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Les organisations de soirées techno. Le loisir dans l'institutionnalisation du mouvement

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par Fabrice JALLET
Université Paris VII Denis Diderot - Master sociologie des politiques culturelles 2009
  

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IV.2. L'organisateur est-il un auditeur-pratiquant ?

"L'amateur est l'enfant du mariage récent de la musique et du marché". Au cours des entretiens, les organisateurs ont exprimé leurs goûts pour la musique. Je n'ai pas cherché à cadrer leur discours vers les aspects purement organisationnels et je les ai même parfois encouragé à m'expliquer leurs goûts. Néanmoins leur prêter une oreille attentive sur ce thème du goût pour la musique a instauré un climat de confiance et m'a fourni des informations utiles sur leur objet d'amour et le rôle de l'organisation de soirées techno dans leur relation avec la musique. " [...] qu'il la joue, la déchiffre, l'écoute ou s'en fasse un tapis sonore, l'amateur re-compose la musique ( y compris les fameuses "oeuvres elles-mêmes", découpées, changées de contexte de performance, de niveau sonore, d'enchaînements, d'usages...) "81(Hennion A., Maisonneuve S., Gomard E, 2000). On peut relier ceci avec la pratique de l'amateur de musique techno, aussi bien celle des producteurs de musiques et que celle des organisateurs. Porté par le mouvement punk rock dans les années 1970, l'esprit "Do It Yourself" (DIY) s'est diffusé dans les pratiques des différents genres musicaux jusqu'à nos jours. Traduit en français par "faites-le vous-même", cette expression est une revendication pour la participation des individus ordinaires à la production artitisque, à la disparition du rapport scène/public jusqu'à l'autoproduction de disques. Les pratiques observées au cours de l'enquête sont portées par cette logique, la participation librement conscentie des organisateurs s'explique par le sentiment de pouvoir et de vouloir faire par soi-même.

"À l'échelle des quatre dernières décennies, on s'aperçoit donc de l'attraction constante qu'exerce le studio, comme principe de traitement du son, sur la sphère amateur et, plus généralement, sur la performance scénique. De «l'attirail« domestique à la sonorisation du live en passant par l'équipement des instrumentistes électriques, de la console du DJ techno, à la platine-disque du scratcheur, à chaque fois on retrouve les principes organisationnels du studio transposés dans des équipements et des pratiques"82. Musicalement, le hip hop et les musiques électroniques sont les résultats de pratiques musicales construites avec l'esprit DIY couplé avec les avancées technologiques. Le matériel de diffusion de la musique loué par les organisateurs est souvent complété la mise en commun du matériel personnel appartenant à ces organisateurs et même parfois empreinté à des amis. Avec les moyens du bord, ces amateurs se fixent comme objectif de proposer des soirées de qualité avec leur propre programmation musicale. On a vu aussi que l'organisation de soirées est un plaisir pour ces amateurs. François Ribac commente ce phénomène ainsi : "en effet, si l'on observe les espaces et les activités dans lesquels s'insèrent les dispositifs publics, on

81 Hennion A., Maisonneuve S., Gomard E., op. cit. ppÀ4-55

82 Ribac F., L'amateur et la phonographie, rock, hip hop, techno. Une contribution au débat sur la filière musicale, 2005, disponible sur http://www.foruma.fr/IMG/l_amateur_et_la_phonographie.pdf

s'apercevra immédiatement d'un hiatus. Là où on créé des salles de concerts payantes les amateurs techno organisent des raves gratuites dans des friches ou à la campagne. Moins que d'y écouter des artistes sur une scène, on y danse et l'on y reste parfois plusieurs jours d'affilée" (Ribac F., 2005)83. J'ai tenté d'avoir une explication lors des entretiens et donc après que je lui ai demandé ce qu'il pensait d'une soirée techno à la Casa Musicale, Anthony m'a répondu que "les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer certains styles de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style de vie c'est écouter de la musique et danser jusqu'à épuisement". Dans sa réponse, le goût pour la musique est attaché au choix du style de vie : les réflexions de Dick Hebdige

L'organisateur est un amateur-pratiquant. Il apporte son quelque chose au projet commun. Anne Petiau met en avant le rôle des musiques populaires en général, et de la techno en particulier, dans la socialisation des jeunes. Partant de son idéal-type wébérien "musique-fonction", elle place au premier plan le caractère collectif des rassemblements festifs techno participant à la socialisation prolongée des jeunes : "ils vont trouver dans le milieu des musiques électroniques des valeurs auxquelles s'identifier, des rôles à expérimenter, et à travers ces expérimentations vont construire leur propre identité"84. Lorsqu'ils deviennent adultes et font le choix d'organiser, ils continuent de se construire dans cette musique et de la construire. "Nous au début, on a fait un peu la même chose parce qu'on a rencontré des gens qui faisaient ça, mais c'est pas...j'aime pas cette musique. J'aime beaucoup l'électro, mais ça la minimal, ça me...ça me ressort par les oreilles". Voilà comment Renaud relate le changement de musique que l'organisation Psyva va proposer pour coller davantage avec ce qu'il aime. Les organisateurs se construisent donc en continue dans leur passion.

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