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La métamorphose de l'état de droit comme processus de consolidation de la paix chez Emmanuel Kant. Une lecture du projet de paix perpétuelle

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par Michel Kakule Kabunga
Université de Kinshasa - Licence 2009
  

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II.3. Le Cosmopolitisme comme troisième manifestation de l'état civil

II.3.1. Définition du Cosmopolitisme

Etymologiquement, le mot « cosmopolitisme » vient du grec (cosmos), monde, et (politês), citoyen. Il signifie donc « citoyen du monde ».

Le cosmopolitisme est donc l'état de ce qui est cosmopolite, la manière de vivre cosmopolite. Mieux encore, le cosmopolitisme est une disposition d'esprit qui conduit quelqu'un à considérer comme sa patrie, son pays d'origine aussi bien que d'autres pays. Il s'oppose au patriotisme exclusif et ne doit pas être confondu avec le métissage, qui est le mélange de plusieurs cultures.
Plus largement, le cosmopolitisme est la conscience d'appartenir à l'ensemble de l' Humanité et non pas à sa seule patrie d'origine. Il consiste à se comporter comme un membre de la communauté mondiale et non comme le citoyen d'un Etat.

Le terme de cosmopolitisme aurait été défini par Diogène de Sinope (v 413-327 av JC).106(*) Doctrine morale des stoïciens, la notion de cosmopolitisme a été reprise par le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) qui met en avant l'universalité de l'homme et en fait un citoyen du monde au-delà des nations, sans qu'il renie pour autant ses particularités.

Ainsi, dira-t-on qu'une personne est cosmopolite si elle s'accommode facilement des moeurs et usages des pays où elle vit, si elle fait preuve d'intérêt, de curiosité, de sympathie, voire de préférence pour ce qui est étranger.

En sus, l'on dira qu'un groupe de personnes ou une société est cosmopolite si elle est composée de personnes originaires de différents pays. Exemple : une ville cosmopolite.

II.3.2. Le Cosmopolitisme dans l'histoire de la philosophie

De prime à bord, il faut noter que le projet cosmopolitique kantien ne constitue qu'un moment de l'histoire du cosmopolitisme en philosophie. Le texte du Projet de paix perpétuelle en témoigne lui-même. En plusieurs de ses points, il constitue une discussion, voire une réfutation des thèses de ceux qui, comme Erasme, Grotius ou l'abbé de Saint-Pierre, en ont inspiré la rédaction.

Mais l'histoire du cosmopolitisme en philosophie remonte bien plus loin que de l'époque de la Renaissance. La première mention de l'expression « cosmopolitique », comme la lecture de Diogène Laërce permet de l'apprendre, se trouve dans la bouche de Diogène de Sinope. Interrogé sur ses origines par un interlocuteur, il répond avec acuité : « Je suis citoyen du monde »107(*).

Mais, pour Diogène, s'affirmer citoyen du monde n'était qu'une façon de déclarer son mépris à l'égard des lois de la cité d'Athènes qui l'accueillait, alors qu'il avait été chassé de Sinope, sa cité d'origine. Cette déclaration de mépris n'était pas gratuite : elle se fonde sur la présupposition de l'existence d'un principe supérieur, principe qu'aucune loi, aucune institution, aucun prince ne pouvait concurrencer. Donc, si Diogène a inventé le cosmopolitisme, c'est pour annoncer une loi supérieure à toutes celles qui pouvaient prétendre être attachées à un lieu. Ce qui est impensable pour les grecs de l'antiquité pour lesquels seul le cadre de la cité était à même de fournir des lois susceptibles de protéger ceux qui pouvaient prétendre y appartenir. En revanche, celui qui ne pouvait prétendre appartenir à aucune cité ne pouvait pas non plus prétendre à la protection offerte par les lois propres à l'une d'entre elles. Du reste, le cosmopolitisme inauguré par Diogène est à la fois une forme de mépris à l'égard des lois de la cité et une forme particulièrement sophistiquée d'ingratitude à sa cité d'accueil.

De Diogène à Kant, l'histoire du cosmopolitisme passe par le stoïcisme, doctrine d'Etat de l'Empire romain, puis par l'augustinisme, avant de s'évanouir et de renaître avec les penseurs humanistes de la Renaissance.108(*)

Cependant, du point de vue du droit, les débats philosophiques autour de la question du cosmopolitisme seront longtemps sans effet. Ce n'est qu'avec les premières élaborations techniques du ius gentium que la question des fins attendues d'un droit supposé dépasser les limites des Etats sera posée dans les termes susceptibles de concerner les juristes.

A cet égard, le Projet de paix perpétuelle de Kant constitue un compte-rendu assez fidèle des conclusions auxquelles les premiers théoriciens du ius gentium étaient eux-mêmes parvenus. En 1625, dans le De iure belli ac pacis, Hugo Grotius considérait déjà que le ius gentium devait être compris comme l'expression technique d'un droit naturel définit comme « une règle qui nous suggère la droite raison, qui nous fait connaître qu'une action, suivant qu'elle est ou non conforme à la nature raisonnable, est entachée de difformité morale, ou qu'elle est moralement nécessaire et que, conséquemment, Dieu, l'auteur de la nature, l'interdit ou l'ordonne ».109(*) Autrement dit, le ius gentium n'a de sens qu'indexé sur un droit supérieur, droit lui-même fondé dans un principe de nature à la fois métaphysique et morale. Seule une telle indexation est susceptible de convertir le droit de guerre en droit de paix.

Comme on le sait, le mot « cosmopolite » apparaît en français au milieu du XVIe siècle. S'il signifie alors, comme le mot grec dont il est dérivé, « citoyen du monde », cette citoyenneté ne s'applique toutefois pas qu'aux humains. « Cosmopolite » est surtout un mot de botanique qui sert à désigner les plantes dont l'espèce se trouve largement répartie à la surface du globe. Il faut attendre le milieu du XVIIIè siècle pour qu'il quitte le domaine de la botanique définitivement.110(*)

Plus tard, sous la plume de Charles Maurras et de Maurice Barrès, le mot « cosmopolitisme » s'oppose désormais au « nationalisme »111(*).

* 106 DIOGENE, Les cyniques grecs. Fragments et témoignage, Paris, éd. L. Paquet, 1992, p. 93.

* 107 Citoyen du monde se dit en grec (cosmopolitès) (DIOGENE, Ibid. p. 93.)

* 108 E. BROWN, et P. KLEINGELD, Cosmopolitanism, Stanford Encyclopedia of Philosophy, publié en ligne le 23 février 2002 (revise le 28 novembre 2006), http:/plato.stanford.edu/entries/cosmopolitanism.

* 109 H. GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix, p. 38.

* 110 L. DE SUTTER, Le cosmopolitisme est un anti-juridisme, Dissensus, N° 1 (Décembre 2008) http:/popups.ulg.ac.be/dissensus/document.php ?id=177

* 111 Ch. MAURRAS, et M. BARRES, cité par L. DE SUTTER, idem.

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