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Evolution de la conception et de la pratique de la dot dans la ville de Kinshasa. Etude menée auprès des communautés Luba, Manyanga et Yansi habitant la commune de Kimbaseke

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par Nana NZOLANI LUSUNGULU
Université de Kinshasa RDC - Licence en sociologie 2006
  

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Université de Kinshasa

Faculté des sciences sociales, administratives et Politiques

Département de Sociologie et Anthropologie

EVOLUTION DE LA CONCEPTION ET DE LA PRATIQUE DE LA DOT DANS LA VILLE DE KINSHASA

ETUDE MENEE AUPRES DES COMMUNAUTES LUBA,  MANYANGA ET YANSI HABITANT LA COMMUNE DE KIMBANSEKE

Par

Nana Nzolani Lusungulu

Graduée en sociologie et Anthropologie

Mémoire présenté et défendu en vue de

l'obtention du grade de licenciée en sociologie

Directeur: Dr. Hubert Ntumba Lukunga

Professeur

Encadreur : Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu

Chef de Travaux

Année académique 2005-2006

INTRODUCTION GENERALE

I. ETAT DE LA QUESTION

Tout chercheur débute son investigation par une lecture de la littérature spécialisée tant sur les considérations théoriques du thème retenu que sur les recherches empiriques menées antérieurement par ses prédécesseurs.1(*) Cela lui permet de se faire une idée sur la valeur de sa dissertation et sur les opinions des auteurs afin de dégager sa modeste contribution à la roue de la recherche scientifique.

Ainsi, nous conformant à cette exigence scientifique, nous avons compulsé quelques travaux relevant du domaine de recherche dans lequel s'inscrit la présente étude. Nous nous limiterons ici à circonscrire les problématiques soulevées et les résultats obtenus.

G. Sacha dans son livre « les femmes et l'amour » analyse les conceptions des femmes actuelles vis-à-vis de la dot fixée en espèce. L'auteur constate à ce propos que dans nos sociétés contemporaines nombre des femmes déclarent qu'elles ne sont pas à vendre, n'acceptent pas que leurs familles perçoivent même un centime du prétendant. C'est pourquoi, il plaide en faveur d'une procédure juridico-religieuse, rituelle d'abord et coutumière et institutionnalisée ensuite afin de préserver la cellule familiale des avatars de la vie en société.2(*)

Dans cette même lancée, M. Bertrand dans le marché du mariage et de la famille ajoute qu' « il peut paraître choquant d'évoquer la valeur monétaire d'une femme dans les sociétés occidentales où l'esclavage a légalement disparu, car l'achat d'une jeune fille en vue d'un mariage, s'il s'observe encore reste toutefois exceptionnelle. »3(*)

Si la fixation de la dot en numéraire pose déjà un problème éthique du fait des allures mercantiles qu'elle prend dans le contexte actuel, elle ne manque pas de poser des difficultés surtout au prétendant époux à cause de la surévaluation de son taux. Abordant cette question, Mafusama affirme qu'elle n'est pas sans lien avec les unions libres constatées à Kinshasa.4(*)

A la racine de ce phénomène néfaste conclut-il, se trouve l'épineux problème de la valeur de la dot qui pour certaines familles en abusent tout simplement.

Pour sa part, Ludjebunga dans son étude sur la « bureaugamie » (c'est-à-dire la polygynie déguisée) dans la Commune de Limete, arrive à la conclusion que le phénomène « bureagamique » a comme antécédent l'entrée tardive dans le mariage de la jeune fille qui est conçue comme une marchandise par son mari.5(*)

Il ressort de ce qui précède que la dot a connu une évolution dans la société actuelle, les conditions économiques modernes ont profondément modifié sa conception traditionnelle. La substitution de paiement monétaire à la plupart des dons en nature usités autrefois marque le changement le plus important en matière dotale. Cette évolution dans la constitution matérielle de la dot ne permet plus la personnalisation que revêtaient les preuves instrumentales du temps jadis. C'est pourquoi à travers cette étude, nous nous proposons de cerner cette évolution dans conception et pratique de la dot en nous appuyant sur trois ethnies à savoir Luba, Manianga et yansi pour dégager les lignes de convergence et celles de divergence qui caractérisent cette évolution.

II. PROBLEMATIQUE

A l'origine, la dot constituait en réalité un objet symbolique consacrant l'existence et la permanence du mariage. Elle était constituée par certains biens symbolisant les valeurs culturelles de la société. Dans les sociétés où prédominait la chasse, la flèche, le fusil et la peau de certaines bêtes (léopard notamment) constituaient des biens dotaux, tandis que dans les sociétés riveraines comme chez les Lokele de la Province orientale certaines espèces de poissons, la pirogue et le filet en étaient les éléments constitutifs. Dans les cultures pastorales, les peuples du Kivu montagneux par exemple, le grand comme le petit bétail (Vache, chèvre, mouton) étaient requis comme biens dotaux.

Généralement, ces biens versés à la famille de l'épouse étaient destinés à marier les jeunes mâles nubiles célibataires de la famille de la jeune mariée. Mais avec la pénétration européenne par l'entremise de la colonisation, la composante monétaire a été introduite comme partie intégrante de la dot. Mais en dépit de cette introduction de la monnaie dans la constitution de la dot, celle-ci a continué à garder sa valeur symbolique. En effet, le colonisateur en fixait la hauteur pour effectivement éviter les abus dans ce domaine.

Si la dot congolaise d'antan ne constituait pas un prix, c'est-à-dire qu'elle n'était qu'une preuve de l'existence de l'union matrimoniale, il n'en est plus question pour le Congo d'aujourd'hui. C'est à juste titre que Umezinwa écrit « c'est un univers déshumanisé où pour survivre il faut exploiter autrui, c'est un monde matérialiste où la seule valeur sociale qui compte est l'argent. »6(*)

La dot a, en effet, perdu le caractère symbolique qu'elle avait à l'origine, la tradition disparaissant devant l'intérêt, a en vite fait de considérer la femme comme un bien, un objet mobilier, transmissible, susceptible d'augmentation de valeur et n'ayant aucun droit.

A ce propos, le mariage qui était symbolique hier est devenu aujourd'hui une occasion des grandes cérémonies, de dépenses, d' « enrichissement », certains parents considérant leurs filles comme des marchandises à vendre et qui doivent être chères.

Le problème serait relativement simple si notre pas n'était habité que de quelques ethnies seulement. Mais la RDC et particulièrement la ville de Kinshasa est habitée par un nombre fort élevé d'ethnies aux particularités culturelles et même physiques variées.7(*)

Cette diversité culturelle se répercute naturellement sur la conception et la pratique de la dot mettant parfois le prétendant époux devant des situations inconfortables.

Mais l'observation de la vie quotidienne à Kinshasa montre qu'il y a une perspective d'uniformisation des pratiques de la dot en dépit de la diversité culturelle dont nous avons fait mention ci-haut.

Devant cette situation, nous nous demandons si dans l'évolution de la conception et de la pratique de la dot dans les trois ethnies retenues pour cette étude (Luba, Manianga et Yansi), il y a des convergences ou les divergences persistent. En outre, quelles sont les conditions, les facteurs et les agents à la base de cette convergence ou divergence.

III. HYPOTHESE

L'hypothèse de travail, dit P. Ronger « est une proposition de réponse aux questions que l'on se pose dans la problématique »

A la lumière des faits observés dans la Commune de Kimbanseke, nous avançons qu'en dépit de la diversité culturelle et de quelques particularités qui spécifient chacune des trois ethnies soumises à l'observation, il y aurait à ce jour une convergence dans la conception et la pratique de la dot. La situation socio-économique, l'urbanisation et le contact culturel qu'elle favorise seraient à la base de cette convergence.

IV. APPROCHE METHODOLOGIQUE

a. Des techniques

Disons que les techniques de recherche sont dictées par la méthode pour aider le chercheur à récolter les données nécessaires et suffisantes. D'après R. Pinto et M. Grawitz, les techniques sont des procédés opératoires rigoureux bien définis, susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions adoptées au genre des problèmes.8(*)

Dans le cadre de ce travail, les techniques ci-après ont été mises à profit : il s'agit de la technique documentaire, du questionnaire et de l'échantillonnage.

1. Technique documentaire.

Cette technique comme l'indiquent Shomba et Kuyunsa, met en présence le chercheur d'une part et de l'autre des documents supposés contenir les informations recherchées. L'observation sur la réalité sociale transite par la lecture des oeuvres, aussi bien matérielles qu'immatérielles, produites par l'homme vivant en société. De l'ensemble de documents existant, nous avons dans le cadre de cette étude exploité les documents écrits, c'est-à-dire ceux dont l'information peut être puisée par la lecture du texte (journaux, articles, mémoires, thèses, ouvrages, etc.). En rapport avec cette technique, nous avons consultés des ouvrages, mémoires et TFC et autres documents officiels relatifs à notre étude. Leurs contenus ont soumis à la critique afin d'en dégager l'authenticité, la validité et la véracité des faits rapportés.

2. Echantillonnage.

L'échantillonnage est une technique consistant à décrire le tout par la partie appelée échantillon. Ce dernier concept évoque la portion de la population totale qui sera réellement enquêtée et qui permettra par extension de dégager les caractéristiques de l'ensemble de la population.9(*) Cette technique nous a permis d'extraire de la multitude des sujets constituant notre univers d'enquête l'échantillon de trente sujets (à raison de 10 sujets par ethnie) auxquels nous avons soumis notre questionnaire. Nous y reviendrons largement à la première section du troisième chapitre consacrée à l'organisation de la recherche.

3. Questionnaire

Un questionnaire est une série des questions auxquelles l'enquêté doit répondre. « Ecrit ou oral, un questionnaire de recherche scientifique vise la collecte des informations sur ce que la population cible sait, croit, ressent, rêve, envisage de faire ou a fait et sur les explication et les mobiles auxquels elle s'appuie pour justifier les attitudes sus évoquées suivant leur visées respectives. »10(*) D'après la liberté laissée à l'enquêté, on distingue les questions ouvertes, fermées et à éventail. Dans le cadre de cette étude nous avons opté pour des questions de type ouvert et à éventail. Notre questionnaire a été administré aux 30 enquêtés faisant partie de notre échantillon. Nous y reviendrons largement à la première section du troisième chapitre consacrée à l'organisation de la recherche.

3. Interview

Pour compléter les informations obtenues par le biais du questionnaire, nous avons recouru à la technique d'interview. Celle-ci désigne un tête-à-tête au cours duquel l'enquêté donne oralement des informations à l'enquêteur. En nous résumant, retenons qu'une interview est une forme d'interaction verbale entre l'enquêteur et l'enquêté. Nous avons, dans le cadre de ce travail, recouru à l'interview semi-dirigée grâce à laquelle nous avons atteint 15 sujets à raison de 5 par ethnie.

Toutes les informations récoltées grâce aux techniques ci-haut décrites ont été soumises au crible de la méthode dynamiste.

b. De la méthode

Les résultats d'un travail qui se veut être scientifique ne peuvent être les produits d'une recherche désordonnée, mais plutôt d'une recherche cohérente et méthodique. Pour arriver à bien vérifier notre hypothèse de travail, nous avons recouru à une démarche scientifique, qualifiée de méthode. En tout état de cause, la méthode se définit comme « l'ensemble des processus que suit un chercheur pour atteindre ses objectifs et découvrir la vérité ». Pour le professeur Kalele ka Bila, la méthode est une opération intellectuelle de traitement des données relatives à une réalité sociale étudiée en fonction d'un objet bien précis ; opération qui, pour être véritablement scientifique, doit tout au long de son traitement, tenir constamment compte de la double essence du fait social et de l'objectif poursuivi.11(*)

Les domaines des sciences sociales étant très vastes et variés, les façons de poser les problèmes sont nombreuses et les procédés pour obtenir des réponses le sont aussi. Pour l'élaboration de ce travail, nous avons recouru à la méthode dynamiste. La méthode dynamiste comme le note Sylvain Shomba Kinyamba, fonde son originalité sur la saisie à la fois des facteurs du changement social et ceux de la résistance à ce changement. En d'autres termes, « la méthode dynamiste s'intéresse à toutes les forces qui agissent à l'intérieur d'un système social ou de l'extérieur sur ce système, pour sa remise en question comme pour son maintien. »12(*)

A la suite des présupposés de cette méthode, nous cernons à travers ce travail l'évolution de la conception et de la pratique de la dot dans la ville de Kinshasa en appuyant sur les expériences des Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de Kimbaseke. Il s'agit de relever cette évolution orientée dans le sens de convergence ou de divergence en dégageant aussi bien les facteurs, les conditions et les agents qui ont oeuvré dans la perspective de la convergence que ceux qui s'y opposent. Chemin faisant, nous relevons les contradictions, les tensions et les conflits que charrie cette évolution de la conception et de la pratique de la dot dans les trois communautés sus-mentionnées.

V. INTERET DU SUJET

En fait, toute personne qui habite la ville de Kinshasa est consciente d'une réalité selon laquelle de nos jours le mariage est en crise, les difficultés financières surtout font que le mariage se raréfient. Cette situation nous a motivé de réfléchir afin d'apporter notre modeste contribution sur la compréhension de ce phénomène.

En tant que sociologue en formation, nous sommes appelée à faire face aux multiples faits sociaux qui caractérisent notre société et qui battent en brèche la quiétude sociale.

Ainsi, l'intérêt face à ce sujet est double : social et scientifique. Sur le plan social, cette étude permet de considérer la valeur traditionnel le de la dot en mettant en relief les conséquence néfastes qu'elle cause au sein des familles. Ainsi, l'autorité compétente pourra se servir de nos analyses afin d'agir sur la cause et non sur l'effet du phénomène pour une meilleure prise en charge sociale. Pour ce qui est de l'intérêt scientifique, d'autre part, la présente dissertation s'inscrit dans la logique de l'enrichissement de la théorie scientifique en la matière.

VI. DELIMITATION DU TRAVAIL

Comme dans tout travail scientifique, il s'est avéré difficile pour nous d'entreprendre cette étude sans en fixer le contour spatio-temporel. C'est ainsi que du point de vue spatial, notre étude porte sur les trois ethnies (Luba, Manianga et Yansi) vivant à Kinshasa plus précisément dans la Commune de Kimbanseke. Le choix porté sur cette Commune tient simplement au fait qu'elle constitue un foyer de concentration de ces ethnies et se trouve être également le milieu qui se prête le mieux à nos possibilités en terme des coût et de distance, c'est une question de réalisme.

Du point de vue temporel, notre étude va de 1990 à nos jours. Cette période est marquée par des mutations aussi bien politique, économique que sociale et culturelle dans la ville de Kinshasa en particulier et en RDC en général.

VII. DIFFICULTES RENCONTREES

Toute investigation scientifique est toujours émaillée des difficultés. Celles-ci diffèrent suivant l'objet d'étude, la nature du terrain et l'importance de la logistique.

Il n'est aisé, dans le contexte actuel de la ville de Kinshasa marqué par la suspicion, des tensions, des crispations dues à la basse conjoncture socio-économique, etc., de mener une étude sur un phénomène qui touche aux susceptibilités comme celui de la dot. Un tel sujet expose le chercheur à la méfiance et à l'évitement des enquêtés déjà traumatisés par les conditions matérielles d'existence. Au cours de nos enquêtes, nous nous sommes buté au refus pure et simple de certains enquêtés qui nous renvoyaient parce que, disaient-ils, ils n'avaient pas de temps et d'énergie physique nécessaire à nous consacrer. Pour d'autres par contre, l'annonce de notre sujet de recherche suscitait en eux un sentiment de frustration et nous demandaient d'aller nous confier auprès d'autres. Nos explications pour justifier le bien fondé de notre étude ne rencontraient pas souvent un écho favorables auprès de cette catégorie d'enquêtés. D'autres encore exigeaient un verre de boisson ou de l'argent avant de se livrer à fournir des réponses à notre questionnaire.

Par ailleurs, Kimbanseke, comme les autres communes populaires de la ville de Kinshasa, est habité par une population qui vit au jour le jour si bien que la survie des ménages tient à la débrouille quotidienne appelée « libanga ». Dans ces conditions, il est difficile de rencontrer pendant la journée des personnes adultes en leurs résidences. Et parce que nous tenions d'administrer nous-même le questionnaire pour éviter les pertes éventuelles des protocoles ou les reports des jours de retrait et que nos enquêtes se déroulaient dans les après-midi, les avant-midi étant consacrés à nos obligations académiques, il nous arrivait de parcourir une avenue de bout en bout sans trouver une personne adulte à interroger. Ce qui a contribué à l'échelonnement de l'enquête sur plusieurs jours que prévus.

Le dérobement de la plupart des femmes à l'entretien pour des raisons diverses nous a fait perdre d'autres informations (leur son de cloche) qui seraient utiles pour l'élaboration de ce travail. Leurs opinions auraient peut-être apporté un éclairage supplémentaire à la compréhension de notre sujet d'étude.

Le manque des moyens financiers et matériels a retardé sensiblement le déroulement de l'enquête et la rédaction de ce travail. Outre le fait que la modicité de nos ressources avait différé la confection et l'impression de notre questionnaire, elle n'a pas permis la constitution d'un grand échantillon.

Notre abnégation et notre engagement ainsi que le concours de condisciples qui ont accepté le bénévolat, ont rendu possible la gestion efficace de toutes ces contraintes ayant émaillé les investigations dont les résultats sont présentés dans ce travail.

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE.

Dans le présent chapitre, nous allons définir les concepts de base et présenter le milieu d'étude.

Section 1. Définition des concepts

Emile Durkheim souligne que la « première démarche d'un chercheur est de définir les choses dont il traite afin qu'il sache et que l'on sache de quoi il est question.»13(*) C'est ainsi que dans cette section nous nous employons à définir les concepts de base de notre étude afin de leur conférer un sens précis et dissiper tout malentendu à leur sujet. Nous circonscrivons les contours des concepts d'évolution, de la dot, du mariage et de la ville qui constituent le socle sur lequel repose la présente dissertation.

1.1. Evolution

Selon le dictionnaire Larousse, le mot évolution peut désigne une transformation, un changement ou c'est qui est contraire à l'immobilité. L'évolution signifie aussi devenir, mouvement, changement des idées, de la conception du groupe ou d'une personne, changement de caractère, transformation graduelle assez lente14(*).

Dans le cadre de ce travail, nous considérons l'évolution comme les changements ou les transformations intervenues dans la conception et la pratique de la dot dans les trois ethnies Luba, Manianga et Yansi du fait de leur coexistence avec d'autres ethnies dans la ville de Kinshasa en général et dans la Commune de Kimbanseke en particulier.

1.2. Dot

Avant d'aborder le noeud du sujet, précisons d'abord le contenu que nous donnons au concept Dot. Celle-ci est une notion juridique du droit matrimonial en Europe et on pourrait croire que la dot africaine et celle de l'Occident dont deux institutions identiques ou du moins voisines. Il n'en est rien cependant. C'est pourquoi, certains auteurs, à juste titre, ont critiqué l'emploi du vocable dot parce qu'il prête à confusion. Mais les termes inventés en remplacement de celui-ci ne sont pas plus corrects comme « price » qui laisse penser à l'achat. En outre, il est tellement ancré dans le vocabulaire juridique du droit coutumier que malgré les critiques fondées qu'il provoque, ce terme reste le plus fréquemment employé du moins chez les coutumistes francophones. Cela étant, définissons les deux dots et essayons de dégager les différences essentielles.

La dot est une des institutions fondamentales du droit africain. Ce sujet a donné matière à plusieurs études d'observateurs étrangers, la plupart n'ont pas pénétré la signification profonde de cette institution. Il s'en sont tenus trop légèrement aux apparences formelles actuelles et ont conclu que la dot était le prix d'achat d'une femme, que le mariage chez les noirs était une opération lucrative pour les parents de l'épouse.

En Occident, la dot est constituée des biens apportés au mari par la famille de la femme en vue de subvenir aux charges de ménage et notamment à l'éducation des enfants et à leur entretien.

Par contre, la dot africaine se réalise en sens inverse puisque les biens sont apportés par le mari et non pas au profit du ménage, de sa femme ou des enfants à venir mais en faveur de la famille de sa femme.15(*)

D'après J. Bineti, la dot est la somme versée par le fiancé ou par sa famille au père de la fiancée. La dot peut être parfois en nature, en produits alimentaires ou artisanaux, parfois en objets traditionnellement réservés à cet usage : bijoux, objets en cuivre ou en fer.16(*)

La dot est une preuve, publique du libre consentement que les parents apportent à l'alliance envisagéé.La dot sera enfin une garantie de la stabilité de l'union des époux et des alliés.

De ce qui précède, nous constatons que l'objectif essentiel de la dot africaine n'est pas le même que celui de la dot européenne, la consolidation des liens matrimoniaux mais aussi entre les deux familles (celle de l'homme et de la femme) se trouve être le mobile fondamental. Elle (dot) est en quelques sorte le moyen instrumental établissant l'alliance alors que la dot classique personnalise le mariage.

Aujourd'hui, plusieurs parents sont intéressés au montant de la dot plutôt qu'au bonheur de leur fille, montant et les modalités de versement se débattent généralement avant la fixation de la date de cérémonie du mariage. Qui discute de la dot, qui la fixe et qui la perçoit ?

Autrefois, la dot se payait en valeur consacrées : grand et petit bétail, fusil, houe, machettes, etc. Ces biens étaient un gage et devaient en principe rester en possession de celui qui les recevait.

Les conditions économiques modernes ont profondément modifié le sens traditionnel de la dot. La dot ancestrale se présente comme une institution sociale faisant partie d'un régime juridique, lui-même commandé par une philosophie et une vision originales du monde.

La dot est en quelque sorte le procédé par lequel se caractérise le mariage légal et le différencie de l'union libre ou concubinage. C'est le moyen par lequel le mari acquiert le transfert de certains droits que la famille de la femme abandonne à son profit.

Dans ce travail nous considérons la dot comme l'ensemble des biens que le futur époux et/ou sa famille remettent à la famille de la future épouse pour consacrer l'existence du mariage.

1.3. Mariage

Le mariage d'après Frederic est une institution civile religieuse soumise à des réglementations de la parenté, de la prohibition de l'inceste, du caractère limitative être permissive des lois sexuelles, de l'interprétation imposée de la sexualité, objet de teneur ou d'honneur à des utilisations aux seules fins sociologiques et capitalistes.17(*)

Le code de la famille congolais dans son article 330 définit le mariage comme étant un acte civil, public et solennel par lequel ni l'un ni l'autre est uni dans les liens d'un précédent mariage enregistré, établissent entre eux, une union légale et durable dont les conditions de formation, des effets et la dissolution sont déterminées par la loi.

1.4. Ville

La ville est l'un des concepts qui ont suscité moult controverses entre les spécialistes des sciences humaines en général et entre sociologues en particulier. La diversité de la réalité qu'elle désigne est à l'origine de ces controverses. Cette diversité se rapporte à la taille de la ville (volume de la population et étendue de la ville), à sa configuration (infrastructure, équipement matériel, aménagement de l'espace) et aux types d'activités qui s'y exercent (administration, commerce, industrie, etc.). Les uns et les autres se sont appuyés sur un aspect pour faire prévaloir leur vision de l'espace urbain.

A partir de ces critères, des auteurs ont tentés plusieurs définitions de la ville. Ainsi, les géographes et les démographes entendent par là un fait de concentration de la population et de services. Pour les économistes, il est question surtout de nouveaux marchés. Pour les politicologues, il s'agit de l'apparition de nouvelles structures politico-administratives. Les sociologues enfin pensent pour leur part aux nouvelles modalités d'organisation sociale et aux nouvelles mentalités afférentes.

Ce dernier aspect, celui des nouvelles mentalités secrétées par la vie urbaine parait intéressant pour notre étude. En effet, la ville est perçue à travers le système de valeurs, les attitudes, les comportements, bref la culture urbaine qu'elle sécrète. P. Georges indique que lorsqu'on parle de la société urbaine, il ne s'agit pas de simple constatation d'une forme spatiale. La société urbaine est avant out définie par une certaine culture, c'est-à-dire par un certain système de valeurs, les normes et les relations sociales possédant une spécificité historique et une logique propre d'organisation et de transformation. Il s'agit d'un milieu artificiel, grâce à la prédominance d'une activité dé&terminée et à caractère sociologiquement hétérogène.18(*)

Analysant les villes africaines à la lumière de ce critère (culture), Evariste Tshishimbi Katumumonyi estime que celles-ci n'ont pas encore élaboré leur propre culture à cause notamment de la persistance des cultures d'origine ethnique qui continuent à dicter les comportements de leurs habitants. Tout en prenant en compte l'interférence des cultures ethniques dans la vie quotidiennes des populations urbaines africaines, il y a lieu de reconnaître qu'une nouvelle culture est en élaboration en milieu urbain africain observable dans les comportements des populations qui y habitent. C'est cette coexistence des cultures ethniques et celles sécrétées par la ville qui est mise en exergue dans cette étude. Et ce, à travers la mise en opposition des anciennes et nouvelles conceptions et pratiques de la dot dans les trois milieux socio-culturels que nous avons retenus dans cette étude (Luba, Manianga et Yansi). Il s'agira, en définitive, de voir si la coexistence de ces trois ethnies dans le milieu urbain de Kinshasa n'a pas sécrété une nouvelle conception et une nouvelle pratique de la dot.

En définitive, nous considérons la ville comme une agglomération comprenant une population d'environ 2000 habitants, lesquels exercent pour leur survie une multitude des fonctions, partageant une dynamique culturelle déterminée et caractérisée par une différenciation sociale.

Après cette discussion sur les concepts de base de la présente étude passons à la présentation de notre milieu d'étude, c'est-à-dire la Commune de Kimbanseke. C'est l'objet de la seconde section de ce premier chapitre.

Section 2 : Présentation de du milieu d'étude

2.1. Aperçu historique

Kimbaseke vient du mot humbu mbensio dont mbe siggnifie terre et nsio signifie plane. Littéralement, Kimbanseke veut dire terre plane et très étendue. Dans le contexte colonial, les agents sanitaires belges, en mal de prononciation modifièrent le Mbensio en Kimbanseke.

Avant son érection en Commune par l'arrêté ministériel n°68-026 du 30 mars 195 portant création et dénomination de nouvelles communes de la ville de Kinshasa, Kimbanseke était une zone annexe du territoire suburbain de Kinshasa.

A ce titre, elle faisait partie intégrante de l'administration du district du Bas-Congo devenu Province du Congo central en 1963. Par la suite, Kimbanseke devient zone annexe du poste territorial administré par un administrateur de territoire dont le premier fut Monsieur Ngafani et l'actuel Ngataba.

Comme Commune, Kimbanseke est régie par les dispositions de l'arrêté ministériel n°69-0042 du 23 janvier 1969 du Ministère de l'Intérieur qui a déterminé pour la ville les limites des communes et par celle de l'Ordonnance-loi n° 82-008 u 25 février 1982 portant statut de la ville de Kinshasa.

2.2 Statut juridique

La commune de Kimbanseke est une entité étatique à caractère public. Elle est aussi une entité administrative décentralisée, dotée de la personnalité juridique à compétence générale régie par l'arrêté  ministériel n° 69-042 du 26 mars 1973 du Ministère de l'Intérieur.

2.3. Situation géographique

La Commune de Kimbanseke couvre une superficie de 237.80 Km2. elle fait partie des cinq Commune urbano-rurales que compte la ville de Kinshasa, à savoir : Kinsenso, N'sele, Maluku, Kimbanseke et Mont Ngafula. Et elle est la plus peuplée de toutes les Communes de la ville de Kinshasa.

La Commune de Kimbanseke est géographiquement située à l'est de la ville de Kinshasa, elle est limitée ainsi : au nord par le tronçon du boulevard Lumumba qui part de la rivière Nsanga jusquà la rivière Tshwenge. Le boulevard constitue une limite mitoyenne avec la Commune de Masina. Au sud par la Province du Bas-Congo, à l'est par la rivière Tshwenge et la Commune urbano-rurale de N'sele. A l'ouest par la Commune de N'djili.

2.4. Structure administrative et fonctionnement

La structure administrative de la Commune de Kimbanseke se fonde sur l'Ordonnance-loi n° 82008 du 25 février portant statut de la ville de Kinshasa. La loi prévoit l'institution au niveau de chaque Commune et l'exécutif local constitué d'un bourgmestre et son assistant. L'exécutif comprend également des services administratifs qui lui permettent d'assurer quotidiennement la tâche de gestion administrative de la municipalité.

La Commune de Kimbanseke est composée de 30 quartiers suivants : Bahumbu, Bamboma, Boma, Disasi, Esanga, Kamba-Mulumba, Mfumu-kento, Mikondo, Malonda, Kasa-vubu, Kikimi, KingasaniI, Kisantu, Luebo, Mangana, Maviokele, 17 Mai, Ngandu, Ngafani, Nsanga, Nsumubwa, Sakombi, Salongo, Révolution, Mbwala, Kutu, Ngoma Zita, Mokali, Mulie, Biyela.

2.5 Situation socio-culturel  et économique

Sur le plan socio-culturel, la Commune de Kimbanseke en tant qu'entité urbaine est pluri-ethnique, mais avec une prédominance des peuples Kongo, Luba et Yansi. Ces différentes ethnies disseminées à travers la Commune connaissent de concentration dans certains quartiers notamment.............................

Autant des ethnies qu'il y a autant d'associations culturelles dont chacune essaie de promouvoir les valeurs culturelles à travers la musique folklorique, le théâtre... Le mariage interethnique s'impose de plus en plus en dépit de la contrainte qu'exercent certains parents sur les jeunes nubiles les obligeants à se marier dans leurs ethnies respectives.

On dénombre à Kimbanseke des églises chrétiennes traditionnelles (catholique, protestante et kimbanguiste), des églises islamique et traditionnelles africaines et plusieurs églises de réveil.

Des écoles privées et plubliques y reçoivent les jeunes en âge de scolarité mais on n'y trouve aucun Institut supérieur ni une Université et moins encore une bibliothèque publique où peuvent s'instruire des jeunes adultes.

Les jeunes font la musique moderne à travers les différents orchestres que compte la Commune.

Sur le plan socio-économique, la Commune de Kimbanseke est considéré comme une entité urbano-rurale à cause de la prépondérance des activités agricoles sur la lisère de la rivière Nsanga occupée par les femmes maraîchères, alors que les boulangeries de type artisanal et en semi moderne approvisionnent en pain la population disséminée ça et là.

Le commerce constitue aussi l'une de leurs activités attestées par la présence des buvettes, chambres froides, boutiques, pharmacies, maisons de couture, maisons de communication, maison de tolérance dans chaque quartier, etc. La Commune de Kimbanseke fait figure de parent pauvre en ce qui concerne l'industrie, elle ne dispose aucune unité industrielle pouvant offrir de l'emploi à la main-d'oeuvre.

Enfin, dans cette Commune urbano-rurale, les facteurs tels que l'électricité, l'eau, la voirie, etc sont difficiles ou progressent d'un rythme trop lent.

2.5. Structure administrative

La Commune de Kimbanseke comme d'autres Communes comporte plusieurs services qui président à son fonctionnement. Au nombre de ces services citons :

a. Le Bourgmestre

Il est l'autorité politico-administrative de l'entité. A ce titre, il est le chef de l'exécutif en même temps autorité suprême de la Commune.

b. Le Chef de Bureau

Il est le Chef de l'administration, celui qui supervise les travaux de tous les services administratifs.

c. Le Chef du personnel

Il s'occupe de l'affectation et de la mise en place des agents en service et leur discipline dans la maison communale.

d. Le Secrétariat

S'occupe de l'orientation de l'administration, du courrier, de classement et de l'expédition de la correspondance. Il est le relais entre les différents services et l'extérieur.

e. La Police

Elle s'occupe de tous les problèmes de la sécurité, de l'ordre public,etc. sur l'étendue de la Commune de Kimbanseke.

f. Le Service de la population

Il est chargé de gérer la population en procédant par des recensements et délivre des documents parcellaires, les attestations de perte de pièces, etc.

g. Le Service de l'environnement

S'occupe de la protection de la nature, contrôle et aménage la Commune en matière d'assainissement, d'évacuation des immondices, de l'évaluation de la productivité dans le secteur de la pêche. Il délivre des Procès-Verbaux de constat de lieu des ateliers, boutiques, pharmacies, hôpitaux, etc.

h. Le Service de la culture et arts.

Ce service s'occupe du patrimoine culturel, des secteurs artisanaux et artistiques aussi la promotion des activités culturelles.

i. Le Service de la jeunesse

Il s'occupe de l'encadrement des jeunes et coordonne leurs organisations, tels que les cercles culturels, les clubs, etc.

j. Le Service de l'état-civil

Le bureau de l'état-civil est chargé de l'enregistrement des actes de l'état-civil et la conservation des archives de l'Etat.

k. Le Service de l'agriculture et élevage

Constitué des techniciens agronomes et des vétérinaires, le service de l'agriculture et l'élevage a comme tâche de prodiguer des conseils aux cultivateurs et aux éleveurs locaux, il délivre aussi des actes d'exploitation forestière pour la fabrication des braises...

l. Le Service de l'Industrie, Petites et Moyennes entreprises et Artisanat

L'IPMEA s'occupe de l'encadrement économique du secteur formel et informel pour la bonne marche de la Commune. Il délivre des autorisations d'ouverture et d'exploitation des unités de production.

m. Le Service des affaires sociales

Il s'occupe de l'assistance sociale, de tous les problèmes sociaux de l'homme et des activités tendant à la promotion

n. Le service juridique et contentieux

Il règle les litiges des administrés. Ces litiges peuvent être à caractère civil, administratif ou pénal.

o. Le Service de l'économie

Il contrôle les activités économiques, fixe les prix des articles et assure l'inspection des marchés.

p. Le service de tourisme

Ce service est chargé du contrôle, de l'inspection des hôtels et des agences de voyage ainsi que tous les autres établissements ayant un rapport avec le tourisme.

q. Le Service de sports et loisirs

Il s'occupe du sport et des loisirs en général.

r. Le Service des Finances

Ce service s'occupe de la gestion financière de l'entité administrative.

s. Le Service de l'habitat

Il s'occupe de la réglementation des contrats de bail et de la résolution des conflits entre bailleurs et locataires.

t. Le Service de l'hygiène et santé

Il s'occupe de tout problème qui a trait à l'éducation sur les maladies endémiques, épidémiques, etc.

u. Le Service de la DGM

La Direction Générale de Migrations s'occupe des migrations (sortie et entrée) de la population de la commune de Kimbanseke.

v. Le Service de Comptabilité

Il s'occupe de recettes, de dépenses de la commune de Kimbanseke.

Conclusion

Ce chapitre a été consacré à la discussion des concepts fondamentaux de notre étude. Cette discussion a été importante pour fixer le contenu que nous avons attribué à chaque concept étant le contexte particulier de l'étude. L'exercice ainsi amorcé, pensons-nous, nous a dédouané des malentendus qu'auraient entraîné l'équivocité de certains concepts.

Ensuite nous nous sommes attelée à la présentation de notre champ d'investigation afin de circonscrire l'environnement socio-culturel dans lequel l'étude a été menée. Car dit-on en sociologie qu'un fait social n'a de signification que s'il est replacé dans le contexte de son émergence.

Passons à présent à la description des conceptions et pratiques traditionnelles de la dot dans les trois ethnies retenues dans le cadre de cette étude, à savoir Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de Kimbanseke.

Chapitre II : CONCEPTIONS ET PRATIQUES DE LA DOT EN MILIEUX TRADITIONNELS LUBA, MANIANGA ET YANSI

Introduction

A travers ce chapitre, nous décrivons les conceptions et pratiques de la dot dans les trois ethnies retenues pour cette étude. Cet effort nous permet de nous faire une idée sur la dot dans les sociétés du hier, afin de les confronter avec les conceptions et les pratiques d'aujourd'hui et dégager les lignes de convergence et de divergence. Nous ferons dans la première section un transit par la dot dans la législation congolaise ensuite nous dirons un mot sur la dot dans chacune des trois ethnies faisant partie de nos préoccupations dans ce travail.

Section 1 : La dot dans la législation congolaise

Le code de la famille fait de la dot la condition indispensable du mariage. Le futur époux et sa famille doivent convenir avec les parents de la future épouse d'une remise de biens ou d'argent qui constituent la dot au bénéfice de ces derniers (parents de la fiancée).

Le mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement versée ou moins en partie. Nonobstant toute coutume contraire, la dot peut être symbolique.

La coutume applicable au mariage détermine les débiteurs et les créanciers de la dot, sa consistance et son montant, pour autant qu'elle soit conforme à l'ordre public et à la loi, plus particulièrement aux dispositions en la matière. Cette coutume détermine également les témoins matrimoniaux de la dot.

Les conventions relatives à la dot et les obligations qui en découlent sont prouvées par les énonciations de l'acte de mariage. La convention relative à la dot, conclue en vue d'un mariage non encore célébré ou non enregistré, peut être prouvée par tous les moyens de droit.

Si la dot est refusée par ceux qui, selon la coutume, doivent la recevoir, les futurs époux même non émancipés, soit ensemble soit séparément peuvent porter le litige devant le conseil de famille. Si le refus persiste, les futurs époux ainsi que le Ministère public peuvent saisir, par voie de requête, le tribunal de paix du lieu où le mariage devait être célébré.

Le tribunal de paix instruit à huis clos la requête en amiable conciliateur, il convoque soit séparément, soit ensemble ou les requérants, le père et la mère de la future épouse et ceux de ses ayant droit bénéficiaires de la dot et s'il l'estime opportun, un conseil de famille.

Le tribunal tente, s'il échet, d'obtenir un accord, soit en présence soit hors de présence des futurs époux. S'il y a accord, le tribunal prend une décision qui l'entérine. Dans le cas contraire, il statue par décision motivée accordant ou non l'autorisation du mariage et fixant le montant de la dot en tenant compte de la coutume des parties et des possibilités financières de la future épouse et de sa famille.

En ce cas, le mariage ne peut être célébré que devant l'Officier de l'état civil qui, sur base de la décision, recevra le montant de la dot fixée et veillera à la remettre à ceux qui doivent la recevoir. Si ces derniers refusent de la recevoir, l'Officier de l'état civil en fera mention dans l'acte de mariage. Le montant de la dot ainsi versé et non recueilli sera, après un an à dater de l'acte de mariage, soumis aux règles relatives aux offres réelles et à la consignation.

Section 2 : La conception et la pratique de la dot en milieux traditionnel Luba, Manianga et Yansi

3.1. La conception et la pratique de la dot en milieu traditionnel Luba

La conception traditionnelle chez le Luba était telle que le mariage était l'affaire de toute la communauté ou d'un clan dans lequel le choix du conjoint ou de la conjointe se faisait par le père ou par un membre de la famille.

Sa validité et sa légitimité sont déterminées par le versement de la dot par la famille du garçon à celle de la fille. Il s'agit, en quelque, sorte d'une compensation faite à la famille de la fille qui perd l'un de ses membres. Mais, la dot peut également être considéré comme un cadeau que la famille du garçon offre pour un nouveau membre qu'elle reçoit et qui s'ajoute à la famille car, la femme mariée fait partie intégrante du clan de son mari.

La pratique traditionnelle de la dot chez les Luba, concernant le montant demandé, celui-ci varie selon les parents de la future épouse. De manière générale, il n'existe pas un montant fixe. En milieu traditionnel Luba, il n' y a pas de pré-dot « kanga lopango ». Le jour du versement de la dot, c'est le jour du mariage. L'homme peut ce jour là partir avec sa femme. Les cérémonies civiles et religieuses peuvent ne pas venir directement.

Chez les luba, la dot est traditionnellement constituée d'un montant en espèce et des biens en nature. . A côté de la somme d'argent versée, il est demandé des biens en nature dont les plus courants sont : des vêtements pour les parents comprenant un costume, une chemise et des chaussures pour le père, un pagne, des chaussures et un foulard de tête pour la mère ; deux chèvres dont l'une destinée à la mère pour avoir allaiter la mariée et l'autre pour le père ; du sel et de l'huile de palme; un fusil, etc. Il faut noter que la mère de la future épouse n'a droit à sa chèvre que si sa fille est vierge, signe d'une bonne éducation qu'elle a reçue de sa mère.

La tradition luba autorise le prétendant à verser la dot en totalité ou en partie, quitte à continuer le versement durant la vie conjugale. L'expression consacrée qui traduit cette pratique est « Ku buku ku diyala », une image qu'on présente la belle famille comme un dépotoir qui accepte de recevoir les détritus chaque fois que les gens viennent les déverser.

En cas de grossesse avant le mariage, l'auteur de la grossesse prend sa femme et la dot ne sera versée qu'après accouchement.

Mis à part les biens en nature ci-haut cités, la partie en numéraire n'est pas nécessairement destinée aux parents directs de la fille. Traditionnellement, le montant reçu doit constituer la dot pour un autre membre de la lignée paternelle de la mariée, c'est surtout le cas en ce qui concerne le mariage de l'aînée de filles. C'est ce qu'on appelle en Tshiluba « biuma bia milambu » que nous pouvons littéralement traduire par la dot d'offrande (allusion faite au fait que cette dot doit être remise à un autre membre de la famille pour son mariage).

3.2. La conception et la pratique de la dot en milieu traditionnel Manianga

Pour les Manianga, la dot est un symbole que le garçon verse dans la famille de la fille. La dot représente aussi une garantie de stabilité de l'union des époux et que la dot est obligatoire pour la sécurité, la stabilité et la valorisation de deux familles.

La dot, comme dans les autres ethnies, est un élément principal du mariage. C'est pourquoi les Manianga estiment qu'elle doit être versée en totalité, c'est-à-dire tous les biens dotaux et le montant exigés doivent être entièrement versés avant la conclusion du mariage.

Dans la tradition manianga, la dot était constituée de l'argent et des biens en nature. La pratique de la dot en milieu traditionnel manianga ne connaît pas aussi un moment particulier lors de la conclusion du mariage. La belle famille du prétendant monte des enchères exorbitantes, ce qui donne lieu à une sorte de duel (Kinzonzi) exposant la jeune fille au marchandage.

Le montant exigé normalement pour la dot c'est plus ou moins mille dollars américains (1000 $ us). Les Manianga pratiquent la pré-dot car, elle est d'une grande importance dans la société manianga dans la mesure où elle constitue un pas décisif qui conduit au mariage.

Les biens en nature peuvent se mesurer à l'apport des pièces d'habits de haute qualité telles que les wax hollandais et super wax. Tandis que ceux en numéraire s'évaluent en dollar américain. D'autres articles sont à compter pour compléter la dot, c'est entre autres : noix de cola, sel, boissons alcooliques et sucrées, grandes marmites, paire de souliers pour le père et paire des sandales pour la mère, foulard de tête, etc. A ces biens sont associées une bête (porc ou chèvre) ou un outil aratoire.

Pour ce qui est des bénéficiaires directs de la dot, l'oncle maternel est le bénéficiaire privilégié de la dot.

3.3. La conception et la pratique de la dot en milieu traditionnel Yansi

La dot est formée de tous les biens constituant le droit que doit obtenir la famille de la jeune fille de la part du futur époux et/ou de sa famille. Les parents Yansi soutiennent que le jeune homme doit restituer les frais scolaires consentis pour la formation de la jeune fille, si celle-ci a été scolarisée.

La dot est obligatoire car elle rend le divorce plus difficile et surtout proscrit toute initiative unilatérale de la femme en la matière. La dot stabilise le lien du mariage, c'est aussi une valeur pour la femme, si elle est trop minime, la femme va dire « tu ne m'aime pas puisque tu payes si peu pour moi ».

Dans la tradition yansi la dot est constituée de l'argent et des biens en nature.

La pré-dot consiste à verser des biens en nature auprès des parents de la fille. C'est le signe qu'il désire épouser la famille. Généralement, le jeune homme présentera auprès de la famille de la fille avec la bière afin d'officialiser les fiançailles. A cette occasion les membres de deux familles sont présents et la famille de la jeune fille, après la cérémonie invitera le fiancé à venir chercher la « facture » de la dot. La dot doit être versée en totalité.

Chez les Yansi, le montant de la dot n'est pas fixe, il varie d'une famille à une autre, d'une part et selon que la jeune fille est lettrée ou illettrée d'autre part. Si la fille a reçu une bonne formation scolaire (5ème ou 6ème des humanités) le montant de la dot sera plus élevé. Les valeurs dotales sont arrêtées après débat entre les parties, elles comprennent essentiellement une somme d'argent qui varie entre 8000 Fc et 15000 Fc, exprimés de fois en dollars américains.

Les familles paternelle et maternelle de la future épouse sont bénéficiaires de dot. Pour le père de la fille, un costume, une chemise, une paire de chaussures, une ceinture, une machette, une lampe Coleman ou une lampe tempête, des paquets de lames de rasoir, une farde des cigarette, des boites d'allumette, une couverture en laine (léopard), une cravate, un drap de lit, un sac de sel, des noix de cola, le vin de palme.

Pour la mère, un mouchoir de tête, une pièce super wax, des boucles d'oreilles, une paire de chaussures pour dame, un gros bassin, une marmite, une houe, une chaînette.

L'oncle maternel de la future épouse reçoit de la part du futur époux les biens ci-après les mêmes biens dotaux remis à la famille paternelle.

Une fois tous les biens versés, le beau-père à son tour, donne au futur époux un bouc.

Conclusion.

Au terme de ce chapitre, nous pouvons dire que les conceptions et les pratiques de la dot dans les trois ethnies (luba, manianga et Yansi) reflètent les spécificités culturelles de chaque peuple. La composition, les modalités de versement et les bénéficiaires de la dot sont différents selon que l'on se trouve dans tel ou tel milieu socio-culturel. Ces spécificités se sont-elles maintenues ou ont-elles connues une évolution en milieu urbain de Kinshasa ? La réponse à cette question constitue l'objet du troisième chapitre.

Chapitre III : PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Introduction

Dans ce chapitre, nous présentons les résultats de nos recherches. Nous exposons dans la première section le processus de la recherche, puis dans la deuxième les résultats obtenus et enfin dans la troisième nous les interprétons en les circonscrivant dans leur contexte.

Section 1. Organisation et déroulement de la recherche

Cette section revêt une importance capitale. En effet, elle rend compte de notre cheminement dans la collecte des données qui ont servi à l'élaboration de ce travail. En d'autres termes, il s'agit de l'opérationnalisation et de validation des instruments mis en contribution lors de nos enquêtes. Ainsi, aborderons-nous les points relatifs à la population d'étude et à son échantillon, à l'élaboration du questionnaire et à son administration et, enfin, aux difficultés rencontrées.

1. Univers d'enquête et échantillon.

1. Univers d'enquête

En sciences, lorsqu'on parle de l'univers d'enquête, il faut entendre par là un ensemble fini, délimité dans le temps et dans l'espace qui fait l'objet d'une étude. Pour les sciences sociales en général, et en sociologie en particulier, l'univers ou population d'enquête est un « ensemble humain dont on cherche à connaître les opinions, les besoins, etc. Elle est caractérisée, c'est-à-dire qu'elle a en commun des caractéristiques connues permettant l'identification psychosociale des individus de ce groupe. »19(*)

En rapport avec cette définition, notre univers d'enquête (population d'étude) se compose de l'ensemble des ressortissants des ethnies Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de Kimbaseke. Cette population a été caractérisée sur base des variables ci-après : âge, sexe, niveau d'études, profession, revenu, confession religieuse, ancienneté dans la ville Kinshasa et ancienneté dans le quartier habité.

L'inexistence des statistiques se rapportant à chacune de ces variables et l'impossibilité matérielle de les constituer nous-même nous a conduit à ne pas en tenir compte dans la constitution de notre échantillon.

En outre, étant donné l'immensité de la Commune Kimbanseke et l'étendue de la population à étudier et tenant aussi compte de la modicité de nos moyens et de la brièveté du temps nous imparti, nous avons prélever un échantillon en nous limitant aux quartiers Boma et Kutu.

2. Constitution de l'échantillon

L'étude de l'évolution de la conception et de la pratique de la dot dans les trois ethnies ci-haut indiquées requérait, pour être exhaustive, que nous passions en revue chacune des unités constitutives de notre univers d'enquête. En d'autres termes, il serait nécessaire que chaque sujet de notre univers d'enquête soit interrogé individuellement. Une telle entreprise s'est avérée irréalisable à la suite d'une double difficulté.

D'abord d'ordre temporel. Le temps nous imparti (sept mois) ne nous offrait pas la possibilité de sillonner systématiquement toutes les parcelles pour recueillir les informations auprès de chaque habitant de cette Commune. Ensuite, les maigres moyens financiers à notre disposition ne pouvaient procurer les outils matériels indispensables (questionnaire) pour mener une enquête d'une telle envergure.

Face à cette double difficulté, et considérant la possibilité statistique de décrire le tout par la partie, il s'est imposé à nous la technique de sondage consistant à observer une partie de la population pour tirer des conclusions extrapolables à celle-ci en relevant les limites de nos généralisations, au regard de la taille réduite de notre échantillon. S'agissant de cette technique (sondage), « tous les efforts gravitent autour de l'échantillon. Ce concept évoque une portion de la population totale qui sera réellement enquêtée et qui permettra par extension, de dégager les caractéristiques de l'ensemble de la population. L'apport de cette technique dans les enquêtes des sciences sociales ne se discute plus. Grâce à elle, on s'autorise de mener par exemple, une investigation fiable sur l'ensemble de la population à la fois. »20(*)

Cette technique ayant été adoptée, une autre difficulté s'est dressée à nous quant à savoir quelle partie décrire pour espérer élucider le tout et comment s'y prendre. En termes voisins, qui interroger et selon quel procédé faut-il le sélectionner dans la multitude pour échapper à l'arbitraire ?

Considérant notre problématique, nous avons estimé que seuls les adultes de deux sexes de ces trois ethnies étaient concernées par notre étude. Et par conséquent, ils pouvaient bien figurer dans notre échantillon.

Mais comment les extraire et à quel nombre ? Au sujet du second volet de cette question, M. Grawitz indique que « tout dépend de la nature des éléments à observer, c'est-à-dire de l'homogénéité du tout. En effet, si la dispersion est nulle, toutes les unités auraient la même valeur égale à la moyenne et le prélèvement d'une seule unité serait un échantillon suffisant et représentatif. Si la dispersion est faible, c'est-à-dire si les valeurs du caractère étudié sont très groupées autour de la moyenne, l'ensemble est homogène et un échantillon restreint donnera une précision suffisante. Au contraire, si la dispersion est élevée, si la population est très hétérogène, un échantillon beaucoup plus important s'impose pour obtenir la même précision »21(*).

Nous considérons que notre population d'étude du point de vue des caractéristiques socio-économiques et culturelles n'est pas trop hétérogène. C'est pourquoi nous avons opté pour un échantillon de 30 sujets.

Comment ces 30 sujets ont-ils été extraits de la population-mère ?

Il sied d'indiquer qu'il n'existe pas de statistiques officielles décrivant celle-ci sur base d'autres caractéristiques, notamment l'âge, le sexe, le niveau d'études, la profession, la religion, etc. Ce qui rend impossible le prélèvement de l'échantillon par le procédé de quota. Il ne nous restait que la possibilité de recourir à un échantillonnage aléatoire, en accordant à tout sujet de notre population-mère la même chance de figurer dans notre échantillon. Nous avons considéré que dans le cadre de notre étude toute personne adulte, c'est-à-dire dont l'âge varie entre 20 et 65 ans habitant la Commune, quel que soit son sexe, son niveau d'études, sa profession, sa religion, son ethnie, etc. était susceptible de faire partie de notre échantillon. L'échantillonnage aléatoire renferme plusieurs variantes parmi lesquelles nous avons opté pour le procédé occasionnel. Celui-ci consiste à prendre pour unité d'échantillon tout individu disponible au moment de l'enquête.

Pour arriver à prélever les unités de notre échantillon, nous avons procédé par un tirage au sort sans remise des avenues des quartiers Boma et Kutu. Nous avons, sur des bouts de papier, attribué à chaque avenue un numéro. Ces bouts de papier ont été introduits dans une urne. Par la suite, nous avons successivement tiré les avenues où l'enquête devait se dérouler. A la suite de ce tirage au sort, les avenues ci-après ont été retenues :

Ainsi, sur chaque avenue, nous interrogions tout individu disponible, c'est-à-dire tout celui ou toute celle que nous rencontrions au moment de notre passage et qui acceptait de répondre à notre questionnaire. Au total 30 sujets ont fait partie de notre échantillon.

2. Collecte des données

Collecter les données c'est rassembler les informations indispensables à la réalisation d'un travail scientifique. Ces informations peuvent être, soit de première soit de seconde main. Ce dernier type de données est disponible et consigné dans des documents sous diverses formes : ouvrage, article, thèse, mémoire, rapport, etc. L'exploitation de ce type de données offre le bénéfice de temps, d'énergie et de moyen. Toutefois, il convient d'indiquer que parce que constituées pour d'autres objectifs, ces données n'apportent pas toujours satisfaction aux préoccupations des nouvelles recherches. Raison pour laquelle les données primaires sont préférables parce que issues des investigations menées en fonction de la problématique et des hypothèses soulevées par une recherche en cours.

En pratique, toute recherche se réalise grâce au recours simultané à ces types de données dont l'exploitation judicieuse rapporte des résultats féconds.

Dans un cas comme dans un autre, la collecte de données se réalise grâce à la manipulation des techniques de collecte de données. Pour notre étude, outre l'interview réalisée avec 15 sujets, les données (de première main) présentées dans ce chapitre ont été rassemblées à l'aide du questionnaire dont le processus d'élaboration est décrit dans le point suivant.

1. Elaboration du questionnaire.

L'élaboration de notre questionnaire a franchi les étapes ci-après :

i. Formulation des thèmes.

Cette phase d'élaboration du questionnaire a consisté en la détermination des principaux sujets devant guider la conception des items élucidant la problématique et les hypothèses de cette étude.

Le premier thème se rapporte à l'identification des enquêtés. Il s'est agi, sous ce thème de décrire les unités de notre échantillon du point de vue de l'âge, du sexe, du niveau d'études, de la profession, du revenu, de la confession religieuse, de l'ancienneté dans la ville Kinshasa et de l'ancienneté dans le quartier habité.

Le deuxième thème porte sur la conception et la pratique de la dot dans les sociétés traditionnelles (évidemment dans les trois ethnies retenues pour cette étude).

Le troisième thème concerne la conception et la pratique de la dot dans la société d'aujourd'hui et particulièrement dans la ville de Kinshasa.

C'est en rapport avec ces thèmes que nous avons structuré et élaboré notre questionnaire.

ii. Nature des questions.

La complexité de notre problématique, les contraintes matérielles et temporelles ainsi que les exigences de dépouillement de données nous ont conduit à combiner à la fois les questions fermées, à éventail et ouvertes.

Les premières sont celles pour lesquelles l'enquêté ne peut répondre que par oui ou non. Les secondes sont celles assorties des assertions parmi lesquelles, l'enquêté choisit celle qui correspond le mieux à son opinion. Ces deux types de question ont été retenus d'une part, pour parer aux réponses « impertinentes » qui résulteraient d'une mauvaise compréhension des questions et, d'autre part, du fait de l'avantage qu'elles présentent, notamment la facilité de dépouillement. Les troisièmes qui laissent à l'enquêté la possibilité de formuler ses réponses en ses propres termes, ont été retenues pour obtenir des enquêtés des réponses détaillées suggestives des aspects non envisagés par nous22(*).

Le test de fiabilité de notre questionnaire a été réalisé au cours de l'enquête préliminaire organisée à ce propos du 9 au 15 mars 2006.

iii. Pré-enquête.

Celle-ci s'est déroulée pendant sept jours dans les quartier Boma et Kutu et a touché 10 sujets de notre population-mère.

Deux procédés ont été exploités à ce niveau. Le premier a consisté à convier 5 sujets à remplir personnellement le questionnaire. Ce procédé a eu l'avantage de nous dévoiler les difficultés de compréhension de certaines questions. Quant au second procédé, nous avons eu à administrer nous-même le questionnaire. Cet échange nous a permis de découvrir certains aspects non prévus dans notre projet de questionnaire.

Grâce à cette pré-enquête, nous avons reformulé toutes les questions qui suscitaient des difficultés de compréhension et en avons ajouté d'autres pour enrichir notre questionnaire.

iv. Questionnaire définitif

A la suite de la pré-enquête, nous avons élaboré un questionnaire définitif comprenant 25 questions dont 7 identifient les enquêtés et 18 scrutent leurs opinions au regard de notre problématique et de nos hypothèses. C'est ce questionnaire qui a été administré aux 30 unités faisant partie de notre échantillon.

2. Administration du questionnaire.

C'est la phase de la collecte proprement dite des données. Elle s'est concrétisée par notre descente dans les six avenues de quartiers Boma et Kutu de la commune de Kimbanseke afin de recueillir, à l'aide du questionnaire, des informations utiles à la réalisation du présent travail.

Nous avons mis 15 jours (du 02 au 17 mars 2006) au lieu de 10 initialement prévus. La longueur des entretiens, les explications à fournir pour nous faire recevoir par les enquêtés et pour élucider certaines questions, l'approfondissement de certains détails pertinents, ont été à l'origine de cette prolongation.

Pour éviter le report des rendez-vous et éventuellement la perte des protocoles d'enquête, nous devrions nous-mêmes administrer le questionnaire. Mais, au cours des enquêtes, certains enquêtés avaient sollicité le bénéfice de temps pour répondre avec sérénité à notre questionnaire. Nous avons accédé à cette requête et revenions 48 heures après pour le retrait du protocole.

Section 2 : Présentation des résultats

2.1. Identification des enquêtés

Dans ce point, nous identifions nos enquêtés partant de quelques caractéristiques notamment l'âge, le sexe, l'Etat-civil, le niveau d'étude, la profession, l'ethnie et la confession religieuse.

Tableau I : Répartition des enquêtés selon l'âge.

Tranches d'ages

Effectifs

Pourcent

30 à 39 ans

7

23.3

40 à 49 ans

8

26.7

50 à 59 ans

9

30

60 et plus

6

20

Total

30

100

Source : Nos enquêtes

Il ressort de la lecture de ce tableau que 30% des enquêtés ont l'âge variant entre 50 et 59 ans, 26.6% entre 40 et 49 ans, 23.3% entre 30 et 39 ans, 20% ont un âge égal ou supérieur à 60 ans. La catégorie légèrement nombreuse telle qu'il apparaît dans ce tableau est celle dont l'âge varie entre 50 et 59 ans, soit 30% de l'échantillon.

Tableau II : Répartition des enquêtés selon le sexe.

SEXE

Effectifs.

Pourcent

Masculin

20

66.7

Féminin

10

33.3

Total

30

100

Source : Nos enquêtes

De ce tableau, il ressort que 66.7% des enquêtés sont du sexe masculin alors que 33.3% sont du sexe féminin. Il s'ensuit que la majorité (66.7%.) des enquêtés sont du sexe masculin. Cette représentation inégale des enquêtés dans notre échantillon est une conséquence logique du type d'échantillonnage retenu. En optant pour l'échantillon occasionnel, nous avons, lors de nos descentes sur le terrain, rencontré plus des hommes que des femmes. Ces dernières étant souvent absentes du ménage à notre passage. Et même lors qu'elles étaient présentes, elles souhaitaient que l'entretien soit tenu avec le mari. D'autre part, des observations faites, il s'est dégagé que les quelques dames qui ont accepté de répondre à notre questionnaire ont un niveau d'études assez élevé, c'est-à-dire allant de diplôme d'Etat à celui de licence en passant par celui de graduat. Comme nous pouvons le constater, le niveau d'études a été un facteur limitant la participation des femmes.

Tableau III : Répartition des enquêtés selon l'état-civil

Etat-civil

Effectifs

Pourcent

Célibataire

3

10

Marié (e)

20

66.7

Divorce (e)

4

13.3

Veuf (ve)

3

10

Total

30

100

Source : Nos enquêtes

Ce tableau montre que 66.7% des enquêtés sont mariés, 13.3% sont des divorcés, 10% sont de célibataires et 10% sont de veufs. Nous constatons que les mariés sont majoritaires dans notre échantillon. Ils représentent 66.7%

Tableau IV : Répartition des enquêtés selon le niveau d'études.

NIVEAU D'ETUDES

Effectifs

Pourcent

Sans instruction

5

16.7

Primaire

10

33.3

Secondaire

9

30

Supérieur et Universitaire

6

20

Total

30

100

Source : Nos enquêtes

La lecture du tableau et du diagramme précédents montre que 33.3% des enquêtés sont du niveau d'études primaire, 30% ont fait les études secondaires, 20% sont des gradués et licenciés, 16.6% sont sans instruction. Les enquêtés ayant atteint le niveau d'études primaires forment le groupe le plus nombreux. Notre échantillon, comme nous pouvons le constater, est constitué en majorité des personnes lettrées.

Tableau V : Répartition des enquêtés selon la profession.

Professions

Effectifs.

Pourcent

Salariés

8

26.6

Indépendants

8

26.6

Etudiants

4

13.3

Sans emploi

5

16.6

Total

30

100

La répartition des enquêtés sur base de la profession laisse apparaître que 26.6% sont des salariés, 26.6% exercent des activités indépendantes, 16.6% sont des sans emploi et 13.3% sont étudiants.

Quelques précisions méritent d'être apportées au sujet des composantes de certaines catégories socio-professionnelles. Nous avons regroupé dans la catégorie « salariés » tous ceux qui ont un travail rémunéré quels que soient le secteur et la nature de ce travail. Il s'est agi, dans le cadre de nos enquête, des enseignants du primaire et du secondaire des écoles privées, confessionnelles et officielles (13.5%), les chauffeurs travaillant pour le compte des particuliers ou des entreprises privées (2.5%), les informaticiens des bureautiques (1.5%), un maçon d'une entreprise de la place (0.5%), des fonctionnaires (9.5%), des policiers (1%), des cadres scientifiques des Universités et Instituts supérieurs de la capitale (2.5%) et des médecins (3%).

A propos des indépendants, nous avons regroupé dans cette catégorie tous ceux qui exercent une activité pour leur propre compte. Elle est essentiellement constituée des opérateurs de la petite économie marchande et des petits métiers. Dans cette catégorie socio-professionnelle, nous avons rencontré les tenanciers des boutiques et des pratiquants du petit commerce (18.5%), des couturières (2%), des tenanciers des maisons de communication (1%), un cambiste (0.5%) et un cordonnier (0.5%). Rentrent également dans cette catégorie des indépendants les pasteurs (1%), les musiciens (2%) et les artistes comédiens (1%) et les avocats (1%),

Deux enseignements résultent des données reprises dans le tableau ci-dessus. Elles attestent, en premier lieu, la quasi inexistence de l'emploi dans le secteur formel de l'économie congolaise. En effet, comme l'illustre bien ce tableau, une bonne partie des enquêtés est constituée des sans emploi (35.5%) et des indépendants (27.5%). En outre, la répartition des professions par sexe se réalise en défaveur des femmes qui sont toutes dans les petits métiers et commerce. En second lieu, cette répartition des enquêtés par profession montre que la Commune de Kimbanseke est un Espace social hétérogène où coexistent diverses couches sociales.

Tableau VI : Répartition des enquêtés selon l'ethnie

Ethnie

Effectifs.

Pourcent

Luba

10

33.3

Manianga

10

33.3

Yansi

10

33.3

Total

30

100

Source :Nosenquêtes

Les données de ce tableau montrent qu'il y a une répartition égale des enquêtés des trois ethnies.

Tableau VII : Répartition des enquêtés selon la religion.

Religion

Effectifs

Pourcent

Catholique

8

26.6

Protestante

8

26.6

Kimbanguiste

5

16.6

Eglise de réveil

9

30

Total

200

100

Il s'observe de ce tableau que parmi nos enquêtés 30% fréquentent des églises de réveil, 26.6% sont catholiques, 26.6% sont protestants et 16.6% sont Kimbanguistes. Il s'ensuit que tous nos enquêtés sont des chrétiens. Parmi eux, les fidèles des églises de réveil sont plus nombreux que ceux des églises chrétiennes traditionnelles.

Tableau VIII: Répartition des enquêtés selon l'ancienneté dans la Commune de Kimbaseke

Ancienneté à Kimbanseke

Effectifs

Pourcent

1 à 5 ans

4

13.3

6 à 10 ans

3

10

11 à 15 ans

6

20

16 à 20 ans

6

20

21 à 25 ans

7

23.3

26 à30 ans

8

26.6

Total

30

100

Les données reprises dans le tableau ci-haut montrent que la durée du séjour de 26.6% des enquêtés dans la Commune de Kimbaseke varie entre 26 et 30 ans, entre 21et 25 ans pour 23.3% des enquêtés, entre 16 et 20 ans pour 20% des enquêtés, entre 11 et 15 ans pour 20% des enquêtés, entre 1 et 5 ans pour 1.3% des enquêtés et, enfin, entre 6 et 10 ans pour 10% des enquêtés.

Tableau IX : Répartition des enquêtés selon l'ancienneté dans le quartier

actuellement habité.

Ancienneté dans le quartier

Effectifs.

Pourcent

1 à 5 ans

3

10

6 à 10 ans

4

13.3

11 à 15 ans

6

20

16 à 20 ans

7

23.3

21 à 25 ans

8

26.6

26 à 30 ans

6

20

Total

30

100

Il découle de ce tableau que 26.6% des enquêtés ont un séjour dans le quartier qu'ils habitent actuellement variant entre 21 et 25 ans, 23.3% entre 16 et 20 ans, 20% entre 11 et 15 ans, 20% entre 26 et 30ans, 13.3% entre 6 et 10 ans et 10% entre 1 et 5 ans. Dans l'ensemble, la majorité des enquêtés habite depuis au 10 ans dans le quartier.

II Questions d'opinion : Conception actuelle de la dot

Comment concevez la dot aujourd'hui ?

Tableau X Conception actuelle de la dot

Ethnie

Conception actuelle

Luba

Freq. %

Manianga

Freq. %

Yansi

Freq. %

Preuve du mariage

20

24.4

23

34.3

29

32.5

Filiation

6

8.8

4

5.9

10

11.2

Compensation pour les sacrifices consentis par les parents

27

39.7

22

32.8

30

33.7

Honneur à la femme et à sa famille

15

22.0

18

26.8

20

22.4

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Total

68

100

67

100

89

100

Source nos enquêtes

Il résulte de ce tableau que la majorité de nos enquêtés Luba considèrent la dot aujourd'hui comme une compensation 39.7% de fréquences, d'autres la considèrent comme la preuve du mariage 24.4% de fréquences, d'autres encore conçoivent la dot comme l'honneur dû à la femme et à sa famille22.0% de fréquences, enfin une minorité pensent qu'elle détermine filiation des enfants dans la famille paternelle 8.8% de fréquence. Tandis que chez les manianga la majorité des enquêtés conçoivent la dot comme une preuve de mariage (34.3 de fréquence), d'autres la considèrent comme la compensation des sacrifices consentis par les parents pour l'éducation de leur fille (32.8% de fréquence), d'autres encore trouvent que qu'elle symbolise l'honneur fait à la femme et à sa famille (26.8% de fréquence), une minorité considèrent qu'elle assure la filiation des enfants (5.9% de fréquence). Enfin chez les Yansi la majorité des enquêtés considèrent la dot comme une compensation que le jeune homme doit restituer auprès de parents de la jeune fille (33.7% de fréquence), d'autres considèrent qu'elle est la preuve du mariage (32.5% de fréquence), d'autres encore estiment que c'est un honneur à l'endroit de la femme et de sa famille (22.4% de fréquence) et une minorité la conçoit comme garantissant la filiation (11.2% de fréquence).

Tableau XI : Représentation actuelle du caractère obligatoire de la dot

Pourquoi la dot revêt -elle un caractère obligatoire aujourd'hui ?

Ethnie

Conception actuelle

Luba

Fréq. %

Manianga

Fréq. %

Yansi

Fréq. %

Exigence coutumière

23

38.3

25

46.2

29

50

Exigence juridique

11

18.3

8

14.8

13

22.4

Exigence biblique

26

43.3

21

38.8

16

27.5

 Total

 

100

 

100

 

100

Source nos enquêtes

De ce tableau, il ressort que la majorité des enquêtés Luba justifie le caractère obligatoire de la dot par le fondement biblique (43.3% de fréquence), d'autres le justifient parce que c'est une exigence coutumière (8.3% de fréquence) et enfin, une minorité pense que la dot est obligatoire parce qu'elle est une exigence juridique (18.3% de fréquence). Chez Les Manianga, la majorité des enquêtés pensent que le caractère obligatoire de la dot aujourd'hui trouve son fondement à la coutume (46.2% de fréquence), d'autres le lie aux exigences bibliques (38.8% de fréquence) et une minorité l'attribue aux exigences juridiques (14.8% de fréquence). Chez les Yansi, la majorité des enquêtés explique le caractère obligatoire de la dot par les exigences coutumières (50% de fréquence), d'autres y voient une exigence biblique ( 27.5% de fréquence) et enfin une minorité l'explique comme étant une exigence juridique.

Comme nous pouvons le constater, pour la majorité de nos enquêtés, toutes les ethnies confondues, attribue le caractère obligatoire de la dot aux exigences coutumières. Mais une tendance se dessine de plus en plus consistant à considérer la dot comme un prescrit biblique. Cette tendance s'observe également dans les trois ethnies sous examen. La conception juridique de la dot n'a pas encore pénétré la conscience collective. Elle est néanmoins présente chez quelques intellectuels rencontrés pendant nos enquêtes.

Tableau XII : Les nouveaux biens dotaux

Quels sont les nouveaux biens qui sont introduits aujourd'hui dans la composition de la dot ?

Ethnie

Nouveaux biens dotaux

Luba

Freq. %

Manianga

Freq. %

Yansi

Freq. %

Appareils électroménagers

 
 
 
 
 
 

Les cassiers de bière

 
 
 
 
 
 

Argent

 
 
 
 
 
 

Vin, Bière, Wisky

 
 
 
 
 
 

 Total

10

100

10

100

10

100

Source nos enquêtes

III.2. Questions relatives à la pratique actuelle de la dot

Tableau XIII : La pratique de la pré-dot

Exigez- vous la pré-dot?

Ethnie

Pratique de la pré-dot

Luba

Eff. %

Manianga

Eff. %

Yansi

Eff. %

Oui

6

10

7

70

8

80

Non

4

90

30

30

2

20

 Total

10

100

10

100

10

100

Source nos enquêtes

Il ressort de ce tableau que 60% des enquêtés luba affirment pratiquer aujourd'hui la pré-dot, 40% l'infirment, 70% de Manianga sont d'avis que la pré-dot est pratiquée aujourd'hui dans leur tribu alors que 30% sont d'avis contraire, chez les Yansi 80% affirment qu'ils pratiquent la pré-dot tandis que 20% le nient.

Il se dégage de ces données reprises dans le tableau ci-haut la tendance à la généralisation de la pratique de la pré-dot dans toutes les communautés soumises à l'examen.

Tableau XIV La pratique de la facture

Demandez-vous la facture pour constituer la dot ?

Ethnie

Pratique de la facture

Luba

Eff. %

Manianga

Eff. %

Yansi

Eff. %

OUI

3

30

8

80

8

80

Non

7

70

2

20

2

20

 Total

10

100

10

100

10

100

Source nos enquêtes

Il ressort de ce tableau que 70% des enquêtés luba déclarent ne pas pratiquer la facture alors que 30% affirment la pratiquer aujourd'hui, 80% des Manianga la pratiquent alors que 20% nient la pratiquer ; 80% des Yansi la pratiquent et 20% s'y opposent.

Dans la lecture de ces données, il se dégage que la pratique de la facture de la dot s'implante dans toutes les communautés faisant objet de notre étude.

Tableau XV : Modalité de versement de la dot

Ethnie

Modalités de versement de la dot

Luba

Eff. %

Manianga

Eff. %

Yansi

Eff. %

En totalité absolument

1

10

2

20

3

30

En totalité ou en partie

5

50

6

60

3

30

Progressivement

2

20

1

10

2

20

Ça dépend

2

20

1

10

2

20

 Total

10

100

10

100

10

100

Source nos enquêtes

Les résultats du tableau ci-dessus indiquent que 50% des enquêtés luba affirment que la dot aujourd'hui est versé soit en partie soit en totalité ; 20% déclarent qu'elle est versée progressivement, 20% autres nuancent leur réponses alors que 10% déclarent que a dette est absolument versée une seule fois en totalité. Chez les Manianga, 60% affirment qu'elle peut être versée en totalité ou en partie, 20% avancent qu'elle doit être absolument versée en totalité, 10% sont d'avis qu'elle peut être versée progressivement et 10% nuancent leurs réponses. Chez les Yansi, 30% déclarent qu'elle doit être absolument versée en totalité alors 30% disent qu'elle peut être versée en partie ou en totalité, 20% disent qu'elle peut être versée progressivement et 20% autres nuancent leurs réponses.

Section 3 : Interprétation des résultats

La présente section est consacrée à l'interprétation des résultats obtenus de l'analyse des données récoltées sur le terrain. Il s'agit d'une tentative de restitution des faits dans le contexte de leur production afin d'accéder à leur intelligence, mieux de les saisir dans la perspective des acteurs que nous avons interviewés au cours de nos investigations. Nous allons dégager les évolutions qui s'observent dans la Commune de Kimbaseke en ce qui concerne la conception et la pratique de la dot, en recherchant les facteurs, les conditions et les agents à l'origine de ces mutations socio-culturelles. Bien entendu, un regard sera également porté sur les éléments de la situation qui ont résisté au changement.

1. La dynamique de la conception de la dot en milieu socio-culturel Luba, Manianga et Yansi de la Commune de Kimbaseke.

De manière générale et tel qu'il se dégage des données de nos enquêtes, la conception traditionnelle de la dot dans les trois milieux socio-culturels enquêtés n'est pas antinomique. Les Luba, les Manianga et les Yansi ont la même conception de la dot. Tous considèrent que la dot est une preuve et gage de stabilité du mariage. En effet, la tradition dans ces trois milieux socio-culurels requiert la dot comme symbole qui certifie l'existence du mariage. Son acceptation par les parents de la future épouse témoigne leur consentement au mariage et leur volonté de s'allier à la famille du prétendant. Car, comme partout en Afrique, le mariage n'est pas seulement l'affaire des deux époux, mais aussi de deux familles respectives.

En outre, la dot, dans ces trois milieux socio-culturels traditionnels, offre la garantie de stabilité du mariage. Elle inscrit, du fait de son versement, le mariage dans la durée et alourdit le processus de divorce, protégeant ainsi la famille (la cellule de base de la communauté) contre les aléas de la vie conjugale. Comme nous pouvons le constater, cette garantie de stabilité qu'offre la dot résulte de son caractère contraignant et prohibitif pour l'épouse dans la mesure où non seulement elle limite l'initiative unilatérale de la femme en matière de divorce, mais aussi elle proscrit pour elle toute possibilité de commerce sexuel avec un autre homme, cause irrévocable de la rupture du mariage dans les trois ethnies.

En dépit de cette similitude dans la conception de la dot chez les Luba, les Manianga et les Yansi, il sied de remarquer néanmoins qu'à la différence des deux autres ethnies matrilinéaires, les Luba considèrent que la dot assure la filiation paternelle de la progéniture. C'est du fait de la dot que les enfants nés du mariage appartiennent au clan de leur père.

La coexistence de ces trois ethnies en milieu urbain, l'influence du droit moderne et la prolifération des églises néo-pentecôtistes, appelées communément églises de réveil, ont entraîné une évolution notable dans la conception de la dot qui se répercute sur sa pratique comme nous le verrons dans le point suivant. En effet, ainsi que l'ont montré les données de nos investigations, la tendance actuelle dans les trois milieux socio-culturels de la Commune de Kimbaseke consiste à considérer la dot comme une obligation biblique et juridique, une compensation des efforts des parents et un honneur fait à la femme et à sa famille.

1. Obligation biblique et juridique

Une frange importante de nos enquêtés ont affirmé qu'ils perçoivent aujourd'hui la dot comme une obligation biblique. Ils avancent que la Bible recommande dans exode chapitre .....Verset....que le mariage soit honoré de tous.

Par ailleurs, une autre frange des enquêtés de toutes les ethnies ont estimé, tel que le révèlent les données reprises dans le tableau X, que le caractère obligatoire de la dot résulte des règles de droit. Ce sont les dispositions légales reprises dans le code de la famille qui rendent la dot obligatoire. Pour cette catégorie des enquêtés, dans la société moderne du type juridico-légal, tout est réglementé par la loi. Ainsi, l'obligation de la dot ne saurait se justifier par le seul fait de la coutume ni de la religion, elle trouve son fondement dans les lois qui régissent la RDC.

A ce niveau, nous pouvons voir dans ces résultats, l'influence du droit écrit dans certains milieux, surtout de ceux qui sont instruits, qui pensent même que la dot doit cesser d'être considérée comme une pratique coutumière, mais relevée au rang de coutumes juridiques. D'autres vont plus loin en estimant que l'Etat en légalisant la dot, légalise par conséquent la domination de la femme par son mari et doit en conséquence prendre des lois qui l'abolissent.

2. La dot comme une compensation des efforts des parents

Une autre idée force qui ressort des données de nos enquêtes est qu'aujourd'hui prévaut la conception d'après laquelle la dot est une compensation que le futur époux effectue au bénéfice des sacrifices consentis par les parents pour leur fille. Cette conception se trouve partagée par une bonne partie de nos enquêtés, surtout chez les enquêtés adultes qui ont déjà marié une fille. Ils avancent que le versement de la dot est un acte par lequel le futur époux reconnaît l'effort fourni par les parents pour « faire grandir » leur fille.

Constatons ici que l'idée de la compensation n'est pas nouvelle. Nous la retrouvons dans la conception traditionnelle africaine de la dot. En Afrique traditionnelle, l'on considérait que la dot permettait à la famille ou au clan de combler le vide crée par le mariage de la jeune fille en épousant une femme à un autre jeune nubile de la famille ou du clan. C'est ainsi que dans cette Afrique traditionnelle, la dot n'était pas directement consommée par le(s) bénéficiaire(s), celui-ci la transmettait à celui qui devait se marier. Aussi, la dot était-elle versée en signe de droit d'acquisition par le mari de la richesse que la femme allait produire dans son clan ou dans sa famille, entendez par là les enfants et autres biens (produits agricoles, de la chasse, de la pêche, etc.)

Ce qui est nouveau aujourd'hui c'est que les parents voudraient, par le versement de la dot, se faire « rembourser » les frais qu'ils auraient investis, notamment pour la scolarité de la fille, les différents soins de santé lui apportés depuis son jeune âge, son habillement, etc. Cela transparaît dans la pratique surtout lorsque la fille qui est mariée a terminé les études secondaires, supérieures ou universitaires. Les parents montent les enchères en exigeant des montants et biens exorbitants à titre de dot. C'est cette conception qui est à la base du dérapage observé dans la fixation de la dot par certains parents. Cette conception de la dot qui tient à l'urbanisation, à la scolarisation des filles et à la paupérisation de la plupart des familles dans ville de Kinshasa ne considère pas le fait que ces « sacrifices » consentis par les parents relèvent bel et bien de leurs devoirs. Il ne s'agit pas des avantages ou des privilèges accordés à la fille, mais plutôt de ses droits inaliénables dont elle doit jouir dans la société moderne.

3. Honneur fait à la femme et à sa famille

Enfin, la dernière conception en émergence dans les milieux de nos investigations est que la dot est un honneur que le futur époux fait à la future épouse et/ou à sa famille. Nous la trouvons déjà en filigrane en milieu socio-culturel traditionnel Yansi où l'homme pour montrer qu'il aime bien sa femme doit verser une dot d'une grande valeur. Elle s'étend aujourd'hui à toutes les communautés investiguées dans le cadre de ce travail.

Cette conception est à l'origine de l'exhibitionnisme que l'on remarque à ce jour. Pour témoigner leur puissance matérielle, certains prétendants ne s'empêchent d'attirer l'attention et l'admiration des voisins en s'amenant dans la belle famille avec des biens de luxe qu'ils exhibent tout au long de leur parcours. (ils louent les véhiculent, remplissent les biens dotaux et chantent à la gloire du nouveau marié une fois arrivés dans le quartier ou avenue de future épouse).

En somme, nous pouvons retenir que la conception de la dot chez les Luba, Manianga et Yansi, en dépit d'une certaine résistance de la conception traditionnelle, connaît une évolution qui se répercute dans la pratique de la dot comme nous verrons dans le point suivant.

2. Dynamique de la pratique de la dot chez les Luba, Manianga et Yansi de la Commune de Kimbaseke.

Comment se pratique la dot aujourd'hui dans la ville de Kinshasa en général, et dans la Commune de Kimbaseke en particulier ? C'est bien là la problématique qui se pose à tous les jeunes Kinois qui voudraient contracter un mariage de nos jours, surtout lorsqu'il s'agit d'un mariage interethnique. Faut-il recourir au mariage civil, religieux, ou traditionnel ? Si l'éventail est si large, le choix n'est en revanche pas toujours aisé, pour une jeunesse perdue dans cette ville pluriculturel. La plupart des jeunes adoptent les usages prévalant dans le contexte social où ils vivent. Mais par respect des traditions familiales, ou par simple besoin de retrouver leurs repères, ou leur identité propre, ils sont conduits à s'engager sur le parcours sinueux du mariage coutumier.

C'est pourquoi, en dépit de la convergence dans la pratique de la dot constater lors de nos enquêtes, il sied d'observer que nombre d'entre ces pratiques sont restées marquées par les us et coutumes prévalant en milieu traditionnel. Ce qui permet à chaque groupe ethnique de demeurer elle-même, de garder son identité, de développer sa conscience de soi et de l'autre dans un environnement qui tend de plus en plus à s'unifier.

Dans cette entreprise de conservation de son identité, Les Luba, par exemple, tiennent à leur « mbuji wa nyima » (littéralement traduite par la « chèvre du dot », allusion faite à la virginité de la future épouse) dans la constitution des biens dotaux. Cette chèvre destinée à la maman de la fille symbolise l'idéal luba de la prohibition du commerce sexuel pré-conjugal pour la fille. Son octroi à la mère est une sorte de gratitude lui témoignée pour la bonne éducation assurée à sa fille.

Cette pratique persistante en milieu luba est néanmoins soumise à la pression de la dynamique insufflée par l'urbanisation. Quand bien même la « mbuji wa nyima » soit toujours exigée comme bien dotal, on ne tient plus compte aujourd'hui de la virginité de la future épouse. Dans le contexte urbain actuel de Kinshasa, la virginité de la future épouse ne constitue plus une condition de fond dans la conclusion du mariage. Elle paraît même minimisée.

D'autres pratiques traditionnelles ont connu la même évolution sinon ont disparu notamment en ce qui concerne la suspension de versement de la dot pour une fille qui tombe enceinte avant le mariage. Alors que la tradition veut que pour une telle fille que la dot soit versée après la maternité, à ce jour les parents perçoivent la dot même s'ils sont informés de l'état de grossesse de leur fille. En outre, la remise d'un bouc au gendre par les parents de la mariée après le versement de la dot, comme chez les Yansi, a disparu dans la pratique de la dot en milieu socio-culturel luba. Certains biens dotaux traditionnels sont remplacés étant donné le contexte urbain. C'est ainsi qu'en lieu et place du fusil, les luba demandent aujourd'hui un appareil électroménager par exemple une radio, un réchaud ou une télévision.

Les Manianga, pour leur part, marquent leur identité culturelle par la pratique de « Kinzonzi » lors du versement de la dot et cette dernière, contrairement aux Luba et Yansi, est destinée à l'oncle maternel de la future épouse.

Chez les Yansi, d'après nos enquêtés, la remise du bouc au gendre par ses beaux-parents après versement de la dot est toujours de mise. Aussi, le gendre est-il appelé à verser la dot aussi bien à la famille paternelle que maternelle de la future épouse. Faute de quoi, la partie lésée, c'est-à-dire, celle qui n'a pas bénéficier de sa part de la dot, considère que le mariage n'a pas eu lieu. Ces pratiques sauvegardent et maintiennent l'identité Yansi dans cet archipel culturel qu'est devenue la Commune de Kimbeseke.

Ces mutations dans les pratiques de la dot dans les communautés Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de Kimbaseke tendent à instituer certaines convergences. Nous voyons, par exemple, se généraliser la pratique de la pré-dot, de l'établissement de la liste de biens dotaux, communément appelée facture et la dollarisation de la partie numéraire de la dot.

1. La pré-dot

Les données des enquêtes démontrent que la pratique de la pré-dot (Kanga lopango en lingala) n'est pas connue dans les milieux traditionnels luba et Manianga. Elle est l'apanage des Yansi qui la pratiquent depuis des lustres. Elle s'est répandue dans toutes les communautés que nous avons investiguées, comme le démontrent les données reprises dans le tableau XIII.

Elle consiste en la remise par le fiancé des quelques présents notamment d'une somme d'argent variant entre 50 et 100 usd, d'un certain nombre des cassiers de bière en guise d'officialisation des fiançailles. Le versement de la pré-dot constitue un pas décisif dans le processus de conclusion du mariage. Il représente le ferme engagement du futur mari à faire aboutir les fiançailles au mariage, ce qui rassure la fille et sa famille, au même moment il met fin à toutes les sollicitations que pourrait faire objet la fille de la part des autres prétendants. Il sert en quelque sorte de haie que la fille ne pourrait franchir ainsi que le témoigne sa dénomination en lingala (kanga lopango, c'est-à-dire clôture).

2. La « facture »


Traditionnellement, selon les informations recueillies pendant nos enquêtes, la pratique de la « facture » est usage spécifique aux Manianga, non connue de deux autres groupes ethniques étudiés dans ce travail.

La dénomination on ne peut plus péjorative de cette pratique (facture) fait penser à un acte de vente. En réalité, cette pratique consiste pour la belle famille à établir la liste des biens dotaux et de la somme à verser qu'elle communique au fiancé ou à sa famille. Cette liste est transmise soit à l'occasion de la pré-dot, soit par le biais de la fiancée, soit encore à l'occasion séance organisée à cet effet.

La réception de cette liste déclenche les tractations entre les deux familles qui entrent en pourparlers (Kinzonzi) pour finalement arrêter le montant de la dot à verser par le futur époux et/ou sa famille.

La généralisation de cette pratique dans la Commune de Kimbaseke nous semble procéder de l'ignorance qu'ont la plupart des prétendants des biens dotaux exigés dans la tradition de leurs fiancées. En demandant la « facture », le futur époux voudrait tout simplement connaître les biens constitutifs de la dot dans la tradition de sa fiancée.

3. La dollarisation de la dot

Les résultats des enquêtes attestent la généralisation du dollar américain comme signe monétaire en cours dans le marché matrimonial non seulement dans la Commune de Kimbaseke, mais aussi dans toute la ville de Kinshasa. Toutes les ethnies étudiées dans ce travail fixent le montant de la dot en dollar américain, même si dans certaines circonstances elle est versée dans son équivalence en Franc congolais. Cette pratique est une conséquence de la dollarisation de l'économie congolaise depuis le début de la transition démocratique en 1990 à la suite l'instabilité du Zaïre monnaie d'abord et du Franc congolais ensuite. Et selon nos enquêtés, le recours au dollar permet de maintenir la valeur de la dot.

Même si toutes les trois ethnies ne fixent pas la même hauteur de la dot remarquons qu'elle varie entre 250 et 1000 usd. Comme nous pouvons le constater, le montant de la dot, de plus en plus exorbitant, devient hors de portée des prétendants. Il serait bon de s'interroger sur l'origine d'un tel dérapage :

- le coût de la vie ?
- la baisse, ou la disparition du pouvoir d'achat ?
- la cupidité, et le manque de scrupules de certains parents ?

La dot offre aujourd'hui parait une occasion inespérée à certains chefs de famille peu scrupuleux et cupides, d'en faire un véritable fonds de commerce. La tentation est certes grande dans un contexte de crise socioéconomique sévère.

Conclusion

Ce chapitre a été centré sur la présentation et à l'interprétation des résultats de nos enquêtes. Il nous est revenu également, à travers ce chapitre, de décrire le cheminement de nos investigations car pensons nous les résultats d'une recherche valent ce que valent les instruments utilisés.

Au vu de ces résultats, nous pouvons affirmer à ce jour que la conception et la pratique de la dot dans les milieux socio-culturels Luba, Manianga et Yansi sont en train de subir des mutations qu'imposent l'acculturation résultant de la vie urbaine, la crise socio-économique, la prolifération des églises de réveil et le droit moderne.

Conclusion Générale

La présente étude qui touche à son terme a eu comme centre de préoccupation l'analyse de l'évolution de la conception et de la pratique de la dot dans les communautés Luba, Manianga et Yansi de la Commune de Kimbaseke. Cette préoccupation a été traduite en terme d'un questionnement : nous nous sommes demandée si la conception et de la pratique de la dot dans les trois ethnies retenues pour cette étude (Luba, Manianga et Yansi) qui coexistent dans la Commune de Kimbaseke depuis des décennies, induisent des convergences ou les divergences. En outre, quelles sont les conditions, les facteurs et les agents à la base de cette convergence ou divergence ?

A la lumière des faits observés dans la Commune de Kimbanseke, nous avons avancé l'hypothèse selon laquelle en dépit de la diversité culturelle et de quelques particularités qui spécifient chacune des trois ethnies soumises à l'observation, il y aurait à ce jour une convergence dans la conception et la pratique de la dot. La situation socio-économique, l'urbanisation et le contact culturel qu'elle favorise seraient à la base de cette convergence.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons recouru à la méthode dynamiste. A la suite des présupposés de cette méthode, nous avons cerné à travers ce travail l'évolution de la conception et de la pratique de la dot dans la ville de Kinshasa en nous appuyant sur les expériences des Luba, Manianga et Yansi habitant la Commune de Kimbaseke. Cette évolution orientée dans le sens de convergence ou de divergence en dégageant aussi bien les facteurs, les conditions et les agents qui ont oeuvré dans la perspective de la convergence que ceux qui s'y opposent.

Au service de cette méthode, nous avons mis à contribution les techniques ci- après : la technique documentaire, du questionnaire et de l'échantillonnage.

L'analyse des données récoltées au cours de nos investigations a confirmé notre hypothèse. En effet, nous avons trouvé que les trois ethnies retenues pour cette étude conservent encore quelques pratiques de la dot de leurs terroirs respectifs. Il s'agit notamment de la « mbuji wa nyima » chez les Baluba, de « kinzonzi » chez les Manianga et de la remise du bouc au gendre chez les Yansi. Ce « conservatisme » tient à la conscience d'identité et d'altérité que ces communautés ont développée suite à leur coexistence dans un même environnement social.

Avec la dynamique actuelle, il reste à résoudre l'épineuse équation de la conciliation entre tradition et « modernité ». Faut-il ranger ces usages jugés d'un certain âge, au placard des reliques de notre prestigieux patrimoine, comme le souhaitent les adeptes des églises de réveil ou les jeunes ? Cette question met en perspective les mutations qui caractérisent la société congolaise actuelle, dont l'issue se veut multiple et non téléologique.

En dépit de ce conservatisme, certains aspects de la conception et de la pratique de la dot dans les trois communautés ont été soumis à la pression de l'environnement socio-culturel généré par l'urbanisation ou la modernité. C'est ainsi que chez les Baluba, par exemple, la « mbuji wa nyima » fait toujours partie des biens dotaux quand bien même la future épouse ait déjà connu des hommes avant le mariage.

En outre, nous avons que l'évolution enregistrée dans ces trois milieux socio-culturels a instauré la convergence dans la conception et la pratique de la dot. Raison pour laquelle nous constatons qu'à ce jour la dot est perçue comme une obligation biblique et juridique que un simple usage coutumier. Elle est en outre considérée comme une compensation et un honneur fait à la famille de l'épouse.

En plus certaines pratiques se généralisent dans toutes les ethnies, notamment la pré-dot, l'établissement de la liste des biens dotaux malencontreusement appelée « facture » et la dollarisation de la dot avec toutes les conséquences qui en résultent.

Toute cette évolution fonde notre espoir de la fondation d'une nation surtout avec le mariage interethnique qui facilite le brassage culturel dont le Congo a besoin aujourd'hui pour conjurer le démon de division qui hante et déchire la RDC. C'est à ce prix que le Congo résistera comme nation dans le concert des nations.

Bibliographie

I. Ouvrages

1. Bertrand M., Le marché du mariage et de la famille, PUF, Paris, 1988.

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7. Pinto R., et Grawitz M., Méthodes des recherches en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1994.

8. Sacha G., Les femmes et l'amour, PUF, Paris, 1973.

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10. Shomba K. et Tshond'Olela G., Méthodologie de la recherche scientifique. Etapes, contraintes et perspectives, M.E .S, Kinshasa, 2003.

11.

II. Article

1. LESBAUM, N. et alii, « Professeur mène l'enquête », in Rencontre pédagogique, n°16, INRP, Paris, 1987.

III. Thèses, Mémoires, TFC et Cours

1. Kalele ka Bila M., Sociologie de la connaissance, notes de cours destinées aux étudiants en L2 sociologie, Unikin , 2005-2006

2. Ludjebunga, La « bureaugamie » dans la Commune de Limete, TFCen sociologie, FSSAP, Unikin, 2003.

3. Mafusama M., Phénomène d'union libre et scolarisation des enfants, TFC en sociologie, FSSAP, Unikin, 2003.

4. Nkwanzaka I., Système de parenté, cours inédit L1 Anthropologie, FSSAP, Unikin, 1998-1999.

5. Tshishimbi K. E., Une ville et ses élites. Kananga 1960-1996, Thèse de doctorat en sociologie, Unikin, 1999,

6. Umezinwa W. A., La religion dans la littérature africaine, PUZ, Kinshasa, 1975.

* 1 G. Kuyunsa B.et S. Shomba K., Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, PUZ, Kinshasa, 1995.

* 2 G.Sacha , Les femmes et l'amour, PUF, Paris,1973.

* 3 M. Bertrand, Le marché du mariage et de la famille, PUF, Paris, 1988.

* 4 M. Mafusama, Phénomène d'union libre et scolarisation des enfants, TFC en sociologie, FSSAP, Unikin, 2003.

* 5 Ludjebunga, La « bureaugamie » dans la Commune de Limete, TFCen sociologie, FSSAP, Unikin, 2003

* 6 W. A. Umezinwa, La religion dans la littérature africaine, PUZ, Kinshasa, 1975, p.103

* 7 S. Shomba K. et G. Kuyunsa B., Dynamique sociale et sous-développement en RDC, PUC, Kinshasa, 2000, p......

* 8 R. Pinto, et M. Grawitz M., Méthodes des recherches en sciences sociales, Dalloz, Paris, 194, p.318.

* 9 Shomba K. et Tshon'Olela G., Méthodologie de la recherche scientifique. Etapes, contraintes et perspectives, M.E .S, Kinshasa, 2003, p.1.

* 10 Idem, p.53

* 11 M. Kalele ka Bila, Sociologie de la connaissance, notes de cours destinées aux étudiants en L2 sociologie, Unikin , 2005-2006

* 12 S. Shomba K. et G. Tshun'Olela., op-cit, p.92.

* 13 E. Durkheim, Règles de la méthode sociologique, PUF, Paris, 1973, p.22

* 14 Nkwanzaka I., Système de parenté, cours inédit L1 Anthropologie, FSSAP, Unikin, 1998-1999

* 15 S. Shomba K. et G. Kuyunsa B., Dynamique sociale et sous-développement en République Démocratique du Congo, PUC, Kinshasa, 2000, p.77

* 16 J. Bineti, Mariage en Afrique Noire, CVA, Paris, 1973, p.11

* 17 Frederic, Précis de l'éducation sexuelle laïque, Tome 1, Maloines, Paris, 1977, p.493.

* 18 P. Georges cité par E. Tshishimbi K., Une ville et ses élites. Kananga 1960-1996, Thèse de doctorat en sociologie, Unikin, 1999, p.34

* 19 LESBAUM, N. et alii, « Professeur mène l'enquête », in Rencontre pédagogique, n°16, INRP, Paris, 1987.

* 20 KUYUNSA, B. et SHOMBA, K., Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, PUK, Kinshasa, 1995, p.76.

* 21 GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, 11ème éd. Dalloz, Paris, 2001, p.542.

* 22 Se rapporter à ce sujet à SHOMBA K. et TSHUND'OLELA, Méthodologie de la recherche scientifique. Etapes, contraintes et perspectives, Kinshasa, M.E.S., 2004.






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe