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Les migrants sénégalais en Italie

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par Mouhamadou LEYE
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - Master II en Droit des Migrations 2009
  

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Section I : La concrétisation de cette coopération

C'est dans ce cadre que s'inscrit la signature du projet d'appui au secteur privé sénégalais à travers le financement à hauteur de 17 milliards de francs CFA. Ce programme dénommé PLASEPRI (Plateforme d'Appui au Secteur Privé et à la valorisation de la Diaspora Sénégalaise en Italie) (paragraphe I) vise à promouvoir les initiatives des sénégalais vivants en Italie. A cela s'ajoute le co-développement (paragraphe II).

Paragraphe I : PLASEPRI : Plate forme d'Appui au Secteur Privé et à la valorisation de la diaspora sénégalaise en Italie.

Le programme vise la création d'une plateforme financière et d'assistance technique pour l'appui au développement du secteur privé sénégalais en valorisant le potentiel économique de la communauté sénégalaise en Italie, qui est la plus importante en termes d'effectifs des pays africains. Ce programme comporte un certain nombre d'objectifs et des résultats y sont attendus (A) qui constituent une réponse à la gestion des flux migratoires et s'appuie sur un certains nombres de dispositifs pour une meilleure exécution (B).

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A : Les objectifs et les résultats attendus.

L'accord pour la mise en ouvre du programme PLASEPRI a été signé entre le Gouvernement sénégalais et le Gouvernement italien le 05/08/2008.

Le programme prévoit une composante de financement sous forme de crédit aide de 20 millions de Euro et une subvention de 3,7 million d'euro. La partie « crédit » sera exécutée par le Ministère de l'Economie et des Finances tandis que la partie « subvention » sera exécutée par la Direction de la Micro finance du Ministère de la Famille, de la Solidarité nationale, de la Sécurité alimentaire, de l'Entreprenariat féminin, de la Micro Finance et de la Petite Enfance. Le Gouvernement sénégalais participe au programme avec une contribution équivalente à 350.000 Euro.

L'objectif général du programme est d'augmenter la capacité du secteur privé sénégalais et des sénégalais vivants en Italie à contribuer au développement durable du pays d'origine.

Le projet entend aussi promouvoir le rôle économique de la femme dans le processus du développement et l'investissement en technologies durables, soucieuses de la protection des ressources naturelles.

L'objectif spécifique est l'augmentation du volume d'investissements efficaces et productifs par les PME, qui génèrent des opportunités d'emplois surtout dans les régions à forte émigration. La mise en oeuvre du programme suscite l'atteinte de certains résultats que sont :

1. une ligne de crédit pour refinancer l'investissement productif, à des conditions compétitives tant par les PME que par les Institutions Financières Locales (IFL);

2. la croissance du portefeuille des IFL destiné à l'investissement productif, durable et générateur d'emplois (en particulier l'initiative des Sénégalais de l'extérieur et des femmes) ;

3. l'amélioration de la gestion et de la compétitivité des Institutions de Micro Finance (IMF) et des PME bénéficiaires ;

4.

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une meilleure coordination entre le système d'information économique sénégalais en Italie, les investissements de la diaspora et les plans locaux de développement au Sénégal ;

5. la formation et la sensibilisation des Ministères et des Services concernés à fournir de l'assistance technique aux systèmes PME et IMF ;

6. la diffusion des informations, surtout en milieu rural, sur le programme et sur les meilleurs usages pratiqués.

Afin de mieux dérouler l'exécution du programme, des dispositifs ont été mise en place.

B : Les dispositifs mises en place pour l'exécution du projet.

L'exécution du programme prévoit la mise en place des dispositifs suivants : Un dispositif institutionnel, organisationnel, un dispositif technique et financier. Les dispositifs institutionnels et organisationnels sont structurés de la sorte :

Le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF).

Il est signataire de la Convention de Financement et l'interlocuteur principal du Gouvernement italien.

La Direction de la Micro finance du Ministère de la Famille, de la Solidarité nationale, de la Sécurité alimentaire, de l'Entreprenariat féminin, et de la Micro Finance et de la Petite Enfance, en tant que ministère de tutelle technique du PLASEPRI. Celle-ci assure la responsabilité générale du programme et est chargée de veiller à la collaboration active des institutions impliquées conformément à l'accord de financement. Elle veille sur la cohérence entre le programme et les politiques sectorielles en la matière.

Le Ministère des Sénégalais de l'Extérieur (MSE), qui participe à la réalisation de toutes les activités du programme d'une manière générale tout en assurant la cohérence du programme d'avec ses politiques sectorielles. Il sera, en particulier, chargé de la coordination des activités d'accompagnement en Italie avec la participation des émigrés sénégalais.

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La Direction des Mines, de l'Industrie de la Transformation alimentaire des Produits agricoles et des PME.

Le rôle particulier de la Direction des PME dans la réalisation du programme sera d'assurer l'intégration du programme dans les politiques sectorielles de promotion des PME au Sénégal.

La gestion du programme sera assurée par deux organes : Une unité de gestion et un comité de pilotage.

L'unité de gestion a la tâche générale et la responsabilité de faciliter la mise en oeuvre efficace du programme et de créer les meilleures synergies entre les institutions partenaires pour le développement du secteur privé. Logée à la Direction de la Micro Finance, elle sera animée par le Responsable du Programme (RDP), par des experts sénégalais appartenant aux trois (3) ministères techniques impliqués et par deux experts italiens spécialisés dans les domaines des PME et de la Micro finance. Trois consultantes externes attachées à l'UP assureront l'assistance technique aux PME et aux IFL, en appuyant les entrepreneurs. En particulier, elles seront basées à Louga pour les régions septentrionales, à Kaolack pour les régions centrales et à Ziguinchor pour les régions méridionales.

Le comité de pilotage est l'organe d'orientation stratégique du programme, il est composé de services techniques de l'Etat relevant des Ministères impliqués (Ministère de l'Economie et des Finances ; Ministère de la Famille, de la Solidarité nationale, de l'Entreprenariat féminin et de la Micro Finance; Ministère des Sénégalais de l'Extérieur ; Ministère des Mines, de l'Industrie et des PME ), de l'Ambassadeur d'Italie, de l'Union des Chambres de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture du Sénégal (CCIA) et des organisations du patronat.

Le programme s'articule autour de trois outils opérationnels :

1. Ligne de crédit pour le PME

2. Ligne de crédit pour les IMF (Institutions de Micro-finance)

3. Assistance technique

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La ligne de crédit pour les PME :

Il s'agit d'une ligne de crédit de 12 millions d'Euro pour le financement aux PME à travers des Institutions Financiers Locales (IFL) à des conditions de prêt bien précises. Les IFL peuvent être des banques commerciales, des sociétés privées sénégalaises de location-vente ou des réseaux de mutuelles d'épargne et de crédit qui remplissent les conditions posées par les lois et les règlements en cours au Sénégal.

La ligne de crédit pour les Institutions de Micro-finance :

Il s'agit d'une ligne de crédit d'un montant global de 8 million d'Euro allouée aux IMF pour financer des investissements pour le démarrage ou le renforcement des très petites et moyennes entreprises surtout localisées dans des zones géographiques rurales.

Ainsi, le programme vise à garantir l'assistance technique à plusieurs niveaux :

1. l'UP sera chargée de fournir de service d'assistance technique au niveau PME et IFL pour la préparation et l'évaluation des plans d'investissement et d'affaires balancés et accessibles pour la ligne de crédit, l'identification des points faibles, l'accompagnement du dialogue et négociations entre les PME bénéficiaires et les IFL ;

2. des Consultants spécialisés pour l'accompagnement des PME bénéficiaires de la ligne de crédit, en terme de produit, processus, organisation de filière, comptabilité, administration et finance, afin d'en renforcer la capacité et l'organisation de l'entreprise;

3. un montant global de 1,8 million sera consacré aux appels à proposition pour le développement du secteur privé, autour des thèmes spécifiques identifiés par le CP selon les priorités nationales. Les bénéficiaires seront des acteurs de la société civile incluant les organisations intermédiaires du secteur privé et la Coopération Décentralisée.

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4. Dans le cadre du projet PLASEPRI, il est apparu évident, depuis la conception, l'importante action entreprise par les acteurs italiens (publics et privés) engagés dans la « Coopération au développement ».

En effet, les acteurs italiens seront appelés à prendre des initiatives pour établir la coordination entre les organismes territoriaux, les associations et les institutions sénégalaises présentes en Italie afin de :

- structurer et coordonner un système d'information important pour les Sénégalais en Italie, unifié, plausible, efficace, alimenté par des thèmes juridiques sénégalais déjà existants, sur les opportunités d'investissements, les opportunités de ce programme (PLASEPRI), les plans de développement local et l'évolution en vigueur au Sénégal ;

- Promouvoir le rapport avec les institutions économiques territoriales italiennes (chambres de commerce, associations de l'artisanat et de la petite industrie et autres) ;

- Assister les sénégalais vivants en Italie dans la rédaction des « business plan » et dans la préparation des demandes à la ligne de crédit au Sénégal, suivant les formulaires et les indications qui seront fournis par l'UP.

Outre la PLASEPRI, il existe d'autres initiatives s'inscrivant dans le cadre d'un copartenariat entre les émigrés et certains organismes italiens.

Paragraphe II : Le co-développement: une voie à suivre A : Les projets financés

Quelques projets ont été expérimentés afin de mieux renforcer cette coopération.

Le consortium Poisen, une entreprise d'import export constituée par huit sénégalais est née au cours des années 1990 d'un projet à long terme impliquant plusieurs acteurs institutionnels à Rimini, dont un centre de formation et d'assistance technique intervenant dans le secteur de la pêche.

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L'objectif de ce centre était de dispenser des cours aux émigrés voulant mettre en pratique les enseignements reçus au Sénégal. Un programme de formation d'une année ainsi que des stages sur les bateaux de pêche ont été initiés et financés par la mairie de la région de Rimini et le fonds social européen.

La réalisation du projet a mis en exergue de nombreux problèmes. Ainsi, beaucoup de stagiaires ne savaient pas, au début, s'ils devaient rester plus longtemps ou non en Italie, ou retourner au Sénégal avec plus d'épargne ou avec un travail. Au cours de l'année de l'été 1996, le centre a changé l'orientation du projet. Au début, il était convenu que les sénégalais créeraient leur propre entreprise liée au centre à travers une joint venture de distribution. Il n'était pas donc question, comme cela va être décidé par la suite, de cogérer l'entreprise avec ce centre. Certains sénégalais membres estiment que le changement d'orientation est imputable au chef du centre qui « roulait » pour son propre compte et celui des autres filiales confrontées à des problèmes juridiques et financiers.

Gerundo est un autre exemple qui rend compte des atouts et contraintes inhérents à la mise en oeuvre des programmes de développement entre l'Italie et le Sénégal. Il s'agit d'un consortium d'entreprises oeuvrant dans le domaine de l'environnement et de l'écologie et dans des projets d'aide et de formation au Sénégal avec l'ONG ACRA, basée à Milan33 . L'un de ses principaux objectifs est la formation professionnelle avec une attention particulière aux émigrés. Le consortium est très lié aux autorités locales (région et province), aux entreprises et aux associations. Au début des années 2000, il a créé à Malika (situé dans la région de Dakar et plus précisément au niveau du département de Pikine) l'un de ses plus gros et plus importants projets au Sénégal, à savoir une école de formation professionnelle en maçonnerie polyvalente. Le projet a impliqué de nombreux acteurs économiques et sociaux de la province : les ONG ACRA, CNR, l'Unesco Dakar, Nord Sud (une ONG comptant sur les cellules locales des trois principaux syndicats : CGIL, CISL et UIL), CESVI (une ONG catholique

33 Créée en 1968 qui est déjà intervenue au Sénégal au milieu des années 1980 en soutenant des projets locaux de developpement rural.

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basée à Milan), l'école de construction réputée de Seriate (à proximité de Bergame), les deux principales associations d'entreprises de bâtiment, la chambre de commerce et la fondation Communità Bergamasca. Le projet avait pour but de former, en deux ans, des maçons qualifiés et semi-qualifiés au Sénégal. Les 70 ou 80 meilleurs stagiaires devaient se rendre en Italie et s'insérer dans le marché du travail de la province. Toutefois, avec le système de quota établi par la loi Bossi Fini de 2002, ces travailleurs émigrés potentiels n'ont pas pu quitter le Sénégal.

Dans les années 90, l'ONG ACRA a coordonnée un projet reliant le développement des banques d'épargne et de crédit des différentes régions. Elle a bénéficié du concours de l'ONG sénégalaise OFADEC et de la Banque Coopérative de Treviglio, impliquée dans les démarches initiées par le centre d'accueil de Bergame et consistant à faciliter l'accès des migrants au crédit bancaire. L'appui de cette banque est visible avec sa politique de fixation de taux d'intérêt et de frais bancaires plus bas. Le projet portait sur la création de trois réseaux régionaux de crédit pour les organisations paysannes avec 27 banques rurales locales ; 18 ont été effectivement créées pour un total de 3000 bénéficiaires. Près de 500 émigrés étaient impliqués dans le projet ,20 d'entre eux ont suivi des cours de formation en aide et en développement bout du compte, trois projets de retour pour l'entreprenariat ont été financés par un fonds de solidarité créé grâce au programme. Mais les relations entre les associations d'émigrés et les banques locales n'ont pas été des plus fluides. Il a été noté de nombreuses difficultés de transmission du savoir --faire relatif au système de crédit et à la définition précise des rôles dévolus aux différents acteurs (Mezzeti 2003).

C'est probablement pour ces raisons que l'ONG ACRA semble désormais plus encline à investir dans des projets comme celui mentionné plus haut avec Gerundo qui n'impliquent plus les associations d'immigrés. La création de micro-entreprises et de joint ventures avec des entreprises italiennes constitue un autre champ d'investissement. Par exemple, une joint venture a été créée à Dakar grâce à 75% du capital fourni par un consortium de coopératives sociales de Turin (Idea Ambiente) et 25% par sept (7) des 18 banques rurales. Elle se veut un modèle précurseur d'une

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entreprise sociale autosuffisante dans laquelle italiens et sénégalais partagent également les risques (Meduri cité par Castagnone 2003 ; Mezzeti 2003).

Durant ces dernières années, l'ACRA semble, de plus en plus, engagée dans des méthodes participatives de mise en oeuvre de projets de développement.

La région de Lombardie joue un rôle important dans l'aide accordée au Sénégal dans la mesure où elle soutient dix projets et que 80% des ONG italiennes proviennent de cette même région. Avec la formation technologique, l'aide à la formation de joint ventures entre les entreprises sénégalaises et italiennes fait figure de formules prioritaires de réalisation de la coopération économique avec le Sénégal. Toutefois, l'on doit souligner la faible implication des associations d'immigrés sénégalais. Le fait de n'avoir pas été impliqué dans des projets génère un sentiment de frustration chez les immigrés34.C'est pourquoi il est difficile de ne pas poser la question de savoir au service de qui se fait le développement dont il est question dans ces projets (Crewe et Harrison 1998).

Afin de mieux rendre visible et utile les projets financés, la nécessité de surmonter certains obstacles subsistent.

B : Les contraintes à surmonter

Elles sont d'ordre financier, politico-institutionnel et socio culturel.

Au plan financier, il importe de renoncer à la politique d'aide au retour qui institue la remise de la carte de séjour. Le financement accordé aux migrants ayant décidé de retourner dans son foyer de départ pourra être mis à profit de façon judicieuse. En effet, en lui permettant de se déplacer entre le lieu d'accueil et le pays de départ, on assure qu'il pourra identifier les créneaux économiques rentables, neutraliser les pressions sociales, choisir des partenaires fiables, chercher des financements additionnels. Sous ce dernier rapport, il lui sera possible de disposer de capitaux importants, de ne plus se lancer dans des investissements de faible envergure dans le

34 Des projets réalisés par la suite, par l'ONG COOPI (Ceschi et Stocchiero 2007), ont tenu compte de cette insuffisance et ont tenté d'y remédier en considérant les migrants comme partenaires du programme.

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secteur du commerce et des services, de réussir le transfert de technologie qui l'un des préalables aux montages de joint-ventures.

Le financement de l'investissement tenté par les autorités des pays d'accueil n'a pas été accompagné par des mécanismes institutionnels partagés. Il s'agit souvent d'options politiques décidées par les pays d'accueil. Le cadre institutionnel de mise en place des investissements de retour a été élaboré de manière unilatérale sans la participation des émigrés. La mise en place des investissements requiert un processus participatif qui identifierait les logiques du migrant investisseur potentiel dont l'articulation avec les politiques de retour est indispensable. Le montage institutionnel doit être à la fois le fait des pays d'accueil et des pays de départ. Ceci est d'autant plus nécessaire que les émigrés sont souvent peu préparés à l'entreprenariat.

Le dynamisme d'une économie locale inscrite le plus souvent dans l'informel pose problème au même titre que les idées reçues. Les représentations locales assimilent le migrant à un nanti qui ne perçoit par sa réinsertion professionnelle dans le travail manuel. Est mise de ce fait en veilleuse l'expérience de l'émigré dans les secteurs de la navigation maritime, de la fabrication des chaussures, de la tannerie etc....

Dans tous les pays du monde, les migrants sont considérés comme de principaux acteurs dans le développement de leurs pays d'origines.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo