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Les effets de la dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des populations des iles du Saloum: cas des villages de Bassoul et de Niodior

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par Mamadou SARR
Ecole Nationale d'Economie Appliquée-Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - Diplôme d'ingénieur des Travaux d'Aménagement du Territoire et de la Gestion Urbaine 2009
  

Disponible en mode multipage

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République du Sénégal

Un Peuple-Un but-Une Foi

Ministère de l'Enseignement Supérieur, des Universités, des Centres Universitaires Régionaux et de la Recherche Scientifique

Université Cheikh Anta Diop

Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA)

Département Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion Urbaine (ATEGU)

Les effets de la dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum : cas des villages de Bassoul et de Niodior

36éme Promotion

Mémoire de fin d'étude

Présenté par 

M. Mamadou SARR

Directeur de Mémoire

Dr. Bara MBOUP

Professeur à l'ENEA

Pour l'obtention du Diplôme d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la gestion urbaine

Année 2010

République du Sénégal

Un Peuple-Un but-Une Foi

Ministère de l'Enseignement Supérieur, des Universités, des Centres Universitaires Régionaux et de la Recherche Scientifique

Université Cheikh Anta Diop

École Nationale d'Économie Appliquée (ENEA)

Département Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion Urbaine (ATEGU)

Les effets de la dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum : cas des villages de Bassoul et de Niodior

36éme Promotion

Mémoire de fin d'études

Présenté par 

M. Mamadou SARR

Directeur de Mémoire

Dr. Bara MBOUP

Professeur à l'ENEA

Pour l'obtention du Diplôme d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la gestion urbaine

Année 2010

Remerciements

Au nom d'Allah, Le Miséricordieux, Le Très Miséricordieux

Louange à Allah, le Seigneur de l'univers.

J'adresse mes vifs remerciements à tous ceux qui ont bien voulu m'accorder leur concours pour la présentation de ce travail et particulièrement :

ü Dr. Bara Mboup, pour avoir accepté d'être mon directeur de mémoire, sa rigueur scientifique et sa compétence ont permis de mener à bien ce travail.

ü Aux membres du jury, qui ont bien voulu juger ce travail j'exprime ma gratitude.

Messieurs, j'ai l'honneur et le plaisir de vous avoir comme membre du jury. Je vous remercie du fond du coeur d'avoir corrigé ce mémoire. Je vous en suis très reconnaissant.

ü À la famille Mbengue de la Gueule Tapée, qui est ma famille d'accueil durant tous mes cycles secondaires et supérieurs.

ü Les familles SARR à Bassoul et à Niodior à qui j'adresse mes sincères remerciements, particulièrement au chef de village de Bassoul ; Monsieur Ousmane SARR et à Mamadou Diba SARR. Ces familles m'ont accueilli lors de la phase de collectes de données. Sans votre aide ce mémoire n'aurait pu être réalisé.

ü J'exprime toute ma reconnaissance et ma gratitude à l'ensemble du corps professoral et administratif de l'ENEA. C'est grâce à leur accueil, soutien et leur formation efficace que nous en somme arrivés à ce stade. Merci d'avoir fait de moi un ingénieur des travaux d'aménagement du terroir et de la gestion urbaine.

DEDICACES

Je dédie ce mémoire à :

ü Allah le Tout Puissant, Le Clément, Le Miséricordieux, son prophète Mouhamed, Paix et Salut sur Lui ;

ü Mon guide spirituel Cheikh Al Islam Elhadj Ibrahima Niass (RAA) dit Baye ;

ü Feu mon père Mamina Sarr que la mort nous a séparé ;

ü Ma très chère maman Rokhie SARR pour l'amour et le soutien qu'elle n'a cessé de manifester à mon égard ; pour toutes les prières qu'elle n'a cessé de formuler pour ma réussite. Qu'elle trouve ici l'expression de mon affection sans limites ;

ü Spécialement à ma femme, Ndeye Fatou Sarr, qui m'a soutenu pendant toutes ces années. Qu'elle trouve ici l'expression de l'amour que j'éprouve pour elle;

ü Mes amis et camarades de promotion, particulièrement à Abdoulaye Ndiaye et à mon voisin de chambre Ousmane Pouye.

Sommaire

Remerciements II

DEDICACES III

Sommaire IV

Listes des sigles et acronymes VII

Liste des tableaux IX

Liste des graphiques X

Liste des cartes XI

Liste des annexes XII

Résumé du mémoire XIII

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE 3

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE 4

CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE 8

CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 13

CHAPITRE 4 : CADRE OPERATOIRE 18

I. Questions de recherche 18

I.1. Question générale de recherche 18

I.2. Questions spécifiques de recherche 18

II. Objectifs de recherche 18

II.1. Objectif général 18

II.2. Objectifs spécifiques 18

III. Hypothèses de recherche 19

III.1. Hypothèse générale 19

III.2. Hypothèses spécifiques 19

IV. Variables et indicateurs de recherche 20

CHAPITRE 5 : METHODOLOGIE 22

I. Revue documentaire 22

II. Cadre de l'étude 22

III. Population à l'étude 22

IV. Echantillonnage 23

V. Techniques de collecte de données 24

VI. Instruments de collecte 24

VII. Traitement de données et analyse des résultats 25

VIII. Difficultés rencontrées 25

DEUXIEME PARTIE : CADRE DE L'ETUDE 26

CHAPITRE 6 : PRÉSENTATION DES ILES DU SALOUM 27

I. Localisation et situation géographique 27

II. Milieu physique 29

II.1. L'environnement naturel 29

III. Le milieu humain 32

III.1. Population 32

III.2. Répartition ethnique 33

III.3. La culture Niominka 33

III.4. Les migrations 34

IV. Activités socio-économiques 35

IV.1. La Pêche et l'économie maritime 35

IV.2. L'agriculture et l'élevage 37

IV.3. Les autres activités économiques 38

CHAPITRE 7 : LES VILLAGES ETUDIES 39

I. Le village de Bassoul 39

II. Le village de Niodior 39

III. La migration dans les villages d'étude 40

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 42

CHAPITRE 8 : ANALYSE DE L'ÉTAT DES FORÊTS DE MANGROVE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES 43

I. Les écosystèmes de mangroves 43

I.1. Importance et fonction de la mangrove 43

I.2. État de la mangrove dans les villages d'étude 45

II. La gestion de la mangrove 50

II.1. Les structures administratives 50

II.2. Les ONG 51

III. Relation entre les migrants et les écosystèmes de mangroves 51

III.1. Effet de la dégradation de la mangrove sur les activités 52

IV. Conclusion partielle 56

CHAPITRE 9 : ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE MIGRATOIRE DANS LES ILES DU SALOUM 57

I. Les causes de la migration 58

II. Profil des migrants 58

II.1. Le sexe 58

II.2. Tranche d'âge 60

II.3. Situation matrimoniale 61

II.4. Niveau d'instruction 63

III. LES FORMES DE MIGRATION ET LA PROPENSION A LA MIGRATION............................................................................................ 64

III.1. Les formes de migration 64

III.2. Conclusion partielle 71

IV. La propension à la migration 71

CHAPITRE 10 : PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS ET PLAN D'ACTION . 76

I. Recommandations 76

I.1. Gestion rationnelle de la mangrove 76

I.2. Encadrement des exploitants des ressources associées aux écosystèmes de mangroves 77

I.3. Sensibilisation sur les problèmes d'émigration 77

II. Plan d'action 78

CONCLUSION GENERALE 79

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 81

ANNEXES 84

Listes des sigles et acronymes

ANSD

Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

AIDELF

Association Internationale des Démographes de Langue Française

ATEGU

Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion Urbaine

CR

Communauté Rurale

CRDI

Centre de Recherches pour le Développement International

CRODT

Centre de Recherches Océanographiques Dakar-Thiaroye

DEEC

Direction de l'Environnement et des Établissements Classés

DOPM

Direction Océanographique des Pêches Maritimes

ENEA

École Nationale d'Économie Appliquée

FAO

Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FELOGIE

Fédération Locale des GIE

FEM

Fonds pour l'Environnement Mondial

FASTEF

Faculté des Sciences et Technologies de l'Éducation et de la Formation

GIE

Groupement d'Intérêt Economique

GIRMAC

Programme de Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières

INED

Institut National d'Études Démographiques

IRD

Institut de Recherche pour le Développement

NOAA

Agence Américaine Responsable de l'Étude de l'Océan et de l'Atmosphère

OIM

Organisation Internationale pour les Migrations

OMD

Objectif du Millénaire pour le Développement

ONG

Organisation Non Gouvernementale

PAGEMAS

Projet d'Appui au Renforcement de la Gestion Durable de la Mangrove du Delta du Saloum

PLD

Plan Local de Développement

PNDS

Parc National du Delta du Saloum

PNUE

Programme des Nations Unies pour l'Environnement

PRCM

Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine

RBDS

Réserve de Biosphère du Delta du Saloum

SPSS

Statistical Package for Social Science

UCAD

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

UNESCO

Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture

USAID

Agence des États-Unis pour le Développement International

WAAME

West African Association for Marine Environment

Liste des tableaux

Tableau 4.1 : Hypothèses, variables et indicateurs de recherche 20

Tableau 5.1 : Répartition des échantillons par village 24

Tableau 7.1 : Taux moyen de migration dans les villages de Bassoul et de Niodior 40

Tableau 8.1 : Importance et diversité des espèces capturées au niveau des estuaires et de la mer 44

Tableau 9.1 : Répartition des migrants par sexe 59

Tableau 9.2 : Répartition des migrants par tranche d'âge 60

Tableau 9.3 : Répartition des migrants selon la situation matrimoniale 61

Tableau 9.4 : Répartition des migrants par activité 62

Tableau 9.5 : Distribution des migrants par zone d'accueil 68

Tableau 9.6 : Durée de migration optée par les potentiels de migrants 74

Tableau 10.1 : Plan d'action des recommandations 78

Liste des graphiques

Graphique 6.1 : Evolution de la pluviométrie de 1998 à 2007 31

Graphique 8.1 : Perception de la population des villages d'étude sur l'état de la mangrove 46

Graphique 8.2 : Perception des populations sur l'état global de la mangrove 47

Graphique 8.3 : Niveau d'association à la mangrove des ressources exploitées par les migrants avant leur départ 52

Graphique 8.4 : Type d'activité avant départ des migrants de Bassoul et Niodior 54

Graphique 8.5 : Activités des migrants avant départ 55

Graphique 9.1 : La migration des ménages 57

Graphique 9.2 : Niveau d'instruction des migrants 63

Graphique 9.3 : Répartition des migrants par forme de migration 67

Graphique 9.4 : Désir de migration 72

Graphique 9.5 : Durée probable de migration 73

Liste des cartes

Carte 6.1 : Carte de localisation des îles du Saloum 28

Carte 8.1 : Evolution des mangroves du Delta du Saloum de 1992 à 1999 49

Carte 9.1 : Répartition des migrants interne des villages de Bassoul et de Niodior...66

Carte 9.2 : Flux migratoire des îles du Saloum..................................................70

Liste des annexes

Annexe 1 : Etendue, distribution et état des mangroves du Sénégal 85

Annexe 2 : Occupation du sol dans la RBDS en 1997 86

Annexe 3 : Carte pédologique des îles du Saloum 87

Annexe 4 : Questionnaire destiné aux chefs de ménage 88

Annexe 5 : Questionnaire destiné aux personnes exploitants de 91

ressources associées à la mangrove 91

Annexe 6 : Guide d'entretien pour les personnes ressources 93

Annexe 7 : Guide d'entretien structure 94

Annexe 8 : Guide d'entretien Chef CADL 95

Résumé du mémoire

Le Sénégal qui est un pays côtier, avec 700 km de littoral, était un pays d'immigration. Aujourd'hui, la migration est devenue importante dans le pays, notamment vers les États de la sous région et de l'Europe. Cela est dû principalement aux conditions de vie qui sont devenues difficiles. Le pays connait aussi des mouvements internes, des zones plus pauvres vers les zones qui ont plus de ressources ou de revenus. Ainsi, la migration sénégalaise est caractérisée par la migration saisonnière ou temporaire, par la migration permanente, voire définitive, selon les zones d'accueil. Ce phénomène est observable ces dernières années dans beaucoup de localités du pays, en l'occurrence dans les îles du Saloum. Dans un contexte de dépérissement des écosystèmes de mangrove de son terroir, l'émigration est devenue courante dans ces îles. Cependant, les déterminants à la migration restent divers et variés.

La mangrove qui constitue une des ressources principales dans les côtes, notamment dans les zones estuariennes prend du recul en même temps que les biens et services qui y sont associés. Les populations côtières sont cependant vulnérables à la dégradation des écosystèmes de mangroves, ce qui est du coup un facteur déterminant la mobilité. La vulnérabilité de ces populations découle du fait que l'exploitation des ressources associées aux forêts de mangroves n'est plus productive, ce qui peut pousser certains à la découverte d'autres espaces plus propices à leurs activités.

Beaucoup d'études sur la migration sont faites, mais celles qui prennent les questions environnementales sont insuffisantes dans les recherches. En outre, ces études ne montrent pas le rôle que peut jouer la dégradation des ressources naturelles dans la mobilité des personnes. C'est le cas dans les îles du Saloum, qui est aujourd'hui un espace de départ important.

C'est ce qui nous a amenés de tenter de faire une telle étude dans les îles du Saloum, en particulier sur le rôle de la détérioration de la mangrove aux mouvements migratoires. Après un éclaircissement conceptuel, nous nous sommes fixé un objectif à savoir d'étudier la relation entre le départ à la migration et la destruction de la mangrove.

Ainsi, nous avons opté la méthode qualitative, combinée à quelques études quantitatives. Pour atteindre notre objectif ; des enquêtes ont été menées au sein des ménages et avec des individus dans deux villages cibles qui sont Bassoul et Niodior.

L'analyse et le traitement des données issus de cette enquête à permis de confirmer l'hypothèse générale. Mais il existe des limites aux hypothèses spécifiques.

En effet, la particularité des îles du Saloum fait que les habitants de la zone sont spécialisés dans les activités halieutiques.

Les îles du Saloum dans leur ensemble sont constituées des îles du Gandoul1(*), situées dans la partie Nord du Delta du Saloum. Elles sont dans un estuaire à mangrove qui est dans une situation de dégradation avancée, avec 21 villages qui sont séparés par des bras de mer ou chenaux bordés de mangroves. Elles sont essentiellement habitées par un peuple, appelé Niominka2(*), qui vit principalement de la pêche et de la transformation des produits halieutiques.

La forte relation entre ces activités et la mangrove a montré que la détérioration de cette végétation a des effets sur les ressources halieutiques. Par conséquent, la vulnérabilité de cette population insulaire par rapport à cette situation, devient la cause du développement des stratégies de survie, dont la migration.

Ainsi, la migration devient un phénomène important dans les îles du Gandoul. Ces mouvements prennent ainsi des formes saisonnières, permanentes et même définitives suivant le sexe, l'âge, le niveau d'instruction et l'activité du migrant avant son départ.

Par ailleurs, la migration est plus une migration de travail, notamment des exploitants de ressources associées aux écosystèmes de mangroves.

Pour apporter des solutions à cette situation, il faut une analyse systémique, du moment où la migration est analysée de plusieurs manières selon les spécialités. C'est pourquoi il faut partir de la restauration et de la protection des forêts de mangrove, à l'encadrement des exploitants de ressources halieutiques, mais aussi à la promotion et à la valorisation des produits halieutiques.

Ces actions pourront non seulement améliorer les conditions de vie locale, mais aussi favoriser la fixation des fils du terroir.

Cependant, les limites de ces axes sont que la migration dépend de beaucoup de facteurs, notamment des facteurs sociaux, économiques et politiques. Donc, il est nécessaire de poursuivre les études dans le terroir, à l'échelle globale et d'analyser l'effet de la migration sur les ressources de mangrove.

INTRODUCTION GENERALE

La migration est un phénomène qui a pris de l'ampleur au Sénégal ces dernières années. C'est par cet effet que le pays a toujours été un pays à la fois de départ et de destination. En effet, avant les indépendances, le pays était majoritairement dominé par les flux migratoires venant de la sous région (Cap-Vert, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Mali et Mauritanie). Le courant migratoire s'est inversé par la suite en raison des conditions de vie au Sénégal qui deviennent de plus en plus difficiles et de la réussite des premiers émigrants sénégalais. Non seulement la migration s'effectue vers les pays en Afrique ayant davantage d'opportunités, tel que le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Gambie, etc., ainsi qu'en Occident (Europe et Amérique), mais aussi les mouvements internes sont très importants dans les déplacements des Sénégalais. Le Sénégal est dès lors devenu un pays d'émigration. En effet, le solde migratoire sur les flux entre 1988 et 1993 est négatif avec 57 000 individus (OIM, 2009). L'importance de la migration sénégalaise s'explique par plusieurs facteurs dont le déséquilibre entre les zones. Les conditions de vie sont devenues précaires dans certaines zones, notamment en milieu rural. Toutefois, différentes formes de migrations sont pratiquées par les migrants sénégalais ; les uns migrent de façon régulière pour rejoindre leur famille, d'autres pour des études et pour des travaux saisonniers ou temporaires. Tous ces mouvements sont à l'origine de plusieurs situations, notamment la paupérisation du milieu de départ. Ce fait est lié au chômage, à la raréfaction des ressources dans les milieux de départ. Au Sénégal, la dégradation de l'environnement a accentué la pauvreté, mais aussi inversement. Par cet effet, la migration peut devenir une solution spontanée aux problèmes économiques inhérents à la dégradation de l'environnement.

N'étant pas épargnées par cette situation, les îles du Saloum constituées par un peuple très mobile connaissent aujourd'hui une dégradation non négligeable de son écosystème de mangroves. Cette mangrove constituait un facteur d'attraction et de fixation des populations environnantes et surtout de la population locale. Par conséquent, cette dernière étant vulnérable au risque de dégradation de la mangrove développe des solutions alternatives comme la migration. Bien que la migration soit une partie de la culture du Niominka, ce phénomène est devenu de plus en plus accentué et la distance devient de plus en plus longue. Ce phénomène nouveau de la migration des Niominka est ainsi observable aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Du coup la migration est devenue une stratégie d'adaptation à la dégradation de l'environnement naturelle des insulaires, en vue d'améliorer les conditions de vie qui sont devenues plus précaires.

Ainsi, plusieurs études ont été menées autour des déterminants de la migration. Mais l'OIM a montré dans son bulletin d'information qu'aujourd'hui peu d'attention a été accordée, notamment dans les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, aux relations complexes entre migration et environnement, ainsi dans les études et enquêtes nationales au Sénégal, il est peu fait cas de ce que les relations entre migration et environnement constituent une interface importante à étudier, comprendre et intégrer dans les objectifs stratégiques de développement (OIM, 2009). Il faut aussi aborder la relation population-environnement à partir des dégradations et des nuisances observées à différentes échelles spatiales (Domenach, 2008).

C'est ce qui a suscité en nous un ensemble de préoccupations relatives à la dynamique migratoire d'une communauté dont la survie dépend en grande partie des ressources de mangrove, en l'occurrence les îles du Saloum. C'est pourquoi nous avons axé notre objet de recherche sur l'étude des effets de la dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire des habitants des îles du Saloum.

La présente étude est ainsi détaillée dans ce document en trois grandes parties :

v Dans une première partie après l'introduction, nous avons présenté le cadre de référence. Elle est composée en cinq (5) chapitres, à savoir ; la problématique, la revue de la littérature, le cadre conceptuel et théorique, le cadre opératoire et de la méthodologie.

v La deuxième partie concerne le cadre de l'étude. Cette partie présente les îles du Saloum de façon globale et les villages qui ont été étudiés.

v Quant à la troisième et dernière partie, elle comprend l'analyse et l'interprétation des résultats de notre enquête. Cette partie traite d'abord de l'analyse de l'état des forêts de mangrove et de l'analyse de l'état des ressources halieutiques dans les îles du Saloum. Ensuite, il s'agit d'étudier la dynamique migratoire des populations de la zone. Et en fin, pour terminer la partie, nous proposerons des recommandations et un plan d'action.

v Ainsi pour terminer le document, nous avons procédé à la conclusion.

PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE

Les milieux littoraux constituent des lieux qui ont des potentialités naturelles et économiques significatives. Mais aussi, ils fournissent des biens et services qui font que 55 % de la population mondiale habitent en zone côtière, avec soixante (60) millions de personnes vivant entre le Sénégal et le Nigeria (NOAA, 2002). Aujourd'hui, ces biens et services littoraux sont en train de décroitre dans les côtes. Selon le PNUE (2006) l'amplification de la croissance des populations côtières et les pressions provenant des activités humaines terrestres provoquent la perte des ressources vivantes et la destruction des habitats côtiers. Ce qui a des répercussions sur les opportunités de survie et accentue la pauvreté. Mais les causes de cette dégradation sont de plusieurs ordres : d'abord ce sont les phénomènes naturels (changement climatiques, érosion et déficit pluviométrique), ensuite ce sont la pollution, le développement du tourisme, la pauvreté et les pressions du développement économique à des échelles tant locales que mondiales.

L'écosystème de mangrove est l'un des plus productifs au niveau des écosystèmes littoraux. Dans de nombreux pays en développement, les communautés côtières dépendent des forêts de mangrove qui leur fournissent des possibilités économiques. Ces ressources sont vitales pour la subsistance quotidienne et constituent des moyens de subsistance pour environ cinq millions de personnes3(*). La mangrove est utilisée par les populations riveraines pour de très nombreux usages. Il s'agit surtout des activités de récolte de coquillages (arches et huitres) qui sont en générales effectuées par les femmes (CORMIER-SALEM, 1994), l'utilisation du bois de mangrove comme source d'énergie. Ainsi, les mouvements vers les côtes sont dus à l'attraction des services et biens offerts par les écosystèmes côtiers de façon générale et de ceux des mangroves en particulier.

Mais aujourd'hui la tendance est inverse dans certaines zones côtières, notamment dans les zones estuariennes ; du fait du recul que cet écosystème est en train de prendre. En effet, la superficie mondiale des mangroves est passée de 18,8 millions d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005, soit une perte de 3,6 millions d'hectares (FAO, 2005). Selon la FAO, les causes principales de la destruction de la mangrove sont la pression démographique élevée, la conversion à grande échelle des zones de mangrove pour la pisciculture, l'élevage des crevettes, l'agriculture, les infrastructures et le tourisme, aussi bien que la pollution et les phénomènes naturelles. Par cet effet, on assiste à des pertes de biodiversité et de moyen d'existence, en plus de l'intrusion du sel dans les zones côtières expliqué par le déséquilibre entre les deux dynamiques fluviales et marines.

Le continent africain, n'étant pas épargné par la situation, est concerné de manière significative par la dégradation des forêts de mangrove. Le continent a subi une perte de 510 000 hectares depuis 1980 (FAO, 2005). Ainsi, les services et les biens offerts par les écosystèmes de mangrove du continent se détériorent concomitamment avec la dégradation de ces forêts côtières. Cette situation a ainsi un effet sur les populations vivantes des ressources de mangroves. D'abord, la pression sur ces ressources augmente, ensuite la propension à migrer des populations côtières croit.

Le Sénégal a une frange maritime de 700 km de long, avec un écosystème de mangrove qui était très riche et développé. Cet écosystème est rencontré dans le pays dans la zone de Saint Louis, de la Petite côte, de la Casamance et du Delta du Saloum. Les mangroves jouent un rôle crucial dans l'écosystème productif qui est le soutien des activités de subsistance de ces populations côtières du pays. Ainsi, elles restent très exposées devant la détérioration des écosystèmes de mangrove.

Ce changement a de lourdes conséquences sur les peuples autochtones. La protection et la gestion de la faune, des pêcheries et des écosystèmes des petites îles connaissent des contraintes significatives, ainsi que l'utilisation traditionnelle et coutumière des ressources naturelles qui sont importantes pour leur vie économique. La réduction remarquable de la superficie de mangrove du pays, passée de 440 000 ha en 1983 à 185 000 ha en 1997 (PAGEMAS, 2006), a crée de nombreuses perturbations dans la vie des populations riveraines. Le taux de croissance ; négatif de 23,8 % entre 1980 et 2006 ( cf. Annexe 1 : Étendue, distribution et état des mangroves du Sénégal, page 85), atteste l'accélération du recul des forêts de mangrove aux Sénégal.

Par cet effet certaines activités peuvent prendre du recul, en particulier l'exploitation des ressources associées à la mangrove (pêche, transformation des produits halieutiques et exploitation du bois de mangrove) dans les zones côtières. Ce ci nous montre que la faiblesse des ressources halieutiques aux niveau des eaux sénégalaises ne dépend pas seulement de l'exploitation de ces ressources par les bateaux occidentaux, même s'ils joue un rôle non négligeable dans l'épuisement des ressources halieutiques. Aussi, la dégradation des forêts de mangrove joue un rôle prépondérant dans cette situation.

Du coup la dégradation des forêts de mangrove devient concomitante avec la raréfaction des ressources, ainsi que la baisse de la productivité des activités de ces communautés. Ce sont en particulier des activités qui sont associées aux écosystèmes de mangroves.

Ici le facteur le plus important est la dégradation des écosystèmes de mangroves compte tenu de la nature de l'exploitation et des activités génératrices de revenus liées à cette forme d'exploitation, car ces écosystèmes jadis productifs ne produisent plus de revenus satisfaisants. Ainsi la rareté et la faiblesse qui est concommitantes des revenus justifie les fortes déplacements de population Cela est confirmé par la réduction du parc piroguier de 48 %, car il est passé de 10 707 pirogues en 1997 à 5 615 en 20054(*).

Quoique les facteurs environnementaux puissent expliquer le phénomène migratoire, ils peuvent aussi être expliqués par des paramètres sociologiques, politiques et géographiques.

Le Delta du Saloum où l'on rencontre l'une des forêts de mangrove les plus importantes du pays était une zone très poissonneuse à cause de son potentiel en zone de frayère. L'écosystème de mangrove occupe environ 80 000 hectares dans les estuaires du Saloum (DEEC). Ces avantages constituent une source de revenus aussi bien des populations locales et environnantes, dont celles venant des zones frontalières. En effet, les facteurs écologiques et économiques semblent être interconnectés (Ouédraogo, 2007).

L'importance économique et écologique de cette zone, en l'occurrence le Delta du Saloum a incité l'État sénégalais et la communauté internationale à prendre des mesures pour la protection de ce site. Ainsi, en 1976, il a été érigé le Parc National du Delta du Saloum (PNDS), par décret NO 76 577, sur une superficie de 76 000 ha couvrant le milieu amphibie et le plateau continental. Ensuite en 1981, le parc a été inscrit au patrimoine mondial de la Biosphère (Réserve de Biosphère du Delta du Saloum(RBDS) par l'UNESCO. C'est pour quoi, la loi portant code forestier a affecté la gestion aux services des eaux et forêts ; conformément aux dispositions de la loi No 98-03 du 8 janvier 1998 portant code forestier5(*). Puis en 1984, le Delta a été reconnu comme une Zone Humide d'importance internationale servant d'accueil aux espèces paléarctiques (oiseaux migrateurs) et fut classé parmi les sites conformément à la convention de Ramsar. Enfin en 2006, le conseil Régional de Fatick a inscrit le Delta au Club des plus belles Baies du monde. Ce ci permettra au pays de s'insérer dans le septième objectif des OMD (2008), notamment d'assurer un environnement durable.

Aujourd'hui cet écosystème qui est en train de se dégrader , a inciter les populations des îles du Saloum qui sont principalement des Niominka à développer leurs stratégies pour contourner ces problèmes causés par la dégradation de leur environnement. Du coup, la diminution de la richesse de ces ressources et la baisse d'alternatives économiques peuvent-être un facteur incitatif à l'exode ou bien comme candidat à l'émigration. En effet, les populations des îles du Saloum sont uniquement spécialisées dans les activités halieutiques, notamment la pêche chez les hommes et la transformation des produits halieutiques chez les femmes. L'exploitation des produits aquatiques est attestée par les amas coquilliers (CORMIER-SALEM, 1994). De ce point de vue, on peut se demander quel est le profil des migrants concernés.

Ainsi pour effectuer cette étude, notre recherche tourne autour de la question générale de recherche suivante : la dégradation des écosystèmes de mangroves a-t-elle des effets sur la dynamique migratoire des populations du Delta du Saloum ?

Ainsi pour mener une recherche autour de cette problématique, nous chercherons à savoir en quoi la dégradation de la mangrove est un facteur déterminant dans le comportement de migration des Niominka. La dégradation des écosystèmes de mangrove peut-elle avoir des effets sur la vie économique des insulaires ? Quelles sont les formes de migration qui sont entreprises par ces populations insulaires pour faire face à cette situation ? Les activités des migrants sont-elles associées à l'écosystème de mangrove ?

CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE

L'étude de la relation entre population et environnement est complexe et multiple. C'est un domaine de recherche qui a été peu fréquenté par les démographes [BARTIAUX (2004), VAN YPERSELE (2004)]. Cependant, les études qui sont faites en la matière se font surtout sous formes d'études de cas. C'est ainsi que Véronique PETIT a fait des recherches 1997, en combinant des données quantitatives et qualitatives, sur les logiques migratoires des Dogons de Sangha au Mali et sur les conséquences pour les populations sédentaires. Il a trouver que les réponses démographiques données à la dégradation de l'environnement peuvent aussi être la migration.

Aujourd'hui, de nombreuses études sont faites sur le phénomène migratoire, notamment dans les pays d'Afrique. Toutefois, la plupart de ces études sont plus orientées vers les zones de destination que celles de départ. Ainsi, plusieurs raisons, qui sont habituellement d'ordre familial, économique et scolaire, poussent les gens à migrer (Gilles P et al., 1997). Mais il faut reconnaitre que les déterminants environnementaux ne sont pas très pris en compte dans ces études. Le problème des déplacements provoqués par la détérioration de l'environnement est d'actualité. D'ailleurs, certains organismes s'y penchent. Selon l'OIM (2007) ces personnes ou groupes de personnes qui, pour des raisons impérieuses liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur foyer habituel ou leur quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l'intérieur de leur pays ou en sortent, sont appelés des migrants environnementaux. On a ainsi le concept de « réfugié de l'environnement » qui illustre bien l'idée très répandue que la migration est influencée par les conditions environnementales.

En outre, la migration est analysée comme un phénomène démographique et socialement sélectif. En fondant leur recherche sur le profil des migrants, M. GUILLON (2004) et N SZTOKMAN (2004) ont montré que le plus souvent ce sont les adultes jeunes, ayant une certaine formation et un minimum de disponibilités, qui sont touchés. Ces mêmes auteurs ont donné une part importante de l'orientation des flux migratoires par les inégalités économiques entre les espaces. Par la suite, ils ont insisté sur les facteurs explicatifs des flux migratoires, ce sont notamment les facteurs économiques qui ont longtemps été les seuls motifs avancés. Ce raisonnement est affirmé par la théorie néoclassique de la migration. Elle postule que les pays où le rapport travail/capital est élevé tendent à l'équilibre vers un bas niveau de salaire alors que les pays où ce rapport est réduit tendent vers des salaires élevés (CASELLI et al, 2003). La différence de salaire qui en résulte incite les travailleurs des pays à faible salaire à migrer vers les pays à hauts salaires.

C'est pourquoi certains auteurs ont privilégié les facteurs attractifs et d'autres des facteurs répulsifs. Cela nous amène à penser au modèle `push' et `pull ', selon lequel des forces influent sur le migrant potentiel (Michell, 1955).

On peut ainsi dire que les forces répulsives sont les conditions du milieu de vie, la pression démographique sur les ressources naturelles, les facteurs économiques et les facteurs socio-économiques. Ici, les travailleurs qui sont les pêcheurs et les transformateurs de produits halieutiques se déplacent donc vers les espaces où le salaire ou le revenu est élevé. Donc, force est de remarquer que le rôle des facteurs environnementaux, notamment les ressources naturelles, est déterminant dans la propension à la migration. Dans notre étude on peut dire que les facteurs répulsifs sont ici les facteurs économiques et environnementaux. Par ailleurs, les facteurs de la migration sont nombreux, la migration tire souvent son origine d'un environnement de vie où les ressources économiques sont rares et contraignent un certain nombre de personnes à se tourner vers d'autres terres voisines ou lointaines où les conditions de survie sont meilleures (PISON et al., 2003).

D'autres auteurs ont raisonné dans le même sens, en disant que d'autres causes peuvent entrainer le déplacement forcé de millions de personnes. Ceci soit à cause de catastrophes (conflits armés, accidents industriels, pollutions chimiques...), soit qu'il s'agisse d'infrastructures (barrages, exploitations minières...), soit du processus de dégradation des écosystèmes terrestres, fluviaux et marins (concentrations foncières, épuisement des sols, salinisation...) (H. DOMENACH, 2008). Nous concluons là que la dégradation et la pression sur l'environnement, en l'occurrence sur les ressources naturelles, peuvent inciter à la migration. C'est pourquoi, il faut remarquer le paradoxe selon lequel les Niominka ont tendance à aller chercher le poisson ailleurs au moment où leur région accueille des pêcheurs des autres contrées (Cormier-Salem, 1994).

Quant aux économistes, ils ont toujours insisté sur la disparité des revenus urbains et ruraux comme facteur principal expliquant les déplacements des hommes d'une région à une autre. Selon Todaro (1969) la décision de migrer dépend d'une part de l'écart de revenus entre ville et campagne, et d'autre part de la probabilité de trouver de l'emploi en ville.

Selon les considérations de l'OIM, le Sénégal est devenu un pays d'émigration à cause d'une part des conditions de vie de plus en plus difficiles et d'autre part de la réussite des premiers émigrants sénégalais dans des pays africains qui offrent plus d'opportunités, ainsi qu'en Europe et en Amérique (OIM, 2009). Ainsi les principales destinations sont la Gambie (20%), la France (18%), l'Italie (10%), la Mauritanie (8%), l'Allemagne (5%) et le Ghana (5%) (OIM, 2009). C'est ce qui explique que ces dernières années, les 38% des émigrés clandestins vers l'Espagne appartenaient à des villages de pêcheurs6(*).

Le groupe de travail sur la migration du CRDI a fait la distinction entre les facteurs structurels socio-économiques généraux et les mécanismes particuliers (écarts sur le plan des salaires et du chômage, etc.) d'intervention des facteurs structurels.

Seydi Ababacar Dieng (2008) a ainsi définit trois types de motivations à l'émigration des sénégalais. Ce sont principalement : l'aventure, la satisfaction des besoins vitaux et la recherche de l'autonomie financière suffisante pour être à même de pouvoir réaliser des projets.

Dans la revue trisannuelle du collectif international d'appui à la pêche artisanale « SAMUDRA », les nombreux déplacements de pêcheurs notés dans le pays, sont liés à la recherche du poisson surtout pendant l'hivernage qui est une période où certaines espèces se font rares dans certaines zones. Elle ajoute que ces déplacements se font entre les régions des Guet Ndariens à Kayar et des Kayarois à Soumbédioune et aussi entre les régions Kayarois à Mbour. BOUJU S et al. sont parfaitement de cet avis, en soutenant que ces mobilités se manifestent par des migrations qui peuvent être proches ou lointaines, saisonnières ou durables, régulières ou non.

Momar Coumba (2008) analyse la situation sous un autre angle, en disant que : « dans le Delta du Saloum, les migrations touchent davantage les populations Niominka qui ont privilégié une « multi localisation » de leurs activités, laquelle s'explique par différents facteurs historiques : facteurs écologiques (problèmes d'approvisionnement en eau) et facteurs économiques (insertion précoce dans une économie maritime et pénétration des circuits de distribution des ressources halieutiques) ». L'auteur poursuit qu'au de-là des migrations internes (entre les îles du Nord et du Sud), les îles du Saloum sont caractérisées par des déplacements saisonniers en Gambie, en Casamance et en Guinée Bissau et un établissement en ville, notamment vers l'agglomération dakaroise et, dans une moindre mesure, vers Kaolack, Banjul et Ziguinchor.

C. CHABOUD et al (1989) défendent une part des propos de Momar COUMBA (2008) dans leur article publié en 1989. Ils prétendent que l'émigration dans les îles du Saloum semblait liée pour une bonne part au manque d'eau douce.

CORMIER-SALEM (1999) adhère ces auteurs à travers ses études sur la société Niominka. Pour lui la mobilité de ce peuple est une réponse mécanique aux manques d'opportunités économique dans leur terroir. Le même auteur écrit en 1994 dans son autre ouvrage que si l'abondance de la ressource est un facteur évident, les opportunités de commercialisation liées à la pêche sont déterminants dans les stratégies de migration.

L'AIDELF appuie les idées de CORMIER-SALEM, puis qu'elle a lié la migration des sérères Niominka vers la Gambie et la Guinée-Bissau, à la recherche de zones plus poissonneuses. Selon lui ce peuple pratiquait des navétanes (migrations saisonnières), qui ce sont transformés avec le temps en migration beaucoup plus longue. Ces propos sont confirmés dans le rapport publié par la DEEC sur l'état de l'environnement marin et côtier du pays. Selon la direction, les Niominka sont classés dans les grandes communautés de pêcheurs comme les Lébou et les Guet Ndariens. Ils sont ainsi caractérisés par de fortes dynamiques migratoires liées à la recherche de poissons. Les types de migrations qui sont donc notés sont des migrations en Afrique (Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau, République de Guinée et Sierra Léone) et des migrations internes.

La question est spécifiquement soulevée par les recherches menées par Fall Marie (2009). Elle s'est intéressée aussi aux stratégies d'adaptation des femmes Socé et Niominka, face à la dégradation de l'environnement. Elle a montré que la réaction féminine face à la crise environnementale a pris, chez les femmes Niominka, la forme de l'intensification de la migration féminine qui était saisonnière au début et devient de plus en plus longue aujourd'hui. Ces propos montrent l'importance des activités menées par les femmes Niominka. En effet ces dernières sont actives dans la transformation et la cueillette des fruits de mers. Or ce sont les forêts de mangrove qui font la richesse de ces activités.

Conclusion tirée de l'analyse documentaire

Bien que beaucoup de déterminants de la migration soient étudiés, les déterminants environnementaux basés sur l'état des ressources naturelles ne sont pas bien cernés. En particulier, le rôle joué par la dégradation des ressources environnementales n'est pas ainsi mis en étude comme le montre la documentation que nous avons pu consulter tout au long de ce processus de recherche. En outre beaucoup d'études se sont en particulier accentuées sur l'environnement, mais celle en relation avec la migration en tant que conséquence n'est très étudié.

Ainsi la dynamique migratoire d'une population dont les activités sont fortement liées aux ressources environnementales, notamment les forêts de mangrove, n'a pas fait l'objet de recherche assez suffisante. Cela constitue une limite de l'étude sur la migration au Sénégal. Dans les îles du Saloum, les études se sont beaucoup accentuées sur la dynamique migratoire des pêcheurs. Cependant les recherches sur les mouvements migratoires de l'autre partie de la population ; notamment celles qui exercent des activités associées à la mangrove, s'avèrent peu suffisantes.

C'est pourquoi la littérature sur les effets de l'environnement peut être divisée en deux parties : le point de vue minimaliste pour lequel le changement de l'environnement naturel est juste une variable contextuelle qui peut influencer les mouvements de population, et le point de vue maximaliste selon lequel la dégradation environnementale cause de larges flux migratoire (Ouédraogo, 2007). La présente étude se trouve dans l'approche minimaliste.

Pour ainsi faciliter la compréhension du présent document, il est important de définir les concepts clés à travers le cadre conceptuel et théorique

CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Pour lever toute ambiguïté ; il s'agit ici de définir les concepts et mots clés qui sont utilisés de façon fréquente dans le présent document. Ceci est nécessaire pour faciliter la bonne compréhension du présent document.

Contribution : mot dérivant du verbe contribuer, c'est l'action de participer à une oeuvre, à une dépense commune ; ce que chacun apporte, donne. Nous entendons dans le présent document comme contribution ; l'apport de la dégradation de la mangrove dans le processus de migration des populations des îles du Saloum, étant donné qu'ils existent d'autres déterminants de la migration qui ne font pas l'objet de notre étude. Il s'agit ainsi de montrer en quoi la dégradation des forêts de mangrove peut participer à la propension à la migration.

Dégradation : la dégradation est définie comme un infléchissement du potentiel des ressources, du fait d'un ou d'une série de phénomène(s) agissant sur la terre, à savoir : l'érosion hydrique et éolienne et l'envasement provoqué par l'eau et le vent, la régression à long terme de la végétation naturelle ou l'approvisionnement de sa biodiversité, le cas échéant et la salinisation et l'alcanisation (PNUE, 1991).

Ce terme est défini dans le dictionnaire simplifié de la géographie comme la transformation ou l'évolution négative (érosion, destruction, décomposition, etc.) d'une plante ou d'un sol. Il désigne aussi un processus naturel ou provoqué, destructeur de l'équilibre d'un sol entre profil, végétation et milieu7(*). C'est le remplacement d'une formation végétale par une autre, généralement moins diversifié (par exemple d'une forêt par une garrigue ou par une prairie, à la suite d'une exploitation intensive ou d'incendies répétés)8(*) ; la dégradation peut être aussi vue comme une destruction irrémédiable ou comme une étape de décomposition d'un système précédent une réorganisation suivant de nouveaux critères et donc un élément structurant. Cette situation est à l'origine de plusieurs causes. Selon Picouet (19), il existe une relation quasi-mécanique entre la dégradation de l'environnement et la croissance démographique. Une forte croissance démographique induit une forte pression sur les ressources naturelles. C'est ce qui entraine ainsi la paupérisation du milieu. Par conséquent les mécanismes régulateurs sont entre autre des famines, les épidémies, les conflits ou les migrations à la conquête d'autres espaces.

Mangroves : Les mangroves sont des formations marécageuses à palétuviers, s'établissant en pays tropicaux dans les zones de balancement des marées, telles les baies et les embouchures des grands fleuves (Afrique occidentale et équatoriale, Inde, Indonésie, Malaysia et Amérique centrale)9(*). Le nom de mangrove paraît dérivé de « mangle », appellation malaise d'un Rhizophora (R. mangle, ou manglier)10(*). Les mangroves sont ainsi des formations végétales caractéristiques des littoraux abrités tropicaux et subtropicaux dont les palétuviers sont les espèces dominantes. Les mangroves ont besoin des eaux de la terre (les sédiments riches en minéraux charriés par les fleuves enrichissent le marécage) et des marées pour se nourrir (les marées nourrissent la forêt). Les mangroves, qui sont les écosystèmes terrestres les plus productifs, sont aussi une ressource naturelle renouvelable11(*).

Le sol y est d'ordinaire très meuble, vasard et asphyxique ; aussi les arbres développent d'une part des racines échasses, qui les empêchent de basculer, d'autre part des racines spéciales, dites pneumatophores, sortant verticalement de la vase et destinées à aérer l'appareil souterrain.

Les formations de mangroves, avec la faune et la flore commensale, constituent un des milieux naturels les plus curieux du monde. C'est ainsi qu'on trouve dans les mangroves des poissons, les périophthalmes, capables de respirer hors de l'eau et de grimper aux arbres grâce à leurs nageoires pectorales lorsque la marée monte. Les mangroves sont également l'habitat de très nombreuses variétés de crabes.

Il s'agit cependant d'un milieu très fragile, qui a besoin de conditions particulières pour subsister. Les activités humaines peuvent le mettre très rapidement en danger, notamment lorsque les eaux du fleuve qui alimente la mangrove sont détournées ou barrées à des fins agricoles ou industrielles et s'il y aune péjoration climatique qui provoque la rupture de l'équilibre.

Ainsi nous considérons ici ces milieux occupés par la mangrove comme étant des écosystèmes de mangroves ou des forêts de mangroves ou bien des formations de mangroves.

Dynamique migratoire : C'est l'ensemble des forces qui concourent à un processus de migration ou qui accélèrent une évolution de la migration.

Emigration : C'est le déplacement temporaire ou permanent d'un individu ou d'un groupe d'individus vers un autre pays. Comme l'autre forme de migration, l'immigration, l'émigration est généralement provoquée par le besoin ou le désir d'aller vers des conditions économiques ou sociales plus favorables.

Les guerres, la famine, l'intolérance raciale ou religieuse et les persécutions politiques sont les principales causes de l'émigration et de l'apparition de réfugiés12(*).

Un émigrant est ainsi défini comme étant une personne qui quitte son pays pour aller vivre temporairement ou définitivement dans un autre pays.

Cependant, plusieurs forces entre les espaces, sont à l'origine des déplacements d'un individu ou d'un groupe d'individus. Plusieurs théories ont tenté d'expliquer ces forces. On peut citer les théories de Steward et de Reilly, ainsi celle des lieux centraux et des places centrales.

Selon la théorie de Steward cité par Mboup (2006) ou théorie du potentiel de gravitation ou potentiel démographique, chaque point est soumis à l'attraction de toutes les masses de populations réparties sur l'ensemble du territoire à l'intérieur duquel elles sont situées.

En revanche, la théorie de Reilly appelé « la loi de gravitation du commerce de détail », attribue aux établissements humains une force d'attraction commerciale en rapport avec leur taille.

Quant à la théorie de Christaller cité par Mboup (2006) ou « théorie des lieux centraux et places centrales », elle tente d'expliquer l'organisation spatiale des villes et de leurs hinterland, en fonction de leur localisation relative, de leur taille et du nombre de villes ou de lieux, chacune ou chacun étant fournisseur de biens et services pour les zones environnantes.

Migrant : Par définition un migrant est une personne mobile. Cependant, la mobilité est variable. Il y'a des migrants qui bougent beaucoup moins géographiquement mais aussi professionnellement, alors que d'autres ont un nombre impressionnant d'étapes « au compteur de leur carrière » de migrants. En dehors des changements de résidence, les migrants sont aussi, très mobiles en ce qui concerne les déplacements de courte durée, de visite ou d'approvisionnement commerciaux.

Pour les besoins de leur étude, PISON Gilles et al. (1997) ont définit les migrants comme des gens qui se déplacent à l'intérieur des frontières du pays en traversant les limites des régions. On retiendra donc dans la présente étude comme migrant, une personne qui quitte son territoire pour se rendre dans un territoire étranger.

Migration : La migration est vue comme un changement de résidence. Ainsi c'est « un ensemble de déplacements ayant pour effet de transférer la résidence des intéressés d'un certain lieu d'origine, ou lieu de départ, à un certain lieu de destination, ou lieu d'arrivée (Ouédraogo, 2007).

Selon l'Encyclopédie Hachette Multimédia 2006, la migration est un déplacement d'une collectivité ou d'un groupe qui quitte un pays pour s'installer dans un autre, définitivement ou temporairement.

Dans le Petit Larousse Multimédia 2010, la migration est définit comme un déplacement de population d'un pays dans un autre, pour s'y établir.

Selon Seydi Ababacar D (2008), il y a migration internationale lorsqu'une personne ou un groupe de personnes quitte son pays d'origine pour s'établir de manière temporaire ou définitive dans un autre pays.

La migration peut se présenter sous diverses formes. La classification peut tenir compte de la durée (mouvements quotidiens ou hebdomadaires, migrations à caractère saisonnier ou temporaire, définitives ou de longue durée), de la distance parcourue (petite, moyenne ou grande distance, déplacement intra-urbains, intra-régionaux, interrégionaux et internationaux), du degré de liberté des personnes qui se déplacent (migrations libres, sélectives, planifiées ou forcées) ou encore des causes essentielles provoquant le changement de lieu d'habitation (mouvements liés au travail, à la retraite, aux loisirs, etc.) (Encarta, 2009).

On a ainsi la migration saisonnière qui correspond à des séjours de moins d'un an. Par contre la migration temporaire renvoie à tous les autres types d'accord entrainant des séjours de plus d'un an. Les migrations saisonnières et temporaires peuvent se réitérer si un même individu franchit les frontières plus d'une fois. Ces migrations répétitives, qu'elles soient saisonnières ou temporaires, sont qualifiées de circulaires (OCDE, 2007).

Pêche : Selon la loi 98-32 du 14 Avril 1998 portant code de la pêche maritime, la pêche est l'acte de capturer ou de chercher à capturer, d'extraire ou de tuer par quelque moyen que ce soit des espèces biologiques dont le milieu de vie normal ou dominante est l'eau. La pêche comprend toutes les activités ayant pour finalité directe la capture, telles que la recherche de poisson et l'utilisation d'instruments destinés à attirer les animaux marins quelque soit l'espèce à laquelle ils appartiennent.

Ainsi les définitions sont longues, mais non exhaustives. On peut cependant se référer à ces éclaircissements de concepts pour passer au cadre opératoire.

CHAPITRE 4 : CADRE OPERATOIRE

Cette partie est constituée des questions de recherche, des objectifs et des hypothèses de recherche.

I. Questions de recherche

I.1. Question générale de recherche

La dégradation des écosystèmes de mangroves a-t-elle des effets sur la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum ?

I.2. Questions spécifiques de recherche

· Question spécifique 1

L'état des forêts de mangrove détermine-t-il l'état des ressources halieutique ?

· Question spécifique 2

La dégradation des ressources halieutiques a-t-elle une influence sur l'émigration ?

· Question spécifique 3

Quelles sont les formes de migration des populations des îles du Saloum expliquées par la dégradation des écosystèmes de mangrove?

II. Objectifs de recherche

II.1. Objectif général

Etudier les effets de la dégradation des écosystèmes de mangroves sur la dynamique migratoire des populations du Delta du Saloum.

II.2. Objectifs spécifiques

· Objectif spécifique 1

Analyser la relation entre l'état des forêts de mangrove et l'état des ressources halieutiques.

· Objectif spécifique 2

Etudier l'influence de la dégradation des forêts de mangrove sur l'émigration.

· Objectifs spécifique 3

Expliquer les formes de migration entrainées par la dégradation des forêts de mangrove.

III. Hypothèses de recherche

III.1. Hypothèse générale

La dégradation des forêts de mangrove a des effets déterminants sur la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum

III.2. Hypothèses spécifiques

· Hypothèse spécifique 1

L'état des ressources halieutiques dans les îles du Saloum dépend fortement des écosystèmes de mangroves.

· Hypothèse spécifique 2

La dégradation des ressources halieutiques entraine une migration significatives des populations des îles du Saloum.

· Hypothèse spécifique 3

Les formes de migration expliquées par la dégradation des forêts de mangrove sont beaucoup plus internes qu'externe.

IV. Variables et indicateurs de recherche

Ce sont les éléments qui nous ont permis de procéder à la vérification des hypothèses précédemment formulées. Nous avons ainsi décliné les hypothèses en Variables, et ces dernières en indicateurs.

Tableau 4.1 : Hypothèses, variables et indicateurs de recherche

Hypothèses

Variables

Indicateurs

L'état des ressources halieutiques dans les îles du Saloum dépend fortement des écosystèmes de mangroves.

Etat de la mangrove

-Superficie de la forêt de mangrove/année (les 10 dernières années)

-Taille moyenne de la mangrove (10 dernières années)

-Evolution du nombre d'espèces de mangrove (les 10 dernières années)

L'état des ressources halieutique

-Activités anciennes associées à la mangrove

-Activités actuelles associées à la mangrove

Nombre de pêcheurs/ménage

Nombre de transformateurs de produits halieutiques/ménage

Nombre d'espèces de poissons dans la zone

La dégradation des forêts de mangrove entraine une migration significative des populations des îles du Saloum.

Le profil des migrants

Répartition par sexe des émigrants concernés

- Nombre d'hommes/ ménage

- Nombre de femmes/ménage

- Taux de migration/sexe des ménages

Répartition par âge des émigrants

-tranche d'âge des migrant/ménage

-taux de migration/tranche d'âge des ménages

Activité des émigrants avant départ

- Nombre de pêcheurs

- Nombre de transformateurs de produits halieutiques

- Autres

Etat matrimonial des émigrants

- Nombre de mariés

- Nombre de célibataires

- Nombre de veufs

- Nombre de divorcés

Répartition des migrants par activité avant départ

- Nombre potentiel à la migration

- Nombre de pécheurs potentiel à l'émigrant

- Nombre de transformateurs de produits halieutiques

Répartition des émigrants par activité à l'arrivé

- Nombre de pécheurs migrants

- Nombre de transformateurs de produits halieutiques migrants

Les formes de migration expliquées par la dégradation des forêts de mangrove sont beaucoup plus internes qu'externe.

Les formes de migration

Distribution des émigrants par zones

- Nombre d'émigré à l'exode rural

- Nombre d'émigré vers terroirs voisins

- Nombre d'émigrés à l'étranger

- Nombre de migrants saisonnier/ménage

- zones d'accueil

Durée et période des migrants

- période du départ

- Durée de la migration

- période du retour (pour les migrants de retour)

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

CHAPITRE 5 : METHODOLOGIE

C'est l'ensemble des démarches que nous allons suivre pour apporter des éléments de réponse à notre question générale de recherche. L'option méthodologique qui sera suivi dans ces démarches sera beaucoup plus qualitative que quantitative.

I. Revue documentaire

Dans un premier temps nous nous somme lancés dans la recherche documentaire, ce qui nous a permis d'appréhender de façon générale les travaux qui ont été déjà faits sur la question et d'avoir des données primaires. Elle nous aussi a permis de cerné le problème de façon globale.

Ainsi pour se faire, nous avons exploré des centres de documentation, tel que celui de l'ENEA, de l'UCAD, de l'ANSD, de la FASTEF et de l'OIM. Sur le terrain, la visite du centre de ressource de Niodior, nous a été aussi un grand apport dans ce processus de recherche.

Nous avons également fait l'exploitation des documents électronique à travers la recherche sur internet. C'est cette phase qui nous a permis de faire la revue de la littérature et d'élaborer le cadre opératoire, notamment de formuler les hypothèses de recherche.

II. Cadre de l'étude

Dans la présente étude, nous nous intéressons à la place de la dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire des habitants des îles du Saloum. Ainsi pour mener ces recherches nous avons choisi les villages de Bassoul et Niodior.

III. Population à l'étude

La population concernée par la présente étude sera constituée d'une part par l'ensemble des ménages des deux villages cibles. Ainsi les informations sur les émigrés de chaque ménage de notre échantillon, seront données par les chefs des ménages dont ils sont issus. Les ménages qui constituent notre échantillon, sont des ménages qui ont au moins un émigré. Et d'autre part, par les personnes exploitants des ressources associées aux forêts de mangrove. Par ailleurs un échantillon sera choisi parmi ces personnes. A cet égard se sont les pêcheurs, les exploitants de bois de mangrove, les transformateurs de produits halieutiques (les huitres, les arches, murex, cymbium et fumage de poisson). Ainsi, elles nous renseigneront aussi bien sur l'état des forêts de mangrove que sur leur propension à migrer.

IV. Echantillonnage

Etant donné que l'étude est plus qualitative que quantitative, nous avons choisi de définir la taille l'échantillon en fonction de l'unité d'enquête.

D'abord, la technique qui sera adopté pour l'unité d'enquête « ménage », sera l'échantillon aléatoire, c'est-à-dire qu'il sera issu d'une population totale de ménages de 333 et de 404 respectivement dans les villages de Bassoul et de Niodior. Les questionnaires seront ainsi administrés au chef de ménage tirés au hasard.

Ensuite, pour l'unité d'enquête « exploitant de ressources associées à la mangrove », on a adopté la technique d'échantillonnage par boule de neige, ce qui nous permettra après identification, de questionner les autres personnes. Nous avons choisi, cette technique d'échantillonnage car on n'a pas à priori, des informations sur cette population.

Ainsi nous avons sur le tableau ci-dessous la répartition de notre échantillon par village.

Tableau 5.1 : Répartition des échantillons par village

Village

Bassoul

Niodior

Total

Unité d'enquête

Nombre

Pourcentage

Nombre

Pourcentage

Ménage

30

42,85%

40

58,15%

70

Exploitant de ressources associées à la mangrove

40

40%

60

60%

100

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

V. Techniques de collecte de données

Les différentes techniques qui sont utilisées dans ce processus de recherche sont :

v L'observation : elle sera basée sur les différents éléments de notre centre d'intérêt. Cette phase nous a permis ainsi de faire l'état des lieux, notamment sur l'état des ressources de mangrove.

v Les enquêtes par questionnaire : elles seront administrées aux chefs de ménages et aux personnes qui font des travaux d'exploitation associés aux écosystèmes de mangroves.

v L'entretien : il sera fait avec les autorités locales(notables, chef de village) qui constituent des personnes ressources, les techniciens et avec les responsables des institutions et structures locales. Ces personnes ressources nous donneront des informations complémentaires, notamment sur l'état des ressources de mangroves et sur leur rôle dans la dynamique migratoire des habitants de la zone.

VI. Instruments de collecte

Les instruments que nous avons utilisés dans le cadre de cette étude sont des questionnaires, des guides d'entretien et une grille d'observation.

Les questionnaires nous ont permis ainsi de collecter des informations individuelles, en l'occurrence celles des ménages, des individus qui exercent des activités intrinsèquement liées à la mangrove.

VII. Traitement de données et analyse des résultats

Pour se faire nous avons utilisé les logiciels Sphinx pour concevoir les questionnaires, SPSS et Microsoft Excel pour le traitement et le tracé de graphes. En outre, le logiciel Arview 3.3 nous a permis d'élaborer des cartes, notamment la carte de distribution des migrants des îles du Saloum.

Ainsi les données quantitatives ont fait l'objet d'une analyse statistique et les données qualitatives une analyse de contenu.

VIII. Difficultés rencontrées

Comme tout processus de recherche, notre étude a été jalonnée d'obstacles qui ne manqueront d'avoir des incidences sur la qualité des résultats.

La première contrainte était l'accès difficile des villages d'étude. En effet ces villages sont des îles entourées par des chéneaux ou bolong13(*), dont l'accès n'est possible qu'avec les pirogues. Par ailleurs les deux villages d'étude sont éloignés et il n'y a pas de voyage direct entre les deux.

La deuxième difficulté est de rencontrer les chefs de ménages qui sont pour la plus part des pêcheurs. Ces derniers sont de façon générale en mer pendant la journée et ils ne sont de retour que la nuit. Le même problème s'est manifesté pour interroger les pêcheurs de ces localités. Ce qui fait que la durée de l'enquête a été plus longue que prévue.

L'étude aurait été plus intéressante si l'ensemble des villages situés dans les îles du Saloum étaient soumis à l'étude. Cela permettrait d'avoir une étude beaucoup plus exhaustive et globale. Mais, avec les moyens et le temps limités dont nous disposions et le temps, nous ne pouvions pas réaliser cette étude de la sorte.

DEUXIEME PARTIE : CADRE DE L'ETUDE

CHAPITRE 6 : PRÉSENTATION DES ILES DU SALOUM

I. Localisation et situation géographique

Situées entre 13o35' et 14o00' de latitude Nord et 16o00' et 17o00' de longitude Ouest, les îles du Saloum dans leur espace physique, couvrant près de 950 km², sont seulement constituées par l'Arrondissement de Niodior, dans le Département de Foundiougne, Région de Fatick. Elles sont constituées par les îles du Gandoul au Nord du Delta du Saloum. Ce dernier est divisé par les trois principaux cours d'eau que sont le Saloum, le Diombos et le Bandiala. La pointe de Sangomar est leur terminus au Sud parce que c'est lieu où le fleuve Sine Saloum se jette dans l'océan Atlantique. D'où la désignation d'estuaire du Saloum.

Les îles du Saloum sont situées dans une zone entièrement plat qui se situe à moins de cinq (5) mètres en altitude (par rapport du niveau de la mer) et se développe aux bords des plans d'eau dont la superficie des bassins est de 90 000 ha. Dans le Delta, les îles du Saloum sont comprises entre les bras de mer du Diombos et du Saloum délimitant l'espace géographique des îles Niominka appelées historiquement Gandoul. Ces dernières sont ainsi localisées dans la zone tampon de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS). La multitude de « bolongs » ou chenaux de navigation permet de déterminer un nombre incroyable d'îles Niominka qui est composé de 19 villages et beaucoup d'autres qui sont inhabités (dont certaines servent de rizières). Ils sont pour l'essentiel blottis dans un environnement à « forte présence de mangrove riveraine de multiples vasières et bolongs ». On signale la présence de nombreux falung de coquillages ou d'amas coquilliers comme celui de Falia, de Diogane, de Dionewar (dans la partie Niominka) et de Diorom bou ndaw et Diorom bou mag dans la partie îles Socé, ou à Faboura près de Joal. Les îles du Saloum couvrant l'Arrondissement de Niodior (948 km) sont réparties en trois (03) communautés rurales qui sont administrativement déterminées par les communautés rurales de Bassoul (305 km²), de Dionewar (313 km) et de Djirnda (321km).

Carte 6.1 : Carte de localisation des îles du Saloum

II. Milieu physique

II.1. L'environnement naturel

Les îles du Saloum sont situées dans une zone de transition entre le domaine soudano-guinéen au Sud et le domaine soudano-sahélien au Nord. En outre, elles sont localisées dans le Delta du Saloum avec un écosystème singulier conféré par la mangrove.

Les îles présentent une végétation et une flore relativement diversifiées, en relation avec la géomorphologie et la pédologie de la zone. On distingue essentiellement deux grands types de formations végétales, dont celles qui occupent les parties submersibles et leurs bordures et celles qui occupent les zones insubmersibles. En effet, la mangrove constitue la principale formation végétale des zones submersibles et leurs bordures. Les essences principales de mangroves sont représentées par sept (7) espèces : Acrostichum aureum, Avicennia germinans, Conocarpus erectus, Laguncularia racemosa, Rhizophora harrisonii, Rhizophora mangle et Rhizophora racemosa. Ces espèces appartiennent à trois (3) familles : les Rhizophoracées, les Verbénacées et les Combrétacées. Par contre, l'intérieur des terres est marqué par une végétation de type soudanien Eleis guineensis (palmiers à huile), Cocos nicifera (cocotier).

La mangrove est une des caractéristiques des îles. Elle fournit du bois de chauffe et de service, et constitue un habitat privilégié pour de nombreuses espèces halieutiques (huitres, crustacées, arches, etc.), une certaine faune et avifaune. Elle offre des opportunités sur le plan socio-économique pour la diversification des revenus (écotourisme, production de miel de mangrove, etc.).

· Les caractéristiques du milieu

Les îles du Saloum sont situées dans la partie Nord du RBDS, c'est ce qui fait sa particularité dans le pays. En effet, la RBDS vaste de 234 000 hectares, est une zone humide estuarienne, marine et côtière. Elle est composée de vasières, des bancs de sable, des terres salées intertidales, des mangroves, des îlots sableux, des herbiers marins. La mangrove représente 40 % de la superficie totale de la RBDS, alors que l'eau libre occupe 30 % autres. D'ailleurs la RBDS présente une diversité d'espèces dans la partie continentale et insulaire. La flore ligneuse est composée d'au moins 188 espèces (9 % des espèces végétales ligneuses et herbacées du Sénégal) regroupées en 50 familles (30 % des familles des plantes supérieures du Sénégal). Les savanes boisées et arbustives représentent moins de 10 % de la superficie de la RBDS (28 000 hectares). Toutefois, il existe un important parc arboré de 45 000 hectares (13 %, principalement dans les îles).

II.1.1. Le climat

Il est de type soudano-sahélien et se caractérise par des régimes thermiques et hydriques de type tropical subissant la double influence du déficit de la pluviométrie et des effets adoucissants de l'alizé maritime en particulier dans les marges maritimes des estuaires.

Le climat se caractérise par l'existence de deux saisons :

· Une longue saison sèche qui s'étale sur huit à neuf mois durant laquelle la combinaison régulière de l'harmattan et de l'alizé maritime favorise la dominance d'un climat relativement frais avec une température moyenne de 27oC. les extrêmes sont de 17oC en janvier et 37oC en juin.

· Une courte saison des pluies consécutive à l'arrivée de la mousson, qui est un vent chaud et humide soufflant de mi-juin à mi-octobre et qui apporte ainsi de la pluie. Les plus grandes quantités de pluies sont notées en mois d'août. Ces pluies sont aussi variables d'années en année et évoluent en dents de scie (cf. Graphique 6.2 : évolution de la pluviométrie de 1998 à 2007).

Les principaux vents sont constitués par :

· L'alizé maritime ;

· L'harmattan, un vent chaud et sec soufflant de janvier à mai, constitue un agent érosif très actif, notamment pour les formations de mangroves ;

· La mousson, qui souffle généralement en juin et octobre. Son intérêt particulier est qu'elle apporte les précipitations.

Graphique 6.1 : Évolution de la pluviométrie de 1998 à 2007

Source : CADL, Arrondissement Niodior

La hauteur pluviométrique moyenne entre les années 1999 à 2008 est de 685,61 mm, en 42 jours. La pluviométrie annuelle est fluctuante et a une influence notable sur la teneur en sel du bras de mer « le Saloum », donc sur le peuplement de la mangrove. En effet, l'une des causes principales de la dégradation des forêts de mangrove est la succession des sécheresses des années 1970, mais aussi à la tendance à la baisse de la pluviométrie.

Au cours de ces 10 années, la plus faible hauteur d'eau est obtenue en 1998 avec 435,5 mm en 35 jours de pluie et la plus grande en 2000 avec 1011,6 mm pour 54 jours de pluie soit donc plus du double que celle de 1998. Ainsi, la moyenne décennale est inférieure à celle de 1981/90 qui était de 741 mm.

II.1.2. Les sols

Dans les îles du Saloum, les sols sont variés et sont exposés au phénomène de salinisation et d'érosion. On distingue trois (3) principaux types de sols dans la zone (cf annexe 3 : Carte pédologique des îles du Saloum, page 87) :

· Les tannes : ce sont des sols halomorphes acidifies à sulfates sur sables. Ces sols sont dominants dans le terroir. Ils sont impropres à l'agriculture, à cause du fort taux de salinisation. En effet, en période de haute marée, ces sols sont occupés par les eaux qui, au retrait, laissent des fines couches de sel non exploitable. C'est ce qui explique la faiblesse de l'activité agricole dans la zone. Toutefois, ces sols abritent des « puits de sel » aménagés par les populations, et destinés à la vente et à la consommation.

· Les vasières : on les retrouve le long des bolongs. Ils ne permettent aussi aucune activité agricole. Ces sols sont favorables aux formations des mangroves. C'est ce qui est à l'origine de la richesse de la zone en forêts de palétuviers.

· Les sols rocheux : ils sont formés par les amas artificiels de coquillages. Ces types de sols ont exploité à travers la fabrication de chaux vives et la vente de coquillages.

III. Le milieu humain

III.1. Population

Les îles du Saloum comptent 21 villages officiels pour une population totale de 25 288 habitants en 2009. Elles couvrent dans l'ensemble trois communautés rurales.

La population est répartie par CR comme suite :

·CR de Bassoul (6 villages : Bassoul, Bassar, Diogane,Ndioure, Siwo, Thialane) 8290hbts ;

·CR de Dionewar (3 villages : Dionewar, Falia, Niodior) 9339 hbts ;

·CR de Djirnda (12 villages : Baout, Diamniadio, Djirnda, Fambine, Fayako, Félir, Moundé, Ngadior, Rofangué, Vélingara) 7659 hbts.

Les îles du Saloum se trouvent dans le Delta du Saloum, qui est subdivisé en deux ensembles distincts, tant du point de vue ethnique que socio-économique. Au Nord du Diombos, les îles Niominka formant la région historique du Gandoul, sont peuplées par des paysans pêcheurs regroupés dans 21 villages d'inégales importances situées au Nord du Delta du Saloum. La population des îles du Saloum est caractérisée par sa spécialisation dans les activités halieutiques.

Ainsi, la faible démographie et l'intensification des activités primaires montrent le caractère rural de la zone.

III.2. Répartition ethnique

Les îles du Saloum sont peuplées à 100 % de Sérères « Niominka », terme dont l'origine étymologique donne lieu à plusieurs interprétations, mais qui désigne aujourd'hui des populations dont l'activité principale est la pêche. Toutefois, on note quelques cas de métissages présents dans les îles. L'origine des Sérères Niominka se trouve dans des migrations de populations venues du Sud, de la zone Casamançaise, Guinée Bissau et Guinée Conakry. Des migrants d'origine noble, voire royale (Guelwar), y ont fui la répression succédant à la chute de leur royaume. Arrivés dans l'actuel Sine (au nord du fleuve Saloum) et dans le Saloum, ils se sont mélangés à des groupes déjà sur place provenant du nord, probablement des Toucouleurs ayant fui l'islamisation dans la région du fleuve Sénégal.

III.3. La culture Niominka

Issus d'une partie de la dynastie Guelwar, les Niominka sont l'ethnie sérère installée dans les îles du Saloum et sur la petite côte. Leur organisation traditionnelle de type mandingue, ces populations qui viennent des pays du Sud sus nommés, et qui ont une forte liberté de pensée et d'expression. Ce qui explique que le Niominka soit une société aristocratique, égalitaire et sans caste, ni classe. La seule différence considérée par le Niominka est la richesse, une position sociale en fonction des revenus de l'individu ou du groupe. Un esprit d'indépendance parfois très prononcé est remarqué chez eux, et par conséquent explique leur caractère migratoire. Le métissage des Niominka fait d'eux une synthèse du paysan, du pasteur et du pêcheur : il s'adonne ainsi à des activités de pêche, de culture (riz, mil, arachide), et d'élevage (boeufs, petits ruminants). Mais aujourd'hui on les caractérise par leurs activités principales qui est la pêche.

III.4. Les migrations

La migration est caractérisée par les mouvements saisonniers des pêcheurs et les vagues d'exode saisonnier chez les jeunes vers les centres urbains tels que Dakar, Kaolack, Casamance et Banjul. La migration saisonnière des pêcheurs concernent les déplacements de certains pêcheurs vers d'autres zones de pêches aussi bien à l'intérieur du pays que dans la sous région ; notamment en Gambie, en Guinée Bissau et en Mauritanie. Quant à l'exode des jeunes, les déplacements sont dus à des raisons économiques ou d'études dans les grands centres urbains. Ce phénomène est plus accentué au niveau des filles car prés de 80% d'entre elles demeurent dans les villes et ne reviennent que lors des cérémonies et fêtes au sein des villages.

Ce mouvement des jeunes affecte plus ceux qui ont connu une déperdition scolaire et qui tentent par ailleurs d'améliorer leur condition de vie faute d'équipement et de moyens financiers de production des ressources locales.

Par ailleurs d'autres mouvements s'effectuent à l'intérieur du terroir. Il s'agit d'abord des pêcheurs venant des horizons de Mbour, Joal, Kayar et qui s'adonnent à la production des ethmaloses, crevettes ou autres espèces halieutiques. Ces immigrants qui viennent s'ajouter aux autochtones augmente ainsi la pression sur les ressources locales. Ensuite, des ghanéens et des guinéens s'installent dans les différentes localités et notamment dans les villages de Rofangué, Baout, Vélingara et Diamniadio. Ils s'occupent de la transaction commerciale avec les populations sur les produits transformés, en particulier le fumage de poisson destiné à l'exportation.

A travers ces activités de fumages de poissons, le besoin de consommation en bois de chauffe augmente de plus en plus dans ces localités.

En fin, le phénomène de l'émigration clandestine vers l'Europe et surtout vers l'Espagne, du fait de la raréfaction de plus en plus des ressources halieutiques au niveau local, et des problèmes d'accès aux intrants de pêche, sont venus s'ajouter aux mouvements migratoires, déjà évoqués plus haut. Aujourd'hui le maintient des fils des îles du Saloum dans leur terroir devient de plus en plus difficile. En effet, selon notre échantillon, 18,1% des émigrés des villages de Bassoul et de Niodior sont répartis entre la France et l'Espagne, avec respectivement 10,9% de ceux de Bassoul et de 27,5% de ceux de Niodior14(*).

IV. Activités socio-économiques

IV.1. La Pêche et l'économie maritime

IV.1.1. La pêche

La pêche est naturellement la principale activité économique des insulaires du Gandoul. Elle est essentiellement artisanale et se pratique au niveau des bolongs du delta, qui est le domaine des pêcheurs Niominka qui y prélèvent divers espèces de poissons. En effet, la pêche se pratique à l'aide de pirogues en bois de fabrication locale, de forme très caractéristique.

Aujourd'hui, à cause de la raréfaction du poisson, la motorisation, bien que demeure faible, permet aux pêcheurs d'aller plus loin. En effet, les pirogues munis des moteurs hors-bords de 15 à 40 chevaux, peuvent embarquer des équipages de 5 à 25 personnes selon le type de pêche pratiquée (au filet trainé, au filet ramené sur le rivage, à la ligne) et de faire 3 à 15 jours en mer. Ainsi, les prises sont débarquées dans les villes reliées au réseau routier, principalement à Djifer ou Joal mais aussi à Sokone et Ndangane.

Toutefois, la pêche artisanale a paradoxalement pris du recul dans les îles depuis plus d'une décennie. Les raisons sont assez diverses, mais la plus évidente reste celle liée à l'exode des jeunes vers Dakar, attirés par les opportunités qu'offrent la pêche industrielle. En effet la plupart des jeunes des îles se trouvent dans la capitale comme marins pêcheurs dans les armements nationaux ou étrangers. Cette mutation des jeunes pêcheurs a fortement contribué au relèvement du niveau de vie dans les îles du Saloum. L'autre raison est liée à la raréfaction de la ressource à cause d'une part, des forts prélèvements avec le développement de la pêche artisanale au niveau national et du pillage des espèces côtières par les bateaux de pêche industrielle qui s'approchent du rivage la nuit, et d'autres part à la destruction des zones de reproductions et d'habitat des poissons.

En effet, le diagnostic du secteur dans les différents PLD (2002) des communautés rurales qui constituent la zones ont montré que la réduction de la faune maritime est principalement due à :

· A la dégradation de la mangrove, qui constitue un lieu de reproduction ;

· La mauvaise cueillette des huitres, par la destruction des supports ( habitats).

· L'ensablement des bolong et des côtes ;

· La difficulté de transformation des produits halieutiques.

IV.1.2. La transformation des produits halieutiques (huitre, arche, cymbium, murex, fumage de poisson)

La transformation des produits halieutiques est essentiellement une activité féminine. Elle se fait à travers des sortie en pirogue à rame pour la récolte des mollusques surtout les « pagnes » sur les vasières (des îlots de sable un peu boueux) qui apparaissent à marée basse dans les bolongs. Il y'a également la collecte à la même période, des huitres fixées sur les racines de palétuviers en bord de mangrove. La récolte des « yet » ou des « touffa » se fait aussi, mais de façon rare. Les pirogues utilisées sont de petite taille et sont souvent monoxyles (creusées dans un seul tronc d'arbre).

Après transformation, le produit final est commercialisé dans les marchés hebdomadaires (loumas) importants ou est utilisé parfois dans l'alimentation familiale.

Le kilogramme d'huitres séchées est vendu à 3000 F CFA celui du pagne entre 1000 et 2000 F CFA.

Aujourd'hui, malgré la baisse de la productivité de cette activité, les hommes commence à faire la transformation des produits halieutiques. Ainsi la pression sur ces ressources a fait qu'il faut de nos jours l'équivalent de deux jours de collecte pour obtenir un kilogramme de mollusques séchés.

Par ailleurs il faut noter l'investissement des guinéens dans le fumage d'ethmaloses. Ces bailleurs construisent des fours de fumage et recrutent les femmes des villages qui assurent la transformation de l'ethmalose capturé par les pêcheurs locaux.

IV.2. L'agriculture et l'élevage

Jusqu'à la fin des années 70, la culture du riz était la culture dominante dans les îles. Elle était organisée autour des concessions qui possédaient en commun des rizières mais chaque famille disposait de ses outils. Elle mobilisait toute la population (hommes et femmes adultes et jeunes) et rythmait les migrations saisonnières au niveau des villages. Elle était pratiquée au niveau des villages, mais aussi des superficies emblavées étaient localisées dans des îles de campagnes. On peut citer des îles comme Jimsaan, Fakawoul, Jisanoor, Gouk. Les récoltes permettaient de satisfaire la consommation en riz des villageois pendant une longue période de l'année.

Avec la pratique du riz sur billons, la culture participait à la protection des sols contre l'avancée de la mer qui les transformait en « tannes ».

La culture de l'arachide était également pratiquée sur les îles par quelques producteurs, généralement assez âgés.

Il y avait une très faible production de mil bien que le régime alimentaire soit basé sur cette céréale.

Mais avec la baisse de la pluviométrie, la culture ne bouclait plus son cycle ou n'offrait plus des rendements intéressants et l'agriculture est devenue une activité marginale au niveau des îles du Saloum. Seuls quelques producteurs s'activent dans les cultures du mil et de l'oseille (bissap ; par les femmes), pratiquées sur de petits lopins souvent non fertilisés ; ce qui ne favorise pas de bons rendements. La production de mil est autoconsommée. Quant à la production de bissap, elle est écoulée sur les marchés hebdomadaires des villes de Foundiougne et Sokone et principalement en Gambie.

Les insulaires pratiquent aussi l'élevage des bovins, des ovins et des caprins. Il revêt un caractère familial. Les effectifs des bovins sont plus importants que ceux des petits ruminants. La conduite des troupeaux de bovins est confiée à des peuls, définitivement installés dans les villages. D'une manière générale, c'est un élevage de prestige.

L'élevage des espèces équines et asines n'est pas pratiquée dans les îles du Saloum. L'aviculture se pratique traditionnellement et les poulaillers appartiennent souvent aux veilles femmes.

L'apiculture est marginale ; mais elle est pratiquée dans certaines îles telles que Diogane et Siwo, dans la communauté rurale de Bassoul (avec le miel de palétuvier).

IV.3. Les autres activités économiques

IV.3.1. La récolte des fruits forestiers

C'est une activité qui concerne principalement le fruit du Detarium senegalensis récolté dans les parcs arborés de certains villages. Les villageois récoltent ces fruits et les commercialisent pour la plupart dans les villes les plus proches comme Djifer, Banjul et Sokone. Le prix augmente d'année en année : la bassine pesant en moyenne 22 kg et contenant prés de 500 fruits, est passée de 1500 F CFA en 2001 à 3 000 F CFA en 2009 au niveau village. Cette activité permet ainsi aux populations de gagner des revenus additionnels.

Par ailleurs, le bois de ces espèces fruitières, est utilisé en vue de la consommation énergétique et de commercialisation. Cela constitue ainsi des atouts pour la réduction de la consommation du bois de mangrove.

IV.3.2. Le tourisme

La situation géographique des îles du Gandoul, confère à cette partie du Sénégal une position privilégiée de zone touristique d'excellence. Depuis très longtemps, les européens séjournent dans certaines îles, notamment à Dionewar et à Niodior pour contempler les merveilleux sites naturels. Mais les retombées économiques ne sont pas à la hauteur des potentialités dans les îles.

Cependant ont rencontre quelques hôtels et campements touristiques au sein des certains villages. En effet, on à l'implantation de l'hôtel « Delta Niominka », qui est aujourd'hui, catégorisé trois étoiles avec quarante chambres d'une capacité de 90 lits.

Au plan social, l'hôtel génère des emplois permanents et saisonniers. Les personnes parmi les employés sont issues de la CR de Dionewar regroupant les villages de Dionewar, Falia et Niodior.

En outre, les hôtes et campements font appel à divers prestations de services au sein des villages.

- Les parties de pêche ou de ballade qui utilisent des pirogues et leurs équipages ;

- Des travaux manuels de tressage de paille, de maçonnerie, etc.

CHAPITRE 7 : LES VILLAGES ETUDIES

I. Le village de Bassoul

Fondé en 1068 par Ndiogou Sarr, le village de Bassoul est l'un des plus gros villages des îles du Saloum, avec Dionewar, Niodior qui donnent sur l'océan. En effet sa population est estimée à 4366 habitants (ANSD, 2010) répartie en 333 ménages. Il est situé au centre des îles du Saloum et il est entouré de formations de mangroves où le Rhizophora est dominant. Situé au Nord du Département de Foundiougne, Région de Fatick, dans l'Arrondissement de Niodior, le village de Bassoul se trouve dans la communauté rurale du même nom. Il joue un rôle stratégique au niveau communautaire, car il a une position centrale et abrite le chef lieu de la collectivité locale avec une forêt classée de 2400 ha entre le village et Bassar.

A l'instar des autres villages des îles du Saloum, les activités socio-économiques dans le village de Bassoul sont exclusivement la pêche qui est l'activité principale des hommes et la transformation des produits halieutiques qui est généralement l'activité des femmes. Cependant, certaines activités y sont pratiquées. Ce sont notamment le transport, l'agriculture et l'artisanat

II. Le village de Niodior

Le village de Niodior est situé dans la région de Fatick. Il est rattaché au Département de Foundiougne. Niodior est le chef lieu de l'Arrondissement du même nom et compte trois (3) communautés rurales, dont celle de Dionewar, de Djirnda et celle de Bassoul. L'île est habitée uniquement de sérères Niominka, de religion musulmane à 100%. Sa population, actuelle, est estimée à 5350 habitants, répartie en 404 ménages.

Il fait partie de l'archipel des îles du Saloum. C'est dans ce milieu amphibie qu'on retrouve le village de Niodior, l'un des plus importants de l'archipel du point de vue spatial et démographique. Il partage naturellement avec les autres îles un patrimoine historique et culturel très riche. Ce sont essentiellement ces aspects qui font de la zone une grande attraction touristique.

III. La migration dans les villages d'étude

La migration est un phénomène qui est important dans les îles du Saloum. Cependant, ce fait est très déterminant dans les villages de Bsaaoul et de Niodior. Le tableau 7.1 nous montre les proportions à différents niveau au sein des localités.

Tableau 7.1 : Taux moyen de migration dans les villages de Bassoul et de Niodior

Taux de migration moyen

Bassoul

Niodior

Taux de migration moyen/ménage (%)

40%

17,14%

Taux moyen d'émigration masculine/ménage (%)

51%

45,68%

Taux moyen d'émigration féminine/ménage (%)

27%

25,44%

Taux d'émigration pêcheurs (%)

67%

55,17%

Taux d'émigration cueilleuse femme transformatrice de fruits de mer (%)

71%

4,34%

Source : Enquête mémoire-M Sarr 2010

L'émigration semble plus importante dans le village de Bassoul, 27% des femmes sont mobiles. Elle est aussi importante chez les pêcheurs que chez les transformateurs de produits halieutiques.

A Bassoul, les femmes sont très mobiles, mais les déplacements ne se font pas sur de longue distance. Les zones d'accueil sont généralement les villages proches, qui constituent des villages de campagnes. Ces activités y sont menées pendant un certains nombres de jours ou de mois. Ensuite il est toujours prévu des périodes de retour au village.

La mobilité des femmes à Niodior est beaucoup plus orientée vers les centres urbains. Il n'y a plus de campagnes voisines du village, c'est ce qui fait que les femmes qui sortent du village vont de façon générale dans les villes. Mais elles sont essentiellement des jeunes filles. Dans ce village seule les 4,34% des transformateurs de produits halieutiques émigrent, le restent pratiquent leurs activités sur place. La migration des pêcheurs est très importante à Niodior avec un taux de 87%.

Alors qu'à Bassoul, les jeunes filles bougent, les dames aussi se déplacent très souvent vers les îles de campagne. Ainsi les activités de transformations des ressources halieutiques sont l'occupation de ces femmes dans ces îles.

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

CHAPITRE 8 : ANALYSE DE L'ÉTAT DES FORÊTS DE MANGROVE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

I. Les écosystèmes de mangroves

Les écosystèmes de mangroves qui sont des mileux amphibies ont des importances et des fonctions qui constituent des biens et services pour les populations côtières. Mais aujourd'hui ces écosystèmes sont dans un état qui met en péril ces ressources.

I.1. Importance et fonction de la mangrove

La Convention Ramsar reconnaît clairement l'importance et les fonctions des écosystèmes des mangroves (Ramsar, 2002), notamment :


· L'importance capitale de tous les biens et services écologiques fournis par

les écosystèmes de mangroves, mais aussi le rôle vital de ces écosystèmes qui est de servir de zones de frayères et de nurseries à beaucoup d'espèces d'importance économique, ainsi que l'importance sociale et écologique des mangroves pour, entre autres, la pêche, la diversité biologique, la protection des littoraux, les activités de loisirs, l'éducation et la qualité des eaux côtières et du plateau continental.


· la survie d'un grand nombre de communautés locales et de populations autochtones dépend de la productivité et de la santé des écosystèmes de mangroves ;


· dans les pays où on les trouve, les écosystèmes de mangroves sont importants pour la régulation des processus naturels et le maintien de la diversité biologique des zones côtières ; et de nombreuses espèces notamment de poissons, de mollusques, de crustacés, d'oiseaux d'eau migrateurs ou sédentaires et de mammifères aquatiques, ainsi que des espèces menacées dépendent des mangroves et des régions voisines d'un point de vue écologique.

Les écosystèmes des mangroves constituent des habitats terrestres et marins qui sont des milieux de reproduction, de conservation et de développement des ressources fauniques, halieutiques et aviaires tant locaux que migratoires. Ces écosystèmes ouverts sur la mer et tributaires des eaux fluviales représentent un maillon d'importance d'une chaîne complexe tant sur le plan national qu'international. De ce point de vue, l'état des écosystèmes de mangroves devient un élément déterminant dans la vie économique et sociale des populations des îles du Saloum. Dans l'ensemble, cet état connaît une évolution négative en Afrique de l'Ouest et particulièrement au Sénégal et dans le Delta du Saloum (cf. Tableau annexe 1 : Étendue, distribution et état des mangroves du Sénégal, page 85). Les îles du Saloum, constituant une partie intégrante du Delta du Saloum, ne sont pas épargné par cette situation.

Ainsi, l'importance des écosystèmes de mangrove est attestée par les potentialités halieutiques dans les estuaires mentionnés dans le tableau ci-après.

Tableau 8.1 : Importance et diversité des espèces capturées au niveau des estuaires et de la mer

Estuaires

Mer

Carpes rouges (yax)

Carpe noir (nawrex)

Mérou (thiof)

Carpe grise (was)

Capitaine (jum)

Mulet (gris)

Mollusques (touffa, yet, pagne, yokhoss)

Seiche (yeuredeu)

Soles (sapale)

Poisson-chat (kong)

Sardinelles (yaboy)

Ceinture (tallar)

Ethmalose (cobo)

Chinchard (diai)

Crevette (sipaax)

Doyene (tapandar)

Raie (rayartar)

Barracudas (seude)

Carangue (saaka)

Carpes rouges

Carpe noire

Mérou

Carangue

Carpe blanche (sompat)

Poule

Seiche

Langouste

Sardinelles

Poisson chat

requin

Source : PLD Communauté rurale de Dionewar, 2002

Le tableau nous montre que les estuaires ont des potentialités en espèces halieutiques. Ainsi dans cette partie, on y rencontrait 19 espèces. En revanche, dans la mer, il y a la présence de 11 espèces. Cela prouve la diversité des espèces halieutiques vivantes dans les estuaires. Dans les îles les espèces les plus pêchées sont tout d'abord les ethmaloses, mulets et sardinelles ensuite crevette, poulpe, poisson-chat. Il en résulte que la pêche artisanale dans les rivières du sud ; en particulier dans les îles du Saloum, exploite essentiellement les espèces aux affinités estuariennes (Cormier-Salim, 1994).

Ainsi, la pêche devient de plus en plus une activité saisonnière à cause de la rareté de certaines espèces estuariennes. Les déplacements de la population se font en fonction de la disponibilité des ressources dans un endroit ou dans un autre. Ainsi, en période hivernale, l'activité s'oriente beaucoup plus vers la recherche de crevettes, poisson-chat, sardinelles, seiches, carpe grise, mérou, carangue et poulpe. La collecte de ces produits s'effectue de manière traditionnelle avec la pêche à la ligne et la pêche par le filet.

En conclusion, la diversité et l'abondance des ressources halieutiques dans les îles du Saloum dépendent essentiellement de l'état des écosystèmes de mangroves. Par la suite, nous allons étudier dans la section ci-dessous, l'état de la mangrove dans les villages étudiés.

I.2. État de la mangrove dans les villages d'étude

La mangrove constitue un écosystème fragile et singulier et caractérise les îles du Saloum. Le caractère rural et la faiblesse des moyens de la zone favorisent de multiples agressions d'ordre anthropique qui viennent s'ajouter aux effets naturels. En effet, les populations utilisent le bois de palétuvier à des fins domestiques (fumage du poisson, clôture de jardins ou de vergers, bois de chauffe, etc.), et à des fins de construction (confection de chaux vive à partir de bois de mangrove).

Bien que ces prélèvements ne soient pas toujours perçus comme une menace sur la mangrove par les populations, le déboisement de ces forêts a des effets négatifs sur les autochtones. D'une part, la faiblesse de la productivité de la pêche s'accélère dans les bolongs. D'autre part, le rendement des activités de transformation de produits halieutiques devient de plus en plus faible. Par conséquent, les populations des îles du Saloum, spécialisées dans ces activités, développent des stratégies ; dont la recherche des activités alternatives et la migration vers d'autres zones comme réponse aux problèmes.

Les Niominka trouvent normale l'utilisation de la forêt des palétuviers pour certains services, dans la mesure où, selon eux la mangrove se régénère naturellement de manière satisfaisante. Mais, les perceptions sur l'état de la mangrove montrent leur préoccupation sur sa situation actuelle.

Par ailleurs, l'ensablement du rivage, conséquence de la rupture de la bande de terre menant à la pointe de Sangomar, et les années de sécheresse enregistrées dernièrement ont un impact plus important sur la disparition de la mangrove.

Graphique 8.1 : Perception de la population des villages d'étude sur l'état de la mangrove

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Dans les villages de Niodior et de Bassoul, la mangrove est très dégradée. Mais de façon globale, les forêts de mangrove sont plus dégradées dans le village de Bassoul qu'à Niodior. À Bassoul le recul des ressources de mangrove est beaucoup plus lié aux sécheresses et à la baisse de la pluviométrie de ces dernières années. En outre des coupes frauduleuses se font dans les bolongs par des personnes dont leurs origines restent inconnues. Cependant, des efforts sont en train d'être faits pour restaurer les zones dégradées à travers notamment le reboisement. Mais la principale difficulté dans ces actions est que les plants sont broutés par les bovins qui sont fréquemment en divagation. C'est ce qui fait que les résultats du reboisement ne sont pas assez probants dans ce village.

Par contre selon les populations de Niodior, depuis l'ouverture de la brèche de Sangomar, les palétuviers de la façade occidentale régressent de façon rapide. Cela est dû à l'ensablement causé par la brèche. Dans ce village aussi les coupes frauduleuses sont constatées dans les chenaux. La population de Niodior estime que la dégradation de la mangrove dans leur terroir est en train de prendre du recul grâce aux actions fréquentes de reboisement qui se font dans le village ces dernières années, mais aussi de la prise de conscience par les populations de l'importance écologique et économique des forêts de mangroves.

Ainsi, si l'on considère l'ensemble des deux villages étudié, le graphique ci-dessous nous montre l'état global de la mangrove.

Graphique 8.2 : Perception des populations sur l'état global de la mangrove

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

De l'avis de la population les forêts de mangrove sont dans un état dégradé. En effet 50% des personnes interrogées affirment que les ressources de mangrove sont très dégradées, alors que 15,9% pensent qu'elles sont simplement dégradées. Cette partie de l'échantillon enquêté lie cette situation à la baisse de la pluviométrie et aux coupes abusives de la mangrove sur pied. Aujourd'hui avec la présence des Guinéens et des Ghanéens dans certains villages des îles du Saloum, cette pratique commence à s'accentuer, du fait de la demande accrue en bois pour les besoins du fumage de poisson. Certains pour tromper la vigilance des agents des eaux et forêts coupent le bois de mangrove sur pied en le laissant au lieu de coupe. Une fois le bois coupé est sec, ils le ramènent chez eux, soi-disant qu'ils ont coupé du bois mort. Par contre, seulement 2,3% pensent que les forêts côtières de la zone ne sont pas dégradées.

Ainsi, cette situation a de lourdes conséquences sur les ressources halieutiques dans la mesure où la mangrove constitue un lieu d'habitat des poissons et des huitres. En effet, dans cette zone, beaucoup de poissons marins passent une partie de leur cycle de vie dans les estuaires (Oceanium, 2010).

Carte 8.1 : Evolution des mangroves du Delta du Saloum de 1972 à 1999

Source : http://vertigo.revues.org/2206 du 18 octobre 2010

L'examen de la carte ci-dessus et l'évolution des surfaces de mangrove à chacune des dates nous conduit à faire les constats suivants.

D'abord, la superficie de mangrove oscille de 45 852 ha en 1972 à 41 865 ha en 1988 et à 43 844 ha en 199915(*). Cette évolution de la mangrove est due à la période de sécheresse des années 1968 à 1994.

Ensuite, le couvert de mangrove n'a pas évolué de façon homogène dans l'espace (Carte 8.1). Ainsi, la dégradation du couvert végétal est beaucoup plus accentuée entre 1972 et 1986, au nord de la zone considérée. Cela a continué à régresser entre 1988 et 1999. Ceci confirme l'impact de la rupture de la flèche de Sangomar et aussi des propos de la population enquêtée selon lesquels, l'une des causes principales de la dégradation de la mangrove, sont la succession des sécheresses et la baisse de la pluviométrie de ces dernières années.

En fin, dans la partie centre et ouest de la, zone , la mangrove connait une progression pendant la même période.

Ainsi pour inverser la tendance dans la zone nord, une certaine gestion est faite selon le niveau de décision.

II. La gestion de la mangrove

La gestion de la mangrove est régie par les dispositions du code forestier. Mais des ONG qui sont intéressées par les problèmes environnementaux interviennent aussi dans la gestion des ressources naturelles.

II.1. Les structures administratives

Ces structures sont au niveau du CADL et de la brigade forestière de l'arrondissement de Niodior.

L'état est le premier gestionnaire de cet espace. En effet, l'article R.14 stipule que dans le domaine forestier de l'État, le service chargé des eaux et forêts établit les règles de gestion, élabore les plans d'aménagement et les exécute soit en régie, soit par l'intermédiaire des tiers.

Cependant, les collectivités locales peuvent aussi participer dans cette gestion. Le code forestier stipule aussi dans l'alinéa 2 du même article que pour les forêts relevant de leur compétence, les collectivités locales élaborent ou font élaborer des plans d'aménagement. Elles peuvent en assurer directement la réalisation ou bien confier, par contrat à des tiers, l'exécution du plan de gestion. Mais ici, les collectivités locales ne sont pas habilitées à gérer les forêts de mangrove, car les îles du Saloum sont comprises dans la RBDS, qui est une zone classée.

II.2. Les ONG

Les ONG intervenantes dans les îles du Saloum sont l'Oceanium, WAAME, le FEM et l'USAID. Ces structures travaillent en collaboration avec les populations pour la conservation et la restauration des écosystèmes de mangrove. Les actions les plus fréquentes dans ce sens, sont le reboisement et la valorisation des ressources locales, notamment les huitres et les arches. C'est dans ce sens que l'OCEANIUM a reboisé avec les populations de Bassoul et de Niodior lors de la campagne 2009 des superficies respectives de 4 ha et de 15 ha16(*). En outre, dans les autres villages, les mêmes actions sont menées avec 78 ha à Djirnda et 20 ha à Moundé. D'où l'importance de la dimension participative par l'implication des populations dans la gestion de la mangrove.

III. Relation entre les migrants et les écosystèmes de mangroves

Les enquêtes ont révélé que 71,4% des migrants exerçaient des activités comme la pêche et la transformation des produits halieutiques avant le départ. Cependant, ces activités sont pratiquées en même temps que d'autres comme la production de chaux vive dont la principale ressource est le bois de palétuvier et les coquillages. Les enquêtes menées au niveau des villages étudiés ; nous ont permis de mesurer le niveau de relation entre des activités et la mangrove.

Graphique 8.3 : Niveau d'association à la mangrove des ressources exploitées par les migrants avant leur départ

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

L'importance du niveau d'association de la mangrove aux activités des migrants avant leur départ est évidente dans le graphique ci-dessus. 72,72 % des chefs de ménages Niominka pensent que les forêts de mangroves sont fortement liées à la pêche et à la transformation des produits halieutiques. Cela parce que certaines ressources comme les huitres, les arches et les murex sont toujours retrouvés dans les estuaires, où l'on rencontre les forêts de mangroves. Ainsi, toutes les ressources halieutiques exploitées par les Niominka sont en étroite association avec les écosystèmes de mangroves.

Mais aujourd'hui la baisse de la productivité de la pêche due en grande partie à la baisse de la mangrove, constitue le principal déterminant à la migration des Niominka vers d'autres contrées.

III.1. Effet de la dégradation de la mangrove sur les activités

La régression des écosystèmes de mangrove a des effets négatifs sur la vie économique des populations insulaires du Saloum. La productivité des activités halieutiques baisse de plus en plus. Par cet effet, la pression sur les ressources augmente d'une part, mais aussi les efforts de production augmentent d'autre part, à travers l'emploi du matériel moderne et le parcours de longue distance pour exercer l'activité. En effet, certains pêcheurs de Niodior vont en mer pendant deux (2) à sept (7) jour pour lancer le filet et revenir au village. Tandis que d'autres préfèrent d'aller vers d'autres zones pour y travailler et y rester beaucoup plus long temps.

III.1.1. Les activités des migrants des villages de Bassoul et de Niodior

À l'instar des villages des îles du Saloum, dans les villages de Bassoul et de Niodior, les principales activités qui y sont exercées sont pour la plupart associées aux ressources de mangrove. Ce sont : la pêche et la transformation des produits halieutiques tels que ; les huitres, les arches, le murex, le cymbium et le fumage d'ethmalose. Toutefois, on y rencontre d'autres activités telles que la charpenterie, le commerce, etc.

Ainsi, les activités associées aux ressources de mangrove sont influencées par ces forêts. Donc, la dégradation des forêts de mangrove ont des effets sur la mobilité les activités, dans la mesure où les pratiquants se déplacent. En effet, dans les villages, les personnes qui ont vu baisser leur rendement ont tendance à aller dans d'autres zones pour travailler. Les résultats ci-dessous nous montrent l'importance de l'émigration dans les corps de métiers dans les villages dont on a mené la recherche.

Graphique 8.4 : Type d'activité avant départ des migrants de Bassoul et Niodior

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La migration est plus forte chez les pêcheurs de Bassoul que ceux de Niodior, avec respectivement 63 % et 46,2 % des émigrés. Chez les transformateurs de ressources halieutiques, la migration est plus importante à Niodior qu'à Bassoul avec respectivement 17,6 % et 7 %.

Cependant, le phénomène est observable chez les chômeurs et les autres corps de profession tels que les étudiants, les ménagères, etc. La mobilité de ces derniers est faible, et n'est pas expliquée par le recul de la mangrove, alors que celle des activités associées à la forêt de mangrove est influencée par cet écosystème. On retient ici que, l'influence de la dégradation de la mangrove est la migration économique, en particulier l'orientation des activités exploitant les ressources associées aux forêts de mangrove vers d'autres horizons.

Nous allons ainsi voir, à partir de l'échantillon enquêté, les effets de la dégradation des forêts côtières sur l'orientation des activités économiques dans les îles du Saloum.

III.2.2. Activités professionnelles des migrants des îles du Saloum

Dans les îles du Gandoul, les activités les plus pratiquées par les fils du terroir sont l'exploitation des ressources halieutiques. Ces ressources sont pour la plus part associées aux écosystèmes de mangrove. Par conséquent, la mangrove qui est en train de se dégrader dans la zone oriente ces activités. Donc, la dégradation de la mangrove est un facteur de redistribution de ces activités aussi bien dans le terroir que dans le pays. Le graphique 8.4 montre l'activité exercée par les migrants des îles du Saloum avant leur départ.

Graphique 8.5 : Activités des migrants avant départ

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La migration est plus forte chez les exploitants des ressources associées aux mangroves, en l'occurrence chez les pêcheurs. Comme on l'a su bien montré précédemment, ces derniers ont vu baisser leur prise, par cet effet, ils ont tendance à aller vers les zones plus riches en ressources halieutiques. C'est pourquoi 55,7% des migrants étaient des pêcheurs. En outre, 20,50% des migrants pratiquaient la transformation des produits halieutiques qui constituent la principale source de revenus des femmes. Ces chiffres sont expliqués par la baisse de la productivité de leurs activités.

Aujourd'hui avec la tendance à la baisse des forêts de mangrove, la baisse de sa productivité provoque ainsi la migration de certaines femmes transformatrices vers d'autres zones qui disposent plus de ressources. Mais la migration des femmes liée à la transformation des produits halieutiques est un mouvement inter-terroir et de courte distance.

La conséquence de ces mouvements aussi bien des pêcheurs que les transformateurs de produits halieutiques est la baisse de la dynamique des activités halieutiques dans la zone. De ce point de vue, dans les îles, plus de la moitié des bras valides du terroir sont dispersées hors de la zone. C'est le cas des femmes du village de Bassoul qui partent en campagne dans les îles voisine comme Diofandor, Niadiara, Bakhalou et Gouk pendant au moins 3 mois pour revenir dans leur village. Concernant les hommes ils vont plus loin. Les zones fréquentées par ces derniers sont : Joal, Mbour, Casamance, Ziguinchor et certains pays de la sous région (Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry, etc.).

IV. Conclusion partielle

L'importance de la mangrove dans la diversité des espèces halieutiques montre que, sa dégradation provoque des effets négatifs sur les ressources halieutiques.

Par ailleurs, l'analyse de la partie consacrée aux effets de la dégradation de la mangrove sur les activités des migrants Niominka avant départ nous a montré que, d'abord ces activités sont pour la plupart associées aux écosystèmes de mangroves, mais aussi ces activités s'orientent vers d'autres zones et prennent du recul au niveau des villages.

Cela prouve que l'hypothèse une (1) disant que l'état des ressources halieutiques dans les îles du Saloum dépend fortement des écosystèmes de mangroves est confirmée. Car la dégradation des mangroves a un effet négatif sur les ressources halieutiques, et ces dernières sont ainsi recherchées dans d'autres zones.

Toutefois, cette hypothèse peut être discutée, dans la mesure où en plus de la destruction de la mangrove, on a la pression sur les produits halieutiques et le changement climatique qui contribuent aussi à la raréfaction des ressources locales.

CHAPITRE 9 : ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE MIGRATOIRE DANS LES ILES DU SALOUM

La migration est un phénomène important dans les îles du Saloum. Cela est d'abord lié par le fait que l'émigration fait partie de la culture du Niominka, mais aussi cela est amplifié par les conditions de vie qui deviennent de plus en plus difficiles dans le Delta du Saloum, en particulier dans les îles du Saloum. Cela est attesté par les 95,65 % des ménages qui ont au moins un émigré.

Ainsi, la mobilité des insulaires varie de la migration interne à la migration internationale. Les formes de migrations qui en découlent sont saisonnières, permanentes

Graphique 9.1 : La migration des ménages

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Le graphique 9.1 montre l'importance de l'émigration dans les îles du Saloum. Dans ce terroir, 95,65 % des ménages de notre échantillon ont au moins un émigré. Seul le reste est constitué de ménages qui n'ont enregistré aucune sortie de leurs membres.

I. Les causes de la migration

Les causes avancées du départ par les parents des émigrés sont la rareté des ressources halieutiques. Selon ces derniers, bien que l'émigration étant un phénomène culturel des Niominka, le phénomène est devenu plus important dans le terroir à cause du manque de poissons. D'ailleurs, ce phénomène n'était pas l'affaire des femmes, mais aujourd'hui elles voyagent à plus ou moins longue distance. Elles satisfaisaient leur besoin à travers les activités de transformation de produits halieutiques qui était jadis rentable. Mais de nos jours ces activités deviennent moins rentables et obligent certaines femmes à chercher des alternatives dont la principale est la migration. Dans les îles du Saloum, les conditions de survie deviennent de plus en plus difficiles, les ressources halieutiques se font rares.

II. Profil des migrants

Le profil des migrants est caractérisé par le sexe, l'âge et la situation matrimoniale.

II.1. Le sexe

La mobilité des villageois des îles du Saloum, bien que soit importante, dépend plus ou moins du sexe de ses habitants. Le Tableau ci-dessous illustre l'importance de la migration à ce niveau.

Tableau 9.1 : Répartition des migrants par sexe

Villages

Bassoul

Niodior

Taux globaux

Sexe

 
 
 

Homme

68%

61,5%

65,2%

Femme

32%

38,5%

34,8%

Total

100

100

100

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Comme le montre le tableau 9.1, de façon générale les hommes sont plus mobiles (65,2% des émigrés recensés dans l'échantillon des ménages), avec respectivement 68% à Bassoul et 61,1% à Niodior. Cela est expliqué par le fait que les hommes ne pratiquent quasiment que la pêche dans ces villages. Ils sont ainsi toujours à la recherche de ces ressources halieutiques. La rareté des ressources les oblige ainsi à aller dans des milieux plus poissonneux. Les hommes à plus de 80 % pêcheurs vont en famille avec leur pirogue faire valoir leur savoir-faire dans la pêche et dans la navigation maritime comme navigateur. Les principaux centres d'accueil en entreprise familiale sont : Djifer, Joal, Mbour, la Casamance, les ports de Mauritanie, de Guinée Bissau, de Guinée Conakry et parfois même plus loin. Ils sont à la recherche d'activités plus rémunératrices qui ne les autorisent à revenir auprès de leurs familles que de temps en temps pour une très courte période généralement pendant les fêtes de Tabaski ou au mois de septembre, période réputée pour l'organisation des séances de lutte dans les villages qui est la principale activité récréative des populations.

Par ailleurs, le mouvement des femmes n'est pas négligeable (34,8 %). Quant à elles, leurs mouvements sont aussi bien liés à la recherche des produits halieutiques à transformer qu'à la recherche d'emploi comme domestique dans les centres urbains.

II.2. Tranche d'âge

Tableau 9.2 : Répartition des migrants par tranche d'âge

Villages

Bassoul

Niodior

Taux globaux

Tranche d'âge

 
 
 

10 à 20 ans

22,7 %

5,5 %

15,2%

20 à 30 ans

42 %

78 %

57,6 %

30 à 40 ans

33,6 %

15,4 %

25,7 %

40 ans et plus

1,7 %

1,1 %

1,4 %

Total

100

100

100

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Le tableau ci-dessus montre que l'émigration est très importante chez les jeunes Niominka. La tranche d'âge la plus mobile est de 20 à 30 ans avec 57,6% des émigrés. Mais ce mouvement est beaucoup plus signifiant à Niodior qu'à Bassoul dont des pourcentages respectifs de 78% et de 42% des ressortissants de chaque village. Quant à la tranche allant de 10 à 20 ans, la mobilité est plus importante à Bassoul qu'à Niodior avec des taux respectifs de 22,7% et 5,5%. La plupart de ces jeunes suivent leur parent en émigration dans les zones de pêches. Cela constitue aussi un système d'apprentissage du jeune Niominka aux techniques de pêche.

II.3. Situation matrimoniale

Les situations matrimoniales étudiées ici sont les mariés, les célibataires et les divorcés.

Tableau 9.3 : Répartition des migrants selon la situation matrimoniale

Villages

Bassoul

Niodior

Taux globaux

État matrimonial

 
 
 

Marié

55,5 %

34,1 %

39,5 %

Célibataire

43,7 %

63,7 %

59 %

Divorcé

0,8 %

2,2 %

1,4 %

Total

100

100

100

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Le tableau a bien illustré que la mobilité des célibataires et des mariés est importante dans les deux villages. Mais le mouvement des célibataires est plus important à Niodior, avec 63,7% des émigrés du village. De manière globale, les célibataires voyagent beaucoup plus que les mariés. Dans ces localités, le rendement des activités halieutiques devient de plus en plus faible, la de la pêche devient moins importante. C'est pour améliorer leur condition de vie que les fils du terroir se déplacent vers d'autres contrées.

Tableau 9.4 : Répartition des migrants par activité

Villages

Bassoul

Niodior

Taux globaux

Activité avant départ

 
 
 

Pêche

63 %

46,2 %

55,7 %

Transformation de produits halieutiques

6,7 %

17,6 %

20,5 %

Transport

0,8 %

12,1 %

5,2 %

Chômeur

2,5 %

6,6 %

2,9 %

Autres

27 %

17,5 %

15,7 %

Total

100

100

100

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La majorité des émigrés ont une activité professionnelle avant leur départ. 55,7 % étaient des pêcheurs et 20 % des transformateurs de produits halieutiques. Cette forte dynamique migratoire chez les exploitants des ressources associées aux écosystèmes de mangrove est liée à la rareté des ressources halieutiques. Selon les personnes interrogées, cela est dû d'une part à la dégradation de l'habitat de la faune marine, et d'autre part à la forte pression sur les ressources locales. Cette situation est déjà affirmée dans le diagnostic du secteur de la pêche dans les communautés rurales composantes les îles du Saloum. Ainsi, la réduction de la faune marine est due à la dégradation de la mangrove qui constitue un lieu de reproduction (PLD Dionewar, 2002). Par ailleurs, 15,7 % des émigrés travaillait dans d'autres secteurs, ce sont l'artisanat, l'agriculture, seuls 2,9% étaient au chômage. Il existe cependant une disparité entre les villages d'étude. Ainsi pour les villages de Bassoul et Niodior, il y'a respectivement 63% et 46,2% des émigrés qui étaient pêcheurs et 6,7% et 17,6 % qui étaient transformateurs de produits halieutiques. La mobilité de ces catégories professionnelles est fortement influencée par les ressources de mangrove. En effet, ces activités sont fortement associées aux écosystèmes de mangrove. Cela est expliqué du fait que cet écosystème constitue un lieu d'habitat et de reproduction des espèces halieutiques. En plus, les huitres se fixent sur les racines des mangroves.

II.4. Niveau d'instruction

Graphique 9.2 : Niveau d'instruction des migrants

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Le graphique 9.2 fait ressortir une proportion plus élevée de faible niveau d'instruction à des émigrés où le plus grand nombre n'a pas fréquenté l'école. Ces faits sont visibles dans les enquêtes que nous avons menées. Ainsi, on a respectivement dans les villages de Bassoul et de Niodior 42,9% et 73,9% des émigrés n'ont pas fait l'école. Ainsi, la migration est plus importante chez la tranche de la population à faible niveau de scolarisation. Cela est accentué par le voyage que certains jeunes font avec leur parent, mais aussi la déperdition scolaire que d'autres subissent en laissant les écoles au profit de la pêche. Cela est attesté par les 25,23% des émigrés qui ont arrêté leur scolarisation au niveau primaire et 6,66% au niveau secondaire. Les Niominka, après l'arrêt des études, beaucoup d'entre eux se lancent dans la pêche. C'est ce qui fait qu'avec la crise du secteur dans leur terroir, ils se dirigent vers d'autres zones pour la pratique de la même activité.

II.5.Conclusion partielle

Le profil des migrants étant déterminé par leur sexe, l'âge et la situation matrimoniale ainsi que la catégorie socioprofessionnelle. Nous remarquons ici que la mobilité est plus importante chez les hommes, mais elle est non négligeable chez les femmes. Ainsi, la dégradation de l'écosystème de mangrove a un rôle essentiel aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Par ailleurs, les migrants sont pour la plupart jeunes avec un âge compris entre 20 et 30 ans. En outre, plus de la moitié des ressortissants des îles du Saloum sont mariés et sont en plus des pêcheurs. Parmi les émigrés Niominka, ceux qui n'ont pas fréquenté les écoles sont les plus nombreux.

C'est ce qui nous amènent ainsi à confirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle : la dégradation des ressources halieutiques entraine une migration significatives des populations des îles du Saloum. Ainsi les catégories sociales refléter par le profil sont généralement : les mariés, les hommes, les jeunes, mais aussi et surtout les pêcheurs.

Mais cette migration est orientée vers divers horizons que nous allons étudier dans la section suivante.

III. LES FORMES DE MIGRATION ET LA PROPENSION A LA MIGRATION

Dans cette partie, nous allons montrer les formes de migrations influencées par la dégradation des ressources de mangrove, mais le rôle que peut jouer cette situation à la propension à la migration des insulaires.

III.1. Les formes de migration

Les formes de migration sont principalement l'exode rural, la migration inter-terroirs et dans une moindre mesure la migration internationale. Force est de constater que l'exode et la migration inter-terroir sont aussi saisonniers. Les migrations saisonnières qui sont internationales sont celles qui se dirigent vers les pays de la sous région (Gambie, Guinée Bissau, Guinée-Conakry, Mauritanie). Elles concernent toujours des zones de pêche.

III.1.1. Répartition des migrants

Les migrants Niominka sont aussi bien sur le territoire national que hors de la frontière. La mobilité à l'intérieur du pays est beaucoup plus une migration de travail.

Ainsi, la carte 9.1 montre la migration interne des populations des îles du Saloum.

La carte de répartition des émigrés Niominka montre que leurs mouvements se font essentiellement vers les zones côtières. Ceci est expliqué par la tendance de ce peuple à la conservation de son activité qui est la pêche. Le mouvement des Niominka est orienté vers la recherche des ressources halieutiques. Par cet effet, les migrants Niominka sont ainsi plus importants à Dakar, à Joal et en Casamance. Cependant, la migration vers les zones voisines est importante, notamment les originaires du village de Bassoul. Il s'agit principalement de Bettenty, de Niadiara, Ngadior, Diofandor. La migration vers les campements de pêches est à l'origine de création de nouveaux villages. Car dans ces lieux, la durée qui était courte est devenue permanente aujourd'hui.

Les villes de l'intérieur sont moins fréquentées, mais on note la présence de quelques-uns à Kaolack. Les personnes qui fréquentent cette partie du pays y vont pour la pratique des activités commerciales ou de domestiques.

Ainsi, la migration des populations des îles du Saloum est beaucoup plus orientée vers les zones côtières que vers les zones continentales. Après cette illustration de la répartition des émigrés Niominka dans le pays, l'importance de la migration dans les ménages est illustrée par le graphique ci-dessous.

Graphique 9.3 : Répartition des migrants par forme de migration

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La migration saisonnière est la plus dominante dans la mobilité des populations des îles du Saloum. Ensuite vient la migration permanente. Ces deux types de migrations sont internes, car ces déplacements se font uniquement à l'intérieur du territoire national.

Toute fois l'émigration est aussi pratiquée dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum. Ce phénomène prend de l'importance, et concerne surtout l'émigration clandestine et la migration vers les pays de la sous région.

III.1.2. Distribution des migrants venants des îles du Saloum

Dans cette section, nous allons montrer l'importance des migrants des populations des îles du Saloum aussi bien dans le pays que vers l'étranger.

Tableau 9.5 : Distribution des migrants par zone d'accueil

Zones d'accueil

Pourcentage (%)

Pourcentage cumulé

Dakar

22,9

22,9

Kaolack

3,8

26,7

Joal

24,8

51,4

Sous région

10,5

61,9

Europe

18,1

80,0

Terroirs voisins

9,0

89,0

Casamance

10,5

99,5

Mbour

0,5

100

Total

100

 

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

L'intérieur du territoire national constitue la destination privilégiée des populations des îles du Saloum avec 65,85% des émigrants. Ainsi, les zones qui sont plus fréquentées sont celles du littoral ouest du pays. Ce sont notamment Joal, Mbour, Casamance et Dakar. En outre, les zones inter-terroirs sont aussi visitées par cette population. Ces mouvements sont des migrations saisonnières et les périodes de retour coïncident le plus rarement avec des grandes fêtes et de cérémonies familiales.

La migration saisonnière des Niominka liée à l'exploitation des ressources halieutiques est demeurée très importante, y compris dans les parties insulaires du Delta du Saloum. Ce processus est accompagné d'une dissémination des populations insulaires des villages vers les campements de pêche, dont certains sont devenus des lieux d'habitation permanents (Dahou, 2007 ; Ould Cheikh, 2007). Ces zones sont fréquentées ainsi du fait que la plupart constituent des centres de pêches.

Mais en ce qui concerne les zones inter-terroirs, elles sont plus fréquentées par les femmes. Ainsi, les villages qui sont visités sont : Bakhalou, Niadiara, Gouk, Bettenty et Diofandor. Ce sont des zones qui sont riches en ressources halieutiques telles que les huitres, les coques, etc. C'est la transformation de ces produits qui y est le plus pratiquée. Toutefois, les hommes qui accompagnent leur épouse dans ces campagnes y pratiquent pour la plupart la pêche.

La migration interne permanente concerne les personnes qui se sont installées dans les villes en y fondant une famille. Il s'agit de 19,51 % des ressortissants des ménages de notre échantillon qui sont principalement installés dans les villes, en l'occurrence à Dakar. En effet, 22,9 % des déplacements sont dirigés vers la capitale sénégalaise, le reste est réparti entre les villes comme Kaolack, Sokone et Joal. Parmi les déplacements vers ces centres urbains, on note la présence des jeunes filles qui y vont pour les travaux domestiques.

Ces migrations sont essentiellement saisonnières et les durées se situent entre 3 à 9 mois.

Les Niominka fréquentent plus ou moyen les pays de la sous région, surtout la Gambie, la Guinée Bissau et la Mauritanie. La migration vers ces pays vient à l'origine des sérères Niominka, qui pratiquent des migrations saisonnières, à la recherche de zones plus poissonneuses (AIDELF, 2004). Cela est confirmé par les 80% de l'échantillon des ménages enquêtés, que les mouvements des fils du terroir sont axés vers les zones de pêche.

En outre, l'Europe constitue une zone plus ou moins fréquentée. Cela se fait beaucoup plus par voie clandestine. Ces dernières années ce phénomène a pris de l'ampleur dans les îles du Saloum. L'Espagne et la France sont les pays européens les plus cités par les parents des émigrés que nous avons rencontrés. En effet 18,1 % des émigrés des ménages sont en Europe. Ce phénomène est beaucoup plus important à Niodior qu'à Bassoul avec respectivement 27,5 % et 10,9 % des émigrés des ménages.

Comme le montre la carte 9.2, les Niominka fréquentent beaucoup plus les zones côtières. Ces zones constituent des centres de pêche. Cela est lié à la tradition de ce peuple, qui est la pêche. Ces déplacements concernent beaucoup plus les hommes.

Cependant, certains se dirigent vers le continent. Ce sont généralement les jeunes filles qui vont dans les centres urbains.

En conclusion, on peut dire que la migration des Niominka est faiblement orientée vers les zones continentales.

III.2. Conclusion partielle

La migration des Niominka est beaucoup plus interne, mais aussi saisonnière. Ces déplacements sont ainsi plus orientés vers les zones côtières, et surtout des zones de pêche. C'est cela qui nous permet de dire que pour l'hypothèse trois, la détérioration des écosystèmes de mangroves est déterminante dans les formes de migration des populations des îles du Saloum, en particulier la forme saisonnière et interne.

.

IV. La propension à la migration

Il s'agit ici, de montrer l'influence de la détérioration des écosystèmes de mangrove dans la motivation à la migration des habitants îles du Saloum.

Ainsi, les enquêtes auprès des exploitants des ressources associées à la mangrove nous a donné les résultats ci-dessous.

Graphique 9.4 : Désir de migration

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La propension à la migration est forte dans les îles. En effet, 61,36 % des personnes qui exploitent des ressources associées à la mangrove sont candidats à l'émigration. Ces derniers pensent que leurs conditions de vie deviennent de plus en plus précaires du fait de la dégradation des forêts de mangrove, qui constitue leur seul espoir. Par ailleurs, cette tranche des personnes interviewées est jeune et la majeure partie est constituée par des hommes. Toutefois, 38,63 % désirent rester. Se sont principalement des personnes âgées et sont majoritairement constituées de femmes.

Ce désir ardent de migrer est partagé par l'ensemble des exploitants des ressources associées aux écosystèmes de mangroves. En effet, 72,72 % des chefs de ménage pensent que la mangrove est fortement associée aux activités des migrants avant départ. Donc la dégradation des forêts de mangrove a des effets négatifs sur la productivité. Par conséquent, le recul de ces activités ne favorise plus la fixation de la population. Ainsi, la seule issue pour un avenir meilleur se trouve dans la migration. La plupart des migrants appartiennent à des familles pauvres ou à revenus moyens. Cette pauvreté se caractérise au niveau des ménages par un faible revenu monétaire, une baisse de l'autoconsommation. Ce contexte de pauvreté est lié au caractère extraverti de la pêche sénégalaise dont les ressources halieutiques deviennent de plus en plus rares, ce fait est surtout accentué par la destruction de l'habitat de la faune maritime.

Pour preuve, les personnes qui ont été interrogées sur les facteurs déterminant la migration dans la zone ont soulevé tout d'abord les causes économiques et environnementales. En effet, les régions devraient être considérées comme attractives si les ressources naturelles peuvent être économiquement valorisées (Ouédraogo, 2007).

Ainsi, dans les îles du Saloum, la valeur des ressources halieutiques qui baisse simultanément avec les ressources de mangrove constitue aussi un facteur de prolongation des durées de migration illustrées dans le graphique 9.6

Graphique 9.5 : Durée probable de migration

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

Le graphique nous montre que la période de migration est beaucoup plus longue à Niodior qu'à Bassoul. Ces migrations de longue période sont généralement des migrations internationales. Ces migrants partent vers les pays occidentaux, tels que l'Espagne et la France.

Quant aux migrations de courte durée, elles sont pus observés dans le village de Bassoul. Ces mouvements concernent principalement les femmes du village qui se déplacent vers les îles de campagne.

Tableau 9.6 : Durée de migration optée par les potentiels de migrants

Durée de la migration

Pourcentage (%)

Pourcentage cumulé

Moins de 3 mois

18,2

18,2

3 à 6 mois

25,0

43,2

6 à 9 mois

6,8

50,0

9 à 12 mois

9,1

59,1

Plus de 1 an

2,3

61,4

Néant

38,6

100

Total

100

 

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

La durée de la migration dépend en quelque sorte de la distance à parcourir. Parmi les enquêtés ceux qui ne veulent fréquenter les terroirs voisins ont opté moins de trois mois de campagne, soit 18,2 % pour l'ensemble des deux villages d'étude. C'est les cas dans le village de Bassoul où 34,78 % des personnes enquêtées ont optée une migration saisonnière de moins de 3 mois. Il concerne principalement les femmes qui veulent partir dans les îles voisines pour la cueillette des huitres, des arches, du murex, etc.

Par contre à Niodior la migration de courte durée est moins prononcée, mais on constate que la durée va au-delà de 6 mois voire plus d'un an. Cela s'explique par le fait que ce village a abandonné les campagnes fréquentées dans le temps. Les campagnes actuelles fréquentées sont Fandiong, Djimsaan et Jissanor. Ces îles ne sont fréquentées que dans la journée et le retour est prévu le soir au village. Toutefois, ce sont les mêmes activités qui y sont pratiquées ; à savoir la pêche et la collecte des fruits de mer.

En revanche 38,6 % des personnes interrogées ont préféré rester. Ces personnes sont généralement âgées et les raisons évoquées sont qu'elles ont une famille à gérer, en plus de cela la migration est l'affaire des jeunes.

Ainsi, il mérite de faire des propositions de solutions ou de recommandations en vue d'apporter des solutions durables aux problèmes aussi environnementaux que migratoires.

CHAPITRE 10 : PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS ET PLAN D'ACTION

I. Recommandations

À la fin de tout processus de recherche, il importe de procéder à des propositions de solutions. La présente étude qui a comme objectif d'étudier la contribution de la dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum doit pouvoir apporter des solutions, afin de réduire ou de freiner sa contribution au départ des fils du terroir. Étant donné que les facteurs incitatifs à la migration sont nombreux, il faut trouver les recommandations dans les facteurs sociaux, économiques et environnementaux. Ainsi pour opérationnaliser notre oeuvre, nous avons élaboré des recommandations en trois axes de solutions pour réduire la contribution de la dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum.

I.1. Gestion rationnelle de la mangrove

Pour cela il faut d'abord former des comités locaux de sensibilisation. Leur rôle serait d'informer et de sensibiliser sur l'importance des écosystèmes de mangrove et les méfaits de la coupe abusive et des mauvaises techniques de collecte des huitres sur la ressource.

Ensuite, il serait important de former dans tous les villages des comités de plages, bien que quelques villages en ont déjà. Ces comités se chargeront de la surveillance des bolong, notamment sur les coupes de mangrove sur pied que certains qui pratiquent. Ces comités doivent travailler en collaboration avec le service des eaux et forêts pour que la surveillance soit formelle. Toutefois il faudra structurer ces comités pour qu'ils deviennent des comités de gestion.

Et en fin pour reconquérir les espaces dégradés, le reboisement serait une solution idéale, mais il faut l'accompagner avec la protection des plants contre les aminaux en divagation. Ainsi, ces processus permettront de restaurer et de protéger les zones de reproduction des poissons et des huitres dans le souci d'augmenter la production, de satisfaire les besoins des populations locales en produits de première nécessité (poissons et coquillages, sel, bois de chauffe et de construction, etc.). Par cet effet le milieu qui était répulsif, deviendra beaucoup plus attractif.

I.2. Encadrement des exploitants des ressources associées aux écosystèmes de mangroves

Cet axe est nécessaire dans la mesure où le territoire Niominka dépend de ces ressources. D'une part, il s'agira ici de renforcer l'équipement des pêcheurs, mais aussi de former les transformateurs de produits halieutiques sur l'élevage et les bonnes techniques de collecte des huitres.

D'autre part, il faut procéder à la valorisation des produits halieutiques transformés et faciliter l'écoulement du produit.

En fin la promotion de la pisciculture dans la zone serait bénéfique, parce qu'elle constitue un facteur de rétablissement de la productivité du milieu.

I.3. Sensibilisation sur les problèmes d'émigration

Étant donné qu'il existe plusieurs facteurs incitatifs à l'émigration, il faut sensibiliser la population surtout sur la migration clandestine, dans un contexte où ce phénomène a pris de l'ampleur dans les îles du Saloum. Il s'agira dans ce cas spécifique d'organiser des journées de sensibilisation sur le phénomène, en expliquant les enjeux sociaux qui y sont liés.

Pour opérationnaliser ces axes, nous proposons le plan action ci-dessous.

II. Plan d'action

Tableau 10.1 : Plan d'action des recommandations

AXES

ACTIONS

NIVEAU D'EXECUTION

Acteurs

CIBLES

SOURCES DE FINANCEMENT

Gestion rationnelle des ressources de mangroves

Formation de comité de sensibilisation

Les 21 villages composants les îles

Agents eaux et forêts

Conseillers ruraux

Membres comités de plage

Ensemble de la population des îles du Saloum

Les communautés rurales, ONG (WAAME, FEM, USAID/Wula Nafaa, FAO)

Formation de comité de plage

Les 21 villages composants les îles

Population

Agents eaux et forêts

Conseillers ruraux

Ensemble des villages des îles du Saloum

Les communautés rurales, ONG (WAAME, FEM, USAID/Wula Nafaa, FAO, Wetlands International)

Reboisement et protection des plants contre les animaux

Les 21 villages composants les îles

GIE, Comité de plage, agents des eaux et forêts, ONG, commissions environnement

Zones dégradées dans les villages

Communautés rurales, ONG

Encadrement des exploitants des ressources associées aux forêts de mangroves

Renforcement de l'équipement des pêcheurs

Les 21 villages composants les îles

Service de pêche,

Les pêcheurs

Etat, FELOGIE pêche, ONG

Formation des transformateurs de produits halieutiques et aménagements des aires de pisciculture

GPF dans les 21 villages

Service de pêche, USAID/Wula Nafaa

Transformateurs de produits halieutiques

Etat, FELOGIE pêche, ONG

Valorisation des produits halieutiques

Les 21 villages composants les îles

Service de pêche, USAID/Wula Nafaa

Pêcheurs, transformateurs de produits halieutiques

Etat, FELOGIE pêche, ONG

Sensibilisation sur l'émigration

Sensibiliser la population surtout sur la migration clandestine

Population des îles du Saloum

CADL, ONG

Les jeunes

Etat, ONG

Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou, ENEA-2010

CONCLUSION GENERALE

Bien que la migration soit à l'origine de nombreux facteurs, peu d'études ont révélé les déterminants environnementaux. C'est pourquoi nous avons concentré notre objectif qui est d'étudier la contribution de la dégradation des écosystèmes de mangrove dans la mobilité des populations insulaires du Gandoul.

Ainsi pour atteindre notre but, nous avons adopté une méthodologie beaucoup plus qualitative que quantitative. C'est à travers cette méthode que les villages de Bassoul et de Niodior sont étudiés.

Cette étude est nécessaire, dans la mesure où étant zones insulaires, les îles n'ont qu'une ressource qui est principalement la mangrove. En effet, les enquêtes ont révélé que les activités permettant aux populations insulaires de survivre exploitent des ressources associées aux forêts de palétuviers. La mangrove est dégradée voir très dépéri dans les villages d'étude à l'image des autres villages du Gandoul. Ce qui a du coup une influence négative sur les exploitants des ressources liées aux écosystèmes de mangroves. Par conséquent, beaucoup de fils du terroir Niominka, voyant que le rendement de leurs activités baisse davantage, cherchent des solutions alternatives dont la principale est la migration.

Toutefois, d'autres personnes ont comme sources de revenus à partir des activités non halieutiques.

La baisse de la productivité des activités principales est à l'origine de beaucoup de départs, mais aussi détermine certaines formes de migration dans les îles comme la migration saisonnière et permanente.

À cet égard, les zones fréquentées par les Niominka sont pour la plupart côtières, mais la majorité des migrants sont des saisonniers, bien que certains soient plus permanents. La migration est ainsi l'affaire des jeunes dont la plupart sont des hommes. Par ailleurs, les migrants sont en majorité mariés avec un niveau d'instruction très faible. C'est pourquoi la dégradation des forêts de mangrove détermine en un certain niveau le profil des migrants Niominka.

Les migrants des îles du Saloum travaillaient essentiellement dans des secteurs d'exploitation des ressources liées aux mangroves. C'est pourquoi les pêcheurs sont très mobiles à la recherche du poisson. La mobilité des transformateurs de produits halieutiques n'est pas négligeable. Elle est orientée vers les campements de pêches, mais elles sont de courte durée allant de 15 jours à 3 mois. Cela devient un enjeu territorial, car certains campements de pêche qui étaient inhabités au départ sont devenus des villages suite à l'installation complète des migrants qui les fréquentent. L'autre enjeu se trouve au niveau de la distribution du travail dans l'espace, car le dynamisme des activités halieutique devient faible au niveau des villages où la ressource se raréfie. Ainsi dans les villages d'étude, vu que la productivité des activités d'exploitation des ressources associées aux écosystèmes de mangroves, la propension à migrer est très importante, mais les durées probables de migration sont plus significatives chez les populations de Bassoul.

Donc pour contribuer à la réduction de la contribution de la dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum, trois axes de propositions de solutions font l'objet de notre recommandation. C'est d'abord de gérer de façon rationnelle la mangrove, ensuite d'encadrer les exploitants de ressources associées à la mangrove et en fin de sensibiliser sur la migration.

À partir de là, bien que les fils du terroir Niominka sortent du Gandoul, leur zone constitue un lieu l'accueil d'autres peuples venant d'horizons différents. Ne serait-il donc pas crucial d'étudier la contribution de l'immigration dans le processus de dégradation des écosystèmes de mangrove ?

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE

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Rapports, mémoires et thèses

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Journaux et articles

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Décrets et lois

République du Sénégal, Loi No 98-32 du 14 Avril 1998 portant code de la pêche maritime

République du Sénégal, Loi No 98-164 du 20 Février 1998 portant code forestier

FAO, Code de conduite pour une pêche responsable, Rome, FAO, 1995, 46p.

Webographie

http://books.google.com

http://www.fao.org

http://www.infosdelaplanete.org

http://www.ined.fr

http://remi.revues.org

http://www.iom.int

ANNEXES

Annexe 1 : Etendue, distribution et état des mangroves du Sénégal

Source : http://wrmbulletin.wordpress.com/2008/08/21/etat-actuel-et-conservation-des-mangroves-de-lafrique-vue-densemble/

Annexe 2 : Occupation du sol dans la RBDS en 1997

Source : Plan de gestion de la RBDS

Annexe 3 : Carte pédologique des îles du Saloum

Annexe 4 : Questionnaire destiné aux chefs de ménage

Annexe 5 : Questionnaire destiné aux personnes exploitants de

ressources associées à la mangrove

Annexe 6 : Guide d'entretien pour les personnes ressources

GUIDE D'ENTRETIEN : PERSONNE RESSOURCE (Chef de village)

Historique du village

1. Date de création du village

2. Les premiers habitants et leurs modes de vie

Evolution historique de l'état de la mangrove

1. Etat de l'écosystème de mangrove il y'a 30 ans

2. Activités anciennes liées avec la mangrove

3. Conséquence de cet état sur ces activités

4. Etat actuel de la mangrove

5. Activités actuelles liée à la mangrove

6. Conséquence de l'état actuel de la mangrove sur ces activités

7. Mode d'exploitation des ressources de mangrove (ancien et actuel)

Situation de la migration

1. Causes de la migration

2. Conséquences de la migration

3. Profil des migrants

4. Les zones de destination (par activité);

5. Les périodes de migration (par type d'activité) ;

6. Durée de la migration ;

7. Suggetions.

Annexe 7 : Guide d'entretien structure

GUIDE D'ENTRETIEN STRUCTURE (Océanium, Wula Nafaa)

Nom de la structure...........................................................................................

Responsable de la structure......................................................................

Début d'intervention dans le village :.........................................................

Domaines d'intervention :.......................................................................

............................................................................................................................................................................................................

Mission et objectifs :......................................................................................

..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Réalisations dans le village:..............................................................................

..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Opinion sur la migration (causes et conséquences)...........................................................................................................................................................................................

Relation migration et écosystèmes de mangrove......................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Annexe 8 : Guide d'entretien Chef CADL

GUIDE D'ENTRETIEN CHEF CADL

Nom............................................................................

Prénom.......................................................................

Fonction.....................................................................

1. Evolution pluviométrie (1999 à 2010)

..................................................................................................................................................................

2. Evolution des espèces de mangrove (de 1990 à 2010)

..................................................................................................................................................................................................................................................

3. Les activités liées à la mangrove

...................................................................................................................................................................................................................................................

4. Les modes de gestion de la mangrove

...................................................................................................................................................................................................................................................

5. Situation de la migration dans l'arrondissement

..........................................................................................................................................................................................................................................

6. Relation migration et ressources de mangrove

......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

7. Suggetion et recommandation

...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

* 1 Les îles du Gandoul sont formées par l'ensemble des îles du Saloum. Ces îles occupent la partie Nord du Delta du Saloum

* 2 Les Niominka sont un groupe ethnique du  Sénégal établi dans les îles du  Saloum. Le nom même Niominka signifiant « homme du littoral » serait dérivé du mandingue. Les Niominka sont ainsi issus d'un brassage de populations, constituées à la fois par des groupes littoraux autochtones et des migrants venus du continent en différentes phases, surtout des Mandingues du Gabou des sérères et des anciens esclaves (Cormier Salem, 1999). Leur terroir est le Gandoul. Ils représenteraient un peu moins de 1 % de la population du pays. Insulaires, ils sont à la fois agriculteurs (riz, mil, arachide), éleveurs et « gens de mer » : la pêche pour les hommes et la collecte des coquillages pour les femmes constituent leurs activités principales.

* 3 Sustainable Fisheries Livelihoods Programme, 2000).

* 4 Direction des Pêches Maritime du Sénégal (DOPM), Rapport annuel des statistiques de la pêche maritime du Sénégal

* 5 En son article L.55 la loi stipule que le service des Eaux et Forêts est chargé de la gestion du domaine forestier de l'Etat, sous réserve des dispositions particulières au service des parcs nationaux.

* 6 Les cahiers de l'alternance, enjeux de l'émigration au Sénégal, Décembre 2007, No11

* 7 Le Petit Robert 2009

* 8 Le Petit Larousse 2010

* 9 Hachette Multimédia 2006

* 10 Encyclopaedia Universalis 2010

* 11 http://planetevivante.worldpress.com/2009/01/09/renaissance-de-la-mangrove--en-casamance-senegal/

* 12 Microsoft Encarta, 2009

* 13 Le bolong est un mot d'origine mandingue qui désigne un chenal d'eau salée bordé de palétuviers, caractéristique des zones côtières du Sénégal ou de la Gambie. Ces chêneaux constituent la principale zone de pêche pour les populations des îles du Saloum

* 14 Enquête mémoire, Sarr Mamadou-ENEA 2010

* 15 http://vertigo.revues.org/2206 du 18 octobre 2010

* 16 Responsable zone 5 des îles du Saloum de l'OCEANIUM






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