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L'impact des radio de proximité: le ca radio Delta Santé

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par N. Joël M. BROOHM
Université de Lomé - Maitrise ès-Lettres, option Sémiologie et Communication 2004
  

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L'IMPACT DES RADIOS DE PROXIMITE

SUR LES POPULATIONS :

LE CAS DELTA SANTE

~~~~~~~__

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e travail n'est certes pas le meilleur résultat de recherches qui soit. Cependant, il reste le fruit de quatre années d'observation et d'expérimentation. Des années qui ont été semées d'embûches. Combien exactement ? Seul le ciel sait.

Des années durant lesquelles, les distractions quelles qu'elles soient (les difficultés financières, le désespoir mais aussi la légitime envie de jouir de notre jeunesse et de la vie) ont failli nous désarmer.

Des années durant lesquelles nous nous sommes sentis désespérément seul. Des années qui sans faire de nous l'homme de communication (au sens où

nous l'entendions) nous ont permis de fourbir de nouvelles armes pour DEMAIN. Des années qui, nous l'espérons, nous ouvriront des portes dans le monde

combien difficile mais agréable de la communication.

Ce travail là, nous le dédions d'abord à Papa et Maman afin qu'ils y trouvent un début de couronnement des efforts conjointement consentis depuis de nombreuses et longues années.

Ensuite à notre fille Cynthia Joëlla Débi BROOHM et sa mère Judith ADOTEVI au détriment desquelles nous avons sacrifié ce qui aurait pu être une heureuse vie de famille.

Enfin, à la direction de la Radio Télévision Delta Santé qui nous a permis de faire nos premiers pas dans le monde de la radiodiffusion.

Nous ne saurons oublier le personnel de la Radio Télévision Delta Santé, «la famille» avec laquelle nous avons partagé de nombreux instants de plaisirs, de peines mais aussi de déception.

Puisse-t-il (le personnel) trouver, ici, la force intérieure, indispensable moteur à la recherche de l'excellence.

Sincères remerciements à Dieu Tout Puissant sans la grâce duquel ce travail n'aurait pu aboutir,

Sincères remerciements à tous ceux qui ont bien voulu, parce qu'ils n'y étaient pas obligés, nous apporter un quelconque soutien durant ces années ô ! ! Combien pénibles. Je pense entre autres à :

Takana MAGBENGA, Octave BROOHM,

Reine AYEVA-BROOHM, Ben Anoumou AGBASSA, Christophe AGBOBLI, Ambroise TSOMAFO, Francis Oswald MENSAH,

Claver LAWSON, Gérard WILSON, Léon AMOUZOU, Elvire AKO,

Antoine AMEDJONEKOU,

Pour ne citer que ceux-là...

Puisse ce travail leur donner le sentiment de trouver la juste matérialisation de leur soutien et des nombreux conseils qui parfois s'identifiaient à des coups de gueule,

Puisse ce travail nous ouvrir des portes nouvelles... des portes nouvelles.

J-j\ vJ-j\j fJjJ__pj~_p~~

es lignes qui vont suivre sont le résultat de recherches menées, entre février

L

1999 et février 2003, à l'intérieur de la Radio Télévision Delta Santé. Une entreprise de communication que nous avons vu naître et dont nous avons contribué, en tant que pionnier, à asseoir la renommée.

Ces lignes ne prennent pas en compte les changements qui sont intervenus après décembre 2003 et qui tout compte fait n'influencent que de façon négligeable et non substantielle le présent travail.

Nos propos ne sauraient se poser en règle générale applicable à toutes les radios de proximité même si, certain de ces propos s'adaptent ou peuvent s'adapter à d'autres stations.

Elles(ces lignes) n'engagent que nous.

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Introduction

I - Historique de la radio au Togo

I - 1 - La radio - mère et les attentes des populations

I - 2 - Radio - Lomé et l'espace public

I - 3 - La radio privée, un instrument de lutte politique

I - 4 - Le paysage radiophonique actuel

II - Le cas Delta Santé

II - 1 - Genèse et évolution

II - 2 - Situation actuelle

II - 3 - Organisation interne

III - Delta santé vers une littérature radiophonique

III - 1 - Les stéréotypes

III - 2 - Quelques indices de recherche littéraire

IV - Delta Santé, la communication et la communication de masse

IV - 1 - Principes généraux

IV - 2 - Les applications

IV - 3 - Communication ou communication de masse ?

IV - 4 - Les meneurs de la communication

V - Les impacts de la R.D.S. sur les populations

V - 1 - Les objectifs de la R.D.S.

V - 2 - Les moyens

V - 3 - Les impacts de la R.D.S

VI - Radio Delta Santé et demain

VI - 1 - Quel sera le visage de la R.D.S.

VI - 2 - Comment améliorer les prestations de la R.D.S.

Conclusion

Références bibliographiques Annexes

~~~~~~~~~~~~

L

a dernière décennie du vingtième siècle a été marquée au Togo, comme dans de nombreux pays francophones, par ce qu'on a appelé à raison ou à tort «la révolution démocratique ». Le régime en place depuis plusieurs décennies a

cédé le pas à une libéralisation du système politique, on a, alors, assisté à l'élargissement des espaces de liberté. Dès lors, l'exercice des libertés individuelles et collectives a favorisé la libéralisation de la presse écrite et audiovisuelle. Il en a résulté un foisonnement de journaux privés puis de radios de proximité. Aujourd'hui, le Togo compte plus de soixante radios communautaires, associatives, et commerciales.

La radio d'Etat n'ayant su assumer son rôle social, qui était de rendre compte de la gestion que les autorités faisaient des affaires publiques, cette prolifération des radios privées a été applaudie.

Disséminées un peu partout sur le territoire national, ces radios de proximité influencent quelque peu la vie de ceux de nos compatriotes qui les écoutent.

Aussi croyons-nous opportun, plus d'une décennie après cette libéralisation de la presse, de nous interroger sur les influences qu'elles exercent sur la vie des auditeurs.

Toutefois notre réflexion sera axée sur la Radio Delta Santé (R.D.S) : Comment a-t-elle pu se positionner dans le paysage médiatique actuel ? Quel usage fait-elle de la langue ? Quelle communication instaure-t-elle avec ses auditeurs et pour en attendre quels résultats ? Les résultats obtenus sont-ils en adéquation avec ceux escomptés ? Si non comment orienter la communication pour aboutir à des résultats meilleurs ?

Telle est la teneur des questions auxquelles nous apporterons tout au long de nos analyses et réflexions des éléments de réponse.

Pour y parvenir, nous procéderons d'abord à l'élucidation du contexte dans lequel les Togolais ont fait leur première expérience de la radio de proximité. Ensuite nous poserons `' notre regard » sur la Radio Delta Santé, son approche du texte radiophonique et de la communication. Enfin, nous esquisserons des approches de solutions au regard desquelles Radio Delta Santé pourrait se maintenir dans le paysage médiatique de demain.

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pparue en Afrique noire en 1924 avec l'usage des émetteurs dans l'union sud africaine et en 1939 à Dakar au Sénégal, ce n'est qu'en 1953 que les Togolais font pour la première fois l'expérience de la radiodiffusion avec Radio Lomé.

I - 1 La radio-mere et fes attentes des popufations

1-1-1 Radio Lomé, un instrument de l'administration

A sa création en août 1953, Radio Lomé, comme bien des radios en Afrique sous domination coloniale, a contribué à l'émancipation progressive d'une élite politique togolaise. L'essentiel des programmes étant diffusé dans la langue du colonisateur, les premiers contacts avec la radio furent établis par nos compatriotes fréquentant les écoles et ceux ayant été en Europe en tant qu'étudiants ou militaires.

Radio Lomé a servi d'outil au colonisateur, pour amener les compatriotes d'alors à une ébauche de prise de conscience politique. Témoins : le regain d'intérêt pour le fait politique et les manifestations d'avant l'autonomie. Ce qui justement entrait dans l'optique du colonisateur qui entendait en application de la loi cadre de 1956, mettre en place des équipes dirigeantes africaines dans les colonies. Le journaliste burkinabé Jean-Pierre ILBOUDO dira : « Dès 1959, la plupart des radios nationales sont mises en place. Elles émettent essentiellement dans la langue de l'ancien colonisateur, et parfois en une ou deux langues nationales pour affirmer le rôle du nouvel état indépendant. La radio devient ainsi un attribut de l'indépendance de ces pays ».

Parallèlement à la préparation de l'élite politique du pays, Radio Lomé s'est lancée dans la bataille du développement.

1-1-2 Radio Lomé, un instrument de développement

La Radio d'Etat a servi aussi d'outil de soutien à la politique de développement à la veille et surtout au lendemain des indépendances. Il s'est agi de faire de la radio un instrument d'éducation. Ainsi, Radio Lomé diffusait des émissions destinées à donner des conseils d'hygiène, de santé, et de pratiques

agricoles. Le souvenir des radio-clubs reste encore vivace dans les mémoires : Le souvenir des années soixante-dix (1970) où la radio d'Etat diffusait à l'intention des masses paysannes des microprogrammes, dans le souci d'améliorer la production agricole. La radio était alors utilisée comme une » radio école».

Bref, Radio Lomé cernait et répondait aux attentes des populations en faisant d'elle-même un instrument d'éducation, mais surtout un instrument de l'administration. C'est le second usage qu'on fit de la radio qui, a un certain moment, posera problème.

1- 2 ~~~io Lor~ et l~espace pu6lic

Il est vrai que des années après sa création, Radio Lomé a répondu dans la mesure du possible aux attentes des populations. Cependant, il n'est pas moins vrai qu'au fil du temps, elle donna naissance en ces populations à l'envie d'écouter un autre `' son de cloche `'.

1-2-1 Radio Lomé, une alliée du pouvoir ?

Aux lendemains des indépendances, Radio Lomé a failli à sa mission d'outil de formation d'une opinion publique véritable. « La radio (...) était un service public étroitement contrôlé par l'Etat, le plus souvent par le biais du ministère de l'information (...) Les journalistes radiophoniques étaient des fonctionnaires de l'Etat et dépendaient souvent du parti unique »1. Pire encore, les journalistes devinrent les «haut- parleurs» du gouvernement, pervertissant ainsi la notion d'information qui s'identifie alors à la propagande.

Les partis politiques une fois interdits en 1969, Radio Lomé se transforma en un instrument de propagande politicienne où des thèmes idéologiques sont associés à des pulsions nationalistes.

En cela, Radio Lomé fit usage de certaines techniques dont nous empruntons la terminologie à Jean-Marie DOMENACH, auteur de La propagande politique (1959).

1-2-2 La regle de la simplification

Radio Lomé, dans sa propagande, s'appuyait sur la règle d'or de l'art : »la règle de la simplification». Radio Lomé concentrait sur la personne du chef de l'état les aspirations de l'auditoire et donc du peuple. Ainsi, lors des manifestations, le chef de l'état devenait tour à tour «le libérateur national », «le premier marin », «le premier agriculteur », ...selon que la manifestation soit en rapport avec sa prise de

pouvoir, la marine nationale ou, l'agriculture... bref, les idées abstraites étaient personnalisées en un représentant : le chef de l'Etat.

1-2-3 La règle de l'unanimité et de contagion

Radio Lomé a aussi tiré profit de la propension naturelle au conformisme des auditeurs. En plus des larges diffusions et rediffusions des manifestations de soutien en faveur du pouvoir, Radio Lomé a crée et entretenu pendant plusieurs années l'illusion d'une unanimité autour du régime en place. Rappelons au passage le top horaire :

«n'gavÕ o Ðukplola Eyadema, Mawu do fiokuku nawo

N'gavÕ o dukplola Eyadema ÐukÕa le megbe nawo

Yin'ko »2.

Que nous traduirons en ces termes :

« N'aies crainte président Eyadema, Dieu t'a intronisé,

N'aies crainte président Eyadema, Le peuple te soutient.

Avance ! »

L'auditeur, à l'écoute de la radio, est convaincu contre son gré que l'opinion exprimée au travers de ce message est commune à tous. Et même s'il est persuadé de la véracité de sa propre opinion contraire à celle exprimée, à force d'écouter ce top horaire, il réagit selon ce que Gustave LEBON appelle la «contagion psychique ». Il commence d'abord à douter de sa propre opinion et finit quelques fois par la (son opinion) croire erronée. Ainsi il s'approprie le texte du top horaire qui modèle désormais son opinion en la calquant sur celle à laquelle il s'opposait.

1 Journaux et radio en Afrique aux 19e et 20e siècles, Andréjean TUDESQ, Serges NEDELEC, GRET, 1998, P.124

2 Ce texte n'est qu'une transcription approximative du message éwé chanté.

1-2-4 La règle de la défiguration ou du grossissement

Radio Lomé a enfin, avec ou contre son gré, longtemps manipulé l'information pour n'en retenir que celle qui était favorable à l'idéologie du pouvoir. Cette technique de filtrage a permis d'entourer le chef de l'état d'un mythe. Qu'il nous soit permis d'évoquer quelques exemples :

- l'accident, du 24 janvier 1974 dont le chef de l'état a été victime, présenté comme un attentat donna l'occasion à la «radio-mère» de diffuser une interview de feu le Général Améyi. Ce dernier y laisse entendre qu'arrivé sur les lieux de la catastrophe et ayant demandé au président s'il fallait le conduire à l'hôpital, le président répondit :

« Non, je vais à pya ».

L'information telle que présentée à l'antenne a contribué à créer autour de la personne du chef de l'état un mythe : le mythe de l'invulnérabilité. Une semaine plus tard, son retour à Lomé fut appelé « retour triomphal ».Nous sommes le 02 février 1974.

-Plus récent mais tout aussi révélateur fut le traitement des informations relatives aux manifestations du 05 octobre 1990. Une manifestation de protestation initiée par des étudiants, qui entendaient empêcher le jugement de leurs camarades pour distribution de tracts, est présentée comme un mouvement mené par des «vandales et des drogués venus du Ghana voisin ».

Bref, l'information était tronquée avant d'être servie à l'auditeur. A ces règles, il faudra ajouter celles de `'l'orchestration» et de la `'transfusion» avant d'insister sur le fait que l'usage de ces techniques faisait de Radio Lomé une alliée du pouvoir. Pouvait-il en être autrement ?

Toujours est-il que le mouvement d'octobre 90 qui a ouvert la voie à des mouvements de tout genre, a été suivi d'une période où Radio Lomé n'a guère cessé les actions de persuasion en faveur du pouvoir. Radio Lomé se gardant de rendre fidèlement compte des opinions en vogue à l'époque (identiques ou contraires à celle du pouvoir), «une radio, tenue par des opposants, Radio Liberté parvint à émettre quelques mois avant de disparaître »3.

3 Journaux et radio en Afrique aux 19e et 20e siècles, Andréjean TUDESQ, Serges NEDELEC, GRET, 1998, P.151-153

1- 3 La radio privée, un instrument de futte pofitique

C'est à la faveur de la plus longue grève (novembre 92 à juillet 93) qu'aient connue les Togolais que ces derniers firent leur première expérience de la radio de proximité.

1-3-1 Radio Liberté

La première radio privée, Radio Liberté a émis sans autorisation en novembre 1992. Née en période de crise politique aiguë, Radio Liberté qui émettait en modulation de fréquence sur la 105 mégahertz est apparue pour soutenir «la grève générale illimitée».

Elle exposait les points de vue de l'opposition togolaise sur la situation du pays. Cette radio pirate s'efforçait dans la mesure du possible de restructurer un tissu social qui portait les séquelles des querelles politiques, ethniques et tribales, d'unir et d'impliquer les Togolais dans son combat pour une société démocratique plus juste. On se rappelle l'émission «Soldat mon frère», qui se présentait comme une tribune où l'on « expliquait » aux «corps habillés» le bien fondé du changement politique et l'impertinence de cette réaction qui veut que le corps habillé réprime systématiquement les manifestations de l'opposition.

On se rappelle aussi la diffusion des comptes-rendus de réunions de l'opposition. Bref, en lançant en novembre 1992 Radio Liberté, l'opposition voulait se doter d'un outil de communication qui puisse rendre compte au peuple du combat qu'elle menait, un outil de communication qui puisse servir de contrepoids à Radio Lomé.

Radio Liberté n'émit que quelques mois avant de disparaître. Le terrain était alors déblayé mais il a fallut attendre septembre 93 pour voir émettre Kanal Plus.

1- 4 Le paysage radiophonique actue(

L'installation des radios privées au Togo s'est faite en deux phases dans la période allant de septembre 1993 à octobre 2002.

La première phase qui dure de septembre 93 à février 98 est antérieure à la codification de la presse audiovisuelle. Elle a été marquée par la mise en onde des premières radios privées dont la toute première, `'Kanal plus», émit en septembre 93. Cinq ans après, on pouvait compter sept radios privées dont une seule à l'intérieur du pays : Radio Tchaoudjo à Sokodé.

La seconde phase qui dure de février 98 à octobre 2002, débute avec la codification de la presse audiovisuelle. Cette seconde période est surtout marquée par l'adoption des lois portant code de la presse et de la communication, la création de l'Observatoire Togolais des Médias (O.T.M.), l'adoption d'un code de déontologie, et surtout par l'installation de la grande majorité des radios émettant actuellement au Togo.

La codification de la presse audiovisuelle, a donc accéléré le processus d'installation des radios privées sur l'étendue du territoire national. De sept dans la première moitié de la période définie, le nombre de radios privées est passé à soixante. Cependant, les inégalités apparues dès la première phase d'installation des radios de proximité se sont quelque peu réduites sans pour autant disparaître.

I - 4 -1 Une inégalité de répartition dans l'espace

géographique

Dès la première phase d'installation des radios privées (septembre 93 à février 98) on a pu constater une certaine inégalité dans leur répartition. Plus de 85% des radios étaient installées à Lomé et seulement 15% à l'intérieur du pays.

Dans la seconde moitié de la période définie, cette inégalité a connu une amélioration. Le nombre de radios est passé de six à vingt-trois à Lomé contre plus de quarante à l'intérieur du pays. A elle seule, la capitale abrite 38% des radios portant ainsi à 48 le pourcentage de radios installées dans la région maritime. Soit

près de la moitié des radios de proximité déclarées à la date d'octobre 20024 contre 52% ( au total trente et une radios) pour les quatre autres régions du pays : dans la région des plateaux on compte treize radios (22%), huit dans la région centrale (13%), six dans la région de la Kara (10%) et quatre dans celle des savanes (07%).

I - 4 -2 Une bande %.M. au bord de la saturation

La totalité des radios privées du pays diffusent leurs programmes en modulation de fréquences (F.M.)5. Il en découle que la bande F.M. est saturée. Cette saturation est telle que sur la soixantaine de radios qui émettent au Togo en octobre 2002, dix-sept partagent leur fréquence avec au moins une autre radio. Ce sont notamment Tropik F.M. et Radio Epanouie qui se partagent la 93 mégahertz, Kanal F.M. et Radio Cosmos se retrouvent sur la 93.5., Nana F.M. et Radio Courtoisie sont sur la 95.5. Quant à Radio Bonne Nouvelle et la Voix du Plateau, elles exploitent toutes deux la 96.5. De même Radio Delta Santé et Radio Jeunesse exploitaient la 106.1. avant que Radio delta santé ne se fasse octroyer la 95.1. La 90.1 est aux mains des radios Sperenza et Espoir plus. Pendant que les radios Zion, Kéran et Rurale partagent la 102.5. Enfin, Radio Maria et la voix de l'oti sont recevables sur la 104.5.

Contre toute attente, ce foisonnement de radios privées ne recèle pas la diversité de programmes que peut en espérer l'homme de communication.

I - 4 -3 Une identité de programmes

Pour la plupart, ces radios privées sont généralistes. C'est dire qu'elles touchent à presque tous les sujets : éducation, information, culture, santé, sport, environnement...

Il en est de même pour la Radio Delta Santé en dépit de sa dénomination qui dénote une certaine spécificité.

4 Voir carte à la page 19 et annexe 1 pour liste nominative des radios à la période indiquée.

5 Abréviation empruntée à l'anglais « Frequency Modulation »

Les rares stations qui se sont effectivement singularisées sont les stations à caractère confessionnel (Radio Maria, Djabal' nour al islamia, Bonne Nouvelle, Jésus vous aime...) ou thématique (Sport F.M.).

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L

a Radio Delta Santé est longtemps restée la seule radio de proximité dans la préfecture des lacs. Basée à Aného, chef-lieu de préfecture, la R.D.S6 est située sur l'axe routier Lomé - Hilla-condji, à côté de l'Union Togolaise des Banques.

77- 1 genèse et Evorution

La genèse de cette station radio remonte à novembre 98, mois au cours duquel la R.D.S est entrée, de fait, dans l'univers des radios privées du Togo comme la concrétisation du rêve d'un individu.

A sa création, la R.D.S émettait de l'étage d'un bar de Kpémé : Le bar 7e ciel. Pour tout cadre, la station disposait de trois pièces. A savoir :

Un secrétariat,

Une salle d'émetteur,

Un studio (régie d'antenne et table d'écoute).

Le matériel de diffusion comprenait : quelques lecteurs de cassettes, un tourne-disque, trois microphones et un émetteur de 100 watts. Quant au matériel de production, il était inexistant. Ce matériel quelque peu dérisoire, permettait de couvrir un rayon de 15 kilomètres environ.

Le personnel de la jeune station était constitué d'élèves, de lycéens, d'étudiants et d'une animatrice alors en fonction à Radio Lomé. La radio émettait tous les jours de cinq heures à vingt heures. Soit un volume horaire de quinze heures au quotidien. Question : pour diffuser quel programme ?

Ici se pose un problème : celui de la connaissance des goûts, des aspirations et des habitudes en matière d'écoute des habitants de la zone de couverture, et partant celui de la maturité du projet.

Les programmes à cette époque étaient inexistants. On pouvait parler de quelques rares émissions dont la diffusion dépendait de la bonne volonté des animateurs et techniciens. Une situation imputable à l'absence du poste combien capital du chef des programmes.

Dans ces improvisations et tâtonnements, très peu d'émissions accrochaient. Il s'agissait des émissions comme Parasol, Emergence jeunesse, pour ne citer que

6 Radio Delta Santé.

celles-là. Pour tout dire, Radio Delta Santé ne présentait aucune émission de santé. En revanche, la radio diffusait nombre d'émissions préparées dans des conditions d'empressement et souvent d'imprévision. Les seules émissions dont on prenait quelque peu soins, étaient celles du service commercial : les tranches d'avis et communiqués et de dédicaces.

Ce qui frappait le plus, quand on écoutait la R.D.S, c'était l'inadéquation du contenu des émissions avec la dénomination de la station.

C'est donc dans ces conditions que la première F.M de la préfecture va émettre de novembre 1998 à la mi-mars 1999. Date à laquelle la R.D.S a arrêté ses émissions pour cause de déménagement.

En fin mars 1999, et le 30 à 18 heures 11 minutes, la radio émet de nouveau. Mais cette fois à partir d'Aného.

Premier changement notable, l'augmentation du volume horaire qui est passé à 17h30/jour puis 18h30/jour avec une continuité d'émission le week-end, c'est dire que la radio est passée progressivement 115h30 d'émission hebdomadaire à 142h en mars 2000 (soit un an après son installation à Aného) pour se retrouver en décembre de la même année à 168 heures d'émission par semaine.

La R.D.S ne propose en rien des services extraordinaires à ses auditeurs. Les quelques particularités de la R.D.S sont liées au nom de la station : Radio Delta Santé. Une dénomination qui exprime la ligne éditoriale de la station. A savoir oeuvrer dans domaine de la santé et de l'environnement.

Radio Delta Santé en plus d'être une des rares stations sinon la seule à faire de la promotion de la santé son leitmotiv, est l'une des rares stations dont le site sert à la fois de pharmacie et d'hôpital du jour. Témoins : les nombreuses personnes qui y défilent à longueur de journée. Qui pour y avoir conduit un malade, qui pour une consultation, qui encore pour y acheter une substance médicamenteuse.

Autre chose, c'est qu'on a toujours vu en la radio, un lieu de diffusion et de l'information et de la culture. La R.D.S en plus d'être un lieu de diffusion de la culture en est le lieu de promotion. Ce qui justifie la présence dans l'enceinte de la R.D.S d'une salle de spectacle et d'une salle de jeu, lieu de rencontre des quelques rares pongistes de la ville.

D'autres particularités sont liées au personnel composé d'une douzaine d'agents hormis la secrétaire - comptable, le Directeur technique, le Directeur Général et le Président Directeur Général. La particularité du personnel est d'exercer plus d'une fonction à la fois. Soit journaliste - animateur, soit animateur-technicien,

soit technicien - chauffeur. Une répartition des tâches qui a l'avantage de réduire le personnel, mais aussi la fâcheuse conséquence d'influencer négativement la grille des programmes et le particulariser. Nous y reviendrons.

11- 2 Situation actueffe

Au jour d'aujourd'hui, Radio Delta Santé émet cent soixante-huit heures par semaine. Un volume horaire qui intercale quatre-vingt dix-sept heures de programmes (émissions) d'éducation, d'information et quarante-cinq heures de musique. La diversité des programmes proposés est en partie imputable à la diversité de compétence du personnel recruté après mars 1999. En effet, ce personnel est composé de licenciés en littérature, sociologie et philosophie.

11- 3 Organisation 1nterne

La R.D.S est d'abord et avant tout une petite entreprise. Et comme telle, elle a une organisation interne même si les dénominations varient de Radio Delta Santé à une autre entreprise. Toujours est-il qu'on distingue, même en l'absence d'un organigramme, les fonctions suivantes :

Un Président Directeur Général, assez effacé, il est le premier responsable de l'entreprise. Il la représente auprès des instances de régulations et de contrôle des médias. Sans être un décideur de poids, il fait fonction de conseiller quant à la gestion de l'entreprise.

Un Directeur Général qui est le véritable maître. Responsable omniprésent et omnipotent, il est à proprement parler la seule voix autorisée. Au point où l'on sent parfois son empreinte et sa touche sur certaines émissions.

Un chef du personnel qu'on retrouve parfois dans les fonctions du chef des programmes, du rédacteur en chef voire du Directeur Général. Il a la gestion du personnel.

Un Directeur technique qui est, de fait, le conseiller pas toujours écouté du Directeur Général.

Un chef des programmes qui organise, coordonne le travail des différentes sections de l'entreprise, suit et supervise respect des programmes.

Un chef des programmes adjoint qui est une courroie de transition entre la Direction, le service des programmes, la rédaction et les animateurs. Il fait fonction de suppléant du chef des programmes.

Ce personnel est organisé en deux structures indispensables à tous médias :

- Le service des programmes qui organise et coordonne le travail des animateurs.

- La rédaction qui regroupe les journalistes.

II-3-1 Le service des programmes

Poser un regard sur le service des programmes de la FM 106 revient à apporter des éléments de réponses à une question fondamentale : ce service assure-t-il les responsabilités qui sont les siennes ? Comment s'organise-t-il ?

A la R.D.S, cela peut surprendre, mais c'est une réalité, ce ne sont pas les attentes des auditeurs qui guident et orientent le travail. D'ailleurs, on ne connaît pas ces attentes et on ne cherche peut-être pas à les connaître. Ici, seul le leitmotiv de la rentabilité oriente les attitudes. A preuve, plus d'un animateur se sont entendus demander au moins une fois : « Combien rapporte-t-elle, ton émission ? ». Il va s'en dire que le service des programmes privilégie de façon délibérée mais, quelques fois, contre gré les tranches payées. Ce qui justifie peut-être l'effectif dévolu à ce service et la complexité de la tâche qui lui incombe.

En effet, le service des programmes compte neuf animateurs dont un seul se consacre entièrement aux programmes. Quant aux autres animateurs, ils sont tantôt à la programmation, tantôt à la rédaction. Soit un total de six animateurs. Deux autres sont à cheval sur les programmes de la radio et de la télévision.

En outre, des neuf animateurs, trois sont considérés comme pigistes.

Du coup, le chef des programmes gère un personnel quasi inexistant. Puisque bien des fois, il (le chef des programmes) se trouve dans des situations où il n'a pratiquement personne sous la main pour les besoins d'une production spontanée ou urgente (production de spot, bande d'annonce, interview). Parce qu'un tel est à son lieu de travail (le cas des pigistes), un tel autre est occupé à préparer une émission payée (pour la radio ou la télévision) ou encore au montage d'un reportage.

Cette situation est imputable à la polyvalence «contrainte » d'une large partie du personnel. Il en résulte pour la station un problème majeur : celui de la fidélisation de l'auditeur. Ce dernier est déboussolé lorsqu' à une heure H d'un jour J, il ne retrouve pas sur la fréquence «son émission préférée » parce que le présentateur est tenu d'honorer un engagement pris par la direction par dévers le service des programmes.

Or le principe de la fidélisation veut que l'auditeur puisse trouver sur «la longueur d'onde de la radio » un programme à «tout moment de la journée ».

11-3-2 Le service de la redaction

Il n'est point besoin d'insister sur le fait que l'information est à la fois la matière première et le premier produit de la radio. C'est précisément la raison pour laquelle il convient de nous attarder un temps, sur l'unité chargée de collecter et traiter cette information pour en faire un `'produit diffusable».

Créée en avril 2000, la rédaction est passée de deux journalistes à six. Cependant, elle fonctionne sans trop grande coordination. A cela, deux raisons peuvent être évoquées. D'abord l'inexistence du poste combien capital du rédacteur en chef. Ensuite vient la question de la rentabilité qui, une fois encore, instruit et oriente toute initiative relative à la collecte de l'information.

Quoi qu'il en soit, la rédaction de la R.D.S fonctionne, même en l'absence d'une organisation rigoureuse. Et le constat qui s'impose à tout visiteur imbibé de l'organisation d'un organe d'information c'est l'absence des conférences de rédaction : il n'y a en jamais eu. Ce qui implique que le travail de la rédaction reste ce qu'il n'aurait jamais dû être : la juxtaposition du travail isolé, non concerté et épars de chaque journaliste.

Analysons cet extrait d'un journal diffusé sur les ondes de la R.D.S.7

« Je l'annonçais en titre, les examens du Certificat d'Etudes du Premier Degré ont débuté ce matin sur toute l'étendue du territoire national,

Cosme ATTIOGBE :

« Voilà, mesdames, messieurs merci de nous écouter,

Donc nos jeunes frères et soeurs du cours primaire comme tu le disais sont en examen à partir de ce matin.

Les concernés sont les élèves du C.M.2.

Le certificat d'études premier degré CEPD de cette année durera trois jours. Aujourd'hui les candidats ont composé en étude de texte, en calcul, éducation civique, couture et dessin.

Dans la préfecture des lacs ils sont très nombreux à faire le déplacement des centres d'écrit, la plupart sont des enfants de 10 à 14 ans, filles comme garçons soucieux de franchir le cap des culottes ou robes kaki.

7 Journal présenté par Firmin EKOUE sur les antennes de la Radio Delta Santé le 1er juin 2004 à 12h 30mn et rediffusé à 18h30mn.

Ce matin, le préfet des lacs M. Agbodzi Koffi, accompagné par le président de

la délégation spéciale de la commune d'Aného, M. Ayayi AYIVI Patrice et d'autres

autorités de la commune ont fait le tour des centres d'écrit ce mardi donc.

Là, ils ont eu à encourager les candidats et leur ont souhaité bonne chance.

La RTDS a rencontré pour vous l'inspecteur du premier degré des lacs Ouest

M. LAWSON Virgile qui est très content de l'organisation de cet examen. » Commence alors un long «dialogue» entre le reporter et l'inspecteur. «- M. l'inspecteur, c'est aujourd'hui que démarre le CEPD sur le plan national,

quel est votre avis la dessus ici, dans votre zone dans les lacs Ouest ?

- Merci, effectivement le CEPD national démarre aujourd'hui, nous avons les élèves qui sont venus de leurs établissements respectifs subir l'épreuve au centre.

Personnellement, je dirige les lacs Est, inspection du premier degré des lacs Est qui comporte 10 centres. 9 centres pour les scolaires et 1 pour les non scolaires. Nous avons en tout un nombre de candidat qui avoisine les 1500.

Disons 1469 précisément. Donc aujourd'hui c'est un grand jour pour ces élèves qui doivent démontrer tout ce qu'ils ont eu à apprendre au cours de cette année scolaire.

Sur le plan des préparatifs je crois que les autorités ont fait le nécessaire.

Les épreuves sont arrivées dans de très bon conditionnement, et il n'y a pas de problème, dans quelques centres il y a eu des problèmes de surveillants qui ont été très vite régler par les chefs de centres.

Nous avons eu aussi des feuilles d'étude de texte qui ont manqué mais nous avons fait diligence et on a pu trouver des copies pour les élèves qui n'en avaient pas.

Dans l'ensemble tout à bien démarrer et tout va bien se passer.

-Les choses évoluent en matière d'éducation au Togo. Est-ce qu'on peut savoir quelques choses à propos de la moyenne d'âge de ces candidats là chez vous ?

-Bon la moyenne d'âge au niveau de ces candidats, (hésitation) bon la moyenne d'âge, je dirai c'est 14 ans.

Parce que réglementairement au Togo, en se referant à la législation scolaire, l'enfant doit avoir 6 ans révolus avant d'aborder la classe de CPI. Donc s'il fait ses six ans de scolarité ça doit lui faire 12 ans.

Si on lui permet 2 ans de redoublement, par exemple, l'enfant arrivé au CEPD a 14 ans.

Disons que ça varie entre 13 et 14 puisque dans notre système, nous remarquons un taux de redoublement assez fort ce qui fait que la moyenne d'âge est entre 13 et 14.

Cependant, il y a des extrêmes. Vous pouvez trouver des enfants de 10 passer le CEPD et de grands garçons de 17, 18 ans qui passent le CEPD. Néanmoins nous disons que c'est 13, 14.

-M. LAWSON vous qui connaissez mieux le système scolaire, du moins au niveau du primaire, quel est l'âge réel que doit avoir un enfant pour passer le CEPD pouvant lui servir quelques chose de bien dans ces études ?

- Merci, je crois que l'âge normal pour passer le CEPD c'est 12 ans. Un enfant à 12 ans qui passe le CEPD, a les capacités intellectuelles pour comprendre ce qu'il est en train de faire.

Bon quand nous voyons les enfants de 10 ans qui passent le CEPD, bon nous émettons certaines réserves parce que ces enfants n'ont pas encore la structuration mentale qui leur permette de comprendre vraiment ce qu'ils sont en train de faire. Ce sont ces enfants qui passent le CEPD à 8, 9, 10 ans qu'on retrouve au collège qui traînent. Mais un enfant qui a suivi son cursus scolaire normalement doit passer le CEPD dans de très bonnes conditions intellectuelles, mentales, physiques et tout.

-Il faut quel age pour qu'un enfant commence le CP1 ?

-L'âge, je l'ai dit tout à l'heure, la réglementation scolaire au Togo demande d'inscrire l'enfant au CP1 à 6 ans, 6 ans révolu.

Avant 6 ans, il y a les préscolaires, les jardins qui s'occupent des enfants.

Mais mettre un enfant de 4 ou 5 ans au CP1, ce n'est pas une bonne chose, les parents pensent bien faire en précipitant la scolarité des enfants mais au bout du cursus il y a fiasco, parce que le cerveau de l'enfant est conçu de manière qu'à chaque époque de la vie correspond une maturation qui permet à l'enfant de comprendre les notions qui lui sont enseignées.

L'âge normal, c'est 6 ans pour entrer au CP1. Normalement les parents doivent tout faire pour inscrire l'enfant à 6 ans. Mais peut-être que dans les villages, certaines conditions font que les enfants, on les inscrit peut-être à 7 ou 8 ans.

Mais 8 ans au CP1, c'est déjà beaucoup de retard. Bon il a les facultés pour bien comprendre mais il a déjà du retard par rapport au cortège qui évolue. Donc il se sent plus grand, et cet enfant arrivera au CEPD à 15 ou 16 ans. Vraiment ça pose problème.

-Merci, voilà l'examen dure trois jours et nous n'aurons plus qu'à souhaiter bonne chance aux candidats. »

Et le journaliste de pointe d'ajouter « Bonne chance également » avant de poursuivre son journal.

Cet extrait reflète quelques-uns uns des écueils qui auraient pu être évités si elle avait un rédacteur en chef et si elle tenait des conférences de rédaction. Pour le profane cet extrait est irréprochable mais ce n'est pas le cas pour l'homme de la communication.

En effet, l'extrait est truffé de fioritures et donc pas en adéquation avec le principe de la concision :

« Voilà, mesdames, messieurs merci de nous écouter,

Donc... »

En commençant son compte-rendu par ces termes, le reporter n'apporte aucun supplément d'information à son récit. Bien au contraire, il donne l'impression d'avoir été surpris par le lancement du journaliste de pointe. En clair, le reporter ne savait pas à quel moment précis du journal il devait prendre la parole.

« Le certificat d'études premier degré CEPD de cette année durera trois jours. » Ceci n'est pas une nouvelle : la durée des examens n'a pas changé et il n'y a rien de nouveau à porter à la connaissance de l'auditeur.

Dans la question suivante : « M. l'inspecteur, c'est aujourd'hui que démarre le CEPD sur le plan national, quel est votre avis la dessus ici, dans votre zone dans les lacs Ouest ? », le reporter reprend l'information principale donnée par le journaliste de pointe avant de poser une question plus qu'ouverte, c'est le moins qu'on puisse dire, qui ne dit pas ce que le reporter veut tirer comme information de son interlocuteur. Ce dernier, ne sachant quoi répondre à cette question-bateau, se confond dans une longue présentation du secteur sous son autorité avant de souligner les difficultés auxquelles ils ont été confrontés. On lui a demandé son avis et il présente les difficultés organisationnelles auxquelles les enseignants et luimême ont été confrontés.

A la question suivante, le reporter, peut-être dans un souci de remplissage, allonge sa question alors qu'il aurait pu l'écourter et la rendre plus claire : « -Les choses évoluent en matière d'éducation au Togo. Est-ce qu'on peut savoir quelques choses à propos de la moyenne d'âge de ces candidats là chez vous ? » Une question qui se résume en quelques mots : « quelle est la moyenne d'âge de ces candidats ? ».

Sur cette question l'interview insérée dans le reportage aurait pu s'achever sans que l'information n'en souffre. Car la suite du questionnaire semble s'éloigner du sujet qui est l'examen du CEPD. Et non pas l'âge de la scolarisation des enfants.

Et puis une seule fois l'inspecteur n'a exprimé la grande joie que le reporter signale aux auditeurs.

Sur la forme de nombreux mots, phrases et membres de phrases pourraient être sortis du texte diffusé. C'est le cas du mot merci qui revient inutilement à deux reprises dans les propos de l'inspecteur.

Les écueils relevés dans cette analyse superficielle auraient pu être évités si le journal de la R.D.S. était le fruit du travail concerté de toute l'équipe. Ce constat est flagrant quand on constate que le journal à été diffusé tel quel à deux reprises.

A chaque édition du journal donc, le journaliste chargé d'en assurer la présentation fait tout seul fonction de rédacteur en chef, de reporter au besoin, de secrétaire de rédaction, de réviseur et de présentateur.

Pour l'auditeur cela se traduit bien souvent par une rupture de l'information. Dans les faits, il n'est pas rare de n'avoir aucune suite d'une information dont on entendait suivre l'évolution alors que le présentateur précédent en avait annoncé un développement dans les éditions à venir.

En l'absence de conférences de rédaction, et donc de prise de décision collégiale à propos de sujet d'information à traiter, la collecte et le traitement et donc la production de l'information est presque nulle. Les seules informations produites par la station restent celles qui ont fait l'objet de reportage payé ou encore de faits divers. Et Dieu sait combien ils sont !

Question donc : quelles informations sert -on aux heures des journaux parlés ?

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e chapitre tente de répondre à la question de la recherche littéraire dans le domaine de la radio, en particulier de la recherche littéraire à la Radio Delta Santé. Cette question dont la problématique se résume en une question

(celle de l'existence d'une littérature radiophonique) retiendra notre attention. Aussi, ne saurions-nous l'aborder sans analyser au préalable le concept de la littérature.

Du latin « litteratura » qui signifie écriture, la littérature est définie par le Larousse comme étant «l'ensemble des oeuvres orales ou écrites qui visent une valeur esthétique ». Aussi simpliste qu'elle puisse paraître, cette définition met en évidence deux notions importantes et donc susceptibles de nous intéresser :

- La notion de l'oralité

- La notion de l'écriture

Il est évident que pour la critique ces deux notions évoquent deux entités distinctes : celle de la littérature orale et celle de la littérature écrite. Toutefois, pour l'homme de radio, les notions d'oralité et d'écriture sont deux aspects du travail qu'il effectue au quotidien : écrire et dire pour l'oreille.

La tâche qui consiste à écrire pour l'oreille suppose que l'homme de radio respecte certaines contraintes relatives notamment au principe de la « fidélisation de l'auditeur ».

Il en découle que l'homme de radio ait recours à des « formes » préétablies et immuables dans lesquelles on «coule » un fond.

III- 1 Les Stiriotypes

L'écriture radiophonique, nous le disions plus haut, est une écriture destinée à l'oreille. Et comme telle, elle est le domaine des stéréotypes.

Q.Q.Q.O.C.P un sigle russe ?

L'information qui est «l'une des matières premières essentielles de la radio », reste une priorité pour la radio en ce sens qu'elle n'est pas que matière première. Elle est aussi produit fini. Or, la rédaction de cette information est tributaire de cet assemblage de lettres (Q.Q.Q.O.C.P) qui s'apparente à un sigle russe.

En fait, il s'agit d'une série de questions qui déterminent la structure d'une information radiophonique. En effet, les informations diffusées répondent à la série de questions : Qui fait Quoi ? Quand ? Où? Comment ? Et Pourquoi ?

Les cas les plus révélateurs sont ceux des avis et communiqués et des nouvelles.

III-1-1 Les avis et communiqués

Il s'agit, ici, d'illustrer nos propos. Pour ce faire, nous partons d'exemples qui pourraient servir de modèles.

III-1-1-a Les avis de deces

Dans le cas des avis de décès l'on se retrouve face à des textes, généralement, structurés comme suit :

Monsieur X, chef de la famille A,

Mme Y, employé à C, son époux et leurs enfants,

les familles parentes, alliées et amies, ont la douleur d'annoncer le décès de leur très cher(e) et regretté(e) :

M/Mme B, employé(e) de l'entreprise D,

décès survenu le Jour, Mois, Année,

à l'âge de...

L'enterrement aura lieu le jour, Mois, Année au cimetière de F après absoute en l'église St Z de F.

Maison mortuaire - Maison A à F quartier, G.

Dans le cas présent (Avis de décès), le «pourquoi ? » n'est pas exprimé dans le texte cependant il y est inhérent. A la question : pourquoi les personnes sus - nommées annoncent - elles le décès de B ? On répond aisément « parce que les personnes susnommées (réponse à la question Qui ?) voudraient que toute personne connaissant le/la défunt(e) assiste volontiers aux obsèques.

Ici, l'écriture radiophonique se fait elliptique en s'appuyant encore une fois sur «le principe de la fidélisation de l'auditeur ». D'où l'invitation implicite (que comprend sans équivoque l'auditeur) à prendre part aux obsèques de B.

De plus, elle reprend à longueur d'avis (de décès) les formules consacrées qui permettent aux auditeurs de se retrouver sans trop grande réflexion en possession de l'information diffusée.

Le constat qui s'impose à l'analyse de ce genre d'émissions, c'est l'absence de recherche stylistique. On retrouve dans la même structure textuelle les mêmes formules. Les seules variantes y sont les noms de personnes ou de lieux, l'age, les horaires, les jours, les mois et les années.

III-1-1- b Les communiqués divers

Nous partons, ici, d'un communiqué diffusé sur les antennes de la R.D.S du 22 au 24 avril 2002. Lequel communiqué nous intéresse parce que rédigé en dehors de la station par un agent de santé.

« Communiqué à l'intention des infirmiers et chefs de postes.

Dans le cadre du renforcement de la surveillance épidémiologique, un consultant de l'O.M.S. effectuera une tournée de travail dans le district sanitaire des lacs.

A cet effet, le Directeur préfectoral de la santé des lacs invite tous les infirmiers et chefs de postes à prendre part à la séance de travail que la mission organise à leur intention le jeudi 25 avril 2002 à la polyclinique de Kpota à partir de 14H 30'.

Vu l'importance des activités à mener, la présence de tous est obligatoire.

Le Directeur Préfectoral de la Santé ».

Ce communiqué, nous le disions, a été rédigé en dehors de la station par un agent de santé. Et pourtant, il respecte quelque peu le schéma du Q.Q.Q.O.C.P. Lorsqu'on s'attarde un peu sur le contenu, on s'aperçoit de deux choses.

D'abord que le pourquoi de la série de questions arrive en tête du texte. De plus le texte porte un titre qui est un détail précisant le destinataire du contenu. Cette précision devient détail parce que se retrouvant dans la suite du texte (tous les infirmiers et chefs de postes).

Ensuite, le pourquoi ? Qui trouve réponse dans : Pour renforcer «la

surveillance épidémiologique...» mais peut être supprimé du communiqué sans pour autant avoir d'incidence sur la compréhension du texte. Dans ce cas le terme «mission » devra porter son expansion.

Plus surprenant encore la réponse du «pourquoi» dans le cas présent est une nouvelle à proprement parler.

III- 1 - 2 La Nouvelle

La nouvelle est le genre rédactionnel le plus soumis à la rigueur de l'écriture radiophonique.

Ici, on ne s'embarrasse guère de fioritures. D'autant que la règle de la concision reste incontournable dans tout travail journalistique. Dans cette optique, le premier paragraphe du communiqué ci - dessus, comme nous le disions, s'apparente à une nouvelle qui tient en une seule phrase. Dans la pratique, la phrase concernée : « Dans le cadre du renforcement de la surveillance épidémiologique, un consultant de L'O.M.S. effectuera une tournée de travail dans le District Sanitaire des Lacs. » sera analysée comme suit :

Qui ? Un consultant de l'O.M.S.

fait

Quoi ? Effectuera une tournée de travail

Quand ? Effectuera = futur simple prochainement Où? Dans le district sanitaire des lacs.

Il apparaît ici, que ce qui était à l'origine une simple introduction à un communiqué divers n'est pas si éloigné d'une nouvelle. On pourrait si l'on voulait approfondir cet aspect soutenir que des éléments de réponse à la question pourquoi ? sont énoncés en filigrane en début de phrase (pour renforcer la surveillance épidémiologique). Dès lors, nous pourrons affirmer sans risque de nous tromper que du point de vue de la structure le communiqué divers n'est pas si éloigné de la nouvelle. Cela serait - il lié aux principes de l'écriture radiophonique ?

III-7-3 L'écriture radiophonique

L'écriture radiophonique est une écriture destinée à l'écoute. Donc à être écouté par un interlocuteur, ici auditeur. D'où l'obligation, du respect de certains critères auxquels tout travail de rédaction doit répondre. Au rang de ces critères figure en bonne place la clarté.

III-1-3-a La clarté

Le principe de la clarté recommande à «l'homme de micro», des phrases simples et courtes. Il en découle que l'écriture radiophonique ne s'embarrasse point des constructions syntaxiques complexes. Le vocabulaire même est le plus courant qui soit. La simplicité de la langue se manifeste, ici, par le rejet de la grandiloquence, les termes techniques, les Jargons... parce que se voulant à la portée de tous.

Le verbe est, quant à lui, de préférence à l'actif. Considérée comme plus expressive, la voix active constitue le garde fou au travers duquel l'écriture radiophonique reste collée à l'ordre des mots connu de tous : sujet - verbe - complément. Ainsi la rédaction d'une radio écrira :

« Les avocats de l'accusé ont introduit un recours en annulation.

La cour d'appel a rejeté ce recours pour cause de... »

Plutôt que

«Le recours en annulation introduit par les avocats de l'accusé a été rejeté... ».

Ajoutons que le temps de prédilection de la rédaction est le présent de l'indicatif. Un temps qui confère une note de fraîcheur à la nouvelle en la faisant

paraître immédiate. N'oublions pas que l'information radiophonique doit rendre compte de «ce qui vient d'arriver, de ce qui est en train d'avoir lieu, de ce qui est sur le point de se produire »8. Cependant, on peut le constater, la radio n'use pas que du présent. Elle fait aussi usage du passé récent. Le premier produisant chez l'auditeur le sentiment d'entendre une information liée à des faits qui se produisent au moment où le speaker parle. Quant au second (le passé récent), il est préféré dans sa forme composée pour produire un sentiment de continuité ou une impression de faits qui se sont produits dans les minutes qui précèdent la diffusion de l'information. On écrira et dira, par exemple : l'avion présidentiel vient de décoller...

On retrouve aussi dans la rédaction radiophonique l'usage régulier du futur proche (va + infinitif). Un temps verbal usité pour annoncer avec la précaution de ne point prédire un événement.

/11-1-3- b La concision

L'autre contrainte est celle de la concision. Un principe qui recommande à la rédaction de se contenter de l'essentiel : « l'information, et rien que l'information ». Point n'est donc besoin de recourir aux figures de style telles que les périphrases et les autres figures qui alourdissent le texte, lui confèrent une beauté littéraire certes, mais n'apportent aucun supplément d'information.

La rigidité quasi immuable et ces quelques principes caractéristiques de l'écriture radiophonique constituent un handicap à la quête de la littéralité. Toutefois on ne saurait affirmer qu'il n'y a pas d'effort de recherche littéraire dans les textes diffusés à la R.D.S.

8 A vous l'antenne, précis de journalisme radio, Paul de MASENEER, Nouveaux Horizons, 1992, P.60

111-2 -- Quefques 1ndices De Wecherches Littéraires

Les quelques indices de recherches littéraires que l'on pourrait évoquer lorsqu'on parle des émissions de la R.D.S. sont contenus dans les émissions «Contes du soir», «Au théâtre chez nous», «Evasion» (poème de l'auditeur) et les reportages.

Dans les paragraphes suivants nous nous appesantirons essentiellement sur les contes et les reportages. Non sans avoir au préalable dit un mot sur le théâtre radiophonique et l'émission Evasion.

111 - 2 - 1 Le Théâtre Radiophonique

Les indices de recherches littéraires apparaissent d'abord dans une émission qui se veut théâtre. « Au théâtre chez nous » est diffusé tous les mercredi de 20 h à 21 h.

La bande à kakaraka (c'est le pseudonyme du leader de la troupe) offre aux auditeurs une forme de théâtre populaire mise sur onde. Ici, on peut s'en douter, les scènes, le décor, les gestes et les mimiques n'ont d'autres expressions que le verbe. Ce verbe qui prend l'allure d'un MINA altéré ou enrichi selon qu'on soit puriste ou non. C'est donc au travers d'une langue hybride faite de mina, d'argot mina (Aklagbé) et de français que Kakaraka et sa bande abordent des thèmes vécus au quotidien par le citoyen ordinaire pour qui, justement, les `' pièces » sont faites. Et pour qui la vie sous tous ses angles est tournée en dérision. Il se joue et rit de lui - même par l'entremise des personnages qu'il découvre à travers `' l'écran `' de la radio.

Cette émission dépeint les fléaux les plus banaux et courants dans le bassin de couverture de la R.D.S. Notamment le vol, la prostitution, les scènes de ménage... Il s'agit, en fait, d'une peinture sociale inspirée de la tradition mais aussi de certains aspects de la modernité. Une peinture sociale dont l'objectif est de conscientiser en distrayant.

Cependant, en dépit du fait qu'il (ce théâtre radiophonique) présente des fresques sociales dans lesquelles de nombreux auditeurs se retrouvent, le théâtre radiophonique (de la R.D.S.) est beaucoup plus un navet. Tant par son incapacité à

produire des pièces radiophoniques originales que par son aptitude à imiter grossièrement les CONCERT BANDS ghanéens.

III - 2 - 2 Evasion, La Tranche des Poètes

La tranche des poètes est celle de l'émission Evasion (vendredi 20H - 21H). C'est la tranche où les amoureux échangent de petits mots doux par la double entremise d'un animateur et de la radio. Ces petits mots sont présentés sous forme poétique ou prosaïque. Posons ici, notre regard sur un de ces textes envoyés par une auditrice. Un texte qu'elle dédie à son prince charmant :

« Encore une fois

J'aimerais tant gémir

Encore une fois

Sous tes caresses

J'aimerais tant jouir

Encore une fois

De ta tendresse

J'aimerais tant frémir

Encore une fois

De plaisir

J'aimerais tant sentir
Encore une fois
La douceur de ta peau.
J'aimerais tant poser
Encore une fois
Ma tête sur ta poitrine poilue

Cette poitrine que j'ai tant aimée.

J'aimerais

Encore une fois
La toucher

La caresser
La couvrir de baisers
Et comme une folle
Au monde entier

J'aimerais tant crier
L'amour que pour toi j'ai. »

Des textes de cette trempe, il en défile des dizaines au fil des émissions. Comme on peut le constater, ces textes, dont nous venons de citer un exemple, ne sauraient se prévaloir d'une grande qualité littéraire. Cependant on y perçoit des efforts de recherche d'une certaine esthétique dans l'utilisation de la langue. Ainsi dans le texte ci-dessus, on perçoit la récurrence anaphorique du membre de phrase : « J'aimerais tant... » auquel la répétition du titre «encore une fois » donne un cachet particulier en ponctuant comme un refrain chaque vers. Il en résulte que sans prétendre être un cadre de recherche littéraire véritable, cette émission co - produite avec les auditeurs - auteurs, s'apparente à un «cercle de poètes » en herbe des ondes.

Il ne fait aucun doute pour nous que la littérature apparaît en filigrane dans les émissions sus mentionnées. Toutefois les reportages et les contes du soir paraissent plus élaborés d'un point de vue littéraire.

~~~- 2 - 3 Le Reportage... Une Littérature Sonore ?

Le format radiophonique où l'on use de toutes les ressources langagières et de tous les sens est sans nul doute le reportage.

Le reportage qui est la chasse gardée de ceux qu'on appelle communément »reporters» s'il est entendu qu'un reporter est avant tout un journaliste. Mais sûrement un journaliste de type particulier que Philippe GAILLARD présente en ces termes :

« Le reporter est un témoin ou un enquêteur. Il assiste aux événements prévus, il s'efforce de rétablir la succession des faits d'un événement fortuit. Mais c'est un témoin professionnel, un enquêteur qui doit des comptes au public et non à une quelconque administration »9 .

La définition de Philippe GAILLARD présente le reporter dans sa tâche quotidienne d'observation et d'interrogation aux fins d'établir un rapport. Dans l'établissement de ce rapport, le reporter fait appel à ses sens afin de rendre

9 Techniques du journalisme, Philippe GAILLARD, coll. Que sais-je ? , P.U.F., 1985, P.54

«palpable» ou tout au moins sensuel ce dont il rend compte. Les auditeurs étant supposés ne pas avoir été sur les lieux du reportage, il fait fonction de ce que d'aucun appelle «le cadreur de la radio ».

Résultat : le reportage est diffusé dans un style simple mais s'appuie sur les techniques de la description, de la narration, du dialogue... Le reporter décrit des sensations touchant la vue, l'odorat, le goût ou le toucher. Il a recours aux comparaisons, aux adjectifs, aux adverbes, aux bruits... pour «accrocher » l'auditeur et l'amener à l'illusion qu'il est transporté sur les lieux, et qu'il vit l'événement. Au besoin, il le guide dans l'espace en s'appuyant sur des repères (lieu connu de tous ou supposé connu, les points cardinaux, les adverbes : à gauche, à droite, devant, derrière, à côté de...).

Ce reportage que nous avons (personnellement) réalisé au mois de décembre 2001 pour le compte de la R.D.S. pourrait être une illustration de nos propos :

« En travers de la chaussée, un véhicule vert à la carrosserie défoncée et l'aile gauche froissée comme une feuille de papier.

La ligne discontinue est en partie recouverte de sang, d'huile de palme, de maïs, de gari et de débris de verre.

Plus loin, sur la gauche, un champ de manioc en partie dévasté.

Ici, quelques policiers tentent de réorganiser la circulation devenue subitement difficile.

C'est le visage que présente le quartier Vodougbé un quart d'heure après qu'un véhicule de transport en commun s'y soit renversé en voulant se soustraire à un contrôle syndical. Le chauffeur qui n'avait pas payé sa taxe syndicale a voulu prendre de vitesse les contrôleurs syndicaux, lorsqu'il aperçut sur la chaussée un obstacle. Voulant l'éviter, il quitta la chaussée, se fraya un passage dans le champ de manioc voisin.

Au moment de reprendre la chaussée, le véhicule se renverse sur le côté, roule avant de s'immobiliser en travers de la chaussée. Les occupants du véhicule, trois commerçantes et une ménagère sont évacuées au centre hospitalier d'Aného. Là, entre deux soins, dans une forte odeur d'alcool et de sang le médecin répond à nos préoccupations :

-« Il y a un cas grave, celui d'une passagère qui présente un traumatisme crânien. Quant aux deux autres, il y en a une, qui a une double fracture à la jambe gauche et la troisième a des blessures superficielles ».

-« Mais il y avait cinq personnes à bord du véhicule, docteur ? »10

-« Oui, il y a eu un décès sur-le-champ et le chauffeur est indemne. »

Dans ce reportage fait d'un texte à la fois descriptif et narratif mais aussi d'un insert (extrait de l'interview du médecin), on a l'impression de se retrouver dans une pièce de théâtre où l'auteur peint le décor, raconte une scène avant de donner la parole à certains acteurs.

L'auditeur qui écoute un reportage pareil, a l'impression de voir la scène se dérouler sous ses yeux. De même, il a l'impression d'être l'interlocuteur du médecin.

Il arrive que pour décrire, le reporter se serve d'extrait sonore (ce que nous appelions plus haut insert) qui évoque un objet, une situation... ce que nous appelons dans le jargon journalistique, à juste titre peut - être, «la photographie sonore » : bruit de voiture ou de Klaxon en background d'une interview pour «montrer» à l'auditeur que l'interview s'est faite dans la rue par exemple.

Le reporter peut intégrer à son intervention des extraits de sons enregistrés au préalable. Ces extraits, il les intègre à son propos pour produire cohérence et cohésion mais aussi rechercher et produire un beau discours. Dès lors il ne fait aucun doute que plus qu'un simple compte - rendu, le reportage se révèle une création littéraire. Mais une oeuvre littéraire appartenant à une littérature d'un type nouveau. Une littérature qui s'appuie sur les subtilités de la langue notamment les comparaisons et les mots connus de tous, mais aussi sur le son. Des sons qui évoquent ou suggèrent des réalités connues de tous.

Bref, le reportage s'apparente à de la littérature avec la particularité d'être à la portée de tous. Pour peu qu'on soit instruit mais pas forcément de l'élite. Mais cette littérature n'est point consignée dans un ouvrage de sorte que l'auditeur pas le lecteur (puisque c'est bien à des auditeurs que le reporter s'adresse) puisse retourner en arrière pour ré - écouter (pas relire) une partie qui lui échappe. Une littérature d'un type nouveau qui s'appuie sur le son : la voix, la musique et le bruitage. Peut - être conviendrait - il de parler de littérature sonore ?

10 Question du journaliste lors de l'interview insérée dans le reportage.

III - 2 - 4 A L'antenne comme... le soir au village

Dans cette partie que nous consacrons aux contes, nous posons notre regard sur l'usage que la R.D.S. fait du patrimoine culturel Guin. Pour ce faire, l'émission qui nous intéresse n `est autre que « Les contes du soir ».

« Les contes du soir » sont une émission hebdomadaire d'une heure, diffusée les samedi de 20H à 21H en MINA, une langue parlée dans le sud du Togo et du Bénin. Soit une aire géographique un peu plus vaste que la zone de couverture de la R.D.S.

Au sujet de cette émission, nous parlerons des textes et de la technique stylistique.

III - 2 - 4 -a Les Textes

Les textes sont généralement des récits dont l'origine remonte à la nuit des temps. Le conteur n'est donc pas un auteur. C'est plutôt quelqu'un qui, par un concours de circonstances s'est retrouvé en possession d'un récit qui constitue avec d'autres récits le patrimoine culturel du peuple Guin.

Les textes dont se servent les conteurs pour égailler les auditeurs de l'émission peuvent se regrouper en deux ou trois ensembles.

Selon qu'on les analyse sous l'angle thématique, on peut les regrouper en deux ensembles. Il s'agit :

- des contes de «sciences africaines » qui tentent de donner une conception et une explication ancestrale de tel phénomène naturel ou la cause originelle des particularités comportementales ou physiques de tel ou tel animal. Ainsi, retrouve - t - on dans le conte « le chat et la souris » une explication de l'antipathie congénitale que le chat a pour la souris et la peur qu'il lui inspire.

Une histoire de contribution que les animaux devaient apporter à la fabrication d'un tam-tam commun. La souris qui s'était dérobée au paiement de sa contribution ne se prive guère de jouer en toute clandestinité à ce tam-tam. Lorsque le roi des animaux s'en aperçut, il confia au chat la tâche de dépecer la malicieuse souris dès qu'il la verrait. Depuis lors...

- des contes à « intention didactique ». Ce sont des récits de morale pure ou pratique. Ils constituent une des bases de l'enseignement traditionnel. Ces contes véhiculent des idéaux sociaux : règle de conduite, écueils à éviter et vertus à cultiver

dans un souci de cohésion sociale. De ces contes, Victoire-Hortence ANIOU, Arnoldus GUBBELS et Abel PASQUIER écrivaient qu'ils sont « une source de lumière pour la conduite personnelle dans la vie et l'intégration harmonieuse dans le milieu social ».11

Quand on analyse les contes diffusés à la R.D.S. sous l'angle des unités de sens, on peut les regrouper en trois ensembles que nous retrouvons parmi les sept catégories de contes repris par EQUILBECQ.

III - 2 - 4 - b La structure des contes diffuses

Pour des raisons d'ordre pratique nous analyserons « les contes du soir » à la lumière d'une typologie et d'une terminologie que nous empruntons à Denise PAULME.

Du point de vue de la structure, les récits proposés aux auditeurs partent tous d'une situation initiale pour aboutir à une situation finale. Le seul facteur qui détermine les modifications dans les schémas structuraux des textes est celui de la dynamique interne. D'où le constat selon lequel les récits proposés aux auditeurs sont de trois types.

Le type ascendant

Ce type est celui où les récits partent d'une situation initiale de manque pour aboutir à une situation finale où le manque est comblé. Bien souvent les principaux personnages de ces récits vivent des situations difficiles (la haine du voisinage, la maltraitance,...) au début de récit. Mais par un concours de circonstances ou après avoir traversé de nombreuses péripéties, se retrouvent en des situations confortables. Ce type de conte répond au schéma structural et à la représentation graphique suivante.

11 « A la recherche de la signification des contes africains» in Savanes et forets, n°5 et 6, Bulletin de l'institut

Schéma :

 

Manque comblé (réussite)

Amélioration

 

Manque

Représentation graphique :

Manque - amélioration - manque comblé

Le type descendant

Ce sont les contes qui aboutissent à la mort du héros ou à la création d'un anti héros. Ici, on part d'une situation initiale stable pour aboutir à une finale dégradée. Dans ce type de conte, la phase d'amélioration cède à une phase de détérioration. Il correspond au schéma structural et à la représentation graphique ci - après :

Situation normale ou stable

Détérioration

Manque (dégradation)

Représentation graphique : Situation normale - détérioration - manque.

Il convient ici, de souligner qu'il est des cas où les deux représentations graphiques (précédentes) se retrouvent en une seule représentation et donc en un seul conte.

Supérieur de Cultures Religieuses (I.S.C.R.), Abidjan. P.13

Le type en sablier

Pour l'auteur de la typologie qui nous sert de modèle, ce type de conte est celui où «deux acteurs observent simultanément des démarches opposées et (...) leurs comportements respectifs au cours d'une même action les amènent à se retrouver à la fin en situation inverse à celle du début, ayant échangé leur position respective. La structure du conte prend une forme qui évoque celle d'un sablier. »12. Le schéma correspondant à ce type de conte est le suivant:

Situation initiale normale ou
stable

Amélioration

Situation finale dégradée
(manque)

 

Manque comblé

Détérioration

Situation initiale (manque)

III - 2 - 4- c La Technique Stylistique

Le conte est introduit par :

- « Mise droun loo ! » (écoutez mon conte),

à laquelle l'assistance répond :

- « droun ne va » (que le conte vienne).

Cette formule d'introduction est avant tout une manière de « capter l'attention de l'auditeur ». Ce procédé introductif relève d'un art : celui de savoir imposer le silence mais aussi de retenir l'attention de ses interlocuteurs ou de la raviver lorsqu'elle baisse. L'attention une fois captée, le conteur est tenu (du moins

12 La mère dévorante, essai sur la morphologie du conte africain, Denise PAULME, Gallimard, 1976, P.25

implicitement) de plaire, de rendre son conte captivant, attrayant de sorte que l'enfant, le jeune homme et l'adulte qui l'écoutent en ce moment puisse le graver à tout jamais dans leur mémoire. Pour ce faire, le conteur joue sur le timbre de sa voix. Il scande, débite, déclame et même chante. A ce propos Mineke SCHIPPER disait : « ... le conteur est souvent poète, chanteur, musicien et acteur à la fois. Il est poète parce qu'il ré - crée (re - creates) à sa manière et à l'improviste les textes traditionnels »13. Le conteur, en effet, use des ressources de sa voix pour imiter celles d'êtres surnaturels, produire des onomatopées et au besoin jouer le rôle de « Coryphée» dans les intermèdes chantés.

Au-delà de sa voix, le conteur use des ressources de la langue et des effets qu'elles peuvent aider à produire. Aussi peint - il les personnages (humains ou animaliers) sous des caractères poussés à l'extrême. A ce sujet, il suffit de se référer au conte de l'araignée et Koffi Amévoin pour se rendre à l'évidence.

Dans ce conte, l'araignée qui est présentée comme un personnage d'une indicible misère, condamnée à trimer çà et là sans pour autant gagner son pain quotidien, découvre un trésor qui à la faculté de régénérer. Du coup, elle devient la créature, la plus riche qui soit.

Comme on peut s'en apercevoir, il s'agit d'hyperbole. Outre l'hyperbole qu'on retrouve dans la quasi-totalité des contes, les conteurs font usage de métonymie

dans le genre : « dekadjea ku srõa odzi evi eta a ama» (le jeune

homme et sa femme ont donné naissance à cinq têtes d'enfants).

Dans cette phrase, le nombre d'enfants est désigné par une partie du corps humain : la tête. Et donc pour dire cinq enfants, le conteur dit cinq têtes d'enfants dans le conte `'la teinturière et le pygmée».

Il arrive que des conteurs combinent une ou plusieurs figures de style. Ainsi toujours dans le conte `'la teinturière et le pygmée», on entend le conteur dire qu'ayant cherché des heures durant sa progéniture, le pygmée finit par la retrouver entre les mains de la teinturière. Cette dernière avait pris soin de coiffer le bébé pygmée. Ce qui déplut à mère pygmée à laquelle, le conteur, fait dire :

« Dzi evigne beda do etepe Ne mugni nene oa

Ma vou voun o »,

13 `` Oral tradition and african theatre» in la tradition orale, source de la littérature contemporaine en Afrique, Institut Culturel Africain, 1985.

(Je veux mon bébé avec ses cheveux bien en place. Sinon je te déchire). Dans la phrase «sinon je te déchire » on sent le souci de rendre perceptible la colère de mère pygmée et la cruauté du châtiment qu'elle entendait infliger à la teinturière. En faisant dire à son personnage « je vais te déchirer » le conteur compare implicitement la teinturière, à l'endroit de qui cette phrase est prononcée, à du papier ou à un pagne qui pourrait l'un comme l'autre être déchiré aisément. De plus, le choix du terme « déchirer » (quelque peu impropre) plutôt que dévorer exagère un peu le degré de cruauté du supplice. De ce fait nous osons croire que le conteur combine sciemment ou non les figures de style dans une seule et même phrase.

A cette liste non exhaustive des figures de rhétorique, il faudra ajouter les onomatopées dont se sert le conteur pour exprimer, certaines situations ou attitudes. Notamment le fait de pousser un soupir qui revient sous la forme de :

« Eso houm!».

Littéralement « il coupa hum » pour laisser entendre «il soupira ».Nous serions incomplets si nous n'évoquons pas les proverbes qui terminent les contes de façon artistique. Les proverbes qui sont une façon de dire en quelques mots ce qu'on dirait en cent. N'est-ce pas ce qu'entendait Yves Emmanuel DOGBE quand il disait du proverbe qu'il est « un art de dire en des termes voilés des paroles ou des recommandations qui ne sont pas destinées aux oreilles étrangères, indiscrètes ou profanes ; et l'on peut y déceler l'équivalent de toutes les figures rhétoriques européennes »14 Ainsi dans le conte de la teinturière et le pygmée (encore lui), lorsque la crise opposant les deux protagonistes (la teinturière et la pygmée) se dénoue, suite à l'intervention d'un fils de la teinturière, dont cette dernière n'espérait point de secours. Elle exprime alors son soulagement au travers d'un proverbe chanté. Le proverbe qui dit :

« toti mawo nude a

tona fufui kpode»,

(Le pilon n'a certes pas grande utilité. Mais il sert, au moins, à piler).

Le proverbe ici comme dans de nombreux contes reprend de façon concise et imagée la morale du conte.

Nous nous en voudrions énormément si nous ne disons pas un mot sur les personnages des contes avant de clore ce chapitre. Une chose est à signaler ou à rappeler : c'est que les personnages sont généralement présentés sous des traits exagérés. En outre, ils portent des noms évocateurs des situations et / ou de l'attitude qu'ils ont face à ces situations.

Lorsqu'il s'agit de personnages animaliers, ils portent les noms qui leur sont connus dans la vie courante. Dans les contes, ces noms sont attachés à des traits caractéristiques admis par tous dans la tradition. C'est le cas de Yévi l'araignée, qui est peinte sous les traits d'une créature à la fois malicieuse et prétentieuse. Bien souvent, elle se retrouve aux prises avec Azoui le lièvre. Ce dernier, lui apparaît comme le plus intelligent des créatures. Il est apte à déjouer les pièges de Yévi. Ces cas de figures sont tout aussi vieux que les contes eux - mêmes.

Quant aux personnages humains, ils portent des noms souvent choisis par les conteurs eux - mêmes. Nous citons en exemple Kofi Amévoin qui est présenté comme le frère consanguin de Yévi l'araignée. Amévoin, rappelons le, signifie «le mauvais». On dira donc Kofi le mauvais. Ce dernier, à qui Yévi montre les méthodes au travers desquelles il a fait fortune, se les approprie et les utilise par dévers son frère (Yévi). Et cela avec l'intention de se retrouver plus riche que Yévi. En cela, il (Kofi Amévoin) est mauvais aux yeux de la tradition qui veut qu'on «ne mange le plat des autres que sur leur invitation».

Autre exemple non moins évocateur est celui de « Adomefa », qu'on traduira par le bon. Le conte veut qu'Adomefa qui est l'unique enfant de sa mère décide d'aller en aventure avec deux frères consanguins. Ces derniers étant d'une même mère, la mère d'Adomefa lui interdit de les suivre. Face à l'insistance de son fils, la mère cède. Chemin faisant Adomefa est abandonné par ces frères qui, au préalable, le rendent aveugle. Devenu aveugle, le garçon apprend les vertus des plantes et se guérit.

Quand il rentre chez lui, des années plus tard il retrouve ses frères d'abord riches, ensuite pauvres puis aveugles et paralytiques. Adomefa, fait table rase du passé et guérit ses frères consanguins. Sa bonté fit de lui un herboriste - guérisseur riche et heureux. Comme on peut le déduire, l'onomastique n'est pas ignorée dans l'usage et l'adaptation radiophonique des contes qui relève tout compte fait de la littérature orale.

14 `` Misegli ou l'esthétique d'une création littéraire» in la littérature orale, source de la littérature contemporaine en Afrique, Institut Culturel Africain, N.E.A. Dakar,1985.

Faut - il rappeler que ces contes véhiculent les valeurs morales que la société guin entend transmettre à ses fils, de même que les croyances qui sont les siennes ?

Faut - il rappeler que les contes dont on abreuve les auditeurs dans cette tranche (émission) sont des récits vieux de plusieurs générations ?

Sans doute non. Il conviendrait plutôt d'insister sur le fait que de par leurs contenus, ces contes « exorcisent » les jeunes générations en leur indiquant le sort réservé aux méchants et le bonheur des justes et bons. En somme les récits présentés aux auditeurs sont un canal au travers duquel leur est transmis un enseignement traditionnel.

Serait - ce donc une aberration de soutenir que l'écoute des séances radiophonique de contes sont pour certains une distraction, pour d'autres une source à la quelle on s'abreuve du savoir des ancêtres, pour d'autres encore un cadre où s'opère une forme de catharsis sociale ?

Serait-ce une aberration de soutenir que les séances radiophoniques de contes recouvrent à elles seules les fonctions ludiques, didactiques et cathartiques dévolues à la littérature ?

Serait - ce une aberration de revendiquer pour la radio un effort de recherche littéraire voire une littérature ?

Encore une fois, nous en doutons. Il nous paraît certes évident que la rédaction des textes destinés à être écouté (pas lu) par les destinataires (auditeurs) est soumise aux rigueurs de la concision, de la simplicité et de la clarté. Cependant, le champ stylistique restreint qui lui est laissé se prête à l'éclosion d'une littérature.

Quand bien même, elle ne serait pas consignée de sorte que l'auditeur, à l'instar du lecteur, puisse revenir en arrière, comme dans un livre, pour approfondir sa compréhension, apprécier l'esthétique du texte.

Quand bien même, les animateurs ou les conteurs ne soient pas toujours auteurs des textes qu'ils présentent à l'antenne (c'est le cas notamment dans l'émission «les contes du soir »), on peut comme le journaliste américain Jean SHEPHERD considérer, «la radio comme un nouveau médium réservé à une nouvelle sorte de roman » où « le microphone (...) sert de plume et de papier ». Une nouvelle forme de roman où « l'auditoire et l'actualité (...) fournissent » les personnages, les situations, le ton à adopter. Et partant, poser le postulat d'une littérature radiophonique. Une littérature qui intègre le bruitage, la musique, le dialogue, la poésie, le théâtre,...

Peut - être, restera - t - il à définir les contours d'une telle littérature. Ce qui ne saurait se faire en perdant de vue qu'elle émane d'un média : la radio, qui reste avant tout un moyen de communication.

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a R.D.S. est, faut-il le rappeler, une entreprise de communication et de ce fait, elle tient compte de nombreux principes qui tiennent à la fois de la communication, mais aussi de la communication de masse. Ce sont ces principes qui retiennent notre attention dans le présent chapitre.

IV - 1 Les Przn~zpes genera

IV-1-1 L'homo communicans

Le concept de communication ne semble pas aisé à définir. Tant les domaines qu'elle concerne sont nombreux et variés : on parle de communication d'entreprise, de communication événementielle, de communication scientifique, de communication industrielle, de communication politique, de communication publicitaire, de communication radiophonique... Cependant pour les besoins de notre réflexion, nous voudrions bien partir d'une définition que nous empruntons au Dictionnaire des médias. La communication y est définie comme «une action et le résultat de cette action ». Elle serait «l'action consistant, pour les hommes, à échanger des messages, en face ou bien à distance, avec ou sans le secours d'un média quelle que soit la forme ou la finalité de cet échange ».

Cette définition, comme bien d'autres, situe le concept de la communication par rapport à l'homme. D'où la tendance à penser l'homme par son aptitude à communiquer : l'humain devient «l'être communicant ». Et cette action (de communication), rappelons-le, est indissociable du langage.

Il en découle que la communication soit perçue comme l'action de parler, de s'adresser à un individu ou à un groupe d'individus. Il va sans dire que la communication est un acte à caractère social. Un acte se déroulant au travers du langage articulé ou non. Bref, la communication au sens large du terme serait une manifestation d'échanges : échanges de faits, échanges d'opinions. Dès lors, la communication ne saurait être effective en l'absence d'un certain nombre de facteurs qui déterminent le principe de la communication.

/V-- 1 -- 2 -- Les facteurs de la communication

La création d'une situation de communication quelle qu'elle soit, nécessite l'utilisation, mieux la présence d'un certain nombre de facteurs. Il s'agit notamment de :

- L'émetteur, c'est lui qui produit et envoie le message. Il est aussi désigné par

le vocable de destinateur.

- Le récepteur ou le destinataire, c'est à lui que le message est envoyé car

conçu à son intention.

- Le message, L'émetteur éprouve le besoin de communiquer parce qu'il a

quelque chose à dire, et ce qui est dit c'est ça le message.

- Le code. Le message, pour avoir un sens, doit être exprimé au travers d'un

ensemble de signes combinés selon certaines règles de combinaison connues du récepteur et de l `émetteur. Les signes combinés et les règles de combinaison sont ce qu'il est convenu d'appeler le code.

- Le canal, c'est le support de la communication, la voie empruntée par le

message pour être acheminé de l'émetteur au récepteur.

- Référent, c'est le sujet de la communication : le « de quoi parle » le

destinateur.

Ces facteurs de la communication correspondent chacune à une fonction, mais sont surtout représentées comme suit :

 

Référent

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Code

Emetteur
ou
Destinateur

 
 
 
 
 

Récepteur
ou
Destinataire

 

CANAL DE COMMUNICATION

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

MESSAGE

 
 
 
 
 
 
 

Iril -- 2 Les Applications

Selon que l'émetteur attende ou non du récepteur une réponse verbale ou non, la communication est bidirectionnelle ou unidirectionnelle. On parlera alors de dialogue ou de discours.

Dans le premier cas, l'émetteur et le récepteur passe alternativement du rôle de récepteur à celui d'émetteur et inversement.

Dans le second cas, l'émetteur attend de son interlocuteur (récepteur) une réaction plutôt qu'une réponse verbale. Ce second cas est le plus caractéristique de la communication radiophonique. Exception faite aux émissions interactives ou l'auditeur peut prendre part à l'émission soit par téléphone, soit par courrier. La plupart du temps la communication radiophonique reste unidirectionnelle. La radio devient alors « la boîte qui parle mais n'écoute pas ».

IV - 2 - 1 La communication radiophonique

Elle s'appuie sur les facteurs énumérés plus haut. Cependant la terminologie diffère quelque peu.

L'émetteur ici n'est autre que le speaker, le journaliste ou le reporter. C'est le sujet parlant. Celui ou ceux qui produisent le message envoyé aux auditeurs. Ces derniers étant ceux à l'intention desquels le message est envoyé en sont le récepteur.

Le message c'est ce que dit le speaker. Et dans le cas de la R.D.S. ce qu'il dit, le speaker le dit soit en français ou en éwé. Ces deux langues constituent les codes. Le canal de la communication n'est autre que la radio (ondes hertziennes). Quant au référent, et c'est le plus important en communication radiophonique, ce sont les faits, les réalités, les situations qui deviennent des sujets d'émissions d'éducation, d'information ou de débat.

Ici, l'auditeur - récepteur, pour peu qu'il décide d'écouter la radio, subit la communication. Il n'a ni les moyens d'influencer le message dès que le processus de la communication est enclenché, ni les moyens d'interrompre le speaker - émetteur (puisque même quand il éteint son poste radio, le journaliste ne s'arrête pas), ni les moyens de demander instantanément plus d'explications, ni l'amener à reprendre

une partie qui lui a échappé... En cela, la communication radiophonique se singularise des situations classiques de communication. Le schéma de la communication n'en subit pas pour autant des modifications.

SPEAKER

ACTUALITE, CULTURE
EDUCATION, SANTE

RADIO DELTA SANTE

AUDITEUR

 

MESSAGE

 

FRANÇAIS / EWE

IV - 2 - 2 Le message Radiophonique

Tout message radiophonique procède de ce que Sophie MOIRAND appelle «situations d'écrit ». Des situations de communication qui font appel à des scripteurs qui écrivent pour des lecteurs, la production et la réception ayant lieu à un endroit, à un moment précis. Le message radiophonique est d'abord un message écrit. Mais un message écrit pour être dit plutôt que lu. Ne dit - on pas que l'écriture radiophonique est une écriture pour l'oreille ?

La phase d'écriture n'est que la phase préparatoire du message radiophonique. Ainsi le journaliste ou l'animateur dans la préparation d'une émission commence à se demander :

«A propos de quoi », mieux de quoi parlerais-je aux auditeurs ?

« Pourquoi » voudrais - je leur en parler ?

Et c'est une fois les éléments de réponse trouvés que le journaliste ou l'animateur commence à écrire le texte qu'il va dire à l'antenne.

Le journaliste, est celui qui lit, mieux celui qui dit le texte et l'auditeur est celui à l'intention de qui le message est adressé : celui qui écoute pas celui qui lit. Le speaker-émetteur s'approprie donc le signifiant graphique tandis que le signifiant sonore devient «propriété » de l'auditeur - récepteur. Le message radiophonique en fin de production est un message sonore. Le message graphique ne sert que de repère au speaker - émetteur.

Il n'empêche qu'au finish, le message soit emprunt d'une ou de plusieurs des fonctions du langage.

La fonction référentielle.

Elle apparaît essentiellement dans le travail effectué par la rédaction : le traitement de l'information. Ici, c'est l'information telle qu'elle se présente. Le journaliste - présentateur s'efface au profit de la situation, de la réalité ou de l'opinion dont il parle.

Ainsi le samedi 15 juin 2002 au journal de 6h30mn, la R.D.S a présenté cette information:

« En Cote d'Ivoire,

Les réactions se succèdent après la décision de la commission électorale indépendante sur les pièces requises pour voter aux prochaines régionales.

Après le Rassemblement Des Républicains d'Alassane Dramane Ouattara, l'Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d'Ivoire (U.D.P.C.I) du général Robert Guéï, exige la reconnaissance des documents ayant servi pour voter lors des différents scrutins de l'an 2000 ».

Elvire AKO :

« La prise de position de l'U.D.P.C.I s'est faite lors d'une conférence de presse, hier à Abidjan.

Le député Toikeuse MABRI, Secrétaire Général de cette formation politique, a rappelé que les opérations d'identification menées en 1999 ont permis de délivrer à certains ivoiriens un récépissé et que plusieurs autres attendaient ce récépissé.

Fort de ce constat, le député MABRI a revendiqué au nom de son parti, la délivrance d'attestations d'identité spéciales élections départementales ou à défaut la reconnaissance des documents ayant servi lors des différents scrutins de l'an 2000.

Cette prise de position de l'U.D.P.C.I fait suite à une annonce de la commission électorale indépendante. Annonce selon laquelle seules les nouvelles

cartes d'identité et les nouvelles attestations d'identité seraient acceptées aux prochaines élections régionales.

Cette prise de position intervient trois jours après celle du R.D.R et quatre jours après le lancement d'une opération d'identification censée doter les Ivoiriens de nouvelles cartes d'identité et les étrangers de nouvelles cartes de séjour. »

Les élections régionales sont prévues le 07 juillet prochain en Cote d'Ivoire ».

Comme on peut le constater, le texte présenté aux auditeurs est exempt d'indice des locuteurs et interlocuteurs. Le journaliste de pointe passe à, un certain moment, la parole à quelqu'un d'autre pour des précisions sur l'information donnée. Cela se perçoit aisément puisqu'il (le journaliste de pointe) nomme : « Elvire AKO ». On dira qu'il la «lance». Mais le lancement, tout comme le développement de l'information ne présentent aucun indice qui puisse nous ramener à l'émetteur ou au récepteur.

C'est la fonction la plus utilisée dans les journaux.

La fonction expressive

L'homme de radio y a recours dans les genres rédactionnels dits majeurs. Ce sont notamment les commentaires, les chroniques, les éditoriaux...Mais aussi les émissions interactives où l'auditeur donne son point de vue sur une situation donnée. C'est le cas dans l'émission «enuake» ou l'auditeur se prononce sur un fait de société. Il prend ainsi part à l'émission, et il le fait en exaltant son «ego ». C'est aussi le cas dans l'émission EVASION, la tranche des poètes dont nous parlions plus haut.

La fonction impressive

C'est celle de la quasi - totalité des messages radiodiffusés. Pour s'en convaincre, il faudra se référer aux questions qui président au choix des sujets abordés et à l'angle de traitement de ces sujets :

- Que dois-je dire ?

- Pourquoi veux-je le dire ?

- Comment dois-je le dire ?

La première question se contente de délimiter le champ du sujet, tandis que la deuxième définit les motivations de ce choix. Et partant les objectifs ciblés par l'émetteur. Quant à la troisième question, elle précise la manière dont l'énoncé devra

se présenter aux auditeurs - récepteurs afin que les objectifs préalablement définis soient atteints.

Comme on peut le constater, tout message destiné à la radiodiffusion est conçu à partir d'objectifs prédéterminés. Aussi, dans la conception du message radiophonique, la rédaction use-t-elle des ressources langagières et sonores (bruitage) à sa portée pour atteindre ces objectifs.

Il est évident que cette fonction n'apparaît pas toujours de façon explicite sous la forme de l'impératif qui connote un ordre à exécuter. Mais il n'est pas moins évident que le message radiophonique s'efforce de convaincre l'auditeur - récepteur et l'amener à adopter une certaine attitude.

Cela est vrai pour les jingles :

« Soyez ambitieux ! Ecoutez, Radio Delta Santé. »

Ce jingle présente l'écoute de la radio delta santé comme une question de goût, mieux de prestige et d'ambition.

Cela est vrai pour les spots publicitaires :

« En Afrique, le paludisme tue un enfant sur trois et beaucoup de femmes et de future mère.

Le paludisme est une maladie grave.

Elle se transmet uniquement par la piqûre du moustique, surtout la nuit. Il est primordial de se protéger pour éviter d'être contaminé

Parce que la vie de votre enfant et celle de sa mère sont plus importantes que tout, Nous avons créé la moustiquaire Séréna.

La moustiquaire Séréna est imprégnée d'un insecticide inoffensif pour vous Et toute votre famille.

Elle constitue une véritable barrière contre les moustiques

Et reste efficace très longtemps.

Moustiquaire imprégnée Séréna,

La moustiquaire des nuits tranquilles ».

Ce texte qui est celui d'un spot publicitaire, s'appuie sur une vérité scientifique pour déboucher sur l'évidence du besoin de se protéger contre les moustiques. L'expression de cette évidence occupe près de la moitié du texte, qui lui-même ne fait pas penser au prime abord à une publicité. Puis, la moustiquaire est évoquée une première fois de façon furtive. Ensuite, le texte attire l'attention sur les caractéristiques de cette moustiquaire avant d'en donner le nom (séréna) et finit par en faire la moustiquaire des nuits tranquilles.

Le texte tel qu'il est conçu évite d'appeler ouvertement à l'utilisation de la moustiquaire Séréna. Toutefois, sa conception, l'intonation qui sert à le déclamer, la voix utilisée pour le déclamer (une voix de femme), sont autant d'éléments qui concourent à inciter à l'utilisation de cette moustiquaire sans jamais dire «utilisez la moustiquaire Séréna ».

Cela est vrai pour les avis et communiqués.

Cela est aussi vrai pour le journal parlé...

Dans ce dernier cas l'auditeur - récepteur croit «s'informer » de la situation socio - politique et économique de son pays, de son continent ou du monde. Mais à la question «pourquoi s'informe-t-il ? », Il ne sait quoi répondre. Peut-être ne se l'est- il jamais demandé ?

En réalité, l'information n'est diffusée que dans le dessein d'éclairer des situations socio-politiques et économiques. Mais pas de façon fortuite. La démarche, ici, vise à permettre aux citoyens de se faire une idée des acteurs socio-politiques afin d'identifier ceux dont ils partagent les points de vue. Et partant identifier ceux capables, aux yeux des citoyens, de promouvoir les solutions pour lesquelles ils penchent.

La fonction de contact

Elle est assurée par les génériques et les virgules. Les génériques sont des identifiants sonores qui permettent aux auditeurs - récepteurs de reconnaître leurs émissions préférées. Ils ouvrent et ferment les tranches. Quant aux virgules, ce sont des sonals qui permettent aux journalistes d'observer une très brève pause, en gardant le contact, avant de passer à une autre information ou une autre partie de l'émission en cours.

Génériques et virgules viennent en appui aux interjections et autres expressions sans contenu informatif. Toutefois, il est important de souligner que, le générique peut être porteur de sens. Il peut signifier par exemple «telle émission s'achève et telle autre va commencer dans les secondes qui suivent ». Il ne s'agit pas pour autant de nier la fonction de contact du générique puisque après tout il sert aussi de virgule à l'intérieur d'émission.

La fonction métalinguistique

Elle caractérise l'essentiel des textes présentés dans certaines émissions comme «le dictionnaire RFI », une émission du service magazine de la Radio France Internationale rediffusée sous forme de rubrique dans le réveil matinal. Il s'agit d'une émission de définition de mots et de termes regroupés par champ lexical ou secteurs d'activités ou de recherches.

La fonction poétique

On la retrouve à des degrés divers dans toutes les émissions. Cependant, elle est prépondérante, dans les contes et l'émission « évasion » dont nous parlions plus haut, mais aussi dans les spots publicitaires et les jingles. Le texte suivant en est fort éloquent :

« Une bise de soleil brûlant,

Une caresse de sable chaud,

Et le flot musical le plus doux de la bande F.M. »

Il s'agit là, d'un texte de jingle. Dans ce texte, on perçoit une certaine musicalité. En effet, les deux premiers vers présentent chacun, deux groupes rythmiques de quatre syllabes. Quant au troisième vers, il offre trois groupes rythmiques de trois syllabes et un autre de six syllabes. De plus, le texte use des champs lexicaux qui produisent des images dans l'esprit des auditeurs-récepteurs. Notamment ceux de la plage (soleil, sable chaud, flot) et de l'amour (bise, caresse).

Ces fonctions qui sont celles dévolues au langage se retrouvent toutes dans les textes radiophoniques diffusés sur les ondes de la R.D.S.

IV-2-3 Le speakage, un acte de communication

La communication radiophonique se réalise au travers de la parole. La conception du message (la phase de la rédaction) étant une phase préparatoire de l'acte de communication ; la communication devient effective lorsque par la prise de parole et la diction, le speaker «s'approprie » la suite de signes (le message) et produit un discours. C'est cette actualisation des signes linguistiques par la prise de la parole et la production d'un discours que nous appelons speakage. Un speakage qui se présente sous deux angles à la R.D.S :

L'angle discursif qui peut prendre la forme d'un dialogue (c'est le cas des entretiens radiodiffusés) ou d'un monologue.

L'angle historique dans le cas des émissions d'information.

IV-2 - 3 - a- Le speakage discursif

Le speakage discursif intervient dans les tranches « santé pour tous », les interviews, les jeux radiophoniques...

Les tranches « santé pour tous » sont celles réservées aux tradithérapeutes. Ces derniers, dans le cadre de cette émission, se posent comme des sujets (individus) qui s'adressent à d'autres sujets. L'émission prend alors la tournure d'une causerie sur une ou plusieurs maladies avec l'intention de ressortir l'aptitude des tradithérapeutes à les guérir. L'animateur se substitue aux auditeurs et interroge le tradithérapeute, mieux il oriente le discours de ce dernier. Le speakage discursif est empreint d'un « je » qui s'adresse à plusieurs « tu ». La présence de l'animateur est à proprement parler de la figuration. En fait, le tradithérapeute, véritable émetteur prend en charge le discours. Il prend position par rapport à la probabilité ou à la certitude de ce qu'il dit. Puisque après tout, il a intérêt à convaincre le patient qui l'écoute en ce moment, de son aptitude à le soulager, s'il venait suivre un traitement. Le speakage discursif à la Radio Delta Santé revêt toutes les caractéristiques du marketing.

IV- 2-3- b - Le speakage historique

Il relève du domaine des programmes d'éducation et surtout d'information. Le speaker a tendance à s'effacer au profit de ce qu'il dit. Emile BENVENISTE dira :

« Les événements sont posés comme ils se sont produits à mesure qu'ils apparaissent à l'horizon de l'histoire. Personne ne parle ici »15.

Le speaker, loin de prendre position se démarque de ce qu'il dit : il est distant vis-à-vis de son speech. Les déictiques présents dans le speech sont : des noms, quelques fois des adjectifs et pronoms démonstratifs, quelques adverbes et locutions

mais aussi des indications du temps. La mission des speakers ici, consiste à présenter les faits et les opinions des acteurs de l'histoire. Mais pas la sienne. Ainsi, à l'instar de l'historien, le speaker ne dira jamais «je» ni «tu».

En définitive, le speakage historique s'éloigne du «je» du speaker pour mieux se rapprocher de l'auditeur - récepteur.

Dans les deux cas, la personne du locuteur peut être perceptible. Dans le premier cas, à travers la forte présence explicite ou implicite de «je» émetteur d'abord. Ensuite à travers l'intonation du speaker. Dans le second cas, la personne du locuteur est perceptible au travers d'indices disséminés dans l'intonation et de façon moins évidente.

C'est dire donc, que toutes les fois qu'il y a prise de parole, le speaker - émetteur joue un rôle : celui d'engager une communication. Dès lors, dans l'exécution de ce rôle il s'ouvre aux auditeurs. Il leur livre ses intentions de communication et veut produire sur eux un certain effet.

Encore faut-il préciser le type de communication que la R.D.S instaure entre ses auditeurs et elle.

15 Problème de linguistique générale 1, Emile BENVENISTE, Gallimard, Paris, P.241

Fil- 3 Communication ou communication de masse ?

La R.D.S faut-il le rappeler est un média. Et comme tel, elle fait de la communication. Mais à qui s'adresse-t-elle ?

IV-3-1 L'étendue de /'audience

Les auditeurs de la R.D.S sont difficilement quantifiables à cause du site d'émission (environ 3km de la frontière avec le Bénin) et du rayon de couverture (près de 70km à la ronde). Cependant, ils sont aisément repérables dans l'espace géographique.

La R.D.S est écoutée dans les préfectures des Lacs, de Vo, de Yoto, de Zio, une partie des préfectures du Golfe, de l'Avé, de Kloto, ... de même que dans la partie sud-ouest de la république du Bénin. Soit un bassin de couverture habité par plusieurs milliers de personnes.

Le premier constat qui s'impose, c'est que la R.D.S a affaire à une audience dispersée. Ce qui pose avec acuité le problème du profil des auditeurs.

IV-3-2 Le profit des auditeurs

Tracer le profil des auditeurs de la R.D.S. nous paraît un exercice complexe auquel il faudrait consacrer un livre entier. Cependant, deux sondages d'opinion, effectués à un an d'intervalle, nous permettent de tracer une ébauche de ce profil. La nuance est importante.

Pour revenir à la question «qui sont les auditeurs de la R.D.S ? » Ce sont des hommes et des femmes de divers âges, de professions diverses (enseignants commerçants, chauffeurs, pêcheurs mais surtout paysans...) appartenant à des univers socioculturels divers.

Les auditeurs de la R.D.S sont donc des individus dont les divers intérêts se recoupent en un ou plusieurs points de la grille des programmes qui leur est proposée. C'est justement ces points qui les unissent tous à la R.D.S. Mais cette

audience large et dispersée connaît peu d'interactions entre les individus qui la composent.

En plus d'être large et dispersé, Cette audience est hétérogène et inorganisée en l'absence de structure qui en regroupe les membres.

IV-3-3 De la communication a la communication de

masse.

La communication que la R.D.S engage n'est ni secrète ni réservée à un individu ou une catégorie d'individus. Pour s'en convaincre, il suffit de se référer d'abord à l'étendue de son auditoire, mais aussi aux sujets qu'elle aborde.

Radio Delta Santé aborde dans ses émissions des sujets variés, mais en rapport avec le grand public. Qu'il s'agisse de faire prendre conscience d'un problème quelconque, qu'il s'agisse d'expliquer une situation quelconque, qu'il s'agisse de faire adopter un comportement quelconque aux auditeurs, cela s'exprime au su tous.

Les auditeurs quant à eux, choisissent à leur gré, et en fonction de leur disponibilité, d'écouter ou pas. Cela s'explique par la diversité des habitudes d'écoute. Les sondages dont nous parlions plus haut, et sur lesquels nous reviendrons plus en détail dans le prochain chapitre, nous ont permis de constater que la R.D.S. est écoutée sur les lieux de travail comme sur les lieux de résidence. A propos de cette diversité d'habitude d'écoute Mc LUHAN: « Le pouvoir qu'a la radio d'engager les gens en profondeur apparaît clairement dans l'habitude qu'ont les écoliers de l'écouter en faisant leurs devoirs et le besoin de beaucoup de gens de porter sur eux un poste transistor pour s'isoler dans la foule »16 ?

Ces propos s'adaptent bien aux habitudes d'écoute des auditeurs de la R.D.S.
En définitive, et pour répondre à la question du type de communication, on
peut affirmer que, de par l'étendue de l'audience, de par la diversité des thèmes
d'utilité publique qu'elle aborde, de par la manière dont elle s'adresse aux auditeurs,
de par les habitudes d'écoute de ces derniers, la R.D.S. fait de la communication de
masse. Elle semble s'adresser personnellement et individuellement à chacun de ses

16 Pour comprendre les médias, Marshall Mc LUHAN, Mane /Seuil, traduction de Jean PARE, P.340

auditeurs. C'est, du moins, la fausse impression qu'elle leur donne. En réalité la R.D.S. n'est qu'une «caisse de résonance » qui selon le jour et l'heure « répond » aux besoins individuels et collectifs de ses auditeurs ou suscite en eux des interrogations. En claire, la R.D.S. s'adresse à tout le monde sans jamais cibler de façon précise un individu.

Ce faisant, plus que de la simple communication elle (la R.D.S.) fait de la communication de masse : une communication qui se déroule au su de tous et en un lieu «délocalisé » et multiple.

Iril- 4 Les meneurs de fa communication.

Par meneur, nous désignons à tort ou peut-être à raison ceux qui initient, orientent, et entretiennent la communication : les speakers - émetteurs. Ils sont de deux ordres. On distinguera ceux que nous appelons les professionnels de ceux que nous appelons les "marchands".

1V-4-1 Les professionnels.

Ce sont d'abord les journalistes et agents de la communication. Nous entendons le terme de journaliste tel que défini en l'article 54 du code togolais de la presse et de la communication, à savoir : « ... toute personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, la recherche, la collecte, la sélection, l'exploitation, la publication et la présentation de l'information dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, dans une ou plusieurs entreprises de communication audiovisuelle, dans une ou plusieurs agences de presse ou dans un ou plusieurs services d'information»17.

Dans le cas de la Radio Delta Santé les journalistes sont en général des diplômés d'université, qui en matière de journalisme sont des autodidactes. Cependant, ils bénéficient d'un appui (à la formation) auprès de l'Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT), de la maison du journalisme (centre de formation et perfectionnement), des ambassades (Etats-Unis), et des représentations accréditées (ACCT).

Viennent ensuite les animateurs de programmes. Diplômés des collèges et lycées et université, ce sont aussi des autodidactes en matière de radio. Ils bénéficient pour leur part d'initiation, de conseils et d'assistance des journalistes. Cela dans le cadre du renforcement des capacités du personnel.

Enfin, les techniciens de son. Ce ne sont pas des speakers. Cependant, ils sont souvent en position d'émetteur. C'est le cas, lorsque journalistes et animateurs ne sont pas en studio. Les techniciens de son qui bénéficient d'une «formation maison » évitent aux auditeurs « l'horreur du silence ».

17 Code de la presse et de la communication, loi n°98-004/PR du 11 février 1998 modifiée par la loi n°2000-06 du 23 février 2000.

IV-4-2 Les marchands.

Ce sont principalement les tradi - praticiens qui achètent des tranches où ils se font appeler pompeusement «dokita » (Docteur) et font plus de propagande que de l'information, de l'éducation et l'information (I.E.C.).

Ces derniers généralement n'ont aucune formation en communication. Cependant, ils ont l'avantage de s'adresser aux auditeurs en mina ou en éwé.

Les principaux acteurs de cette communication étant très brièvement présentés, nous sommes en droit de nous interroger sur les impacts de la R.D.S sur les populations.

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vant d'arriver aux impacts de R.D.S, nous voudrons bien rappeler les objectifs que les promoteurs de la radio (R.D.S.) se sont fixés à la genèse du projet et les moyens dont ils disposent ou qu'ils se donnent pour les atteindre.

(11- 1 Les o6jecti1s de fa XaS

Radio Delta Santé, comme peut le suggérer la dénomination, a pour objectif prioritaire de promouvoir la santé par l'éducation et l'information et la communication. La santé étant bien souvent liée à l'environnement, la R.D.S s'attelle aussi à la promotion de la lutte contre les atteintes à l'environnement.

A cet objectif prioritaire, s'ajoutent quelques objectifs secondaires. Il s'agit notamment de servir de relais aux différents courants culturels de notre époque afin d'en informer les auditeurs. Par «informer » nous entendons «éclairer sur l'actualité ». Cette dernière priorité a été ajoutée aux objectifs prioritaires suite au souhait manifesté et exprimé des auditeurs d'être informés.

Comment la R.D.S se prend-elle pour atteindre ces objectifs ?

(11- 2 Les moyens

Ici, notre propos portera sur les moyens humains et stratégiques plutôt que sur les moyens matériels.

V-2-1 Les ressources humaines

La R.D.S dispose d'une rédaction de cinq journalistes dont deux (2) pigistes et deux journalistes travaillant aussi à la rédaction TV.

Dans l'ensemble ces personnes cumulent les fonctions de journaliste et d'animateur. Cette rédaction nous le soulignions plus haut, fonctionne sans aucune organisation : pas de conférence de rédaction, pas d'agenda, pas de carnet d'adresse.

A cette rédaction, il faudra ajouter le service des programmes.

Il est composé de tous les journalistes radio (5), d'un (1) journaliste TV et de deux (2) animatrices. Soit un effectif de huit (8) personnes directement impliquées dans la production.

V-2-2 La strategie

La stratégie de la R.D.S repose sur les personnes - ressources, les programmes et les langues d'émissions.

V-2-2-a Les personnes - ressources

Ce sont des spécialistes de la santé (médecins, techniciens du génie sanitaire, laborantins...) et ceux que nous appelions plus haut les marchands.

Les premiers disposent d'une tranche hebdomadaire gratuite de deux (2) heures. Cette tranche dénommée « Balafon » est animée par un technicien supérieur de génie sanitaire en poste à la Direction Préfectorale de la Santé (D.P.S).

L'animateur aborde avec des médecins ou des spécialistes des questions liées à la situation sanitaire de la préfecture ou du pays.

Emission interactive, « Balafon » donnait l'occasion aux auditeurs d'interroger ces spécialistes sur les attitudes ou habitudes qui seraient bénéfiques à leur santé. Signalons au passage que cette émission n'a plus lieu depuis décembre 2001,quoiqu'elle n'ait pas été suspendue par la direction de la R.D.S. Pourquoi ? ...

Quant aux marchands, ils sont «propriétaires » des tranches «santé pour tous ». Ils achètent donc des tranches qu'ils tentent de rentabiliser. Ce sont des herboristes - guérisseurs qui se livrent une bataille sans merci à l'antenne. Généralement, ils se présentent comme «généralistes », et cumulent à eux seuls sept heures d'antenne par semaine, à raison d'une heure par jour.

V-2-2- b Les programmes

La R.D.S émet sans interruption depuis avril 2001.Cela en s'appuyant sur une grille des programmes qui alterne sur cent soixante - huit (168) heures de programmes d'éducation, d'information, de santé et de musique.

Les émissions couvrent un peu plus de la moitié de la grille. Et leur durée cumulée (éducation, information, culture et santé) équivaut à cent une heures trente minutes (101h 30mn) soit environ soixante virgule quarante-deux (60,42%) pour cent de la durée totale de mise en onde. C'est donc sur cette base que nous ferons notre analyse.

V-2-2-c La santé une priorité ?

En regard de la grille des programmes telle qu'elle est conçue, il serait erroné de voir dans la santé une priorité de la R.D.S. La santé couvre à peine le dixième des programmes diffusés, soit dix virgule vingt six pour cent (10,26%) du temps réellement exploité. Par contre la culture occupe à elle seule trente-trois virgule soixante-quatorze pour cent (33,74%) de ce même temps, la musique vingt et un virgule soixante-seize pour cent (21,76%), l'information, treize virgule cinquante-cinq pour cent (13,55%), et l'environnement un virgule quarante-huit pour cent (01,48%). Ce qui pourrait surprendre à l'observation du temps réellement exploité, c'est que la

santé et l'environnement n'en occupent qu'une part insignifiante (voir graphique à la page suivante). Déduction, la santé n'est guère une priorité à la Radio Delta Santé, paradoxal non ?

PLANCHE DE REPART IT IO N DU

TEMPS D'ANT ENNE ENT RE LES

DIFFERENT S PROGRAMMES

21,76

13,55

1,48

19,21

10,26

33,74

Inform ation

Education

Culture

Santé

Environnement

M usique

77

V-2-2-d La Iangue

La R.D.S. produit des émissions en trois langues. Ce sont le français, l'anglais, le mina /l'éwé. Des trois langues le français reste de loin la plus utilisée(60,59% suivi de l'éwé 34,74%). Et l'anglais la moins utilisée de toutes (0,98%).Voir schéma de répartition des langues utilisées à l'antenne.

PLANCHE DE REPARTITION DU

TEMPS D'ANTENNE PAR LANGUE

0,98

 
 
 
 
 
 

34,74

 
 
 

Français Ewé

Anglais

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

60,59

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Les précisions ci-dessus apportées, nous pourrons aborder la question de l'impact de la R.D.S.

(11- 3 Les impacts de fa .D.,51 sur fes popufations

Il est évident que tous médias aient d'une façon ou d'une autre des impacts sur ses auditeurs. Dans le cas de la R.D.S, il faudra distinguer des impacts de deux ordres : les impacts socioculturels et les impacts politiques.

V-3-1 Les impacts socioculturels

V-3-1-a Les communautés virtuelles

Radio Delta Santé a créé, peut-être, sans s'en apercevoir une forme «d'arbre à palabre» des temps modernes. Un cadre où les uns et les autres discutent des faits de société. Bien évidemment, ces différents auditeurs qui expriment leurs points de vue dans les tranches d'émissions interactives ne se connaissent pas mais se reconnaissent (de nom) comme étant fidèles auditeurs de telle ou telle émission. Ces derniers partagent sans le savoir un «espace virtuel» qui leur est commun. Souvent ce type d'auditeurs a en plus d'un espace virtuel commun, des codes réels qui leur sont propres. Des codes qui n'ont rien à voir avec les langues connues et pratiquées par nombre d'habitants du bassin de couverture de la radio. Il s'agit plutôt de ce que nous pourrons appeler : les «principes de l'émission».

Dès lors, l'auditeur qui ignore ces principes ne peut comprendre ni participer à cette émission. Il y reste étranger ou il se fait expliquer ces principes, ce qui équivaudrait à apprendre «le code» avant de pouvoir comprendre voire participer à l'émission, et donc intégrer `la communauté».

Les principes des émissions variant d'une émission à une autre sur la même fréquence, il y a forcement plusieurs petits groupes qui se partagent l'espace des différentes émissions. Ce sont justement ces petits groupes que nous appelons «communautés virtuelles». C'est en ce sens que MUCCHIELLI disait : « La radio a réinventé certaines formes de communication sociale traditionnelle que la vie moderne a mis à mal. En faisant participer par exemple des auditeurs à ses émissions, elle recrée les conditions des échanges familiaux ou amicaux où chacun, apportant son problème et en discutant avec les autres, participe à la

construction de la trame sociale de référence sur laquelle repose la sociabilité partagée »18.

Cette assertion de MUCCHIELLI est une illustration de l'émission `'ENUAKE» qu'elle tente de cerner. Rappelons que `'ENUAKE», est une émission essentiellement fondée sur les faits de société que l'on soumet à l'appréciation des auditeurs.

V-3-1- b Le regain d'interet pour la medecine

traditionnelle

Radio Delta Santé a suscité en ses auditeurs un regain d'intérêt pour la médecine traditionnelle. C'est un fait que la santé n'occupe que dix virgule vingt-six pour cent (10,26%) des programmes de la radio. Cependant, un premier sondage effectué en avril 2001 nous a permis de constater que quarante-sept virgule trentesept pour cent (47,37%) des personnes interrogées trouvaient le «programme santé» efficace. Ce que nous appelons `'programme santé» est l'ensemble des émissions produites et diffusées sur les ondes de la radio et qui du reste est essentiellement consacré à la médecine traditionnelle. Soit environ soixante-sept virgule vingt (67,20) pour cent du temps total consacré à la santé (médecine traditionnelle et moderne) sur les ondes de la station. De plus ces tranches sont l'une des plus écoutées après les tranches de la mi-journée et du matin : Constat découlant d'un second sondage effectué en avril 2002 et qui a permis de tracer la courbe d'écoute de la radio (voir page suivante).

La lecture de la courbe d'écoute (page suivante) permet de constater que les tranches `santé pour tous» sont l'une des tranches les plus écoutées de radio Delta Santé.

Autre indice de ce regain d'intérêt pour la médecine traditionnelle est le nombre sans cesse croissant de patients qui défilent à la station. Qui pour y acheter une substance médicamenteuse, qui pour une consultation, qui encore pour un contrôle médical. De ce fait, on pourra soutenir que la R.D.S stimule implicitement la recherche dans le domaine de la santé même si de nombreux efforts restent à faire en ce sens.

18 Les sciences de l'information et de la communication, Alex MUCHIELLI, Hachette, édition revue, 1998, P.76

Pourcentage (%)

100

90

80

70

60

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30

20

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0

1

3

5

7

9 11 13 15 17 19 21 23

COURBE D'ECOUTE

Heures

Heure (H) Pourcentage (%)

V-3-1-c La revalorisation du patrimoine culturel

La R.D.S revêt une importance notoire pour la masse paysanne pour laquelle elle reproduit le mode traditionnelle de communication : La parole. La parole dans et par laquelle Radio Delta Santé tente de revaloriser la culture guin. En cela l'émission santé pour tous des mardi est fort évocatrice, dans la mesure où elle traite plutôt des us et coutumes (dekonu).

Animée par un tradi-praticien, cette tranche se présente beaucoup plus comme un cadre de rappel des interdits et des pratiques qui ont constitué des interdits pour nos ancêtres et les conséquences que le non - respect de ces interdits pourrait engendrer au sein de la communauté. Ainsi, dit-on dans cette tranche, siffler la nuit serait à l'origine des ulcères et des irruptions cutanées ; l'absence des pluies

serait liée au fait que des femmes de la communauté aient ou auraient fait des corvées d'eau alors qu'elles étaient en période de menstruation....

Des émissions, autres que celle-là, entrent aussi dans le cadre de la revalorisation des pratiques ancestrales aujourd'hui mises à mal. C'est le cas notamment des «contes du soir» qui font «renaître» les soirées de contes, aujourd'hui presque disparues dans nos milieux. En ce sens la radio se substitue au «grand-père» racontant au cercle de petits-enfants des contes du terroir et tout ce qu'ils véhiculent comme valeurs morales. C'est pourquoi nous voulons voir en la Radio Delta Santé un outil de revalorisation du patrimoine culturel du peuple guin, mais aussi un outil de conservation de certaines valeurs culturelles traditionnelles.

V-3-2 Les impacts politiques

Les impacts politiques de la R.D.S ne sauraient se mesurer qu'au regard du type d'information qu'elle diffuse. Or, la R.D.S se présente comme une station «apolitique ». Et paradoxalement elle présente des journaux. Et pour donner quelles informations ? Pour former quelle opinion publique et créer quel espace public ? S'interroge-t-on.

V-3-2-a Communication ou mutisme coupable ?

Loin de revenir sur le fonctionnement de la rédaction, nous essaierons de répondre à la question des informations diffusées. Nous croyons l'avoir évoqué plus haut, cependant, il nous semble important de le rappeler. La collecte de l'information est pratiquement inexistante à la R.D.S. Les seules sources d'informations de la station sont des radios étrangères émettant en français et par conséquent, très écoutées dans la sous région et même dans le bassin de couverture la R.D.S. Ce sont la Radio France Internationale (R.F.I. avec laquelle la Radio Delta Santé a un contrat de partenariat limité au service magazine) et Africa n°1. A ces stations-radios, s'ajoutent des agences de dépêches telle que l'Agence France Presse (A.F.P.) et la Pana.

Les informations proposées aux auditeurs ne sont alors pas forcement en adéquation avec les préoccupations immédiates de ces derniers. Et donc pas

susceptibles de les intéresser. Ce manque d'intérêt pour l'information diffusée est bien réel, dans la mesure où la rédaction de ces sources d'information consacre très peu d'espace au Togo dans leurs bulletins d'information.

Pour illustration, le sondage effectué en avril 2001 donne 63,16% des auditeurs souhaitant d'autres types d'informations contre 5,26% qui s'estiment satisfaits et 31,58% qui sont sans avis. Dans le même temps 47,37% de ces auditeurs pensent vraies les informations diffusées ; 39,47% les trouvent à peu près justes et 13,16% sont sans avis. D'où des inquiétudes au sujet de la crédibilité de la R.D.S.

En outre, le sondage 2, réalisé un an plus tard, fait état de seulement 20% des auditeurs qui trouvent que le service de l'information éclaire suffisamment la situation socio-politique du pays, 76% sont de l'avis contraire et 4% restent sans avis. Ici se pose avec acuité la question de l'intérêt que les auditeurs portent aux informations qui leur sont proposées. Surtout quand on sait que la «loi de la proximité » en communication est aussi appelée «loi du mort - kilomètre » et que cette seconde appellation se traduit en ces termes : « pour les villageois, une personne qui meurt dans le village revêt plus d'importance que cent ou mille victimes d'un séisme sur un autre continent ou même dans un pays proche ».

Radio Delta santé, nous ne le dirons jamais assez, est et reste une radio de proximité. Mais paradoxe (encore !), la sélection de l'information en plus d'être laissée à la discrétion du journaliste, chargé de la présenter s'opère au mépris de la règle de la proximité qui, quoi qu'on dise, est la règle de base de sélection de l'information et un critère professionnel universel.

Il ne pouvait en être autrement quand on se rend compte que l'administration de la R.D.S. entend rentabiliser toutes les prestations de la station, et donc voir dans tout reportage une source incontestable de revenue. A cette attitude qui frise le marchandage, si çà ne l'est pas, s'ajoute l'attribut «apolitique » dont la R.D.S. s'embarrasse.

Résultat ? Les journalistes, adoptent un mutisme coupable sur les questions sociales qui sont sans conteste les préoccupations majeures de l'auditeur. Cela, plus par souci de ne point enfreindre aux recommandations de l'administration que par prudence. Tant les limites entre le social et le politique sont difficiles à établir. Les informations diffusées restent alors muettes pour l'auditeur quand sa radio de proximité lui parle de l'Afghanistan ou de la Tchétchenie. D'où la question : l'espace public existe-t-il pour l'auditeur de la R.D.S.?

V-3-2- b L'espace public et l'opinion publique

Dans la conception de Louis QUERE, à qui nous empruntons cette terminologie l'espace public serait «une scène publique » où des acteurs, mais aussi des actions, des événements ou des problèmes sociaux «accèdent à la visibilité publique ». Or la R.D.S, nous l'évoquions, sous prétexte d'être apolitique fait un black-out total sur les questions sociales locales et nationales. Par conséquent, elle détourne l'auditeur des questions qui le préoccupent.

L'espace public donc, s'il existe pour l'auditeur de la R.D.S, n'est pas ce cadre «délocalisé et multiple (...) où chacun peut parler à d'autres et débattre des idées qui préoccupent la communauté à laquelle il appartient ». L'espace public que la radio Delta Santé crée serait ce cadre où l'on `'cultive `' le jardin des autres plutôt que le nôtre. Cet espace public détourne l'auditeur des questions réelles qui préoccupent sa communauté (nous insistons) et devient diversif. Ce qui signifie que si la R.D.S forme une opinion publique, cette dernière est extravertie en ce sens qu'elle prend en compte des considérations qui ne sont proches ni géographiquement ni affectueusement des auditeurs. Car ne se rapprochant pas des ses préoccupations immédiates. S'il en est ainsi, l'opinion publique que forme la R.D.S. n'a pas toujours une approche rationnelle et critique des problèmes qui influencent directement la vie quotidienne de la communauté.

En somme, les impacts politiques de la R.D.S sont négligeables. Ceci étant, quel pourrait être le visage de la R.D.S au regard de ses prestations actuelles ?

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a grille des programmes, le service de l'information et certains facteurs qui sont de l'ordre de la nécessité devront, à notre sens, déterminer le visage futur de la R.D.S. Car, à notre sens, il y a beaucoup de chose qui peuvent

être faite afin que la R.D.S. accomplisse au mieux la mission qu'elle s'est assigné. Il lui faudra seulement en prendre conscience.

VI- 1 Quef sera fe visage de fa ~adio Defta Sante ?

V/-1-1 La grille des programmes

La grille des programmes telle qu'elle se présente aujourd'hui ne reflète aucunement la ligne éditoriale de la station. Cette ligne ne transparaît que dans 10,26% de la grille des programmes, soit pour une durée de six cent vingt-cinq minutes (625 mn) dont quatre cent vingt (420) consacrées à la médecine traditionnelle.

En outre l'expression de cette particularité qu'elle s'attribue (faire la promotion de la santé et de l'environnement) se fait de façon ennuyeuse et contradictoire. Ennuyeuse parce que s'appuyant sur des tradithérapeutes se présentant tous comme des généralistes, et abordant tous (ou presque) les mêmes thèmes. La contradiction intervient dans la façon dont ces thèmes sont abordés. Les manifestations des maladies sont décrites de manières différentes voire contradictoires par les tradithérapeutes et généralement de façon empirique et non scientifique. Ainsi, il n'est pas rare pour un auditeur de cette station d'entendre dire, sur les ondes de sa radio préférée, que l'hémorroïde attaquerait les yeux... Rappelons aussi que ces tradithérapeutes soutiennent mordicus : « nous guérissons le sida, cette maladie ne se transmet guère d'une mère enceinte à sa progéniture... Le beurre de karité est une protection efficace contre le sida lorsqu'on s'en sert comme lubrifiant avant l'acte sexuel ».

La contradiction souvent flagrante des propos de nos `'supers médecins» joue sur la crédibilité du programme santé de la radio. Ce programme, qui du reste, n'est crédible qu'aux yeux de 47,37 % des auditeurs (sondage 1), est écouté par 54 % des auditeurs (sondage 2).

Dans l'ensemble, la grille des programmes est appréciée par les auditeurs. En avril 2001, 65,79 % des auditeurs appréciaient le programme. Un an plus tard (avril 2002), ce chiffre est descendu à 60 %. On peut donc soutenir que la R.D.S propose une grille des programmes acceptable pour ses auditeurs. C'est bien normal, pour des populations qui ont une expérience, encore récente, de la radio de proximité.

La baisse du taux d'appréciation de la grille des programmes, elle, pourrait s'expliquer par l'augmentation du nombre de radios dans la ville d'Aného et ses environs immédiats. Citons au passage radio Lumière à Aného, La Voix de Vo à Amégnran, La Citadelle à Vogan. Cette augmentation du nombre de radios s'accompagne naturellement d'une diversification des méthodes d'approches de l'auditeur, d'une diversité d'appréhension de la communication radiophonique, d'un écart de qualité entre les différentes grilles de programmes et par conséquent, d'une baisse du taux d'écoute et du taux d'appréciation de la R.D.S

VI - 1 - 2 Le service de l'information

Le service de l'information jouit d'une faible crédibilité auprès des auditeurs. Rappel : en avril 2001, seul 47,37 % des auditeurs trouvaient ce service crédible. Depuis les choses ont empiré au point où ils ne sont que 20 % (en avril 2002) à être satisfaits par ce service. Soit une baisse de plus de la moitié en un an.

VI - 1 - 3 Radio Delta Santé, une radio comme les autres ?

Notre propos procédera des idées et arguments jusqu'ici évoqués, mais aussi des constats faits et des expériences vécues et exprimées tout au long de ce travail. De ces constats et expériences, on pourrait faire un certain nombre de déductions.

La première c'est que le service de l'information de par la sélection et le traitement qu'il fait de l'information s'écarte de sa ligne éditoriale et des centres d'intérêts des auditeurs dont il est censé satisfaire en priorité les attentes. Ces derniers en sont souvent déçus et les sondages l'attestent (confère VI-1-2 Le service de l'information). Cette déception des auditeurs s'explique par le fait que les auditeurs n'adhèrent pas aux raisons de sécurité évoquées par l'administration pour justifier le black -out fait sur les questions qui les préoccupent. Cette déception est

d'autant plus grande que les auditeurs de la R.D.S s'estiment lésés lorsque de nombreuses stations de proximité de la place «bravent» les menaces réelles ou potentielles et font de l'information de proximité.

La deuxième, c'est que la R.D.S, en ouvrant son antenne au premier venu se présenter comme tradithérapeute, crée des conditions qui pourraient aboutir à des résultats autres que ceux escomptés. Et donc constituer une menace. Car ces derniers en arrivant à la R.D.S ne posent qu'une garantie : celle de pouvoir payer la tranche qui leur est confiée. Une fois ce cap franchi, la station n'a plus d'emprise sur le contenu des émissions diffusées. Or la radio est entourée d'un mythe qui en fait indubitablement «une source fiable de vérité ». C'est donc sans surprise qu'on entend le profane dire : « C'est vrai, puisque c'est la radio qui l'a dit ». En ce sens ouvrir l'antenne au premier venu se présenter devient dangereux pour la R.D.S. car, la radio en matière de santé se doit d'observer une démarche prudente pour des raisons que Gordon ADAM et Nicola HARFORD expriment ainsi : « la radiodiffusion en matière de santé impose une responsabilité particulière aux diffuseurs parce qu'ils vont partager une information dont les auditeurs pourront se servir pour améliorer leur état de santé. Si l'information est incorrecte, les conséquences pourraient être graves ou fatales. »

La démarche de la R.D.S n'étant pas empreinte de prudence, il faudra s'attendre à ce que la station se mette à dos les institutions nationales et internationales ayant en charge les questions de santé non sans être au préalable discréditée à leurs yeux. Les signes précurseurs de ce discrédit commencent à apparaître autour de la question du VIH/SIDA.

La troisième raison et peut être la plus importante est liée à la grille des programmes. Cette grille qui est en déphasage avec la dénomination de la station et la ligne éditoriale exprimée par cette dénomination. La part de santé y étant négligeable. La santé arrive loin derrière la culture, la musique, l'éducation, et l'information avec 10,26% de la durée hebdomadaire de mise en onde. La santé et l'environnement sont très faiblement représentés dans la grille des programmes19. Nous en déduisons que la R.D.S est tombée dans un excès : celui de vouloir plaire à tout le monde et donc de toucher à tout. Dès lors, Radio Delta Santé en dépit de sa dénomination et sa ligne éditoriale s'affiche en radio comme les autres.

En définitive, la R.D.S dans son état actuel perd son identité, si elle en avait une. En voulant satisfaire tout le monde, elle court le risque de ne satisfaire

19 Voir graphique à la page 70 et grille des programmes à la page 110.

personne. Les personnes préoccupées par les questions de santé et de l'environnement, restent sur leur faim, Celles préoccupées par les questions d'actualité n'ont aucun repère quand leur radio de proximité leur parle d'une certaine République Démocratique du Congo ou d'une certaine Tchétchénie. Alors qu'elles veulent savoir ce qui se passe chez eux, on les abreuve des informations d'un pays dont s'ils n'ignorent l'existence, sont incapables de situer géographiquement. De ce fait R.D.S n'a pas sa propre «couleur'' car n'offrant pas à ses auditeurs ce qu'ils ne trouvent pas ailleurs. La couleur de la R.D.S., sa particularité ne sera plus que sa dénomination : R.T.D.S. Or, conclu un rapport de stage : « L'avenir d'une station radio télévision n'est plus dans le contenant mais dans le contenu »20

.

VI- 2 Comment amif~orer fes prestations de fa ~.D.S.

VI-2-1 De la nécessité d'un organigramme

Nous avons évoqué, en début de ce travail (chapitre 2), l'absence d'organisation véritable à la R.D.S. C'est justement ce dont souffre le plus cette station. Il existe, à la R.D.S de nombreux postes de responsabilité (Président Directeur Général, Directeur Général, Directeur Technique, Chef du Personnel, Chef des Programmes ...). Cependant, force est de constater que ces responsables ont du mal à se situer dans la hiérarchie interne, faute d'organigramme. Il en résulte des conflits permanents de compétences.

La R.D.S a donc un besoin urgent de se réorganiser. Cela suppose qu'il faille avoir des délégations de pouvoir : Des nominations et de vraies. Des nominations où les bénéficiaires soient d'abord à la hauteur de leur tâche et puissent prendre vraiment des décisions et initiatives. Mais surtout des nominations où personne d'autre fut-il Président Directeur Général, Directeur Général, ou Chef du Personnel ne puisse prendre de décisions qui relève de la compétence d'un autre responsable. Le contraire (qui est monnaie courante à la R.D.S.) n'étant qu'une façon d'affaiblir les responsables dont l'action est implicitement entravée. Ainsi, le Chef du Personnel devra comprendre, par exemple, que malgré qu'il ait recruté le Chef des

20 Rapport de fin de stage à la R.T.D.S, Hyacinthe d'ALMEIDA, juillet 2002

Programmes, il n'a pas à s'ingérer dans la gestion des programmes. Encore moins de briser des décisions prises par ce dernier et qui plus est, par dévers lui, ni le pouvoir de décider de qui irait faire tel ou tel reportage.

Pour y parvenir, il faudra délimiter d'abord les responsabilités et les

compétences inhérentes à ces postes de responsabilité. Ensuite définir un organigramme qui établisse la hiérarchie au sein de la station de sorte que chacun connaisse sa place dans la structure et les tâches qui sont les siennes. Nous avons pu établir, à partir de nos longues observations, ce qui pourrait être une ébauche mais pas un modèle d'organigramme pour la R.D.S. (voir page 84)

Enfin il faudra que tout le monde, Président Directeur Général comme vaguemestre, respecte cette hiérarchie et comprenne que telle ou telle section de l'entreprise est sous la responsabilité de x ou y et que seul x ou y est apte à prendre des initiatives et décisions, allant de le sens de l'orientation du travail telle que définie par la direction, impliquant la section sous son autorité, quitte à donner des explications à la direction générale. Il appartiendra alors aux collègues de faire des suggestions créant ainsi une véritable ambiance de travail d'équipe. Quant à l'administration, elle se limitera à faire des recommandations sur les grandes orientations du travail, à demander des explications lorsque le travail ne marcherait pas comme attendu, à réorienter le travail, et à sévir au besoin.

P.D.G

D.G

CHEF DU Personnel

Secrétaire

Chef des programmes

Directeur Technique

Chef des Programmes Adj.

Rédacteur en Chef

Responsable Technique

Animateurs de Programmes

Journalistes

Techniciens de son

VI-2-2 De la nécessité de la communication interne

L'administration de la R.D.S, puisque c'est elle qui est concernée au premier chef, devra se défaire de la fausse impression (ou fausse conviction) qui est la sienne : celle de croire qu'elle n'est guère obligée de tenir le personnel informé de ce qu'elle entreprend ou entend entreprendre. C'est un besoin impérieux pour l'employé d'une entreprise de communication d'être informé des attentes de son patron.

Plus que les projets, les attentes du patron sont fort utiles à l'employé. Ce dernier pourra, une fois, ces attentes connues, les concilier avec celles des auditeurs. Dès lors l'employé pourra fournir un travail qui satisfait son patron sans pour autant négliger les attentes de son auditoire. C'est en étant informé et en ayant compris à la fois son patron et son auditoire que l'employé se sentira en sécurité face à son travail de communicateur.

Toutefois, l'employé ne pourra s'impliquer véritablement dans son travail et considérer la radio, un peu comme sa «propriété», que si l'on est disposé à l'écouter lui aussi tout employé qu'il est.

Ne jamais réfléchir à la place de l'employé, voilà une autre attitude qui devra se poser en principe pour l'administration de la R.D.S. car, le technicien, l'animateur, et le journaliste sont ceux qui font réellement le travail au sein de l'entreprise. Il est donc incontestable qu'ils connaissent mieux que quiconque les auditeurs et les difficultés du travail. Les interroger sur ces difficultés, les écouter faire des suggestions au sujet de l'orientation du travail c'est leur prouver qu'on a confiance en eux. Et qu'on les considère comme des sujets non pas comme des objets ou des instruments.

Cela pourra contribuer à leur donner une certaine quiétude. Ils se sentiront existé en s'apercevant qu'ils comptent pour leur employeur et que leurs suggestions pourraient contribuer à améliorer les activités de leur station. Mais aussi que leurs objections pourraient éviter des erreurs à leur station.

Les conditions de création d'un pareil climat de communication ne sauraient se faire qu'au travers des réunions périodiques. Des réunions qui ne seraient pas des séances d'écoute passive où l'employé devient un `' auditeur parfait ». Des réunions qui ne seraient pas des séances de : « Je suis le patron, c'est moi-même

qui ai créé ma station, quand je donne des ordres ou quand je parle, tu te tais, tu écoutes, tu exécutes et à la fin du mois je te paie, parce que tu es l'employé. »

Mais des réunions qui seraient plutôt un cadre véritable de discussion où les propos de l'employé sont pris en compte. Alors il n'y aura point de motifs de frustration. Et les prestations de la R.D.S refléteraient réellement les compétences de tous les employés auxquelles s'ajouteraient celles de l'employeur. Ainsi la R.D.S. aura triomphé du `'péché de l'orgueil» qui fait que, jusqu'à date, les problèmes qui se posent à la station ne se transforment guère en problème collectif.

VI-2-3 De la nécessité de spécialiser les programmes

Radio Delta Santé doit se faire une «couleur», une identité et apporter aux auditeurs ce qu'ils ne trouvent pas ailleurs. Cela revient à dire qu'en restant dans sa ligne éditoriale, la R.D.S pourrait accroître le volume horaire consacré à la santé et à l'environnement. Il s'agira de remédier à l'incohérence qui fait que sur les ondes de la R.D.S, la santé et l'environnement ne représentent que 11,54 % des programmes. Et donc faire de la santé et de l'environnement des priorités pour la station.

Pour y arriver, la R.D.S devra commencer par définir des critères de sélection des tradithérapeutes intervenant sur ses ondes. Une sélection qui permettrait d'écarter d'abord ceux qui se présentent comme «généralistes» et ne travailler qu'avec des spécialistes d'une probité reconnue. Cela permettrait de consacrer plusieurs heures par jour à la médecine traditionnelle sans ennuyer l'auditeur. Ensuite, cette sélection permettrait de Radio Delta Santé se sera débarrassée de ceux que nous appelions «les marchands» : ceux qui achètent des tranches pour les rentabiliser n'hésitant pas à porter aux auditeurs une information non scientifique voire fausse. Radio Delta Santé se sera alors défaite du «péché de la cupidité» et se fera véritablement un outil de stimulation de la recherche en médecine traditionnelle.

En outre, R.D.S devra associer beaucoup plus les médecins modernes (généralistes comme spécialistes) à son programme «santé». Car soulignons le, les 32,80 %, des six cent vingt minutes consacrées à la santé, exploités par la médecine moderne depuis mai 1999 ne le sont plus. En effet depuis décembre 2001 l'équipe de la Direction Préfectorale de la Santé (D.P.S) qui exploitait cette tranche a mis fin à cette exploitation. Ce qui devrait être perçu comme un refus de la D.P.S d'apporter sa caution à une entreprise «peu crédible» n'inquiète malheureusement pas la

R.D.S. Or il serait fort utile que la R.D.S implique davantage ces professionnelles de la santé dans le travail qu'abattent les professionnelles de la communication. Cela suppose une franche collaboration avec les institutions oeuvrant dans le domaine de la santé et l'environnement. Une collaboration où, en toute humilité Radio Delta Santé pourra exploiter et tirer profit de ces professionnels de la santé et de l'environnement.

Loin de l'affaiblir, ce type de collaboration permettrait à la R.D.S de se défaire «du péché de l'orgueil» qui l'enferme dans un instinct grégaire où, refusant de s'ouvrir aux autres, elle multiplie les erreurs dans un domaine qu'elle a choisi.

Loin de lui nuire ce type de collaboration pourrait offrir à la R.D.S. des opportunités de partenariat et de sponsoring.

Loin de l'affaiblir, ce type de partenariat la rendra plus crédible aux yeux des auditeurs et des institutions.

VI-2-4 De la nécessité de l'audace

Se vouloir apolitique pour une radio de proximité qui fait de l'actualité est quelque peu paradoxal. Paradoxal puisque par vocation, la radio a comme matière première et produit fini l'information. Et pour une radio de proximité l'information c'est d'abord et avant tout «ce qui se passe» dans la localité, dans le pays et qui est susceptible d'intéresser l'auditeur parce que répercutant d'une façon ou d'une autre sur son vécu quotidien.

Ce serait une erreur que d'attendre une prétendue liberté d'expression véritable avant que de vouloir faire de l'actualité de proximité. La pratique des métiers de la communication est, à bien des égards, semblable au combat de sisyphe au flan de sa montagne. Et cette liberté d'expression véritable que l'on prétend attendre reste, même dans les pays dits de droit une quête perpétuelle, le fruit d'une bataille où toute victoire ouvre le champ à d'autres batailles.

Dès lors que Radio Delta Santé choisit de faire de l'actualité, elle est tenue de le faire en tenant compte des attentes de l'auditoire. Ce qui impose à la R.D.S, la mise à l'écart des considérations politiques et la prise en compte du fait que son statut de radio de proximité lui impose le traitement de l'information locale et nationale quelle qu'elle soit. En cela réside l'audace dont nous parlons : le courage

nécessaire de faire du journalisme ce qu'il est réellement : « une parole que la société s'adresse à elle-même ». Ainsi les journalistes de la R.D.S rempliraient effectivement la mission qui est la leur : celle de «raconter l'histoire au présent, convoquer ses acteurs et soumettre leurs actes et oeuvres, qu'ils soient dérisoires ou grandioses, au jugement du plus grand nombre ». C'est une question d'audace dans le contexte socio-politique actuel nous en sommes conscients. Mais qu'on ne leurre pas il en sera de même demain.

Une alternative serait pour la R.D.S d'innover en matière d'actualité. A ce sujet il serait bien possible de proposer aux auditeurs un type nouveau de journal : le journal de la santé. Radio Delta Santé aura mieux marqué sa particularité. Cependant l'inconvénient serait que la seule source fiable d'information serait le site Internet de l'Organisation Mondiale de la Santé. Or, ce type de journal ne saurait se priver de « page nationale ». C'est là que Radio Delta Santé se trouvera à nouveau confrontée aux difficultés qu'elle entend éviter en censurant les informations d'ordre politique national, qui pourtant intéressent, plus que tout, l'auditeur. C'est encore une question d'audace.

Bref ce serait un plus, pour la R.D.S de faire comme nombre de radios de la place de l'information de proximité tout en initiant un journal de la santé nationale et internationale. Or l'un autant que l'autre expose à des risques. Le fait est irréfutable, Radio Delta Santé, devra si elle tient à se positionner dans le paysage radiophonique de demain, avoir de l'audace.

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n définitive, les mutations socio-politiques inhérentes à la marche vers l'état de droit au Togo, ont été accompagnées de ce qu'il est convenu d'appeler «le pluralisme médiatique ». Radio Delta Santé qui participe de ce pluralisme

a, sans conteste, contribué à une certaine revalorisation du patrimoine culturel national en tentant de réhabiliter une littérature en perte de vitesse : la littérature orale.

A cette première contribution, il faudra ajouter une seconde qui consiste, pour la R.D.S., à participer à l'émergence d'une littérature hybride. Une littérature qui mêle l'écriture (phase préparatoire du speakage) le son, la musique et la parole. Une littérature faite de digression, où « le récit principal s'interrompt pour ouvrir une parenthèse sur un récit annexe ».Une littérature où tout signe sonore pour peu qu'il soit porteur de message a sa place. Enfin une littérature qui s'inspire du vécu quotidien des contemporains pour raconter et non pas écrire le « roman de l'immédiat », une littérature que nous osons appeler `' littérature sonore `'.

En outre la R.D.S. stimule un regain d'intérêt pour la médecine traditionnelle. Ce faisant, elle stimule la recherche dans ce domaine. Peut-être est-ce là son seul mérite véritable, quand bien même l'exécution de ce programme santé, pose, en son état actuel, un problème de crédibilité?

S'il est un domaine dans lequel la R.D.S. a échoué, c'est bien celui de l'information. Elle n'est pas parvenue à créer un espace publique où les actes des élus sont portés à la connaissance des électeurs. Ainsi a-t-elle par ricochet échoué dans la formation d'une opinion publique véritable.

Aujourd'hui, R.D.S. se trouve à la croisée des chemins. Elle devra soit se maintenir dans sa politique actuelle de communication, soit se spécialiser vraiment.

Dans le premier cas, si la R.D.S. tient à survivre aux prochaines mutations dans le paysage médiatique togolais, elle devra d'abord tracer le profil de ses auditeurs : qui sont-ils ? Pourquoi écoutent-ils la R.D.S. ? Comment parfaire ce qu'ils aiment déjà dans la grille des programmes ? Comment améliorer ce qu'ils n'apprécient guère dans cette grille ?

Ensuite, améliorer son service de l'information de sorte à servir à l'éducation politique et sanitaire de ses auditeurs.

Libre à elle d'opérer ses choix. Soit, elle se fera impartiale plutôt que faire de s'enfermer dans un mutisme coupable dans le contexte actuel. Ce qui suppose

qu'elle fasse la promotion d'une approche des problèmes sociaux et politiques « plus large que celle des groupes de pression à vision unique ». Ce serait bien évidemment apporter aux auditeurs l'information la plus complète et par conséquent la meilleure. Soit elle sert de caisse de résonance à des groupes d'intérêts.

Cependant, ne pas opérer de choix, si la R.D.S. maintient sa politique de communication actuelle serait, pour elle, signer un arrêt de mort. Car dixit Michaël SCHUDSON « se tenir à l'écart » de la scène politique comme prétend le faire la R.D.S. aujourd'hui, est « tout simplement impossible ».

Dans le second cas, elle serait tenue d'opérer une sélection beaucoup plus rigoureuse des acteurs de son programme santé. De plus, R.D.S devra jeter les bases d'une collaboration franche et sincère avec les acteurs des domaines de la santé et de l'environnement, apporter à ses auditeurs une information complète en matière de santé et de protection de l'environnement.

Dans tous les cas, R.D.S devra se faire violence en commençant d'abord par instaurer une organisation interne solide et créer un climat de concertation dans ce travail de communication qui reste avant tout un travail d'équipe.

Reste qu'il appartient à la R.D.S, si elle veut s'assurer une aura dans le paysage médiatique de demain, de s'investir davantage dans l'évaluation positive ou négative de cette société en pleine mutation. Car, disait Paul de MAESENEER «la radio ne peut servir la société que dans la mesure où, elle conserve la confiance de ses auditeurs, sa crédibilité en tant que vecteur d'information et son pouvoir de persuasion en qualité d'agent du changement et du développement de la société(...) de façon à être un forum d'intérêt public».

Cela suppose, pour la R.D.S, la nécessité de transcender la communication unidirectionnelle qu'elle pratique pour instaurer une communication bidirectionnelle sinon multidirectionnelle afin de prendre en compte les aspirations des auditeurs et répondre à leurs attentes.

Il appartient enfin à la R.D.S de se tracer une voie qui soit la sienne. Ainsi, elle se sera donnée les moyens de conserver cette parole, qu'elle a prise à la faveur de la « révolution démocratique », aussi longtemps qu'elle le voudra, mais surtout, elle aura le privilège d'être écoutée dans un contexte où tout le monde aura droit à la parole. Un contexte où tout le monde aura droit à la parole, certes, mais où tout le monde ne sera pas écouté pour le seul fait d'avoir eu droit à la parole. Car dans le paysage médiatique de demain, le gladiateur sera la figure emblématique du modèle

de média dominant. Les plus forts, c'est- à -dire les médias qui connaîtront les attentes de leurs auditeurs et y répondront le mieux seront les mieux écoutés.

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48- Etienne Kossivi GBODUI "Genres rédactionnels et formats",

Le reportage en période préélectorale, Kpalimé, juillet, 2000.

V-3 Colloques

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r1ii. vr~#s soVciçyrs

VII-1 Textes législatifs

54- Code de la presse et de la communication, loi n°98-004/PR du 11 février 1998 modifiée par la loi n°2000-06 du 23 février 2000.

Modifiée par la loi n°2002-06 du 25 septembre 2002. VII-2 Entretiens

55- Entretiens avec Amégan Akpom dit l'hameçon conteur à la R.T.D.S en dates des 11,12 et 13 septembre 2002 et 4,5,6,et7 février 2003.

VII-3 Archives

56- Archives sonores et écrites de la R.T.D.S VII- 4 Sites Internet

57- http://www.fao.org/docrep/003/x6721f/6721f02.htm

"Histoire et évolution de la radio rurale en Afrique noire- rôles et usages",

Jean- Pierre ILBOUDO

~~~~~~~

J4nne,e 1

LISTE NOMINATIVE DES RADIOS PRIVEES EMETTANT SUR

LE TERRITOIRE TOGOLAIS

NOM DE LA STATION FREQUENCE DEBUT D'EMISSION

I. Lomé1.Nostalgie F.M 92.7 Septembre 93

2. Evangile (J.V.A) F.M 100.3 Avril 95

3. Tropik F.M F.M 93 Décembre 95

4. Galaxy F.M 95 Janvier 97

5. Maria-Togo F.M 97.9 Mars 97

6.Kanal F.M F.M 93.5 Août 97

7. Avenir F.M 104.3 Mai 98

8. Djabal'nour F.M 107.1 Novembre 98

9. Zion F.M 94.3 Avril 99

10.Nana F.M F.M 95.5 Novembre 99

11.Carré-jeune F.M 103.1 Novembre 99

12. X-solaire F.M 107.5 Janvier 2000

13.Metropolys F.M 97 Février 2000

14.Bonne nouvelle F.M 96.5 Juillet 2000

15.Zéphyr F.M 92.3 Février 2001

16.Sinaï F.M 105.5 Février 2001

17.La Grâce F.M 88.3 2002

18.C. E. F.21 F.M 89.5 Septembre 2001

19. R.F.I.22 F.M 91.5

20. Sport F.M F.M 91.9 Septembre2001

21.Victoire F.M 96.3 Octobre 2001

22.Africa N°1 23 F.M 101.9

23.Christ F.M 103.5 Mars 2002

24.Fréquence 1 F.M 103.9 2002

25.Providence F.M 106.3

26.B.B.C-Afrique24 F.M 99.5 2002

27.Ja al haq F.M 99.1 Août 2002

II. Aného

01.Delta Santé F.M 106.1 Juillet 1998

02.Lumière F.M 96.7 Décembre 2001

III. Vo

01.Citadelle F.M 101.5 Novembre 2000

02.La Voix de Vo F.M 103.7 Novembre 2001

IV. Tabligbo 01. Speranza F.M 90.1 Novembre1999

21 Canal Educatif Francophone, chaîne de la francophonie.

22 Radio France Internationale.

23 Radio africaine.

24 Desk Afrique de la British Broad Casting

V. Tsévié 01. Horizon, la voix du Zio F.M 101.1 Mars 1998

VI. Kpalimé

01.Planète plus F.M 95.3 Octobre 1998

02.Zion F.M 102.5 Juin 2000

03.Peace F.M F.M 92.1 Octobre 2000

04.Maria-Togo F.M 104.5 Décembre 2000

VII. Danyi - apeyeme 01.La voix du plateau F.M 96.5 Août 2000

VIII. Notsé

01.La voix de Haho F.M 105.3 2001

02.V.M.F.25 F.M 100.7 Septembre 2001

Non confirmée

03.Radio rurale F.M 100.1 2002

IX. Badou

01.Sky F.M 89.00 Mars 2002

Non confirmée

X. Atakpamé

01.Excelsior F.M 90.5 Mai 1998

02.Epanouie F.M 93 Janvier 2001

25 La voix la moisson finale

Non confirmée

03.Fantazia Fréquence Septembre 2001

non confirmée

04.Catholique F.M 97.7 Juillet 2001

non confirmée

XI. Sotouboua

01.Cosmos F.M 93.5 Novembre 1999

02.Espoir 2000 F.M 102.1 Juin 2000

XII . Sokodé

01.Jeunesse F.M 106.1 Juillet 1998

02.Tchaoudjo F.M 101 Mars 1994

03.Venus F.M 98 Septembre 1999

Non confirmée

04.Méridien F.M 103 Février 2000

05.Espoir plus F.M 90.1 Décembre 2000

06.Tchamba F.M 102.1 Février 2002

Non confirmée

XIII. Kara

01.Tabala F.M 97 Janvier 2001

02.Galaxy Fréquence

non confirmée

XIV. Bassar

01.Bassaria F.M 90.5 Juin 2000

Non confirmée

02.Reveil F.M 98.5 Juillet 2002

XV. Pagouda

01.Rurale F.M 88.9 2002

XVI. Kéran

01.Kéran F.M 102.5 Juillet 2002

Non confirmée

XVII. Mango

01.La voix de l'Oti F.M 104.5 Février 2002

XVIII. Dapaong

01. Courtoisie F.M 95.5 Juin 2000

02.Maria TOGO F.M 88.5 Décembre 2000

03.Rurale F.M 102.5 2002

Source : Archive de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de le Communication (Octobre 2002)

)4nnexe 2 FICHE DE SONDAGE N°1

Nom : Prénoms : Age :

Profession : Adresse :

QUESTIONNAIRE

1-Aimez-vous écouter la radio ? Oui, Non (1)

2-Ecoutez-vous la radio Delta Santé ?

Jamais, Rarement, Souvent, Régulièrement, Toujours (1)

3-Appréciez-vous son programme ? Oui, Non (1), Si non que lui reprochez-vous ?

4-quelle(s) émission(s) appréciez-vous le plus ?

Y en a-t-il qui vous déplaisent ?

Lesquelles ?

5-Le service des informations de la R.D.S . vous paraît-il fiable ? Oui, Non (1) Pourquoi ?
6-Souhaitez-vous d'autres types d'informations ? Oui, Non (1)

Lesquels ?

7-Que pensez-vous des informations diffusées par la R.D.S. ?

Elles sont vraies / fausses/ à peu près justes (1)

8- Le programme « santé » de cette radio vous semble-t-il efficace ? Oui, Non (1) Si non que lui reprochez-vous ?

9-Trouvez-vous le personnel de la R.D.S. à la hauteur de sa tâche ? Oui, Non (1) 10Quelles sont vos remarques personnelles

(1) Biffez mention(s) inutile(s)

)4nnexe 3 FICHE DE SONDAGE N°2

1. Profil de l'auditeur.

Age Profession

2. Fréquentation du média

2.1. Ecoutez-vous la radio Delta Santé ? Oui Non (1)

2.2. A quelle fréquence ?

Rarement Souvent Régulièrement Toujours (1)

2.3. Quelle(s) tranche(s) écoutez-vous ? (1)

entre 06h et 08h 18h et 20h

08h et 10h 20h et 22h

10h et 12h 22h et 00h

12h et 14h 00h et 02h

14h et 16h 02h et 04h

16h et 18h 04h et 06h

3. Satisfaction de l'auditoire.

3.1. Appréciez-vous la programmation ? Oui Non (1)

Si non que lui reprochez-vous ?

3.2. Le service de l'information vous éclaire-t-il suffisamment sur la situation sociopolitique du pays ?

Oui Non (1)

4.Quelles sont vos remarques personnelles ?

(1) Biffez mention(s) inutile(s)

J4nne,e 4

Grille des programmes

 

LUNDI

MARDI

MERCREDI

JEUDI

VENDREDI

SAMEDI

DIMANCHE

05H30 - 06H00

PRIERE MATINALE

06H00 - 06H30

REVEIL MATINAL

 
 

06H30 - 07H00

DELTA INFO + COMMUNIQUE

07H00 - 07H30

A NOUS LE WEEK-
END

MON AME BENI
L'ETERNEL

07H30 - 08H00

08H00 - 08H30

DAF

RENCONTRE ET PROFIL

DAF

08H30 - 09H00

AFRIQUE SPORT

 

ALLO! DOCTEUR

09H00 - 09H30

ALLO! DOCTEUR

ENUAKE

 
 

09H30 - 10H00

 
 

10H00 - 10H30

BALAFON

 

KALEIDOSCOPE

10H30 - 11H00

 

11H00 - 11H30

TANT QU'IL AURA DES FEMMES

DELTA LUDIQUE

 

DELTA SPORT

11H30 - 12H00

DELTA LUDIQUE

DELTA LUDIQUE

12H00 - 12H30

C. MANAGERE

C. MENAGERE

AFR. HEBDO + COURS D'ALLEMAND

12H30 - 13H00

DELTA INFO + COMMUNIQUE

13H00 - 13H30

DELTA DETENTE

DELTA DETENTE

DELTA DETENTE

13H30 - 14H00

14H00 - 14H30

PRIORITE SANTE

14H30 - 15H00

15H00 - 15H30

 
 

AGORA

 
 

MINA
MIADE MODJAKE

SPORT ET MUSIQUE

15H30 - 16H00

 
 
 
 

16H00 - 16H30

 
 
 

HLM

16H30 - 17H00

 
 

ILEE ET LES
ENFANTS

 

17H00 - 17H30

 
 
 
 

REGGAE SUN
SPLASH

AFR. HEBDO + COURS
D'ALLEMAND

17H30 - 18H00

REPORTER

MONDIAL SPORT

FREQUENCE TERRE

18H00 - 18H30

AVIS COMMUNIQUES + DELTA INFO

18H30 - 19H00

19H00 - 19H30

SANTE POUR TOUS

NTIFAFA

SANTE POUR TOUS

NTIFAFA, EZAN BOKO

19H30 - 20H00

SANTE POUR
TOUS

20H00 - 20H30

LE POINT DU
PHILOSOPHE

NTIGNAN

AU THEATRE
CHEZ NOUS

EVASION

CONTE DU SOIR

SANTE POUR TOUS

20H30 - 21H00

 

21H00 - 20H30

COULEUR TROPICALE

FRANCOPHONIE

MAXIMUM

LA DISCOTHEQUE
A PAPA

21H30 - 22H00

 

22H00 - 22H30

MEDIA D'AFRIQUE

ARCHIVE
D'AFRIQUE

 

22H30 - 23H00

 
 
 
 
 
 

~~~~Ji

,4...\ I I ~~~~

~~-)

Dédicace et remerciements 2

Avant-propos 5

Sommaire 7

Introduction 9

I Historique de la radio de proximité au Togo 11

I -1 La radio-mère et les attentes des populations 12

I-1-1 Radio Lomé, un instrument de l'administration 12

I-1-2 Radio Lomé, un instrument de développement 12

I-2 Radio Lomé et l'espace public. 14

I-2-1 Radio Lomé, une alliée du pouvoir ? 14

I-2-2 La règle de la simplification 14

I-2-3 La règle de l'unanimité et de contagion 15

I-2-4 La règle de la défiguration ou du grossissement 16

I-3 La radio privée, un instrument de lutte politique 17

I-3-1 Radio Liberté 17

I-4 Le paysage radiophonique actuel 18

I-4-1 Une inégale répartition dans l'espace géographique 18

I-4-2 Une bande F.M. au bord de la saturation 19

I-4-3 Une identité de programmes 19

II Le cas Delta Santé 22

II-1 Genèse et Evolution 23

II-2 Situation actuelle 26

II-3 Organisation Interne 27

II-3-1 Le service des programmes 28

II-3-2 La rédaction 29

III Radio Delta Santé vers une littérature

radiophonique 34

III-1-1 Les Stéréotypes 36

III-1-1 Les avis et communiqués 36

III-1-1-a Les avis de décès 36

III -1-1-b Les communiqués divers 37

III-1-2 La Nouvelle 38

III-1-3 L'écriture radiophonique 39

III-1-3-a La clarté 39

III-1-3-b La concision 40

III-2 Quelques indices de recherches littéraires 41

III-2-1 Le théâtre radiophonique 41

III-2-2 Evasion, la tranche des poètes 42

III-2-3 Le reportage...une littérature sonore ? 43

III-2-4 A l'antenne comme au village le soir 46

III-2-4-a Les textes 46

III-2-4-b La structure des contes diffusés 47

III-2-4-c La technique stylistique 49

IV Radio Delta Santé, la communication et la

communication de masse 55

IV-1 Les principes généraux 56

IV-1-1 L'homo communicans 56

IV-1-2 Les facteurs de la communication 57

IV-2 Les applications 58

IV-2-1 La communication radiophonique 58

IV-2-2 Le message radiophonique 59

IV-2-3 Le speakage, un acte de communication 64

IV-2-3-a Le speakage discursif 65

IV-2-3-b Le speakage historique 65

IV-3 Communication ou communication de masse ? 67

IV-3-1 L'étendue de l'audience 67

IV-3-2 Le profil des auditeurs 67

IV-3-3 De la communication à la communication de masse 68

IV-4 Les meneurs de la communication. 70

IV-4-1 Les professionnels 70

IV-4-2 Les marchands 71

V Les impacts de la R.D.S sur les populations 72

V-1 Les objectifs de la R.D.S 73

V-2 Les moyens 74

V-2-1 Les ressources humaines 74

V-2-2 La stratégie. 74

V-2-2-a Les personnes - ressources 74

V-2-2-b Les programmes 75

V-2-2-c La santé une priorité ? 75

V-2-2-d La langue 78

V-3 Les impacts de la R.D.S sur les populations 79

V-3-1 Les impacts socioculturels 79

V-3-1-a Les communautés virtuelles 79

V-3-1-b Le regain d'intérêt pour la médecine traditionnelle 80

V-3-1-c La revalorisation du patrimoine culturel 81

V-3-2 Les impacts politiques 82

V-3-2-a Communication ou mutisme coupable ? 82

V-3-2- b L'espace public et l'opinion publique 84

VI Radio Delta Santé et Demain 85

VI-1 Quel sera le visage de la Radio Delta Santé ? 86

VI-1-1 La grille des programmes 86

VI-1-2 Le service de l'information 87

VI-1-3 Radio Delta Santé, une radio comme les autres ? 87

VI-2 Comment améliorer les prestations de la R.D.S. ? 89

VI-2-1 De la nécessité d'un organigramme. 89

VI-2-2 De la nécessité de la communication interne. 92

VI-2-3 De la nécessité de spécialiser les programmes 93

VI-2-4 De la nécessité de l'audace 94

Conclusion 96

Références bibliographiques 100

Annexes 110

Table des matières 120






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote