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Les migrants sénégalais en Italie

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par Mouhamadou LEYE
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - Master II en Droit des Migrations 2009
  

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Paragraphe II : Au niveau externe

L'Italie se trouve ainsi investie d'une responsabilité éminente dans la lutte contre l'immigration clandestine. Jugée comme une menace à la sécurité publique, l'Italie a signé des accords de réadmissions avec certains pays tiers (A).

L'Italie présente une vulnérabilité certaine à l'immigration clandestine et constitue la porte d'accès privilégiée au coeur de l'Europe prospère. C'est pourquoi elle subit la pression de l'Union Européenne (B), qui fait de l'immigration une compétence communautaire depuis le Traité de Maastricht, signé en 1992.

A : Les accords de réadmission

La signature d'accords de réadmission des étrangers en situation irrégulière est prévue par la normative sur l'immigration (loi n° 40/98) qui, à l'art 9.4 dispose que « le Ministire des affaires étrangqres et le Ministre de l'Intérieur promeuvent les initiatives d'intention avec les pays intéressés, afin d'accélérer l'identification et la délivrance des documents nécessaires pour les expulsions ».

Le premier accord bilatéral en matière d'immigration signé par l'Italie est avec la Tunisie, en 1998, sous le gouvernement de centre-gauche de Lamberto Dini. Il ne s'agit pas d'un réel accord de réadmission tels que ceux signés en 2007 avec l'Egypte et en 2008 avec la Libye, mais d'un « Echange de notes entre l'Italie et la Tunisie concernant l'entrée et la réadmission des personnes en situation irrégulière ».

Les points prévus par cet accord sont :

- Programme commun pour lutter contre l'immigration illégale ;

- Engagement de la part du gouvernement Italien d'aider à l'amélioration des conditions socio-économiques de zones déprimées de Tunisie ;

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- Intensification des contrôles des forces de l'ordre des deux pays le long des cotes tunisiennes ;

- La réadmission, par la Tunisie, de ses citoyens mais aussi de ressortissants de pays tiers entrés illégalement sur le territoire italien en provenance des côtes tunisiennes.

A l'entrée en vigueur de l'accord, en septembre 1999, les instructions du gouvernement aux préfets étaient l'intensification des contrôles avec une particulière attention aux migrants en situation irrégulière.

L'Italie a envoyé, dans les trois premières années d'application des accords de réadmission (1998-2000), du matériel pour 20 millions d'euros. Entre-temps la Tunisie a obtenu un quota privilégié d'entrées légales en Italie, 3.000 en 2000 et 2001, 2.000 en 2002 et 6000 en 2003.

Avec l'interruption des financements italiens, la diminution des quotas d'entrées et l'augmentation des arrivées par bateaux obligent le gouvernement Italien à rouvrir les négociations en 2003 avec la signature d'un nouvel accord de réadmission avec la Tunisie.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'est rendu en Italie pour une visite historique dont la première remonte à son arrivée au pouvoir en 1969. Cette excursion en terre italienne a été rendue possible grâce à la signature, en août 2008 dernier, d'un traité « d'amitié et de coopération » entre les deux pays.

Ce texte permet à Tripoli d'obtenir 200 millions de dollars sur les 25 prochaines années au titre de dédommagements pour la période coloniale (1911-1942), et à Rome d'avoir « moins de clandestins et plus de gaz et de pétrole libyen », selon Silvio Berlusconi, le Premier ministre italien « cet accord est une aubaine pour l'Italie qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une de ses priorités ».

L'accord stipule l'intensification de la coopération entre les deux parties dans la lutte contre les organisations criminelles agissant dans le domaine de la commercialisation des personnes et dans l'immigration clandestine. Selon le document, Tripoli et Rome organiseront des patrouilles maritimes à l'aide de six unités navales (bateaux) misent à

disposition provisoirement par l'Italie, ayant à leurs bords des équipes mixtes des deux pays pour des travaux de formation et d'assistance technique sur l'utilisation et l'entretien des unités.

Les unités maritimes effectueront des opérations de contrôle, de recherche, de sauvetage et secours dans les positions et points de départ et de passage des bateaux de transport des immigrés clandestins soit dans les eaux territoriales libyennes ou dans les eaux internationales sur la base du respect des conventions internationales en vigueur et conformément aux types des opérations qui seront déterminés par les autorités compétentes des deux pays.

Le document indique que les deux parties procèdent, à la suite de l'écoulement de la période des trois ans et à la suite de la première livraison à la Libye des trois unités, à une évaluation mixte des résultats enregistrés et de l'efficacité de la coopération et à la détermination de la période nécessaire pour fournir à la partie libyenne trois autres unités navales.

Le gouvernement italien a également indiqué avoir arrêté, en 2007, 109 personnes accusées d'avoir organisé des traversées de clandestins entre la Libye et l'Italie, contre 42 arrestations en 2006. Il faut aussi noter qu'en 1996, un accord bilatéral a été signé avec l'Albanie pour l'emploi de travailleurs saisonniers en Italie. L'ambassadeur d'Italie en Algérie, Giampaolo Cantini, a révélé que l'Italie et l'Algérie ont signé un accord dont l'objectif est d'organiser des patrouilles maritimes communes, pour faire face à l'immigration clandestine et renforcer la coopération et l'échange d'informations. Par ailleurs, l'Italie a décidé de délivrer aux Algériens 1000 visas professionnels par an, mais en définitif, 40 % seulement ont été demandé, en 200819.

Pour le moment aucun accord de réadmission n'a été signé entre l'Italie et le Sénégal. Ainsi, l'évolution de la politique italienne est liée à l'adhésion du pays à l'Union Européenne. En dépit du besoin en travailleurs migrants, la pression relative à la construction d'une « Europe forteresse », consacrée par les accords de Schengen, a conduit le gouvernement italien à renforcer le contrôle de ses frontières.

19 Source CARITAS 2008

B : L'influence de l'union européenne

Les Etats européens commencèrent à prendre conscience de la nécessité de mieux coordonner leurs efforts en matière d'immigration au milieu des années 70. La conjoncture du moment n'est naturellement pas étrangère à cette évolution. Elle associe la fin de la croissance, le ralliement des Etats à l'objectif de " l'immigration zéro " et, parallèlement, l'intensification de l'immigration irrégulière.

La convention de Schengen promulgue l'ouverture des frontières entre les pays signataires. Le territoire ainsi créé est communément appelé « espace Schengen ».

Elle date de 1985, mais l'espace a été institutionnalisé à l'échelle européenne par le Traité d'Amsterdam de 1997. L'Italie applique la convention depuis le 1er juillet 1997 . Le traité de Lisbonne ratifié en 2008 modifie les règles juridiques concernant l'espace Schengen, en renforçant la notion d'un « espace de liberté, de sécurité et de justice ». Celui ci fait intervenir davantage de coopération policière et judiciaire, et vise à une mise en commun des politiques de visas, d'asile et d'immigration, notamment par le remplacement de la méthode intergouvernementale par la méthode communautaire.

Les pays signataires pratiquent une politique commune en ce qui concerne les visas et ont renforcé les contrôles aux frontières limitrophes des pays extérieurs à l'espace.

La politique italienne vis-à-vis de l'immigration est contestée au sein du conseil de l'Europe. Les différents partis qui se sont succédés au pouvoir depuis les années 90 ont procédé à de nombreuses régularisations. Lors d'une réunion interministérielle à Cannes en 1995, les partenaires européens ont essayé de faire pression sur l'Italie pour qu'elle abandonne ce genre de politique. La raison cachée étant qu'à l'heure de la fermeture des frontières face à l'immigration, les principaux pays d'accueil (Allemagne, France, Royaume Uni...) craignent que l'Italie ne soit qu'une étape de migration : l'Italie étant membre de l'Espace Schengen, les étrangers qui obtiennent une régularisation peuvent ainsi se déplacer et s'installer au gré de leurs envies ou besoins dans cet espace.

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C'est à partir de ce moment que des actions allant dans le sens d'une communautarisation de l'immigration s'accentuent. Dès lors, des mesures concrètes ont été prises par l'union européenne :

- Lutter contre l'immigration clandestine et la protection des frontières extérieures de l'union européenne ;

- Sanctions contre les transporteurs qui acheminent vers un Etat membre de l'Union Européenne des étrangers démunis des documents exigés ;

- Organisations de charters pour les retours groupés ;

- Création d'un corps européen de gardes frontières ;

- Envois d'officiers de liaison dans les pays d'embarquement pour coopérer avec les autorités locales ;

- Création d'une agence européenne de surveillance des frontières extérieures (FRONTEX) chargée de la coordination des opérations de contrôles aux frontières maritimes, aéroportuaires et terrestres ;

- Multiplication des fichiers informatisés comportant des données biométriques ;

- Harmonisation des conditions de rétention et d'expulsion des étrangers en situation illégale dans l'un des Etats membres ;

- Harmonisation minimale des législations nationales relatives au regroupement familial ;

- Harmonisation minimale du statut des ressortissants de pays tiers résidents de longue durée.

La politique restrictive de l'immigration en Italie est soutenue au sein de l'Union européenne (UE) qui assure le financement nécessaire des équipements de patrouille et d'inclure les activités dans son propre budget.

La politique européenne d'immigration témoigne du repli sécuritaire d'un continent qui se perçoit comme une forteresse assiégée. Toutes les mesures prises illustrent la priorité donnée à la lutte contre l'immigration clandestine et à la protection des frontières : sanctions contre les transporteurs, accords de réadmission avec les pays tiers, organisation de charters pour des retours groupés, mise en place d'une agence de surveillance des frontières extérieures (FRONTEX), multiplication des fichiers

informatisés intégrant des données biométriques, possibilité laissée aux États membres de détenir pendant dix-huit mois un étranger en instance de départ forcé.

Pour mieux prendre à bras le corps le phénomène de l'immigration clandestine, l'Italie a mis en place des institutions qui se donnent pour mission d'assurer un meilleur contrôle au niveau interne et externe.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway