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L'analyse des sources de financement des institutions de microfinance: cas du Crédit Mutuel du Sénégal (CMS)

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par Mike SHUKURU MWEZI
Institut supérieur de management - Master ingénierie financière 2009
  

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    INTRODUCTION GENERALE

    La microfinance a débuté sous la forme d'un mouvement philanthropique à échelle réduite pour fournir des prêts aux plus démunis.

    En Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich Wilhelm Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première société coopérative d'épargne et de crédit, une institution qui offre des services d'épargne aux populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. L'épargne collectée permet de consentir des crédits à d'autres clients. Ces organismes sont dits mutualistes car elles mutualisent l'épargne de leurs membres pour le prêter à d'autres membres. Les organismes et institutions qui se développent sur cette base en Europe et en Amérique du Nord, puis, après la Seconde Guerre mondiale dans les pays du Sud, notamment en Afrique se focalisent sur l'épargne et offrent peu des services de crédit1(*).

    Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad Yunus développe le microcrédit au Bangladesh et ouvre la voie à de nombreuses autres expériences menées dans le monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour gérer le risque associé, c'est-à-dire les services financiers normaux qui sont proposées aux catégories plus riches2(*).

    Le succès de la Grameen Bank a connu un écho dans le monde entier, dans la pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette expérience. Dans les pays où les densités de population sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir les conditions de rentabilité pour créer des services et commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres coûts3(*).

    A la fin des années 1980, les initiatives se multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des microcrédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans subvention4(*).

    Le microcrédit, défini comme «l'ensemble des dispositifs qui permettent d'offrir de très petits crédit à des familles très pauvres, pour les aider à mener une activité productrice ou encore génératrice de revenus, afin d'améliorer leurs conditions de vie5(*)» a connu un succès incontestable dans le monde à travers les résultats qu'il a affichés dans le cadre des programmes de réduction de la pauvreté.

    Beaucoup de progrès ont été effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins de 655f par jour, spécialement dans les zones rurales, ne bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier classique. Les besoins des populations sont en perpétuelle évolution, ils se diversifient et deviennent de plus en plus complexes entrainant la recherche de solutions adaptées.

    Le microcrédit évolue à son tour et propose d'autre produits et services financiers et se transforme en microfinance.

    On peut définir la microfinance comme l'ensemble des services qui sont proposés à des individus qui n'ont pas accès aux institutions financières classiques.

    Par extension le terme «microfinance» désigne l'ensemble des activités mises en oeuvre pour apporter ces services6(*).

    Depuis quelques années, la microfinance a connu une croissance énorme et s'est établie comme l'un des principaux fournisseurs d'une gamme étendue de services financiers comme l'épargne ou le microcrédit pour des millions de personnes tout autour du monde.

    L'analyse des pratiques des anciennes sociétés d'Afrique et d'Asie montre que la micro finance faisait partie de leurs quotidiens à travers les pratiques de tontines et autres. Ces pratiques traditionnelles avaient cours légal en Afrique jusqu'au lendemain de l'échec des banques commerciales nationales et des banques de développement vers les années 70. Le Sénégal à l'instar des autres pays de l'Afrique a connu une éclosion des initiatives de création des mutuelles d'épargne et de crédit sous diverses formes pour répondre au mieux aux multiples besoins des populations  défavorisées.

    Dans l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), La microfinance a connu un développement particulier.

    Le mouvement s'est amorcé à partir de la crise bancaire des années 1980 en prenant appui sur une tradition séculaire de finance informelle. En effet, pour permettre à une frange importante de la population, qui se retrouvait en marge du système bancaire classique, d'accéder à des services financiers, la BCEAO a décidée de promouvoir des nouveaux intermédiaires financiers dont les systèmes financiers décentralisés (SFD) ou institutions de microfinance (IMF). Ces structures apparaissent aujourd'hui comme des vecteurs efficaces indispensables pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion financière. Ce faisant, elles constituent des outils de transformation économique fournissant aux agents économiques cibles des services financiers durables, capables de soutenir leurs activités économiques et leur processus d'accumulation7(*).

    Au Sénégal on assiste à une évolution de même envergure. Le Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ont connu leur réelle expansion dans les années 90. Il s'agissait alors de trouver une solution pour faciliter l'accès au crédit des couches défavorisées voire très défavorisées.

    En effet, la majeure partie de la population est exclue des circuits bancaires classiques à cause des conditions de crédit souvent très lourdes. Dans un tel contexte, les SFD constituaient un espoir pour ces exclus des banques. Au fil des années, les caisses mutualistes se sont multipliées dans le pays autant en milieu rural qu'urbain.

    L'évolution de Systèmes Financiers Décentralisé (SFD) au Sénégal est marquée par deux périodes8(*):

    · une première période caractérisée par l'émergence du système et la mise en place du cadre juridique régissant les institutions. Elle se situe entre 1993-1997

    Au cours de cette période il a été adopté un dispositif transitoire relatif à l'organisation, aux conditions d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes d'épargne et de crédit (Arrêté n°1702 du 23/02/1993).

    Si ce texte a pu favoriser l'agrément de 120 institutions, il n'avait prévu aucune disposition sur la reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.
    En outre, il ne comportait aucune règle particulière sûr, les infractions et les sanctions; les organes de gestion et de contrôle; les normes de gestion financière. Ces limites peuvent se justifier en raison du caractère transitoire même du texte.

    · une deuxième période de consolidation qui a débuté avec le regroupement de certaines structures en vue de se doter d'institutions faîtières (unions, fédérations, confédération).

    Cette période est caractérisée par le renforcement de certaines structures, le regroupement significatif de certaines institutions en réseaux; et le développement à large échelle du système.

    L'expansion du système s'est traduite par:

    · L'augmentation du nombre des structures qui passe de 120 en 1997 à 833 en fin décembre 2005.9(*)

    · La mobilisation d'un montant de 34,909 milliards de francs CFA de dépôt et distribué 33,312 milliards FCFA de crédit en fin 2003 par ces SFD qui comptent 442 650 membres.10(*)

    Le développement de la microfinance a permis de mettre au point des produits financiers adaptés aux personnes exclues des services bancaires classiques.

    Des organisations spécialisées dans la mise en place de ces services ont été créées comme indiqué ci-dessus dans la zone UEMOA: les institutions de microfinance (IMF). Ces dernières ont adapté avec succès des produits simples, assez standard, d'épargne et de crédit. L'arrivé à maturité du secteur et la volonté de fidéliser des clients souvent plus exigeants poussent aujourd'hui les IMF à innover davantage et à diversifier leurs services (assurance, transfert de fonds, etc.). L'innovation, la diversification de ces services pour la fidélisation des clients et la mise au point des produits financiers adaptés aux personnes exclues des services bancaire classiques demande des financements pouvant mieux répondre à ces contraintes.

    Ainsi, le présent travail traitant de l'analyse des sources de financement des institutions de microfinance (IMF) se compose de trois parties.

    La première partie présente l'approche théorique et méthodologique qui a été adoptée. Elle présente la problématique, fait ressortir les points que nous cherchons à développer et indique la façon dont nous comptons procéder.

    Elle présente également l'intérêt du sujet et les écrits qui ont traité cette problématique précédemment.

    La deuxième partie traite des sources de financement des IMF. Elle présente les principaux acteurs de financement des IMF ainsi que les différents types de financements, tout en évoquant les avantages et inconvénients de chaque type de financement. Elle présente également l'importance de chaque source de financement pour les IMF.

    La troisième partie expose sur l'analyse des sources de financement des IMF cas du crédit mutuel du Sénégal (CMS). Dans cette partie nous présentons le CMS en premier temps ensuite nous analysons ses sources de financement.

    Première partie : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

    Chapitre I- LE CADRE THEORIQUE

    Section 1- la problématique

    Les institutions de microfinance (IMF) offrent des services financiers, y compris de très petits prêts, aux pauvres afin qu'ils puissent développer leurs petites activités de commerce et entreprises.

    On peut admettre aujourd'hui qu'elles sont des outils financiers qui participent à la réduction de la pauvreté, et qu'elles sont par excellence, «les banques de pauvres». Toutefois, la majeure partie des IMF, bien que voulant contribuer à la lutte contre la pauvreté, n'ont pas les moyens nécessaires pour supporter les coûts induits par l'offre de services financiers destinés aux populations les plus démunies.

    La microfinance est au coeur de l'actualité financière dans la sous région. Pendant plus de vingt ans, des sommes importantes ont été injectées dans le secteur favorisant ainsi son développement plus rapidement que prévu.

    Au niveau mondial, d'après le point de vu publié par le CGAP intitulé «Water, water everywhere but not a drop to drink»11(*) (de l'eau, de l'eau partout mais pas une goute à boire); le financement dans le secteur de la microfinance est en croissance, avec la participation des donateurs et des gouvernements, généralement à travers les facilités de financement de gros et de second rang, aussi bien que des investisseurs privés.

    Aujourd'hui, il s'agit d'accroitre sinon de maintenir cette croissance au plan des résultats tout en étant autonome au plan des ressources financières. Autrement dit, les IMF doivent assurer leur avenir en menant des activités susceptibles de générer suffisamment de revenus pour assurer leur pérennité.

    Malgré l'évolution du secteur de la microfinance, il se pose cependant des questions de savoir. «Avec tous les fonds qui sont versés dans le secteur, pourquoi est-il difficile aux IMF d'avoir accès au financement recherché?», «qu'est ce qui fait que les IMF soient en manque de ressources suffisantes pour assurer leur pérennité?», et «quel type de financement permettra aux IMF de disposer des ressources financières suffisantes pour assurer leur croissance afin de répondre à leur vocation?», existe-t-il un mode de financement optimal pour les institutions de microfinance?

    Pourquoi les gestionnaires des IMF font-ils face à des sérieuses contraintes de financement?

    Section 2- les objectifs de recherche

    Dans nos recherches, nous nous sommes fixés pour objectif d'analyser les différentes sources de financement des IMF dans le but de faire connaitre leur importance pour la croissance et le développement des IMF, mais aussi dans le but de cerner quelle serait l'origine de la problématique de financement des IMF.

    Mise à part l'objectif général, voici quelques objectifs spécifiques:

    - Déterminer la portée du financement des institutions de microfinance dans la lutte contre la pauvreté.

    - L'incidence des financements d'origine privée sur les IMF. Le financement d'origine privé permet-il aux IMF d'atteindre la majorité des populations exclues du système financier?

    Section 3- l'hypothèse de travail

    En matière de financement dans le secteur financier, il n'existe pas un mode de financement optimal pour les institutions de microfinance. Mais aujourd'hui, les IMF ont à leur disposition un éventail toujours croissant des sources de financement.

    Section 4- la pertinence du sujet

    Dans les pays industrialisés, pour une majorité de la population, avoir accès à des services financiers simples (un compte courant, un compte d'épargne, un chéquier,...) est devenu tout naturel. En même temps, il existe malheureusement une importante population en situation «d'exclusion bancaire» définie comme «un degré d'entrave dans les pratiques bancaire et financière qui ne lui permet plus de mener une vie sociale normale dans la société»12(*).

    Au Sénégal et dans les pays en développement, c'est l'immense majorité qui est exclue du secteur financier formel. Pour remédier à cela il a été crée des IMF, considérées comme le secteur financier informel, nécessitant des ressources pour répondre aux besoins des exclus. Ce qui entraine les besoins de financement, quelle qu'en soit le type.

    D'où l'intérêt du choix de notre sujet.

    Section 5- la revue critique de la littérature

    Cette revue de la littérature va mettre l'emphase sur quelques ouvrages traitant de la microfinance. Ces outils nous ont permis d'avoir une idée synthétique sur la base de laquelle notre étude est fondée.

    Le livre intitulé «Le guide de la microfinance»13(*) écrit par trois praticiens de la microfinance, Jeremy Hadjdenberg, Sébastien Boyé et Christine Poursat, s'adresse aux acteurs de la coopération internationale, aux professionnels du monde de la finance, aux étudiants et à un public plus large intéressé par les enjeux et la pratique de la microfinance dans le pays en développement. Les auteurs abordent aussi bien les aspects les plus pratiques que les questions financières et organisationnelles.

    Tout en donnant une vision globale du développement de la micro finance dans le monde, ce livre présente une multitude d'opérations menées à travers tous les continents qui prouvent l'universalité du concept et sa capacité d'adaptation aux contextes locaux.

    C'est à partir de cette connaissance concrète du terrain que le livre décrit les mécanismes des institutions de microfinance et définit leurs enjeux majeurs, ainsi que le rôle des partenaires extérieurs: État, financeurs, experts. L'intérêt de ce livre est de couvrir largement le thème de la microfinance, abordant à la fois des aspects très concrets (le fonctionnement opérationnel d'une institution, les cas de fraudes...), mais aussi les questions plus générales de la réglementation ou des publics encore non couverts par les IMF. Ecrit par des praticiens, avec une expérience réelle du terrain, le livre garde un ton didactique, et un souci d'illustrer toute explication par des exemples.

    L'ouvrage intitulé «La commercialisation de la microfinance» édité par Deborah DRAKE et Elisabeth RHYNE publié par Kumarian Press nous indique que lorsqu'on parle de commercialisation de la microfinance, il est entendu une orientation plus lucrative des activités accomplies par les operateurs du secteur. L'importance du sujet vient de la présence accrue d'institutions financières (tels, banques commerciales, sociétés d'investissement) dans la microfinance et d'un questionnement quand à la desserte de services financier aux populations démunies et vulnérables qui étaient a l'origine de la microfinance.

    Plusieurs praticiens pensent que la seule voie pour la desserte de produits financiers de qualité aux populations démunies passe par la commercialisation de la microfinance. Ceci se justifie par le développement de nouveaux produits financiers adaptés et une bonne couverture géographique et des économies d'échelle.

    Pour les praticiens de microfinance il y a une nécessité pressante et soutenue à développer des produits qui couvrent les besoins de l'ensemble des communautés pauvres et moins pauvres et d'une manière efficiente. Cette partie de recherche développement tient lieu d'espace pour canaliser les ressources des bailleurs de fonds publics et internationaux pour les années à venir. Même si on observe une tendance actuelle pour inciter les ONG du secteur à développer des modèles démonstratifs d'autosuffisance, le besoin de financer par subsides les modèles innovateurs de couverture des populations pauvres reste une grande priorité.

    Chapitre II- LE CADRE METHODOLOGIQUE

    Section 1- le cadre de l'étude

    Cette étude s'effectue au Sénégal où le secteur de la microfinance est en pleine croissance. Le secteur a évolué comme suit au cours de la période 1993 - 200314(*):

    · le nombre d'institutions a été multiplié par 6 atteignant 620 au 31/12/2003;

    · le nombre de points de services (caisses de base, agences et bureaux...) est passé de 1136 à 2597;

    · le nombre de clients/membres servis par ces institutions qui était de moins de 313 000 en 1993 a atteint 4 millions en décembre 2003;

    · les dépôts collectés passent de 12,8 milliards FCFA en 1994 à 204,7 milliards FCFA à fin 2003;

    · les prêts octroyés par ces institutions ont été multipliés par 10 au cours de la période considérée passant de 19,4 milliards  à 200 milliards FCFA;

    · des crédits en souffrance atteignent 8% de l'encours au 31/12/2003.

    En date du 31 décembre 2005, on compte plus de 833 structures financières décentralisées reconnues. Les autres types d'institutions signent des conventions cadres de 5 ans renouvelables.

    D'après les donnée du secteur, les IMF touchent plus du quart des familles sénégalaises. Le nombre de clients des SFD a été estimé à 510 833 en décembre 2003.

    Le secteur comprend quatre types d'institutions formelles de microfinance :

    · Les Mutuelles d'épargne crédit (MEC) sont des institutions financières mutualistes de base, agréées par le MEF, dotées de la personnalité morale et soumises à la Loi «PARMEC». Ces institutions peuvent se regrouper en unions, ces unions en fédération et ces fédérations en confédération. Au Sénégal il y a 429 MEC.

    · Les réseaux sont les regroupements de MEC en union, fédération et confédération. Ils peuvent se doter d'un organe financier qui est une structure dotée de la personnalité morale et dont l'objet principal est de centraliser et de gérer les excédents de ressources financières des membres. Au Sénégal il y a 6 Unions et 1 Fédération.

    · Les Structures Signataires de Convention Cadre (SSCC) : les structures ou organisations non constituées sous forme mutualiste ou coopérative et intervenant dans la collecte de l'épargne et/ou l'octroi de crédit ne sont pas soumises à la Loi «PARMEC». Elles fonctionnent sur la base d'une Convention-cadre signée avec le MEF pour une durée de cinq ans renouvelable. Cette convention spécifie les activités qu'elles sont autorisées à exercer ainsi que leurs principes de gestion. Au Sénégal il y a 7 SSCC.

    · Les Groupements d'Épargne Crédit (GEC) sont des regroupements de personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être reconnus comme des institutions financières mutualistes de base, effectuent des activités d'épargne et de crédit en s'inspirant des principes de la mutualité, énumérés à l'article 11 de la Loi «PARMEC». Ces structures n'ont pas la personnalité morale; elles peuvent être reconnues par le MEF (Ministère de l'économie et des Finances), mais sont exclues du champ d'application de la Loi «PARMEC». Au Sénégal il y a 389 GEC.

    Le marché est dominé par les 7 réseaux suivants :

    · Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production (ACEP);

    · Crédit Mutuel du Sénégal (CMS);

    · Union des Mutuelles  du Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit au Sénégal;

    · Réseau des Caisses d'Epargne et de Crédit des Femmes de Dakar (RECEC / FD);

    · Réseau des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de l'UNACOIS (REMECU);

    · Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit (UMEC) ;

    · Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de l'UNACOIS (UMECU).

    Nos investigations se sont déroulées au sein du crédit mutuel du Sénégal pour une approche pratique de nos recherches.

    Section 2- la délimitation du champ de l'étude

    Comme nous l'avons indiqué un peu plus haut, nos recherches sont orientées vers «l'Analyse des sources de financement des institutions de microfinance».

    Nous allons passer en revue les différentes sources de financement des IMF pour leur compréhension, tout en insistant sur les nouvelles sources de financement car, mal ou pas du tout connu par les dirigeants des IMF.

    Le secteur de la microfinance au Sénégal renferme une multitude d'IMF, mais nous nous intéressons particulièrement au crédit mutuel du Sénégal. Leader dans le secteur de microfinance au Sénégal, le CMS participe à l'amélioration du niveau de vie et à la promotion du bien-être des populations toutes catégories confondues en offrant une large gamme de services financiers de proximité.

    Il offre des services comme: la collecte et la gestion d'épargne, le crédit, la domiciliation de salaires et pensions, le virement, le transfert d'argent, etc.

    Les produits d'épargne sont constitués de compte d'épargne, de compte courant, compte à terme et du plan épargne projet (PEP santé, éducation, habitat, activité professionnelle).

    Quand aux produits de crédit nous avons: le crédit AES (aménagement, équipement, social); le crédit PEP; le crédit campagne agricole; le crédit élevage; le crédit fond de roulement; le crédit de préfinance, etc.

    Section 3- les techniques d'investigation

    En ce qui concerne les techniques d'investigations, nous nous sommes intéressés à une recherche et une analyse documentaire au travers des ouvrages et mémoires traitant indirectement de notre sujet.

    Nos recherches se sont focalisées sur la documentation au niveau des bibliothèques, sur l'internet et au niveau du crédit mutuel du Sénégal.

    Nous avons utilisé également un guide d'entretien qui a été administré au directeur financier du CMS pour une analyse pratique de la situation concernant leur financement.

    Section 4- les difficultés rencontrées

    Tout au long des nos recherches nous avons été confronté aux difficultés liées à la documentation.

    Nous avons eu également des difficultés suivantes:

    - Difficulté d'accéder à une certaine information, parce que confidentiel;

    - L'insuffisance de temps imparti pour l'administration du guide d'entretien;

    - Le refus catégorique pour quelques IMF de nous recevoir.

    Deuxième partie: LES SOURCES DE FINANCEMENT DES IMF

    Pour les IMF, la question du financement est centrale: au démarrage de l'activité, lorsqu'il faut prendre en charge les missions d'assistance technique nécessaire à la mise en place de l'institution; puis tout au long de leur développement, pour financer une croissance souvent rapide et consommatrice en ressources financières.

    L'objectif de cette partie est de présenter les principaux acteurs du financement des IMF mais aussi de présenter les différents types de financements.

    Chapitre I : LES ACTEURS DU FINANCEMENT DES IMF

    Section1: les bailleurs de fonds

    Les bailleurs de fonds ont longtemps été les principaux financeurs du secteur de la microfinance; à ce titre, ils ont joué un rôle central dans l'émergence, le développement et les orientations de la microfinance. Par bailleur de fonds nous entendons des organismes, publiques ou privées, dont l'objectif est de soutenir des actions de développement par le biais de la mise en disposition des dons (appelés subventions) ou des prêts à taux bonifié (cout inferieur au taux du marché).

    1.1. Type des bailleurs de fonds

    On regroupe généralement les bailleurs de fonds en trois catégories:

    · Les bailleurs nationaux: ce sont des structures de financement de l'aide au développement que certains États mettent en place au sein de leur administration. On parle alors de coopération bilatérale.

    · Les bailleurs multilatéraux: ils dépendent d'une organisation regroupant plusieurs pays. Ils peuvent se regrouper au niveau régional, avec par exemple les banques de développement (Banque africaine de développement, Banque asiatique de développement, Banque interaméricaine de développement). Les bailleurs multilatéraux peuvent également être rattachés à des organisations internationales plus larges, institut de Bretton Woods (Banque mondiale) ou les Nations unies (BIT15(*), FENU16(*));

    · Les fondations privées: elles peuvent être soit des fondations d'entreprise, soit des fondations issues des donations individuelles. Elles jouent un rôle de plus en plus important dans le secteur.

    1.2. Rôle des bailleurs de fonds

    Historiquement, les bailleurs de fonds ont joués un rôle très important au niveau de l'émergence et de l'accompagnement des IMF. La quasi-totalité des institutions aujourd'hui matures ont bénéficié, à leur démarrage et dans leur développement, de l'appui de bailleurs de fonds. Ceci s'explique au travers le schéma «classique» du développement d'une IMF suivant:

    · Au démarrage, le coût de l'assistance technique est pris en charge par les bailleurs de fonds, on parle de mesofinance.

    · Tant que l'IMF n'est pas viable, des subventions viennent compenser ses pertes;

    · Le financement de la croissance du portefeuille de crédit peut être également l'objet de financement de la part des bailleurs: soit par subvention, soit par prêts à des taux concessionnels.

    Ces interventions directes en appui aux IMF sont aujourd'hui plus rares de la part des bailleurs de fonds, qui préfèrent agir au niveau du secteur et de son environnement. Lorsqu'elles existent, les subventions sont de plus en plus concentrées sur des sujets techniques précis (système d'information, formation) ou sur des périodes critiques de développement d'institutions déjà matures (transformation institutionnelle, par exemple).

    Les bailleurs de fonds privilégient aujourd'hui d'autres modes d'intervention que les subventions: prêts aux IMF, participation à des fonds d'investissement, garantie pour l'obtention de prêts auprès des banques locales ou garanties d'émission obligataire. Ces instruments sont par nature réservés à des institutions ayant atteint un certain degré de maturité.

    1.3. Risque du retrait des bailleurs de fonds publics

    Après une phase d'euphorie, au milieu des années quatre-vingt-dix, où un impact massif semblait possible pour un investissement faible, certains bailleurs de fonds constatent aujourd'hui que les résultats ne sont pas à la hauteur de ces espérances, souvent irréalistes; la perception accrue du risque de faillite d'IMF (souvent mal comprise, car peu analysée) renforce leur déception.

    Aujourd'hui beaucoup d'acteurs de la microfinance font donc le constat d'un retrait des bailleurs de fonds de ce secteur, qu'ils ont pourtant contribué à faire émerger.

    L'existence en microfinance des indicateurs clairs, quoique partiels, du succès ou de l'échec comme, par exemple, la qualité de remboursement des microcrédits a donné lieu à une transparence qui, certes souhaitable, a mis à lumière les échecs des interventions de certains bailleurs de fonds. Ce derniers tendent à prioriser d'autre secteur d'intervention.

    L'hésitation des bailleurs de fonds publics à s'engager encore dans le secteur de la microfinance a plusieurs implications, notamment:

    · Le financement d'IMF existantes est privilégié, au détriment de la création des nouvelles institutions. Des initiatives spontanées intéressantes peine à trouver des subventions pour démarrer, alors qu'elles pourraient s'avérer tout aussi innovante et viable que des expériences précédentes.

    · Percevant l'appui direct aux IMF comme plus risqué, les bailleurs de fonds tendent à concentrer leur effort sur des interventions auprès du secteur et à son environnement.

    Les outils utilisés pour intervenir (plus de prêt et moins de subvention, augmentation du montant d'intervention minimal) sont de moins en moins adaptés à des IMF en création, ou à des initiatives innovantes mais à petite échelle;

    · Face au retrait des bailleurs publics, les fondations privées s'impliquent, certes, de façon croissante dans le secteur, mais leur poids reste encore faible.

    Ce retrait constitue un risque réel, au moment où s'impose le constat de besoins encore non couverts par la microfinance et de la nécessité pour y répondre d'investir sur des nouvelles institutions et des nouvelles méthodologies.

    Section2: Les banques commerciales

    Dans certains pays, les pouvoirs publics obligent les banques à fournir des services financiers, en particulier des crédits, aux secteurs économiques, comme les petites entreprises ou l'agriculture, considérés comme prioritaires au plan social. Or, la contrainte morale ou juridique ne favorise généralement pas l'adoption de modèles de prestation des services viables à long terme.

    On constate de plus en plus cependant que les banques commerciales explorent d'elles-mêmes les possibilités ouvertes par la microfinance, certaines s'implantant sur ce marché parce qu'elles estiment qu'il offre des perspectives de profit et de croissance durables.

    Ces établissements bancaires ne s'intéressent pas au secteur de la microfinance au même titre. De la mise en place d'un département interne de microfinance au simple financement d'IMF, le spectre d'intervention est large. Les banques qui décident de s'implanter sur ce marché ont le choix entre diverses approches.

    On distingue actuellement deux grands types d'approches directes et indirectes suivant la manière dont la banque établit le contact avec la clientèle. Certaines banques pénètrent le marché directement en développant leurs opérations de détail pour atteindre un « micro-niveau ». Pour ce faire, elles créent une unité interne ou une entreprise distincte, comme une société de services ou une institution financière spécialisée. D'autres choisissent une approche indirecte en travaillant avec des prestataires de microfinance existants.

    Choisir une approche qui soit, dès le départ, adaptée à la fois à la banque et aux circonstances est un important facteur de réussite. Chaque approche est associée à une logique, un profil de risque, des facteurs de succès et des coûts particuliers.

    Voici quelque type d'intervention possible détaillés ci-dessous17(*):

    2.1. Octroi des prêts aux IMF

    Les banques peuvent fournir un prêt à terme ou une ligne de crédit à une IMF pour financer son fonds de roulement ou son fonds de crédit. Ce modèle est l'un des plus courants, car c'est celui qui se rapproche le plus des prêts normalement consentis par les banques commerciales. L'IMF utilise les ressources obtenues en le prêtant à ses clients à un taux d'intérêt plus élevé.

    Le fait que des banques commerciales prêtent à des IMF est une évolution assez récente. Dans un grand nombre de pays, les banques locales refusent le plus souvent de refinancer les institutions de microfinance, par méconnaissance du secteur. Pour débloquer la situation, les premières opérations de ce type se sont souvent réalisées avec le soutien des bailleurs de fonds qui garantissaient le remboursement des banques par les IMF.

    Ce prêt peut également être garanti par le nantissement d'actifs ou par un dépôt en espèces ou encore garanti par une tierce partie comme signalé dans le paragraphe précédant. La banque peut stipuler dans l'accord de prêt l'obligation pour l'emprunteur de fournir des états financiers à intervalles périodiques, le droit pour la banque de procéder à des inspections, ainsi que d'autres clauses financières.

    De nombreuses banques un peu partout dans le monde fournissent des prêts commerciaux aux IMF. Plusieurs facteurs indiquent si une IMF est prête à recevoir des ressources commerciales :

    Elle peut fournir immédiatement des informations financières ;

    Elle est dotée d'une bonne gouvernance et d'une direction compétente, soucieuse de rentabilité et d'efficacité ;

    Elle a un portefeuille de prêts de qualité, des procédures de provisionnement et d'abandon de créances adaptées ;

    Elle dispose de systèmes d'information qui génèrent en temps voulu des rapports fiables et pertinents ;

    Elle offre de bonnes perspectives de croissance.

    2.2. Investissement dans une IMF

    Une banque commerciale peut également choisir d'entrer dans le secteur de la microfinance en investissant dans une IMF déjà crée. Cela permet à la banque de prendre pied dans le secteur, d'apprendre le métier sans prendre le risque de lancer une activité pouvant porter atteinte aux structures sociales existantes (IMF).

    L'institutionnalisation des programmes de microfinance en société à capitaux privés constitue de bonnes opportunités pour les banques souhaitant s'implanter dans le secteur. En effet, ces transformations nécessitent d'attirer des investisseurs, et la présence d'une banque commerciale en tant que partenaire stratégique est souvent bien perçue.

    Dans certains cas, la banque donne à une institution de microfinance et à ses clients accès à son réseau d'agences ou de GAB et à ses fonctions d'interface avec la clientèle (y compris les services de caisse) et fonctions administratives, qu'il s'agisse des services informatiques ou du traitement des transactions. En échange, la banque perçoit des commissions ou des frais périodiques de l'IMF et de ses clients, en fonction des clauses de l'arrangement contractuel.

    Le traitement des transactions est la forme la plus simple et la plus courante de la relation qui peut ainsi s'instaurer entre une banque et une IMF, et c'est généralement la formule qui présente le moins de risques. Dans certaines variantes du modèle l'IMF peut placer ses propres employés dans une agence de la banque pour fournir des services à sa clientèle ou bien utiliser l'infrastructure de la banque (par exemple ses GAB et ses guichets) pour décaisser les crédits et recouvrer les remboursements, opérer des transferts nationaux et internationaux ou effectuer des opérations de change. Les clients peuvent ouvrir un compte directement auprès de la banque ou bien recevoir les fonds du crédit et rembourser leur prêt par l'intermédiaire du compte détenu par l'IMF à la banque. Les fonctions administratives peuvent être assurées par la banque si les systèmes d'information de gestion des deux institutions sont compatibles.

    2.3. Distribution des produits par l'intermédiaire d'une société de service ou d'une IMF partenaire

    Suivant ce modèle, la banque confie soit à une société des services, soit à une IMF d'envergure le soin de distribuer des microcrédits qu'elle enregistre dans ses livres comptables, de prendre des décisions de crédit et d'administrer le portefeuille des prêts, en échange d'un pourcentage du produit des intérêts ou commissions.

    Les services de microfinance, notamment de prêt, d'assurance et de transfert d'argent, peuvent porter la marque de la banque ou de l'IMF ou la marque conjointe des deux institutions. La banque peut interdire à l'IMF de servir d'autres banques. Elle peut déléguer entièrement à l'IMF les décisions d'octroi des crédits, si l'IMF a fait la preuve de son aptitude à maintenir un portefeuille des prêts de qualité pour son propre compte, ou elle peut mettre en place une procédure d'examen conjoint.

    Ce modèle exige toutefois que la banque et l'IMF partagent les risques et les incitations à conserver un portefeuille de qualité.

    Aussi la banque demande-t-elle parfois à l'IMF de financer une partie du portefeuille des prêts ou de garantir qu'elle sera la première exposée en cas de perte sur une partie du portefeuille.

    Avec ce modèle le client n'est jamais en contact direct avec la banque locale: il s'adresse aux équipes qui ne sont pas salariées de la banque et travaillent dans les locaux différents, pour une entreprise ayant un nom distinct. Ce schéma relève un intérêt particulier, il permet:

    · D'utiliser l'agrément bancaire et la capacité de refinancement de la banque. Pour l'IMF partenaire ou la société des services, il n'y a pas des contraintes de financement de l'encours;

    · De maintenir une indépendance opérationnelle entre la banque et les activités de microfinance. La culture des équipes de microfinance étant, sur bien des aspects, à l'opposer de la culture bancaire, cette indépendance opérationnelle est capitale.

    2.4. Mise en place d'un département interne

    Suivant ce modèle, la banque fournit des services de microfinance dans le cadre de sa structure existante, en confiant la gestion des opérations relevant de la microfinance à une unité spécialement créée à cet effet au sein de l'institution (l'unité interne).

    Elle est néanmoins difficile à mettre en place: la faible autonomie institutionnelle, et donc opérationnelle et culturelle, que laisse ce type de solution rend délicate la «greffe» d'une activité de microfinance.

    Cette unité n'a pas de personnalité juridique distincte et n'est pas réglementée séparément de la banque. Ses opérations mobilisent les agents et les systèmes de l'institution.

    Les banques qui décident de créer une unité interne doivent adapter leurs systèmes et leurs procédures aux besoins spécifiques des opérations de microfinance.

    Elles peuvent accorder une plus grande marge de manoeuvre à l'unité interne en lui permettant de recourir à des systèmes, des procédures de prêt, des politiques du personnel et des règles de gouvernance spécialement créés à son intention. L'unité peut être rattachée à divers départements institutionnels, au service chargé des opérations de détail, par exemple, ou au département du crédit à la consommation.

    2.5: Création d'une institution spécialisée

    Au lieu de créer un service interne, la banque peut décider de confier ses activités de microfinance à une entité juridique distincte (l'institution financière spécialisée ou IFS) spécialement créée à cet effet. Une IFS est un établissement agréé et réglementé par les autorités bancaires locales, qui prend généralement la forme d'une société financière ou d'une autre institution financière non bancaire. Il peut s'agir d'une entité en propriété exclusive ou d'une coentreprise associant des investisseurs ou partenaires stratégiques. Elle offre des services de microfinance de détail, notamment l'émission, le décaissement et le recouvrement des prêts, ainsi que d'autres services financiers définis dans ses statuts. L'IFS maintient une personnalité juridique, une structure de gouvernance, une équipe de direction, un personnel et des systèmes distincts de ceux de la banque mère.

    On peut faire varier ce modèle de sorte que la nouvelle institution puisse utiliser l'infrastructure de la banque mère (espace de bureau, technologies d'information, système comptable, trésorerie, etc.) ou au contraire être plus indépendante et opérer comme une structure entièrement distincte.

    Nous venons de voire ci-dessus comment les banques commerciales interviennent dans le financement des IMF. Mais ces interventions ont des limites en ce sens que, l'implication des banques dans le secteur de la microfinance est un phénomène presque paradoxal d'une part: à beaucoup d'égards, le métier de la microfinance s'est en effet construit par opposition à celui de la banque (souplesse administrative, services de proximité...). Il est en réalité difficile pour une banque de prendre pied sur le marché de la microfinance; de nombreux échecs en témoignent.

    D'autre part, l'implication croissante des banques dans le secteur de la microfinance peut donner l'impression qu'à court terme, celles-ci pourraient prendre le relais des IMF; grâce à leur puissance financière et à leur accès facile au refinancement, elles pourraient alors étendre de façon massive l'accès aux services financiers des populations aujourd'hui exclues.

    Malgré l'utilisation de la puissance financière des banques, elles n'apporteront pas pour autant une réponse à l'ensemble des besoins de financement des IMF ni des clients.

    Fort logiquement, les banques s'impliquent dans le secteur avec une approche commerciale. Elles s'intéressent donc aux marchés connus, dont on sait qu'ils peuvent être rapidement servis de façon rentable, comme, par exemple, le financement de petits commerçants en milieu urbain. Ce sont des marchés ouvert partiellement par les IMF et l'implication des banques est plutôt une bonne nouvelle pour les clients (la concurrence va faire baisser le taux d'intérêt, multiplier les produits).

    En revanche, les banques commerciales ne sont pas prêtes à sévir les marchés moins rentable ou plus risqués (zone rurales, populations marginalisées) où l'on trouve le plus grand nombre d'exclus des services financiers.

    Section3: Fonds de financement spécialisés

    Les sociétés de financement spécialisées dans la microfinance sont apparues dans la deuxième partie des années 90, avec l'avènement des IMF rentables et la volonté des bailleurs de fonds d'attirer des capitaux privés dans le secteur.

    Ces sociétés de financement spécialisées ont pour principe de lever de l'argent dans les pays du Nord pour l'investir dans les IMF situées dans les pays du Sud.

    L'investissement dans les IMF prend différentes formes (octroi de prêt ou investissement en capital). Il génère pour les sociétés de financement un revenu soit d'intérêt (dans le cas de prêt), soit de dividendes et des plus-values sur cession (dans le cas du capital). Ces revenus permettent de couvrir les couts de l'investissement et de rémunérer l'argent investi dans la société d'investissement.

    L'investissement dans le capital d'une IMF privée est, dans la pratique, très différent du simple octroi de prêt: l'investisseur en capital, en devenant actionnaire, a droit de regard sur le développement et la stratégie de l'IMF.

    Un fonds d'investissement en capital est en général membre du conseil d'administration et joue un rôle important dans la gouvernance de l'institution. Son objectif est de contribuer au développement de l'IMF, de «créer de la valeur», puis de céder ses actions au bout d'une période donnée (de cinq à dix ans en général) en réalisant une plus-value. Ce le mécanisme de ce qu'on appelle couramment le «capital-risque» ou le «capital développement».

    La rémunération de l'argent investi dans une société de financement spécialisée, qu'elle intervienne en dette ou en capital, est théoriquement centrale pour attirer des investisseur: il faut que cette rémunération soit assez forte, comparée au risque perçu de l'activité et du pays.

    La plus part des sociétés de financement fonctionnent sous la forme de fonds. On peut le regrouper en trois catégories: les fonds à fort objectif de développement, les fonds quasi commerciaux et les fonds commerciaux.

    3.1. Les fonds à fort objectif de développement

    D'après l'histoire, ces fonds ont été crées en premier. Leur mission est d'abord de rendre des financements accessibles aux IMF. Leur objectif de rentabilité est souvent relégué au second plan. Les investisseurs dans ce type de fonds sont des individus privés ou des ONG de développement. Leurs outils d'intervention sont variés (capital, prêts aux taux concessionnels ou aux taux commerciaux), de même que le profil des IMF ciblées par ces fonds.

    3.2. Les fonds quasi commerciaux

    Leur mission est de concilier objectifs de développement et atteinte d'un niveau de rentabilité suffisant pour rémunérer des investisseurs. Les investisseurs dans ce type de fonds sont souvent des bailleurs de fonds institutionnels (agence de développement) ou des individus privés. Leur outil d'intervention privilégié est généralement le prêt, mais certains de ces fonds spécialisés affichent une préférence pour l'investissement en capital.

    3.3. Les fonds commerciaux

    Leur mission principale est d'abord l'atteinte d'un niveau de rentabilité suffisant pour rémunérer leur investissement.

    Ces fonds sont destinés à des investissements privés (individus ou institutionnels). Ils interviennent presque systématiquement en tant que préteurs.

    Chapitre II: LES TYPES DE FINANCEMENT DES IMF

    Avec le temps, les besoins en financement de la microfinance ont évolué. Si les subventions initiales des bailleurs de fonds restent en général nécessaires dans la phase de construction des institutions; la structuration d'IMF plus matures et rentables, et l'implication croissante des nouvelles catégories des structures financières intéressées par la microfinance, a suscité l'apparition des nouveaux modes de financement.

    Ainsi, nous allons développer dans ce chapitre les sources de financement classique et les nouveaux modes de financement des IMF. Pour ces derniers, nous expliquerons ce que sont exactement ces nouveaux outils, comment fonctionnent-ils ? Quels sont leurs avantages et inconvénients relatifs du point de vue des IMF ?

    Section1: Les financements classiques

    Les ressources des institutions de microfinance sont généralement constituées de:

    1.1. Dons et subventions

    Les subventions sont par définition gratuites et sont donc un mode de financement privilégié, en particulier par les IMF en création.

    Cependant, elles sont rares, difficiles à obtenir sur la durée et, surtout, elles sont souvent incertaines car soumises à des aléas politiques ou administratif. Les conditions imposées par les bailleurs pour l'accès à ces subventions peuvent être contraignantes pour les IMF.

    De plus, les procédures des bailleurs sont telles que les demandes de subvention exigent un investissement important en temps et en énergie.

    A travers les dons et les subventions, les ONG, les établissements de crédit et les organismes de coopération ont aidés à l'installation de SFD. Ils ont décaissés d'importantes sommes pour faire fonctionner le SFD émergent.

    Les dons ont servi généralement à l'acquisition des matériels et mobiliers administratifs. Tandis que les subventions ont couvert les coûts liés à l'exploitation et l'investissement.

    Conformément au plan de comptes de la BCEAO, la subvention d'exploitation est enregistrée en produit dans le compte de résultat tandis que la subvention d'investissement qui sert de financer l'acquisition d'immobilisation est enregistrée dans le fonds propres et les postes d'actifs concernés.

    1.2. Dépôts des membres/clients

    Ils correspondent à la classe 24 du plan de comptes de la BCEAO. Ils constituent entre 65 et75% de ressources des IMF. Ces dépôts ne sont pas ou peu rémunérés et pourraient constituer donc une énorme source de placement et de revenu pour les IMF mais ils sont constitués éventuellement des dépôts à vue, ce qui limite leur capacité de transformation. En ce qui concerne ces dépôts, nous avons,

    - Les dépôts a vue;

    - Les dépôts à terme;

    - Les autres dépôts;

    - Les dettes rattachées.

    1.3. Fond propres

    Ils correspondent à la classe 5 du plan de comptes de la BCEAO, et représentent entre 15 et 25% des ressources des IMF. Les fonds propres des institutions de microfinance sénégalaises ont eu une croissance soutenue qui a été estimée à 44% pour la période de 2000 à 2003, ce qui indique une autonomisation progressive des IMF.

    En effet, une évolution de fond propres supérieur à celle des subventions renseigne sur le progrès faits en faveur d'une meilleur capitalisation et indirectement d'une compétitivité accrue et d'une meilleur capacité à attirer le secteur privé pour acquérir des ressources financières nécessaires.

    1.4. Lignes de crédit

    Elles sont des accords informels entre une banque et un client précisant le montant maximum de crédit que la banque lui accordera18(*).

    Elles sont enregistrées au passif du bilan des IMF à la rubrique «opération avec institutions financières assimilées» et constituent environ 10% des ressources des IMF.

    L'intervention des bailleurs de fonds constituait la principale source de revenu des IMF dans un passé récent. Mais ils ont commencé à se désintéresser du secteur de microfinance, et aujourd'hui le principal défi pour les IMF est de mobiliser de plus en plus de capitaux d'origine privés pour leur financement.

    La problématique du financement des IMF est d'autant plus d'actualité que ces structures sont passées d'une éthique de «mission» à une approche dominée par la recherche d'une pérennité et de la rentabilité, condition nécessaire pour attirer des investisseurs privées.

    Au paravent, c'est-à-dire à la naissance des premières expériences de microcrédits, le fonds injectés provenaient presque exclusivement des sources publique et étaient à but non lucratif.

    Il s'agissait des gouvernements dans le cadre de leurs différents programmes de lutte contre la pauvreté et l'usure des partenaires sociaux ou agences internationales de développement.

    Cependant, le secteur est entrain de passer vers une logique privée. Pour ce faire, les IMF doivent se doter des capacités à attirer et absorber ce type de financement.

    La difficulté de ce passage réside dans le fait que pendant longtemps, la ressource était plutôt bon marché et les IMF avaient surtout mis l'accent sur le coté social, et l'allocation de ressources était assujettie à l'atteinte d'objectifs de développement et non de l'optimisation de profit; pourtant, les investisseurs privés sont guidés par la recherche de profit. Leurs engagements envers les IMF constituent de placement à haut risque du fait qu'ils ne maitrisent pas le secteur, son mode de fonctionnement et des délais assez long avant que les IMF ne puisse générer suffisamment de revenus.

    Néanmoins, avec la commercialisation du secteur de microfinance, l'inclusion des IMF dans le secteur financier formel devient une réalité, dans certain pays ou pour une partie des IMF du moins. De plus en plus, un lien de financement se crée entre les IMF, les banques, les financeurs privés et publics, avec un développement d'une gamme d'outils financiers élargie.

    Section2: Les nouveaux modes de financement des IMF

    La demande de financement évolue dans le secteur de microfinance et l'offre devient plus complexe. Cela entraine un développement d'une gamme d'outils financiers élargie qui sont constitués entre autre: de capital investissement, de prêt commerciaux, de garantie de prêt, de la gestion de risque de change, et de l'émission d'obligations et la titrisation.

    2.1. Le capital investissement

    Toute IMF a besoin de capitaux propres conséquents pour pouvoir mobiliser l'épargne du public et lever des fonds supplémentaires auprès de prêteurs nationaux ou internationaux, et par ce biais obtenir les ressources nécessaires pour développer son portefeuille.

    Les marchés nationaux sont souvent de trop petite taille ou trop risqués pour pouvoir attirer des actionnaires stratégiques potentiels et la rentabilité des IMF n'est obtenue qu'au bout de plusieurs années (en moyenne, 5 à 10 ans), or elles peuvent avoir besoin d'actionnaires avant d'avoir atteint ce seuil de rentabilité.

    Attirer des investisseurs nationaux n'est pas évident d'une part pour les IMF dans la plupart des pays africains, latines et asiatiques, pour plusieurs raisons :

    · Il n'existe pas forcément, dans le pays, d'investisseurs conscients des contraintes tenant compte de l'incertitude sur la possibilité de sortir à moyen terme, et la nécessité de rester au capital de l'IMF (sur 5 à 10 ans), et prêts à les accepter.

    Il est souvent difficile de trouver des investisseurs locaux ayant des objectifs à tendance sociale, et acceptant aussi de renoncer dans une certaine mesure à un rendement; pour contribuer à la réalisation d'objectifs sociaux.

    · Par ailleurs, les investisseurs locaux connaissent peu la microfinance d'une manière générale, leur apport à la définition de la stratégie de l'IMF, en tant qu'actionnaire et membre du CA, peut être limité;

    · Le risque politique peut être réel dans des régimes politiques où l'IMF cherche à assurer son indépendance vis-à-vis de l'État, et à apparaître comme " neutre ", la recherche d'actionnaires locaux potentiels qui aient eu aussi cette image de neutralité, et une relative transparence sur leur propre structure, n'est pas toujours simple.

    D'autre part, les IMF peuvent aussi avoir intérêt à attirer des investisseurs étrangers car:

    · Par rapport aux investisseurs locaux, ces investisseurs leur paraissent souvent plus aptes à offrir une assistance de conseil stratégique, plus enclins à s'aligner sur leur mission sociale et plus disposés à faire preuve de patience, de neutralité politique et d'expertise technique;

    · Les investisseurs internationaux peuvent être proches (ou constitués par) des bailleurs de fonds susceptibles d'apporter des subventions en complément, pour financer une assistance technique complémentaire si besoin est, ou pouvant aussi appuyer l'IMF par des garanties de prêts ou des prêts à taux modérés. Dans certains cas, leur présence peut protéger l'organisation des pressions politiques locales.

    Les investissements en capital par des investisseurs externe ne sont possibles que dans les sociétés à capitaux privés. Ils ont pour avantage de:

    - Ne pas augmenter les frais financiers des IMF puisque par définition, ils ne sont pas rémunérés par un taux d'intérêt, mais par des dividendes;

    - Augmenter la capacité des IMF à emprunter auprès des banques. En effet, une banque n'accepte de prêter à une organisation que dans la mesure où le rapport de son endettement à ses capitaux propre reste raisonnable;

    - Maintenir un niveau important de capital relativement à l'actif total, ce qui constitue une saine gestion et, dans certain cas, une exigence réglementaire.

    Cependant, attirer des investisseurs en capital n'est encore envisageable que par une petite minorité d'IMF qui ont atteint un degrés très avancé de maturité organisationnelle et financière.

    Certaines IMF solides accumulent alors un niveau élevé de capitaux propres, souvent par le biais de bailleurs de fonds ou de bénéfices non distribués. Elles ont alors plus intérêt, dans un premier temps, à augmenter leur endettement qu'à lever de nouveaux fonds propres.

    A mesure qu'elles se développent et deviennent plus matures, les institutions peuvent parvenir à un point où elles ne peuvent plus créer d'effet de levier sur leur base de capital, il existe en général des obligations réglementaires du pays qu'elles doivent respecter (ratio de solvabilité). C'est alors le moment pour elles de se tourner vers la mobilisation de fonds propres supplémentaires.

    Les banques locales sont considérées comme des investisseurs potentiels, leur investissement dans des IMF est un cas particulier intéressant. La participation au capital d'une IMF permet à la banque de prendre pied dans le secteur, d'apprendre le métier sans prendre le risque de lancer une activité «ex nihilo»19(*). C'est une stratégie particulièrement adaptée au contexte actuel : l'institutionnalisation de programmes de microfinance en société à capitaux privés nécessitant d'attirer des investisseurs, la présence d'une banque commerciale locale est souvent considérée comme un avantage important pour ces derniers. Ces transformations constituent donc de bonnes opportunités pour les banques souhaitant s'implanter dans la microfinance.

    En apparence, les IMF pourraient croire spontanément que renforcer son capital en recourant à des investisseurs est un moyen moins coûteux que la dette, de financer sa croissance. Mais en réalité, le capital-investissement peut aussi coûter cher aux IMF, à deux niveaux :

    · coût de la mobilisation du capital (recherche d'investisseurs),

    · rendement versé aux investisseurs (sous forme notamment de dividendes).

    2.2. Le prêt aux IMF

    Le prêt est l'outil le plus répandu pour le financement des IMF.

    Le prêt comme outil de financement des IMF est venu d'une idée consistant à lier IMF et secteur financier formel par le refinancement.

    Dans les années 90, de nombreux acteurs du secteur, notamment les bailleurs de fonds, affichaient leur volonté de lier IMF et banques commerciales par une relation de refinancement perçue comme un premier moyen, d'une part de sensibiliser les IMF à des ressources non subventionnées, d'autre part d'intéresser les banques au secteur de la microfinance.

    Cette idée d'un refinancement des IMF par des banques est en théorie simple: la banque accorde un prêt à une IMF qui accorde à son tour des crédits à ses clients, à un taux évidemment supérieur, avec une marge lui permettant de couvrir ses propres charges. Pour la banque prêteuse, l'intérêt serait de nouer des relations avec des nouveaux clients financièrement viables, les IMF; pour ces dernières, l'enjeu est de diversifier les ressources, pour ne pas compter seulement sur l'argent des bailleurs de fonds ou sur l'épargne des clients (parfois plus difficile à collecter que prévu).

    Pourtant, il a fallu du temps pour amorcer cette simple relation de refinancement, et obtenir que des banques commerciales prêtent à des IMF. Dans un grand nombre de pays, les banques locales refusent de refinancer les institutions de microfinance, par méconnaissance du secteur le plus souvent. Pour débloquer la situation, les premières opérations de ce type se sont d'ailleurs souvent réalisées avec le soutien de bailleurs de fonds qui garantissent le remboursement des banques par les IMF.

    Plus récemment, le développement de fonds spécialisés internationaux a permis aux IMF de se refinancer plus facilement, et a accéléré visiblement l'accès des IMF à l'endettement comme technique de financement.

    De leur côté, les IMF ont peu à peu réalisé que négocier des prêts, et les conditions de ces derniers, était aussi une compétence à acquérir. Et que l'endettement peut aussi présenter certains inconvénients :

    · un coût souvent élevé,

    · un risque de change parfois important, si le prêt est accordé en dollars ou en euros,

    · une durée souvent courte, obligeant l'IMF à renégocier son renouvellement sans cesse, ou à avoir recours à plusieurs prêteurs ; cela se traduit par des coûts de transaction pour l'IMF plus élevés, et une incertitude relative. Cette difficulté peut restreindre, pour l'IMF, la possibilité d'accorder des crédits de durée plus longue à ses clients, si elle ne peut parvenir à sécuriser ses propres ressources à moyen terme.

    Si les IMF, fort logiquement, souhaitent obtenir des ressources financières au coût le plus bas possible, elles ne sont pas forcément compétentes ou outillées pour analyser correctement le coût de leurs emprunts, et comparer ce coût à celui d'autres sources de financement possibles.

    Les responsables d'IMF, en majorité, ne parviennent pas à évaluer exactement le coût global réel de leur endettement, et savent mal comparer le coût de leurs options de financement. Une analyse incomplète ou erronée des coûts monétaires et non monétaires peut réduire les bénéfices, ou donner lieu à des emprunts non justifiés ou à une prise de risque de change excessive.

    Il est souvent difficile pour les IMF d'accéder à des emprunts auprès de prêteurs locaux ; et quand cela est possible, le coût en est souvent élevé. Le plus difficile est en général d'obtenir des emprunts à long terme.

    De ce fait, de nombreux fonds internationaux se sont constitués depuis les années 90, pour pallier à cette difficulté pour les IMF d'accéder aux refinancements locaux. Ainsi, ils prennent en charge les garanties de leur prêt.

    2.3. La garantie de prêt aux IMF

    «Une garantie est un engagement d'un tiers d'assumer la responsabilité d'un engagement si la partie contractante se trouve dans l'incapacité de l'assurer.20(*)»

    Partant de cette définition, on peut considérer une garantie de prêt aux IMF comme une forme d'assurance de couverture du risque de défaut de paiement d'un emprunt contracté par une IMF auprès d'une banque commerciale par un organisme tiers (le fonds de garantie).

    L'IMF paie une «prime» pour cette assurance; c'est en effet un service qui lui permet d'accéder à un prêt.

    En microfinance, le développement des mécanismes de garantie a été impulsé largement par les bailleurs de fonds dans le but de démontrer aux prêteurs, locaux ou internationaux, que les IMF sont solvables.

    L'objectif global est qu'à long terme, les IMF soient intégrées dans le secteur financier classique. Les principaux enjeux de la garantie sont les suivants :

    - Permettre le prêt d'une banque locale à l'IMF. Sans la garantie, dans bien des cas, la relation n'aurait pu être amorcée.

    - De plus en plus, faciliter aussi l'accès des IMF aux prêteurs internationaux.

    - Faciliter l'accès à un prêt en monnaie locale pour l'IMF. Dans ce cas de figure, si la garantie est libellée en devise et le prêt en monnaie locale, la garantie prend alors en charge non seulement le risque de défaut de paiement, mais aussi le risque de change.

    - Contourner des contraintes réglementaires liées à la réglementation des changes ou améliorer la notation du risque par les banques.

    En théorie, la garantie de prêt aux IMF n'a pas vocation à durer. Les promoteurs des garanties de prêt aux IMF ont en effet pour objectif d'amorcer une relation entre prêteurs et IMF, dans l'espoir que par la suite la relation de refinancement puisse se poursuivre sans garantie, une fois la démonstration de la solvabilité de l'IMF réussie.

    2.3.1 Les principaux acteurs internationaux de la garantie de prêt:

    · Latin American Bridge Fund (LABF)

    · AFD

    · Deutsche Bank Microcredit Development Fund (DBMDF),

    · Fonds International de Garantie (FIG, ex RAFAD),

    · Grameen Foundation Growth Guarantees,

    · SUFFICE (Union européenne/ gouvernement d'Ouganda)

    · USAID/Development Credit Authority

    2.3.2. Les principaux mécanismes de garantie de prêt aux IMF

    Il existe quatre principaux mécanismes de garantie de prêt, notamment:

    · Lettre de crédit stand-by

    C'est l'instrument de garantie le plus commun. La lettre de crédit stand-by implique quatre institutions dans une transaction. L'organisme de garantie verse un dépôt de garantie auprès d'une banque internationale qui effectue une lettre de crédit stand-by à la banque locale ; cette dernière accorde alors un prêt à l'IMF. En cas de défaut, la banque locale présente une preuve de défaut à la banque internationale qui libère les fonds auprès de la banque locale.

    La lettre de crédit stand-by a deux avantages :

    o les fonds de l'organisme de garantie sont sécurisés dans une banque internationale et l'obligation de garantie est libellée en devise.

    o dans le cas où l'institution prêteuse émet le prêt en monnaie locale, l'organisme de garantie n'est pas exposé au risque de change.

    · Dépôt auprès de l'institution prêteuse

    L'organisme de garantie peut se passer de la lettre de crédit stand-by, en déposant directement les fonds en garantie auprès de la banque locale. Cette méthode expose l'organisme de garantie au risque de défaillance de la banque locale, ainsi qu'au risque de transfert / convertibilité.

    · Prêts à l'IMF déposés auprès de la banque prêteuse

    L'organisme de garantie accorde un prêt à l'IMF ; cette dernière dépose un montant identique auprès de la banque prêteuse qui, alors, accorde enfin un prêt à l'IMF.
    Dans ce cas, même si techniquement, l'organisme de garantie prête les fonds à l'IMF, celle-ci les utilise comme garantie. Typiquement, ce genre de transaction porte sur des prêts en devises de l'organisme de garantie. Néanmoins le coût net de l'opération peut s'avérer avantageux pour les deux parties. En général, pour l'organisme de garantie, le taux d'intérêt perçu pour un prêt est supérieur à celui perçu pour une garantie. De son côté, l'IMF paie plus cher pour le prêt que pour la garantie; mais en retour, elle peut percevoir des intérêts sur le dépôt du prêt auprès de la banque prêteuse.

    · Garanties sans contrepartie

    Certains bailleurs de fonds bilatéraux sont en mesure d'engager la signature de leur gouvernement pour honorer l'obligation de garantie, sans pour autant mobiliser physiquement les fonds en garantie. C'est l'instrument préféré par USAID/DCA.

    2.3.3 L'impact des garanties de prêt pour les IMF

    Voici quelques éléments d'analyse sur l'impact de ces mécanismes de garantie pour les IMF:

    · Accès au premier prêt bancaire local

    Les IMF et fonds de garantie attestent que les garanties ont permis aux IMF d'accéder à un prêt bancaire, souvent le premier, qu'elles n'auraient pu sinon obtenir. Outre la garantie, l'organisme de garantie et leurs banques internationales apportent leur expertise et leur crédibilité auprès des banques locales.

    Ce succès est à ramener aux conditions des prêts aux IMF, qui s'apparentent à des prêts à des entreprises risquées: taux d'intérêt élevés (plus que pour des grandes entreprises), garanties réelles (titres fonciers ou immobiliers, dépôt en numéraire), faible montant en rapport à l'actif.

    · De nouveaux partenariats

    Par ailleurs, en recourant aux garanties de prêt, les IMF escomptent aussi nouer des relations de long terme, diversifier leurs sources de financement, retirer un certain prestige des relations avec des institutions internationales.

    · Coût pour les IMF

    Les garanties représentent un surcoût pour les IMF, qu'elles ne seraient évidemment pas prêtes à payer si elles disposaient d'alternatives moins chères, ou si elles pouvaient accéder à des ressources moins coûteuses.

    L'obtention par la suite des prêts sans garantie dépend notamment de la maturité des IMF ; il existe des cas intéressants de pays où les banques tendent à considérer les IMF comme un bon investissement dans une relation «grossiste/détaillant» avec des taux intéressants (ex. Maroc, Inde).

    2.3.4. Avantages et limites de ces mécanismes de garantie

    Les garanties de prêt ont des avantages sur les IMF, mais aussi des limites:

    Avantage:

    · Les garanties permettent aux IMF de recourir à des prêts commerciaux qui sans cela leur seraient restés inaccessibles. Les garanties ont notamment contribué à démontrer la solvabilité des IMF qui ne collectent pas l'épargne auprès des banques locales.

    · La garantie de prêt est efficace, lorsqu'elle permet aux IMF d'obtenir des prêts à des conditions meilleures que par des prêts bancaires classiques, notamment en ayant recours à des investisseurs internationaux (ou encore sur les quelques marchés où les prêts aux IMF se pratiquent à des taux inférieurs à ceux obtenus par d'autres types d'entreprises).

    · Le recours à des garanties a permis à des investisseurs internationaux spécialisés dans le financement d'IMF de lever des fonds sur les marchés internationaux et d'apporter une garantie supplémentaire à leur portefeuille de prêt aux IMF.

    Limite:

    · Le coût de ces garanties est élevé, malgré une part substantielle de subvention des bailleurs de fonds.

    · Sur les marchés financiers plus matures, les IMF peuvent trouver d'autres alternatives plus intéressantes que de recourir à l'emprunt bancaire.

    · Les banques exigent souvent des IMF des garanties réelles complémentaires pour couvrir le reste du prêt.

    · Nombre de ces mécanismes de garanties se sont concentrés sur de grandes IMF et des prêteurs internationaux ou sur des marchés comme l'Inde, le Bénin, le Maroc où les banques sont prêtes à effectuer des prêts «de gros» pour les IMF en considérant leur portefeuille comme une garantie à des conditions avantageuses (taux de base ou moins).

    Ainsi, les garanties de prêts semblent apporter une réelle plus value lorsqu'elles permettent à l'IMF de composer une structure de financement qui reste compétitive compte tenu de son marché. Pour la plupart des IMF, les prêts commerciaux des banques aux IMF, tels qu'ils sont définis aujourd'hui, ne sont pas soutenables sur le long terme; en particulier lorsque les IMF sont confrontées à la concurrence et doivent réduire leurs taux d'intérêt sur les crédits accordés à leurs clients, pour pouvoir rester compétitives.
    Pour cette raison les IMF doivent à terme diversifier leur stratégie de financement en ayant par exemple davantage recours à la mobilisation de l'épargne, ou à des outils financiers plus récemment introduits en microfinance, comme l'émission d'obligations.

    2.4. La gestion de risque de change

    Les IMF interviennent dans des pays où la situation économique, politique et monétaire peut être instable.

    L'activité des IMF étant en général de prêter en monnaie locale, tout en empruntant souvent en devises fortes; Le risque de change est donc l'un des risques auxquels les IMF sont le plus exposées. Pourtant, elles n'en sont pas toujours conscientes, et connaissent souvent mal les mécanismes possibles pour se protéger de ce type de risque. Pour les IMF, le risque de change comprend trois principaux éléments:

    · Le risque de dévaluation

    La dévaluation (ou dépréciation) se produit lorsqu'une IMF contracte une dette en devises, le plus souvent en dollars ou en euros, et prête ensuite ces fonds en monnaie nationale. L'IMF détient donc une dette dans une monnaie forte et des actifs (son portefeuille de crédits principalement) en monnaie nationale. Dans ce cas, on dit qu'il y a un écart de devises, ou position de change défavorable, pour l'IMF. Les fluctuations des valeurs relatives de ces deux monnaies peuvent affecter négativement la viabilité financière de l'organisation.

    Au Sénégal, les francs CFA ayant cours fixe avec les euros la viabilité financière des IMF ne sera pas affecté en cas de contraction d'une dette en devise euro.

    · Le risque de convertibilité

    Le risque de convertibilité représente un autre élément possible du risque de change. Il s'agit principalement du risque que le gouvernement ne vende pas de devises aux emprunteurs ou autres détenteurs d'obligations libellées en monnaie forte.

    · Le risque de transfert

    Le risque de transfert est le risque que le gouvernement ne permette pas aux devises de quitter le pays.

    De ces trois éléments de risque, le risque de dévaluation est le plus fréquent : les IMF opèrent dans les pays en développement où le risque de dévaluation de la monnaie est le plus élevé, et sont particulièrement vulnérables au risque de change. Néanmoins, les risques de convertibilité et de transfert, quoique moins répandus, peuvent aussi se produire.

    Nous avons vu, au niveau de prêt aux IMF, que les banques locales sont souvent peu enclines à refinancer les IMF. Pour cette raison, des fonds spécialisés internationaux se sont créés ces dernières années, pour apporter aux IMF des pays du Sud cette possibilité d'accéder à des emprunts, afin de développer leur portefeuille de crédit.

    La quasi-totalité de l'argent investi dans ces fonds spécialisés vient d'Europe ou des États-Unis. Ces fonds gèrent des sommes libellées en euros ou en dollars mais investissent dans des IMF qui travaillent en monnaie locale, souvent dans des devises dites «exotiques», pour lesquelles les mécanismes de couverture du risque de change n'existent pas.

    D'un point de vue économique, il serait plus logique pour des IMF qui prêtent en monnaie locale, de se financer aussi en devise locale. Mais devant l'impossibilité de lever des ressources locales (interdiction de lever de l'épargne, méfiance des banques) la tentation est forte pour les IMF de recourir à ces ressources, qui impliquent pourtant un risque parfois élevé.

    Ce financement en devises fortes présente aussi d'autres avantages pour les IMF : les conditions de financement peuvent être plus intéressantes; par ailleurs, le prêt peut être une première relation avec un nouvel investisseur potentiel, qui pourrait ensuite entrer au capital de l'IMF.

    Une petite réflexion sur le risque de change:

    Quel est le risque porté par l'IMF, pour un financement en devises fortes ?

    Si les dettes de l'IMF libellées en devises (prêts en dollars ou en euros, par exemple) sont compensées par un montant égal d'actifs libellés dans la même devise (placements en dollars ou en euros, par exemple), alors une variation du taux de change de la monnaie locale n'affectera pas l'IMF.

    En revanche, si les dettes en devises ne sont pas compensées par des actifs en devises, alors il y a déséquilibre de la position de change. Ce risque se matérialise quand la monnaie locale se déprécie (parfois très brutalement). Si la monnaie locale perd de la valeur par rapport à la devise, alors la valeur des actifs de l'IMF baisse par rapport à celle de ses dettes. Dans ce cas, l'IMF subit une perte de change, qui peut être très lourde.

    Avec le développement des financements en devises fortes, mais aussi la professionnalisation du secteur (exigence d'analyse et de management du risque), les IMF et leurs partenaires financiers sont de plus en plus sensibilisés au risque de change, avec plusieurs conséquences:

    · Dans certains pays, l'État limite la possibilité pour les IMF de s'endetter en devises étrangères;

    · Certaines IMF préfèrent limiter d'elles-mêmes leur recours aux prêts en devises fortes, quitte à croître moins vite;

    · Certains acteurs évoquent la possibilité de lever de l'argent directement dans les devises des pays où ils vont investir.

    Une solution de plus en plus utilisée consiste à s'appuyer sur des banques locales qui peuvent prêter aux IMF sans prendre de risque de change. Dans ce cas, le fonds spécialisé garantit auprès de la banque locale le remboursement du prêt par l'IMF.

    Des stratégies sont aussi envisageables pour faire face aux risques de change. Du point de vue des IMF, Il en existe trois principales stratégies possibles face au risque de change:

    - Ne pas se protéger

    Si le risque est faible ou d'un impact estimé limiter, ou que le coût pour se protéger est élevé par rapport à cet impact potentiel (car la couverture du risque de change peut représenter un coût prohibitif dans beaucoup de pays !), alors l'IMF peut sciemment décider de subir, le cas échéant, le risque de change. Cependant, dans la plupart des pays du Sud, une telle stratégie n'est pas recommandable, si elle n'a pas été soigneusement étudiée, les risques de change étant souvent sous-estimés.

    - Se protéger par l'un des instruments existants

    Les instruments existant de protection contre le risque de change sont constitués entre autre de:

    ü Outils «classiques»

    Parmi les outils les plus utilisés pour se couvrir contre le risque de change, on peut citer:

    · Les contrats à terme: par ces contrats, l'IMF s'engage à acheter ou vendre des devises à un certain prix dans le futur;

    · Les swaps: dans un accord de swap, l'IMF s'engage à échanger (ou vendre) un montant de devises maintenant et à revendre (ou racheter) cette devise dans le futur;

    · Les options: elles donnent le droit, mais sans obligation, d'acheter (option d'achat) ou de vendre (option de vente) une devise dans le futur, une fois que la valeur de cette devise atteint un prix convenu à l'avance, le prix d'exercice.

    Ces outils ont des réels avantages: en premier lieu, ils représentent une protection efficace de l'IMF en cas de dévaluation de la monnaie locale, ou en cas de risque de convertibilité ou de transfert (par les swaps).

    Le problème est qu'en général, ils ne sont pas disponibles, c'est le cas dans bon nombre des marchés financiers des pays où interviennent la plupart des IMF.
    Par ailleurs, le coût de l'utilisation de ces outils peut être prohibitif en raison de la taille modeste des transactions de change effectuées par les IMF. De même, la durée des prêts en devises est souvent supérieure à celle des instruments de couverture disponibles sur les marchés financiers. Enfin, les questions de solvabilité peuvent rendre l'achat de ces instruments dérivés difficile pour les IMF.

    ü Les prêts adossés ou «back-to-back»

    Les prêts adossés représentent actuellement la méthode la plus utilisée par le secteur de la microfinance pour se couvrir contre le risque de dévaluation ou de dépréciation.

    Dans ce type d'instrument, l'IMF contracte un prêt en devises (auprès d'un prêteur international, en général) et le dépose dans une banque locale. L'IMF utilise ce dépôt comme garantie en espèces ou comme une forme de caution donnant à la banque locale un droit contractuel sur le dépôt ; en échange, l'IMF peut ainsi contracter un emprunt libellé en monnaie nationale pour financer son portefeuille des prêts. Le prêt en monnaie locale n'est pas réellement considéré comme une dette dans la mesure où le dépôt en devises offre une garantie totale à la banque locale. Une fois que l'IMF rembourse le prêt en monnaie nationale, la banque locale libère le dépôt en devises, qui est alors utilisé pour rembourser le prêt initial libellé en devises.

    L'IMF doit payer un intérêt sur le prêt en monnaie nationale, ainsi que la différence entre l'intérêt appliqué sur le prêt en devise forte et l'intérêt perçu sur le dépôt en devise forte; elle doit donc au préalable correctement estimer ce coût, et le comparer aux autres mesures de protection possibles.

    L'intérêt des prêts adossés est réel: c'est une couverture efficace contre le risque de change sur le capital; ce système permet à l'IMF d'avoir accès à des capitaux non disponibles sur le marché local, à des conditions qui peuvent être intéressantes.

    Cependant, l'IMF reste exposée à une augmentation du coût du service de la dette en cas de dépréciation de la monnaie nationale. En outre, la plupart des prêts adossés ne protègent pas l'IMF contre les risques de convertibilité et de transfert qui pourraient limiter l'accès aux devises ou interdire les transferts des devises hors du pays, empêchant ainsi une IMF solvable de rembourser son prêt en monnaie forte. Si ce risque est avéré effectif, il est peu probable qu'un investisseur s'engage.

    Ce mécanisme expose aussi l'IMF au risque de crédit sur le dépôt en monnaie forte en cas de défaillance de la banque locale.

    ü La lettre de crédit

    Le fonctionnement de la lettre de crédit est le suivant : l'IMF accorde une garantie en monnaie forte, généralement sous forme de dépôt en espèces, à une banque commerciale internationale qui, à son tour, donne une lettre de crédit à une banque locale. La banque locale, utilisant la lettre de crédit comme garantie, accorde ensuite un prêt en monnaie nationale à l'IMF.

    Cette technique présente plusieurs avantages par rapport au prêt adossé : ici l'IMF n'est pas exposée au risque de crédit de la banque locale, puisqu'il n'y a pas de dépôt en devise forte auprès de cette dernière. Elle est également protégée du risque de convertibilité ou de transfert : la devise forte n'est en effet pas déposée dans le pays à risque.

    Le risque d'augmentation du coût du service de la dette demeure toutefois, en cas de dépréciation de la monnaie nationale.

    En revanche, la lettre de crédit sera plus difficile à obtenir, pour une majorité d'IMF, et toutes les banques locales n'accepteront pas cette forme de garantie. Enfin, l'IMF devra là aussi vérifier le coût total de la mesure prise, les frais de la lettre de crédit venant s'ajouter.

    ü Prêts en monnaie nationale remboursables en monnaie forte avec compte de dévaluation monétaire

    Dans ce cas, un bailleur de fonds accorde à une IMF un prêt en devise forte remboursable en monnaie forte au taux de change qui était en vigueur à la date du prêt. L'IMF convertit ce prêt en monnaie nationale pour renforcer son portefeuille des prêts. Pendant toute la durée du prêt, en plus de ses paiements réguliers d'intérêts, l'IMF dépose également des montants convenus d'avance en monnaie forte dans un «compte de dévaluation monétaire.» À l'échéance du prêt, le principal est remboursé au taux de change initial, et toute différence est couverte par le compte de dévaluation monétaire. Si le montant de ce compte est supérieur aux besoins le solde est rendu à l'IMF. S'il est inférieur, le prêteur assume la perte.

    Ainsi, dans cette opération, l'intérêt est de partager le risque de change entre l'IMF et le prêteur. Cet arrangement peut être adapté au niveau de risque que chacun est disposé à assumer. Le risque de l'IMF est plafonné.

    Le risque de convertibilité et de transfert existe toujours en revanche, si le compte de dévaluation monétaire est placé dans le pays à risque (mais ce compte peut être placé à l'étranger).

    ü L'indexation du taux d'intérêt de l'IMF sur la devise forte

    Dans ce cas, l'IMF ne prend pas le risque de change, mais le répercute à son tour sur ses clients. Autrement dit, le taux d'intérêt appliqué par l'IMF est indexé sur la valeur de la devise forte. Lorsque la monnaie nationale se déprécie, le taux d'intérêt imposé aux clients augmente en proportion, ce qui permet à l'IMF de collecter en remboursements des crédits de quoi assurer le service de sa propre dette en devise forte. En revanche, l'IMF n'est pas protégée contre le risque de convertibilité ou de transfert.

    Cette technique peut être discutable non seulement du fait de l'impact sur le client (qui est sans doute l'acteur de la chaîne de financement le moins capable d'assumer ce risque, et souvent de l'anticiper), mais aussi parce que la sécurité qu'elle procure à l'IMF peut être très illusoire: elle déplace en réalité le risque.

    En effet, l'IMF ne supporte plus le risque de change, mais en réalité si ses clients en période de dépréciation monétaire ne peuvent plus rembourser leurs crédits, alors l'IMF doit faire face à un risque crédit plus élevé des impayés.

    - S'auto-imposer des limites prudentielles.

    Certaines IMF soit de leur plein gré, soit sous l'impulsion des investisseurs ou des autorités de contrôle limitent leurs dettes en devises. Elles limitent donc le risque, de ce fait. Les limites qu'elles s'imposent sont fonction du niveau de risque qu'elles peuvent supporter. En général la limite courante est de plafonner la part des dettes en devises fortes à 20 à 25 % du total de l'endettement de l'IMF.

    Pour définir une limite prudentielle appropriée, les IMF doivent aussi tenir compte du niveau de leurs fonds propres et de la capacité de ces fonds propres à supporter des augmentations des dettes à la suite d'une dépréciation de la monnaie nationale. Par exemple, une IMF pourrait limiter ses engagements en devises à 20 % de ses fonds propres et, peut-être, créer un poste de provisions dans son bilan pour couvrir les pertes potentielles de change. Plus les fonds propres d'une IMF sont faibles en pourcentage de l'actif total, plus la limite imposée aux dettes en devises doit être basse en pourcentage de ces fonds propres.

    L'IMF limite ainsi son risque, et limite aussi le coût de la couverture du risque de change. C'est donc un compromis, mais qui peut être d'un intérêt limité si la dette en devises fortes, d'un montant très réduit, ne peut de ce fait pas être négociée à un meilleur taux; l'IMF n'exploite donc pas le potentiel de la dette en devises fortes.

    2.5. L'émission d'obligations et la titrisation

    De nouveaux outils de financement des IMF apparaissent régulièrement, pour répondre aux nouveaux besoins d'IMF plus matures.

    L'utilisation, en microfinance, d'émissions obligataires et de titrisations constitue les «derniers nés» de ces outils. Il s'agit en effet d'opérations financières plus complexes, qui ne peuvent être utilisées que par des IMF plus matures, et qui impliquent un plus grand nombre des partenaires financiers, avec une technicité plus grande.

    Dans ce point nous allons donner une première connaissance de ces produits, en présentant les premières opérations réalisées en microfinance dans ce domaine.

    2.5.1. Instruments encore peu répandus en microfinance.

    Les IMF se tournent de plus en plus vers les marchés financiers pour accéder à d'autres sources de financement à long terme. Lorsqu'elles sont suffisamment reconnues, et financièrement solides, elles peuvent y parvenir en émettant des obligations, ou en recourant à la titrisation.

    Les émissions d'obligations réussies de quelques IMF très matures ont beaucoup fait parler d'elles, mais restent encore rares. Les opérations de titrisation, quant à elles, sont plus récentes et encore moins fréquentes. Le manque de recul sur l'utilisation de ces instruments en microfinance fait que peu d'éléments de comparaison sont disponibles, sur leur coût notamment. Ces instruments n'en suscitent pas moins un intérêt croissant sur les marchés financiers.

    2.5.2. L'émission d'obligations

    Une obligation est un titre de créance négociable à long terme représentatif d'une fraction d'un emprunt émis par une entreprise et rémunéré par un intérêt annuel21(*).

    En tant que créancier d'une entreprise, le porteur d'une obligation ne court pas le risque industriel de celle-ci puisque sa rémunération est contractuelle. Il sera remboursé avant les actionnaires en cas de faillite de l'entreprise. En contrepartie, il ne bénéficie pas des droits sociaux liés à l'action (droit au bénéfice et droit à la gestion de l'entreprise via le droit de vote).

    L'intérêt des obligations pour les investisseurs réside dans le fait qu'il s'agit d'emprunts pouvant être vendus plus facilement à un autre investisseur au lieu d'être conservés jusqu'à leur échéance. Les banques achètent souvent des obligations également pour cette raison. En outre, les obligations ne requièrent pas de l'investisseur qu'il réalise une évaluation de l'emprunteur comparable à celle qu'une banque entreprend avant d'octroyer un prêt direct. Les acheteurs d'obligations se contentent souvent de consulter les notations disponibles.

    En ce qui concerne les IMF, l'accès aux marchés des obligations permet l'emprunt auprès de sources institutionnelles et présente l'avantage de pouvoir attirer des capitaux à long terme et des sommes plus élevées, de bénéficier de conditions plus favorables et de toucher de nouveaux investisseurs.

    Néanmoins, les émissions obligataires en microfinance restent rares, car de nombreuses contraintes existent encore :

    · Les investisseurs sur le marché des capitaux se cantonnent fréquemment aux instruments émis par des institutions financières réglementées et très reconnues, et tendent à percevoir la microfinance comme un secteur risqué. Par ailleurs, les marchés de capitaux et d'instruments financiers nationaux restent encore peu développés.

    · Peu d'IMF disposent de structures de propriété et de gouvernance adéquates pour le financement d'obligations. Il est impératif pour l'IMF d'avoir une structure financière très solide et une notation financière, pour convaincre les investisseurs. Seules les IMF les plus solides sont donc en mesure d'émettre des obligations.

    · Pour obtenir un prêt bancaire, il suffit de convaincre une seule banque d'octroyer un crédit. En revanche, un emprunt par le biais d'une émission obligataire suppose la vente d'obligations à un grand nombre d'investisseurs, essentiellement des investisseurs institutionnels (compagnies d'assurance, des fonds de pension ou fonds communs de placement). Un plus grand nombre d'informations doivent être diffusées afin d'améliorer suffisamment la confiance que ce groupe d'investisseurs place dans l'emprunteur.

    · Les investisseurs qui achètent ces obligations réalisent également que les opportunités de négociation sont limitées : la demande restant généralement faible pour les émissions des IMF, celles-ci s'avèrent globalement peu liquides. A cela viennent s'ajouter d'autres contraintes, notamment le volume relativement restreint et le manque d'options de placement.

    · Etant donné que les revenus des IMF proviennent des portefeuilles des prêts non garantis, leurs émissions obligataires doivent généralement s'accompagner des systèmes de garanties par les banques publiques, les banques de développement ou les bailleurs de fonds.

    Bien qu'il s'agisse encore d'une pratique marginale, ces émissions d'obligations devraient à terme se développer, et offrir une solution supplémentaire de financement en monnaie locale pour les IMF les plus matures.

    2.5.3. La titrisation

    La titrisation est un montage financier qui permet à une société d'améliorer la liquidité de son bilan22(*).

    Techniquement, des actifs sélectionnés en fonction de la qualité de leurs garanties sont regroupés dans une société appropriée qui en fait l'acquisition, en se finançant par l'émission des titres souscrits par des investisseurs. L'entité ainsi créée perçoit les flux d'intérêts et de remboursement sur les créances qu'elle a achetées aux banques et le reverse aux investisseurs via le paiement d'intérêts et le remboursement de leurs titres.

    Initialement, cette technique a été utilisée par les établissements de crédit dans le but de refinancer une partie de leurs encours, c'est-à-dire transformé en titres négociables des prêts à la clientèle. Cette technique s'est étendue aussi à des groupes industriels pour titriser des créances commerciales de façon récurrente, titriser des immeubles d'exploitation, stocks... en bref de rendre liquide presque tout le bilan.

    Plus récentes que les émissions d'obligations, les opérations de titrisation en microfinance sont encore moins fréquentes.

    Les banquiers hésitent en effet à titriser les actifs des IMF du fait de la taille relativement petite des transactions par rapport aux coûts de structuration élevés, de la difficulté de trouver un administrateur de remplacement, et surtout du nombre limité d'investisseurs pour ce type des titres.

    Troisième partie: L'ANALYSE DES SOURCES DE FINANCEMENT DES IMF: cas du Crédit mutuel du Sénégal.

    Chapitre I: PRESENTATION DU CMS

    Section 1: Historique

    A l'origine projet dénommé Caisse Populaire d'Epargne et de Crédit (CPEC), le CMS a démarré en 1988 à Thiaré, dans la région de Kaolack sous forme d'un projet, piloté par le Centre International du Crédit Mutuel (CICM), sur initiative du Gouvernement sénégalais, du Ministère français de la Coopération.

    En 1991, après avoir largement couvert les régions de Kaolack et Fatick, il gagne ensuite les régions de Tambakounda et Kolda.

    En 1993, le Crédit Mutuel du Sénégal s'installe dans la région de Thiès et y transfère son siège. Il s'étend après aux régions de Diourbel et Dakar.

    En Janvier 1995, le Crédit Mutuel du Sénégal s'installe dans la région de Ziguinchor.

    En 1998, le Crédit Mutuel du Sénégal transfère son siège à Dakar.

    En juin 2000, le CMS se transforme en fédération mutualiste, régulée par la loi Ouest Africaine PARMEC et approuvée par les autorités sénégalaises.

    En 2003 le CMS occupe les régions de Saint Louis et de Louga.

    Outre le partenariat entre la République du Sénégal et l'AFD, ainsi que l'implication de ses dirigeants, son solide partenariat avec le CICM a permis au CMS d'être l'IMF leader au Sénégal.

    Section 2: Mission et objectifs

    Le CMS a pour objectif de mobiliser l'épargne des sénégalais à des fins d'investissement. Sa mission est de participer à l'amélioration du niveau de vie et à la promotion du bien être des populations toutes catégories confondues, en offrant une large gamme des services financiers de proximité.

    Sa priorité est donc de permettre l'accès des populations aux services financiers, tout en les protégeant de l'endettement usurier.

    Il apporte ainsi un soutien considérable aux agriculteurs, pêcheurs et aux groupements d'intérêt économiques. Son réseau est composé de 160 caisses réparties sur tout le territoire.

    Section 3: Produits et services

    Le CMS a pour objectif de rendre à ses membres un service de qualité au meilleur coût. L'offre des produits et services vise la gestion sûre et rentable de l'épargne de leurs sociétaires et la mise à disposition des moyens de financements adaptés à la réalisation de leurs projets.

    3.1. Produits de dépôt

    Fortement concentré sur la mobilisation de l'épargne, le CMS possède quatre produits d'épargne différents.

    Lorsqu'un client rejoint le CMS, il ouvre automatiquement un compte d'épargne, sur lequel le dépôt minimum est d'environ 2000Fcfa. Et dès que le client reçoit un crédit, il ouvre un compte courant pour les transactions financières avec le CMS.

    Les dépôts à terme et les plans d'épargne sont également proposés aux clients et les intérêts varient entre 3,25% et 5,5%, en fonction du montant épargné et de la durée.

    3.1.1. Compte sur livret

    C'est un produit de base pour tout sociétaire utilisé comme une réserve personnelle ou pour de l'épargne régulière pouvant également servir de compte d'attente en prévision des perspectives d'investissements intéressantes.

    Le compte sur livret permet de mettre de l'argent de côté en vue de faire face aux imprévus et aux dépenses de la vie courante (se rééquiper, aménager son domicile, achat de voiture) par l'obtention de crédit.

    3.1.2. Compte courant

    Ce produit est destiné aux personnes physiques ou morales dont les comptes sont fréquemment mouvementés (plus de 48 opérations par an). L'ouverture du compte se fait sur demande du sociétaire avec présentation d'une photo d'identité pour les personnes physiques et une photo pour chaque mandataire pour les personnes morales.

    Ce produit permet de mesurer aussi la capacité d'épargne du sociétaire par les recettes domiciliées, en vue d'accéder au crédit.

     Disponibilité totale de l'épargne et sans préavis et opérations possibles à tout moment aux heures d'ouverture de la caisse avec la possibilité de transférer des fonds.

    3.1.3. Compte à terme

    Le compte à terme est un contrat par lequel le sociétaire s'engage à verser sur son compte une certaine somme qui devient indisponible sur une période donnée. La caisse s'engage à verser des intérêts au sociétaire au terme du contrat.

    3.1.4. Plan épargne projet (PEP)

    Le Plan Epargne Projet est destiné aux sociétaires désireux de constituer le capital nécessaire à la réalisation d'un projet ou pour un événement déterminé (Rentrée scolaire, Tabaski; etc.).  

    Les bénéficiaires sont des personnes physiques ou morales qui s'engagent à respecter les statuts et règlements du CMS.

    3.2. Produits de crédit

    Les produits de crédit du CMS sont de deux types, professionnel et particulier, et sont destinés aux clients individuels et aux groupes.

    Le taux d'intérêts sont constants et se situent entre 1,5% et 2%. La durée des prêts varie entre 3 et 36 mois.

    Pour accéder au crédit, il faut être membre du CMS depuis au moins 3 mois. Par contre si vous êtes fonctionnaire de l'état ou un client travaillant dans le secteur privé, dont le salaire est domicilié au CMS, vous pouvez introduire directement une demande de crédit.

    L'épargne caution obligatoire varie entre 10% et 20% du montant demandé, en fonction du type de crédit et de la taille. Certains crédits requièrent que le client ait une garantie personnelle. Toutefois, d'autres garanties matérielles comme les véhicules, les équipements ou les titres de propriété sont acceptés.

    3.2.1. Crédit AES

    C'est un crédit personnel consenti au sociétaire en vue de l'aider à financer tout objet pouvant améliorer son niveau de vie économique ou social. Ces dépenses concernent l'aménagement, l'acquisition de biens d'équipements (mobiliers de maisons, équipements électroménagers et des besoins sociaux (soins, voyage etc.)

    Ce crédit est accordé à toute personne physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et règlements du Crédit mutuel du Sénégal et titulaire d'une part sociale depuis au moins trois mois ou dès la domiciliation effective du salaire.

    3.2.2. Crédit PEP

    C'est un crédit adossé à une épargne constituée (PEP), en vue de la réalisation d'un projet. Il est attribué en cas de besoins sociaux ou de consommation.

    Ce crédit est accordé à toute personne physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et règlements du CMS et titulaire de la part sociale depuis au moins 3 mois.

    3.2.3. Crédit d'investissement

    Le Crédit d'investissement est destiné au financement de tout équipement professionnel et à l'aménagement des locaux professionnels en vue d'améliorer le rendement.

    Ce crédit est accessible à toute personne physique ou morale dans le cadre de l'extension ou de la modernisation de son activité, et qui s'engage à respecter les statuts et règlements du CMS et titulaire d'un part sociale depuis au moins 3 mois.

    3.2.4. Crédit fond de roulement

    C'est un crédit destiné à financer des besoins d'exploitation momentanés.

    Est éligible au crédit fonds de roulement tout sociétaire développant des activités à caractère commercial ou artisanal (Commerçants, Transporteurs, Artisans, mareyeurs ou autres professionnels).

    3.2.5. Crédit conventionné

    La convention peut se définir comme étant un accord de volonté qui crée des droits et des obligations réciproques à charge des parties. Une telle option peut se justifier par la nécessité de faire preuve de souplesse pour l'accès au crédit.

    Le crédit conventionné est caractérisé par sa souplesse, afin de permettre au plus grand nombre exclus du système bancaire classique d'accéder au crédit.

    La convention permet de mobiliser des fonds de garantie pour minimiser les risques afférents à l'activité crédit, mais également des lignes de crédit pour faire face à des engagements à long terme comme ceux nécessitant des crédits d'investissement à long et moyen terme.

    Sont éligibles au crédit conventionné, toute personne physique ou morale titulaire d'une part sociale.

    3.2.6. Crédit relais ou de soudure

    C'est un crédit destiné à protéger le sociétaire contre un endettement désorganisé et coûteux en vue de sécuriser davantage les crédits de campagne. Il vise les activités de production arachidière (spécifiquement).

    Sont éligibles à ce type de crédit les sociétaires ayant correctement remboursé leur dernier crédit et justifiant d'une capacité de remboursement mesurable par le volume de leurs activités agricoles. Les sociétaires bénéficiant d'un crédit avec 50% de DAT, y sont exclus.

    3.2.7. Crédit automatique

    C'est un crédit qui permet de réaliser des dépenses diverses, sans impacter son épargne. Il se distingue des autres types de prêts par le caractère liquide et unique de sa garantie. Le sociétaire accepte à titre de garantie le blocage de son épargne à hauteur de 100 % du montant emprunté.

    Ce crédit bénéficie à toute personne physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et règlements du Crédit Mutuel du Sénégal disposant de revenus permanents et réguliers permettant l'amortissement du crédit.

    3.3. Autres services

    3.3.1. Virement interne

    Par virement interne, il faut entendre toutes les opérations affectant deux comptes des sociétaires dans deux caisses différentes ou dans une même caisse. Le virement interne pourra concerner deux comptes d'une même personne ouverts dans deux caisses différentes.

    Le virement interne doit obligatoirement être initié par un sociétaire d'une Caisse du Crédit Mutuel du Sénégal au profit d'un autre sociétaire.

    3.3.2. Encaissement de chèques

    Le sociétaire peut encaisser son chèque en l'endossant au nom du Crédit Mutuel du Sénégal. Dès réception effective des fonds sur comptes du CMS, le compte du sociétaire est crédité du montant diminué des frais.

    3.3.3. Transfert d'argent Western Union

    Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) assure un Transfert d'Argent rapide et sûr grâce au Service WESTERN UNION. En effet, ce dernier  a été lancé au CMS depuis Septembre 2005.

    Aujourd'hui, toutes les Caisses Locales du CMS disposent au moins d'un Guichet WU.

    A cela, s'ajoutent douze (12) guichets dédiés exclusivement aux opérations WESTERN UNION.

    Au 30 Juin 2008, le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) dispose de cent vingt deux (122) points de vente WU couvrant ainsi l'ensemble du territoire national.

    Grace à la bonne couverture nationale du CMS, les clients peuvent effectuer leurs opérations WU dans tout le Sénégal.

    Section 4: Système d'information et de gestion

    Le CMS utilise le système d'information et de gestion qui a été développé par le partenaire français Centre International du Crédit Mutuel (CICM). Il s'agit d'un système intégré (comptabilité et suivi du crédit), SIBANQUE.

    Le support technique est assuré par le CICM mais le CMS est devenu copropriétaire d'une nouvelle société afin de gérer et développer le système d'information et de gestion (SIG). Ceci leur assurera la propriété totale du logiciel.

    A présent, le siège, tous les bureaux régionaux et une grande partie des agences sont interconnectées. Les autres agences restantes ont une connexion instable pour cause des lacunes au niveau de l'accès téléphonique. Ces dernières transfèrent leurs données à l'agence connectée la plus proche ou au bureau régional correspondant. Cette interconnexion permet de disposer des données des caisses un jour après l'opération, de réaliser un contrôle à distance efficace et de réduire les déplacements de l'équipe informatique.

    Le nouveau système d'information et de gestion est sécurisé, pratique, flexible et permet de faire des rapports concis. Les rapports consolidés sont préparés mensuellement au niveau du siège, et les rapports trimestriels sont envoyés à la banque ventrale et à l'ex-cellule de supervision AT/CPEC.

    Chapitre II: FINANCEMENT DU CMS

    Dans la deuxième partie nous avons développés les différentes sources de financement des IMF de façons générale mais, dans ce chapitre nous analysons les sources de financement du CMS en particulier.

    Nous aurions pu utiliser l'outil d'analyse SWOT une technique d`analyse aujourd`hui très répandue et appliquée à plusieurs types d`organismes, des institutions et aux entreprises, pour faire l`analyse des sources de financement du CMS, mais nous avons été confronté au manque des données nécessaires nous permettant de le faire. Cette difficulté a été du au fait que, le directeur financier du CMS n'a pas voulu donner des réponses aux questions permettant cette analyse. Toutefois, il a donné suite aux restes des questions que constituait notre guide d'entretien. Nous avons pu avoir également quelques données statistiques par rapport à l'épargne et aux emprunts du CMS de 2006 à 2008.

    Ce qui nous a permis de bien mener notre étude sur les différentes sources de financement du CMS.

    Le Crédit Mutuel du Sénégal est une structure mutualiste, son objet est de collecter l'épargne des membres et de leur distribuer des crédits. Il se finance à partir de trois sources de financement, notamment:

    - Le fonds propre,

    - Les emprunts commerciaux,

    - La mobilisation de l'épargne.

    Pendant des longes années, le CMS ne bénéficie plus des subventions. Il génère suffisamment des produits dans ses opérations pour couvrir la totalité de ses charges financières et opérationnelles, ce qui atteste son autonomie financière.

    Section 1: Fonds propres

    Pour beaucoup des IMF en croissance rapide, il est essentiel d'obtenir des fonds propres pour maintenir leur base de capital à un niveau suffisant pour dynamiser leur croissance.

    Les fonds propres du CMS sont constitués des participations de membre, de cumul de résultats positifs des années précédentes. Ils ne sont pas ouvert aux investisseurs en capital, car difficile de trouver des investisseurs partageant la mission social des IMF.

    Les fonds propres constituent la deuxième source de financement du CMS et représente environ 15% de ressources globales du CMS.

    Section 2: Emprunts commerciaux (en francs CFA)

    Rubriques

    2005

    2006

    2007

    2008

    Emprunts

    2 883 729 440

    10 292 162 243

    10 150 099 383

    7 992 798 648

    Variation en %

     

    256,90

    -1,38

    -21,25

    Source: DRS/SFD (Direction de la réglementation et de la supervision/systèmes financiers décentralisés)

    Il y a une variation de l'emprunt de 256,90% en 2006, cela a été du à l'investissement dans la construction du nouveau siège du CMS. En 2007 nous observons une légère baisse 1,38% et de 21,25% en 2008.

    L'endettement auprès des banques commerciales est une option ouverte à bon nombre croissant des IMF. Il constitue la troisième source de financement du CMS avec une participation de 7% dans les ressources globales. Ce pourcentage vient confirmer la diminution de la capacité à emprunter du CMS.

    Le CMS fait recourt à l'emprunt pour répondre aux besoins d'investissement, comme nous l'indique le tableau ci-dessus en 2006, mais aussi pour le respect des ratios établis par la banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest (BCEAO). A l'absence de la condition du respect des certains ratios mise en place par la BCEAO, le CMS se contenterait de l'épargne pour répondre à sa vocation et son fonctionnement. Ceci, non seulement du fait que c'est une ressource sans coût mais aussi parce qu'il permet de collecter assez de fonds sans pour autant s'exposer aux risques.

    Section 3: Épargne des membres (en francs CFA)

    Rubriques

    2005

    2006

    2007

    2008

    Epargne

    35 158 273 864

    41 071 612 628

    53 748 909 334

    62 207 728 226

    Variation en %

     

    16,82

    30,87

    15,74

    Source: DRS/SFD (Direction de la réglementation et de la supervision/systèmes financiers décentralisés)

    L'épargne évolue positivement d'année en année avec des variations de 16,82%, 30,87% et 15,74% successivement en année 2006, 2007 et 2008. Ceci prouve que le CMS mobilise beaucoup plus l'épargne.

    L'épargne constitue la ressource privilégiée par le CMS pour son financement. Le fait qu'elle soit une ressource n'ayant pas de coût et renforçant l'autonomie des IMF vis-à-vis des subventions ou des prêteurs justifie ce choix.

    L'épargne est relativement bon marché; il est un bon indicateur de la confiance de la clientèle à l'endroit du CMS et intervient dans son financement à plus de 78%.

    RECOMMANDATIONS

    Vu la maturité atteint par le CMS, nous le recommandons:

    - D'ouvrir son capital aux investisseurs privés, ce qui lui permettra d'augmenter sa capacité à emprunter auprès des banques et de maintenir un niveau important de capital relativement à l'actif total.

    - D'améliorer l'approche systématique de la gestion des risques, car il n'ya pas de rapprochement systématique des actifs par rapport aux dettes.

    - De diversifier ses sources de financement pour n'avoir plus à compter que sur l'épargne des clients.

    CONCLUSION

    Notre travail de recherche a porté sur l'analyse des sources de financement des IMF, cas du CMS.

    Il est évertué après nos recherches que les IMF constituent les meilleurs instruments de lutte contre la pauvreté, car ayant pour vocation de favoriser l'accès aux populations les plus démunies aux services financier en les octroyant des petits crédits. Les IMF se développent de plus en plus dans le secteur de microfinance sénégalais en bénéficiant, de la création jusqu'à la maturité, de financement en provenance de différentes sources, comme les subventions, la participation des sociétaires, les prêts et l'épargne des clients.

    La difficulté aujourd'hui pour les IMF d'obtenir le financement recherché repose sur le fait que dans leur choix des sources de financement, les dirigeants des IMF ne veulent pas prendre des risques car ils ne parviennent pas à évaluer exactement le coût global réel de financement. Ils ne procèdent pas non plus à des comparaisons éclairées de toutes les options de financement. Dans leurs processus de décision en matière d'endettement ils se fondent essentiellement sur le prix: rares sont les responsables d'IMF qui peuvent citer beaucoup des variables ayant un impact sur le coût d'endettement ou qui les prennent toutes en considération lors de la sélection des sources de financement.

    Raison pour laquelle la plupart des IMF au Sénégal, le CMS particulièrement, favorise beaucoup plus la mobilisation de l'épargne car son coût est nul.

    Les IMF n'ont pas des ressources diversifiées et comptent encore sur l'argent des bailleurs de fonds ou sur l'épargne des clients parfois plus difficile à collecter que prévu. Mais aussi, les bailleurs de fonds hésitent à s'engager encore dans le secteur de la microfinance. Ils perçoivent que l'appui direct aux IMF est beaucoup plus risqué. Pour cela, ils interviennent directement dans le secteur et dans son environnement. Ce qui fait que les IMF soient en manque des ressources suffisantes. Ceci s'amplifie encore par le fait que les banques locales leur refusent le financement, par méconnaissance du secteur le plus souvent.

    Le fait que la mission des IMF soit d'ordre social encourage la réticence des dirigeants à faire recours aux investisseurs privé, pourtant ces derniers constituent une des solutions aux IMF d'entrer en possession des fonds recherchés pour leur permettre d'atteindre un plus grand nombre des populations exclues du système financier classique.

    Nous nous permettons enfin de dire qu'il n'existe pas un mode de financement optimal pour les IMF ni de source la mieux adaptée pour leur financement. Tout dépend des objectifs qu'elles se donnent, de leur mode de fonctionnement et des contraintes légales auxquelles elles font face, selon le contexte.

    Un certain nombre d'outils ont été développés pour permettre aux IMF de diversifier leur source de financement afin de pouvoir disposer de fonds suffisants pour satisfaire la population exclue du système bancaire.

    Encore faut-il se demander si ces outils permettront-ils aux IMF d'obtenir un financement optimal?

    * 1 _ Sébastien BOYÉ, Jeremy HAJDENBERG et Christine POURSAT, Guide de microfinance, Eyrolles p17

    * 2 _ Brigit Helms, Building inclusive Financial, the world Bank, 2006

    * 3 _ Boyé et Al. Page 20

    * 4 _ Boyé et Al. Page 21

    * 5 _ Planet finance

    * 6 _ Sébastien BOYÉ, Jeremy HAJDENBERG et Christine POURSAT, Guide de microfinance, Eyrolles, p17

    * 7 _ Rapport zone franc 2003, la microfinance dans l'UEMOA

    * 8 _ Le portail microfinance Sénégal

    * 9 _ Le portail microfinance Sénégal

    * 10 _ Le portail microfinance Sénégal

    * 11 _ Note sur la microfinance N03, mais 2002, www.cgap.org

    * 12 _ Jean-Michel Servet et Isabelle Guérin, Exclusion et liens financiers. Rapport du centre Walras 2002, economica.

    * 13 _ Sébastien BOYÉ, Jeremy HAJDENBERG et Christine POURSAT, Guide de microfinance, Eyrolles

    * 14 _ Ex cellule AT/CPEC

    * 15 _ Bureau international du travail.

    * 16 _ Fond d'équipement de Nations unies.

    * 17 _ Jennifer Isern et David Porteous, «commercial Banks and microfinance: Envolving Models of Success», Focus Note, n0 28, CGAP, juin 2005.

    * 18 _ Josette et Max PEYRARD, Dictionnaire de finance, Vuibert

    * 19 _ A partir de rien

    * 20 _ Josette et Max PEYRARD, Dictionnaire de finance, Vuibert

    * 21 _ Josette et Max PEYRARD, Dictionnaire de finance, Vuibert

    * 22 _ Josette et Max PEYRARD, Dictionnaire de finance, Vuibert






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote