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Thérapie communautaire intégrative

( Télécharger le fichier original )
par Joseph MAZZONI
Université Montpellier 1 - Diplôme universitaire de prévention des addictologies 2010
  

Disponible en mode multipage

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THERAPIE

COMMUNAUTAIRE

INTEGRATIVE

MEMOIRE réalisé dans le cadre

d'un Diplôme Universitaire Présenté par :

de prévention des Addictologies

sous la Direction du Dr. PERNEY Joseph MAZZONI

Université Montpellier 1

Mai 2010

Sommaire

1) Avant propos....................................................................1

2) Les Groupes de paroles......................................................3

3) Historique........................................................................7

4) Schéma du changement......................................................9

5) La thérapie communautaire intégrative...................................11

- c'est quoi ?

- A quoi ça sert ?

- Caractéristiques et objectifs

- Les modes d'abords thérapeutiques

6) Le thérapeute communautaire..............................................20

7) Les outils du thérapeute communautaire................................21

8) La formation.....................................................................26

9) Déroulement d'une séance.................................................29

10) Exemple de séance...........................................................33

11) Conclusion.......................................................................35

12) La thérapie communautaire intégrative au Brésil.....................37

13) La thérapie communautaire intégrative en Europe...................38

14) Bibliographie....................................................................40

AVANT PROPOS

Avant de vous présenter mes réflexions sur l'utilisation de la thérapie communautaire intégrative et ses applications dans le champ des addictions, permettez que je vous parle un peu de moi, vous dire qui je suis et pourquoi je me suis inscrit à un diplôme universitaire (D.U) d'addictologie.

Je ne suis ni médecin, ni psychologue, mais un ancien malade de l'alcool qui depuis plus de 10 ans travaille au sein d'une association dont le but est d'aider et d'accompagner les personnes et leur entourage en difficulté avec l'alcool.

Mon travail au quotidien s'appuie bien sûr sur mon vécu dans l'alcool mais aussi sur une formation en alcoologie dispensée par l'AREAT. Aussi instructives soient-elles, les limites de cet enseignement me sont vite apparues au contact des personnes qui, au-delà de leur problème d'alcool, présentaient une addiction à un ou plusieurs produits. C'est pour acquérir des connaissances en ce domaine que je me suis inscrit à un DU d'alcoologie.

Quant à mon rôle dans l'association, s'il consiste à accueillir des personnes en difficulté et à travailler leur motivation c'est aussi et surtout la participation aux groupes de paroles que j'anime en m'appuyant sur l'expérience et quelques formations internes.

L'opportunité de suivre une formation de thérapeute communautaire s'est offerte à moi il y a 2 ans. (Formation dirigée par le Dr. Adalberto Barretto, ethnopsychiatre brésilien, fondateur de la Thérapie communautaire).Cette méthode par sa facilité de mise en oeuvre et son efficacité m'a permis d'optimiser mes interventions.

Elle permet une approche globale de la maladie en intervenant non seulement sur la personne mais aussi sur le contexte ayant conduit à l'addiction.u

Exemple 1 :

Dans notre Association  « Alcool Action 83 » nous proposons 2 groupes de paroles par semaine pour les malades, et 2 par mois pour l'entourage.

Ces groupes travaillent séparément, de peur que de leurs différentes approches de la maladie naissent des malentendus qui perturberaient le groupe.

Aujourd'hui, grâce à la thérapie communautaire, ces groupes travaillent ensemble.

C'est en redonnant la parole aux uns et aux autres, que l'on a pu recréer les liens et ainsi améliorer le contexte dans lequel évolue la personne en souffrance.

Exemple 2 :

J'ai été invité par le Dr. Nicole HUGON à animer en qualité de co-thérapeute des groupes de paroles à la Clinique Saint Barnabé à Marseille.

Inutile de vous décrire mon appréhension : co-animer un groupe de 80 à 100 individus, composé de personnes en soin, de leurs familles, d'anciens malades, et de visiteurs, cela me semblait irréalisable.

A ma grande surprise, j'ai pu constater que grâce à la thérapie communautaire, toutes ces différences donnaient naissance au fil des échanges à une osmose constructive, créatrice de liens.

(Voir annexe « 10èmejournées internationales de la qualité hospitalière).

La seule prétention de ce mémoire est de vous faire partager nos expériences et de vous expliquer le but et les applications de la Thérapie communautaire, ainsi que le déroulement d'une séance au sein d'un espace de parole, d'écoute et de lien.

Les groupes de paroles

Qu'est ce qui pousse les hommes à se réunir ?

Actuellement notre société s'articule autour de notions qui sont la performance, la rentabilité et les responsabilités individuelles. Ce mode de vie génère des pressions qui altèrent trop souvent les liens de solidarité auxquels tout individu aspire. Renvoyée à elle-même, la personne peut être ainsi conduite à méconnaître les éléments environnementaux qui pèsent sur elle comme des processus socio-émotionnels par lesquels on favorise l'isolement.

Ce sentiment d'isolement est aussi renforcé par la perte d'identité culturelle.

Le développement des moyens de transport, l'énorme progrès des moyens de communication (Internet) s'ils rapprochent les hommes, en revanche paradoxalement les éloignent de leur culture.

« Un homme sans culture est comme un arbre sans racine »

Pour combler ce vide existentiel et apaiser leur souffrance, certaines personnes font usage de produits psycho-actifs et/ou développent une dépendance comportementale.

Malheureusement, si dans un premier temps les effets psychotropes du produit, ou le comportement addictif inhibe et atténue la souffrance, très vite la perte de liberté engendre l'isolement. La personne devient socialement hors norme, ce qui renforce le manque de communication, (le déni) car dans notre société il n'y a rien de plus grave que la perte de la capacité.

L'homme est un être en relations, l'importance du regard de l'autre conditionne son comportement.

Michel TALEGHANI, sociologue et alcoologue, récemment disparu, aimait à rappeler « que la France est un pays dans lequel on s'ennuie, parce que c'est le pays de la raison, de la modération, de l'épargne et où il n'est pas possible d'être d'un côté ou de l'autre sans s'exposer au risque d'être rejeté, par ce que différent » Alors il faut rester au milieu, dans la norme et faire comme tout le monde.

En France en consommant de l'alcool, on apprend à faire comme tout le monde et tout va bien. »

La cellule familiale, jadis garante de cohésion sociale, se trouve aujourd'hui fragilisée : les grands-parents sont en maison de retraite, les parents au travail et les enfants à la crèche.

Si notre mode de vie actuelle renforce l'individualisme et l'isolement, paradoxalement on voit se former en même temps toutes sortes de travaux de groupes, de projets collectifs, de rassemblements, surtout dans le monde associatif qui est par nature coopératif.

Il faut voir dans le développement de certaines sectes une réponse à ce phénomène de société, car malheureusement tout groupe humain contient et produit le meilleur et la pire coopération et autonomie d'un côté, sectarisme et aliénation de l'autre.

Les premiers groupes à but thérapeutique sont apparus dès le XIXème siècle, en particulier chez les malades alcooliques.

De nos jours, ces groupes ont évolué, se sont multipliés et offrent ainsi à la personne selon ses convictions, de choisir un groupe à tendance confessionnel ou laïque, libre ou à thèmes etc....

Pour essayer de comprendre comment s'articule ce qui se passe dans les groupes de paroles, de nombreuses études ont été menées tant dans les champs de la psychiatrie, la psychologie, la sociologie, l'anthropologie et la communication.

Les travaux du « Collège invisible » l'école de PALO ALTO avec en particulier WATZLAWICK et BATESON sur l'interactivité et la pensé systémique, HALL sur la proxémique, KORZYBSKI la sémantique (la carte n'est pas un territoire), LEWIN la dynamique des groupes, MORENO le psychodrame, mais aussi BALINT, SARTRES, BALES, ROGERS, PAGES..., pour ne citer qu'eux sans oublier FREUD, psychologie collective, analyse du moi etc....

Toutes ces études, tous ces travaux, nous apportent un éclairage sur ce qui se passe de manière consciente ou inconsciente dans les groupes de paroles. Cela nous permet de mieux les aborder, de comprendre pourquoi et comment les individus s'imbriquent et inter réagissent à l'intérieur d'un groupe de paroles.

Cet apport scientifique c'est indéniable, est une aide indispensable à la gestion d'un groupe de paroles mais il ne doit pas nous faire oublier les autres formes de savoir.

Celles que chacun a acquis tout au long de son existence, de manière empirique ou transgénérationnelle et qui résulte d'une suite d'épreuves douloureuses ou agréables que chaque individu a su surmonter.

Si la thérapie communautaire intégrative s'est inspirée de ces groupes de paroles, elle s'en différencie en intégrant deux notions majeures qui régulent le comportement humain : le vécu et la culture.

LE VECU ET L'ASPECT CULTUREL DANS

LES GROUPES DE PAROLES

La culture et le vécu sont indissociables. Ils conditionnent l'évolution comportementale d'un individu et peuvent être ressentis de manière différente selon le lieu, le contexte et l'état physique ou psychique de la personne.

- Ce peut être un renforcement positif : la personne se plaît de ses réussites, ce qui la stimule.

- Ce peut être un renforcement négatif : « ça n'arrive qu'à moi », ce qui renforce l'isolement.

a) Le vécu

Dans un comportement additif, dans la souffrance, la personne en s'isolant s'enferme dans un même schéma de pensée (pensée limitante) qui inhibe tout désir de changement. Dans les groupes de paroles, l'observation, l'échange de différents vécus, la confrontation à l'autre, l'expérimentation de nouveaux comportements seront source d'apprentissage et de développement, ce qui favorisera une modification de comportement.

Le groupe amènera la personne à avoir une meilleure image d'elle-même dans sa relation à autrui. Elle pourra partager ses émotions sans être angoissée ni se sentir jugée. Elle gagnera en ouverture, en confiance en soi et en sensibilité à autrui. Elle s'intègrera plus facilement dans le groupe, ce qui lui confèrera un sentiment d'appartenance.

L'écoute d'autres vécus modifie les systèmes d'identification personnelle ainsi que la relation et les représentations que la personne entretient avec les éléments de vie. Elle découvre d'autres comportements, un nouveau sens, une nouvelle signification de certains aspects de sa vie quotidienne. Elle appréhende son environnement d'un oeil différent. De ce fait elle a tendance à faire d'avantage confiance à ses propres ressources :il est plus facile de changer le comportement d'un groupe que celui d'un individu.

b) L'aspect culturel dans les groupes de paroles

Venue du fond des âges, transmise de façon transgénérationnelle, la culture représente l'ensemble des valeurs, des représentations, des mythes et des symboles acceptés par un ensemble d'individus du fait de leur histoire commune.

La culture est un moteur facilitant la relation et la cohésion des groupes, elle est vectrice de reconnaissance. Elliot JACQUES 1952, dans ses études en anthropologie définit la culture comme « un mode de pensées et d'actions habituelles plus ou moins partagé et qui doit être appris et accepté ».

La culture fédère, rassemble les hommes, ils s'identifient en elle, se reconnaissent entre eux.

C'est une sorte de mémoire collective, issue d'histoires vécues ou mythiques, d'attitudes partagées, d'habitudes acceptées ou de symboles qui régentent et règlent la vie en groupe. Elle sert de ciment, de liens entre les hommes.

Le fait de percevoir la culture comme un processus dynamique, permet aux anciennes et aux nouvelles valeurs de cohabiter et de faire naître des manières novatrices de vivre.

Nota : Lors des rassemblements interculturels, les différences de culture sont souvent source d'incompréhensions et de conflits.

Venue du Brésil, la thérapie communautaire est une pratique, basée sur une approche systémique et anthropologique, qui a débouché sur la mise au point d'un modèle d'intervention structuré qu'en France nous nommons « espace de paroles, d'écoutes et de liens »

La thérapie communautaire intégrative

Historique

L'histoire de la thérapie communautaire ressemble à un roman tout droit sorti de l'imaginaire d'un écrivain, inspirée par les comportements humains, la sociologie.

Elle a vu le jour au nord-est du Brésil dans l'état du CEARA donc la capitale est Fortaleza , grande ville de 2 millions d'habitants, (qui compte à elle seule 313 favelas où s'entasse 1/3 de la population), plus exactement dans le quartier de QUATRO VARAS qui fait partie de la favela du PIRAMBU, peuplée de 250 000 habitants

Ces migrants, des paysans fuyant la sécheresse, sont les personnages d'une guerre silencieuse, invisible. Ils sont irrésistiblement entrainés dans un processus de « perte », appauvrissement économique, appauvrissement culturel, des liens sociaux et de l'image de soi. Ce contexte provoque des blessures qui au-delà du corps touchent l'âme de ces paysans et par là même façonnent le nid de la violence et des trafics en tout genres (armes, drogues, alcool etc.).

Comme beaucoup de favelas QUATRO VARAS est née d'une « occupation de terre » qui a duré 7 ans. Elle s'est implantée sur le terrain d'une usine de cuir désaffectée, terrain conquis de haute lutte au prix de grandes violences, 3 fois rasé par la police.

C'est dans ce cadre qu'un avocat Airton BARRETO vint délibérément s'installer afin de faire connaître et de défendre les droits des favelados.

En 1983 s'est ouvert le centre de Droit de l'Homme dont les principales préoccupations étaient la nourriture, un toit et les soins.

Pour les soins Airton demanda à son frère Adalberto BARRETO ethnopsychiatre, professeur dans le département de Médecine Sociale de l'université fédérale de CEARA, de recevoir un, puis deux, puis 10 de ces malades, mais très vite ce furent de plus de 20 personnes qui vinrent consulter, « comment les accueillir toutes ? »

Face à cette situation Adalberto décida de renverser la vapeur. Ce sont lui et ses étudiants qui allèrent dans les favelas.

« Ces gens ne sont pas fous, c'est le système qui est malade »

Adalberto témoigne :

En arrivant à la favelaje je me trouvais seul psychiatre devant 36 personnes sous un arbre, chacun voulant son somnifère, son antidépresseur ou son neuroleptique.

Or je n'en avais pas, et la plupart des gens n'avaient pas d'argent pour les acheter. Placé devant ces défis, je me souvins de la formation systémique de thérapie familiale qui m'avait été dispensée en France.

Débuta alors ce que nous appelons aujourd'hui la Thérapie communautaire intégrative, c'est-à-dire les soins en groupe par la parole et l'écoute.

Depuis ce jour là (en 1987) une séance a lieu tous les jeudis à QUATRO VARAS.

C'est à partir de ces séances de thérapie communautaire intégrative que progressivement la communauté de QUATRO VARAS a pris conscience d'elle-même. Les habitants ont commencé à s'écouter les uns les autres, la parole est devenue constructive, protectrice, faisant barrage au passage à l'acte, à la somatisation.

Le contexte au début, il y a 18 ans :

Dans une favela le temps a une autre dimension, celui de l'imprévu, de l'instant, de la survie. Vivre au jour au jour est une lutte quotidienne. La pauvreté les mène à l'intériorisation de la misère et à des stratégies de l'exclusion où la loi du plus fort a un sens, où la violence, la force et la peur aboutissent au passage à l'acte. Le sentiment de frustration profonde conduit à des tentatives de suicides ou à des compensations dans l'alcool et/ou la drogue.

15 ans après : ils sont passés de constructions en carton, plastique et tôle en habitat de briques.

Les favélos ont crée eux-mêmes une petite école et un atelier d'art thérapie où les enfants des familles alcooliques fuyant la violence, se réfugient. Une pharmacie vivante a vu le jour. Etant culturellement attachés à leurs guérisseuses, masseuses et à leurs plantes médicinales, cette médecine traditionnelle a pu, après contrôle de l'Université fédérale de CEARA continuer de prendre soin des gens, mais aussi de vendre leurs médicaments, ce qui permet de faire vivre 200 familles.

Ils ont aussi construit un centre d'accueil qui abrite provisoirement des personnes en grandes difficultés, ainsi qu'une maison de la mémoire où toutes les séances de thérapie communautaire ont été enregistrées et répertoriées afin de créer une mémoire collective.

Adalberto BARRETO définit ainsi la thérapie communautaire intégrative :

Il faut parler, utiliser la parole. Il faut s'exprimer et faire sortir ses gémissements afin de pouvoir réfléchir. Il faut donner des noms aux sensations pour les transformer en émotions. Ces émotions peuvent devenir des pensées, et la pensée peut conduire à la conscience, à la transformation. (voir schéma)

Schéma : FLECHE DU TEMPS

CHANGEMENT

CONSCIENCE

PENSEE

EMOTION

SENSATION

CRISE

SOMATISATION DRAMATISATION

CHANGEMENT

La sensation

La personne en difficulté a la plupart du temps une vision ambigüe et un ressenti indéfinissable de sa souffrance.

Elle porte toute la misère du monde et ne peut l'expliquer avec précision, elle est dans le flou.

Dans les groupes de paroles il faut qu'elle arrive à mettre des mots sur sa souffrance afin de passer de la sensation (notion floue) à l'émotion (notion plus précise).

Ce qui lui permettra de ne pas dramatiser sa souffrance ou somatiser une autre pathologie.

L'émotion

Grâce à la parole, la personne peut mettre un nom sur sa souffrance, ce qui lui permet d'accéder à la pensée.

On ne peut pas correctement penser ce que l'on ne peut nommer.

La pensée

La pensée guide nos actes.

Grâce à l'écoute d'autres vécus, la personne pourra transformer ses pensées limitantes en pensées positives. Cette démarche lui permettra de prendre conscience de son état et d'acquérir d'autres cartes cognitives, de nourrir son inconscient, ce qui lui ouvrira le chemin du changement.

Parler de son addiction, sortir de son émotion, paraît très difficile pour une personne en souffrance. Le produit est comme un masque, une carapace, derrière lequel il se protège. En parler c'est le faire tomber : la personne aura l'impression de se sentir « nue ». Côtoyer des personnes auxquelles le malade peut s'identifier et qui ne craignent pas de parler de leur émotion, « de se déshabiller » peut grandement aider les nouveaux à « se déboutonner ».

En revanche, les personnes qui rationalisent ou radicalisent, c'est-à-dire, qui sortent de la crise ou passent d'une addiction à l'abstinence, sans passer par la pensée, prennent un cheminement qui les conduit, après une période euphorique et une abstinence douloureuse, triste ou de doute, vers une reprise du produit

La thérapie communautaire - intégrative

Pourquoi thérapie - pourquoi communautaire - pourquoi intégrative

a) Thérapie

L'origine de ce mot nous vient du Grecque ancien « therapia » qui signifie être chaleureux accueillir, surveiller, servir, prendre soin. Le thérapeute n'est pas celui qui soigne mais celui qui écoute, s'occupe et prend soin des autres.

- Ther - thalm : être chaud - Ther : prendre soin, accueillir

- Thermos : chaud - Etheirô : peigner

- Theraps : qui prend soin - Thérapeute : qui prend soin

b) Communautaire

Vient du mot communauté qui est lui-même constitué de l'assemblage de deux mots, commun et unité.

« Qu'est ce qui nous unit, qu'avons-nous en commun ? »

C'est ce questionnement qui est le principe de base du fonctionnement d'un groupe de paroles en thérapie communautaire.

Au delà de leur souffrance c'est la recherche de solutions et la volonté de résoudre leurs difficultés qui les réunit.

En thérapie communautaire la richesse de la communauté réside dans la différence des membres qui la composent. (Chacun est riche de ce que l'autre est pauvre).

Toute culture, tout savoir, toute expression doit être valorisée. L'acceptation de cette diversité génère cohésion et appartenance 

« si tu diffères de moi, loin de me léser tu m'enrichis » St.Exupéry.

Ainsi l'espace communautaire devient un bouclier, une protection contre la menace de fragmentation sociale, porteuse d'incompréhension, de souffrance et de dérive.

c) Intégrative

La thérapie communautaire intégrative se considère comme une pratique alternative à d'autres que nous ne jugerons inefficaces ou dépassées.

Elle ne se situe pas en compétition avec d'autres méthodes de soins ou d'autres pratiques thérapeutiques. Elle ne rejette pas les autres formes de savoir détenus par les psychiatres, psychologues, médecins, ostéopathes, éducateurs spécialisés ou bénévoles d'associations.

Elle se place en complémentarité d'acteurs venus d'horizons différents. Elle offre des espaces d'écoute de paroles et de liens, elle accueille la souffrance sans prétendre soigner la pathologie.

Les espaces de paroles, d'écoutes et de liens

Venue du Brésil, la thérapie communautaire intégrative est une pratique, basée sur une approche systémique et anthropologique, qui a débouché sur la mise au point d'un modèle d'intervention structuré, qu'en France nous nommons Espaces de paroles, d'écoutes et de liens.

Les espaces

Contrairement à un groupe constitué une fois pour toutes, avec toujours les mêmes personnes, donc fermé aux autres, les espaces de paroles d'écoutes et de liens se veulent ouverts, gratuits et où y vient qui veut, quand il le veut.

La parole

Mettre des mots sur nos maux.

Verbaliser sa souffrance c'est commencer à se guérir.

Quand la bouche se tait, les organes parlent.

Quand la bouche parle, les organes se taisent.

L'écoute

Permet à celui qui écoute de s'enrichir, de devenir acteur de son changement, d'avoir une autre lecture des éléments qui l'ont fait souffrir, de regarder au-delà de ses propres expériences.

Se sentir écouté, conforte et restaure son égo .

L'estime de soi est le moteur du changement.

Le Lien

Partager la souffrance la fait paraître moins lourde.

La création de liens atténue l'isolement et renforce les sentiments d'appartenance.

(L'homme n'est pas fait pour vivre seul)

La thérapie communautaire intégrative c'est quoi ?

C'est un espace où l'on cherche à partager les expériences de vie et les apprentissages d'une façon horizontale et circulaire. Chacun devient thérapeute de lui-même, à partir de l'écoute des histoires de vie qui y sont relatées. Tout le monde devient co-responsable dans la recherche de solutions et dans la résolution des conflits du quotidien et ce dans une ambiance accueillante et chaleureuse.

C'est un moment de transformation du chaos, de la crise, de la souffrance en kayros, espace où chacun réorganise son discours et redonne un sens à sa souffrance en s'ouvrant à une autre lecture des éléments qui l'ont fait souffrir.

C'est la possibilité à transformer la souffrance en croissance et les manques en compétences qui font de la thérapie communautaire un espace exceptionnel.

La thérapie communautaire intégrative ça sert à quoi ?

Une approche de santé communautaire

La thérapie communautaire est pratiquée dans différents contextes, auprès de diverses populations, en particulier celles qui forment la grande masse des exclus, des marginalisés sociaux.

En addictologie, passer d'une dépendance à un choix de vie sans produit psycho-actif, sortir d'un comportement addictif, est un long chemin au long duquel les séances de thérapies communautaires ont une action prépondérante quelque soit l'étape dans laquelle se trouve la personne dépendante.

- Motivation

- Prise de conscience

- Acceptation de la maladie

- Acceptation des soins

- Renforcement de l'abstinence

Pour engendrer un changement de comportement chez une personne dépendante, il est indispensable de travailler sur les représentations, sur la relation qu'entretient cette personne avec un produit et/ou un comportement, mais aussi sur son entourage direct ou indirect.

« L'homme n'évolue qu'en rapport de son environnement »

Cette maxime met en relief l'importance que peut avoir l'entourage sur le malade, sur la maladie, sur le produit. Son attente, son bénéfice sont diamétralement opposés aux ressentis de la personne en souffrance. Ce contexte engendre de leur part incompréhension, jugement négatif, rejet, ce qui renforce chez la personne dépendante les notions de culpabilité, d'abandon et de déni, ce qui rend aléatoire le désir de changement.

Recréer les liens, redonner toute sa place à la parole est l'essence même du travail en thérapie communautaire.

En addictologie plus que dans toute autre maladie, les facteurs qui caractérisent le comportement d'une personne dépendante sont l'isolement et le manque de communication. C'est dans ce vide relationnel que la thérapie communautaire en redonnant la parole et un sentiment d'appartenance trouve son utilité.

Son mode de fonctionnement permet d'aborder la souffrance de façon globale et ce grâce à la diversité des membres qui compose le groupe. En privilégiant la mixité (entourage et malades) on peut agir sur le contexte ayant conduit à l'addiction.

Dans notre société, toujours plus individualiste, privative, et/ou la notion de la rentabilité rend conflictuelle, la thérapie communautaire se propose d'être une technique de renforcement des relations humaines dans la construction d'un réseau social.

Les groupes de paroles agissent là où la famille et la politique sociale ont échoué.

La solution est à l'intérieur du groupe, dans ses interactions, dans les identifications à l'autre et dans le respect des différences.

Caractéristiques et objectifs de la thérapie

communautaire interactive

A) Caractéristiques

La thérapie communautaire présente trois caractéristiques de base.

1) La discussion et la réalisation d'un travail de santé mentale préventive et curative, cherchant à engager tous les acteurs professionnels sociaux et culturels.

2) Favoriser la formation et le travail en groupe (hommes, femmes, jeunes, personnes du 3ème âge) pour qu'ensemble ils cherchent les solutions à leurs problèmes quotidiens et puissent fonctionner comme bouclier, protection constituant un facteur d'intégration social.

3) La création d'une conscience sociale afin que les individus puissent découvrir leur potentialité transformatrice.

B) Objectifs

La thérapie communautaire poursuit les objectifs suivants :

1) Renforcer la dynamique interne de chaque individu pour que celui-ci puisse découvrir ses valeurs, ses potentialités afin devenir plus autonome, moins dépendant.

2) Renforcer l'auto estime individuelle et collective,

3) Redécouvrir et renforcer la confiance de chaque individu en sa capacité à évoluer et à se développer en tant que personne ; ne plus être spectateur mais acteur de son changement.

4) Valoriser le rôle de l'entourage et du réseau de relations que la personne a établi dans son milieu.

5) Favoriser le développement communautaire en prévenant et combattant les situations de désintégration sociale concernant des personnes ou des familles en restaurant et renforçant les liens sociaux.

6) Promouvoir et valoriser les institutions et pratiques traditionnelles qui sont porteuses de savoir faire mais aussi gardiennes de l'identité culturelle.

7) Rendre possible la communication entre les différents savoirs (savoir populaire et savoir scientifique).

8) Stimuler la participation comme élément essentiel pour dynamiser les relations sociales en promouvant la conscientisation et la stimulation du groupe à travers le dialogue et la réflexion à prendre des initiatives et à devenir l'agent de sa propre transformation

Les groupes de paroles d'écoutes et de liens en thérapie communautaire offrent un espace d'expression qui permet aux personnes en souffrance de se retrouver.

Le groupe devient un support, un appui, permettant à beaucoup de se nourrir de ce qui est échangé.

La création de liens sociaux et interpersonnels renforce le sentiment d'appartenance.

Les modes d'abords thérapeutiques

1) Les divers chemins du savoir

Nombreux sont les chemins qui conduisent à la connaissance et à la compétence.

La principale voie est celle des écoles, des universités et des structures d'enseignement. Ces institutions détiennent le savoir, assurent la formation avec leurs diplômes, leurs titres, leurs théories.

Une autre source de savoir est l'expérience personnelle, acquise par les individus et les groupes sociaux, tout au long de leurs vies. Ces compétences sont transmises de génération en génération par voie orale (j'ai entendu dire, j'ai vu faire).

Si l'université attribue un diplôme qui légitime une identité professionnelle et garantit un salaire, les actions réparatrices apprises à l'école de la vie procurent un gain affectif.

La thérapie communautaire s'appuie sur les compétences, les savoirs, produits par l'expérience, elle doit susciter une dynamique rendant possible le partage des ressources en créant un réseau de soutien pour ceux qui souffrent sans ignorer ni rejeter les autres formes de savoir.

La perception que l'on a du monde définit notre conduite, explique notre attitude, nos actions

2) Les pratiques du soignant

Nous pouvons repérer deux lignes d'action qui déterminent la pratique des soignants

Le modèle, sauveur de la patrie, et le modèle co-participatif.

a) Le modèle sauveur de la patrie

Le monde occidental est imprégné de cette vision qui privilégie ce qui ne marche pas. C'est notre héritage judéo-chrétien.

Le bien, le mal, le paradis, l'enfer, le blanc le noir, mais dans la vie tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.

On corrige nos enfants à chaque fois qu'ils se trompent, il est rare qu'on les félicite quand ils agissent correctement. Un autre exemple, l'apprentissage des médecins les forme à chercher minutieusement ce qui dysfonctionne chez une personne, mais rarement l'accent est mis sur les atouts personnels ou familiaux du patient.

Valoriser les aspects négatifs procure un sentiment d'incapacité, d'insécurité qui pousse l'individu à chercher une personne, considérée comme spécialiste et toute puissante (le sauveur) en oubliant dans sa souffrance qu'il porte en lui ses propres solutions.

Ce mode de fonctionnement favorise l'émergence de ceux qui multiplient les conseils, les serments et qui cherchent à changer l'autre.

« Personne ne change personne »

b) Modèle Co-participatif

Ce modèle s'appuie sur la compétence des personnes.

Dans la thérapie communautaire chaque personne est appelée à participer, à parler de son expérience, sans chercher à se mettre en avant comme sauveur, sans chercher à être le docteur qui sait tout. Chaque personne a une expérience de vie et doit être sollicitée pour se sentir co-responsable face aux souffrances de l'autre.

En thérapie communautaire on travaille sur la souffrance et non sur la maladie.

Il est important de connaître ses limites afin de savoir adresser, si les besoins s'en font sentir, les personnes aux spécialistes

Comparaison entre modèle « saveur de l'Humanité «  et le modèle systémique

Modèle « sauveur de l'humanité » Modèle systémique (Co-participatif)

Basé sur : la faute Basé sur : la compétence de chaque personne

le négatif Ne cherche pas à identifier les faiblesses et les

le manque manques.

Génère un sentiment d'insécurité et

de culpabilité

Recherche d'un docteur Favorise la circulation de l'information

« sauveur » Suscite la coresponsabilité

« gourou »

le seul capable de sauver et libérer du mal. Fait émerger les innovations et les autos solutions

tant personnelles que collectives.

Conséquences Conséquences

Chacun désir faire changer, soigner l'autre. Chacun cherche à changer lui-même et non l'autre.

L'information est concentré dans les mains L'information vient du groupe

d'une seule personne et circule à l'intérieur de celui-ci.

La solution vient de l'extérieur et seul le Chacun est partie du problème et partie de la

« sauveur » la possède. Solution.

Ce modèle génère la dépendance et nourrit Le positif, l'autonomie et la coresponsabilité

le « sauveur ». sont valorisés.

DE POUR

Sauveur de la patrie--------------------------------------------solutions participatives

Carences/déficiences------------------------------------------compétences/potentialité

Unique/centré sur un seul-------------------------------------communautaire

L'autre est un objet passif-------------------------------------l'autre est un partenaire actif

La solution vient d'ailleurs-------------------------------------la solution vient du groupe

Engendrer la dépendance-------------------------------------susciter la coresponsabilité

Méfiance en l'autre----------------------------------------------foi dans les capacités de l'autre

Clientélisme-------------------------------------------------------citoyenneté

Le thérapeute communautaire

Comment le choisir, quel est son profil, quel est son rôle

a) Comment le choisir

Le choix du thérapeute communautaire est une étape importante, elle doit s'appuyer sur quelques paramètres garantissant la réalisation d'un bon travail.

Les motivations peuvent naître lors des conférences de sensibilisation ouvertes au public pour présenter la thérapie communautaire. Nous suggérons à cette occasion de convier les représentants des ONG, les leaders civils, les professionnels de santé, du service social et de l'éducation.

La sélection peut être effectuée lors des groupes de paroles, le choix du thérapeute n'en sera que plus facile. De plus il est bon de choisir 2 ou 3 personnes de la même institution pour constituer une équipe de thérapie communautaire intégrative.

b) Son profil

Il n'est exigé aucun diplôme antérieur, le plus important est que la personne soit désireuse d'acquérir les connaissances lui permettant de participer au mieux au travail élaboré en groupe. II doit :

Avoir l'esprit ouvert pour participer à un travail sur soi émotionnel, physique et psychique.

Bien se connaître et accepter de remettre en question des schémas de pensée pour permettre une évolution personnelle et professionnelle.

Ne pas être immature ni psychorigide, bardé de certitudes.

Ne pas être une personne avec des situations déstabilisantes : problèmes non résolus avec un minimum d'équilibre émotionnel.

Connaître les activités développées par des Municipalités afin que les groupes de thérapie communautaire s'appuient sur ce qui existe pour ne pas fonctionner de façon isolée, coupé des autres actions.

c) Son rôle

Contraire d'un leader d'un parti, d'une corporation ou d'une secte, le thérapeute communautaire doit être au service de la dynamique du groupe et non l'inverse, ce qui serait de mettre le groupe au service de sa dynamique personnelle, vouloir s'épanouir, réaliser ou entreprendre tout seul.

Il doit être conscient des objectifs et des limites de ses interventions. Le thérapeute communautaire ne doit pas prendre le rôle des spécialistes (psychologue ou psychiatre) en faisant des interprétations ou analyses.

Il doit travailler avec la compétence des personnes en cherchant à travers leurs questions à mettre en évidence le savoir produit par le vécu de l'autre.

Le thérapeute communautaire doit agir comme un chef d'orchestre, en faisant en sorte que tous les musiciens utilisent bien leurs instruments.

Il doit créer et développer une dynamique interactive marquée par la verbalisation et intervenir comme un communicateur préoccupé de clarifier les messages et expliciter les non-dits.

Les outils du thérapeute communautaire

1) La théorie de communication

2) La pensée systémique

3) L'écoute active

4) Question ouverte

5) La reformulation

6) La pédagogie

7) L'empathie

8) Le mimétisme

9) La culture

10) La résilience

1) La théorie de communication

Communiquer vient du Latin « communicare » ce qui veut dire commun, qui appartient à tous.

Il y a communication chaque fois qu'un organisme quelconque et un organe vivant en particulier peut affecter un autre organe en le modifiant ou en modifiant son action à partir de la transmission d'une information que ce soit de manière verbale ou non-verbale.

La communication est un échange de signes, de symboles qui met en jeu des rapports d'influences, des mouvements affectifs entre les personnes à l'intérieur d'un groupe de paroles.

La parole est un acte destiné à l'autre.

« On ne peut pas ne pas communiquer » (WATZLAWICK, 1979).

Communiquer c'est surtout chercher à avoir conscience d'exister et d'appartenir à un groupe.

2) La pensée systémique

Un élément est dans le tout et tout est dans l'élément.

Dans les groupes de paroles, les personnes inter-réagissent dès qu'elles sont en présence, et communiquent de façon interactive et systémique.

Pour Edgar MORIN la première leçon de systémique est : « le tout est plus fort que la somme des parties »

Ce mouvement de pensée est symbolisé par l'école de Palo ALDO, illustré par les travaux de BATESON, WATZLAWICK, HALL, GOFFMAN, etc.

« Je suis partie du problème et partie de la solution »

3) L'écoute active

« En parlant tu plais quelquefois, en écoutant tu plais toujours ».

Etre disponible cela permet de :

- mieux comprendre l'interlocuteur

- décoder les messages

- clarifier les phrases ambigües

- reconstituer ce qui n'est pas formulé (les non-dits)

- passer du niveau exprimé au réellement vécu de l'interlocuteur.

- bien écouter l'autre c'est travailler sur l'estime qu'il a de soi (on m'écoute, j'existe)

4) Questions ouvertes

Toujours poser des questions qui permettent à l'interlocuteur de pouvoir développer sa pensée et qu'il lui soit impossible de répondre uniquement par oui ou par non.

Eviter le pourquoi (le pourquoi bloque le comment-ouvre) : derrière le pourquoi, il y a presque toujours une notion de jugement.

5) La reformulation

Elle constitue l'outil privilégié du thérapeute communautaire, c'est une aide pour soi-même dans la compréhension de l'autre. Elle permet de vérifier si on est en phase avec l'autre.

Elle agit sur 3 niveaux :

- Le contenu manifeste (ce qui est dit explicitement)

- Le contenu latent (les sous-entendus)

- Le comportement non-verbal (ce qui est dit par les postures,le ton etc.)

Il faut impérativement que l'interlocuteur se reconnaisse dans la reformulation (oui c'est ce que je pense, ce que j'ai dit, ce que je ressens).

Se sentir écouté, compris, permet de restaurer l'estime de soi. (L'estime de soi est le moteur du changement)

Il faut éviter que la reformulation ne devienne :

- Un outil de manipulation

- Un outil de pouvoir

- Un mécanisme de défense

- Un mécanisme de fuite

6) La pédagogie

Tout processus éducatif est à double facette Nous enseignons, nous apprenons.

Bien que le thérapeute communautaire ne soit pas celui qui sait, celui qui enseigne, il doit posséder quelques notions de pédagogie, ne serait-ce que dans sa façon d'être (le non-verbal) : « on n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir, on enseigne et ne peut enseigner que ce que l'on est » Jean Jaurès.

Tout changement de comportement, changement d'habitude, implique obligatoirement un réapprentissage.

Dans les groupes de thérapie communautaire c'est le récit de l'autre qui est source d'apprentissage. La pédagogie qui inspire la thérapie communautaire est fondée sur les travaux de Paulo FREIRE, pédagogue Brésilien qui s'est intéressé à l'alphabétisation des paysans Indiens, et dont l'ouvrage le plus commun en France est « la pédagogie de l'opprimé ». Cette approche postule que « enseigner n'est pas transférer des connaissances, mais créer la possibilité de sa production ou de sa construction. Enseigner exige le respect des savoirs des élèves, exige une attitude critique, la reconnaissance et la mise en valeur de l'identité culturelle, et favorise questionnement et curiosité.

7) L'empathie

Le concept d'empathie a surtout été utilisé aux Etats-Unis des 1935 par des psychologues sociaux, des sociologues, des psychiatres,

ll est issu de l'Einfühlung du philosophe Allemand Th. LIPPS (1851 - 1914).

Selon lui :

« Seul peut comprendre autrui dans sa sensibilité profonde celui qui est touché par ce qu'il a découvert dans l'autre).

Pour cela il faut que le thérapeute communautaire puisse se décentrer c'est-à-dire prendre de la distance par rapport à lui-même, percevoir le cadre de référence de l'autre, comprendre sa souffrance sans se l'approprier.

8) Le mimétisme

Si l'évolution de l'homme est régie par des fonctions innées, (respiration, digestion) qui sont du domaine de l'inconscient, son développement dépend surtout de fonctions acquises.

Comme son lointain cousin le singe, l'homme possède un fabuleux don d'imitation auquel il faut ajouter la créativité et la capacité de représenter et d'analyser ses actes.

Copier est la meilleure façon d'apprendre.

Le thème de « mimésis » a déjà été exprimé par ARISTOTE :

« Une tendance naturelle de l'homme, non seulement de reproduire, mais aussi d'avoir recours à ses représentations dans ses apprentissages et une tendance avoir du plaisir aux représentations. »

Notre société passe pour évoluer parce qu'elle a su porter l'imitation à son plus haut niveau d'expression.

Côtoyer dans les groupes de paroles des personnes qui ont su dépasser leur souffrance peut par mimétisme influencer le comportement de l'individu, renforcer la motivation qui mène au changement. Un mot, un geste peut faire la différence entre l'échec et le succès.

9) Anthropologie culturelle

La culture fédère, rassemble les hommes qui la partagent.

La culture représente l'ensemble de valeurs, de représentations, de mythes et de symboles acceptés par un ensemble d'individus. Cet ensemble représente un facteur de reconnaissance qui facilite les relations et la cohésion d'un groupe :

dans les réunions interculturelles, les différences sont souvent sources d'incompréhensions et de conflits

La culture est un ensemble de représentations communes qui acceptée confère à l'homme un sentiment d'appartenance.

La thérapie communautaire en restaurant les valeurs culturelles d'un groupe social et les liens sociaux et interpersonnels qui unissent, renforce le sentiment d'appartenance à l'humanité.

« Un homme sans culture est comme un arbre sans racine. »

Exemple : Une amie thérapeute communautaire animait un groupe de paroles dans la banlieue lyonnaise auprès de femmes en difficulté, (toxicomanes, prostituées etc.) toutes issues de l'immigration et d'origine africaine. Par une belle journée elle eut l'idée de faire sortir son groupe de paroles et d'assoir tout le monde en tailleur sur l'herbe autour d'un arbre. Elle m'a dit : «  je n'ai jamais vu un groupe aussi interactif, aussi riche ».

En les rassemblant autour de l'arbre, elle les avait tout simplement rapprochées de leur culture.

La culture est « la pierre angulaire » de notre identité. Le « qui je suis » passe par « ce en quoi je crois, ce que je mange, comment je marche, comment je parle, comment je m'habille..... »

10) La résilience

Quand le manque génère la compétence

Est résiliente, la personne qui comme l'huitre a la capacité de transformer en perle le gravier qui l'a blessée dans sa chair.

Chaque être humain possède les moyens dont il a besoin pour faire face aux situations qu'il rencontre.

Nos états internes sont liés à nos croyances et à nos processus mentaux. La personne en souffrance, aidée par la culpabilité, la honte et l'isolement, s'enferme dans un schéma de pensées négatives (je suis bon à rien, je n'y arriverai pas).

Dans les groupes de paroles l'effet miroir (l'écoute d'autres vécus) permet à la personne de prendre conscience en modifiant ses croyances limitatives ce qui renforce sa résilience (il a réussi, pourquoi pas moi ?).

La formation du thérapeute communautaire

Il s'agit d'un enseignement de type formation professionnelle, donnant accès à un diplôme. Cette formation comprend obligatoirement 2 sessions de 4 jours à un an d'intervalle chacun, 80 séances d'animations comme thérapeute ou co-thérapeute et 60 heures d'intervision et supervision, soit 8 journées à raison de 4 par an.

Durant toute la formation les futurs thérapeutes communautaires sont accompagnés par une équipe composée de psychologues, de psychiatres et d'éducateurs spécialisés. Cette formation est adaptable aux problèmes de dépendance.

NIVEAU I

a) Objectifs

- Permettre à chaque participant de mieux repérer sa compétence à prendre soin de l'autre

- Apprendre à s'appuyer sur les ressources et compétences des personnes du groupe et à intervenir comme simple « accoucheur » et « facilitateur de communication ». Apprendre des techniques d'intervention groupale.

- Permettre d'être attentif et ouvert aux différents modes d'expression de la souffrance.

- Travailler l'accueil, le respect et la tolérance des différences culturelles.

- Apprendre à créer des réseaux de soutien.

b) Le contenu

- Présenter ce qu'est la thérapie communautaire intégrative.

- Aider toute personne en relation d'aide à mieux repérer et à mieux comprendre sa compétence à prendre soin de l'autre, compétence acquise dans les stratégies qu'elle a déployées pour surmonter et dépasser souffrances et difficultés. Permettre à chacun d'établir la relation entre sa « blessure et sa compétence ».

- Présenter le déroulement d'une séance de « l'espace de parole,d'écoute et de lien » et les différentes phases.

- Permettre aux participants de faire l'expérience d'un « espace de paroles, d'écoute et de lien » après en avoir abordé la méthodologie d'animation.

- S'entraîner à animer les différentes étapes d'un « espace de parole, d'écoute et de liens, les « situations-problèmes » exposées étant celles vécues par les participants eux-mêmes.

NIVEAU II

a) Objectifs

- Permettre qu'à partir de son histoire personnelle, familiale, professionnelle, chaque participant continue à travailler ses propres émotions et insécurités et approfondisse le savoir et la compétence issus de son vécu.

- En partant de leur pratique « l'espace de parole,d'écoute et de lien », permettre pour chacun, une réflexion qui tient compte de sa propre capacité thérapeutique et de celle du groupe.

b) Contenu

- Supervision de la pratique d'animation selon le modèle proposé. 

- Echange d'expériences entre les participants.

- Aider chacun à découvrir son style, sa propre créativité en fonction du contexte et à les développer dans le cadre de l'approche communautaire.

- La culture des exclus et les stratégies pour faire face aux pièges propres aux

personnes qui vivent en situation d'exclusion.

Une pédagogie pour la crise 

- Comment faire la médiation de la crise ?

- Comment travailler la crise dans le groupe ?

- Comment, par un réseau solidaire, soutenir ceux qui vivent une situation de crise ?

Les 5 piliers de « l'espace de parole, d'écoute et de lien »

- Théorie de la communication

- Pensée systémique

- Anthropologie culturelle

- Pédagogie Paulo FREIRE

- Résilience

- Les divers codes d'expression de la souffrance et leur décodage.

- Un travail corporel et des techniques de respiration et relaxation.

Travail permettant de transformer notre héritage « transgénérationnel » en une loi personnelle sans nier l'apport de nos ancêtres.

INTERVISION - SUPPERVISION

Elles sont prévues sous la forme d'une journée répondant aux différents besoins.

- de réflexion sur la pratique

- de partage des difficultés et des découvertes

- d'exercices dynamiques de travail personnel

- d'analyses du déroulement des différentes étapes de la thérapie communautaire

- Une heure sera aussi consacrée à l'un des cinq piliers théoriques

Déroulement d'une séance de thérapie

communautaire intégrative

La séance d'un espace de parole, d'écoute et de lien se déroule en 5 phases :

- L'accueil

- Le choix du thème

- La contextualisation

- La problématisation

- La clôture

- L'évaluation

L'accueil

Le thérapeute communautaire et le co-thérapeute souhaitent la bienvenue aux participants. Ils porteront une attention particulière aux personnes qui viennent pour la première fois. Cette étape est primordiale, car la plupart des personnes ne se connaissent pas, ce qui rend la communication difficile. Ils doivent « briser la glace », chasser la timidité, Pour cela il faut adapter cette pratique aux personnes qui composent la groupe mais aussi et surtout à leur culture.

Exemple : au Brésil où le contact est plus facile, ils pourront se tenir par les épaules, chanter, même danser.

En Europe et surtout en France où la proxémique n'est pas la même, cela passera par le partage d'une boisson, d'un café, ou bien on demandera à chacun de se présenter, nom et prénom « ils ont déjà osé parler » ou encore on demandera si pour eux-mêmes ou dans leur famille il y a eu un anniversaire, une naissance ou tout autre évènement heureux que tout le groupe pourra partager.

Cette étape a pour but de « décoincer »  les personnes. Il faut qu'elles soient à l'aise et se sentent en confiance pour oser parler de leur souffrance.

Ensuite l'animateur exprime pourquoi nous sommes là (lui y compris)

Dans un espace de paroles, d'écoute et de lien chacun est là d'abord pour lui-même et chacun ne peut parler que de lui-même, de son vécu.

L'animateur donne les règles de fonctionnement du groupe :

- Faire silence quand l'autre parle

- On parle en disant « je » on exprime son vécu à la première personne, on n'engage que soi-même, ce qui supprime toute notion de jugement.

- Pas de discours on ne monopolise pas la parole.

- Pas de grand secret : le groupe étant ouvert, on ne peut pas garantir la confidentialité.

- Pas de jugement, pas de conseil : on n'est pas des spécialistes.

- Pas d'interprétation : lorsque j'interprète, je fais violence à l'autre, je mets ma pensée à la place de la sienne.

Si c'est le co-thérapeute qui a fait l'accueil, il passe la parole au thérapeute communautaire, celui-ci explique les 5 étapes du déroulement de la séance.

Le choix du thème

Le thérapeute communautaire explique :

- Pourquoi parler : parler pour ne pas laisser la dépression, l'insomnie etc. exprimer notre mal-être (mettre des mots sur nos maux).

- De quoi parler : de son quotidien, de ce qui nous empêche de dormir (perte d'un proche, problèmes familiaux, problèmes de dépendances, etc.) pas de grand secret.

- Comment parler : on peut utiliser tous les moyens d'expression, proverbes, blagues, chansons, poèmes, musique....

- Qui veut parler : tout le monde peut exprimer ses problèmes (dites votre prénom et en quelques mots ce qui vous travaille).

L'animateur demande aux participants d'exposer en quelques mots au groupe le problème dont ils ont envie de parler, en précisant que c'est le groupe qui choisira de s'intéresser au problème qui lui paraîtra le plus urgent, dans lequel un maximum de participants se reconnaîtra..

Le thérapeute communautaire note les prénoms et les thèmes qui ont été exposés. Avant de passer au vote, il reformule le plus précisément possible les différents thèmes exposés, puis on passe au vote. Le thème qui aura obtenu le plus grand nombre de voix sera débattu. Cette formule permet d'être sûrs que le thème abordé intéressera le plus grand nombre de participants.

Il remerciera ceux dont le problème n'a pas été retenu (je me tiens à votre disposition après la séance où encore vous pouvez le présenter à une prochaine séance).

L'étape du choix du thème doit être rapidement menée.

La contextualisation

Le thérapeute communautaire redonne la parole à la personne dont le thème a été choisi. Celle-ci l'expose en détail. Le thérapeute et le groupe lui posent des questions pour lui faire préciser certains points, afin de mieux connaître l'émotion et dans quel contexte elle la situe.

Ce qui lui permet de :

- mettre des mots sur ses sensations qui sont à l'état brut. (Notions floues)

- passer de la sensation à l'émotion et dans quel contexte (notions plus précises).

- nommer ses émotions (les verbaliser)

- transformer l'émotion en pensée.

Ce n'est que lorsque l'individu commence à douter, à se remettre en cause, qu'il peut intégrer des éléments nouveaux qui vont modifier sa perception de la situation, sortir de ses pensées limitantes pour aller vers le changement.

Le thérapeute note les mots clés.

La problématisation (Partage des expériences)

Le thérapeute communautaire remerciera celui qui a exposé sa situation/problème. Il l'invitera maintenant à écouter ce que vont dire les autres.

Exemple : nous avons entendu les soucis de Monsieur X qui certainement résonnent en nous.

Le thérapeute s'adresse au groupe et amorce le débat par une question ouverte et dans laquelle chacun peut se retrouver.

Exemple : Qui parmi vous a vécu une situation semblable et qu'avez-vous fait pour la dépasser ?

Chacun va exprimer son ressenti, sa souffrance, s'il a dépassé la souffrance, le savoir qu'il a acquis, quel a été le déclic qui a permis le changement, la ou les solutions qu'il a trouvé pour surmonter ses difficultés.

C'est un moment très important. Ce partage de souffrances, mais aussi et surtout de ressources qui permettent à celui qui écoute et à celui qui parle de ne plus être seul dans sa souffrance (cela n'arrive qu'à moi), d'avoir une autre vision de son problème, de s'enrichir des vécus des autres, de nourrir son inconscient, afin d'aborder différemment sa situation/problème pour arriver au changement.

« Toute conviction est une prison »

La clôture

Le thérapeute remercie la personne qui a exposé sa situation, toujours par connotations positives et demande au groupe de

- qu'est-ce-que je retiens de ce qui a été débattu ?

- qu'allons-nous ramener à la maison ?

- je remercie X pour ce qu'elle a dit, cela m'a touché.

C'est un moment de partage de l'émotion, de création de liens entre ceux qui ont les mêmes difficultés.

Avant de se quitter les personnes se saluent les unes les autres.

L'évaluation

Chaque séance est en principe suivie d'un temps d'évaluation entre le thérapeute et le co-thérapeute, ou même dans certains cas, avec le groupe lui-même.

Ce temps d'évaluation permet une amélioration continue de la pratique. Le cadre de la séance a-t-il été ben respecté ? Le timing ? La qualité des reformulations ? Les idées de dynamiques d'accueil ? etc.

Exemple d'une séance de thérapie communautaire intégrative

Après avoir souhaité la bienvenue, présenté la thérapie communautaire intégrative, expliqué les règles, proposé une dynamique de groupe, afin de créer une ambiance conviviale, le thérapeute communautaire propose de passer au choix du thème.

Il demande aux personnes qui veulent s'exprimer, de se présenter « prénom » et de parler de manière succincte de ce qui les préoccupe.

Question type : « qui parmi vous veut parler de ce qui le gène, le fait souffrir, l'empêche de dormir etc. »

Le thérapeute communautaire note les prénoms et les thèmes évoqués afin de pouvoir les reformuler.

Quand tous se sont exprimés, il reformule le plus exactement possible les thèmes et les soumet au vote du groupe. Ensuite il remercie ceux dont le thème n'a pas été choisi en leur proposant soit de le représenter dans une autre séance soit de se tenir à leur disposition après la séance, enfin il passe à la contextualisation.

Aujourd'hui nous avons choisi de débattre sur l'histoire de Marie :

« J'ai cessé de m'alcooliser depuis 2 mois, malgré cela tout le monde me surveille. Je me sens épiée en permanence. J'en souffre. Cela me donne envie de boire. »

Le groupe pose des questions à Marie afin qu'elle puisse le plus précisément possible exprimer sa souffrance, passer de la sensation à l'émotion.

Il ressort de ce jeu de « questions-réponses » une notion précise sur la souffrance de Marie que le thérapeute communautaire reformule :

« Si nous avons bien compris ce qui te fait souffrir, c'est la colère de ne pas savoir comment retrouver la confiance de ton entourage »

Marie répond, « Oui c'est bien cela ».

Le thérapeute communautaire invite maintenant Marie à écouter, puis demande au groupe de s'exprimer en posant des questions ouvertes.

« Qui parmi vous a déjà ressenti une frustration due à un manque de confiance et qu'avez-vous fait pour la dépasser ? »

« Qui a vécu une situation semblable et qu'a t il fait pour s'en sortir ? ».

Il rappelle que l'on s'exprime à la première personne « je »

C'est l'étape la plus importante d'une séance de thérapie communautaire intégrative. C'est le moment où chacun exprime son ressenti, ses ressources, issus de son vécu. C'est le moment où l'on a vu surgir des « perles » :

o il m'avait enlevée la garde de ma fille, il l'avait placée dans un foyer. Aujourd'hui elle vit avec moi, c'est merveilleux.

o Le temps était mon meilleur remède.

o En arrêtant de m'alcooliser j'ai changé. Eux aussi il faut qu'ils changent et cela prend du temps ».

o En croyant bien faire les autres m'étouffaient, je m'en suis éloignée

o Ils sont allés au groupe de paroles entourages. Leur comportement a changé, aujourd'hui tout va bien.  :

o J'ai d'abord pensé à moi, si moi je change, peut-être eux aussi changeront.

o Avant je m'alcoolisais pour paraître, aujourd'hui je sais que je ne pourrai pas plaire à tout le monde. Je suis comme je suis, je plais tant mieux, je ne plais pas tant pis.

Au fur et à mesure du déroulement de la séance on pouvait voir sur Marie le non verbal s'exprimer. Elle était plus calme, son visage était détendu, elle souriait.

Le thérapeute communautaire pour clôturer la séance remercie les intervenants et demande aux personnes qui le désirent d'exprimer leur ressenti, ce qu'elles ont retenu.

A la fin de la séance Marie est venue me voir en me disant : « Cela m'a fait du bien, je me sens plus légère, je crois que ce soir je vais bien dormir ».

Conclusion

La thérapie communautaire intégrative est une méthode simple mais pas simpliste.

Elle se définit comme une approche centrée sur la santé et non sur la maladie. Elle est complémentaire des autres approches communautaires ou thérapeutiques existantes. Elles interviennent en rassemblant les acteurs sociaux les plus divers (Agents communautaires, professionnels de santé etc.)

Les compétences de chaque système et de chaque personne sont considérées comme des leviers pour l'amélioration de la qualité de la vie.

Elle est capable de promouvoir des changements sur la base de trois attitudes fondamentales :

- L'accueil respectueux

- La création de liens

- L'empowerment des personnes

Les résultats de la recherche montrent que la thérapie communautaire promeut directement ou indirectement la prévention de l'usage et de l'abus de l'alcool et d`autres drogues.

Il devient évident que les stratégies de renforcement de la famille, l'empowerment des personnes, les réseaux de soutien solidaires, la prise de soin de soi et la valorisation des ressources culturelles constituent des éléments fondamentaux pour la promotion de la santé.

Il a été démontré concrètement que la thérapie communautaire :

- Facilite l'orientation des personnes souffrant d'une dépendance à l'alcool ou à d'autres drogues vers les réseaux de soins.

- Accueille les personnes dépendantes qui viennent de sortir d'une institution de soins et qui ont besoin de l'appui d'un réseau positif où elles peuvent se protéger et construire de nouveaux liens.

- Renforce les réseaux sociaux primaires

- Offre un réseau d'appui et d'accueil des familles des usagers

De par sa philosophie et ses modes d'applications, la thérapie communautaire intégrative est en parfaite osmose avec des recommandations de l'OMS, qui lors de la conférence internationale pour la promotion de la santé réunie à OTTAWA a émis la charte d'OTTAWA pour la promotion de la santé (voir annexe).

Ce sont ces mêmes problèmes de pertes d'identité culturelle, de perte d'estime de soi, de dépression, de drogues et addictions diverses, de violences qui se manifestent de plus en plus en France au sein des « banlieues chaudes » et des « quartiers sensibles ». La thérapie communautaire intégrative ne pourrait-elle pas permettre d'imaginer des stratégies semblables de préventions et des soins primaires avant que le mal-être de tous les « laissés pour compte » ne dégénère en pathologies diverses.

Pour ces raisons, nous proposons que la thérapie communautaire soit étendue au sein des politiques publiques de prévention de l'usage et de l'abus de l'alcool et des autres drogues.

La thérapie communautaire intégrative au Brésil

L'ABRATECOM (Association Brésilienne de Thérapie communautaire), a été fondée bar Adalberto BARRETO. C'est elle qui régente et coordonne tout ce qui se rapporte à la thérapie communautaire intégrative.

Ce projet est financé par le SENAD (Secrétariat National Anti-Drogue).

En 2005

- 800 thérapeutes communautaires formés interviennent dans 19 états du Brésil.

- 10 centres de formation sont opérationnels

1 à FORTALEZA

1 à BRASILIA

2 à PORTO ALEGRE

1 à TERESINA

3 à SAO PAULO

1 à SALVADE DA BAHIA

1 à RECIFE

- Environ 10 000 séances ont été réalisées.

- Au total 150 000 personnes ont été enregistrées.

- 11 % de ces personnes ont été orientées vers des systèmes de soins.

Les thèmes le plus souvent abordés :

1) Le stress et les émotions négatives

2) Dépendance à l'alcool et/ou autres drogues

3) Conflits familiaux

4) Gestions liées au travail.

La thérapie communautaire intégrative en Europe

C'est en 1991 qu'une grenobloise, Christine FENEON, oeuvrant pour les personnes en difficulté dans le Tiers-monde, assiste pour la première fois à une séance de thérapie communautaire au Brésil et rencontre le Dr. BARRETO.

Touchée et émue par ce qui se passe dans les favelas elle fonde à son retour en France l'Association « LES AMIS DE QUATROS VARAS ». Pendant 5 ans elle cherche où pourrait être jeté le grain de la thérapie communautaire; pendant ce temps Adalberto BARRETO et Jean-Pierre BOYER, chef de service dans l'unité psychiatrique de l'Hôpital SAINT EGREVE, peaufinent et élaborent la méthode.

En 1996 Adalberto BARRETO et Jean Pierre BOYER donnent à Grenoble la première conférence publique.

D'autres conférences suivent :

o A Marseille organisée par Dr. NICOLE HUGON et "LES AMIS DE QUATROS VARAS".

o A Grenoble, organisée par LES AMIS DE QUATROS VARAS et ALPSYSOM (Association d'alcoologie et psychosomatique).

o A Toulon, organisée Claire-Marie RODA et moi-même avec le concours de l'association ALCOOL ACTION 83

En 2007 a eu lieu au Brésil le premier Congrès international de Thérapie communautaire auquel les Européens ont été invités. C'est ainsi que nous fûmes conviés à créer l'AETC (Association Européenne de Thérapie communautaire).

Il existe à ce jour 3 pôles de formation :

- Genève

- Grenoble

- Marseille.

En France une trentaine de personnes a été formée et une vingtaine participe régulièrement et anime les espaces de paroles, d'écoutes et de liens.

- 3 espaces à Marseille animés par le Dr Nicole HUGON : 2 dans la Clinique St Barnabé spécialisée en alcoologie (voir annexe), l'autre dans un quartier de femmes en difficulté (ADRA)

- 8 espaces à Grenoble

1 dans l'unité d'Alcoologie de SAINT EGREVE

1 dans les services de suivis externes

1 sur le Campus Universitaire

1 dans un atelier d'insertion

2 dans des lieux d'accueils

2 dans des Centres de formations

- 1 espace à Viennes dans un quartier où vivent surtout des immigrés

- 1 espace dans le VAR dans une maison du 3ème âge à la Roquebrussanne avec BRUNO et SABINE

- 4 espaces à Toulon : 1 dans un institut thérapeutique, éducatif et pédagogique avec Claire Marie RODA et 3 avec l'Association ALCOOL ACTION 83, animé par moi-même.

BIBLIOGRAPHIE

EH-HALL La Dimension cachée - 1971

FREUD Psychologie collective et analyse du moi - 1921

Jean-Didier VINCENT La chair et le Diable, Edit. Odile Jacob

GILLES AMANDO Dynamique de communication dans les groupes

ANDRE GUITTET Edition Armand Colin

LOUIS FEVRE Guide du praticien en PNL.

GUSTAVE SOTO 5ème Edition, Pédagogie, Formation, Synthèse

ADALBERTO BARRETO - L'indien qui est en moi Edit. Descarte & Cie

- Un psychiatre dans les favelas

- Terapia Communitaria - passo à passo

Dr. M. CH. CABI Introduction à la thérapie familiale systémique

(Cours AREAT)

Dr. JEAN RAINAUT L'alcoologie (Cours AREAT)

Dr. JEAN-MARC

PHILLEBEAUX Tolérance et dépendance à l'alcool

(Cours AREAT)

P. FREIRE Pedagogia da autonomia, Paz e Terra, Säo Paulo, 2005






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius