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Les effets de la dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des populations des iles du Saloum: cas des villages de Bassoul et de Niodior

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par Mamadou SARR
Ecole Nationale d'Economie Appliquée-Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - Diplôme d'ingénieur des Travaux d'Aménagement du Territoire et de la Gestion Urbaine 2009
  

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PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE

Les milieux littoraux constituent des lieux qui ont des potentialités naturelles et économiques significatives. Mais aussi, ils fournissent des biens et services qui font que 55 % de la population mondiale habitent en zone côtière, avec soixante (60) millions de personnes vivant entre le Sénégal et le Nigeria (NOAA, 2002). Aujourd'hui, ces biens et services littoraux sont en train de décroitre dans les côtes. Selon le PNUE (2006) l'amplification de la croissance des populations côtières et les pressions provenant des activités humaines terrestres provoquent la perte des ressources vivantes et la destruction des habitats côtiers. Ce qui a des répercussions sur les opportunités de survie et accentue la pauvreté. Mais les causes de cette dégradation sont de plusieurs ordres : d'abord ce sont les phénomènes naturels (changement climatiques, érosion et déficit pluviométrique), ensuite ce sont la pollution, le développement du tourisme, la pauvreté et les pressions du développement économique à des échelles tant locales que mondiales.

L'écosystème de mangrove est l'un des plus productifs au niveau des écosystèmes littoraux. Dans de nombreux pays en développement, les communautés côtières dépendent des forêts de mangrove qui leur fournissent des possibilités économiques. Ces ressources sont vitales pour la subsistance quotidienne et constituent des moyens de subsistance pour environ cinq millions de personnes3(*). La mangrove est utilisée par les populations riveraines pour de très nombreux usages. Il s'agit surtout des activités de récolte de coquillages (arches et huitres) qui sont en générales effectuées par les femmes (CORMIER-SALEM, 1994), l'utilisation du bois de mangrove comme source d'énergie. Ainsi, les mouvements vers les côtes sont dus à l'attraction des services et biens offerts par les écosystèmes côtiers de façon générale et de ceux des mangroves en particulier.

Mais aujourd'hui la tendance est inverse dans certaines zones côtières, notamment dans les zones estuariennes ; du fait du recul que cet écosystème est en train de prendre. En effet, la superficie mondiale des mangroves est passée de 18,8 millions d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005, soit une perte de 3,6 millions d'hectares (FAO, 2005). Selon la FAO, les causes principales de la destruction de la mangrove sont la pression démographique élevée, la conversion à grande échelle des zones de mangrove pour la pisciculture, l'élevage des crevettes, l'agriculture, les infrastructures et le tourisme, aussi bien que la pollution et les phénomènes naturelles. Par cet effet, on assiste à des pertes de biodiversité et de moyen d'existence, en plus de l'intrusion du sel dans les zones côtières expliqué par le déséquilibre entre les deux dynamiques fluviales et marines.

Le continent africain, n'étant pas épargné par la situation, est concerné de manière significative par la dégradation des forêts de mangrove. Le continent a subi une perte de 510 000 hectares depuis 1980 (FAO, 2005). Ainsi, les services et les biens offerts par les écosystèmes de mangrove du continent se détériorent concomitamment avec la dégradation de ces forêts côtières. Cette situation a ainsi un effet sur les populations vivantes des ressources de mangroves. D'abord, la pression sur ces ressources augmente, ensuite la propension à migrer des populations côtières croit.

Le Sénégal a une frange maritime de 700 km de long, avec un écosystème de mangrove qui était très riche et développé. Cet écosystème est rencontré dans le pays dans la zone de Saint Louis, de la Petite côte, de la Casamance et du Delta du Saloum. Les mangroves jouent un rôle crucial dans l'écosystème productif qui est le soutien des activités de subsistance de ces populations côtières du pays. Ainsi, elles restent très exposées devant la détérioration des écosystèmes de mangrove.

Ce changement a de lourdes conséquences sur les peuples autochtones. La protection et la gestion de la faune, des pêcheries et des écosystèmes des petites îles connaissent des contraintes significatives, ainsi que l'utilisation traditionnelle et coutumière des ressources naturelles qui sont importantes pour leur vie économique. La réduction remarquable de la superficie de mangrove du pays, passée de 440 000 ha en 1983 à 185 000 ha en 1997 (PAGEMAS, 2006), a crée de nombreuses perturbations dans la vie des populations riveraines. Le taux de croissance ; négatif de 23,8 % entre 1980 et 2006 ( cf. Annexe 1 : Étendue, distribution et état des mangroves du Sénégal, page 85), atteste l'accélération du recul des forêts de mangrove aux Sénégal.

Par cet effet certaines activités peuvent prendre du recul, en particulier l'exploitation des ressources associées à la mangrove (pêche, transformation des produits halieutiques et exploitation du bois de mangrove) dans les zones côtières. Ce ci nous montre que la faiblesse des ressources halieutiques aux niveau des eaux sénégalaises ne dépend pas seulement de l'exploitation de ces ressources par les bateaux occidentaux, même s'ils joue un rôle non négligeable dans l'épuisement des ressources halieutiques. Aussi, la dégradation des forêts de mangrove joue un rôle prépondérant dans cette situation.

Du coup la dégradation des forêts de mangrove devient concomitante avec la raréfaction des ressources, ainsi que la baisse de la productivité des activités de ces communautés. Ce sont en particulier des activités qui sont associées aux écosystèmes de mangroves.

Ici le facteur le plus important est la dégradation des écosystèmes de mangroves compte tenu de la nature de l'exploitation et des activités génératrices de revenus liées à cette forme d'exploitation, car ces écosystèmes jadis productifs ne produisent plus de revenus satisfaisants. Ainsi la rareté et la faiblesse qui est concommitantes des revenus justifie les fortes déplacements de population Cela est confirmé par la réduction du parc piroguier de 48 %, car il est passé de 10 707 pirogues en 1997 à 5 615 en 20054(*).

Quoique les facteurs environnementaux puissent expliquer le phénomène migratoire, ils peuvent aussi être expliqués par des paramètres sociologiques, politiques et géographiques.

Le Delta du Saloum où l'on rencontre l'une des forêts de mangrove les plus importantes du pays était une zone très poissonneuse à cause de son potentiel en zone de frayère. L'écosystème de mangrove occupe environ 80 000 hectares dans les estuaires du Saloum (DEEC). Ces avantages constituent une source de revenus aussi bien des populations locales et environnantes, dont celles venant des zones frontalières. En effet, les facteurs écologiques et économiques semblent être interconnectés (Ouédraogo, 2007).

L'importance économique et écologique de cette zone, en l'occurrence le Delta du Saloum a incité l'État sénégalais et la communauté internationale à prendre des mesures pour la protection de ce site. Ainsi, en 1976, il a été érigé le Parc National du Delta du Saloum (PNDS), par décret NO 76 577, sur une superficie de 76 000 ha couvrant le milieu amphibie et le plateau continental. Ensuite en 1981, le parc a été inscrit au patrimoine mondial de la Biosphère (Réserve de Biosphère du Delta du Saloum(RBDS) par l'UNESCO. C'est pour quoi, la loi portant code forestier a affecté la gestion aux services des eaux et forêts ; conformément aux dispositions de la loi No 98-03 du 8 janvier 1998 portant code forestier5(*). Puis en 1984, le Delta a été reconnu comme une Zone Humide d'importance internationale servant d'accueil aux espèces paléarctiques (oiseaux migrateurs) et fut classé parmi les sites conformément à la convention de Ramsar. Enfin en 2006, le conseil Régional de Fatick a inscrit le Delta au Club des plus belles Baies du monde. Ce ci permettra au pays de s'insérer dans le septième objectif des OMD (2008), notamment d'assurer un environnement durable.

Aujourd'hui cet écosystème qui est en train de se dégrader , a inciter les populations des îles du Saloum qui sont principalement des Niominka à développer leurs stratégies pour contourner ces problèmes causés par la dégradation de leur environnement. Du coup, la diminution de la richesse de ces ressources et la baisse d'alternatives économiques peuvent-être un facteur incitatif à l'exode ou bien comme candidat à l'émigration. En effet, les populations des îles du Saloum sont uniquement spécialisées dans les activités halieutiques, notamment la pêche chez les hommes et la transformation des produits halieutiques chez les femmes. L'exploitation des produits aquatiques est attestée par les amas coquilliers (CORMIER-SALEM, 1994). De ce point de vue, on peut se demander quel est le profil des migrants concernés.

Ainsi pour effectuer cette étude, notre recherche tourne autour de la question générale de recherche suivante : la dégradation des écosystèmes de mangroves a-t-elle des effets sur la dynamique migratoire des populations du Delta du Saloum ?

Ainsi pour mener une recherche autour de cette problématique, nous chercherons à savoir en quoi la dégradation de la mangrove est un facteur déterminant dans le comportement de migration des Niominka. La dégradation des écosystèmes de mangrove peut-elle avoir des effets sur la vie économique des insulaires ? Quelles sont les formes de migration qui sont entreprises par ces populations insulaires pour faire face à cette situation ? Les activités des migrants sont-elles associées à l'écosystème de mangrove ?

* 3 Sustainable Fisheries Livelihoods Programme, 2000).

* 4 Direction des Pêches Maritime du Sénégal (DOPM), Rapport annuel des statistiques de la pêche maritime du Sénégal

* 5 En son article L.55 la loi stipule que le service des Eaux et Forêts est chargé de la gestion du domaine forestier de l'Etat, sous réserve des dispositions particulières au service des parcs nationaux.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci