WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Pratiquer la psychologie clinique en institution hospitalière selon l'approche Lacanienne. Un à  un: cultiver la relation duelle pour favoriser l'expression de la singularité

( Télécharger le fichier original )
par Françoise Gady
Université Paris 8 - Master 2 professionnel psychologie clinique psychopathologie et psychothérapie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. ELEMENTS D'UNE SITUATION D'ACCOMPAGNEMENT PSYCHOTHERAPEUTIQUE EN UNITE DE SOIN

Situation clinique de Monsieur L. :

L'équipe soignante nous signale que « M.L.connu du service est actuellement hospitalisé il est très amaigri et ne va pas bien tant sur le plan physique : est dans une phase très avancée de la maladie SIDA et a malgré le traitement une chûte de ses défenses immunitaires qui entraînent une forte asthénie que sur le plan psychologique : parle très peu, est très « fermé »beaucoup plus qu'avant ».

Les infirmières lui ont proposé de rencontrer la psychologue du service et il a accepté. Mme Jammet décide d'aller le rencontrer dans le service.

M. L. accepte que j'assiste à l'entretien.

Très vite, M.L. explique qu'il ne peut plus retourner chez lui : des voisins sont venus fouiller dans ses papiers et ont découvert qu'il était malade du Sida . Depuis, toute la ville est au courant, même les gendarmes et il voit bien en allant acheter son pain que les gens le regardent différemment et que par derrière ils parlent tous de lui. Il dit se sentir épié tant à son domicile que dehors. Il a des acouphènes : entend des bruits de tuyaux, des sons métalliques puis juste après entend des voix. Il supporte de moins en moins ces bruits de tuyaux qui deviennent signifiants...

Face aux idées délirantes et aux hallucinations auditives du patient, nous pouvons poser l'hypothèse d'un syndrome délirant se caractérisant selon 3 points de vue :

> Thème : Les propos sont à thème de stigmatisation .Le patient a déplacé la stigmatisation par rapport au Sida sur la stigmatisation de tous vis à vis de sa propre personne. Les propos sont manifestement délirants mais ils sont cohérents et on peut poser l'hypothèse d'un délire paranoïaque systématisé (dans la schizophrénie, le délire de persécution ne serait peut-être pas aussi étendu à toutes les sphères).

> Mécanisme : Le mécanisme semble à la fois interprétatif et intuitif

> Organisation : Le délire est systématisé.

Il dit qu'il n'a rien à perdre qu'il sait qu'il est condamné et qu'il est prêt à « rentrer dans le tas ».

Nous pouvons craindre de sa part un passage à l'acte et une mise en danger d'autrui en riposte à ce qu'il perçoit comme des actes de malveillance généralisée à son encontre...

A aucun moment la thérapeute n'interroge ou ne démonte son délire (en effet, dans la psychose, le patient étant incapable de critiquer son délire, il ne pourrait supporter que la thérapeute mette ses propos en question ...).

Les propos du patient ne mettent pas en évidence de syndrome de désorganisation :

> Le champ du discours montre un axe thématique précis.On ne note pas de barrage ou de néologisme

> Le champ émotionnel montre des affects en rapport avec le discours et pas d'ambivalence dans l'expression des sentiments

> Le champ psychomoteur ne montre pas de comportement désorganisé. Pas de maniérisme ni de stéréotypies. Le patient n'est ni catatonique, ni agité.

On ne note pas chez lui de signes négatifs(le manque d'initiative dans l'action semblant plus en lien avec le contexte de l'asthénie).

La clinique semble ainsi favoriser l'hypothèse d'un délire paranoïaque au détriment de celle d'un syndrome délirant schizophrénique.

La thérapeute lui signifie qu'elle comprend que ce doit être très douloureux et difficile pour lui de se sentir épié ainsi et dit qu'elle comprend sa difficulté à devoir retourner chez lui dans de pareilles conditions.

Elle axe son propos sur la tension et la fatigue que tout ceci induit chez lui.

Elle parle lentement et calmement, adoptant une posture d'ouverture : elle se penche un peu en avant vers lui.

Elle l'interroge sur la qualité de son sommeil. Il dit dormir plus ou moins mais être plus tranquille la nuit.

Elle lui explique que tout comme la souffrance physique est prise en charge dans cet hôpital, il y a des lieux où la souffrance psychique peut aussi être prise en charge.

Elle l'invite à prendre un temps pour réfléchir à cette proposition et termine l'entretien en lui proposant de revenir le voir dans quelques jours.

Le patient en fin d'entretien semble soulagé, il paraît plus détendu dans sa posture et au niveau des traits de son visage.

De retour dans le bureau de soin, elle appellera le médecin pour lui dire son inquiétude quant à la santé mentale de M.L.

Elle proposera de téléphoner dans un centre de moyen séjour psychiatrique de la région dont elle connaît le médecin psychiatre et dont elle pense qu'elle sera à même de proposer au patient une structure de soin adaptée à son accès de décompensation de sa pathologie mentale. Le médecin dit qu'il souhaite garder le patient 3 semaines en hospitalisation en médecine du fait de ses problèmes somatiques et qu'il est tout à fait d'accord pour que la sortie de M.L. ait lieu ensuite vers cette maison de convalescence.

De plus, dans ce cadre (suite à une hospitalisation), les frais médicaux seront pris en charge par l'assurance maladie.

Nous apprendrons plus tard que son père est décédé il y a environ un an.

Une dispute familiale en lien avec l'héritage de son père l'a conduit à se fâcher avec sa mère avec laquelle il avait vécu très longtemps.

Nous pouvons avancer l'hypothèse d'une décompensation tout à fait paradigmatique de ce patient.Le décès de son père l'ayant probablement renvoyé à quelque chose de très structurel :

En effet, selon LACAN, un sujet de structure psychotique traversera la vie sans délirer s'il ne s'approche pas des signifiants voisins du trou laissé par la forclusion du Nom-du-Père.

Par contre, devant toute situation dans laquelle il devra convoquer des signifiants voisins du Nom-du-Père forclos, ce sujet va se retrouver devant un vide, une béance, avec un sentiment d'effondrement pouvant le conduire au repli ou au délire.

C'est ce qui est arrivé au président Shreber, lorsqu'il a été nommé à la tête du tribunal de Dresde (FREUD,1954).Nous formons l'hypothèse que c'est ce qui arrive aussi aujourd'hui à M.L.

Quand les signifiants se déchaînent, quand l'imaginaire, le symbolique et le réel se dénouent, la parole se fait délire et l'unité du corps peut éclater pour régresser jusqu'au moment où le corps était encore morcelé avant le stade du miroir.

Le délire et les hallucinations représentent alors selon FREUD, une tentative de guérison, de reconstruction d'une cohérence.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry