WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Pratiquer la psychologie clinique en institution hospitalière selon l'approche Lacanienne. Un à  un: cultiver la relation duelle pour favoriser l'expression de la singularité

( Télécharger le fichier original )
par Françoise Gady
Université Paris 8 - Master 2 professionnel psychologie clinique psychopathologie et psychothérapie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. ELEMENTS CONCEPTUELS DE L'APPROCHE THERAPEUTIQUE LACANIENNE

La théorie des thérapeutes construit la pathologie qu'ils soignent.

L'approche théorique psychanalytique lacanienne de l'autisme est à l'origine nous l'avons vu de la conception des troubles des enfants accueillis.

Elle est également à l'origine des grands principes thérapeutiques qui guident la prise en charge thérapeutique des enfants atteints d'autisme ou de psychoses aux Dominos.


· L'inconscient structuré comme un langage

Dans l'interprétation des rêves et dans psychopathologie de la vie quotidienne, FREUD montre que les formations de l'inconscient que sont les rêves, les lapsus, les actes manqués et les symptômes ont en commun d'être des constructions langagières.

Ils sont construits comme des rébus et donc lisibles à condition de se détacher du sens des images et d'écouter leur enchaînement phonétique.

FREUD explique les mécanismes de déplacement et de condensation qu'utilisent les désirs
interdits pour se figurer en rêves et en symptômes. LACAN montre que ces mécanismes sont

respectivement les mécanismes analogiques des figures langagières que sont la métaphore9 et la métonymie10.

Un désir interdit va donc pouvoir utiliser un élément phonétique commun entre deux noms pour se déplacer par exemple de la personne aimée vers un autre personnage dans le rêve... Ainsi, les symptômes étant construits par ces jeux d'association, la vérité dont ils sont le déguisement pourra être accessible par la technique psychanalytique de l'association libre...


· Besoin / Désir / Demande

LACAN a développé les concepts de Besoin -Désir -Demande.

Il les distingue ainsi : « Le désir s'ébauche dans la marge où la demande se déchire du besoin »11.

Ainsi, si le désir paraît se référer à un objet, c'est toujours au prix d'une illusion car il est en réalité relation à un manque.

Pour l'autiste, le désir de l'autre représente une menace : il doit donc se maintenir à distance pour ne pas être englouti dans ce désir L'enfant autiste ne veut même pas apercevoir que l'autre aurait un désir...

Aussi importe t'il d'assurer à l'enfant une présence absente de tout désir : « une présence absente » qui est la seule possibilité pour que l'enfant vienne chercher l'autre qui ne lui demande rien mais qui est là...

Lors des séances de groupe thérapeutique, les soignants ne proposent pas d'activités aux enfants. Ils les laissent aller prendre l'objet vers lesquels leur désir les porte sans interférer sur ce choix ni sur la façon d'approcher ou de se saisir de cet objet. Ainsi l'enfant n'attend pas du propre désir de l'adulte soignant mais se retrouve face à son désir(ou son absence de désir...).

Il paraît important pour des raisons à la fois éthiques et thérapeutiques de ne pas substituer notre propre désir à celui de l'enfant ; de respecter le désir de l'enfant et son analyse en tant que révélateur de sa subjectivité.

Si la plupart des soignants guident leur thérapie de ce grand principe, certains m'ont semblé plus dogmatiques dans cette approche.

Pourtant, une trop grande neutralité du soignant entraîne quelquefois une pauvreté des interactions enfant/soignant qui peut poser la question des effets produits sur l'enfant en pleine période de développement.

9 Métaphore : Cette figure de rhétorique est une comparaison incomplète. Le comparé est donné est donné ainsi que le comparant(parfois juste suggéré) mais il n'y a pas d'outil de comparaison.

Il appartient alors au lecteur de retrouver les analogies qui ont permis le rapprochement : couleur, forme, apparence, activité, caractéristiques...

Exemple: « Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage traversé ça et là de brillants soleils » Baudelaire (1857), Les fleurs du mal ,L'ennemi.

10 Métonymie : Figure de rhétorique qui consiste à remplacer un mot par un autre ayant avec lui une relation de contiguïté (proximité), ou une relation logique (contenant/contenu ; cause/effet ; lieu/personne...)

Exemple : « une fine lame » désignera un escrimeur habile ; dans « Paris s'éveille », le nom de la ville désigne ses habitants.

11 LACAN,J.(1966 )Ecrits, Paris, ed. du Seuil p 814


· Stade du miroir

En 1936, Jacques LACAN donne une conférence dans laquelle il va développer ce concept de stade du miroir qui est un concept central de sa théorie.

Lacan s'appuie sur une observation : l'enfant (étymologiquement infans : l'enfant qui ne parle pas encore), encore immature sur le plan moteur ne ressent pas l'unité de son corps. Lorsqu'il remarque son image dans le miroir, il cherche à l'identifier. Quand il saisit que cette image a un rapport avec lui, il se retourne vers l'adulte pour lui demander confirmation. La réponse de la mère est alors déterminante : en répondant «oui, c'est toi Julien, mon fils» elle permet à l'enfant d'accéder à l'unification de l'image de son corps, jusque là morcelé. Dans le même temps, elle le fait entrer dans le symbolique, dans le monde des contraintes imposées par le fait de parler : «la matrice symbolique où le Je se précipite». La mimique jubilatoire que présente alors l'enfant signifie l'identification de son image à son prénom prononcé par l'adulte.

Ce tissage de l'image et de la parole ne nécessite pas un miroir : ce qui compte, c'est le regard et la parole de l'Autre.

Lacan montre le pouvoir structurant de l'image et de la parole en définissant les registres correspondants, l'imaginaire et le symbolique.


· Réel / Symbolique / Imaginaire (RSI)

Lacan distingue ces trois ordres dans son séminaire du 18 novembre 1975: « Le sinthome ».

Il donne la primeur au Symbolique : le Réel n'en étant qu'un au-delà indicible tandis que l'imaginaire n'en serait qu'un en deçà en ce sens que toutes les manifestations de l'Imaginaire sont explicables et déterminées par le Symbolique.

A la différence de FREUD qui restreint l'usage et l'interprétation des symboles à une partie très limitée de la psychanalyse et qui fait correspondre aux symboles des significations très stéréotypées, LACAN donne une extension prodigieuse à la symbolique tenant quasiment l'inconscient pour réductible à la fonction symbolique.

Quelque chose de l'Imaginaire, du Symbolique fait que nous ne sommes pas pénétrés du regard de l'autre ; nous pouvons refouler. Ceci ne fonctionne pas chez l'enfant autiste qui ne peut rien refouler, rien « laisser tomber »...N'ayant pas accès au symbolique, l'enfant autiste n'a pas pu construire sa représentation lui-même ; son rapport au monde est donc toujours du réel, il traite tout le réel !

J'ai assisté à plusieurs ateliers « Contes » à l'hôpital de jour « La Pomme Bleue ».

A chaque séance, un conte très connu était raconté à un groupe d'enfants qui écoutaient puis chaque enfant était invité à choisir de jouer le rôle d'un personnage du conte.

Lors de la séance du conte «Le loup et des trois petits cochons», au seul mot de «loup», les enfants autistes ou psychotiques étaient extrêmement effrayés. Certains venaient se blottir un peu plus contre les adultes et on pouvait sentir leur corps pétrifié trembler. Au moment de jouer la scène il se produisait des mouvements de panique générale quand l'enfant qui jouait le rôle du loup s'approchait des maisons des enfants qui jouaient le rôle des 3 petits cochons...

Ainsi pour ces enfants, le langage peut être terrifiant .En effet, pour eux, le mot ne représente pas la chose : le mot est la chose !

Les soignants tentent de permettre l'accès manquant au symbolique, à la métaphore et répètent souvent « il fait comme le loup dans l'histoire mais ce n'est pas le loup »

Ces enfants n'ont pas accès à la métaphore langagière.

Dire à un enfant « secoue-toi un peu » sera pris le plus souvent à la lettre par l'enfant qui va secouer son corps sans qu'on ne puisse plus l'arrêter !

Le soignant doit donc prendre conscience de l'impact de ses propres métaphores langagières dans la communication avec ces enfants et éviter d'utiliser un mode de communication trop métaphorique.

· Le Nom-du-Père

Au sujet de l'enfant dans sa famille, LACAN aborde le cas où le problème de l'enfant correspond à la « subjectivité » de la mère. L'enfant est alors exposé à tous les fantasmes de sa mère : si la fonction paternelle n'a pas été médiatisée dans sa relation à son enfant, si au moment du stade du miroir, elle n'a pas convoqué le signifiant fondamental, le Nom-du-Père qui peut faire coupure dans sa relation charnelle avec son enfant, alors l'entrée de l'enfant dans le langage n'est pas assurée.

Le registre imaginaire n'est pas noué au registre symbolique, le symbole ne vient pas permettre l'absence de la mère. Dans ce cas l'intervention du psychanalyste est difficile, il va s'agir d'une intervention dans une relation d'image à image, dans laquelle il n'y a pas eu de médiation, où le Je n'a pu émerger.

« La distance entre l'identification à l'idéal du Moi et la part prise du désir de la mère, si elle n'a pas de médiation (celle qu'assure normalement la fonction du père) laisse l'enfant ouvert à toutes les prises fantasmatiques. Il devient l'objet de la mère et n'a plus de fonction que de révéler la vérité de cet objet. L'enfant sature en se substituant à cet objet le mode de manque où se spécifie le désir de la mère qu'elle qu'en soit la nature spéciale : névrotique, perverse ou psychotique. » (LACAN, 1966)

Pourquoi l'enfant autiste ou psychotique a t'il un rapport si compliqué à ce qui l'entoure ? Probablement car il s'agit de la psychose : l'enfant psychotique n'a pas accès au Nom-duPère, au symbolique, à la signification phallique, à ce qui donne sens et structure tout notre environnement.

· Jouissance

« En même temps que le sujet cherche son plaisir en le limitant, le sujet tend non moins constamment, à dépasser les limites du principe de plaisir. Il n'en résulte pas pour autant le plus de plaisir attendu, car il est un degré de plaisir que le sujet ne peut plus supporter, un plaisir pénible que jacques LACAN appelle la jouissance dans le livre VII du séminaire. La jouissance n'est pas le plaisir ; elle peut même être souffrance. » (CLERO, 2002)

LACAN nomme « pulsion de mort » le désir constant de dépasser les limites fixées par le principe de plaisir afin de rejoindre « La Chose » et de et de gagner par-là un surplus de jouissance. La jouissance est alors le « chemin vers la mort ».

« La Chose » :« das Ding » en allemand, étant l'objet qui « aimante » le désir bien que le
terme d'objet ne soit inadéquat. En effet, tout objet de désir ne pouvant être comme nous

l'avons vu précédemment qu'un leurre, une illusion. Nous ne faisons qu'imaginer que nous désirons tel ou tel objet. En réalité, le désir, à travers les objets dont il paraît en quête, ne cherche jamais que « la Chose »dont il n'aura jamais aucune représentation, qui n'est pas un but, puisqu'il ne sera jamais atteint mais autour duquel tout ne cesse de tourner...

La stéréotypie a pour fonction de soutenir l'enfant autiste dans son existence. Elle représente pour lui une solution pour traiter les choses de son environnement. Elle serait l'équivalent de ce qu'est le symptôme pour le névrosé. Si nous souhaitons que l'enfant autiste cesse ses stéréotypies, nous lui enlevons la possibilité qu'il a trouvé de traiter les choses...

La stéréotypie n'est donc pas un « tic » à faire disparaître : par elle , l'enfant tente d'être séparé de la jouissance...

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon