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L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad

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par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE
Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008
  

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SECTION II : PROPOSITIONS TENDANT AU RENFORCEMENT ET A L'AMELIORATION DU NOUVEAU PARTENARIAT CHINE-TCHAD

Le partenariat sino-tchadien, au-delà de tous les soubresauts politico-diplomatiques90(*) qu'il subit, contribue d'une manière ou d'une autre à la réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit à la santé au Tchad. En effet, la République populaire de Chine, de par sa croissance fulgurante dans l'économie internationale, se présente aujourd'hui aux pays africains en général et au Tchad en particulier comme un modèle de dynamisme économique, une voie de développement, et d'ouverture à l'économie libérale, ou comme le disent P. COHEN et L. RICHARD, « une économie ultralibérale »91(*) qui respecte les réalités internes de chacun de ses partenaires. Cependant, ce partenariat mérite d'être renforcé et amélioré. Il s'agit, pour le bien des populations tchadiennes, d'éviter quelques erreurs du passé (Paragraphe I), et d'entrer en collaboration avec les acteurs privés de développement (Paragraphe II) qui oeuvrent dans le domaine de la réalisation du droit à la santé au Tchad.

Paragraphe I : Pour un partenariat Chine-Tchad au bénéfice des populations : Quelques erreurs à ne plus reproduire

Le partenariat sino-tchadien offre sans nul doute des avantages pour la réalisation du droit à la santé au Tchad. Mais pour qu'il le soit davantage, quelques erreurs mériteraient d'être évitées. Il s'agit des erreurs stratégiques liées au discours tiers-mondiste chinois d'une part (A), et d'autre part des erreurs liées à l'exploitation des ressources naturelles et énergétiques prisées par l'Empire du milieu (B) et constituant une source de financement, de promotion et de réalisation des droits socio-économiques au Tchad.

A- Des erreurs stratégiques liées au discours tiers-mondiste chinois 

Le Président chinois a intitulé son discours prononcé lors du 45e anniversaire de la conférence de Bandoeng à Jakarta, en Indonésie en 2005 : « Du passé glorieux à un futur lumineux : construire un nouveau type de partenariat stratégique entre l'Asie et l'Afrique ». Il faut croire qu'il ne doutait pas un instant que les objectifs des dirigeants africains avaient la même profondeur en termes de développement socio-économique que ceux de la Chine. Il faut aussi croire que le discours tiers-mondiste chinois, en des termes flatteurs, est pris très au sérieux par les dirigeants africains. Et pourtant, les réalités économiques et sociales tchadiennes sont jusque-là bien moins lumineuses. Le Tchad n'a aucune chance d'émerger au 21e siècle si les dirigeants politiques tchadiens ne prennent pas conscience des nouvelles opportunités se profilant à l'horizon avec les nouveaux partenaires comme la Chine, l'Inde, le Brésil qui n'ont pas pour politique affichée, une coopération qui appauvrit l'une des parties.

Depuis 1963, lorsque l'ex-Président ghanéen Kwame N'Krumah a lancé le rêve panafricaniste, rien de fondamental ne s'est produit sur le plan des approches stratégiques dans les relations du continent avec le monde extérieur. En effet, malgré des progrès amorcés ici et là sur le plan démocratique et des droits de l'homme, globalement les relations économiques et commerciales sont caractérisées par la fragmentation des approches, les négociations en catimini avec l'extérieur pour ne gérer que des intérêts purement nationaux, quand ceux-ci n'en sont pas tout simplement ethniques. Les dirigeants africains n'ont pas encore donné les moyens à l'Union africaine et au NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) de positionner l'Afrique sur un plan collectif. Ceci en raison du fait que les ambitions égoïstement nationalistes92(*), voire claniques, sont encore trop fréquentes et gênent particulièrement l'émergence des Africains pris collectivement et le rayonnement de l'Afrique.

Dans un monde globalisé et interdépendant, toute action basée sur l'intérêt national aux dépens de l'intérêt régional voire continental, se paye à terme. La Côte d'ivoire en est l'illustration la plus criarde. La politique des anciennes équipes dirigeantes reléguant l'intégration régionale et continentale au second rang a finalement bloqué le rayonnement tant attendu de la Côte d'Ivoire, terre d'accueil pour les pays voisins, sans pour autant faire office de contrepoids au géant Nigeria. Bref, il n'est plus question de continuer à feindre de conclure de partenariat de type « gagnant-gagnant » si les transferts de savoir-faire technologique et médical ne se font pas effectivement vers les institutions nationales tchadiennes. Une rupture douce est nécessaire.

Il est donc suggéré de ne plus renouveler les erreurs du passé en diversifiant les relations et la coopération vers les pays émergents. Non seulement la diversification des partenaires est nécessaire pour obtenir plus de qualité dans les relations Afrique-monde occidental, mais la nouvelle concurrence offerte par les Chinois, leur dynamisme au Tchad en particulier et en Afrique en général, l'espace de liberté qu'offre l'Afrique en comparaison avec la Chine sont quelques-unes des motivations qui expliquent pourquoi le Tchad, en tant que pays cotonnier et pétrolier, risque d'être une destination prioritaire pour beaucoup de Chinois dans les années à venir.

Mais, il y a, en outre, un risque majeur. Sans changement de mentalité de certains des dirigeants enclins aux détournements de fonds publics qui alimentent les droits socio-économiques, sans une rupture souple avec les méthodes uni-critères de gestion des affaires sur le court terme, il faut s'attendre à ce que le Tchad n'appartienne plus aux Tchadiens. Il faut craindre que les dirigeants tchadiens oublient de construire l'avenir des populations tchadiennes et ne se concentrent uniquement à faire des échanges-trocs sans valeur ajoutée pour les populations. Pour être concret, continuer à échanger des matières premières (pétrole, minerais et autres produits de base) dont le Tchad, comme la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, est détenteur, sans création de valeur ajoutée et sans maîtrise du processus de transformation, c'est aller vers ce que Yves EKOUE AMAIZO, économiste à l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), appelle « un suicide collectif sur le plan économique »93(*). Lorsqu'un pays qui dispose de fer et d'alumine, soutient l'économiste AMAIZO, « opte pour une offre chinoise de transformation sur place du minerai avec en plus une voie de chemin de fer permettant l'exportation d'un produit ayant subi au moins 2 à 3 niveaux de transformation avant exportation, il est clair que ce pays prépare l'avenir et tente de s'inscrire dans un segment porteur du système mondial de production »94(*).

En oubliant d'organiser le contrôle et le renouvellement dans un souci de préservation de l'environnement des ressources du continent africain, les dirigeants africains risquent de renouveler la faute stratégique consistant à vendre les ressources disponibles sans réinvestir dans le développement des secteurs prioritaires comme l'éducation et la santé. Avec la Chine, ce problème risque de s'accentuer, car la Chine semble offrir des biens et des services à des coûts défiant toute concurrence. Mais en réalité, les propriétés des espaces, des usines et des systèmes de transport et de commercialisation échappent de plus en plus au contrôle des dirigeants africains. En effet, certains dirigeants se contentent d'en accepter le principe même s'il ne contribue pas manifestement au bien-être de leurs populations, « pourvu que quelques miettes, nous dit une fois de plus l'économiste du système des Nations Unies, sous la forme de pourcentage, tombent dans leur escarcelle délocalisée dans une banque offshore »95(*). On ne peut réaliser les droits économiques et sociaux dans un pays comme le Tchad sans faire appel à ses ressources propres, y compris celles provenant de la Diaspora. A ce titre, la Chine donne un exemple illustratif très frappant à l'ensemble des pays dits « non-alignés ».

Si l'espace national est trop étroit, alors comme le suggèrent fortement l'Union africaine et le NEPAD, il importe de s'organiser au moins sur des bases régionale et continentale. Comment peut-on encore accepter que des ressources soient identifiées et exportées hors des pays africains pour être transformées ailleurs et reviennent sous forme de biens manufacturés et parfois à des coûts exorbitants... Comment accepter que des stades de football, des palais des congrès, des palais présidentiels ou des ponts sont construits sans aucun transfert de savoir-faire aux populations locales... ? C'est pourtant ce qui se passe actuellement dans les relations sino-africaines, et en particulier sino-tchadiennes. Il arrive même que les dirigeants qualifiés de dictateurs signent des accords qui octroient la meilleure partie à l'investisseur étranger sans pour autant prévoir des clauses de sauvegarde permettant de s'assurer d'un quelconque transfert de capacités productives aux populations locales96(*). A ce rythme, les secteurs cotonnier et pétrolier qui font miroiter les grands consommateurs du monde, notamment la République populaire de Chine, risque d'échapper entièrement au gouvernement tchadien, dans les années à venir, sans pour autant, comme nous préviennent C. PHILIPPE et L. RICHARD, « enrayer la menace de catastrophe sociales, écologiques ou sanitaires »97(*) qui plane au quotidien sur des populations. En somme, il y a quelques erreurs que les dirigeants africains sont appelés à éviter de reproduire s'ils veulent un partenariat durable et une crédibilité renouvelée auprès des responsables chinois :

- croire que l'approche verticale est la panacée alors que les populations ne sont pas associées ;

- présumer que les décisions et solutions formulées par les Etats vont automatiquement devenir opérationnelles sur le terrain alors que les préalables nécessaires ne sont pas mis en place avec les acteurs compétents ;

- oublier d'informer et d'associer le secteur privé et les populations à toute signature d'un accord permettant un accès privilégié aux richesses et à l'espace africain à des investisseurs, chinois en particulier ;

- vendre des matières premières non transformées et sans valeur ajoutée et oublier d'utiliser les ressources ainsi acquises pour réduire les inégalités et promouvoir la création de richesse qui n'est pas possible sans la création des capacités productives endogènes en partenariat avec les pays émergents dont la Chine ;

- continuer à travailler uniquement dans l'espace de la politique politicienne en oubliant les aspirations des peuples à de la nouveauté et à de la représentation vraie.

D'où la nécessité de transformation des ressources naturelles dans les pays producteurs afin que cela contribue à la réalisation des droits économiques et sociaux dans les pays en développement comme le Tchad.

* 90 Le partenariat Chine-Tchad, comme nous l'avons souligné tout au début de ce travail, a été inauguré depuis les années 72, mais suite aux troubles politico-militaires qui ont jalonnés l'histoire du Tchad, il aura subi des ruptures et de rétablissements diplomatiques à plusieurs reprises.

* 91 P. COHEN et L. RICHARD, « La Chine, paradis du néolibéralisme », La Vérité sur le modèle chinois, op. cit., p. 45.

* 92 Nous en voulons ici pour un cas illustratif le problème du passe-port de la zone CEMAC (Communauté des Etats Monétaires de l'Afrique centrale) dont jusqu'aujourd'hui les chefs d'Etat de la zone ne parviennent pas à s'accorder sur sa mise en circulation.

* 93 Y. E. AMAIZO, « Une nouvelle coopération Chine-Afrique : Des erreurs à ne plus reproduire », http://www.afrology.com/eco/pdf/chinafrique.pdf (consulté le 13.03.2008).

* 94 Idem.

* 95 Idem.

* 96Y. E. AMAIZO, « Une nouvelle coopération Chine-Afrique : Des erreurs à ne plus reproduire », op. cit.

* 97 P. COHEN et L. RICHARD, « La Chine, paradis du néolibéralisme », La vérité sur le modèle chinois, op. cit., p. 45.

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