas les boites, je vais jamais en boite. J'adore les soirées avec ce côté libre, où tu peux faire ce que tu veux, t'es tranquille. On est pas là pour te juger, rencontrer des gens sympas. Ça va pas être : tu vas bousculer des gens et ils vont te dire : "quoi qu'est-ce t'as". Ou tu vas regarder une nenette, il va dire : "eh tu regardes pas ma meuf". Tu vois dans cette boite, tu regardes les bastons qu'il y a dans les soirées, à mon avis, il y a plus souvent des problèmes dans les discothèques que dans nos soirées. Donc on refera pas en boite. A moins d'un gros truc, je sais pas, s'il faut, on va être obligé de se retourner vers les discothèques, je sais pas. Mais ce sera dans ce cas pour des grosses, grosses soirées mais pas pour des petites soirées comme ça. Là ce sera avec des grosses têtes d'affiches qui feront venir 1500 personnes minimum, des gros trucs.

Avec la trance, vos soirées sont obligés de durer 24 heures ou 12 heures ?

Renaud : elles commencent à 11h jusqu'à 12h et même je serais plus d'avis, récemment par rapport à ce qu'il s'est passé, de commencer à 11h et de finir à 10 ou 11h parce que généralement vers 10h il reste plus qu'une foulée de déchaînés, qui vraiment, tu vois...

Amélie : ça dépend, moi, je le vois pas du tout comme ça. Parce que dans un festoch, moi, j'aime bien le petit matin. Enfin, je dors en pleine nuit et le petit matin je me lève. C'est ce que je préfère : les gens sont happy, ils se réveillent. Et ça, je peux pas...je l'enlèverais pas. Mais c'est après que dans de petites soirées, par exemple Mystic, parce c'est pas vraiment des tranceux, c'est des gens qui sortent de boîte, qui savent pas trop. Je veux pas faire de différence mais c'est vrai que.. .mais bon à 8h tu peux que rencontrer des gens, qui cuvent ou qui décuvent. Mais dans des grands festochs désolé, la mentalité, tu, tu l'enlèveras pas, c'est quand même de la bonne musique, avec des gens qui sont happy et je trouve ça bien. Je dis qu'il faut continuer jusqu'à midi. Ça permet de...

Vous ne pensez pas qu'une fête qui dure 12 heures incite les gens à prendre un peu de tonus ?

Renaud : les gens, ils en font ce qu'ils veulent mais moi, je pars du principe et je suis le premier à faire ça, dès fois quand j 'ai envie de rester le soir pénard avec ma femme, parce qu'elle bosse (elle est infirmière, elle bosse le dimanche). Je dis pas que tout le monde fait ça mais bon, je le vois comme ça. Et que j'ai quand même envie d'aller à la soirée : je vais mettre mon réveil quand elle va partir au boulot, à 6h30-7h, je vais me préparer et je vais y aller pour 7h30-8h et profiter jusqu'à 12h. Donc après, il y a aussi des gens comme ça aussi, donc chacun en fait ce qu'il veut quoi.

Amélie : c'est vrai qu'il y en a qui viennent à toute heure, je veux dire, tout le monde n'arrive pas à 11h. Il y en a qui arrive à 11h, 12h, 3h.

Renaud : il y en a qui vont en boîte avant, il y en a qui viennent dès le début, il y en a, avant que ça ouvre.. .chacun après, vraiment, je veux dire, il y a cette soirée, on essaie de faire en sorte que.. .c'est sûr...je sais pas peut-être. Peut-être, c'est comme tout, après je sais pas. Est-ce que les boîtes, ça incite pas à prendre de la drogue ? Est-ce que les bars, ça incite pas à boire ?

On va accuser la nuit (en plaisantant). Vous avez déjà penser à faire une soirée de jour ? Amélie : bah oui, Christophe, c'est ce qu'il va faire.

Renaud : non, mais pas le festival. Moi, j'avais déjà pensé à faire ça un week-end. Commencer le matin, et finir le soir, en plein week-end.

Amélie : par contre on fait beaucoup moins de monde et qu'on invite qu'un dj sur 3 heures ou sur 4 heures, c'est-à-dire de 23h à 2h donc faire comme un concert en fin de compte. Mais ça change la donne, ça change...

On appelle pas ça un live ?

Renaud : si, mais le problème c'est que les gens vont pas venir, ils viendront, ils se déplaceront pas. Les gens, si jamais t'arrête à 5h, ils viendront.. .t'auras personne. C'est sûr et certain. Tu regardes souvent dans les évènements, ça se fait pas quoi. Si, quand il y a des trucs dans les petits bars si. Si, tu peux le faire pour des petits trucs. Mais pour des organisations avec plusieurs djs et tout.

Amélie : tu peux organiser toute ta soirée sur un live ou sur une tête d'affiche qui viennent avec...le concept d'un concert. Que tu ais un première partie et une deuxième partie, voilà, c'est vraiment le truc musical qui s'arrête là.

Renaud : les gens, dans ce milieu là, ils boycotteront ou alors après, ils s'organiseront pour faire une after, enfin je sais pas.

Pourquoi ?

Renaud : parce qu'ils ont besoin, sûrement, que ça dure, de faire la fête tout le week-end, je sais pas.

C'est pas un des caractères de la fête techno : on commence à danser, s'échauffer, peut-être être en transe avec un "s" et ne plus vouloir revenir à la réalité ?

Renaud : ah je pense pas. J'espère pas en tous les cas pour ces pauvres gens. Moi, je suis bien dans la réalité.

Amélie : partir en transe en même temps, ça soulage, ça défoule, t'oublie ta semaine. Si tu pars en transe juste avec la musique, moi, je trouve ça beau, j'ai besoin de la musique pour me défouler dans la vie.

Renaud qui lui répond : les gens, ils font ce qu'ils veulent, ce qu'ils comptent c'est qu'ils aiment bien. Moi, ce que je veux, c'est voir les gens danser donc voilà. Donc c'est ce qui me fait plaisir, en tant que dj, c'est normal, de voir les gens danser sur ta musique. Donc déjà, si les gens dansent et qu'ils s'éclatent et tout, je veux dire, c'est comme dans une valse musette, on va pas demander pourquoi les grands parents ils vont danser tout un après-midi, sur un parquet tout un après-midi et qu'après ils vont avoir mal aux jambes. C'est comme ça, les gens, faut qu'ils s'éclatent, c'est festif.

Quels sont vos moyens de communication ? Renaud : avec qui ?

Pour communiquer vos soirées ?

Amélie : les fly et le net

Renaud : le net et puis la voie fly, la voie papier. C'est-à-dire par le net ?

Amélie et Renaud : sur les agenda, sur tous les sites de musique, on essaie d'être partout. On est sur Myspace aussi et sur Facebook. Ah non on est pas sur Facebook. . .voilà ça marche bien en ce moment, enfin es jeunes sont bien connectés.

Je vous ai contacté par le Myspace.

Amélie : Voilà. On a eu plein de contacts comme ça. C'était assez sympa d'ailleurs. Est-ce que vous vous en server pour découvrir d'autres artites ?

Renaud : j'aimerais bien, il y a des tas de choses que j'aimerais faire mais j 'ai pas le temps. J'aimerais bien, Bass, il me le dit : "fais-le, fais-le". C'est même pas moi qui m'occupe du label.

C'est S. qui gère ça ?

Renaud : oui

Amélie : il y a aussi une question entre la vie professionnelle et le moment où... C'est pas votre activité principale, tu veux dire ?

Renaud : bah non, comment on paie le loyer, comment on se paie ce qu'on aime. C'est pour ça que ça me fait rigoler quand je repense à Y. on en a reparlé, moi, ça me fait doucement rigoler Du pognon, c'est pas ça. Moi, j'ai un papa qui est chef d'entreprise. Alors ça n'a peut-être rien à voir ou quoi, mais il m'a formé, formater pour que j'ouvre ma boite et c'est ce que j'ai eu envie depuis tout jeune, donc là je vais arriver à le faire à 25 ans, je trouve ça super bien et. ..j'ai mon, père il a commencé de rien, il a réussi, il m'a formé à la dure. Quand j'ai arrêté l'école, il m'a dit : "si tu veux arrêté l'école, parce que t'es un cancre, bah tu vas en chier". J'ai fait de la plomberie, de la charpente, j'ai fait plein de corps de métiers différents. Mais bon, voilà quoi, après, je vais dire, on a rien sans rien. C'est bien beau de dire : "bah lui, ça se trouve, il détourne des sous", "peut-être qu'il fait ça". "Fais quelque chose de ta vie, je sais pas". Pour moi, l'association, c'est une passion. Je l'ai pour passion. Tiens regarde ce qu'on a fait, c'est un petit bouquin. C'est quelque chose que j'aime, je trouve ça beau.

Génial, c'est quelque chose qui vous appartient, ce n'est pas pour distribuer ? (il me montrait une sorte de Book de Psyva, où s'entremêlait textes et photos expliquant l'association.)

Renaud : non, c'est pour présenter, pour avoir les salles en fait. C'est finalement un Book ?

Amélie : voilà, tout à fait.

Renaud : on va le refaire, on l'a fait vite fait pour avoir des salles récemment. Mais bon, l'idée est bien déjà.

Et vos fly, comment vous les construisez ?

Amélie : maintenant, c'est nous deux avec Photoshop

Renaud : là, le dernier c'est un infograhiste, un professionel du milieu avec des prix que tu trouveras jamais. Parce que, c'est vrai, dans le mileu tout est moins cher. Tu gagnes très peu d'argent quand tu fais des soirées, donc heuseusement que tout est moins cher. Sinon tu pourais pas faire de soirées.

Les photos, c'est vous qui les avez prises ?

Renaud : au début oui et après, il y a un mec, qui un mec qui l'a...je sais plus comment il s'appelle... Sangohan, qui a pris. Bon les premiers, on prenait vite fait des photos, en fait on récupérait surtout les photos des autres. Pour celles-ci c'est plutôt un mec qui a fait ça avec un trépied et un appareil, c'est nickel. Tu vois tout de suite la qualité des photos.

En effet, là vous avez essayé de créer un univers...

Renaud : bah oui c'est ça, c'est celle qu'on a fait au Mas Bonete. Et celles qui arrivent, c'est encore meilleur. Parce que là...

Et par rapport au fly, là, je ne les ai pas emmené avec moi, mais j'ai en tête le Psyvalis et j'ai en tête le dernier, vous utilisez des fractals, des lasers, des bouddhas...

Renaud et Amélie : oui, oui, de la mythologie,...

Qu'est-ce qu'il y a ? c'est la nostalgie de Goa ?

Renaud : non, même pas. C'est la spiritualité, c'est les énergies, c'est...et puis c'est beau. C'est une religion alors ?

Renaud : non, non, non, non, non. C'est.. .c'est rien.. .c'est, c'est.. .c'est beau, moi je trouve ça beau. Est-ce que c'est sérieux ou non ?

Renaud : ah non, c'est beau

Amélie : peut-être qu'on ne le sais pas encore, mais c'est vrai que ça peut être un évènement, avec une certaine de la spiritualité où les gens, ils sont libres, où ils font ce qu'ils veulent. Et c'est vrai que, il y a comme une...

Renaud qui coupe : moi, je sais que les images sont belles. Quand tu les regardes avec le temps et tout, c'est vrai que ça change, mais je les trouvais belles quand on les a prises pour faire, tu vois. Comme la décoration, je trouve ça beau, il y a des trucs que les mecs ils font et tu te dis : "mais comment ils font ? C'est pas possible". Et puis après, les tentures, tu vois toutes les tentures aussi.

C'est vous qui les avez faites ?

Renaud : non, ça, on en a acheté et certaines en fait, certaines ont été faites par des équipes de
décoration. Celle-ci non. Genre ça, celle-ci, ça a été fait à la main. Ça, ça a été acheté sur un site en

Israël ou en Angleterre, en Angleterre. Ça, ça a été fait par David, David, il fait de la déco, de la super belle déco. Ça, ça a aussi été peint par une nana. Et voilà, ça ça a été peint par l'équipe de décoration des Wakatoo.

D'accord. Et quand vous achetez des tentures, vous les achetez sur le net ?

Renaud : c'est fini. Avant, on faisait ça, on les achetait sur le net. Maintenant on veut de la décoration, mais on va s'en détâcher de plus en plus, parce que c'est se qui nous prenait, on s'est rendu compte vite que c'était ce qui nous prenait le plus de temps. Tu montes tout, tu te tues. Tu y passes ta journée et après tu dois tenir toute la soirée. Alors que maintenant, chacun organise sa journée, fait des siestes, fait ce qu'il veut, machin, et ils doivent arriver, enfin, l'équipe qui va tourner le soir. Puis pendant ce temps, les autres équipes, ils vont arriver. La décoration, dès le matin, ils vont attaquer leur boulot. Eux, ils sont là pour ça et ils font la déco quoi. Eux, leur truc c'est la déco.

Vous n'avez pas peur que la musique manque de déco en en mettant moins ?

Renaud : la musique, je sais pas. On a mis bien, on est passé, on est passé au moins au triple de ce qu'on a mis la dernière fois. La dernière fois, on a mis 2,4kw, là on a mis 6kw et de l'autre côté on a 2,4kw au mieu d'1kw.

Parce que je voulais dire : est-ce que la déco est importante pour la soirée Trance ?

Amélie et Renaud : oui, oui. Bah les gens, quand t'arrives dans un endroit. Faut créer un univers, on le disait tout à l'heure. Amélie, par exemple, a emmené des gens qui ont rien à voir. Médecins, mes 3 infectiologues.

Renaud : et c'est un petit village, moi ce que je vois, ce que j'aime c'est quand c'est un petit village, t'as plein de petits trucs. Tu peux aller boire ta boisson chaude, tu peux aller manger, tu peux aller danser, tu peux aller écouter de la musique plus cool, tu vois, c'est petit village, tu bouges et t'as toujours quelques choses à regarder.

C'est un peu ce que vous avez puiser dans ces grands festivals ?

Amélie : oui, c'est exactement ça, oui. Et ça c'est terrible, même au Boom, t'avais carrément des conférences sur l'environnement, sur.. .j'ai trouvé ça vachement. ..autant t'as le cirque à côté du dancefloor, t'avais pas mal de choses ou tu pouvais aller te restaurer aussi et t'es toujours dans un contexte lounge, avec des gens sympas, avec une odeur d'encen, c'est vrai que ça te, ça t'emmène un peu tout ça.

Vous avez encore des choses à me dire vous ? Comme ça je vais réfléchir aux questions que je pourrais avoir à vous poser. '(place pour les revendications)

Renaud : des choses à dire sur le milieu, on pourrait en dire pendant des heures. Mais déjà, que ça devient de plus en plus dur d'organiser, que t'as beau te décarcasser pour faire propre, nickel, tout ce que tu peux vraiment, en étant le plus parfait possible et que ça devient de plus en plus dur. Moi, ça commence à me tirer dessus quoi, je veux dire, j'y vais gentiment, tu vois, je deviens de plus en plus observateur et plus organisateur. Je m'investis moins on va dire, parce que ça m'énerve.

Tu t'es déjà beaucoup investi ?

Renaud : oui, j'ai dépensé beaucoup d'énergie là-dedans déjà. J'en dépense encore beaucoup, mais j'en dépense, on va dire, plus intelligemment et puis j'en ai d'autres à dépenser ailleurs, donc c'est pour ça que...

ça peut apparaître un frein au travail ?

Renaud : pour moi, ça risque de l'être, enfin c'est pour ça que [ Amélie : c'est pour ça qu'il dit qu'il va arrêter.] Si ça tourne à côté et que tout le monde continue, parce que moi, je veux pas arrêter. Par rapport à tout le monde qui nous entoure, si tu veux, tout le monde n'est pas dans la même situation que moi. Moi, je suis peut-être en train de préparer de monter une boîte, mais ça veut pas dire que les autres font la même chose. Il faut pas non plus arrêter, et que tout le monde s'arrête parce que monsieur Renaud Gauthier a décidé d'arrêter, tu vois. Non c'est pas ça. C'est pour ça que je voudrais que ça tourne tout seul, que chacun.. .parce que réellement, divisé par tout ce qu'on est, c'est rien à faire. Mais quand c'était moi qui le faisait tout seul, c'était énormément de travail, donc si chacun prend, comme ça , en train de se faire, au fur et à mesure, son truc, eh bien c'est nickel. Et puis qui sait, au bout d'un moment, on la cèdera l'association ? J'en sais rien.

C'est une éventualité ?

Renaud : oh bah je vais pas faire ça toute ma vie. Après, ça dépend, ça dépend, ça dépend de plein de choses. Ça dépend de si on trouve des salles. Ça dépend si on peut continuer ou pas à nous exprimer. Si on peut pas continuer à nous exprimer, au bout d'un moment tu peux plus continuer, t'as plus de salles, t'as plus de terrain, t'as plus d'accord, t'as plus rien donc tu fais plus de soirée. Donc après t'as beau essayer de faire ce que tu veux, tu vas te décourager et au bout d'un moment tu t'arrêtes.

Amélie : Christophe est parti en Espagne, il fallait bien qu'il trouve quelque chose. Renaud : c'est pas ce qu'il a fait de mieux

Amélie : c'est parce qu'en France, il a pas dû trouver.

Renaud : ah le pauvre. En plus il avait les autorisations et tout. Et les changements de maires et paf. Le nouveau maire était pas d'accord alors qu'il avait toutes ses autorisations, tout était calé. La guardia qui a débarqué. La guardia méchant, méchant comme ils sont. Et putain ! T'as vu dans Youtube, n'importe où, c'est impressionnant. Les mecs, ils étaient assis pénards, ils attendaient, demandaient rien, et les autres ils arrivent. Comme nos CRS, un petit peu. C'est vrai qu'on a beaucoup, beaucoup de barrières. Beaucoup de barrières, beaucoup d'obstacles et voilà quoi. A moins d'être quelqu'un de très influent, de très puissant ou alors d'avoir énormément de pognon.

Vous n'avez jamais eu de soucis avec le milieu de la discothèque qui vous verrait un peu comme des concurrents ?

Amélie : oui, une fois, une fois. C'était un ____ (?) de Bordeaux, alors ils étaient un petit peu plus vieux que nous, c'était des gens qui approchaient de la quarantaine et ça faisait très longtemps qu'ils faisaient ça. Et donc, ils voulaient se rapprocher des châteaux de la Loire pour faire une soirée qui était super bien organisée. C'était à Amboise, c'était très joli et super bien organisé avec son équipe, ils se connaissaient depuis très longtemps, âgés avec la mâturité et donc ils font ça dans une super grotte d'Amboise. Ils avaient toutes les autorisations, que ce soit la gendarmerie, le maire, le débit

de boissons, tout, tout, tout. Et au dernier moment, donc à la soirée vers 11h ou 12h, 4 fourgons, qui se mettent devant l'entrée et qui font une descente. 4 fourgons et 2 voitures qui bloquaient les gens. Je pense qu'ils ont fait demi-tour et puis...

Renaud : du coup, ils ont ramené un inspecteur des impôts et ils ont recherché le moindre truc. Ils ont embarqué l'organisateur et tout. Enfin, à la fin ils ont été sympas, ça s'est bien arrangé. Mais, il nous a dit que c'était un coup de télephone de plus haut qui leur a dit que c'était une boite locale, je sais plus. En fin, c'était deux boites locales qui avaient fait demander ça par influence et tout. Et voilà, tu vois l'esprit.

Ici, ça s'est jamais produit ?

Renaud : jamais. Ici, alors. Ici pour organiser, on est super bien, on est pas emmerdé. Les flics, quand ils viennent, ils nous respectent. C'est pas forcément le cas de Tours. Tours, ils peuvent pas blairer la musique électro, tout ça. Si tu fais un truc et que t'es pas sponsorisé par RTL2 ou je ne sais quoi, Tours, ils aiment pas ça. Mais ici, ils viennent, ils voient comment c'est fait, enfin pour notre part, à chaque fois qu'on les a vu. Enfin, moi, je les ai jamais vu. S'ils voient que c'est carré, que c'est pas trop le bordel, ils vont filtrer peut-être, après je sais pas. Ils font des alcoo-test, tant mieux, ils font leur boulot, je veux dire, après il y a pas de problème. Il y a toujours des mecs en civil qui sont dans la soirée, ça c'est certain. On les reconnait maintenant. T'as toujours des mecs en civil, j'ai appris ça...le 24 novembre, on l'a fait et j'ai appris ça il y a un mois. En fait, pendant la soirée, ils ont embarqué un mec qui vendait et tout. Ils l'ont chopé chacun d'un côté et ils l'ont sorti. J'ai même pas vu et même pas entendu parler de ça. Donc, ils sont là c'est clair, après les boites ici nous font pas chier. Ils respectent, c'est ça qui est bien.

(Puis nous nous sommes arrêté)

Observations participantes

Réunion technique de l'association Mystic Chrysalide du 27 Mars 2008

Conditions de l'observation : pour assister aux réunions de l'équipe organisatrice, j'ai accepté de participer. L'objectif était de se rendre compte de l'envergure de la préparation d'une fête TechnoTrance avec eux.

Manu et Céline nous reçoivent chez eux. Nous sommes 7. La réunion mêle à la fois discussions de passionnés de musiques techno, plaisanteries et échanges plus sérieux quant à la soirée du Samedi 5 Avril, c'est-à-dire une semaine plus tard.

En voici quelques notes techniques :

- le 27 mars : réglage de dernière minute : tout était déjà prévu excepté le snack de nourriture. 2

organisateurs ont déjà « booké », une équipe. Il s'agissait d'un malentendu. L'un des deux a dû

décommander un snack. Même en petit nombre, la communication peut déraper.

- Mardi 1er avril : voir Mathieu du Rachdingue pour préparer la soirée anniversaire du 14 juin.

Les informations au sujet de la soirée du Samedi 5 Avril sont compilées dans un compte rendu interne.

Observation de la préparation de la soirée du 5 avril 2008 au Mas Bonete

Arrivée sur le lieu, le Mas Bonete, à 9h30. Du matériel du mariage de la veille est encore sur le lieu (les tables et chaises notamment que nous avons dû déplacer). Nous commençons à mettre les boissons déjà livrées sur palette dans les frigos. Nous prenons par la même un petit déjeuner. La mise en place de la décoration est longue et nécessite de nombreuses personnes (tentures, lumières, plateaux...). Certains auront commencé le matin et terminé que le soir. En plus des petits coups de main, deux organisatrices y sont spécialement attâchées : Virginie de Mystic et Chrystelle d'Hadra. Je n'aurais pas eu le temps de m'entretenir avec elles sans empiéter sur leur activité. Dès l'arrivée de Benoit, un technicien son prestataire de service, arrive nous devons l'aider à décharger les 20 m3 de matériel de son camion. Sitôt fait, il est temps d'installer la sonorisation des deux salles. Là, l'équipe des organisateurs va se scinder en deux : la scène Trance et la scène Electrochill.

A 13h, nous avons pris un repas froid tous ensemble, une première dans les activités de Mystic Chrysalide.

Vers 17h, mise au point avec la sécurité, arrivée du snack ArtFood, de Médecins du Monde et des Creative Travellers (stand de détente et de vente d'objets).

À 20h, nous avons nettoyé les salles avant l'ouverture au public. À tour de rôle, nous sommes allés manger. Le repas du soir, un repas chaud était pris en charge par le stand d'ArtFood (stand de nourriture bio). Leur association a installé son stand gratuitement sur le site en contre-partie de fournir le repas du soir pour tous les organisateurs (30 personnes).

Ouverture de la soirée à 23h, des participants attendent déjà devant depuis un moment.

Réunion Mystic Chrysalide 17 avril 2008 au domicile de Manu et Céline.

Cette réunion était une sorte de bilan de la soirée du 5 avril 2008. Tous les membres étaient présents et chacun a pu évoquer ce qu'il avait remarqué pour que nous en parlions ensemble.

L'évènement le plus marquant pour tous et celui dont nous avons longuement parlé est un malaise d'une femme pendant la soirée. J'étais au bar lorsque cette femme s'est évanouie. Elle était devant le bar depuis plusieurs heures où elle buvait avec d'autres personnes. Puis soudainement, j'ai entendu qu'une femme venait de s'évanouir. Personne, parmis le public ne semblais réagir, alors je me suis chargé de la porter jusque au stand de Médecins du Monde. Un lit y était installé pour ce genre de situation. J'ai ensuite averti les membres de l'association que j'ai croisé. Plus tard, les gendarmes sont arrivés. On m'appris que l'association humanitaire avait appelé les pompiers pour que ceux-ci la conduisent à l'hôpital. Manu et Anthony ont parlé avec les gendarmes puis sont venus nous avertir que Manu serait convoqué dans la matinée au poste pour éclaicir cette histoire. Et je n'ai plus eu d'informations à ce sujet jusqu'à cette réunion.

En bilan, chacun a raconté ce qu'il s'était passé et nous avons longuement parlé des risques liés à la sécurité. En effet, une personne ayant fait un malaise peut être un évènement lourd de conséquences pour cette femme et pour l'association. Manu était donc allé expliquer ce qu'il s'était passé à la gendarmerie. À l'hôpital, le sang de la femme avait été examiné et des traces de Chrystal, une puissante drogue avaient été repéré en plus de la forte quantité d'alcool. Il avait appris que cette femme avait dit qu'elle avait été droguée à son insu au cours de la soirée et qu'elle n'y était pour rien. Manu, étant le président de l'association, pouvait courir un risque si son état ne s'était pas améliorer. Il s'agissait donc de réfléchir à la prise en charge des malaises et au service d'ordre dans les futures soirées.

Médecins du Monde est une association humanitaire chargée de faire de la prévention dans les fête techno dans une mission « rave ». Cette mission serait au dire des organisateurs « mal vu par les flics ». Les gendarmes étaient entrés voir l'équipe de Médecins du Monde. Celle-ci n'était composée que de secouristes bénévoles (AFPS ou PSE 1) venus de Toulouse et de Montpellier. Aucune antenne n'existe à Perpignan. Ces bénévoles sont pris en charge dans la soirée par l'association organisatrice en leur fournissant à manger et à boire. Ceux-ci ont bu de l'alcool tout au long de la soirée. Les membres m'ont dit qu'il s'agissait du « minimum légal mais pas du maximum sécurité ». Cette équipe ne comptait pas de médecin. Alors son rôle n'était que de faire le lien avec les secours. Les membres devraient réfléchir à d'autres possibilité pour veiller à cette permanence : la Protection Civile peut-être.

D'autres problèmes de sécurité ont été relevé par les organisateurs :

- peu de contrôles ont été effectués à l'entrée.

- des bouteilles en verre ont été trouvées dans l'enceinte de la fête.

- des membres d'Hadra ont rapporté avoir vu des fraudeurs entrés par-dessus le mur. - des préservatifs et des seringues usagées ont été trouvées dans les toilettes.

- un camion était garé devant une entrée de service, une voie pour les secours. - Aucun agent de sécurité n'était présents dans les toilettes et sur le parking.

5 agents de sécurité bénévoles (payés au black) assuraient le service d'ordre. Les membres de Mystic Chrysalide trouvent que payer des agents professionnels serait trop cher. De plus le nombre d'agents était insuffisant pour veiller à l'ordre à l'entrée, sur le parking, en salle et aux toilettes. Pour limiter les risques liés à la toxicomanie, ceux-ci doivent dissuader les dealers de drogues et les expulser en cas de flagrant délit. Mais ils ne sont pas habilités les sacs et les poches. Leur présence sur le parking préviendrait en partie le deal. Il est prévu à l'avenir de constituer une équipe mixte de

professionnels et de bénévoles pour assurer le service d'ordre.

Au contraire, la législation anti-tabac a été respectée pour la première fois au mas Bonete.

Pour garantir une meilleure défense en cas d'interdiction d'organiser des soirées, Mystic Chrysalide devait bientôt adhérer à Technopol. Celle-ci défend, en effet, les fêtes « propres » et peut être un appui juridique.

Au niveau musical, la soirée semble avoir bien fonctionné. Seul Manu fait état d'un problème technique sur sa table (une distortion du son) qu'il n'a pas pu résoudre de peur de tout déréglé. Les mixs chill-out par les djs d'Hadra dans l'electrochill ont finalement été appréciés.

La soirée du 5 avril a été un succès pour Mystic Chrysalide. Les 500 personnes déclarées à la préfectures étaient présentes, l'association a gagné de l'argent et va pouvoir investir dans de nouveaux projets :

- Achat de sacs pour transporter l'argent sur le compte de l'assocation.

- Location d'un garage pour stocker la décoration.

- Achat d'un site internet : hébergement, structure et graphisme.

- Achat de nouveaux T-shirt de l'association et possibilité d'en vendre au public (comme Hadra).

Réunion Mystic Chrysalide du 20 mai 2008
Assemblée Générale de l'asssociation

Ordre du jour :

- Redéfinition des statuts.

- Modifications de l'organisation interne.

- Répartition des responsabilités de l'organisation de soirées.

- Préparation de la soirée anniversaire du Samedi 14 Juin au Rachdingue. - Sujets divers

Redéfinition des statuts

Celle-ci est dû en partie à une amélioration des anciens statut de l'association. Mystic Chrysalide connait un certain essor et ces améliorations doivent permettre à l'activité de la structure de s'agrandir.

Il manquait dans, par exemple, l'article 1 le nom de l'association créée, à savoir, Mystic Chrysalide. L'article 3, définissant l'objet de l'association, a été étendu à la culture électronique, comme la décoration, art à part entière, qui accompagne la musique électronique. L'article 4 nouveau porte la modification du siège de l'association. Le nouvel article 6 crée un nouveau statut de membre, celui des membres d'honneurs, pouvant devenir un soutien au projet. La perte de qualité de membre devient l'article 6.2, tandis que l'article 6.1 apporte une nouveauté dans le fonctionnement de l'organisation des soirées : la répartition des responsabilités dans les diverses tâches de l'organisation de soirées. Le nouvel article 8 redéfinit le bureau, organe décisionnaire de l'association. Un nouveau membre du bureau apparaît : le trésorier adjoint. Le Conseil d'Administration est redéfini par l'article 9. Enfin, l'article 13 étend dorénavant les ressources de l'association au « don et produits d'actes de commerce occasionnels et accessoires à l'activité associative et le prix des biens vendus par l'association ou les prestations de services rendues ».

Modification de l'organisation interne :

Cette modification du bureau est dûe notamment à la sortie et l'entrée de membres dans l'association. Voici le nouveau bureau :

- Manu demeure le secrétaire

- Céline demeure la trésorière

- Stéphane devient le trésorier adjoint

- Nathalie, une nouvelle membre, devient la secrétaire

Répartition des responsabilités de l'organisation de soirées :

Conformément à l'article 6.1 des statuts de l'association, les responsabilités attâchées aux diverses tâches de l'organisation de soirées sont réparties entre les membres. Ces responsabilités sont avant tout internes à l'organisation, c'est-à-dire que leur répartition déchargera les membres fondateurs de tâches pour partager le travail. Un responsable n'a aucun pouvoir de décision sur la tâche dont il est responsable : il doit mettre en oeuvre les décisions démocratiques des membres et transmettre les informations. Voici la répartition des responsabilités :

> responsable scène « trance » :

? général : Manu

? artistes et technique : Manu

? Sonorisation : Booboo

responsable scène « electro chill :

? général : Thierry

? artistes : Anthony

? technique : Yoan

responsable décoration : Stéphane

responsable communication : Thierry

responsable sonorisation : répartie dans les scènes responsable hygiène et sécurité : Céline

responsable des stands : Céline

responsable gestion des stocks/ bar : Anthony

Préparation de la soirée anniversaire du Samedi 14 Juin au Rachdingue :

L'organisation de cette soirée est le fruit d'un partenariat avec le Rachdingue, un club privé de Villajuiga (Espagne). Les tâches propres de Mystic Chrysalide sont les le booking des artistes et la décoration. Tout était déjà entendu.

Les deux live bookés, Phonic Request et Early Reflection, doivent arrivés à Perpignan respectivement de Bordeaux et d'Avignon. Des billets de trains leur seront payé par l'association. Manu se chargera de les conduire jusqu'à Villajuiga.

Le départ se fera après une grillade chez Anthony à 11h30.

Pas d'after prévu par Mystic Chrysalide.

Sujets divers :

- l'hygiène et la sécurité :

L'adhésion Technopol d'une valeur de 50 euros est acceptée par les membres.

Pour une soirée de 700-800 personnes, la Protection Civile sera demandé pour veiller à la santé des participants.

Une sortie définitive est envisagée à partir de 3 h du matin pour limiter les aller-retour sur le parking, souvent utilisés pour la prise de drogue.

- Le site internet de l'association : un budget de 800 euros est consacré à sa création, il sera hébergé dans un emplacement de 20 ga, soit un coût de 50 euros par an. Enfin, lorsque le site sera en fonction Thierry en assurera la gestion.

Entre Manu, président de Mystic Chrysalide et Kokmok, Dj bénévole d'Hadra Samedi 05
Avril : Qui est responsable de la soirée ?

Conditions de l'enregistrement : le deux protagonistes étaient en train de débattre de la responsabilité dans la soirée. Mon magnétophone était allumé. Voici la transcription de l'enregistrement de leur conversation.

Manu : si, ils ont la voix, c'est-à-dire le conseil d'administration est là pour débloquer un budget par exemple ou s'il faut faire autre chose. Mais le président, il fait l'exécutif. Et si par exemple il faut prendre une décision c'est quand même le président qui prend la décision. Il peut pas trancher parce qu'il est quand même dans une association démocratique. C'est ça qu'il faut savoir : c'est que c'est une association démocratique. Et puis le président est quand même élu en conseil d'administration et l'assemblée générale élit le conseil d'administration et le conseil d'administration élit le bureau. Tu vois ça décline en fait. C'est un peu compliqué les associations quand même. Si tu veux vraiment respecter la règlementation à la lettre, c'est chaud. C'est comme une entreprise.

Kokmok : parce que nous, on appelle toujours.. .bon, le CA s'est réuni parce qu'on veut savoir ce qu'ils ont décidé.

Manu : le CA, c'est les membres décisionnaires. Kokmok : et dans ma tête, c'était eux les responsables.

Manu : non, parce que t'as pas vraiment de statut en tant que conseil d'administration. Le conseil d'administration, en fait, c'est géré par les membres qui sont élus par l'assemblée générale. Quand tu fais une réunion, c'est eux qui décident, je sais pas, pour sortir des sous, pour faire entrer des gens dans l'asso. Ils décident, après l'exécutif c'est le président et le bureau. Tout ce qui est administratif, trésorerie, tu le présentes à l'assemblée générale.

Documents internes de Mystic Chrysalide

181

192

194

Réunion Mystic chrysalide pour la soirée avec Hadra du

05/04/08

Present a la reunion :

Membres Yoann Anthony Céline Manu Steph Thierry Invités : Fabrice Nathalie

Excusés : Valérie Virginie

BUDGET PRÉVISIONNEL SOIRÉE DU 21/10/206

Soirée en partenariat avec l'association HADRA record 30% des recettes leur seront reversées

SON + chillout +lumière

XXX tous le matériel

LOCATION SALLE

XXXeuros

FLYERS (imprimeur)

XXX euros 3000 flyers en 14* 14 payé

FLYERS (conception)

XXX euros payé

SECU

XXX euros

VISUELS

XXX euros

FRAIS transport DJ

XXX euros + 100 frais de voyage de Chris de bordeaux

FRAIS NOURRITURE

XXX euros

FAUX FRAIS

XXX euros

TOTAL

XXX euros

Le mot du président

Total : XXX euros pour le budget de la soirée. Pour info le budget doit resté a se niveau et toute demande supplémentaire de budget ne sera pas acceptés. Merci de votre compréhension

Organisation du personnel

Entrée

Bar (tickets conso)

Déco - Lumières

Montage Démontage

Responsables

Responsable

Responsable

-Céline

-diabolo Valérie Christophe Lidia
Fabrice Valérie

Diabolo Virginie Valérie Yoann

Son

Mise en place démontage

Accueil

Artistes intervenants Bouffe boisson

Nettoyage

Pendant la soirée

Responsable

Responsable

Responsable

-Manu -spdyt

-manu -diabolo

Diabolo Manu

A nthony virginie spdy't

Valérie Yoann

Si vous vous engagez à l'un de ces postes, on compte vraiment sur votre présence, avant, pendant et après la soirée. Merci !!!!

le son&lumière

- système son 6 kw XXX€ - système son 2 kw XXX€ - 2 retours 400 w XXX € - 2 retours 150 w XXX € - 1 table de mixage Pioneer dj-m 800 XXX €

- 1 console 12 pistes analogique (Mackie) XXX €

- tous câblages nécessaires pour connexion tables / console

- 30 mètres de rallonge électrique pour alim. générale (avec adaptateurs)

- 2 lazers (1 gros et 1 petit) XXX € + XXX

- 1 flower ou autre light animée différente de la tornade de la dernière fois XX €

- 5 estrades réglables XXX €

- livraison, installation, réglages, le samedi 5 avril au mas bonnète (font couverte) a partir de 10h

- enlèvement le dimanche 6 avril a partir de 12h

SOIT UN TOTAL DE XXX €

REMISE DE 33% - XXX €

SOIT TOTAL FINAL DE XXX €

LIVRAISON,INSTALATION ,DEMONTAGE ET REPRISE COMPRIS

ALIMENTATION + CABLAGE + PASSAGE DE CABLES COMPRIS

Manque 1 lasers Steph récupère le laser a son pote Line up Dj (12 h de music)

Chill out de 23 h a 11h00

*Antomny 22h00 a 00h00

*Spdy't 00h00 a 2h00

*Sysyphe 02h00 a 4h00

*Pako Alcantara 04h00 a 06h00

*Yoan.L 06h00 a 8h00

*Nun 08h00 a 11h00

Trance 23 h00 a 11 le dimanche

*Kokmok 23h00 a 01h00

*lptit 01h00 a 03h00

*psy warrior 03h00 a 05h00

*shotu 05h00 a 06h30

*diabolo 06h30 a 08h00

*crystal drop 08h00 a 09 h30

*Kokmok 09h30 a 11h00
Visuel
nolive de Hadra sur la scène trance

Visuel in vino veritas sur le chillout 00h00 - 05h00

Sécurité (ben) * 5 vigiles

Medecin du monde 2 équipes Toulouse et Montpellier Décoration (fidou, Virginie , Valérie )

La décoration sur cette soirée se fera avec hadra qui amèneront aussi leur décoration. Fidou Valérie est Virginie seront les représentantes de mystic chrysalide, bien entendu elles pourront compter sur l'aide de tout le personnel disponible

Attention : Christelle commencera sa déco le samedi aprèm elle s'occupe du plafond

Le samedi matin l'équipe des mystic commencera la décoration en installant l'éclairage 10 néons dans la grande salle+4 au chillout , la sono et commencera les angles + le chill out

L'idée de tendre des câbles entre chaque mur est retenue de manière a pouvoir poser toutes les tentures au même niveau (besoin câble + fixation)

Faire un bilan des personnes disponibles le matin et/ou l'après midi

Steph ok

Manu ok

Anthony ok

Thierry présent que pour son set

Yoann après midi jusqu'au lendemain présence à confirmer svp

Valérie a confirmer Virginie a confirmer Céline a confirmer Christophe ok

Fabrice ok + interview en live (attention aux blasphème se sera enregistré)

Manu s'occupe de faire les maquettes des tickets boisson pour l'eau et le muscat , Steph les imprimera et les découpera

Stand de nourriture nourriture biologique ,thé, café ,cocktails de jus de fruit ,petit déjeuné, Ce stand en charge 30 personnes gratuitement pour le repas de la soirée ,si surplus complément de 3,50 euro par personne (pas de patente) comptabilisé déjà + 15 pers

Prévu a l'entée coté barbecue

Sur ce sujet un gros problème de communication est apparu au sain des Mystic des engagements ont été pris de part et d'autre sans réelle concertation entre les membres directeur du bureau ce qui a créé de réelles tensions au sain du groupe avec des envolées lyrique de très bon gout et surtout
des porta faux douloureux a gérer

D'autre part il a été prouvé que l'utilité des rapports resté à démontrer car très peu lus ou survolés ( si vous en êtes c'est que le schmilblick a avancé)

Ce problème doit être débattu et réglé après la soirée de manière a construite des bases solides et concrètes pour le futur des mystic Des mises a plat s'imposent

Stand divers bijoux , CD , encens, bonbons (patente de 20 euro)

Stand Creative travellers petit chapiteau , décoration extérieure, vêtements Stand du label Hadra vente des CD du label

Prévision soirée Rachdingue (Espagne ) 14 juin 2008

Réunion mardi 1 er avril chez Anthony avec Mathieu responsable rachdingue

Sujets a aborder

Déco - Fly+dimension - titre de la soirée - partenariat _ pourcentage - gestion de la caisse - son combien de kw - materiel live - platine cd table MaKee etc a voir sur le moment

Dj de la soirée

Côté électro Yoann - Thierry -electric-Anthony- Juan Carlos

Côté trance phonic request- manu-

Booking artiste

Pour info hyper frequencies 400 euro pour DJ set + 200 euro frais de transport

Neuromotor 600 euro pour le live ou dj set + les frais de transport

Painkiller 1500 euro pour le live et dj set + les frais de transport

Bamboo forest 2000 euro pour le live et dj set + les frais de transport

Phonic request 400 euro pour le live + les frais de transport

Steph et manu regardent pour une date au mas bonnète en fin d'année début d'année prochaine Numéros de portable et adresses Email

Manu

06

81

34

55

15

président

psy.warrior@free.fr

Céline

06

79

02

07

61

comptable

celma66@hotmail.fr

Stéphane

06

88

05

17

88

secrétaire

diabolo741@hotmail.com

Thierry

06

78

67

78

44

chill out

spdyt@hotmail.fr

Anthony

06

12

11

93

15

chill out

antomny@live.fr

Yoann

06

13

94

84

22

chillout

yoanlague@hotmail.fr

Virginie

06

10

05

18

68

décoration

soondhy-tattoo@wanadoo.fr

Fidou

06

10

84

67

51

décoration

tweedlie@hotmail.fr

Valérie

06

80

40

43

64

decoration

 

Nathalie

06

88

83

12

44

 

ngiralt@hotmail.fr

Fabrice

06

33

31

96

20

 

fjallet@hotmail.fr

Présentations mysp ace et internet

Présentation d'Anthony sur sa page Myspace.com.

salut à toi, je m'apelle anthony, je suis papa d'une petite fille de 5 ans qui s'apelle Ambre, je suis marchand d'ombre la semaine et dj le week-end, je ne réside dans aucun club car je millite pour l'underground melting pot, vous en entendrez bientot parler si vos trainez vos oreilles du cote du pays catalan... j'ai commencé à trainer dans les soirées techno en 1993 sur Perpignan mais surtout autour de Girona et Barcelona où je suis vraiment devenu accro aux sound systemes des clubs et afters avant gardistes de l'époque... accompagné par un bon copain, nous nous lançons dans l'organisation de soirées en créant Melting-pot for évolution (...of the mouvement techno !), bien plus qu'une asso, un concept pour cette periode où les rave party etaient 100% illégales en France. en effet le melting pot est un concept qui prône le mélange des cultures et des races, chose que nous avons mis en place en mélangeant musique et arts plastiques, soit des expos d'oeuvres artistiques en 3 dimensions... ce n'est qu'à partir de là que je me lance dans la musique en m'improvisant dj suite à un déclic un beau matin, j'ai mixé dans différents clubs de Barcelonne à Toulouse tels que le Blau, le Palm Beach, le Rachdingue, le Liquid Sky, le Cyberian, la Cova,le zoom a lloret, ainsi que dans de nombreuses soirées Underground. ..2006/2007:*MYSTIC CHRYSALIDE* association http://www.mystichrysalide.hbg.fr E.Mail :mystic chrysalide@free.fr...

Musique :

issu de millieux plutot rock, j'aime beaucoup mélanger les styles pour créer le mien, ça pourrait s'apeller Techno trance minimal electro acid teckhouse... bref, ça dépend de l'humeur et de l'ambiance du moment...

Présentation de Julien sur sa page Myspace.com.

Il decouvre la musique electronique en 1993 avec les soirees Fraktal & Spiral Tribe (merci Ixy), et entre autre un des tout premier Teknival en France : Tarnos 95. Il fut tres rapidement impressionne par toute la musique techno et particulierement par la musique hardcore (merci Lisa n'eliaz). DjCompositeur depuis 1998, il entre activement dans le mouvement hardcore cette annee precise en participant a la creation de l'association des Electronautes a Bordeaux, avec Kepa La Pierre (Vnr records), Akasha (Maldita records) et steph (infographiste). Vers la fin de l'annee 1999, il cree son 1er label Hardcore : B2k (Born 2 Kick) records, sous forme d'association et avec l'aide et l'encouragement de nombreux artistes (et amis) comme La Peste, Helius Zhamiq, Kepa La Pierre, Sram, Baby Kruger, Joshua, Rafy...La creation de ce label etait au depart la reponse aux nombreuses idees d'artistes de la region de Bordeaux. Aujourd'hui, B2k records a etendu ses griffes au reste du monde (et meme de l'univers). En 2002, il lance un nouveau label techno & hardtechno : Absolute Rhythm records. Son ami Uniko, lui permet de lancer son label qui aujourd'hui devient une reference dans la musique dite Hardfloor ! En 2005, il lance, avec l'association de Dj Tsx, un nouveau label Hardcore : Out Of Control records. Le principe est la collaboration entres artistes. Des remixs, des versus, des battles...Le label se construit en equipe. A noter que toutes les productions vinyls sont en couleurs (generalement marbrees) ! En 2006, suite a un caprice (de star : on peut l'dire !), il cree son nouveau label Drum & Bass : Dust Of Sounds records. Preferant embrouiller tout l'monde des le depart, il commence les 1 eres productions avec des Hors Series electro-indus et son ami Sram. Le premier disque reellement Drum & Bass est realise par Dj Hidden, rien qu'ca ! Cette meme annee, il rencontre Kid Loco, grâce a lui, c'est le coup de foudre musical pour un groupe : il decide de produire le 1er album electro-rock du groupe Captain K.Verne sur son nouveau label (encore un) : Komod.O Dragon records.

Présentation de l'association Psyva sur sa page Myspace.com.

LA BIO DE PSYVA

Il était une fois PSYVA.

Dans une forêt magique des environs de Tours, Renaud (RND) et Mély, deux passionnés de la musique électronique qui a force de se balader dans des lieux extraordinaires et mythiques du mouvement Trance décident de créer le 9 Avril 2005, par une nuit étoilée, l'ASSOCIATION PSYVA.

Ils recrutent de jeunes lutins férus de musique en tant que membres actifs sur Tours : Julien, Cédric, R-One et Blandine.

Leurs premières sueurs froides et émotions : « TRANSPIRAL » le 16 avril 2005 dans une petite grotte des environs de Tours (37) lors de leur toute première organisation ou 150 adèptes se déplacèrent.

Puis Renaud et Mély décidèrent de rejoindre le Sud de la France à Perpignan surement attirés par le soleil et les légendes fantastiques de la région.

Là, PSYVA donne le ton et organise le nouvel an 2006 « SELENA DE LA LUNA» à Arles sur Tech avec 275 êtres des forêts. Quelques fervents passionnés du mouvement entendirent parler de cette soirée tel que Bass (Harry PottAr), Céline, David (Neurotrans,) Jérôme (L.J.M.), Sophie et Yo (YOAN.L.), rencontrèrent Renaud et Mély. Ces derniers étant convaincus de leur motivation, ils décidèrent de mettre en place tous ensemble un projet au Rachdingue (Espagne), « ELECTRO FUSION » avec en Live PROPULSE (Brazil) ou ils reçoivent 270 personnes. Renaud décida de recruter tous ces lutins dans sa jeune association PSYVA.

Puis nous avons rencontré Pascal (Pass Kal) qui s'est joint aux membres actifs de PSYVA.

La soirée « PSYVALYS » à Arles sur Tech à réuni plus de 500 personnes le 10 mars 2007 avec en Live : XSI et SHAGMA (Mind Control Records, Paris).

Quand à la dernière soirée organisée : "Spirituals Vibrations" qui s'est déroulée le 24 Novembre 2007 où nous avons accueillis plus de 650 personnes, avec en Live : RUMBLE PACK (Morphonic Records - Suisse), en Dj's set: Sangohan (Avigmatic Rec), Xorlia (Transplosion), Yahel Chabs (TranceLoad), Franky (Wakatoom), Miss Jump (Ohm Sweet Ohm), Frida (Diprogress), Xena-Kiss (SuperNova), Franck de Villeneuve (Diprogress), Janoz (Famille Electro); pour la déco : Wakatoom, Soda Concept et nous même; et pour les visuels nous sommes fières d'avoir parmis nous en membre d'honneur "In Vino Veritas" qui nous suivrons dans tous nos projets.

Longue vie à toi PSYVA, paix, amour, prospérité...

Présentation de Renaud sur sa page Myspace.com.

Née le 28 Août 1982.

Musicien depuis l'age de 13 ans ReNauD s'interesse aux instruments tels que le piano, la batterie, les percussions, la basse, et surtout la guitare. A ses 14 ans il créa un groupe de Rock Alternatif "Voluptas" avec des potes de classes. Ils donèrent plusieurs concerts en Indre et Loire. Puis des chemins différents on été pris par chacun des membres du groupe. RND s'interressa au milieu Electro en règle générale (Hard Tech, Jungle, Drum n'Bass, Trance, House,...)

A ses 15 ans il eu la chance d'acquérir ses premières platines vinyles. Il se pas siona par l'harmonie que pouvait créer le mélange de deux vinyls. Il y passa des heures jusqu'au jour où en 1998, il commença comme Dj résident House, House Progressive au Pym's à Tours (37).

Par la suite il partit à travers le monde (Maroc, Turquie, Tunisie, République Dominicaine, Sénégal, Crète...) pour travailler comme technicien son et lumière et s'enrichir musicalement puis en 2001 il s'arrêta à Ibiza pour y vivre jusqu'en septembre 2003. Il mixa au Kiss (Playa d'en Bossa, Ibiza) à El Noche (Port d'Ibiza), El Blues (Port d'Ibiza) El Tahiti Bar (Playa d'en Bossa)

Après être rentré en 2003/2004 il mixa au Bus Paladium à Paris, Au Savon à Bourges, se fit résident au bar La Vila Sera en plein centre de Tours.

En 2004 il s'intéressa à la Trance qui le suivait depuis toujours étant ami de longue date avec Zéphyr Dj incontesté de la seine Parisienne, et ayant de la famille qui sont des fervants adeptes des début de la trance au comencement du mouvement Gaïa Concept (Paris).

Il créa en 2005 avec Mély sa fiancée l'Association Psyva qui a pour but de promouvoir l'art Graphique, Visuel, et Musical et d'aider les jeunes artistes à se lancer.

Il a mixé récemment à l'Electrohm Festival en Juillet 2007.

Depuis 3 ans il commence à composer grâce à la Musique Assitée par Ordinateur dont il se passionne. Un projet de Live et d'ailleurs en train de se monter avec GROM aka LJM et NEUROTRANS.

Psyva va sur ses 3 ans avec pour l'instant 5 soirées à son actif. Renaud souhaite faire partager sa passion tel qu'il la voit.

Présentation des ateliers Transmission Hadra Records sur leur site internet

La mise en place et le développement des Ateliers Trancemission correspond à une demande croissante des amateurs de musique électroniques.

A travers ces ateliers, nous avons pour objectif d'initier ou de compléter les connaissances des jeunes et moins jeunes, intéressées par la culture de la musique électronique, et ceci à un prix très accessible.

Dans le cadre d'accompagnement d'artistes locaux, les ateliers Trancemission peuvent être un tremplin pour passer au niveau supérieur dans les diverses disciplines.

En effet, les autres activités d'HADRA leur permettent de poursuivre leurs créations artistiques soit en se produisant dans l'un de nos évènements (exposer les créations pour les décorateurs) soit en sortant des compositions dans les compilations HADRA.

Et pourquoi pas une professionnalisation au bout...

Au sein des ateliers trancemission, nous contribuons à renforcer le lien social :

· Avec un accès à la culture pour tous (spécifiquement au public jeune 12/25 ans) à la Culture Electro et aux pratiques artistiques qui y sont liées, ceci grâce à un tarif plus qu'abordable : 40 euros.

A terme, nous aimerions en collaboration avec la Ville de Grenoble mettre à disposition des jeunes du matériel de Deejaying pour s'exercer.

· Notre action est dirigée en faveur de tous ceux qui n'y ont pas accès : par exemple les habitants de milieux ruraux ou défavorisés, en partenariat avec les services jeunesse ou MJC de ces communes.

· Nous valorisons l'expression de chaque individu, lui permettant ainsi de faire ses choix artistiques et de devenir acteur de sa création.

· Le projet pédagogique implique les jeunes, et favorise ainsi les coopérations entre eux. Soit en travaillant sur un projet commun (en partenariat avec la structure qui accueille les ateliers), soit en mutualisant simplement le matériel et en travaillant par groupe, les stages permettent la transmission des valeurs de partage et de solidarité entre les jeunes.

Flyers

Flyer de la soirée du Samedi 19 Janvier organisée par Mystic Chrysalide au Mas Bonete

Recto du flyer :

Verso du flyer :

Recto du flyer :

Verso du flyer :

Dispositif Juridique

Article 53 de la Loi du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne (LSQ) dit «amendement Mariani»

Après l'article 23 de la loi no 95-73 du 21 janvier 1995 précitée, il est inséré un article 23-1 ainsi rédigé :

« Art. 23-1. - Les rassemblements exclusivement festifs à caractère musical, organisés par des personnes privées, dans des lieux qui ne sont pas au préalable aménagés à cette fin et répondant à certaines caractéristiques fixées par décret en Conseil d'Etat tenant à leur importance, à leur mode d'organisation ainsi qu'aux risques susceptibles d'être encourus par les participants, doivent faire l'objet par les organisateurs d'une déclaration auprès du préfet du département dans lequel le rassemblement doit se tenir. Sont toutefois exemptées les manifestations soumises, en vertu des lois ou règlements qui leur sont applicables, à une obligation de déclaration ou d'autorisation instituée dans un souci de protection de la tranquillité et de la santé publiques,

« La déclaration mentionne les mesures envisagées pour garantir la sécurité, la salubrité, l'hygiène et la tranquillité publiques. L'autorisation d'occuper le terrain ou le local où est prévu le rassemblement, donnée par le propriétaire ou le titulaire d'un droit réel d'usage, est jointe à la déclaration.

« Lorsque les moyens envisagés paraissent insuffisants pour garantir le bon déroulement du rassemblement, le préfet organise une concertation avec les responsables destinée notamment à adapter lesdites mesures et, le cas échéant, à rechercher un terrain ou un local plus approprié.

« Le préfet peut imposer aux organisateurs toute mesure nécessaire au bon déroulement du rassemblement, notamment la mise en place d'un service d'ordre ou d'un dispositif sanitaire.

« Le préfet peut interdire le rassemblement projeté si celui-ci est de nature à troubler gravement l'ordre public ou si, en dépit d'une mise en demeure préalable adressée à l'organisateur, les mesures prises par celui-ci pour assurer le bon déroulement du rassemblement sont insuffisantes.

« Si le rassemblement se tient sans déclaration préalable ou en dépit d'une interdiction prononcée par le préfet, les officiers de police judiciaire et, sous leur responsabilité, les agents de police judiciaire peuvent saisir le matériel utilisé, pour une durée maximale de six mois, en vue de sa confiscation par le tribunal.

« Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de 5e classe le fait d'organiser un rassemblement visé au premier alinéa sans déclaration préalable ou en violation d'une interdiction prononcée par le préfet. Le tribunal peut prononcer la confiscation du matériel saisi.

« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent article. »

JORF n°106 du 7 mai 2002
Texte n°10

DECRET
Décret n° 2002-887 du 3 mai 2002 pris pour l'application de l'article 23-1 de la loi n°
95-73 du 21 janvier 1995 et relatif à certains rassemblements festifs à caractère
musical

NOR: INTD0200114D

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre de l'intérieur,

Vu le code pénal, notamment ses articles 121-2, 131-12 à 131-16, 131-40 à 131-42, 132- 11 et 132-15 ;

Vu la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 modifiée d'orientation et de programmation relative à la sécurité, notamment son article 23-1 issu de l'article 53 de la loi n° 2001-1 062 du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne ;

Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu,

Décrète :

Article 1

Sont soumis à la déclaration requise par la loi, auprès du préfet du département dans lequel ils doivent se dérouler, les rassemblements mentionnés à l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée, exclusivement festifs à caractère musical, organisés par des personnes privées dans des espaces qui ne sont pas au préalable aménagés à cette fin, lorsqu'ils répondent à l'ensemble des caractéristiques suivantes :

a) Ils donnent lieu à diffusion de musique amplifiée ;

b) L'effectif prévisible des participants et du personnel susceptible d'être atteint, compte tenu notamment de la surface du lieu du rassemblement, dépasse 250 personnes ;

c) L'annonce du rassemblement est prévue par voie de presse, affichage, diffusion de tracts ou par tout moyen de communication ou de télécommunication ;

d) Le rassemblement est susceptible de présenter des risques pour la sécurité des participants, en raison de l'absence d'aménagement ou de la configuration des lieux.

Article 2

Sous réserve des dispositions de l'article 7, la déclaration mentionnée à l'article 1er est faite, au plus tard un mois avant la date prévue pour le rassemblement, par l'organisateur, auprès du préfet du département dans lequel il doit se dérouler.

Elle mentionne le nom et l'adresse du ou des organisateurs, le jour, le lieu et la durée du rassemblement ainsi que le nombre susceptible d'être atteint de participants et de personnes qui concourent à sa réalisation. Elle indique que l'organisateur a informé de ce rassemblement le ou les maires intéressés.

La déclaration est accompagnée de l'autorisation d'occuper le lieu donnée par le propriétaire ou le titulaire du droit réel d'usage.

Article 3

La déclaration décrit les dispositions prévues pour garantir la sécurité et la santé des participants, la salubrité, l'hygiène et la tranquillité publiques et précise les modalités de leur mise en oeuvre, notamment au regard de la configuration des lieux. Elle comporte en particulier toutes précisions utiles sur le service d'ordre et le dispositif sanitaire mis en place par l'organisateur et sur les mesures qu'il a envisagées y compris, le cas échéant, pour se conformer à la réglementation relative à la sécurité dans les établissements recevant du public.

Elle comporte également l'indication des dispositions prévues afin de prévenir les risques, notamment d'accidents de la circulation, liés à la consommation d'alcool, de produits stupéfiants ou de médicaments psychoactifs. Elle précise les modalités de stockage, d'enlèvement des déchets divers et de remise en état du lieu utilisé pour le rassemblement.

Article 4

Lorsque le préfet constate que la déclaration satisfait à l'ensemble des prescriptions des articles 2 et 3, il en délivre récépissé.

Article 5

Lorsque le préfet estime que les mesures envisagées sont insuffisantes pour garantir le bon déroulement du rassemblement, compte tenu du nombre des participants attendus, de la configuration des lieux et des circonstances propres au rassemblement, il sursoit à la

délivrance du récépissé et organise, au plus tard huit jours avant la date prévue pour celui- ci, la concertation mentionnée au troisième alinéa de l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée au cours de laquelle il invite l'organisateur à prendre toute mesure nécessaire au bon déroulement du rassemblement.

En cas de carence de l'organisateur, le préfet fait usage des pouvoirs qu'il tient du cinquième alinéa de l'article 23-1 de la même loi.

Article 6

Le préfet informe le maire de la ou des communes intéressées du dépôt de la déclaration relative au rassemblement ainsi que des modalités d'organisation de ce dernier et des mesures qu'il a éventuellement imposées à l'organisateur.

Article 7

L'organisateur d'un rassemblement soumis à déclaration en vertu de l'article 1er qui a préalablement souscrit, dans des conditions fixées par arrêté du ministre de l'intérieur, pris après avis du ministre chargé de la culture, du ministre chargé de la gendarmerie nationale et du ministre chargé de la santé, un engagement de bonnes pratiques définissant ses obligations, notamment en matière d'actions de prévention et de réduction des risques, dispose d'un délai réduit à quinze jours pour effectuer la déclaration prévue à l'article 2.

Il est donné récépissé de cet engagement par le préfet du département où il a été souscrit.

Article 8

A Paris, les compétences dévolues au préfet par le présent décret sont exercées par le préfet de police.

La déclaration exigée de l'organisateur du rassemblement doit être faite auprès de cette autorité.

Article 9

I. - Les personnes physiques coupables de la contravention prévue au septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée encourent également les peines complémentaires suivantes :

1° La suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle ;

2° La confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la chose qui en est le produit ;

3° Le travail d'intérêt général pour une durée de vingt à cent vingt heures.

II. - Les personnes morales peuvent être déclarées responsables pénalement, dans les conditions prévues par l'article 121-2 du code pénal, de l'infraction définie au septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée.

Les peines encourues par les personnes morales sont :

1° L'amende suivant les modalités prévues par l'article 131-41 du code pénal ;

2° La confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la chose qui en est le produit.

III. - La récidive de la contravention prévue au septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée est réprimée conformément aux articles 132-11 et 132-15 du code pénal.

Article 10

La garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre de l'intérieur et le ministre de la défense sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 3 mai 2002. Lionel Jospin

Par le Premier ministre :

Le ministre de l'intérieur,

Daniel Vaillant

La garde des sceaux, ministre de la justice, Marylise Lebranchu

Le ministre de la défense,

Alain Richard

Décret n° 2006-334 du 21 mars 2006 modifiant le décret n° 2002-887 du 3 mai 2002 pris pour l'application de l'article 23-1 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 et relatif à certains rassemblements festifs à caractère musical

NOR : INTD0600056D

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire,

Vu la loi no 95-73 du 21 janvier 1995 modifiée d'orientation et de programmation relative à la sécurité, notamment son article 23-1 ;

Vu le décret no 2002-887 du 3 mai 2002 pris pour l'application de l'article 23-1 de la loi no 95-73 du 21 janvier 1995 et relatif à certains rassemblements festifs à caractère musical ;

Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu, Décrète :

Article 1

Le troisième alinéa de l'article 1er du décret du 3 mai 2002 susvisé est remplacé par les dispositions suivantes :

« b) L'effectif prévisible des personnes présentes sur le lieu du rassemblement dépasse 500 ; ». Article 2

Au deuxième alinéa de l'article 2 du même décret, les mots : « le nombre susceptible d'être atteint » sont remplacés par les mots : « l'effectif prévisible ».

Article 3

Le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, la ministre de la défense et le garde des sceaux, ministre de la justice, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 21 mars 2006.

Dominique de Villepin

Par le Premier ministre :

Le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur

et de l'aménagement du territoire,

Nicolas Sarkozy

La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie

Le garde des sceaux, ministre de la justice, Pascal Clément

CIRCULAIRE INTERMINISTERIEL DU 29 DÉCEMBRE 1998

LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR LE MINISTRE DE LA DÉFENSE LE MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

à

MESDAMES ET MESSIEURS LES PRÉFETS

MONSIEUR LE PRÉFET DE POLICE

Objet : Instruction sur les manifestations rave et techno

Les manifestations rave et techno, considérées comme un simple phénomène de mode tendent à devenir, comme le montre l'actualité, un véritable phénomène de société. Autre élément de cette évolution, de clandestines qu'elles étaient jusqu'alors, ces manifestations, de par la volonté même de leurs organisateurs, se veulent désormais organisées et reconnues, à l'issue d'une autorisation qui en attestera toutes les garanties de sécurité nécessaires.

Il importe donc, face à ces changements, de préciser les règles de conduite à tenir, l'objectif devant être de voir se substituer aux réunions clandestines trop souvent source de graves incidents, des manifestations encadrées, avec l'assurance qu'elles ne constitueront pas d'atteintes à la tranquillité des populations et à l'ordre public, ni à la sécurité des participants.

Ces considérations supposent, de votre part, une attitude dépourvue d'a priori qui n'exclut pas de devoir agir avec toute la rigueur et la vigilance nécessaires à l'égard de l'octroi de ces autorisations et du déroulement de ces concerts. Il convient en effet de ne pas perdre de vue qu'il incombe aux maires, comme aux préfets, d'assurer l'ordre, la tranquillité et la sécurité publics.

Vous voudrez bien désormais observer les directives suivantes :

I. - Pour les manifestations faisant l'objet d'une demande d'autorisation

Comme indiqué en préambule, les organisateurs des concerts rave et techno, outre qu'ils font preuve d'un professionnalisme accru, sont fermement résolus à assumer leurs responsabilités et se montrent demandeurs envers l'État, des règles applicables en la matière.

Il convient donc de répondre à cette volonté de responsabilisation et de faire en sorte, d'abord, qu'ils soient parfaitement informés de toutes les obligations auxquelles ils doivent se soumettre et des sanctions qu'ils encourent en cas de manquements ou d'infraction. De leur côté, il leur revient de vous indiquer les mesures qu'ils entendent prendre, notamment pour éviter la circulation de produits stupéfiants.

Pour ce faire, il importe de développer auprès d'eux une démarche d'information, de sensibilisation et de dialogue qu'il pourra être opportun de poursuivre, le cas échéant, durant la procédure d'instruction de la demande d'autorisation.

J'appelle tout particulièrement votre attention sur ce point et sur le soin qui devra être apporté dans l'accomplissement de ces actions de concertation.

Quant à la procédure proprement dite d'instruction, elle doit se rapprocher en tous points de celle qui est observée à l'occasion de manifestations identiques (concerts rocks par exemple). Toute manifestation envisagée devra faire l'objet d'une demande d'autorisation, accompagnée de toutes informations utiles (date, lieu, moyens...). L'autorisation sera par ailleurs subordonnée au strict respect des conditions réglementaires habituellement exigées, tant au plan de la santé que de la sécurité publique.

A cet égard et parmi l'ensemble des textes applicables à tout concert autorisé, rappelés en annexe, il convient de citer notamment :

- les dispositions de l'ordonnance du 13 octobre 1945 relative à la police des spectacles ;

- pour les manifestations qui ne sont pas organisées à titre bénévole, les dispositions de l'article 23 de la loi n°95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, et celles du décret n°97- 646 du 31 mai 1997 fixant les conditions d'application de cet article, relatif à la mise en place de services d'ordre par les organisateurs de manifestations sportives, récréatives ou culturelles à but lucratif lorsque la manifestation rassemble plus de 1.500 personnes.

C'est à la lumière de ces informations, et à l'issue d'un examen qui doit se faire au cas par cas, que sera prise votre décision d'autoriser ou non la manifestation prévue. Le non-respect des règles de sécurité ou un avis défavorable de la Commission de sécurité doit motiver un refus d'autorisation. Celui-ci se justifiera également lorsqu'un projet présente un risque sérieux de trouble à l'ordre public.

Il convient à cet égard de rappeler que toute décision de refus doit être motivée.

La réglementation existante conserve donc toute sa justification, l'impératif de protection des jeunes d'abord,

mais aussi des populations, ne devant pas être perdu de vue. Il s'agit, en résumé, d'apprécier les risques éventuels de la manifestation proposée en fonction des éléments contenus dans la demande.

Votre attention doit tout aussi nécessairement se porter sur les besoins de mise en place de dispositifs destinés à prévenir les atteintes éventuelles à la santé des participants : il conviendra de favoriser l'implantation, à proximité des endroits où se déroulent ces concerts, des organismes ou associations reconnues, susceptibles de diffuser des messages de prévention ou de prodiguer des conseils de santé. Dans un souci de santé publique, il en sera de même pour les antennes médicales aptes à prendre en charges les urgences.

Il convient à cet égard de ne pas négliger l'hypothèse, toujours possible de dérives, malgré les précautions sérieuses prises par les organisateurs. C'est pourquoi la plus grande vigilance doit être apportée, notamment aux abords des lieux où se déroulent ces manifestations afin d'intervenir à l'occasion de tout délit de trafic ou de revente de drogue, notamment de cachets d'ecstasy. De telles constatations devraient donner lieu à interpellation par les services de police, de gendarmerie ou de douanes, conformément à la loi.

Enfin, comme dans tout concert semblable, à forte densité de participants, les services précités procéderont également, en tant que de besoin, aux constatations de toutes infractions qui se produiraient au cours de la manifestation.

II. - Pour les manifestations ne faisant pas l'objet d'une demande d'autorisation

Pour ce qui concerne les organisateurs qui continueront malgré tout à agir de manière clandestine et lorsque ces manifestations seront portées à la connaissance de l'autorité administrative, il conviendra de demander, en adaptant de façon appropriée, leur intervention aux circonstances locales, aux services de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, de procéder aux contrôles nécessaires aux fins de constater éventuellement les infractions aux règles liées à l'autorisation administrative préalable de l'ordonnance du 13 octobre 1945 et à l'obligation de déclaration préalable prévue par le décret du 31 mai 1997, sans exclure la dissolution de rassemblement lorsque les conditions de sécurité ou de troubles à l'ordre public le requièrent. L'intervention des forces de l'ordre tiendra compte du caractère public ou privé de l'endroit où se tient la manifestation.

Toute infraction, tout délit, notamment la présence éventuelle de drogue, donnera lieu, lors de ces manifestations, à interpellation des participants comme des organisateurs.

L'annexe de la présente circulaire énumère les différentes dispositions dont il peut être fait application.

A l'occasion de ces interventions, il y aura lieu de tenir compte, dans le cas où ils pourront avoir été mis en place, des dispositifs touchant à la santé.

*

**

Vous comprendrez tout l'intérêt qui s'attache à ce que ces règles soient, en toutes circonstances, scrupuleusement suivies.

Vous nous rendrez compte des conditions dans lesquelles elles ont pu être mises en oeuvre, ainsi que des effets constatés.

Fait à Paris, le 29 décembre 1998

Le Secrétaire d'État à l'Outre-Mer, Ministre de l'Intérieur par intérim : Jean-Jack QUEYRANNE

Le Ministre de la Défense : Alain RICHARD

La Ministre de la Culture et de la Communication : Catherine TRAUTMANN

REGLEMENTATION APPLICABLE

I) Police administrative

A) Autorisations

. Ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre 1945 relative à la police des spectacles qui prévoit (article 12) que " les directeurs de spectacles doivent se conformer aux prescriptions réglementaires concernant le bon ordre et la tenue des spectacles, la sécurité et la salubrité publique " et que " les spectacles visés au 6è° de l'article 1er de la présente loi " c'est-à-dire " ... exhibitions de chants et de danse dans des lieux publics et tous spectacles de curiosité ou de variété " " sont soumis à une autorisation du maire ".

B) Contrôle, surveillance

. Code général des collectivités territoriales :

Articles L. 2212-1, L. 2212-2 et L. 2212-3, L. 2213-16 et L. 2213-17, L. 2213-18 relatifs aux pouvoirs de police des maires.

. Code de procédure pénale :

Article 78.2 : alinéa 2 relatif aux contrôles d'identité effectués sur réquisitions du Procureur de la République.

. Article 78.2 : alinéa 3 relatif aux contrôles d'identité effectués pour prévenir une atteinte à l'ordre public notamment à la sécurité des personnes et des biens.

- Code des douanes :

. Article 60 : les agents des douanes peuvent procéder à la visite des marchandises et des moyens de transport et à celle des personnes.

. Article 64 : les agents des douanes peuvent, dans certaines conditions, procéder à des visites en tous lieux, même privés.

. Article 67 bis : constatation des infractions douanières d'importation, d'exportation ou de détention de substances ou plantes classées comme stupéfiants, identification des auteurs et complices de ces infractions, surveillance de ces substances ou plantes.

. Article 323 : agents habilités à constater les infractions aux lois et règlements douaniers. . Articles 414 et 417 : sanctions (cf. III 2).

. Article 23 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité aux termes duquel " les organisateurs de manifestations sportives ou récréatives ou culturelles à but lucratif peuvent être tenus d'y assurer un service d'ordre lorsque leur objet ou leur importance le justifie ".

. Décret n° 97-646 du 31 mai 1997, dont les dispositions sont entrées en vigueur le 2 décembre 1997, qui fixe les conditions d'application de cet article et qui précise les obligations incombant en la matière aux organisateurs dès lors que la manifestation rassemble plus de 1 500 personnes.

. Circulaire du 25 août 1997 relative à l'application de ces textes.

II - Mesures conservatoires

- Code de procédure civile :

. Articles 484, 848 et 848 : le juge du tribunal d'instance peut, même en présence d'une contestation sérieuse, prescrire en référé les mesures conservatoires ou de remise en état qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou faire cesser un trouble manifestement illicite.

III - Infractions pénales

A) Mesures d'ordre général

. Article R. 610-5 du code pénal relatif au non respect des décrets et arrêtés de police légalement faits.

B) Infractions concernant des mineurs

1) Protection contre les atteintes sexuelles

Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs, notamment le titre II (article 10 et suivants).

2) Protection contre l'alcool

Titre IV - Chapitre II du code des débits et boissons, et notamment :

. Articles L. 80 et L. 81 : interdiction dans les débits de boissons et tous commerces ou lieu public de vendre ou d'offrir à des mineurs de moins de 16 ans des boissons alcooliques à consommer sur place ou à emporter.

C) Autres infractions

1) Protection contre l'alcool

- Code des débits de boissons :

. Article R 2 : exploitation d'un débit de boissons sans autorisation.

2) Protection contre le tabagisme

Loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme : titre I articles 3 à 9 notamment interdiction de toute propagande ou publicité directe ou indirecte en faveur du tabac ou des

produits du tabac.

3) Protection contre les produits stupéfiants :

Articles suivants du code pénal :

. Article 222-34 relatif à la direction ou l'organisation d'un groupement ayant pour objet la production, la fabrication, l'importation, l'exportation, le transport, la détention, l'offre, la cession, l'acquisition ou l'emploi illicite de stupéfiants.

. Article 22-35 relatif à la production ou la fabrication illicite de stupéfiants.

. Article 222-36 relatif à l'importation ou l'exportation illicite de stupéfiants.

. Article 222-37 relatif au transport, à la détention, à l'offre, à la cession, l'acquisition ou l'emploi illicite de stupéfiants.

. Article 222-39 relatif à la cession, ou l'offre de stupéfiants en vue de la consommation personnelle.

. Article 222-39-1 : fait de ne pouvoir justifier de ressources correspondant à son train de vie tout en étant en relation avec des personnes liées à un trafic de stupéfiants.

. Articles 222-44, 222-45, 222-46, 222-47, 222-48 relatifs aux peines complémentaires applicables aux personnes physiques.

. Articles 222-49, 222-50, 222-51 relatifs aux dispositions communes aux personnes physiques et aux personnes morales.

. Article 227-18 relatif à la provocation directe d'un mineur à faire un usage illicite de stupéfiants.

. Article 227-18-1 : provocation directe ou indirecte d'un mineur à transporter, détenir, offrir ou céder des stupéfiants.

Articles suivants du code de la santé publique :

. Article L. 628 relatif à la répression de l'usage illicite de stupéfiants et aux dispositions thérapeutiques alternatives.

. Article L. 629-2 relatif à la fermeture administrative des établissements recevant du public. . Article L. 630 relatif à la provocation à l'usage ou au trafic de stupéfiants.

Articles suivants du code des douanes :

. Articles 414 et 417 : sanction des faits de contrebande.

4) Protection des auteurs, impositions

. Article L. 635-2 (article 425 ancien code pénal) du code de la propriété intellectuelle.

5) Protection contre les nuisances

Bruit

. Loi n° 92-1444 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, notamment articles 6 et 21.

. Décrets d'application (n°s 95-408 et 95-409 du 18 avril 1995) modifiant le code de la santé publique (n° 95- 408) et fixant la liste des agents habilités à rechercher et à constater les infractions en matière de bruit, de voisinage (n° 95-409).

Pollution

. Articles 322-1 à 322-4 et article R. 635-al 1 du code pénal relatifs aux destructions, dégradations et détériorations volontaires d'un bien appartenant à autrui.

6) Protection contre les atteintes à la propriété d'autrui

. Article R. 632-1 du code pénal : sanction de l'abandon d'ordure, déchets, matériaux ou autres objets. IV - Dispositions de caractère fiscal

- Code général des impôts

. Articles 1559, 1565 et 1565 bis relatifs aux taxes sur l'organisation des spectacles ; 1791 et 1791 bis relatifs à la tenue des billetteries, du code général des impôts.

DE LA SECURITE INTERIEURE ET DES LIBERTES LOCALES

DIRECTION DES LIBERTES PUBLIQUES ET DES AFFAIRES JURIDIQUES

SOUS-DIRECTION DES LIBERTES PUBLIQUES ET DE LA POLICE ADMINISTRATIVE

Paris, le

LIB.1 1/N°

Le Ministre de l'Intérieur,

de la Sécurité Intérieure et

des Libertés Locales

à

Mesdames et Messieurs les Préfets

Monsieur le Préfet de Police

Objet : Circulaire sur les dispositions de la loi sur la sécurité quotidienne relative aux « rave-parties » et sur les dispositions réglementaires d'application.

Résumé : L'article 53 de la loi n°2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne (LSQ) a complété la loi n°95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité (LOPS). L'article 23-I nouveau de la LOPS confère un cadre juridique, jusqu'alors insuffisant,

aux rassemblements couramment appelés « rave-parties ».

Les organisateurs de ces rassemblements sont désormais tenus de déclarer leurs projets aux préfets des

départements sur le territoire desquels les « rave-parties » sont prévues.

Le décret n°2002-887 du 3 mai 2002 précise ce dispositif et prévoit un régime différencié selon que les

organisateurs souscrivent ou non l'engagement de bonnes pratiques qui fait l'objet de mon arrêté du même jour.

La présente circulaire a pour objet d'apporter des précisions sur le nouveau régime juridique, lequel vise

à responsabiliser les organisateurs de ces manifestations.

La loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne (LSQ) a, dans son article 53, inséré un article 23-I nouveau à la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation sur la sécurité (LOPS).

Ce texte concerne les rassemblements communément appelés « rave-parties ».

En application de ce nouvel article 23-I, le décret n°2002-887 du 3 mai 2002 et mon arrêté du 3 mai 2002 précisent les caractéristiques de ces rassemblements et les conditions d'application de ce nouveau dispositif.

.../...

- 2 -

1) - L'état du droit antérieur aux nouvelles dispositions de l'article 23-I de la loi d'orientation et de programmation du 21 janvier 1995 issues de la loi relative à la sécurité quotidienne du 15 novembre 2001

La circulaire interministérielle du 29 décembre 1998 sur « les manifestations rave et techno » rappelait un certain nombre de dispositions susceptibles d'être appliquées à divers

rassemblements: d'une part, celles de l'article 23 de la LOPS du 21 janvier 1995 et son décret d'application n° 97-646 du 31 mai 1997, d'autre part, celles de l'ordonnance du 13 octobre 1945 sur les spectacles modifiée par la loi n°99-198 du 18 mars 1999.

Ces textes, toutefois, ne sont pas véritablement adaptés aux rassemblements désignés sous le nom de « rave-parties ».

L'article 23 de la LOPS fait principalement obligation aux organisateurs de certains rassemblements de déclarer ceux-ci, un mois au moins avant la date prévue, au maire de la commune sur le territoire de laquelle ils doivent se tenir. En outre, ce texte législatif et son décret d'application du 31 mai 1997 prévoient la mise en place éventuelle d'un service

d'ordre par les organisateurs ou le renforcement de ce service d'ordre. Les mesures prescrites par le maire doivent vous être communiquées.

Ces dispositions ne concernent, cependant, que des rassemblements « récréatifs » ou

« culturels » dépassant 1.500 participants et qui sont organisés à des fins lucratives. Or, ces deux caractéristiques, le plus souvent, ne concernent pas les « rave-parties ». Beaucoup d'entre elles comportent moins de 1.500 participants et s'affirment non lucratives.

De même, l'ordonnance du 13 octobre 1945 modifiée relative aux spectacles, qui

soumet à une déclaration en préfecture, un mois au moins avant la date prévue, les personnes non titulaires d'une licence d'entrepreneur de spectacles organisant des spectacles à titre occasionnel, ne peut s'appliquer aux « rave-parties ». Ces dernières, en effet, ne constituent pas, à proprement parler, des spectacles et ne font pas appel, le plus souvent, à « un professionnel du spectacle percevant une rémunération », comme le prévoit l'article 1er de la loi du 18 mars 1999 portant modification de l'ordonnance du 13 octobre 1945.

Ainsi, avant l'entrée en vigueur du nouvel article 23-I de la LOPS et les dispositions réglementaires prises pour son application, les « rave-parties » ne relevaient d'aucune réglementation spécifique.

Le nouvel article 23-I de la LOPS introduit par la LSQ du 15 novembre 2001, le décret et mon arrêté du 3 mai 2002 visent à favoriser une meilleure organisation de ces

rassemblements afin de prévenir les divers risques qu'ils créent en matière de sécurité, santé, tranquillité, salubrité publiques. Ces dispositions ont pour objet de susciter une responsabilisation des organisateurs de « rave-parties ». Elles répondent en outre au souhait d'une partie croissante de ces organisateurs.

Néanmoins, les dispositions de l'article 23 de la LOPS, celles du décret du

31 mai 1997, ainsi que celles de l'ordonnance du 13 octobre 1945 modifiée évoquées précédemment restent en vigueur et continuent de s'appliquer aux rassemblements autres que les « rave-parties ». Le nouveau dispositif n'a donc pas vocation à se substituer à ces textes.

- 3 -

2) - Le champ d'application du nouveau dispositif

Les « rave-parties » posent des problèmes d'ordre public variés : trafics et

consommation de produits stupéfiants et de substances psychoactives, ivresses, rixes, installation dans un lieu sans autorisation, bris de clôture, détériorations de propriété, stationnements anarchiques de véhicules, nuisances sonores, etc ...

Elles créent également des problèmes sanitaires dont l'ampleur varie selon

l'importance du public et la durée de l'événement (plusieurs jours pour les « Teknival »). A cet égard, les principaux risques résultent de l'affluence du public, de la consommation de produits stupéfiants et de substances psychoactives, de la consommation d'alcool, de la fatigue, de la déshydratation.

Ces rassemblements ont également souvent pour conséquences la dégradation de certains sites et l'abandon de déchets divers en quantité.

Les « rave-parties » peuvent se tenir dans des lieux potentiellement dangereux, à proximité de falaises ou de carrières, dans des entrepôts désaffectés, dans des friches industrielles, sur des terrains sur lesquels existent des bâtiments en mauvais état, etc ... Elles créent souvent des encombrements des voies de circulation, qui rendent

difficile l'accès du site aux forces de l'ordre ou aux services de secours.

Le dispositif issu du nouvel article 23-I de la LOPS et des textes réglementaires d'application du 3 mai 2002 prévoit l'obligation de déclarer, à la préfecture du lieu où ils doivent se tenir, les rassemblements ayant certaines caractéristiques, afin que puisse être assuré leur bon déroulement. Le défaut de déclaration est constitutif d'une contravention de 5ème classe et peut entraîner la confiscation du matériel utilisé, notamment des appareils de sonorisation.

L'article 1er du décret du 3 mai 2002 énumère les caractéristiques cumulatives de ces rassemblements :

- le rassemblement est exclusivement festif et à caractère musical ;

- il est organisé par des personnes privées dans des espaces qui ne sont pas aménagés ; - il est susceptible de présenter des risques pour la sécurité des participants en raison de l'absence d'aménagement ou de la configuration des lieux.

- il donne lieu à diffusion de musique amplifiée ;

- l'effectif prévisible des participants et du personnel qui concourent à réalisation du rassemblement peut atteindre plus de 250 personnes ;

- l'annonce du rassemblement est effectuée par voie de presse, d'affichage, de diffusion de tracts, ou par tout moyen de communication ou de télécommunication.

Ainsi, les fêtes qui ne donnent pas lieu à diffusion de musique amplifiée ou celles

dont la musique ne constitue qu'un accessoire telles les diverses fêtes de village, n'entrent pas dans le champ d'application de ce nouveau dispositif.

- 4 -

L'organisateur qui négligerait la formalité déclarative au motif qu'il n'aurait pu évaluer l'ampleur du public, ou qu'il l'aurait sous-estimée, pourrait en revanche être

sanctionné si la superficie du lieu retenu pour le rassemblement et/ou l'importance de la campagne de communication sont de nature à faire présumer un afflux de population. En ce qui concerne la notion de risques pour la sécurité des personnes,

l'article 1er du décret du 3 mai 2002 précise qu'il doit s'apprécier, en raison de l'absence d'aménagement du lieu ou en raison de sa configuration. Ainsi, un site non aménagé sera susceptible de présenter des risques, notamment par les problèmes créés à ses abords, par l'arrivée de nombreux participants et l'absence de dispositifs destinés à canaliser cette arrivée. La configuration du site sera également susceptible de présenter des risques, notamment en raison de sa géographie, s'il est situé, par exemple, aux abords d'un lieu pouvant présenter un danger.

3) - Les conditions d'application du nouveau dispositif

3.1 - Les obligations des organisateurs

3.1.1 Le régime général

La loi a posé le principe d'un dialogue entre les pouvoirs publics et les organisateurs de « rave-parties ».

Ce dialogue aboutit à l'élaboration d'un dossier de déclaration solide qu'il appartient aux organisateur de déposer en préfecture, un mois au plus tard, avant le rassemblement. Conformément à l'article 2 du décret du 3 mai 2002, les organisateurs doivent dans

ce dossier de déclaration :

- préciser la date et la durée du rassemblement et le nombre prévisible de participants ; - présenter l'autorisation d'occuper le lieu accordée par le propriétaire ou le titulaire du droit réel d'usage ;

- indiquer les modalités selon lesquelles ils ont informé le maire de la commune sur le territoire de laquelle le rassemblement est prévu ;

- démontrer qu'ils sont à même de satisfaire tout au long du rassemblement aux obligations prescrites à l'article 3 du décret du 3 mai 2002 relative à la sécurité et la santé des participants à la salubrité, à l'hygiène et la tranquillité publiques.

Il incombe en effet aux organisateurs de prévoir les moyens permettant de répondre aux difficultés créées par les « rave-parties » ayant été évoquées plus haut. Ceux-ci ne sauraient s'en remettre aux seules diligences des services de la préfecture.

Les organisateurs doivent prendre contact avec les représentants de la police ou de la gendarmerie nationales, des services d'incendie et de secours, du SAMU, des associations de secouristes afin de déterminer avec ceux-ci les conditions d'une meilleure garantie de la

sécurité et de la santé des participants.

- 5 -

Les organisateurs ont à prévoir la constitution d'un service d'ordre et d'un dispositif sanitaire. Ce service d'ordre peut être constitué de bénévoles, de salariés des organisateurs ou d'agents d'une société de gardiennage. Pour les rassemblements d'une certaine ampleur, le dispositif sanitaire devra comprendre une antenne médicale.

Les organisateurs doivent veiller à ce que les services et organismes de secours puissent accéder sans difficulté au site.

Il leur revient d'organiser une alimentation en eau potable, d'assurer les conditions d'hygiène exigées par la présence d'une population souvent nombreuse, et d'installer les moyens de stockage des déchets et de nettoyage du site.

Les organisateurs doivent prendre contact avec les services de la DDASS et les associations sanitaires et humanitaires qui agissent dans le domaine de la prévention de la consommation de produits stupéfiants ou de substances psychoactives, ou de la prise en charge des consommateurs de ces produits ou substances.

3.1.2 L'engagement de bonnes pratiques

Le régime différencié selon que l'organisateur a ou non signé l'engagement de

bonnes pratiques, qui fait l'objet des articles 2 et 7 du décret et de mon arrêté du 3 mai 2002, trouve son origine dans les débats parlementaires.

Cet engagement, dont le modèle figure dans mon arrêté du 3 mai 2002, peut être

souscrit à la préfecture du lieu du rassemblement ou du domicile des organisateurs. Il n'est signé que des organisateurs et donne lieu à remise d'un récépissé.

Les organisateurs qui souscrivent l'engagement de bonnes pratiques peuvent, pour

chacun des rassemblements qu'ils organisent, déposer leur dossier au plus tard quinze jours avant le rassemblement. Par ailleurs, un correspondant des services de l'Etat facilitera leurs démarches administratives auprès des services de l'Etat et des collectivités locales et auprès des associations.

L'engagement vaut pour tous les rassemblements organisés par la même personne physique ou morale, quel que soit le département dans lequel ces rassemblements ont lieu. Les organisateurs qui souhaitent bénéficier de ces dispositions plus favorables doivent présenter le récépissé qui leur aura été délivré par la préfecture auprès de laquelle ils auront souscrit leur engagement.

Intervenant en matière de police administrative, cet engagement de bonnes pratiques

ne saurait être regardé comme une contractualisation des relations entre les pouvoirs publics et les organisateurs. C'est la raison pour laquelle il n'est signé que des organisateurs.

Par ailleurs, même si elle doit être encouragée afin de responsabiliser les

organisateurs de « rave-parties », la signature de l'engagement de bonnes pratiques ne saurait être considérée comme une condition de l'examen du dossier de déclaration d'une « raveparty » présenté dans une préfecture. Ce serait, en effet, méconnaître le principe d'égal accès

au service public.

- 6 -

3.2 - Le rôle du préfet

Les éléments d'information fournis par les organisateurs dans le dossier de

déclaration devront vous permettre d'apprécier si les moyens envisagés par ceux-ci sont suffisants pour garantir le bon déroulement du rassemblement.

Dans l'hypothèse d'une réponse favorable au rassemblement, et conformément à l'article 4 du décret du 3 mai 2002, vous remettrez aux organisateurs un récépissé. Dans l'hypothèse contraire, et au plus tard huit jours avant la date du rassemblement, vous engagerez la concertation prévue à l'article 5 du décret du 3 mai 2002, qui vise à

déterminer les mesures supplémentaires nécessaires au bon déroulement du rassemblement. Vous pourrez notamment imposer un renforcement du service d'ordre ou du

dispositif sanitaire. Par ailleurs, vous pourrez être conduit à proposer un autre lieu ou un autre local si vous considérez notamment que ceux choisis par les organisateurs n'apportent pas de garanties suffisantes pour la sécurité ou la santé des participants ou perturbent anormalement la tranquillité publique. A cet égard, il serait utile que soit effectué dans chaque département, un recensement des terrains susceptibles d'être utilisés pour ce type de rassemblement.

Il vous appartiendra de mobiliser l'ensemble des services de l'Etat afin de répondre globalement aux diverses difficultés créées par ces rassemblements (police et gendarmerie nationales, DDASS, SAMU, service d'incendie et de secours, équipement). Lorsqu'un nombre important de participants est prévu, il conviendra, en outre, de mettre en place un dispositif de crise réunissant l'ensemble des services concernés par la « rave-party » et notamment d'y associer le procureur de la République.

Vous pourrez prendre également l'attache des diverses associations concernées par

ces rassemblements : associations de secouristes, associations sanitaires et humanitaires. Les problèmes de sécurité liés à la configuration du site ou du local, à l'accès des services de sécurité ou de secours, à la concentration de personnes sur un lieu, à l'augmentation de la circulation routière, ainsi que les questions sanitaires et d'hygiène,

notamment le stockage et l'évacuation des détritus, devront faire l'objet d'un examen attentif de vos services.

Vous saisirez la commission de sécurité compétente lorsque le rassemblement doit se tenir dans un lieu relevant de la réglementation sur les établissements recevant du public. Vous porterez également une attention particulière aux mesures permettant

d'atténuer les dégradations résultant de ces rassemblements et qui pourraient faire l'objet de demandes de dédommagement. A cet égard, vous vérifierez si les organisateurs ont conclu un contrat d'assurance couvrant le rassemblement.

Si le rassemblement est susceptible de troubler gravement l'ordre public ou si les prescriptions que vous avez fixées aux organisateurs pour garantir le bon déroulement du rassemblement sont insuffisamment satisfaites, vous pourrez interdire le rassemblement après mise en demeure des organisateurs, conformément aux dispositions de l'article 5 du nouvel article 23-I de la LOPS.

- 7 -

Dans cette hypothèse, la concertation au cours de laquelle vous avez invité

l'organisateur à adapter ses mesures initiales tiendra lieu de procédure contradictoire. Votre refus pourra être formalisé par un arrêté ou un courrier adressé aux

organisateurs. Ce document, qui rappellera les textes applicables, devra faire référence aux différentes étapes de la procédure d'examen du dossier. Vous y mentionnerez vos observations et celles des services compétents. Un soin particulier devra être apporté à la rédaction des motifs du refus.

Vous informerez le procureur de la République des dates et lieux du rassemblement

et des décisions que vous aurez arrêtées, en veillant à ce que l'information délivrée permette une réelle coordination des actions de police administrative et de police judiciaire.

3.3 - Le rôle du correspondant de la préfecture

Il devra faciliter les démarches des organisateurs auprès des diverses administrations

de l'Etat et des collectivités locales, ainsi qu'auprès des associations sanitaires, humanitaires ou de secouristes. Il participera notamment à la recherche éventuelle d'un terrain ou d'un lieu plus approprié au rassemblement.

Son intervention ne doit pas, cependant, dispenser les organisateurs de procéder euxmêmes à ces démarches.

Le correspondant que vous désignerez pourra appartenir à l'un des services

déconcentrés de l'État. Votre choix devra, toutefois, tenir compte du caractère prioritaire des questions d'ordre public et de sécurité posées par les « rave-parties ».

3.4 - Les relations avec le maire

Conformément aux dispositions des articles 2 et 6 du décret du 3 mai 2002, le maire est informé du rassemblement par vous-même et les organisateurs.

Le législateur a souhaité que la décision d'autoriser ou de refuser le rassemblement vous incombe. Le nouvel article 23-I de la LOPS a créé une police spéciale qu'il vous a confiée.

Cependant, vous veillerez à ce que le maire soit régulièrement et précisément

informé du suivi du dossier et des mesures que vous aurez arrêtées.

3.5 - La procédure de saisie et les dispositions pénales.

En application du nouvel article 23-I de la LOPS, la tenue d'un rassemblement sans déclaration préalable ou, malgré une interdiction, expose les organisateurs à une sanction pénale (contravention de 5ème classe et peines complémentaires de travail d'intérêt général, de confiscation du matériel, et de suspension du permis de conduire).

- 8 -

Par ailleurs, en vertu de la même disposition législative, les officiers de police

judiciaire ou, sous leur responsabilité, les agents de police judiciaire, peuvent procéder à une saisie administrative provisoire des matériels utilisés, notamment les appareils de sonorisation.

L'article 23-1 précise que cette saisie s'effectue pour une durée maximale de six

mois, en vue de sa confiscation par le tribunal. En conséquence, cette saisie est réalisée à titre provisoire, le tribunal pouvant prononcer la saisie à titre définitif sous réserve de l'application des règles concernant l'appel. Compte tenu de ce délai de six mois, il est souhaitable, en pratique, que des procédures diligentées soient transmises dans les meilleurs délais au procureur de la République, afin de lui permettre d'apprécier les suites à donner à la procédure et, éventuellement, de saisir le tribunal.

La constatation de l'infraction d'organisation d'un rassemblement sans autorisation

ou, malgré une interdiction, est faite sans préjudice de celles d'autres infractions pénales qui pourront d'ailleurs être constatées lors de « rave-parties » non interdites mais connaissant des débordements (trafics de stupéfiants, dégradations de biens, bruits excessifs, etc ...). Sur ce point, vous vous reporterez à ma circulaire du 29 décembre 1998 qui énumère les différentes infractions pénales pouvant être incriminées à l'occasion des « rave-parties ».

Il vous est demandé de porter une attention particulière, en relation avec le procureur

de la République, aux trafics de stupéfiants et de substances psychoactives qui sévissent souvent lors des « rave-parties ». Vous veillerez également à organiser des contrôles routiers en vue de faire constater les infractions de conduite en état alcoolique.

3-6 La constatation des infractions

Il est rappelé que la mission de police judiciaire est exercée par les officiers de police judiciaire sous la direction du procureur de la République.

Les équipes de police judiciaire mises en place pour les opérations de constatations, de recueil d'indices et d'identification d'auteurs d'infractions veilleront à informer

immédiatement l'autorité judiciaire des infractions commises et des interpellations effectuées. Le procureur de la République pourra procéder à des réquisition écrites de contrôle

d'identité. Dans l'hypothèse d'une « rave-party » d'une certaine ampleur, le procureur de la République pourra participer aux opérations de contrôle et veiller à la direction du dispositif judiciaire.

Vous serez informé des procédures judiciaires diligentées et des suites qui leur

auront été réservées (déférements, condamnations, dates de délibérés,...), celles-ci pouvant avoir des conséquences sur l'ordre public.

Vous voudrez bien me rendre compte des difficultés éventuelles rencontrées dans l'application de ce nouveau dispositif.

TABLE DES MATIERES

Remerciements 1

Introduction 3

De la fête techno vécue à l'attention portée sur son organisation 4

Encadré n°1 : Ma découverte du mouvement techno 4

De la fête à la fête techno 7

L'institutionnalisation de la fête techno 10

Du loisir à homo festivus festivus ? 10

Le temps de l'amateur 13

L'enquête de terrain 14

Encadré n°2 : Carnet de bord 16

Neutralité axiologique et implication du sujet : l'usage de l'objectivation participante 17

Le paradigme du loisir contre le paradigme dyonisiaque 20

Encadré n°3 : L'actualité de la fête techno 21

Annonce du plan 22

Chapitre 1 : Idéal-typification des organisations de fêtes techno 23

I. L'intérêt d'une idéal-typification 24

II. L'usage de typologies antérieures pour construire une typologie de l'organisation

de la fête techno 24

III. Usage figé versus usage dynamique de l'idéal-typification 26

IV. Une typologie ad hoc 27

Chapitre 2 : L'organisation "à l'arrache" 29

I. La fête techno est une activité déviante 30

I.1. La fête est déviante 30

I.2. Un dispositif juridique postérieur aux pratiques d'organisations de fêtes techno 31

II. Le militantisme libertaire 33

II.1 .Organiser une fête avec des valeurs héritées des nomades 33

II.2. Les discours normatifs 35

III. De la communauté à l'équipe 37

III.1. "La communauté trans (e) cendantale" 37

III.2. Organiser une soirée : une activité de loisir entre amis 38

III.3. La coopération dans l'équipe organisatrice 40

IV. Le caractère underground de la fête techno 40

IV.1.Tentative de définition de l' "underground" 41

IV.2.S'accomoder de la légalité pour organiser des soirées 42

Chapitre 3 : L'organisation "dans les règles de l'art" 44

I. Pourquoi organiser "dans les règles de l'art" ? 45

I.1. Définition du type d'organisation "dans les règles de l'art" 45

I.2. Des "combines" pour organiser des soirées 46

I.3. La prise de conscience de la responsabilité 47

II. Formaliser l'organisation pour organiser réellement "dans les règles de l'art" 48

II.1. La formalisation du fonctionnement interne 48

II.2. Dialoguer avec les autorités 50

III. Les "communautés de loisir" 52

IV. Un mouvement culturel malléable 53

IV. 1. Consommer la techno 54

IV.2. L'organisateur est-il un auditeur-pratiquant ? 55

IV.3. La démocratisation culturelle : l'exemple de l'amateur-dj 56

IV. 4. Construire sa page sur myspace.com 57

IV.5. L'organisation, une école 58

V. La gestion de la fête 59

V. 1. La gestion des risques 59

V.2. Gérer l'organisation avec les autres temps 61

Chapitre 4 : L'organisation "entrepreneuriale" 62

I. La spécialisation fonctionnelle des soirées 63

I.1. Répartir les tâches dans le fonctionnement interne 64

I.2. Conclure des partenariats 65

II. Vivre de sa passion 66

III. Des activités de loisir mimétiques 67

IV. Des "entrepreneurs du spectacles amateurs" 68

IV. 1 La professionnalisation du spectacle vivant 68

IV.2. Les spécificités de la culture musicale en question 70

1.

Chapitre 5 : La techno et les politiques culturelles 72

I. Le champs des musiques actuelles 73

I.1.La genèse des musiques actuelles 73

I.2.La structuration du secteur des musiques actuelles 74

I.3 .Les « musiques actuelles » en question dans la recherche 75

II. La participation des acteurs à l'élaboration des décisions publiques 76

II.1 .Les enjeux de la reconnaissance : "la culture de tous" 77

II.2.La notion de "co-construction tripartite" 78

II.3.Une méthode de concertation à tous les échelons 79

II.4.L'encadrement institutionnel des pratiques amateurs ? 81

III.Les représentants de la techno 82

III.1 .Techno+, structure d'information sur les risques liés à la santé 83

III.2.Technopol, le syndicat des professionnels de la culture électronique 83

III.3.Un réseau d'acteurs en construction 84

III.4.La création d'outils pour favoriser la concertation 85

Conclusion : le loisir dans l'institutionnalisation, le point de départ de recherches sur les cultures 87

Bibliographie 90

Annexes 94

Transcription des entretiens 95

Observations participantes 166

Documents internes de Mystic Chrysalide 173

Présentations myspace et internet 203

Flyers 208

Dispositif juridique 212

Table des matières 229






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry