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Problématique de la lutte contre la dégradation des ressources naturelles dans la communauté rurale de Fandène (département de Thiès)

( Télécharger le fichier original )
par Yankhoba Ba
Université Cheikh Anta Diop Dakar - Maitrise 2010
  

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES

HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MAITRISE

Thème :

 

Problématique de la lutte contre la dégradation

des ressources naturelles dans la communautérurale de Fandène (Département de Thiès

 

Présenté par : Sous la direction de M. Guilgane Faye

Yankhoba BA Maître Assistant

ANNEE ACADEMIQUE 2009/2010

 

Sommaire
Sommaire .1

Liste des acronymes 2

Introduction générale .3

Problématique 6

Méthodologie 9

1ère Partie : Cadre physique et humain 11

Chapitre I : Cadre physique .12

Chapitre II : Cadre humain ..21

2ème Partie : 2ème Partie : Ressources naturelles et dégradation .31

Chapitre I : Ressources naturelles et exploitation 32

Chapitre II : Dégradation des ressources naturelles .43

3ème Partie : Les stratégies de lutte contre la dégradation, leurs efficiences et limites ..68

Chapitre I : La lutte contre la dégradation des ressources naturelles 69

Chapitre II : L'efficience des techniques .89

Chapitre III : Les limites des techniques .94

Conclusion générale 102

Bibliographie .104

Liste des acronymes:

ASPAB : Association Sénégalaise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique BFP : Brigade des Forages et des Puits.

BU : bibliothèque Universitaire

CERP : Centre d'Expansion Rural Polyvalent

CR : Communauté Rurale

CSE : Centre de Suivi Ecologique

CT : Continental Terminal

ENDA GRAF : Environnement et développement -Groupe de Recherche-Action-Formation ENDA GRAIM : Environnement et Développement -Groupe -Action pour les Initiatives

Mutualistes.

ENSA : Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture

GREEN : GREEN SÉNÉGAL, Groupe de Recherche et d'Etudes Environnementales INP : Institue Nationale de Pédologie

La SODEVA : Société de Développement et de Valorisation Agricole

Le PNVA : Programme National de Vulgarisation Agricole MFR : Maison Familiale et Rurale

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation Paysanne

OSD : Objectif Spécifique de Développement

PCR : Président du Conseil Rural

PDDF : Plan Directeur de Développement Forestier PLD : Plan Local de Développement

PNAE : Plan National d'Action pour L'environnement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

POGV : Projet d'Organisation et de Gestion Villageoise. UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

INTRODUCTION GENERALE

Créée en 1972, la communauté rurale de Fandène est située dans le département de Thiès entre 14°30' et 14°55' de latitude Nord et 16°35' et 17°10' de longitude Ouest. Elle est limitée à l'Est par le département de Tivaoune et une partie de l'arrondissement de Thiénaba, à l'Ouest par la commune de Pout et l'arrondissement de Keur Moussa. Elle s'étend au Nord jusqu'à l'arrondissement de Pambal et se heurte au Sud à celui de Noto.

Sa position géographique lui confère un caractère sahélien. On note une courte saison des pluies suivie d'une saison sèche qui dure presque neuf mois. La température suit par ailleurs la logique du domaine sahélien.

La topographie est plus ou moins plane mais on note cependant quelques irrégularités. La partie ouest est une zone relativement élevée par rapport aux autres. Sa proximité avec le plateau de Thiès n'est pas étrangère à ce facteur.

Cette situation fait qu'au niveau de la communauté rurale, on note des potentialités naturelles très importantes. En effet, l'eau de ruissellement venant des pentes du plateau de Thiès crée un important réseau hydrographique au niveau des bas-fonds et aussi des mares temporaires mais également de bonnes conditions pour la recharge des nappes souterraines. Ceci permet le développement de beaucoup d'activités surtout rurales telles le maraîchage, l'arboriculture...

On note aussi cinq types de sols et la végétation est essentiellement constituée d'une savane arbustive et la répartition obéit à celle des sols.

Les ressources naturelles connaissent une dégradation importante. Sachant la place qu'elles occupent dans les activités des populations, leur protection doit être une priorité.

Elle compte 36 villages répartis dans trois zones qui sont : la zone Nord-est, la zone Centre et la zone Sud.

> La zone Nord-est

Celle-ci va de Lalane à Diemoye GAYE. Bien que les Sérères y soient nombreux, les Wolofs restent dominants. Elle est caractérisée par un développement important de l'activité artisanale. En effet, l'exploitation des sous produits notamment ceux du rônier permet la fabrication de nattes, de meuble, etc.

> La zone centre

Elle englobe le village de Fandène qui est le chef-lieu de la communauté rurale ; les Sérères None y sont dominants. Cette sous-zone, correspondant à la partie la plus basse, est parsemée de bas-fonds. Ceci permet sa mise en valeur surtout avec l'activité maraîchère mais aussi l'arboriculture.

> La zone Sud

Cette autre sous-zone est caractérisée par une forte population Wolof et intègre le village de Touba Peycouck. On y note une importante présence de sols ferrugineux tropicaux lessivés. L'agro-pastoralisme est aussi très développé

La population est de 22780 habitants en 2006. Les jeunes sont majoritaires avec plus de 50%. C'est une population où les Sérères None dominent avec 55% suivis des Wolofs avec 35%, ensuite viennent les peules (8%) et les bambaras (2%).

Les deux principales religions pratiquées sont le Christianisme et l'Islam. Mais aussi on note certaines pratiques qui peuvent être assimilées à l'animisme.

6

Problématique

Contexte

L'homme a toujours eu recours à l'environnement par la prédation, la cueillette, la culture, par la construction, pour la satisfaction de ses besoins, surtout alimentaires. C'est en croire Pierre George, (1973) « L'action intuitive destinée à assurer la couverture des besoins alimentaires ou à accroitre la production en fonction de la croissance démographique». Le concept « environnement » a plusieurs significations. Mais dans le cadre précis des zones rurales, «Il s'identifie selon les cas à la quantité de terres disponibles, à la quantité des sols, à la beauté des paysages » F. Gendreau et al, (1996). Ainsi, les populations et leurs activités influencent l'environnement, et par delà les ressources naturelles. Selon le même auteur, « La population agit sur l'environnement par son effectif, sa densité et sa croissance ».

La prise de conscience de la place des ressources naturelles dans la vie des populations justifie l'impératif de trouver un moyen d'associer les préoccupations environnementales et le développement économique. C'est ainsi que la gestion de ces ressources naturelles a toujours été une préoccupation pour les autorités. Ce qui veut dire, au moins, depuis la période coloniale, elle fait partie des priorités et surtout dans les zones sahéliennes marquées par les aléas climatiques.

Ainsi, dès la période coloniale, « les écrits sur la déforestation, le surpâturage et la pêche ont toujours appelé à une mise en place rapide d'alternatives au risque d'une catastrophe écologique majeure pour le continent » (Slaymaker et Blench, 2002).

Cette question est plus actuelle aujourd'hui surtout dans la zone sahélienne où règne « Une péjoration pluviométrique sans précédent par sa gravité et sa durée. Elle s'est accompagnée de modifications climatiques graves parmi lesquelles nous ne citerons que l'augmentation du rayonnement solaire et l'augmentation généralisée des températures » (Lake et al, 2000).

Or, parallèlement, la population de manière générale ne cesse de croître. Par conséquent, pour la satisfaction de leurs besoins, la pression sur l'environnement prend de plus en plus d'ampleur. En effet « l'homme met ainsi en péril la biodiversité pour s'alimenter soit par la prédation directe d'espèces animales et végétales trouvées dans l'environnement soit par la destruction des habitats naturels pour cultiver et élever les espèces qu'il

domestique. » (Lamy, 2001). Ces activités humaines associées à la péjoration des conditions climatiques entrainent une déforestation qui aura comme corollaire la dégradation des sols et l'amenuisement des ressources naturelles disponibles.

Ainsi, n'est-il pas nécessaire de mieux cerner les causes de la dégradation des ressources naturelles ? Mais aussi de se demander comment cette dégradation se manifeste et les problèmes qui sont inhérents à la protection des ces ressources ?

La zone choisie pour notre étude, la communauté rurale de Fandène, est dans le département de Thiès. Elle regorge de potentialités naturelles, entre autres des vallées et des mares inondables. Ce qui permet d'exercer le maraîchage de type familial. Il y a aussi comme activités l'agriculture sous pluie, l'élevage. L'exploitation du rônier occupe aussi une place privilégiée surtout dans la partie centrale de la zone.

La population assure son assise économique en exploitant les ressources naturelles disponibles. Mais avec l'explosion démographique, la pression devient de plus en plus importante sur ces ressources dans une zone où le climat est de type sahélien. Selon (Giri, 1983, cité par Lake et al, 2000), le Sahel regroupe un ensemble de « Pays qui ne sont pas désertiques mais où les pluies sont peu abondantes, irrégulières réparties sur une unique saison humide à laquelle fait suite une saison sèche qui dure de long mois pendant lesquels il ne tombe pratiquement pas de goutte d'eau ».

La situation est plus inquiétante lorsque depuis les années 1970 nos pays sont confrontés à une sécheresse pratiquement permanente. Aussi comprendra-t-on que cette pression exercée sur l'environnement combinée à ces facteurs climatiques induit des conséquences désastreuses sur. D'autre part, sa proximité avec la ville de Thiès qui ne cesse de s'étendre au détriment des terres arables ne constitue-t-elle pas un facteur non négligeable de la dégradation des ressources naturelles ?

D'après le Plan Local de Développement(PLD) de la zone réalisé entre 2002-2006, on note une baisse généralisée de la production, une dégradation des sols, la coupe abusive des baobabs, un manque d'eau pour l'irrigation et une insuffisance des terres. Or, selon Tolba Moustapha Kamal, (1984) « Tout stratégie visant à accroitre la production alimentaire doit [...] tenir compte explicitement de la réalité du phénomène de complémentarité entre environnement et développement ». Autrement dit, les préoccupations environnementales sont étroitement liées à celles du développement. Ainsi, assurer une bonne protection des ressources naturelles contribue à impulser un développement économique. Pour ces raisons,

cette étude est menée pour comprendre les problèmes liés à la protection des ressources naturelles dans la communauté rurale de Fandène.

Objectifs

Notre objectif principal est de comprendre les problèmes liés à la protection des ressources naturelles dans la communauté rurale de Fandène. Cet objectif principal sera réalisé à travers les objectifs secondaires suivants :

- Connaître l'état de la dégradation des ressources naturelles et comprendre les facteurs physiques et anthropiques liés à cette dégradation ;

- Répertorier les types d'actions menées pour résoudre le problème ; - Analyser leurs efficacités et limites ;

Hypothèses

- Les facteurs physiques et humains sont à la fois responsables de la dégradation des ressources naturelles.

- Les populations, conscientes de la dégradation des ressources naturelles, développent sous l'assistance des ONG des stratégies de protection.

- Ces stratégies de protection ne sont pas efficaces.

Méthodologie

La méthodologie consiste à décliner les voies et moyens qui nous ont permis de réaliser cette étude et de présenter les résultats. Elle se structure en trois étapes à savoir : la recherche bibliographique, les enquêtes de terrain et le traitement des données résultant des enquêtes.

La recherche documentaire

La conception de ce document a nécessité un passage au niveau de plusieurs centres de documentation. La première est la BU de l'UCAD. Ensuite, nous sommes passé au centre de documentation de la CSE de Dakar, à la bibliothèque de L'ENSA et à celle de l'INP.

Nous avons aussi obtenu des documents du Conseil Rural de Fandène (le PLD 2002-

2006).

En outre, nous avons obtenu des cartes par le biais de l'INP, de la CSE et de la D.A.T (Direction de l'Aménagement du territoire).

Les documents collectés au niveau des centres de documentation nous ont permis de mieux cerner notre sujet et les cartes ont servi à une meilleure localisation de la zone d'étude. Ceci a beaucoup contribué à la relative facilité des enquêtes de terrain

Les enquêtes de terrain

Elles se sont déroulées du 04/09/2010 au 15/10/2010 et réalisées sur la base d'un questionnaire établi à la suite de discussions avec le responsable du volet environnement de la communauté rurale, les responsables des organismes intervenant dans la zone (ENDA GRAIM). Ces entretiens ont facilité le choix des villages à enquêter.

On a choisi l'enquête ménage. Ainsi, sur les 36 villages que compte la communauté rurale, 12 sont retenus, soit le tiers dont 4 dans chaque zone. Le nombre de ménages est estimé à 935. Nous avons choisi un échantillon de 10% soit environ 94 ménages à enquêter Ces villages sont choisis par rapport à leur exploitation des ressources naturelles, l'ampleur de leur dégradation, mais aussi à la proximité et l'éloignement du centre urbain (ville de Thiès).

Ensuite, étant dans l'impossibilité d'accéder à un laboratoire pour vérifier certains résultats de l'enquête, on a procédé à une topo séquence. Nous sommes parti des hautes terres de la zone nord dans les villages de Same Ndiaye et de Keur Mamarame, puis nous avons

traversé le bas-fond dans la zone centre et remonté vers le sud. Cela nous a permis de confronter le témoignage des populations et les réalités du terrain.

Le nombre relativement petit de ménages enquêtés et le temps important mis pour le faire sont liés à plusieurs facteurs.

D'abord, il y a l'effet contraignant de l'hivernage. De plus, pendant cette période, les paysans s'adonnent aux travaux champêtres presque durant toute la journée. De ce fait, nous ne disposons que d'un temps limité (entre 13h et 15h) pour mener notre enquête.

Il y a aussi le fait que les ménages ne sont pas toujours disposés à répondre aux questions. Ils soutiennent que « les gens viennent toujours pour poser des questions mais après on ne les voit plus ».

Le traitement des données

Cela concerne le traitement statistique des données quantitatives obtenues durant les enquêtes de terrain. Ces données avec l'aide du logiciel office 2007 ont permis de réaliser des tableaux et des graphiques.

Enfin, l'exploitation de ces résultats d'enquêtes conjuguée avec les éléments de la recherche bibliographique ont contribué à la réalisation complète de ce présent document.

LE CADRE PHYSIQUE ET

HUMAIN

1ère Partie :

Il s'agit ici de définir le cadre physique de la communauté rurale de Fandène, mais aussi, les aspects humains qui regroupent les informations relatives à la population et à l'ensemble des activités pratiquées dans la zone.

Chapitre I: CADRE PHYSIQUE

Ce chapitre permet de mettre en évidence les différents aspects physiques de la communauté rurale. Ceux-ci sont essentiellement composés du relief, du climat, de l'hydrographie et de la végétation. Ils sont en étroite relation avec la disponibilité des ressources naturelles dont l'inventaire sera facilité de par leur connaissance.

I-I Le relief

La communauté rurale de Fandène présente une topographie relativement plane. On note que la partie ouest est légèrement plus élevée. Ceci est dû à la présence des collines cuirassées du plateau de Thiès.

D'après Ndione (2007), le relief de Fandène se présente sous forme gradins en direction de l'Est. Son altitude décroit progressivement sur des pentes faibles (inférieures à 2 %) pour atteindre 30m au niveau du village de Fandène

Ce relief peut être divisé en trois types : I-I-1 Le bas plateau cuirassé :

Il se localise au Nord, Nord-est et au Sud-ouest ; c'est une partie intégrante du plateau de Thiès. La roche mère qui est constituée de calcaire formé à partir de l'éocène est recouverte par une cuirasse ferrugineuse. En allant vers l'Est, le recouvrement de la roche mère est assuré par des nappes de gravillons ferrugineux disposés de manière dispersée. Ceci est dû au recouvrement sableux correspondant à l'erg ogolien.

I-I-2 La zone basse ou vallée fossile

Elle est partie intégrante d'un système de vallées fossiles qui entaillent le plateau de Thiès. Cette vallée traverse la communauté rurale de Fandène d'Ouest en Est et constitue une interface entre deux zones géomorphologiques différentes. Il s'agit du bas plateau et du système ogolien. D'où la mise en place des sols intermédiaires appelés Deck-Dior.

I-I-3 Le système dunaire ogolien

Il occupe une place prépondérante au niveau de la communauté rurale. Sa présence est plus marquée au centre Est et au Sud-est. Selon Ndione (2007), l'ensemble des formations constituant ce système est fait d'un revêtement de sable roux ayant totalement fossilisé toute la topographie antérieure. Ce système subit des transformations sous l'effet du vent, en véritable erg au modelé dunaire typique.

I-II Climat :

La Communauté Rurale de Fandène se situe dans le département de Thiès entre 14°55' et 14°55' de latitude Nord et entre 16°30' et 17°10' de longitude Ouest. Cette position lui confère un climat de type soudano-sahélien qui est caractérisé par une longue saison sèche et une période pluvieuse qui dure un peu plus de 3 mois.

La station météorologique prise comme références est celle de Thiès qui est une station synoptique. Ce choix est lié à sa position par rapport à la communauté rurale. En effet son rayon d'action couvre assez largement la zone.

La station météorologique prise comme référence est celle de Thiès qui est une station synoptique. Ce choix est lié à sa position par rapport à la communauté rurale. En effet, son rayon d'action couvre assez largement la zone. Il faut noter aussi que la moyenne 1977-2006 est choisie pour l'étude de cette partie climatique. Mais, les données très lacunaires de la station entre 2000 et 2006 suite aux travaux dénommés « les chantiers de Thiès », font que la période de 30 ans est ramenées à 24 pour les données de vent et de températures traitées. En effet la station de Thiès était partie intégrante de ces chantiers

I-II-1 Les facteurs généraux

La station de Thiès, comme toutes les autres est soumise à l'influence de deux saisons. On a d'une part la saison sèche qui dure 8 à 9 mois correspondant à l'hiver boréal (janvier). Pendant ce temps, l'équateur météorologique est plus au sud. D'autre part, on a l'été boréal (juillet) qui dure 3 à 4 mois. C'est durant cette période que l'on note les précipitations liées à l'hivernage. En effet, l'équateur météorologique, lors de sa migration vers le Nord couvre entièrement la zone créant ainsi avec la présence de la Mousson, des conditions favorables à la chute de précipitations.

La zone peut enregistrer des pluies non liées à l'hivernage pendant l'hiver boréal (pluies de heug). Ceci s'explique par les incursions d'air polaire.

I-II-2 Les éléments du climat

Les aspects climatiques sont : les précipitations, les vents et la température. Il s'agira ici d'énumérer quelques caractéristiques du climat dans la zone.

I-II-2-1 Les vents

La zone est soumise à l'influence de trois types de vent qui sont : l'Alizé, l'harmattan et la Mousson

I-II-2-1-1 l'Alizé maritime

C'est un flux qui a pour origine l'anticyclone des Açores qui se localise au niveau de l'atlantique nord. C'est sa direction méridienne correspondant à la branche I (Le Roux, cité par Demangeot, 1976). Cette branche I a une trajectoire nord-sud. Elle est fraîche, sèche et n'est pas capable de générer des précipitations.

I-II-2-1-2 l'Harmattan

Appelé aussi Alizé continental, l'Harmattan est un flux issu de la cellule libyenne et vient du nord-est. Il est chaud, sec et chargé de poussière. Il souffle au début de la saison sèche.

I-II-2-1-3 La Mousson

C'est un vent qui a quitté l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'atlantique sud et a changé de direction en franchissant l'équateur géographique. Il vient du sud et est caractérisé par son humidité pouvant générer des précipitations. Il souffle de juin à octobre dans la communauté rurale.

Tableau 1 : Vitesse et direction dominante des vents de la station de Thiès de 1977 à 2000

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Moy an,

Vit, moy. m/s

13,3

15,2

16,3

17,7

16,7

14,3

11,6

10,2

2,23

8,03

11,9

11,7

13,1

Direction

E

E

E

N

N

W

W

W

W

N

NE

E

 

I-II-2-2 Les précipitations

L'analyse des caractéristiques de la pluie de 1978 à 2007 (tableau 2) permet de noter que généralement la durée des saisons pluvieuses varie de 4 à 5 mois, avec respectivement 36,7 et 46,7% des années. Le mois d'août est le plus pluvieux, avec 60% des années. Septembre suit avec 26,7%.

On note aussi que 60% des saisons ont un début normal qui correspond au mois de juin. La fin aussi adopte la même dynamique avec 86,7% des années qui coïncident avec le mois d'octobre.

La moyenne des précipitations tourne autour de 439,4 mm. On note aussi une importante variabilité interannuelle.

Tableau 2 Caractéristiques de l'hivernage dans la communauté rurale de Fandène de 1978 à 2007 (station de Thiès)

 

Début de l'hivernage

Fin de l'hivernage

Précoce

Normal

Tardif

Précoce

Normal

Tardif

Mai

Juin

Juillet

Septembre

Octobre

Novembre

Total

3

18

9

2

26

2

Fréquences

10%

60%

30%

6,7%

86,7%

6,7%

 

Durée de l'hivernage

Les mois les plus pluvieux

3 mois

4 mois

5 mois

6 mois

Juin

Juillet

Août

Septembre

Nombre

1

11

14

4

1

3

18

8

Fréquences

3,3%

36,7%

46,7%

13,3%

3,3%

10%

60%

26,7%

Figure 1 Variations interannuelles des précipitations de 1978 à 2007 (station de Thiès)

 

Série1

700 600 500 400 300 200 100

0

 
 
 

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

La figure 1 permet de mettre en évidence la variation interannuelle des précipitations de la station de Thiès. L'année ayant le plus grand total pluviométrique est 1979 avec 626,5 mm. Celle qui enregistre la plus faible valeur en termes de précipitations est 1983 avec 240,8 mm. La valeur moyenne de la série est 439,4 mm et on note beaucoup d'années excédentaires ou déficitaires par rapport à cette valeur.

I-II-3 La température

Figure 2 Les températures moyennes mensuelles de 1977 à 2000 (station de Thiès)

40 35 30 25 20 15 10 5 0

 
 

T°max
T°mini
T°moy

 
 

Jan Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sep Oct Nov Déc

L'analyse de la figure n°2 permet de déduire que la courbe des températures moyennes de 1977 à 2000 adopte une allure unie modale. En effet, le minimum est obtenu au mois de janvier avec 24,1°C. Ainsi, les températures commencent à monter pour atteindre 28,6°C au mois d'octobre pour descendre à 25,1°C au mois de décembre. On note que, de juin à octobre, il n'y a pas une importante variation de la température qui tourne autour de 28°C.

Cette période correspond à l'hivernage qui constitue un grand facteur de régulation de la hausse des températures.

I-III Hydrographie :

Le bas-fond de Fandène constitue le principal lieu de convergence des eaux de ruissellement de la ville de Thiès. Le bassin versant à l'origine de cet écoulement débute après le pont de la route nationale vers Saint-Louis, au niveau de Diassab et se prolonge vers Touba Toul (30 km plus loin) pour enfin se jeter dans le système du Saloum à 200 km au sud de Thiès (Desthieux, 2000).

Selon le même auteur, ce bassin versant est alimenté par deux bras de rivière. L'un vient du Nord. L'autre qui a été canalisé dans les années 1970 pour limiter les inondations dans le quartier de Diakhao, vient de l'Ecole Supérieure Polytechnique.

On note que les eaux de ruissellement sont stockées pendant plusieurs jours après une forte pluie au niveau des tronçons du bas-fond. L'un est situé entre Diassab et Ndiour et l'autre de Thiatié jusqu'aux limites de la CR. Entre ces deux tronçons, surtout au niveau du village de Ndiamdiorokh, le bas-fond est moins marqué. D'où un écoulement rapide qui fait que le stockage des eaux ne dure pas longtemps. La retenue aménagée à Keur Saïb Ndoye, à 2 km de la route de Saint-Louis, génère un lac temporaire qui peut demeurer des mois après la saison des pluies.

Les travaux de Desthieux (2000) ont montré aussi qu'un affluent prenant sa source au Sud de la Communauté Rurale, au niveau du village de Kaïré Djender, draine une grande partie des eaux du bassin versant.

I-IV Les sols :

La Communauté Rurale de Fandène est marquée par la présence de cinq types de sols :

I-IV- 1 Les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés :

Ce sont des sols peu ou pas lessivés. Ils se caractérisent par une forte teneur en sable et une vulnérabilité à l'érosion éolienne et hydrique mais aussi à l'altération chimique. On les appelle aussi les sols « Dior ». Selon Desthieux (2000), ces sols occupent toute la partie du bassin versant au Sud-est de l'axe Thiès-Fandène. La couverture végétale est assurée

essentiellement par l'Acacia albida et le Guiera senegalensis. Ces sols sont propices à la culture de l'arachide, du mil, du sorgho et du niébé.

I-IV-2 Les sols ferrugineux lessivés sur cuirasse :

Ce sont des sols sableux en surface et sablo-argileux en profondeur. Ils se caractérisent aussi par la présence d'une cuirasse à 50 cm et à 1m de profondeur. Ils sont essentiellement localisés au Nord et à l'Ouest. Le couvert végétal est composé de Brossus flabellifer et d'Adansonia digitata. Les travaux de Desthieux (2000) ont montré que ces sols contiennent la même teneur en azote et en matière organique que les sols « Dior ». Il précise aussi qu'ils sont plus adaptés à la culture maraichère. Cela est dû à leur richesse en magnésium et une meilleure capacité d'échange. Les principales spéculations sont l'arachide, le manioc, et le mil.

I-IV-3 Lithosols :

Ce sont des sols sur cuirasse ferrugineuse. Ils proviennent de l'érosion sur les versants des collines de Thiès. Ces sols squelettiques érodés sont localisés à l'Ouest de la Communauté Rurale mais aussi dans une moindre mesure dans la partie Nord. Du fait de leur structure, ils ne favorisent pas l'activité agricole.

I-IV-4 Les sols hydromorphes (« Deck »)

Ils se caractérisent par une présence temporaire ou permanente d'une nappe peu profonde (2 à 5m) au niveau des vallées et dépressions. Ces sols sont sablo-limoneux et relativement plus profonds. Ils sont aussi connus sous le nom de sols « Deck » du fait de leur teneur en argile qui est supérieure à 10 % et sont caractérisés par un horizon sableux épais (vers 1m de profondeur). Sous cette formation, on note la présence d'un sable de granulométrie homogène renfermant la nappe aquifère (Desthieux, 2000). La végétation est essentiellement marquée par des plantations de manguiers. Ces sols sont à vocation maraichère très recherchée par les populations (agriculteurs).

I-IV-5 Les sols hydromorphes (« Deck-Dior »)

Ce sont des sols « Deck » au départ, mais ils ont été recouverts par des dépôts sableux et limoneux. Ils présentent un horizon sableux avec une épaisseur de 60cm. Ces types de sols sont localisés dans les bas-fonds surtout au niveau des affluents principaux venant du Sud du côté de Koundane et de Keur Demba Ngoye Diakhaté. Ils sont plus propices à l'arboriculture (manguiers, rôniers) et à la culture de bissap.

Carte 1 Répartition des sols dans la communauté rurale de Fandène

V- Végétation :

La distribution du couvert végétal suit la logique de la répartition des sols.

Il y a quelques décennies, la Communauté Rurale de Fandène était marquée par la présence d'une savane boisée qui était partie intégrante de la forêt classée de Pout et Thiès. Sous l'effet de la dégradation, celle-ci a laissé la place à une savane arbustive au niveau de laquelle la répartition des espèces obéit à l'organisation de la distribution des sols.

C'est ainsi que l'on note la prédominance de l'Acacia albida et le Guiera senegalensis sur les sols ferrugineux tropicaux non lessivés au Sud-est de l'axe Thiès-Fandène.

Au Nord et à l'Ouest, on retrouve une population de Brossus flabellifère et d'Adansonia digitata. Elle se localise sur les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur cuirasse.

Les plantations de manguiers occupent principalement les sols Deck et Deck-Dior qui sont localisés dans les bas-fonds et les parties situées tout autour. C'est là où se trouve aussi la plupart des rôniers. Le rônier a été vulgarisé dans la zone par les Sérères et il connait aujourd'hui un développement important.

Ainsi, bien que le climat soit de type sahélien, la topographie permet à l'eau de ruisseler sur les pentes et de stagner au niveau des bas-fonds d'où l'existence d'un réseau hydrographique. La répartition des sols est aussi en étroite relation avec le relief et dicte la distribution de la végétation au niveau de la communauté rurale. Ceci aura une grande influence sur les aspects humains.

Chapitre II : LE CADRE HUMAIN

Le cadre humain concerne l'histoire du peuplement, la structure de la population par âge et par sexe, la composition ethnique, religieuse, et les différentes activités surtout rurales qui sont pratiquées dans la zone. La connaissance de ces éléments est essentielle à la compréhension des facteurs anthropiques liés à la dégradation des ressources naturelles.

II-I Historique du peuplement

D'après l'étude réalisée par Enda Graf Sahel (1992) dans la communauté rurale de Fandène, les premiers habitants de la localité sont des Socés venus de l'est. Ils ont fini par progresser et occuper la zone de Mbour. Leur passage est matérialisé par des puits qu'ils avaient creusés dont quelques-uns sont toujours utilisés par les populations.

Après le passage des Socés, ce sont les Sérères none qui ont investi la localité avec l'établissement du premier hameau (Ki Thiaw Thiaw). Ensuite, la deuxième vague a permis de créer les autres quartiers de Fandène dans le centre. « Les origines sont diverses mais tous s'accordent à reconnaître qu'ils sont partis des régions centrales du Sénégal : Baol, Touba Toul, et Ngoundiane. »(Ndione, 2007).

Les Wolofs sont venus après les Sérères. Les premiers arrivés sont les Diop qui se sont installés avec les Sérères et ont fini par être assimilés. C'est la raison pour laquelle l'ethnie des Sérères none comporte des Diop qui représentent un nom typiquement Wolof. Ceux qui sont venus par la suite étaient plutôt attirés par la richesse des terres et notamment celles situées à proximité des bas-fonds. Il s'agit des populations de Keur Mamarame et de Keur Mory Mbaye. Les autres villages Wolofs comme Same Ndiaye, Keur Mor Ndiaye, Keur Demba Ngoye Diakhaté étaient à l'origine spécialisés dans l'enseignement coranique.

Les bambaras viendraient du Mali. Selon Ndione (2007), les premiers ont quitté Diabigué pour des raisons religieuses. En effet, ils ont participé au conflit de Jobass. D'après le témoignage des populations, c'est à l'issue de ce conflit, qu'une portion de la communauté rurale fut donnée à Simbara Diawara pour son soutien qu'il apporta à l'un des protagonistes. C'est ainsi qu'il s'est installé avec sa famille dans la zone.

Les peulhs se sont installés dans la localité par le biais de la transhumance. En effet, ils sont attirés par la richesse du couvert végétal de l'époque dans le Gol mais aussi dans la partie ouest de la communauté rurale. Ce qui explique la localisation des villages peulhs dans ces parties.

II-II Structure de la population

Elle permet de déterminer la répartition de la population selon l'âge et le sexe.

II- II-1 Structure par sexe

La population de la communauté rurale de Fandène qui compte 22780 habitants est caractérisée par un sexe ratio déséquilibré. En effet, comme le montre le tableau numéro trois, les hommes représentent un effectif de 11622 soit 51,9% alors que les femmes ne font que 11158 soit 48,9%. Cette domination est plus marquée chez les plus jeunes où les garçons sont nettement plus nombreux que les filles. Cette situation peut s'expliquer par le fait que « La migration des jeunes qui se rendent en ville (Dakar, Thiès) à la recherche de travail touche plus les filles que les garçons.»(Enda Graf Sahel, 1992). Mais il faut noter que dans les tranches d'âge les plus élevées, la présence des femmes est beaucoup plus marquée.

Tableau 3: Répartition par sexe de la population de la communauté rurale de Fandène

Modalités

Hommes

Femmes

Totaux

Effectifs

11622

11158

22780

Fréquences (en %)

51,1

48,9

100

Source : S.S Ndione (2007), modifié

II-II-2 Structure de la population par âge

La répartition de la population selon l'âge au niveau de la communauté rurale reflète le schéma qui prévaut au niveau national et même continental. Elle est marquée par une grande domination des classes les plus jeunes. Il s'agit respectivement des tranches d'âge comprises entre 0 et 25 ans avec 54,9% et 25-60 avec 33,8%. Les 60 ans et plus ne représentent que 11,3%. Ceci témoigne de la forte présence de la population jeune au niveau de la zone. L'importance de cette frange de la population dans la communauté rurale est un atout considérable surtout pour les activités rurales qui y sont pratiquées. Toutefois des solutions doivent être apportées au phénomène migratoire qui la touche.

Figure 3 Répartition par âge de la population de Fandène

Effectifs(%)

60

50

40

30

Effectifs(%)

20

10

0

0-24 25-59 60 ans et plus

II-III Composition ethnique

La composition ethnique au niveau de la zone est hétérogène. Elle a aussi une influence sur la répartition spatiale de la population. On note principalement, la présence de quatre ethnies qui sont : les Sérères None, les Wolofs, les Bambaras et les Peulh

II-III-1 Les Sérère none

Le Sérère none constitue l'ethnie la plus représentative avec 55% de la population. Ceci s'explique par le fait qu'ils ont été les premiers occupants de la communauté rurale de Fandène. Ils sont localisés à l'Est avec une représentativité de près de 90% et au Nord avec 29,8% de cette population.

II- III-2 Les Wolof

Les Wolofs viennent en deuxième position avec 35% de la population. Le fait qu'ils se sont installés après les Sérère explique ce constat. Ils sont dominants au Nord et au Sud avec respectivement 64,4% et 63,7%.

II-III-3 Les peuhl

Les Peulhs suivent les Wolofs en termes de représentativité ethnique avec 8% de la population de la communauté rurale. Leur installation s'est faite en faveur de la transhumance et ils occupent le Gol avec les villages de Toutagol, Mbayène Peulh. Mais aussi, dans la partie Sud-ouest avec une représentativité de 17,4%.

II-III-4 Les bambara

Les Bambaras qui sont originaires du Mali occupent la dernière place et sont au nombre de 563 habitants soit 2,5% de la population de Fandène ; ils se concentrent au Sud avec 4,5% de la population de cette partie au niveau des villages de Keur Karamoko et Keur Simbara.

Figure 4 la répartition ethnique de la communauté rurale de Fandène

Sérères wolofs Peulhs Bambaras

Source : S. Ndione (2007), modifiée

II-IV Configuration religieuse

On note essentiellement la présence de deux religions qui sont le Christianisme et l'Islam. La configuration religieuse est symétrique à la répartition ethnique. En effet, certains villages dans certaines parties sont exclusivement chrétiens. C'est le cas de ceux occupés par les Sérères None. Les exemples de Fandène, de Lalane ou de Ndiobène sont illustratifs. Il en est de même pour les villages occupés par les autres ethnies (Wolof, Peulh, Bambara) où on note une forte présence de l'Islam.

L'animisme est présent dans la zone mais elle n'est pas aussi structuré que les autres religions. On relève cependant des pratiques ancestrales qui peuvent lui être assimilées surtout dans la partie Nord-est et centrale où la présence des Sérères none est dominante. La raison en est que les missionnaires en arrivant sur place ont trouvé des villageois avec des pratiques animistes. Ces pratiques persistent jusqu'à aujourd'hui. C'est ainsi que « le paysan dans ses activités, agriculture, commerce, élevage recourt à des pratiques culturelles qu'il pense utiles pour réussir ce qu'il entreprend. » (Enda Graf Sahel, 1992)

II-V Les activités économiques

Les activités économiques pratiquées sans la zone sont surtout rurales et concernent essentiellement l'agriculture, l'élevage et l'artisanat.

II-V- 1 L'agriculture

Cette activité occupe une place prépondérante dans la communauté rurale. Elle revêt trois formes qui sont : l'agriculture sous pluie, le maraîchage et l'arboriculture.

II-V- 1-1 L'agriculture sous pluie

C'est une activité qui se pratique exclusivement pendant l'hivernage. Elle est généralement extensive. C'est-à dire qu'elle repose sur une exploitation assez simple voire rudimentaire de superficies plus ou moins grandes. L'outillage est très souvent rudimentaire et est constitué de houes, de hilaires et de semoirs. La main d'oeuvre est généralement familiale. On note aussi une faible utilisation des procédés scientifiques et techniques destinés à améliorer la fertilité des sols pour une augmentation de la productivité. Cette forme de culture est très sensible au contexte sahélien qui est marqué par une irrégularité et une mauvaise répartition des précipitations. Tous ces aspects font que les rendements sont souvent faibles, (tableau 4).

Tableau 4 la productivité des superficies emblavées de la communauté rurale de Fandène

Spéculations

Céréales

Niébé

Bissap

Manioc

Arachide

Productivités (T/Ha)

0,7

0,5

0,3

4

0,2

Source : Rapport du CERP 2006 de Pout, modifié

Cette activité connaît un certain nombre de problèmes qui constituent un obstacle à son développement. Il s'agit en l'occurrence de celui lié au déficit hydrique consécutif à la situation géographique de la zone. Ceci, conjugué à l'érosion des sols qui prend de plus en plus d'ampleur, fait que la production est généralement insuffisante et ne permet pas de satisfaire les besoins des populations. Ce qui justifie l'importance de l'exode rural.

L'essentiel de la production agricole est destinée à l'alimentation des populations. Si une parte est vendue, c'est pour régler des problèmes circonstanciels.

Les principaux types de spéculation sont : le mil, l'arachide, le niébé et le manioc.

La culture du mil occupe une place importante dans la zone avec 60% des superficies cultivées. Il a fini par devancer la culture arachidière qui n'occupe que 20% de celles-ci. Ceci est dû à la conjoncture internationale qui fait que la filière arachidière rencontre beaucoup de difficultés. Mais aussi, le problème d'accès aux semences et celle d'ordre climatique ont joué un grand rôle dans le recul de la filière.

Les autres cultures telles que le Niébé, le manioc, le bissap occupent le reste des superficies emblavées.

II-V-1-2 Le maraîchage

Le maraichage est une activité agricole qui dure toute l'année. Cependant, la saison sèche est la phase la plus dynamique. Elle est pratiquée au niveau de la communauté rurale dans les bas-fonds et dans les zones périurbaines (Touba Peycouck).

Dans les bas-fonds, la stagnation des eaux de ruissellement assure la recharge des nappes superficielles. Ceci, combiné à une dépression de quelques mètres fait que la nappe se situe à une faible profondeur (inférieure à 10 mètres). Ainsi, les exploitants auront la possibilité de creuser des "céanes" ou de plus en plus des puits pour trouver de l'eau destinée à l'arrosage. Le système d'irrigation est rudimentaire. Elle se fait à l'aide d'arrosoirs et de seaux, ce qui justifie la taille réduite des périmètres cultivés. L'exploitation est assurée par les populations des villages alentour. Le bas-fond (Diassab, Keur Saïb Ndoye, Ndiour...). Parfois aussi, les terres peuvent faire l'objet d'un prêt. Les principaux bénéficiaires sont les habitants des quartiers de la ville de Thiès contigus à la zone (Madina Fall) mais aussi des autres villages de la communauté rurale.

Outre les bas-fonds, le maraichage est pratiqué dans des périmètres villageois aménagés. Il s'agit par exemple de celui de Touba Peyckouk, de Keur Mor Ndiaye, de Ngoumsane). Ces périmètres maraîchers disposent généralement de forages motorisés qui assurent la fourniture d'eau servant à arroser les espaces aménagés.

Les principales cultures maraîchères sont :

> -Le jaxatu (Solanum aethiopum) : est cultivé durant toute l'année surtout dans la zone périurbaine.

> La tomate (Lycopercium exulentus) dont sa culture est plus marquée -pendant les périodes fraîches au niveau des bas-fonds de même que dans les villages proches des villes.

> l'aubergine (Solanum melongena) qui est cultivée toute l'année et partout dans la zone. > -Le piment, généralement cultivé en saison fraîche dans les bas-fonds ;

> le chou pommé aussi est cultivé durant la même période que le piment (décembre à Mars)

La production est vendue dans les marchés urbains. Contrairement aux récoltes de l'agriculture sous pluie, la consommation de ces productions est faible.

II-V-1-3 Arboriculture :

L'arboriculture est une activité qui consiste à planter des arbres, et essentiellement des arbres fruitiers. Elle se développe à côté du bas-fond où la nappe n'est pas très profonde. C'est ainsi que l'on relève l'importance de cette activité autour des deux bras constituant les affluents du bas-fond principal. L'un de ces bras est exploité par le village de Koundane où on note une forte présence de cette activité. L'autre, par les villages de Keur Mor, Keur Matar Aram et Keur Demba Ngoye, et Peyckouk Sérère.

Les principaux arbres cultivés sont le manguier, le rônier, et dans une moindre mesure l'anacardier. Ils suivent la logique de la répartition ethnique. C'est ainsi que la culture du rônier est beaucoup plus pratiquée par les Sérères alors que le manguier est surtout l'affaire des Wolofs.

> Le rônier (Borassus aethiopum) c'est un arbre cultivé en général par les Sérères none qui ont contribué à sa plus grande vulgarisation au niveau de la communauté rurale. En dehors des fruits récoltés, cette plante offre d'autres types d'applications. C'est ainsi que les

populations y obtiennent du vin mais aussi, avec les feuilles, arrivent à fabriquer des objets ménagers et artistiques (ballets, paniers...). Cet arbre offre aussi l'avantage de ne pas gêner les autres activités agricoles.

> Le manguier (Manguifera indica et l'anacardier (anacardium occidentale)

Ils sont plus cultivés par les Wolofs ; c'est ainsi que l'on note leur plus grande concentration dans les villages de Touba Peycouck, Keur Demba Ngoye Diakhaté, Keur Mor Ndiaye ...Ils ne sont pas aussi bien exploités que le rônier. Ceci est lié au fait que leur développement est en étroite relation avec la réduction des surfaces cultivables.

La production est vendue dans les marchés urbains surtout pour le manguier. S'agissant de l'anacardier, le produit est vendu au niveau local principalement sur la National III.

II-V-2 L'élevage

La communauté rurale de Fandène constitue une zone de forte production animale surtout dans le domaine de l'élevage des ruminants et de plus en plus dans le secteur avicole. C'est «Une activité relativement importante dans la Communauté Rurale de Fandène où elle concerne environ 90% des ménages. » (Ismaël Ndjewe Ndomba, 2006).

La communauté rurale, du fait de la pression foncière, ne dispose pas d'assez de zones de pâturage pour satisfaire les troupeaux. Cette situation favorise le développement de l'élevage semi-intensif et la transhumance. D'après les enquêtes menées, la plus importante zone de pâturage est le Gol qui est une interface entre la partie nord-est et centrale. Ainsi l'élevage des ruminants est très développé dans la partie nord-est de la zone, dans le territoire du Foutagol et au centre.

Après la dernière campagne de vaccination, l'effectif des bovins était estimé à plus de 500 têtes. Le nombre des petits ruminants (ovins et caprins) n'est pas déterminé avec exactitude mais il est généralement de loin supérieur à celui des grands ruminants. La partie Ouest représente aussi une zone où l'élevage est important. Ceci est lié à la forte présence des peulhs. Les troupeaux s'abreuvent dans les mares qui retiennent l'eau jusque des semaines après l'hivernage. Mais aussi à travers les bornes fontaines installées dans les villages ou tout simplement au niveau des puits.

La filière avicole prend de plus en plus d'ampleur surtout dans les zones périurbaines. Il est difficile de faire une bonne estimation du nombre de sujets concernés. Ceci est lié à son développement plus ou moins récent dans la communauté rurale.

II-V-3 L'artisanat

C'est une activité importante dans l'économie da la zone et qui est en étroite relation avec le développement de l'arboriculture. Cependant, ce développement de l'activité artisanale est plutôt localisé dans les zones centre et nord où l'on note la plus grande concentration des Sérères none qui sont très versés dans la plantation du rônier (Borassus aethipum) depuis plus d'un siècle. En effet, c'est une activité qui tire presque exclusivement sa matière première dans les sous-produits de cette espèce. Par conséquent, l'artisanat est une activité exercée la plupart du temps dans les villages Sérères.

> Dans la zone nord-est on a Lalane et Ndiobène. Mais il y a une particularité pour ces deux villages. En effet, selon les populations, celui de Ndiobène était spécialisé dans les activités de menuiserie à base de sous-produits du rônier (tables, lits, chaises...) et Lalane s'occupait du tissage et de la vannerie (paniers, nattes, ustensiles...). A noter aussi que cette distinction a tendance à disparaître. De plus en plus, toutes les formes d'exploitation du rônier sont faites dans les deux villages.

> Dans la partie centrale, on a les villages de Mbayène et de Thiatié qui développent bien cette activité. Cependant, dans les autres villages Sérères enquêtés, même si l'artisanat n'est pas très développé, chaque ménage le pratique, mais il n'a pas une aussi grande ampleur (Koussoune, Ndiamdiorokh, Diayane).

> Pour les villages Wolofs situés surtout au sud, l'activité artisanale se résume à la confection de paniers "damba" (avec les feuilles de rônier) servant au transport des produits de l'arboriculture. Les villages de Keur Demba Ngoye Diakhaté et de Keur Mor Ndiaye sont réputés pour cette activité.

Cette partie a permis d'avoir une vision claire des aspects physiques de la communauté rurale notamment le fonctionnement climatique, les types de sol et l'hydrographie. Elle nous a en outre donné l'occasion de voir que la localité a une population bien structurée avec une composition ethnique et une configuration religieuse variées. On note aussi que les populations mènent des activités essentiellement rurales. Toutefois, ce développement des activités rurales est étroitement lié à la présence d'importantes potentialités naturelles.

Ressources naturelles et

dégradation

2ème Partie

Chapitre I : Ressources naturelles et exploitation

Cette partie constitue une occasion d'avoir un aperçu beaucoup plus global des ressources naturelles disponibles dans la zone, mais aussi leur utilisation par les populations. C'est aussi une occasion d'évaluer l'ampleur de la dégradation dont ces ressources naturelles sont victimes. Mais aussi, les différents facteurs qui sont à l'origine de ce phénomène de dégradation.

Il s'agit ici dans ce chapitre d'énumérer les principales ressources naturelles disponibles dans la communauté rurale de Fandène, mais aussi leur mise en valeur par les populations locales.

I-I Les ressources en eau

Il s'agit ici d'évaluer la disponibilité des eaux de surface et souterraines.

I-I-1 Les eaux de surface

Leur existence est étroitement liée à la présence du Plateau de Thiès. Le Plateau de Thiès est considéré comme un ensemble éco-systémique d'environ 4000 km2 couvrant 17 collectivités locales dans la région de Dakar et de Thiès (Enda Graim, 2006). D'après le même article, au centre de cet ensemble s'étire sur plus de 30 km une crête culminant à 130 mètres. Ainsi, cet espace qui est considéré comme le point le plus élevé de cette zone exerce une influence directe sur l'environnement de trois bassins versants dont celui du Sine Saloum qui abrite la communauté rurale de Fandène. En effet, le bassin versant occupe un grand espace. Selon Desthieux (2000), « le tracé sur une carte de 1/50000ème donne une superficie de 260 km2 pour un périmètre de 67 km ». Comme il a était dit ci-dessus, ce bassin englobe la communauté rurale ce qui fait de la zone un grand réservoir de réception des eaux de ruissellement.

Photo 1 Mare semi permanente dans le Gol du côté de Mbayène

En effet, l'existence de ce bassin versant fait que les eaux de ruissellement empruntent des défluents qui assurent leur canalisation jusqu'au niveau du bas-fond situé dans le centre(Fandène). Dans cette partie, les eaux de ruissellement sont stockées et elles peuvent rester des semaines après l'hivernage avant leur tarissement. C'est ainsi que les eaux de ruissellement stagnent dans les tronçons des bas-fonds situés l'un entre Diassab et Ndiour et l'autre de Thialé jusqu'au-delà des limites de la communauté rurale. Il en est de même de l'étang temporaire situé à côté du village de Mbayène Peulh (photo 1).

De plus, l'écoulement imposé par la topographie permet de faire des aménagements. La retenue de Keur Saïb Ndoye est un exemple illustratif. En effet, cet ouvrage est réalisé à environ deux kilomètres de la route de Saint-Louis et permet d'avoir une mare temporaire qui peut demeurer quelques mois après l'hivernage. Il est important de préciser que cette retenue est construite dans les années 1990. Elle est à cheval entre les villages de Keur Saïb Ndoye, Diassab, Ndiour, Keur Mamarame, Keur Lika qui en assurent l'exploitation. Ces trois derniers villages font partie de la communauté rurale tandis que les deux autres sont de la commune de Thiès.

Photo 2 Retenue de Keur Saïb Ndoye

La mare située du côté de Mbayène (photo 2) permet aux populations de cette partie de pratiquer le maraîchage. En effet, elle peut demeurer près de quatre mois durant la saison sèche permettant l'irrigation des parcelles de piments pour la plupart. De même, la retenue de Keur Saïb Ndoye permet à l'eau de stagner pendant quelques mois après l'hivernage. Cela a rendu possible un grand développement de l'activité maraîchère pour les villages environnants. Les villages de la communauté rurale de Fandène participant à l'exploitation de la retenue sont : Keur Mamarame, Keur Lika et Ndiour.

Photo 3 Pratique du maraîchage dans la retenue de Keur Saïb Ndoye

I-I-2 Les eaux souterraines

Elles représentent la potentialité hydrique contenue dans les nappes. Ces nappes qui intéressent principalement la communauté rurale sont le Maestrichtien, le Paléocène, l'Eocène et le Continental Terminal. En effet, comme le montre les travaux de Desthieux (2000), les nappes citées ci-dessus recouvrent intégralement la zone d'étude.

> Le Maestrichtien :

Il couvre les 4/5ème du Sénégal et peut fournir des débits ponctuels de 150 à 200 m3/h. Avec une capacité de 500.000 m3/j, elle est exploitée en milieu rurale avec des forages qui font parfois plus de 400 m de profondeur (CSE, 2005).

> L'Eocène correspond à la couche marno-calcaire. Elle est caractérisée par des réservoirs multiples dont les principaux sont liés à des phénomènes de karstification des calcaires. De plus, elle est marquée par une productivité conséquente et la qualité chimique de l'eau est assez bonne à l'exception des zones de Mbour, Diourbel et Mbacké où on observe des quantités de sel importantes (Slaymaker et Blench, 2000)

> Le Paléocène

Le Paléocène est partie intégrante du système aquifère intermédiaire. Il est relativement profond par rapport au continental terminal. Sa potentialité est de 68.000 m3/jour (CSE, 2005).

> Les aquifères superficiels (le CT)

Le Continental terminal fait partie du système aquifère superficiel et occupe les parties sud et Est du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien. Sa profondeur est très variable. Elle peut être de moins d'une dizaine de mètres au bord des marigots ou précisément là où les eaux stagnent longtemps, correspondant à des zone basses. Par contre, dans les parties où l'altitude est plus élevée, sous les plateaux avec plus de 40m de haut, cette profondeur peut atteindre 100 m. Elle a un potentiel estimé à 450.000 m3/jour (CSE, 2005).

De manière générale, au niveau de la communauté rurale de Fandène, la nappe est peu profonde, surtout dans la partie centrale. La présence du bas-fond en ce lieu peut expliquer ce fait. Mais ce niveau varie selon que l'on est proche ou loin du bas-fond ou des vallées qui constituent ses défluents.

Tableau 5 Niveau de la nappe dans les différents villages enquêtés

Villages

Zones

Niveau de la nappe

Bas-fond

Haute terre

Koussoune

Centre

8-10m

15m et +

Ndiamdirokh

Centre

10-12m

15m et +

Diayane

Centre

7-10m

+ de 15m

Mbayène

Centre

-

12-15m

Lalane

Nord-est

-

20-30m

Keur Mamarame

Nord-est

10-12m

20-15m

Keur Mory Mbaye

Nord-est

8-11m

12-16m

Same Ndiaye

Nord-est

-

15-20m

Touba Peycouck

Sud

-

14-15m

Tawa Fall

Sud

8-9m

13m et+

Keur Demba Ngoye Diakhaté

Sud

-

+ de 25m

Keur Mor Ndiaye

Sud

10-11m

15-20m

Source : Enquêtes de Ba, Y.

I-3 L'exploitation des ressources en eaux

Les eaux souterraines constituent une potentialité naturelle soumise à plusieurs formes d'exploitation. Il s'agit généralement de l'exploitation traditionnelle qui concerne les aquifères les moins profonds et l'exploitation moderne qui s'intéresse aux aquifères plus profonds.

I-I-3-1 L'exploitation traditionnelle :

En fait, le niveau relativement peu profond des nappes dans la communauté rurale de Fandène et surtout au niveau du bas-fond (tableau 5) offre des possibilités d'exploitation énormes. Ainsi, le continental terminal joue un rôle très important dans la localité. Dans la plupart des villages ne disposant pas de forage ou de bornes fontaines, l'approvisionnement se fait à travers les puits. D'après Desthieux (2000) « l'ensemble des puits de la zone d'étude prélève sur le continental terminal ». Ainsi, il est primordial car permettant à un frange importante de la population de satisfaire leurs besoins en eau.

En outre, ce niveau de la nappe permet aux populations de creuser des puits de diamètre plus ou moins grand. Elles peuvent ainsi trouver de l'eau à de faibles profondeurs pour l'irrigation des champs (Koussoune, Diayane). Le mode d'exploitation est basé sur « Un système d'exhaure non motorisé (puisettes et/ou des pompes mues par la traction animale et l'énergie humaine). C'est [un] système [assez] répandu et on le retrouve pratiquement dans

toutes les régions où des nappes peu profondes sont exploitées à l'aide de puits filtrants à grand diamètre construits par des artisans locaux. » Sow Mamadou A. (1998)

Mais, de plus en plus, des puits cimentés de coûts d'environ 200.000 f CFA sont réalisés par les populations pour une plus grande solidité des ouvrages. En effet, les "céanes" présentent un certain nombre de problèmes. En saison sèche, le niveau des nappes baisse ; par conséquent, il faut procéder à l'excavation continuelle de ces "céanes". Ce qui constitue un travail éprouvant. De même, avec le remplissage par les sables charriés par les eaux de ruissellement, l'ouvrage nécessite un curage au début de chaque campagne maraîchère. Mais aussi, la surface occupée par ces "céanes" est relativement important (environ cinq mètres de diamètre) alors que les champs destinés à l'activité de maraîchage sont généralement de petite taille.

Les "céane" sont exclusivement réservés aux maraîchages et ne sont réalisés que dans les zones où la nappe est vraiment peu profonde. C'est pourquoi ces ouvrages sont beaucoup plus répandus dans les villages qui se trouvent tout au tour du bas-fond comme Diayane.

I-I-3-2 l'exploitation de type moderne

L'exploitation moderne se fait à travers des forages qui alimentent des réservoirs tampon en béton armé en élévation sur plus d'une dizaine de mètres (photo 4).

Photo 4 Le forage de Touba Peycouck
37

Ces forages sont au nombre de quatre dans la localité et captent les aquifères les plus profonds. Leur rôle principal est d'assurer la fourniture en eau potable aux populations. Toutefois, trois des quatre forages (celui de Touba Peycouck, keur Mor Ndiaye et de Tawa Fall) assurent l'irrigation des périmètres maraîchers de ces villages. Ces quatre ouvrages sont :

> le forage de Touba Peycouck

Il a été financé à l'origine par une ONG Suisse et l'installation était assurée par Caritas. Le réservoir était alors d'une capacité de 19 m3. Mais, avec la croissance démographique, un autre réservoir de 100 m3 a été construit en 2000 avec la coopération Sénégalo-japonaise. Le forage, avec une profondeur de 171 mètres, capte le Paléocène. Il fonctionne à l'énergie électrique et a un débit d'exploitation de 25 m3/h. En plus du village de Touba Peycouck, il assure l'alimentation d'un périmètre maraîcher de 9,5 hectares et deux autres villages de la communauté rurale (Lélo et Koundane).

> Le forage de Tawa Fall

C'est un forage de 186 m de profondeur captant la couche marno-calcaire (Eocène). Le niveau statique est 69,02 m avec un débit d'exploitation de 45 m3/h et un réservoir d'une capacité de 100 m3. Le fonctionnement est assuré par un groupe électrogène. Il est financé par le POGVII en 2005. Ce forage desserve d'autres villages de la communauté rurale (Keur Simbara, Keur Daouda Cissé, Léona Thiaw, Keur Sarra Badiane) et un village de la communauté rurale de Jobass (Keur Ibra Fall).

> Le forage de Koussoune

Il a fini d'être équipé en 2000 ; c'est un projet qui a été piloté à la fois par BFP et Caritas. Il a un débit d'exploitation de 30 m3/h et le niveau statique est à 90 m. il puise sur le Paléocène et assure la fourniture en eau de neuf villages qui sont : Koussoune, Ki Thiaw Thiaw, Ki Yoba, Mbayène, Diayane, Keur Ndiour, Keur Lika, Fouth, Diamdiorokh.

> Le forage de Keur Mor Ndiaye

C'est une infrastructure réalisée en 2007 par le POGVII. Ce forage, avec une profondeur de 152 m capte la couche marno-calcaire correspondant à l'Eocène. Il a un débit d'exploitation de 23m3/h et un réservoir d'une capacité de 100m3. Il assure la fourniture en

eau des trois villages que sont : Keur Mor, Keur Matar Ararame, Mbambara Keur Karamokho.

La communauté rurale de Fandène est bien fournie en ressources hydriques. Celles-ci font l'objet d'une exploitation particulière à traves le maraîchage mais aussi la consommation par les populations. Cependant, on voit que pour les eaux souterraines, seuls le Paléocène, l'Eocène et le Continental Terminal sont exploités. Ces nappes sont relativement plus accessibles.

I-II Les ressources pédologiques

Le sol résulte de l'association d'une fraction minérale issue de l'altération des roches et d'une fraction organique assurée par la couverture végétale. Il a des fonctions multiples qui sont :

Des fonctions biologiques ;

Des fonctions alimentaires ;

Des fonctions d'échanges et de filtres ;

Des fonctions de matériaux et de supports. (Ruellan, 1994)

Il constitue donc une ressource naturelle renouvelable essentielle aux hommes qui peuvent en faire des usages multiples. Ceci pousse Ruellan (1994) à dire qu' « il n'y a pas de développement des sociétés sans utilisation des terres. ».

Ainsi, la communauté rurale de Fandène a des potentialités énormes en matière de ressources pédologiques. Ces terres sont exploitées par des populations qui les ont acquises par des droits coutumiers bien avant l'entrée en vigueur de la loi de 1964 sur le Domaine National. Mais avec cette loi, la propriété familiale n'a plus de statut légal. Toutefois, la persistance de la coutume fait que la propriété familiale est tacitement tolérée par les autorités étatiques.

De manière générale, trois types de sols qui offrent de réelles possibilités surtout en matière d'agriculture.

> Les sols Deck

Ces terres se localisent au centre et plus particulièrement dans le bas-fond. Ce sont des sols fertiles et faciles à travailler eu égard à leur richesse en bases échangeables et leur texture

relativement équilibrée. La nappe étant peu profonde en cet endroit, ils sont très recherchés par les populations surtout pour les activités maraîchères. En effet, elles se localisent dans le bas-fond. Ainsi, comme il a été signalé ci-dessus, la fertilité de ces sols conjuguée à la nappe presque affleurant (5-10m) permet un grand développement de cette culture dans cette partie.

> Les sols Deck-Dior

Ils occupent les zones qui auréolent le bas-fond principal et les bas-fonds secondaires. Mais aussi, leur présence est beaucoup plus marquée au Nord-est. C'est un mélange de sol Deck et de sol Dior qui résulte du ruissellement partant des terres hautes vers les zones basses. Ils sont favorables au développement de l'arboriculture fruitière.

Au niveau de ces sols, la nappe est plus profonde et l'importante portion de sable qu'ils contiennent fait que l'activité maraîchère n'est pas très développée. Les populations se tournent alors vers l'arboriculture fruitière d'où l'importance des plantations de manguiers.

Il importe de noter du reste que le maraîchage et l'arboriculture sont en passe de devenir les principales formes de cultures dans la zone grâce aux importants revenus qu'ils procurent aux populations locales

> Les sols Dior

Ils occupent la plus grande partie de la communauté rurale surtout dans la partie sue et sont pauvres en matière organique et en bases échangeables.

Ils sont en effet caractérisés par une extrême pauvreté et la nappe est généralement profonde. Par conséquent, ils ne sont pas très favorables au développement de l'activité maraîchère et de l'arboriculture fruitière. Mais, malgré cela, ils accueillent la plus grande partie des cultures arachidières, céréalières et de manioc.

I-III Les ressources végétales

La communauté rurale de Fandène a d'énormes potentialités en termes de ressources végétales qui d'une part contribuent à l'amélioration des conditions environnementales et d'autre part à créer des conditions d'épanouissement économique pour les populations qui en assurent l'exploitation. Ces ressources sont nombreuses et parmi les plus importantes, on peut citer :

> Le rônier (Borassus aethiopum) qui est une espèce plantée et qui a fini par occuper une place importante dans le paysage de la localité. Sa présence est plus marquée dans la partie centrale et nord-est où les Sérères none dominent.

C'est une espèce dont l'exploitation joue un rôle primordial dans le fonctionnement économique de la communauté rurale de Fandène notamment dans la zone centre et nord. En effet, toutes les parties de la plante sont utilisées par les populations1 et surtout pour les besoins artisanaux. Elle apporte des revenus économiques considérables qui contribuent à pallier l'insuffisance des rendements agricoles.

> Le manguier, qui est aussi planté ; il vient après le rônier en terme de représentativité. Sa présence est notée partout à travers la zone mais surtout dans les parties proches du bas-fond principal et des bas-fonds affluents.

Bien qu'il ne soit pas plus important que le rônier en termes de mise en valeur, le manguier connaît une exploitation plus partagée par les trois zones. Cette exploitation se fait à travers les fruits qui servent à la consommation locale mais aussi à la vente au niveau des marchés urbains.

Le baobab (Adansonia digitata) est une espèce qui a une longue présence dans la collectivité locale. Avant l'accentuation des phénomènes de dégradation, il était caractérisé par une forte population.

C'est un arbre qui connaît une grande exploitation. En effet, les feuilles sont cueillies et séchées. Après les avoir moulues, les femmes utilisent la poudre pour l'amélioration de la préparation du couscous et/ou pour la commercialisation dans les marchés urbains de Thiès ou dans les marchés hebdomadaires (les "loumas") comme Touba Toul. Les fruits aussi sont récoltés et vendus dans les mêmes lieux.

Le tamarinier (Tamarindus indica) a suivi la même évolution que celle du baobab. Malgré son importance, il ne subsiste que quelques individus localisés particulièrement dans la zone centre et dans une moindre mesure la partie sud.

Avec cette espèce, la mise en valeur est plus tournée vers la récolte des fruits. Signalons aussi que ses rameaux sont coupés et transformés en cure-dents ; produits commercialisés dans les marchés cités ci-dessus.

1 Cf. Annexe 3

Le Combretum micranthum (séxaw) aussi ; bien que sa population soit très entamée, il est très présent et est partie intégrante du paysage surtout dans le Gol.

C'est les feuilles qui sont récoltées généralement par les femmes. Une partie est utilisée pour la préparation du petit-déjeuner et l'autre est destinée à la commercialisation.

Il importe de noter que la liste est loin d'être exhaustive. Beaucoup d'espèces répertoriées dans la localité comme l'Eucalyptus, le jujubier (Zysufus mautiana) font aussi l'objet d'une exploitation.

On le voit bien, la communauté rurale de Fandène a de grands atouts par rapport aux ressources végétales. Toutefois, ces ressources végétales sont sujettes à plusieurs types d'exploitations générant des revenus essentiels à la survie des populations.

En définitive, la communauté rurale de Fandène possède d'énormes potentialités naturelles. Ces ressources naturelles sont exploitées par les populations locales. Ce qui permet d'assurer plus ou moins une assise économique nécessaire à leur bien-être. Toutefois, cette exploitation des ressources naturelles peut, si elle n'est pas rationnelle, contribuer à accentuer les phénomènes de dégradation.

Chapitre II : Dégradation des ressources naturelles

Les ressources naturelles jouent un rôle de premier ordre dans le fonctionnement économique de la communauté rurale de Fandène. Ainsi, cette exploitation des ressources naturelles conjuguée à des facteurs physiques va être à l'origine de phénomènes de dégradation.

II-I Les ressources hydriques

Les ressources hydriques sont sujettes à plusieurs formes de dégradation. Ces phénomènes de dégradation sont dus à des facteurs.

II-I-1 Les facteurs de la dégradation

Ces facteurs sont d'ordre physique mais aussi anthropique.

II-I-1-1 Facteurs physiques

La recharge des aquifères est assurée par une bonne pluviométrie qui garantie l'écoulement dans les bas-fonds et par conséquent une bonne infiltration. Or, la communauté rurale de Fandène, comme toutes les autres localités du domaine sahélien, a traversé une longue période caractérisée par un grand déficit pluviométrique2. Ceci est en phase avec les propos de M. Abdoulaye Faye professeur en hydrologie à l'UCAD cité par Desthieux (2000). Selon lui, « L'abaissement du niveau statique de ces dernières années est lié à la sécheresse et non pas à la surconsommation » et il ajoute que « ceci devra être confirmé par des études de recharge de la nappe ». Cela nous permet de comprendre au moins que le facteur de la baisse des nappes est moins fonction de son exploitation par les populations que le résultat d'une baisse généralisée de la pluviométrie. Cette baisse des précipitations va induire une réduction de l'écoulement, ce qui favorise l'ensablement des marigots et des bas-fonds.

En fait, avec le déficit pluviométrique, la quantité d'eau mobilisée pour l'écoulement au niveau des bas-fonds est faible. Or le charriage des particules et de sable issues des sols Dior depuis des terres hautes est permanent. Ainsi, si l'écoulement n'est pas assez fort pour emporter ces particules qui se déposent, elles finissent par s'y accumuler. Cette accumulation constitue un blocage à la stagnation des eaux dans les marigots mais aussi réduit la capacité d'infiltration.

2 Cf. pp. 17-19

II-I-1-2 Facteurs anthropiques

Les facteurs anthropiques se lisent à travers les ouvrages réalisés et qui ont conduit à la diminution de l'écoulement et la stagnation des eaux dans les bas-fonds. La retenue de Keur Saïb Ndoye est un exemple pertinent. En effet, son installation a permis d'avoir une mare temporaire mais aussi a entrainé du même coup une diminution d'une grande partie du ruissellement qui alimentait le bas-fond de Fandène.

De plus, concernant le rabattement de la nappe au niveau des puits, dans la plupart des cas, le facteur technique (Desthieux, 2000) est mis en cause. En effet, lors du creusement, un puits bien conçu doit être busé (les parois sont stabilisées en profondeur jusqu'à la nappe par du ciment ou des blocs de pierre) pour éviter un ensablement. Ainsi, beaucoup de villages étant dans l'incapacité de financer de tels ouvrages, les puits réalisés ont tendance à sécher.

II-I-2 La dégradation des ressources hydriques

Cette dégradation se voit à travers la baisse des nappes mais aussi l'ensablement des bas-fonds et des marigots.

II-I-2-1 La baisse des nappes

En fait, les enquêtes que nous avons menées ont montré qu'il y a effectivement une relative baisse du niveau de la nappe. Les populations interrogées prennent repère sur les premiers puits qui ont été creusés dans les villages mais aussi les "céanes" pour quantifier cette baisse. Ainsi, dans les villages cités ci-dessous, les populations ont pu avoir des repères pour quantifier cette baisse des nappes. Pour les autres villages, cette baisse a bien été notée mais les personnes enquêtées n'ont pas donné de repères.

> Keur Mor Ndiaye, qui a eu son premier puits en 1962 avec 5-6m mais qui est actuellement à plus de 15m.

> Touba Peycouck qui a obtenu un puits de 6m en 1968 et qui est maintenant entre 14-15m. > Diayane avec une profondeur comprise entre 2 et 3m pour les "céanes" en 1976 et qui est

descendue jusqu'à 7-10m. par ailleurs, le puits du village était à 9m en 1974 contre 13 à

14m aujourd'hui.

> Mbayène dont le puits du village qui avait une profondeur de 8m en 1975 dépasse les 15 m maintenant.

II-I-2-2 L'ensablement

C'est un phénomène assez répandu et qui a atteint le bas-fond principal et les tronçons de bas-fond. Au niveau du tronçon qui traverse la zone sud, l'ampleur du phénomène a fait que la profondeur de la vallée a drastiquement diminué selon le témoignage des populations. Cela a occasionné la disparition du marigot presque permanente du côté de Keur Demba Ngoye Diakhaté. D'après ces populations, la disparition remonte dans les années 1980, de l'arrêt définitif des activités maraîchères dont l'irrigation était assurée par l'eau de la vallée et surtout d'un. Ainsi d'après le témoignage des populations, ce marigot a disparu et avec lui le maraîchage.

De même, au niveau du bas-fond principal, on note des problèmes similaires. Là aussi, le phénomène d'ensablement est important. Comme il est déjà expliqué, sa position fait qu'il est le réceptacle des eaux de ruissellement qui charrient en même temps les particules de sable. Il est beaucoup plus accentué du côté de Diamdiorokh, à Diayane et dans une moindre mesure à Koussoune.

II-I-3 Impact de la dégradation

La dégradation des ressources hydriques et particulièrement la baisse des nappes fait que beaucoup de puits tarissent en cours de saison sèche (mai, juin). Ainsi, les villageois sont confrontés durant cette période à des problèmes d'approvisionnement en eau. Il en est ainsi à Keur Mamarame, Keur Mory Mbaye, Same Ndiaye. Il faut noter que ces villages sont alimentés par le canal du lac de Guère. Mais, chaque village ne dispose que d'une seule borne fontaine qui est loin de satisfaire la population sans cesse croissante. Elle se tourne alors vers les puits qui finissent par subir la même pression.

De plus, le phénomène d'ensablement réduit la capacité de rétention des eaux. Cette situation a conduit à l'assèchement de beaucoup de mares et marigots qui ne peuvent plus garder l'eau jusqu'à un mois dans la saison sèche réduisant ainsi la disponibilité des eaux de surface. On peut citer l'exemple du marigot de Keur Demba Ngoye Diakhaté, de Tawa Fall. Mais aussi beaucoup dans la zone centre comme le marigot Kondiassi à Keur Ndiour (qui veut dire : qui est là 12mois/12mois) qui s'est asséché, et Maha du côté de Mbayène qui était quasi permanent et qui ne fait plus qu'environ quatre mois dans la saison sèche.

Ces phénomènes de dégradation ont eu une influence négative sur l'activité des populations et surtout le maraîchage. En effet, l'apport du sable au niveau du bas-fond fait que les sols Deck qui sont très favorables à l'activité maraîchère évoluent lentement en Deck-Dior. Or ce sol est défavorable à ce type de culture. L'ensablement est plus marqué vers le village de Niamdiorokh où tous les ménages enquêtés ont abandonné cette activité et, dans une moindre mesure, celui de Koussoune.

II-II Les terres agricoles

Le sol est une ressource naturelle essentielle aux hommes surtout aux sociétés rurales. Elles en font plusieurs usages dont les plus importants sont l'agriculture et la foresterie. Ces deux activités occupent une place centrale dans la Communauté Rurale de Fandène. Ce qui veut dire que le sol est une ressource essentielle dans le développement économique de la zone.

Cependant, suite à leur mise en valeur, ces sols sont gravement modifiés. Ceci favorise l'apparition de phénomènes de dégradation tels que l'appauvrissement en matière organique qui conduit à un tassement superficiel et l'érosion. Toutes ces formes de dégradation débouchent sur la baisse de la fertilité.

II-II-1 Les causes de la dégradation

La dégradation des sols dans la communauté rurale de Fandène est due à des facteurs multiples. Cependant, le système d'exploitation et la pression sur les terres sont les plus mis en cause. Ils sont responsables de la baisse du taux de matière organique contenues dans le sol, ce qui conduit à un tassement superficiel. Cette forme de dégradation facilite l'action des facteurs physiques tels que l'érosion.

II-1-1 Les causes physiques

II-1-1-1 L'érosion

« L'érosion est un phénomène naturel compensé par la formation de sols » (Lamy, 2001). En effet, le sol se forme naturellement à partir de l'altération de la roche mère. « C'est grâce à un bon équilibre entre la formation du sol, à partir de la roche, et l'érosion que de nombreux sols du monde ne s'épaississent pas trop » (Ruellan, 1994). Autrement dit, puisque les sols se forment continuellement, pour garder un équilibre, il faut

que les horizons supérieurs soient érodés. En effet, les sols épais sont généralement pauvres d'un point de vue chimique. « Il y a dégradation quand l'érosion va plus vite que la formation du sol à partir de la roche (le sol perd ses couches superficielles les plus fertiles et s'amincit) ou quand les propriétés biologiques et physico-chimiques des sols, utilisées par les besoins des hommes, n'ont plus le temps de se renouveler naturellement ou ne sont pas renouvelées artificiellement par l'homme : les sols s'épuisent ». (Ruellan, 1994). Autrement dit, ce phénomène érosif devient dangereux quand il est plus important que l'épaississement du sol et la reconstitution des horizons organiques et biologiques de surface.

Cette érosion est en étroite relation avec la diminution de la couverture végétale. En effet, comme il a été déjà expliqué, le paysage de la Communauté Rurale de Fandène a connu de très fortes modifications au fil du temps. La diminution de la végétation et le tassement des sols sont les corollaires de ces modifications. Ainsi l'érosion agit de manière beaucoup plus rapide et efficace sur ces terres dénudées et qui ont subi un tassement superficiel.

En fait, dans la zone sahélienne, le ruissellement joue un rôle important dans ce processus d'érosion. La pluviométrie qui est comprise entre 400mm et 500mm est faible (relativement) mais « La fréquence et l'intensité des pluies lui confèrent un effet érosif important » (Enda Graf, 1992). Ces pluies, souvent intenses en tombant sur le sol, désagrègent les particules et les projettent assez loin. L'entraînement des matériaux désagrégés est assuré par le ruissellement. De même, «Lorsque les précipitations sont très intenses, le débit de la pluie par unité de surface devient supérieur à la capacité d'infiltration de la terre ; il se constitue alors à la surface une nappe d'eau plus ou moins épaisse qui va s'écouler vers l'affluent le plus voisin. » Fournier Frédéric et Hénin Stéphane, (2008).

Cette érosion en nappe est responsable de l'emportement des particules fines et les substances nutritives nécessaires à la bonne fertilité des sols. Cette forme d'érosion est aussi responsable de la couleur des sols, qui est blanchâtre au niveau des zones proches des bas-fonds, situées sur les terres hautes. On les rencontre dans le Nord-est entre Keur Mamarame et Sam Ndiaye et le village de Thialé. Mais aussi dans toutes les zones où passent le bas-fond et ses affluents. (Ces zones étant caractérisées par des pentes douces et peu boisées).

Au niveau des bas-fonds, l'érosion se manifeste « sous forme de croûte de battance » (Desthieux, 2000). En effet, ces parties sont caractérisées par des sols sablo-limoneux, pauvres en matière organique et argile. Après, les fortes pluies de l'hivernage provoquent une désagrégation des particules du sol. Cette déstructuration se produit avec une ségrégation des

particules. Les éléments les plus grossiers se trouvant en bas et les plus fines en surface. Ceux-ci colmatent les pores. Ils forment ainsi une couche cimentée d'une cohésion très forte, perturbant énormément la porosité du sol. Cela rend très difficile l'exploitation agricole dans cette partie et, en outre, accélère les actions de l'érosion éolienne et hydrique du fait de l'imperméabilité du sol.

L'érosion éolienne aussi est un facteur non négligeable eu égard à l'importance de la vitesse du vent. En effet, l'harmattan avec une forte composante Est souffle de janvier à avril avec des vitesses atteignant plus de 17 km/h (voir tableau n°1) sur des terres dépourvues de l'essentiel de la protection végétale. Ainsi l'essentiel de la partie arable des terres est emporté par le vannage.

II-II-1-2 L'ingérence anthropiques

II-II- 1-2-1 Le système d'exploitation des terres II-II- 1-2-1-1 Bouleversement du système traditionnel

En fait, avec ce système, la gestion coutumière du foncier prévalait. Les terres étaient gérées par le chef de carré. En ce temps, « C'était le ndiel (champ collectif) qu'on connaissait. Tout le carré sans exception se rencontrait dans un seul champ et travaillait. Ceci se faisait en hivernage. C'est le chef de carré qui gérait directement ses greniers. » (Enda Graf Sahel, 1992). C'est dire qu'il n'y avait pas de pression sur les sols. Les populations se contentaient de peu pour vivre. L'argent des récoltes permettait essentiellement d'acheter des vaches pour accroître le cheptel. Ce cheptel était laissé dans les champs en saison sèche. Ce qui assurait une fertilisation de ces terres. Mais, d'après le témoignage des populations recueilli par Enda Graf Sahel (1992), «C'est la loi sur le domaine national qui a tout bousculé. Peut-être qu'elle est venue pour faire du bien mais elle a eu comme effet qu'un chef de carré ne peut plus gérer sa terre comme avant ».

Ainsi, cette loi a rompu le travail collectif et a poussé les populations à se partager les terres. Dès lors, pour satisfaire ses besoins individuels, le paysan est obligé de travailler la terre même si celle-ci est fatiguée. Dans le même temps, avec la scolarisation des enfants, les vaches dont ils s'occupaient sont confiées aux peulhs, et la fertilisation des champs par les animaux ne se fait plus.

Ce bouleversement du système traditionnel est un facteur explicatif de la baisse de la fertilité. Mais il est aussi responsable des méthodes actuelles de mise en valeur agricole qui contribuent beaucoup à la dégradation des sols.

II-II- 1-2-1-2 Les méthodes de culture :

L'exploitation agricole joue un grand rôle dans la dégradation des ressources pédologiques. Beaucoup de personnes interrogées soutiennent que le mode de mise en valeur actuelle des sols basé sur l'utilisation des machines telles que les semoirs, houes occidentales... est un facteur non négligeable de la dégradation des sols. En effet, pour que leurs actions de sarclage ou semis soient efficaces, il faut bien défricher le champ. Il faut veiller à ce qu'il n'ait aucun obstacle qui puisse gêner. De ce fait, la couverture ligneuse est enlevée complètement, de même que les mauvaises herbes qui doivent en se décomposant servir d'humus. De plus, les principales spéculations sont le mil, l'arachide et le niébé. Ces cultures sont saisonnières et après les récoltes, tout est enlevé. Pour le mil, les tiges serviront à l'entretient des concessions; les feuilles d'arachide et de niébé seront données en fourrage au bétail. Ainsi il reste un champ dénudé, dépourvu de matière organique.

II-II- 1-2-1-3 L'abus de la monoculture

La monoculture est la culture unique ou largement prépondérante d'une espèce unique. Elle est aussi un facteur important de la de la dégradation des sols. En effet, avec le bouleversement du système traditionnel, les populations ont abandonné les cultures vivrières au profit des cultures de rente et surtout l'arachide. Mais, avec la conjoncture internationale, la filière arachidière a connu beaucoup de problèmes dans les années 1980. En conséquence, les paysans se sont tournés vers la culture du manioc. Ceci concorde avec l'affirmation des populations interrogées qui soutiennent qu'avec la crise de l'arachide, elles ont adopté le manioc. Parce que permettant aux populations rurales de disposer de revenus substantiels servant à subvenir à leurs besoins, le manioc est mis en culture de manière continue parfois sur une durée de 7 ans. Ceci contribue à fatiguer les terres avec comme conséquence la baisse de fertilité.

II-II-1- 2-2 La pression sur les sols

II-II- 1-2-2-1 La croissance démographique

Elle est en étroite relation avec la pression sur les terres. D'après le témoignage des populations enquêtées et qui concorde avec l'étude d'Enda Graf Sahel (1992), le chef de carré qui était responsable des terres ciblait les champs fertiles pour l'exploitation agricole. Celles qui montraient des signes d'épuisement étaient reposées. Ce système permettait de maintenir une relative stabilité des sols. Mais actuellement avec l'agrandissement de la famille, la pression devient de plus en plus importante. . En effet, la population de la communauté rurale était de 9337 habitants en 1981. En 2006 elle est estimée à 22780 habitants soit une augmentation de plus de 59% (figure 8). Cette augmentation de la population va forcément avoir des répercussions sur l'espace cultivé. Ainsi il a fallu procéder à la redistribution des terres. D'où la réduction des surfaces cultivables pour chaque membre de famille. Ce phénomène est exacerbé par la proximité avec la ville de Thiès.

Figure 5 L'évolution de la population de la communauté rurale de Fandène de 1981 à 2006

25000

20000

15000

Série1

10000

5000

0

1981 1988 2003 2006

Source : S. Ndione (2007), modifié II-1-

2-2-2 L'avancée du front urbain

La pression sur les terres est aussi liée à la position de la commune de Thiès qui est presque auréolée par la communauté rurale de Fandène. De ce fait, la croissance urbaine se fait au détriment de cette dernière. De même, les citadins de plus en plus viennent acheter de

grands espaces au niveau de la zone soit pour en faire des habitations, soit pour développer des activités économiques surtout dans la filière avicole. Ainsi, pour ne pas perdre leurs terres, les populations préfèrent les vendre à ces citadins ou procéder à leur lotissement. Ceci est très fréquent dans les zones périurbaines surtout au sud où on note dans beaucoup de champs la présence de bornes indiquant qu'ils ont été déjà lotis. D'où la diminution notable des terres disponibles pour les activités agricoles accentuant la pression sur celles disponibles.

Ainsi, la croissance démographique et l'avancée du front urbain constituent des facteurs essentiels de dégradation des sols. En effet, elles provoquent une étroitesse des terres qui pousse les populations à exercer une plus grande pression sur celles-ci. La lecture des tableaux ci-dessous (n°7 et n°8) concernant la pratique de la jachère dans la communauté rurale nous permet de mieux comprendre ce fait.

Dans la zone centre, 75% des ménages enquêtés pratiquent la jachère. Ainsi les terres qui montrent des signes de fatigue sont généralement reposées. Leur relatif éloignement par rapport à la ville de Thiès peut en être l'explication. Mais, il faut aussi prendre en compte le fait que ces populations soient les premiers habitants de la communauté rurale. De ce fait, elles disposent naturellement de plus de terres que les autres. Par contre, dans la zone sud, 3 des 4 villages enquêtés sont périurbains et le taux de ménages pratiquant la jachère est faible. Il s'agit de Touba Peycouck (13,3%), de Tawa Fall (16,7%) et de Keur Mor Ndiaye (14,3%). Cette pression sur les terres est liée à l'avancée du front urbain.

La zone nord-est présente une particularité. Sur tous les ménages enquêtés, aucun ne pratique la jachère (tableau n°14). Pour le village de Lalane, c'est dans une moindre mesure sa proximité avec la commune. Mais pour les autres (Same Ndiaye, Keur Mamarame, Keur Mory Mbaye), ils en sont relativement éloignés. La cause est moins la proximité avec le centre urbain qu'un rapprochement de ces villages les uns par rapport aux autres. De ce fait, chacun dispose de peu de terres et n'a que de minces possibilités d'extension. Ainsi, avec la l'explosion démographique, la pression s'accentue sur les sols.

Tableau 6 pratique de la jachère dans la zone centre

Villages

Ménages enquêtés

Pratique de la jachère

Fréquences

Diayane

8

6

75%

Kousoune

8

7

87,5%

Ndiamndiorokhe

6

4

66,7%

Mbayène

6

3

50%

Totaux

28

20

71,4%

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

Tableau 7 Pratique de la jachère dans la zone Sud

Villages

Ménages enquêtés

Pratique de la jachère

Fréquences

Touba Peycouck

15

2

13,3%

Keur M. Ndiaye

7

1

14,3%

Keur D. Ngoye Diakhaté

10

9

90%

Tawa Fall

6

1

16,7%

Totaux

51

16

34,2%

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

Le système d'exploitation et la pression sur les sols sont deux facteurs essentiels puisqu'ils ont comme corollaire :

> L'appauvrissement du sol en matière organique

Cette matière organique est un élément indispensable au bon fonctionnement des terres et de leur fertilité vis-à-vis des activités agricoles. Selon Ruellan (1994), « La matière organique est également source d'une bonne agrégation, fine, poreuse, stable et d'une bonne porosité indispensable à la circulation des eaux et des gaz, à la pénétration des racines et à l'activité biologique ; en outre, elle est source de réservoir de nombre d'éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium, calcium...)».

Or, les méthodes de culture, surtout le sarclage qui fait qu'après les récoltes, les champs restent trop longtemps dénudés (durant toute la saison sèche) et la pression exercée sur les sols due au manque de terres font que cette matière organique n'a plus le temps de se renouveler correctement. Ainsi elle diminue et peut conduire à un tassement superficiel.

> Le tassement superficiel :

Il est en étroite relation avec cette diminution du taux de matière organique consécutif à la disparition de la couverture végétale. Ainsi, « Après le défrichement des terres que l'on met en culture : la suppression de la végétation naturelle provoque des baisses d'activités biologiques ; il s'en suit que les tubulures et les cavités créées et recréées en permanence par les racines, par les vers de terre, par les fourmis...et autres termites se font moins souvent ; de même les taux de matière organique, qui facilitent la formation des agrégats, des mottes, diminuent fortement : les structures donc les porosités s'effondrent. (Ruellan, 1994)».

Or, le sol possède une porosité naturelle qui est le résultat de ses constituants (argiles, limons, sables), de ses agrégations et de ses activités biologiques. Cette porosité est essentiellement responsable des fonctions nutritives des sols. Avec le phénomène de tassement, la porosité se perd ou diminue. Cependant, d'après Ruellan (1994), «La porosité

exprime la richesse biologique et organique du sol ; elle exprime l'accessibilité des éléments nutritifs présents dans le sol. Le tassement rend inutilisable par les plantes une bonne partie des éléments nutritifs du sol, y compris ceux apportés par l'homme sous forme d'engrais minéraux ».

Cela exercera une grande influence sur la fertilité des sols qui aura tendance à baisser, puisque même les amendements apportés de manière artificielle ne pourront pas être utilisés par les plantes. Ainsi, dans la communauté rurale de Fandène, la plupart des personnes interrogées reconnaissent avoir constaté une baisse des rendements due à la compaction des sols. En effet, ce tassement est responsable de la mauvaise germination des graines. Même ceux qui ont pu germer ont une croissance ralentie du fait de cette compaction du sol.

II-II-2 Les formes de dégradation des sols:

Les enquêtes menées ont montré qu'il y a une dégradation de la couverture pédologique de la Communauté Rurale de Fandène. En effet, toutes les personnes interrogées ont relevé des problèmes liés à la dégradation des sols. Mais, la forme et l'intensité de cette dégradation varient d'une zone à une autre (tableau 7) et sont en étroite relation avec le type

de sol qui est mis en cause. Ainsi, le tableau n°9 montre qu'au niveau de la zone Sud dominent les sols Dior, plus de 70% des ménages enquêtés affirment être confrontés à la

pauvreté des sols en matière organique. Ce qui favorise un tassement qui débouche sur une baisse de la fertilité. Ceci est en phase avec les écrits de Desthieux (2000) qui évalue ce taux à 0,2% dans la zone. Cette forme de dégradation est aussi présente dans les autres zones mais n'a pas une aussi grande ampleur. Elle est très souvent liée à la surexploitation c'est-à-dire à la pression sur les sols.

De même il ya aussi au niveau des sols Dior le vent qui agit surtout en saison sèche. En effet, avec la diminution de la couverture sylvestre, la couverture pédologique est à la merci du vent qui peut atteindre une vitesse de plus de 19 km/h entre les mois de février, mars avril et mai (annexe 5). Durant cette période, le vent s'exerce sur des surfaces nues et emporte parfois l'essentiel de la partie arable, ne laissant que des parties très dures et souvent difficiles à exploiter.

Tableau 8 la dégradation des sols de la zone sud de la communauté rurale de Fandène

Villages

Les formes de dégradation

Touba
Peycouck

Keur Mor
Ndiaye

Keur Demba Ngoye Diakhaté

Tawa Fall

Totaux

Appauvrissement du sol en matière organique

75%

80%

60%

82%

74,3%

Erosion hydrique

52%

72,7%

50%

100%

74,2%

Erosion éolienne

70%

90,9%

83,3%

70%

68,7%

Affleurement de cuirasse

0%

0%

0%

50%

12,5%

Source : Les enquêtes de Bâ, Y. 2010

Dans la partie centrale et Nord-est de la Communauté Rurale, les sols ferrugineux lessivés sur cuirasse sont dominants. Ils sont caractérisés par la présence d'une cuirasse ferralitique située entre 50cm et 1m de profondeur. Ces sols connaissent une dégradation très avancée. Les tableaux n°10 et n°11 montrent que même si la première forme de dégradation citée ci-dessus est très présente dans cette partie avec plus de 70%, l'affleurement de la cuirasse ferralitique est caractéristique de la dégradation. En effet, plus da la moitié des ménages enquêtés dans la partie centrale soit 70% et 42,1% dans la zone nord-est sont confrontés à ce type de dégradation.

On note aussi l'importance de l'érosion hydrique qui concerne cette fois-ci les zones se situant à proximité du bas-fond au centre de la communauté rurale mais aussi des tronçons qui constituent ses affluents. Beaucoup de personnes interrogées dans cette partie reconnaissent être confrontées à cette forme de dégradation. En effet, après des pluies de forte intensité, les eaux ruissellent des hautes terres vers le bas-fond. Ainsi les particules et les éléments nutritifs du sol sont emportés. Ceci contribue énormément à la baisse de fertilité des sols. L'érosion éolienne est aussi relativement importante et est liée à l'action du vent sur les sols Dior surtout en saison sèche.

Ce phénomène d'érosion entraine les particules de sable qui proviennent des terres hautes et qui viennent se déposer au niveau du bas-fond. Par conséquent, toutes les terres qui se situent tout autour sont affectées par le phénomène d'ensablement. Ainsi, 27,6% des ménages interrogés dans la zone centre sont confrontés à ce problème. La localisation de cette forme de dégradation dans la partie centrale est liée à la présence du bas-fond en cet endroit.

Tableau 9 : la dégradation des sols de la zone centre de la communauté rurale de Fandène

Villages

Les formes de

dégradation

Diayane

Koussoune

Ndiamdirokh

Mbayène

Totaux

Appauvrissement du sol en matière organique

85%

60%

72,5%

81,2%

74,7%

Erosion hydrique

100%

83,3%

75%

100%

89,6%

Erosion éolienne

70%

33,3%

25%

80%

52,1%

Affleurement de cuirasse

80%

58,3

41,7%

100%

70%

Ensablement des terres

35,4%

25%

50%

0

27,6%

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

Tableau 10 La dégradation des sols dans la zone Nord-est de la communauté rurale de Fandène

Villages

Les formes de dégradation

Lalane

Keur
Mamarame

Keur Mory
Mbaye

Same
Ndiaye

Totaux

Appauvrissement du sol en matière organique

75,2%

82%

72%

80%

77,3%

Erosion hydrique

26,7%

53,3%

25%

91,7%

65,6%

Erosion éolienne

80%

53,3%

88%

83,3%

76,2%

Affleurement de cuirasse

66,7%

26,7%

0%

75%

42,1%

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

II-II- 3 L'impact de la dégradation

L'évaluation de la dégradation des sols dans la communauté rurale de Fandène permet de constater qu'elle est très importante. Elle va avoir un impact sur les activités des populations. Cet impact va de pair avec l'intensité et la forme de dégradation mise en cause.

> Au sud par exemple, la forme de dégradation la plus significative est l'appauvrissement du sol en matière organique qui a comme corollaire une baisse de la fertilité. Ainsi, les récoltes sont généralement faibles mais tout de même, les populations continuent à l'exploiter. Il n'y a pas eu par conséquent d'abandon de terres. C'est peut-être aussi lié au manque de terres dû à sa proximité avec la commune.

> Par contre, au nord-est et au centre, respectivement 28,6% et 32,2% des ménages enquêtés (tableau 13 et 14) ont déjà abandonné des terres. La forme de dégradation mise en cause est l'affleurement de la cuirasse.

Comme il a été déjà expliqué, la zone Nord-est et Ouest de la Communauté Rurale de Fandène est marquée par la prédominance des sols ferrugineux tropicaux lessivés sur cuirasse. De même, cette partie présentait une végétation dense qui a presque disparu. Ainsi, avec la

diminution de la couverture végétale, l'érosion des horizons supérieurs se fait de manière efficace. La cuirasse qui en résulte est une « cuirasse de dégagement » puisqu'elle résulte du balayage de l'horizon superficiel A et de l'affleurement de l'horizon B du sol. Ceci concorde avec l'explication de J. Demangeot (1976). Selon lui, « L'horizon A du sol évolue d'une part en s'appauvrissant en silice et en base sous l'action du lessivage, d'autre part en s'enrichissant par l'afflux des oxydes métalliques, il devient cuirasse ». Ce balayage des horizons superficiels est assuré en hivernage par la pluie. En effet, cette zone est le prolongement des plateaux de Thiès. Par conséquent, l'érosion hydrique à travers le ruissellement sur ces pentes est très importante.

Tableau 11 l'abandon de terres dans la zone Nord-est

village

Nombre de
ménage
enquêtés

Abandon
De terres

Fréquences
En%

La cause de l'abandon

Lalane

14

10

71,4

Affleurement de la cuirasse

Keur Mamarame

14

2

14,3

Les champs sont éloignés et la baisse
de fertilité fait que l'exploitation n'est
pas rentable (sols Dior)

Keur Mory Mbaye

8

0

0

 

Same Ndiaye

12

2

16,7

Affleurement de la cuirasse

Total

48

13

27,1

 

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

Tableau 12 l'abandon des terres dans la zone Centre

village

Nombre de
ménage
enquêtés

Abandon de
terres

Fréquences
En %

Cause de l'abandon

Diayane

10

4

40%

Affleurement de la cuirasse

Kousoune

12

2

16%

Les champs sont éloignés et les
rendements sont faibles (sols Dior)

Ndiamndiorokhe

12

0

0%

 

Mbayène

10

7

70%

Affleurement de la cuirasse

Total

44

13

30%

 

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

Ainsi, dans ces parties de la Communauté Rurale, les sols sont devenus inutilisables par les agriculteurs (photo 5). Ce sont des sols stériles qui ne se prêtent plus à l'agriculture. Ce qui constitue une perte énorme en terres arables.

Photo 5 Affleurement de la cuirasse dans le Gol

Ainsi, des solutions durables s'imposent pour la maîtrise de l'affleurement de la cuirasse. Il faut noter que, même le couloir étroit comportant des terres cultivables, au Nordest renfermant les villages de Thialé Keur Mory Mbaye, de Keur Assane Ndiaye, de Keur Mamarame et Sam Ndiaye qui fait quelques kilomètres est en train d'être touché par ce phénomène. En effet, le ruissellement y est assez important et des petits blocs de pierres ont commencé à apparaître.

Les personnes enquêtées dans ces villages soulignent l'existence de ces blocs de pierres et les considèrent comme de grands obstacles au bon déroulement de leurs activités agricoles. En effet, ils contribuent à la détérioration du matériel agricole.

II-III Le couvert végétal :

La communauté rurale de Fandène est caractérisait par une dégradation avancée des ressources végétales. Les facteurs physiques et anthropiques sont considérés comme principaux responsables de ce phénomène.

II-III-1 Les facteurs de la dégradation

II-III-1-1 Les facteurs physiques

Il s'agit d'expliquer les facteurs physiques ayant contribué à la dégradation des espèces végétales. Pour cela nous allons prendre en compte l'évolution de la pluviométrie de 1961 à 2000.

II-III-1-2-1 Méthode :

C'est la station de synoptique de Thiès qui est choisie pour la base de données puisque la communauté rurale de Fandène se trouve dans son rayon d'action. Les données pluviométriques notamment les totaux annuels vont de 1960 à 2000, soit un espace temporel de 40 ans.

Pour l'analyse de la pluviométrie, nous avons calculé l'Ecart Moyen annuel et la Normale 1961-1990 est prise comme référence. Elle est de 490.9mm.

p~~p

E.M = p

× 100

E.M= Ecart Moyen en %, P la moyenne pluviométrique de la série (ici il s'agit de la normale, et Pi le total pluviométrique de l'année i). (Dacosta, cité par Lake et al, 2000).

Figure 6 Evolution de l'Ecart Moyen annuelle de 1961 à 2000 (station de Thiès)

-100

-20

-40

-60

-80

80

40

60

20

0

1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

EM EM

Linéaire (EM)

Cet Ecart Moyen nous permet d'individualiser des années excédentaires et déficitaires. Leur classification fait ressortir l'intensité de la déficience mais aussi de l'excédent.

Il s'agit de 5 classes d'amplitude égale.

Puisque la série comporte une donnée qui risque de perturber son homogénéité, on préfère l'isoler. Il s'agit de l'année 1979 avec -86,5%

L'amplitude est obtenue en faisant une soustraction entre la valeur la plus élevée (66,9%) et la plus faible de la série (-53,6%).

On aura : 66,9-(-53,6) = 120,5. Le résultat de cette soustraction est divisé par le nombre de classes (5).

21 représente l'amplitude de classe.

Tableau 13 : Classification de l'Ecart Moyen annuel de 1961 à 2000

Classes

Nom de la classe

Effectifs

Fréquences

[-53,6;-29,6[

très déficitaire

10

0,26

[-29,6 ;-5,6 [

moyennement déficitaire

10

0,26

[-5,6 ; 18,4 [

moyenne

9

0,23

[18,4 ; 42,4 [

moyennement excédentaire

7

0,18

[42,4 ; 66,4[

très excédentaire

3

0,07

Totaux

 

39

1

II-I-1-2-2 Résultats

La comparaison des totaux pluviométriques annuels par rapport à la Normale 1961- 1990 permet de mettre en évidence 5 classes (tableau 16). Comme le montre ce tableau, on a des classes très déficitaire, moyennement déficitaire, moyenne, moyennement excédentaire, et très excédentaire.

Figure 7 L'écart moyen annuel 1961-2000

Fréquences

0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05

0

 
 
 
 
 
 

Fréquences

très déficitaire moyennement moyenne moyennement très

déficitaire excédentaire excédentaire

La figure n°7 montre que la plus grande partie de la série (plus de 50%) est occupé par les classes très déficitaire et moyennement déficitaire avec 26% pour chacune. La classe moyenne vient en deuxième position avec 23%. Par contre, celles moyennement excédentaire et très excédentaire sont faiblement représentées avec respectivement 18 et 8%.

Ceci permet de conclure que dans la communauté rurale de Fandène, la période 1960- 2000 est caractérisée de manière générale par un déficit pluviométrique. Mais ce déficit connaît des phases d'intensification et d'atténuation beaucoup plus mise en évidence parla figure n°6.

De même, la figure n°6 décrit l'allure générale de la série mais aussi la manière dont les années excédentaires et déficitaires se succèdent. En effet, l'analyse de la figure n°6 fait

ressortir que la période 1961-1969 est humide avec une succession d'années excédentaires. Iiy a même trois années très excédentaires à savoir : 1962 ; 1964 ; 1969. C'est seule 1968 qui

constitue une année très déficitaire ; 1968 et 1971 forment des années déficitaires plus ou moins isolées.

De plus, on a une période déficitaire (1972-1973) interrompue par deux années excédentaires (1974-1975).

Ensuite débute une longue période sèche qui va de 1976 à 1998 qui n'est perturbée que par quelques années humides (1988-1989 et 1995). Cette période est aussi marquée par des années très déficitaires qui se succèdent parfois. Il s'agit de 1983-1984 et 1991-1993.

II-III-1-2-3 Impact de la pluviométrie

Il est possible d'établir un lien entre la baisse de la pluviométrie et la dégradation des espèces végétales. Les problèmes liés au déficit pluviométrique ont commencé à être remarqués depuis 1968 et ont persisté jusqu'en 1998. Ceci est en phase avec le témoignage des populations enquêtées. En effet, les années 1970 sont prises comme repère pour le début de l'apparition de ces phénomènes. Ces populations les appellent "les années de békor" c'està-dire la sécheresse. Ainsi cette sécheresse a beaucoup influé sur l'évolution du paysage de la Communauté rurale de Fandène. À cause du déficit hydrique, la recharge des nappes n'est plus assurée de manière régulière et beaucoup d'arbres ne pouvant pas s'adapter à ces conditions ont séché sur pied et ont fini par disparaître. Ce qui explique qu'un nombre important d'espèces ait complètement disparu ou bien que leur effectif ait diminué considérablement.

On le voit bien, la dégradation de la végétation dans la communauté rurale de Fandène est très avancée. Mais aussi, les facteurs mis en cause sont surtout d'ordre anthropique. Les facteurs physiques n'ont contribué qu'à accentuer le phénomène puisque le processus de dégradation a été enclenché bien avant la péjoration des conditions climatiques. Il faut noter aussi que cette dégradation du couvert végétal a une influence sur l'état des sols.

II-III-1-2 Facteurs anthropiques :

Il est clair que le paysage da la communauté rurale a connu de fortes modifications au cours du temps. Ces modifications sont liées à beaucoup de facteurs dont l'exploitation agricole et des espèces végétales, mais aussi à l'élevage.

II-III-1-2-1 La mise en valeur agricole :

La dégradation de la végétation de la communauté rurale de Fandène a débuté il y a longtemps (70-80 ans) avec la stabilisation de la zone par les Français et la fixation définitive de ces premiers habitants. Cette dégradation est en droite ligne avec l'augmentation des superficies cultivées. Ainsi, «dans les pays en voie de développement, [...] La première cause de déforestation est l'extension des terres agricoles». (Lamy, 2001)

De plus avec la sédentarisation, on assiste à un développement plus fulgurent de l'activité agricole. En effet, selon Enda Graf Sahel (1992), «La population s'est lentement accrue, et avec elle les surfaces cultivées. C'est d'abord le Dior qui a été le plus intensément exploité ensuite le Gol dont le défrichement remonte à 70-80 ans. La forêt comme barrière naturelle ne se justifiait plus, elle pouvait largement être ouverte ».

Cette dynamique va se poursuivre de manière progressive et aura une plus grande ampleur surtout avec la croissance démographique. Après l'exploitation du Dior conduisant à sa dégradation, les populations se sont rabattues sur la vallée qui a fini par connaître le même sort. Ensuite les elles se sont sédentarisées petit-à-petit autour des bas-fonds en remplaçant la forêt dense par des vergers et des terres agricoles.

De même, l'exemple du village de Touba Peycouck est aussi très illustratif. En 2000, un grand nombre de manguiers a été littéralement coupé au profit d'un aménagement agricole de 9,5 hectares destiné aux activités maraîchères.

II-III-1-2-2 Les activités de cueillette

Les enquêtes ont montré que les populations de la Communauté Rurale font plusieurs usages de la végétation pour satisfaire leurs besoins. Parmi ces usages les activités de cueillette regroupant l'énergie domestique, la récolte foliaire et la pharmacopée traditionnelle.

> L'énergie domestique

La production d'énergie domestique se révèle être la plus significative et la plus sensible à la dégradation. C'est sans doute pour cette raison qu'elle est considérée par Lamy (2001) comme le deuxième facteur lié à la dégradation. En effet, 90% des ménages enquêtés utilisent, pour les deux repas de la journée (le déjeuner et le dîner), le bois comme combustible. Les autres, soit 10% utilisent, exclusivement cette source d'énergie pour la

cuisson. L'utilisation d'une autre source d'énergie comme le gaz butane est réservée à la préparation de petits repas tels que le petit-déjeuner. Ceci est dû au fait que, pendant l'année scolaire, ce moyen demeure le plus rapide pour ne pas retarder les écoliers. De même, pendant la saison des pluies, avec l'effet de l'humidité, l'utilisation du bois devient très difficile au petit matin. Or, les gens doivent se rendre très tôt aux champs. Ce qui justifie à ce niveau l'utilisation de ce combustible.

Par ailleurs, certaines études faites au niveau de la zone, particulièrement dans la partie centrale et Nord et surtout dans le Gol ont montré que sa proximité avec la ville de Thiès est un facteur non négligeable ayant contribué à la disparition de l'essentiel du couvert végétal. En effet, la croissance de cette ville s'est accompagnée d'une forte demande en combustible ligneux. Ainsi, après l'arrêt des activités agricoles dans cette partie, « les arbres n'étant plus aussi bien entretenus, entrèrent des charbonniers guinéens » (Enda Graf Sahel, 1992). Cette zone est restée pendant un certain temps pourvoyeuse de combustible ligneux. Ainsi, la sécheresse qui a été très souvent indexée n'a joué qu'un rôle mineur au regard des coupes sauvages qui étaient destinées à la vente. C'est ainsi que « cette zone fut donc [...] mise à nu par les bûcherons pour prendre l'aspect de terrain dégradé qu'il a aujourd'hui » (Desthieux, 2000).

> L'exploitation foliaire

Elle concerne l'exploitation directe des ressources végétales à travers les feuilles des arbres. Cette activité a toujours existé dans la communauté rurale de Fandène mais elle a pris une ampleur considérable suite aux difficultés rencontrées dans le domaine agricole. En effet, la succession d'années où la pluviométrie est largement déficitaire dans les années 1970 a porté un coup énorme à l'agriculture. Les rendements obtenus sont pour la plupart très faibles et ne permettent pas de régler les problèmes des populations. Ainsi, pour subvenir à leurs besoins, la récolte des feuilles a été pratiquée à des fins mercantiles. Ce qui justifie par exemple l'exploitation abusive des feuilles du baobab (Adansonia digitata), du Combretum micranthum et beaucoup d'autre espèces.

> La pharmacopée traditionnelle :

Elle concerne l'ensemble des remèdes obtenus de manière traditionnelle. En effet, comme il a été dit plus haut, la communauté rurale regorge d'espèces très rares ayant des vertus curatives. De la sorte, une forte pression est exercée sur ces arbres. Les personnes s'adonnant à cette activité sont intéressées par : l'écorce, les feuilles et les racines. En somme,

toutes les parties de la plante sont utilisées. Ce qui la conduit à une mort certaine. C'est dans ce contexte que la plupart des grands arbres ont presque ou complètement disparu.

II-III-1-2-3 L'élevage

La plupart des personnes interrogées soutiennent que l'élevage est une activité qui contribue beaucoup à la dégradation de la végétation. En effet, pendant la saison sèche, la raréfaction du fourrage pousse les éleveurs à couper les branches terminales des arbres pour le donner en alimentation au bétail. Avec la sécheresse, la bonne régénération des branches coupées est souvent compromise. De ce fait, la plupart des arbres sèchent sur pied et finissent par mourir ou être abattus. Ceci est beaucoup plus fréquent dans les zones de pâturage intensif (la partie ouest du village de Lalane, dans le Gol...). C'est pourquoi, Desthieux (2000) affirme que : « l'élevage a une responsabilité importante dans le processus de déboisement »

II-II-2 L'évolution du paysage de la communauté rurale

Les écrits portant sur la zone décrivent une forte couverture végétale surtout avant l'arrivée des Européens. A l'origine, la Communauté Rurale était caractérisée par trois zones abritant des paysages différents (Enda Graf, Sahel, 1992). Mais ces paysages ont été fortement transformés. En effet, le Gol était une vraie forêt impénétrable avec de grands arbres et des lianes. Les animaux sauvages y vivaient en grand nombre. La vallée aussi abritait une forêt dense avec des terres en permanence humides. Les marigots étaient presque permanents et les zones basses n'étaient pas aussi cultivées ni habitées qu'aujourd'hui. Le Dior servait d'habitation, de zone de culture, mais aussi de pâturage. Il abritait une savane fortement boisée dans les parties où l'on ne cultivait pas (Enda Graf, Sahel, 1999)

De même, le témoignage de la plupart des personnes interrogées concorde avec cette description.

Dans toutes les zones enquêtées, les populations ont noté une dégradation très avancée des espèces végétales. Près de 90% de la population enquêtée soutient que jusque dans les années 1970, la zone disposait d'une végétation riche et variée. Elles témoignent en outre qu'avant cette période, la zone présentait une végétation très dense avec beaucoup d'espèces. Les arbres appelés "thiossanes" qui sont très souvent de grande taille et ayant beaucoup de vertus, surtout curatives, y étaient très présents.

L'exemple du village de Diayane est révélateur. Ce village est composé de deux hameaux séparés par un terrain vide qui fait environ 100 m. Les populations affirment qu'à l'origine, pour aller d'un hameau à un autre, il fallait se frayer un chemin à travers de grandes broussailles et des lianes.

Il en est de même pour le village de Tawa Fall localisé au Sud de la Communauté Rurale. Il est séparé de celui de Keur Daouda par le tronçon de bas-fond qui part du sud de la CR et qui rejoint celui de Fandène dans le centre. Les populations soutiennent qu'avant l'accentuation de la dégradation, les deux villages ne pouvaient pas s'apercevoir. Mais maintenant ceci est possible.

La zone présentait des potentialités naturelles qui la prédisposaient à une végétation très dense.

En effet, l'existence de mares quasi permanentes surtout dans la zone centre et des vallées où l'écoulement était continu, permettaient le développement d'une savane boisée avec beaucoup d'espèces. Cette eau stagnante permettait de maintenir le niveau des nappes favorisant ainsi un grand développement des arbres. Certains ménages interrogés ont soutenu avoir même pratiqué de la riziculture au niveau de la vallée. Or, cette culture demande une grande disponibilité en eau. Ceci nous donne une idée de l'humidité qui caractérisait la zone.

Ceci concorde avec les écrits de Desthieux (2000) qui affirme que « Le paysage de la zone a beaucoup évolué au cours du temps. Avant que les Français ne colonisent la région, le territoire était recouvert d'une forêt très dense particulièrement dans le Gol et la vallée était en permanence humide ».

Par ailleurs, la zone centre de la Communauté Rurale est un prolongement du plateau de Thiès. Selon Desthieux (2000), il y a 50 ans, « le plateau de Thiès et les collines étaient couverts par une savane arborée assez dense et constituaient les forêts classées de Pout et de Thiès ».

A l'heure actuelle, les ressources végétales sont affectées par une dégradation avancée. La plupart des personnes enquêtées appréhendent cette dégradation à travers la disparition de la plus grande partie du couvert végétal. C'est ainsi que la population a constaté des arbres qui ont complètement disparu de la zone. Il s'agissait de grands arbres dont l'importance n'est plus à démonter (fonctions alimentaires, médicinales,...). Pour la plupart, ils n'ont pas pu s'adapter aux conditions climatiques qui prévalent actuellement.

Ainsi, le témoignage des populations locales a permis de noter que beaucoup d'espèces qui étaient alors très présentes dans la zone ont vu leur nombre diminuer considérablement. On peur en citer : le Diospyros mespiliformis (Alome), le Spondias monbin (Sob), Ostrioderris stuhlmanii (Bèr), l'Acacia albida (Kad), Ceiba pentandra (benténier), le Parinari macrophyla (Nèw), l'Alphania senegalensis (xéwar), le Gordila pinnata (Dimbe), le Ficus glumosa (Gang). Il faut noter aussi que, hormis l'Acacia albida, l'Adansonia digitata et le Tamarindus indica dont la présence est plus importante, toutes les autres espèces citées cidessus ne dépassent pas cinq individus dans la communauté rurale.

De plus, il y a un autre groupe d'espèces qui sont complètement rayées de la carte. Il s'agit : du Ximelia américana (Ngologne), du Sterculia setigera (Mbèp), du Gardenia ternifolia (Dibuton bu gôr), du Anogeissus leiocarpus (Gédiane), du Gardenia erubescens (Dibuton bu djigène), du Securidaca longipedunculata (Fûf), de l'Acacia radiana (Seung), du Terminalia avicennoides (Reub-Reub), de l'Annona senegalensis (Dugor), du Heeria insignis (Woswosor), du Detarium microcarpum (Dank) et du Prosopis africana (Ir).

Cette dégradation est beaucoup plus sensible dans le Gol. Comme il a été signalé cidessus, cette zone était partie intégrante de la forêt classée de Thiès. Mais actuellement, à cause de nombreux facteurs, elle est dénudée et ne représente plus qu'un « désert classé » (Desthieux, 2000).

II-II-3 L'impact de la déforestation

La déforestation entraine le phénomène de désertification. Ce terme désigne selon Baumer Michel, (1997) « La diminution ou la destruction du potentiel biologique de la terre, qui conduit finalement à l'apparition de conditions désertiques. Elle est l'un des aspects de la dégradation généralisée des écosystèmes sous pression combinés des conditions climatiques adverses et capricieuses et d'une exploitation excessive ». Avec la domination de la couverture végétale, l'action des facteurs physiques devient de plus en plus efficace sur l'environnement. Son corollaire direct est la perte de la capacité de production. En effet, d'après l'auteur cité ci-dessus, cette perte de capacité productive se voit à travers :

· Une baisse continue des récoltes ;

· Des dommages aux récoltes par le vent qui dessouche les racines ou blesse les feuilles ;


· L'accroissement du ruissellement, la réduction de l'infiltration, la formation de rigoles et de goulets d'érosion ;

· Réduction de la diversité biologique par perte d'espèce ;

· La dégradation des sols.

Ainsi, ces conséquences sont visibles au niveau de la communauté rurale de Fandène avec la dégradation actuelle des ressources hydriques, suite à la diminution de l'infiltration. De plus, l'ampleur de la dégradation des sols dans la zone reflète l'importance du rôle du phénomène érosif (éolienne et hydrique). Tout ceci contribue grandement à la perturbation des activités des populations.

Il est évident que la communauté rurale de Fandène possède d'énormes potentialités naturelles. Mais, comme on le voit, leur mise en valeur, associée aux facteurs physiques entrainent le phénomène de dégradation. Ainsi, compte tenu de leur importance pour les populations locales, il importe de procéder à une gestion durable de ces ressources naturelles.

Les stratégies de lutte contre la

dégradation, leurs efficiences et limites

3ème Partie :

Chapitre I : La lutte contre la dégradation des ressources naturelles

Dans la communauté rurale de Fandène, l'exploitation des ressources naturelles est au centre de la vie des populations. Cependant, cette exploitation est souvent citée comme facteur essentiel du phénomène de dégradation, dans la mesure où elle est le pilier principal du fonctionnement économique de la zone. Il importe de trouver des solutions pour palier cette dégradation.

Ainsi, une série de mesures est prise soit par les populations elles-mêmes soit par l'Etat et les ONG pour assurer une gestion durable de ces ressources naturelles. Il s'agira d'énumérer ces mesures et de voir leurs effets dans la lutte contre la dégradation.

Ce chapitre permettra de répertorier les différentes mesures prises pour la lutte contre la dégradation des ressources naturelles.

I-I La lutte contre la dégradation des ressources hydriques

Les ressources hydriques sont très importantes dans les activités des populations de par l'exploitation qu'elles en font qui peut être moderne ou traditionnelle. Par conséquent, leur dégradation aura une influence négative sur ces activités. Ceci justifie la nécessité de trouver des stratégies de lutte contre la dégradation de ces ressources.

Par ailleurs, la dégradation des ressources hydriques dans la communauté rurale de Fandène se lit à travers l'ensablement des mares mais aussi la baisse des nappes. Par conséquent, toute action de lutte doit être orientée dans ce sens.

I-I-1 Le rôle de la population locale.

Tous les ménages interrogés ont constaté la baisse des nappes mais aussi l'ensablement des mares. Mais, on note chez tous ces ménages une absence totale d'initiatives visant à lutter contre ces phénomènes de dégradation. Ainsi, d'après les enquêtes menées, contrairement aux ressources végétales et pédologiques, les populations sont restées passives face au phénomène de dégradation qui affecte les ressources hydriques.

I-I-2 L'intervention de l'Etat

Elle s'est faite avec le POGV qui est un de ses organismes. Mais il faut noter que les actions du POGV sont plus orientées vers la réalisation d'infrastructures hydrauliques telles que des forages et des puits. Il a contribué avec la réalisation de ces infrastructures à diminuer les problèmes d'accès à l'eau surtout dans la zone sud. En outre, la Direction de l'Hydraulique de Thiès encadre les populations locales par rapport à la gestion des ressources hydriques et surtout des forages. Ainsi, on note une réelle implication des autorités étatiques dans ces activités de gestion des ressources hydriques à ce niveau.

I-I-3 Les ONG

En fait, c'est l'intervention des ONG surtout avec ENDA qui est la plus tournée vers la lutte contre la dégradation des ressources hydriques. En effet, la sécheresse, les précipitations deviennent insuffisantes. Ceci, combiné à l'ensablement des mares font que les eaux s'écoulent rapidement ou s'évaporent, sans grande possibilité d'infiltration. Pour palier ce problème, ENDA a entrepris en 1989 la construction de la retenue de Keur Saïb Ndoye (figure 4). Cette retenue a été aménagée pour permettre la recharge de la nappe. Elle permet ainsi de relever le niveau de l'eau des puits et des « céanes » situés à l'aval. Ce qui contribue à la redynamisation de l'activité maraîchère dans cette partie.

I-II La lutte contre la dégradation des sols

Comme il est déjà prouvé, le sol est une ressource naturelle très importante pour les populations de la communauté rurale de Fandène. Il permet la pratique de l'activité agricole qui occupe une place privilégiée dans les activités économiques de la zone. Cette mise en valeur des sols constitue très souvent une influence négative sur leurs propriétés. En effet, comme il a été détaillé dans la partie précédente, suite à cette mise en valeur, la couverture pédologique s'est fortement dégradée. Or, l'importance des sols dans la stabilité économique de la zone n'est plus à démonter. D'où la nécessité de trouver des solutions à ces problèmes de dégradation. Conscientes de cela, les populations mettent en pratique leurs savoir-faire locaux pour remédier à cette dégradation des sols. Mais aussi, des techniques leur viennent en appoint à travers les services étatiques et les ONG qui interviennent dans la zone.

I-II-1 Les méthodes traditionnelles

Il s'agit ici des techniques développées au niveau local par les paysans pour lutter contre la dégradation des sols sans assistance par services de l'Etat ou des ONG. Il importe de préciser que certaines méthodes comme les haies vives sont introduites dans la zone mais elles sont adoptées par les populations à telle enseigne qu'elles sont considérées maintenant comme des savoir-faire locaux. Ces méthodes sont souvent biologiques ou structurales. Elles sont au nombre de cinq et réparties dans les différentes zones.

Tableau 14 : Les techniques traditionnelles de la lutte contre la dégradation des sols dans la
communauté rurale de Fandène

Adoption

100,00%

Adoption

40,00%

90,00%

80,00%

70,00%

60,00%

50,00%

30,00%

20,00%

10,00%

0,00%

Techniques

Adoption

Fumure organique

94,4%

Haies vives

69,1%

Pratique de la jachère

34,7%

Rotation des cultures

18,9%

Culture contre la pente

18%

« Paillage »

2,9%

 

Source : Les enquêtes de Bâ Y. 2010

I-II-1-1 La fumure organique

C'est une solution biologique utilisée par les populations pour rendre les sols plus fertiles ; ce qui contribue à améliorer les rendements. Elle consiste à un apport de fumier au niveau des champs soit par un stationnement des bovins surtout pendant la saison sèche, mais aussi de l'épandage de fumier issu des déjections animales ou des ordures ménagères. Cependant, les populations, ne disposant pas de troupeau de bovins, se rabattent sur cette dernière solution.

Elle représente la technique la plus partagée par les paysans. En effet, plus de 94% des ménages enquêtés la pratique. C'est une méthode qui ne demande pas beaucoup de travail. D'autant plus que, toutes les personnes interrogées font au moins l'élevage domestique. Il faut

juste ramasser les déjections animales et les ordures ménagères et les transporter dans les champs.

I-II-1-2 Les haies vives

Cette technique consiste à clôturer les champs de culture par des haies vives faites d'espèces comme l'Euphorbia balsamiféra (salane) et le Prosopis chilensis ou l'Acacia senegalensis (Wereck). Elle est plus répandue après l'utilisation de la fumure organique avec un taux d'adoption de 69,1% (cf. tableau). Elle a un double rôle. D'une part, elle contribue à la préservation des sols contre le phénomène érosif surtout l'érosion éolienne, d'autre part, elle assure la protection des champs de cultures contre les animaux en divagation. En effet, dans les villages enquêtés, seuls ceux du centre et du nord possèdent en commun un parcours pour le bétail. Il s'agit du Gol qui polarise les villages de Keur Mamarame, Keur Mory Mbaye, Same Ndiaye (zone Nord) et de Mbayène, Koussoune, Diayane, Ndiamdiorokh (zone Centre). Pour les autres, en l'occurrence ceux de la partie sud, un tel espace n'est pas disponible. Les troupeaux sont conduits dans les champs qui ont échappé à la mise en valeurs pour la saison en cours. De ce fait pour éviter des conflits, les paysans préfèrent protéger leurs terres avec ces haies vives.

I-II-1-3 Pratique de la jachère

La jachère consiste à faire reposer les camps de culture pendant une période déterminée pour ensuite reprendre l'exploitation. C'est un moyen destiné à rendre plus fertile les sols souvent usés par la mise en valeur continue. Toutefois, la durée du repos n'est pas aussi importante (environ deux ans) eu égard à l'étroitesse des terres due à plusieurs facteurs. Le taux d'adoption de cette pratique est de 34,7% et varie selon les zones (tableau n°14).pour les facteurs liés à la variation par secteur, (voir tableau n°15).

Tableau 15 La pratique de la jachère dans la communauté rurale de Fandène

Adoption

80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00%

 
 

Adoption

 

Centre Nord Sud

Secteurs

Adoption

Centre

70,5%

Nord-est

0%

Sud

33,7%

 

Source : Les enquêtes de Bâ, Y. 2010

I-II-1-4 La rotation des cultures

Elle consiste à une alternance de deux cultures ou plus sur un même champ suivant une séquence bien définie. En ce qui concerne la communauté rurale de Fandène, la séquence est fixée entre deux et quatre ans pour les ménages pratiquant cette méthode. Mais à cause de la monoculture exercée sur les cultures de rente (arachide, manioc) son taux d'adoption est relativement faible (18,9%). Il faut préciser que cette méthode a été vulgarisée dans la zone sous l'encadrement de la SODEVA en 1989. Mais, depuis, elle a été adoptée par certains et considérée comme une technique locale. C'est une pratique qui permet de lutter contre la baisse de fertilité des terres mises en culture.

I-II-1-5 La culture contre la pente

Il s'agit, au moment des semailles, de disposer les cultures perpendiculairement à la pente empruntée par les eaux de ruissellement. Elle est pratiquée dans les parties où l'érosion hydrique est importante. En effet, les semis, en grandissant vont contribuer à diminuer la vitesse du ruissellement d'où une atténuation du phénomène érosif. Cette méthode est mise en pratique par 18% des personnes enquêtées. La faiblesse relative du niveau d'adoption est liée au fait que seuls les paysans dont les terres se trouvent sur des pentes ont recours à cette pratique.

I-II-1-6 Le « Paillage »

En fait, après la saison des pluies, la plupart des cultures sont récoltées (cultures céréalières...). Les résidus de culture serviront de fourrage aux animaux. Ainsi, il va rester une terre dénudée, à la merci des caprices climatiques (le vannage). Le paillage constitue une pratique traditionnelle pouvant aider à lutter contre ce phénomène. En effet, elle consiste à laisser les résidus des récoltes (tiges de mil) et les mauvaises herbes demeurer dans le champ durant la période sèche. Ce qui diminue l'efficacité de l'érosion éolienne.

Mais, il faut noter que c'est une technique qui est loin d'être populaire. Elle n'est pratiquée que dans une seule zone centre et par une faible potion des personnes interrogées (tableau n°16)

Tableau 16 : Taux d'adoption du "Paillage dans la communauté rurale de Fandène

Zones

Adoption

Centre

 
 
 
 
 

8,8%%

Nord-est

0%

Sud

0%

Total

2,9%

 

Source : Les enquêtes de Bâ, Y. 2010

 
 
 
 
 
 
 
 

10,00%

 
 
 
 
 
 

9,00%

 
 
 
 
 
 

8,00%

 
 
 
 
 
 

7,00%

 
 
 
 
 
 

6,00%

 
 
 
 
 
 

5,00%

 
 
 
 
 
 

4,00%

 
 
 

Fréquences

 
 

3,00%

 
 
 
 
 
 

2,00%

 
 
 
 
 
 

1,00%

 
 
 
 
 
 

0,00%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Zone
centre

Zone
Nord

Zone Sud

 
 

Les populations de la communauté rurale de Fandène sont conscientes la de dégradation des sols. Vu l'importance du rôle que jouent ceux-ci dans la vie économique, elles ont développé différentes stratégies pour lutter contre cette dégradation. Toutefois, elles sont appuyées par des interventions extérieures venant d'organismes de l'Etat ou des ONG.

I-II-2 L'intervention de l'Etat

Il s'agit des différentes politiques mises en oeuvre par l'Etat à travers ses organismes ou les collectivités locales pour lutter contre la dégradation des sols. Ainsi, comme toutes les communautés rurales, celle de Fandène a bénéficié des organismes de l'Etat qui sont :

> La SODEVA

Elle est intervenue en 1989 dans la collectivité locale avec le projet de lutte contre les nématodes. En effet, après des études réalisées, elle a considéré que le sol de Fandène comme partout ailleurs est atteint de nématodes. Aussi a-t-elle mis à la disposition des populations un produit contre ce phénomène qui coutait 30.000 f CFA l'hectare. Ce produit était associé à l'arachide et d'après les agents qui étaient alors chargés de la vulgarisation, il permettait de tripler voire quadrupler la production des terres sur une durée de quatre ans.

> Le PNVA

C'est un organisme qui dépend du Ministère de l'Agriculture. Il a été mis en oeuvre dans les années 1990. Il est financé à 80% par la Banque Mondiale et les 20% étant assurés par l'Etat sénégalais. Il a aussi joué un rôle d'encadrement et de renforcement de capacités des paysans par rapport aux techniques culturales et à la réhabilitation des sols à travers les techniques de compostage. Il est intervenu dans la communauté rurale entre 1992-1993 et s'est intéressé à deux villages dans la zone Sud (Touba Peycouck et Keur Demba Ngoye Diakhaté).

> Le POGV (phase II) est un organisme qui est sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et de l'Hydraulique. Son intervention dans la zone est plus marquée dans la phase II qui s'étale de 2001 à 2009 avec un financement de 21.500.000 de dollars. Son objectif principal est de lutter contre la pauvreté dans le bassin arachidier ; Kaolack, Thiès, Fatick sont ses principales zone d'intervention. Dans la communauté rurale de Fandène, il a participé à la réalisation de beaucoup d'infrastructures surtout dans le domaine hydraulique mais aussi au renforcement de capacités des populations par rapport à des techniques visant à lutter contre la dégradation des ressources naturelles notamment le compostage, et le renforcement des savoir-faire locaux comme les haies vives. Ainsi, dans les villages où il intervient, pour être éligible au projet, il faut disposer d'un champ clôturé par des haies vives (salane). Les villages ayant bénéficié de l'intervention du POGVII

sont : Keur Mor Ndiaye, Keur Demba Ngoye Diakhaté, Tawa Fall (zone sud); Keur Mamarame, Keur Mory Mbaye, Same Ndiaye (zone nord).

> L'INP dépend de l'Etat sénégalais et s'occupe de l'étude des sols dans le territoire national. Elle s'est impliquée dans la lutte contre la dégradation des sols dans la communauté rurale entre 2008-2009 dans le village de Touba Peycouck. En effet, elle a fait subir une formation aux techniques de compostage à une dizaine de personnes sans distinction de sexe. Les participants à la formation étaient motivés à raison de 1500f CFA la journée.

On le voit bien que l'intervention de l'Etat est effective dans la collectivité locale. Toutefois, l'implication des ONG dans la lutte contre la dégradation des sols peut permettre d'avoir de meilleurs résultats.

I-II-3 L'intervention des Organisations Non Gouvernementales (ONG)

Il s'agit ici d'énumérer les différentes ONG qui se sont impliquées dans la lutte contre la dégradation des sols dans la collectivité locale.

> Niil Jam est aussi intervenue dans le cadre de la réhabilitation des sols. Il a comme cible les organisations paysannes (OP). Il assure aux paysans une formation sur les techniques structurales (diguettes, cordons pierreux...) et de compostage. Pour le compostage, elle met à leur disposition des moyens pour la mettre en pratique. En effet, chaque année, 1 ou 2 personnes bénéficient du projet qui est d'un montant de 200.000f CFA. Elles doivent verser une caution de 50.000f CFA pour disposer d'une vache et de la fosse compostière. Le remboursement doit se faire au bout de 1 an. Niil Jam a procédé ainsi dans plusieurs villages de la communauté rurale de Fandène.

> Rodale International est une division du Rodale-Institute basé aux Etats-Unis, en Pennsylvanie. Il s'est implanté au Sénégal en 1987. Il est intervenu dans la zone en 1999-2000 dans le village de Touba Peycouck avec des sessions de formation aux techniques de réhabilitation des sols comme le compostage.

> ASPAB est une ONG sénégalaise née en 1987 et qui s'est fixé comme objectif d'appuyer les organisations paysannes pour le développement de l'agro-écologie. Elle s'est intéressée au village de Keur Demba Ngoye Diakhaté. L'ONG a privilégié la démarche participative en formant les organisations paysannes et les groupements féminins dans diverses techniques comme le compostage et de manière générale la fertilisation des sols

> MFR est une organisation qui est née il y a longtemps à Fandène dans le centre. A l'origine, elle se fixait comme objectif d'assurer la formation des paysans des villages hameaux qui dépendaient de Fandène. Par la suite, ses interventions se sont plus élargies dans la communauté rurale. Elle a ainsi contribué à former des paysans aux techniques de lutte contre la dégradation des sols (compostage).

> ENDA GRAIM est une ONG qui est intervenue dans le cadre de la réhabilitation des sols en 2000. Cette intervention s'est limitée dans le centre, particulièrement dans le Gol. Elle s'est faite à travers un projet évalué à coup de 80.000.000 de fracs CFA destinés à la construction d'infrastructures destinées à la lutte contre l'érosion hydrique mais aussi au développement de l'agroforesterie rurale dans cette partie. L'ONG avait financé les 50.000.000 et le reste était assuré par les populations locales à travers la main d'oeuvre. De plus elle a privilégié la démarche participative en procédant à une formation des populations en matière de protection des sols. En effet, elle les a initiées aux techniques de lutte contre l'érosion hydrique comme la construction des cordons pierreux et des diguettes de sable. En plus de cette formation, elle a effectué une grande réalisation. Il s'agit de la construction de deux diguettes antiérosives de 300 mètres de long pour chacune (photo 6). Ces infrastructures servent à atténuer les effets de l'érosion hydrique qui ont une grave conséquence sur les terres. Lors de la réalisation de ces ouvrages, les populations locales ont assuré la main-d'oeuvre. La rémunération était fixée à 1500f CFA la journée. Elles oeuvraient au ramassage des blocs de pierre servant à la construction, et certains étaient formés pour s'occuper des levées topographiques.

Photo 6 Une des diguettes antiérosives réalisée par ENDA dans le Gol

> Heifer international est une organisation à but non lucratif dont l'objectif principal est de lutter contre la pauvreté et de promouvoir le développement durable à travers l'agriculture et l'élevage. Elle s'est investie en 2008 dans la zone en appuyant les paysans dans le domaine agricole (semences, matériaux), mais aussi dans le domaine de l'élevage avec la formation des populations dans ce sens. Pour l'élevage des porcs, elle a fait installer des enclos modernes disposant de fosses servant à recueillir les déjections des animaux. Ces déjections vont servir à la fertilisation des sols. En plus de cela, elle est actuellement en discussion avec les populations pour d'éventuelles formation en techniques de compostages pour mieux renforcer les techniques de lutte contre la dégradation des sols. Pour le moment, elle n'intervient que dans deux villages à savoir Diayane et Ndiamdiorokh (zone centre). Pour bénéficier du projet, il faut que le paysan intègre les organisations villageoises (GIE). La viabilité du projet est basée sur « le passage du don ». Autrement dit, les personnes ayant reçu l'appui de l'ONG sont tenues de vulgariser leurs connaissances.

I-II-4 Les techniques modernes

Qu'il s'agisse des organisations gouvernementales ou des ONG, la lutte contre la dégradation des sols est axée sur le renforcement des techniques locales mais aussi sur l'introduction de nouvelles techniques. Ces méthodes introduites sont surtout orientées dans le domaine biologique et structural.

Ces organismes privilégient l'approche participative. En effet, dans la plupart des cas, les populations sont directement impliquées dans la lutte. Ainsi, dans chaque village où ils interviennent, un nombre plus ou moins restreint est choisi pour subir la formation sur ces techniques introduites. De plus, ces personnes sont motivées par ces organismes pour une plus grande implication. Cette motivation va de la simple rémunération journalière lors de la formation jusqu'au financement de microprojets (l'embouche bovine). Ensuite, il appartiendra à ces personnes d'assurer la formation pour les autres. Ainsi, quantifier la vulgarisation des techniques introduites par ces organismes au niveau des populations de la communauté rurale de Fandène peut permettre d'appréhender l'impact de leur intervention dans la lutte contre la dégradation des sols. Les différentes techniques modernes dans la zone sont: le compostage, les cordons pierreux, et les diguettes de sable (tableau n°17)

Tableau 17 Vulgarisation des techniques introduites chez les populations

Personnes formées

60%

50%

40%

30%

20%

Personnes formées

10%

0%

Techniques

Personnes formées

Compostage

55%

Cordons pierreux

6,3%

Diguettes de sable

12,8%

 

Source : Les enquêtes de Bâ, Y. 2010

I-II-4-1 Le compostage

C'est une technique mise en place pour la production de fertilisants organiques destinés à enrichir les terres exploitées. C'est la mieux vulgarisée au niveau de la zone. En effet, 55% des ménages interrogés ont subi la formation. Ceci s'explique par le fait que, généralement, tous les organismes intervenant dans la communauté rurale proposent cette technique comme solution à court terme. Ce fertilisant organique est jugé efficace pour les terres et son effet peut durer plus de quatre ans.

Il y a deux méthodes de préparation du compost : > La fosse compostière :

Elle consiste à creuser un trou de 2 à 3 mètres de long et 1 à 1,5 mètre de large et un peu plus d'un mètre de profondeur. Ensuite, on met une première couche de paille, de fumier, de cendre et de l'eau et on recouvre avec de la paille. Les couches se disposent ainsi jusqu'au remplissage de la fosse. Il faut aussi procéder à un remuage tous les 15 jours. Cette méthode dure 3 à 6 mois. De même, pour la fosse compostière, il y a une méthode qui consiste à creuser trois fosses. Dans ce cas, on respecte la même disposition citée ci-dessus pour la première fosse. Tous les 15 jours, on vide une fosse pour remplir le suivant. Le cycle doit faire 45 jours.

Photo 7 Fosse compostières réalisées par l'INP dans le village de Touba Peycouck > La meule (fumier amélioré)

Elle est plus facile à préparer. Il s'agit de ramasser les déjections animales (fumier), d'en faire un tas, le recouvrir avec de la paille et procéder à l'arrosage jusqu'à la décomposition.

I-II-2-3-2 Les cordons pierreux

C'est une technique structurale dont la vulgarisation est relativement faible (6,3%) mais cette valeur cache des disparités. En effet, c'est une technique qui n'est mise en oeuvre que dans le centre où l'érosion a contribué à une dégradation avancée des sols. Le pourcentage de personnes formées dans cette partie est 18,8%.

La technique consiste en un alignement de pierres sur les terres le long des courbes de niveau ou perpendiculairement à la pente (Kranjac-Berisavlijevic et al). Il faut préciser que dans le cadre du projet d'INDA, les populations étaient initiées aux techniques de levée topographique.

I-II-4-2 Les diguettes de sable

Cette technique aussi est faiblement vulgarisée dans la communauté rurale avec 12,8%. Mais, comme les cordons pierreux, ce sont des ouvrages antiérosifs dont la vulgarisation se limite à la zone centre avec 38,3%.

Les diguettes sont construites avec un mélange de sable et d'argile sur une hauteur de près de 40 cm. Ces diguettes sont installées à environ 10 mètres d'intervalle le long de la pente. Généralement, les populations plantent des patates sur celles-ci.

En définitive, la prise de conscience par les populations du rôle important que jouent les sols dans le développement économique justifie la panoplie de mesures prises pour lutter contre les phénomènes de dégradation qui les affectent. De même, cette lutte est rendue beaucoup plus efficace par l'introduction de techniques à travers les organismes étatiques et les ONG qui viennent en appoint à celles déjà mises en oeuvre au niveau local. Cependant, y aura-t-il le même engagement par rapport à la protection des ressources hydriques ?

I-III La protection des ressources végétales

La communauté rurale de Fandène connaît une dégradation progressive du couvert végétal due à plusieurs causes. Pour renverser la tendance, les populations développent des stratégies pour assurer une protection de ces ressources. Elles sont épaulées dans cette tâche par les interventions de l'Etat et des ONG.

I-III-1 Méthodes traditionnelles de lutte contre la dégradation des végétaux

Durant notre enquête, nous avons pu relever quelques pratiques visant à protéger les ressources végétales et qui montrent que les populations locales sont loin d'être des acteurs passifs face à la dégradation. En effet, « L'intérêt de certaines espèces pour le territoire villageois revêt dès fois un caractère stratégique à tel point que ce sont les populations ellesmêmes qui décrètent des mesures de conservation et de protection sans que les pouvoirs publics n'aient à intervenir » Sow Amadou A., (1998).

Ainsi, des espèces comme l'Adansonia digitata, le Tamarindus indica ou le rônier et bien d'autres sont particulièrement exploitées dans la zone. Elles procurent des revenus conséquents. Ceci pousse les populations à exercer une protection sur ces espèces. L'exploitation de ces ressources occupant une place importante dans la collectivité locale, ces stratégies de protection développées sont moins pour se soucier de l'environnement que pour profiter le plus largement possible de ces potentialités.

Ces mesures de protection les plus distinctives sont au nombre de trois. Il s'agit très souvent de mettre un signe distinctif indiquant que l'arbre ne doit pas être coupé.

> Le marquage des espèces protégées par une croix faite avec une peinture généralement rouge.

> Le fait d'attacher une corde autour de l'arbre en question. Cette corde est faite avec
des feuilles de rônier et on y accroche un rameau d'Euphorbia balsamifera (salane)

Photo 8 Un baobab protégé de manière traditionnelle dans le centre

> Le fait d'entourer l'arbre avec des haies généralement fabriquées avec l'Euphorbia balsamifera. Ces haies sont parfois étayées par des plantes épineuses.

Les deux premières méthodes sont plus vulgarisées et se localisent exclusivement dans la zone centre. Leurs succès résultent d'un consensus des populations. En effet, cette partie de la communauté rurale est occupée à plus de 90% par une seule ethnie (les Sérères none). Ils sont les premiers occupants de la zone ; ce qui leur a permis de disposer d'une cohésion sociale leur permettant de mettre en place des règles qui seront respectées par tout le groupe.

La dernière par contre est pratiquée partout dans la zone mais son utilisation est moins importante que les deux premières.

Dans le cadre de la gestion traditionnelle des ressources végétales, les populations développent des stratégies qui protègent l'environnement. Mais, il importe de noter que l'objectif visé est de mieux tirer profit des ressources végétales. Toutefois, ces stratégies développées au niveau local doivent être associées aux programmes proposés par l'Etat et les ONG pour une lutte plus efficace contre la dégradation.

I-III-2 L'intervention de l'Etat

Il s'articule autour d'un cadre juridique et institutionnel mais aussi de la promotion d'une foresterie rurale avec une approche participative.

I-III-2-1 Cadre juridique

Le Sénégal s'est très tôt doté de législations relatives à la protection forestière. Ainsi, pendant la période coloniale, des textes comme le décret du 4 juillet 1935 sur le régime forestier ou encore l'arrêté du 2 novembre 1942 portant réglementation de l'exploitation forestière en AOF (LY Ibrahima, 1996) sont autant de documents qui prouvent l'engagement des autorités dans la protection des ressources végétales. Mais, au lendemain des Indépendances, un élan nouveau fut donné à la politique forestière. C'est l'adoption du code forestier en 1965. Ce dernier a fait l'objet de plusieurs modifications. Celui en vigueur date de 1998 avec la loi 98/03 du 08 janvier 1998 qui représente la partie législative et le décret n°98/164 du 20 février 1998 qui est la partie règlementaire. Ce code forestier prend en compte des dispositions visant à protéger les ressources forestières et à règlementer leur exploitation. Ainsi, en vertu de l'article L2 de ce code, « Les doits d'exploitation des forêts et terres à vocation forestière du domaine national appartiennent à l'Etat. ». Dès lors, l'influence des populations locales considérées comme principales responsables de la dégradation sur les ressources végétales est restreinte. De plus, avec la règlementation, beaucoup d'espèces présentant un intérêt particulier ou menacées de disparition sont partiellement ou entièrement protégées. L'alinéa 3 de l'article 61 du code forestier stipule : « Les espèces partiellement protégées ne peuvent être abattues, ébranchées ou arrachées sauf autorisation préalable du service chargé des Eaux et Forêts. ». Ainsi, parmi les 11 espèces entièrement protégées, le Diospyros mespiliformis et le Celtis integrfolia sont présentes dans la communauté rurale de Fandène. Quatorze autres espèces sont partiellement protégées. Celles qui sont répertoriées

dans la zone sont : l'Acacia radiana, l'Acacia senegal, l'Adansonia digitata, Borassus aethiopum, Ceiba pentandra, Cordyla pinnata, Acacia albida, Khaya senegalensis et Roringa oleifera.

I-III-2-2 Cadre institutionnel

En fait, dans la mesure où les lois relatives à la protection forestière viennent de d'Etat, les institutions qui en sont chargées sont forcément étatiques (Ly Ibrahima, 1994). Dans la communauté rurale de Fandène, jusqu'à l'avènement de la décentralisation, c'est le service des Eaux et Forêts et Chasses qui était chargé de cette mission. D'abord, la réforme de l'administration territoriale et locale3 permet une plus grande responsabilisation des populations locales dans la lutte contre la dégradation des ressources végétales. Mais, avec la décentralisation, apparaît une réelle implication des collectivités locales dans la protection forestière. Ainsi, l'article 46 du décret n°96-1134 du 27 décembre 1996 prévoit que : « Le Président du Conseil rural a pour compétence de délivrer les autorisations préalables à toute coupe d'arbre dans le périmètre de la communauté rurale en dehors du domaine forestier de l'Etat. ». Ceci est très important parce que permettant au Conseil Rural en partenariat avec le service des Eaux et Forêts d'exercer un contrôle plus efficace sur l'exploitation des produits forestiers. En effet, la réponse des ménages interrogés par rapport au rôle de contrôle du service des Eaux et Forêts et du Conseil Rurale montre l'efficience de ces mesures. Ainsi, ils sont tous au courant que pour réaliser une exploitation forestière quelconque, il faut disposer d'une autorisation préalable obtenue après un certain nombre de démarches administratives (schéma 1). Dans la demande adressée au Conseil Rural qui doit être transmise au service des Eaux et Forêts, il faut impérativement mentionner le nombre d'arbres à couper, l'exploitation que l'on en fait, la durée que prendra cette exploitation et enfin la destination du produit final. Après vérification sur le terrain par le service des Eaux et Forêts, l'autorisation de coupe est délivrée. Le délai fixé pour l'exploitation ne doit pas être dépassé sans demande préalable de prolongation sous peine de sanction par le service des Eaux et Forêts.

3 La loi 72-25 relative aux communautés rurales

Schéma 1 : Démarche administrative pour une demande d'un permis de coupe

L'exploitant

Le PCR

Le Service des Eaux et Forêts

Permis de coupe

Demande Signature Constat

Ce cadre juridique et institutionnel peut permettre d'exercer un contrôle sur les espèces végétales. Mais, de plus en plus, les politiques sont orientées vers des stratégies participatives impliquant plus largement les populations.

I-III-2-3 La foresterie rurale

Selon Weigel Jean, (1994), « L'agroforesterie est la pratique culturale ancienne rependue en de nombreuses endroits du monde qui consiste à mettre en valeur l'espace agricole en associant les cultures ou les pâturages avec des arbres isolés ou groupés ». mais, avec la dégradation très avancée des ressources végétales qui menace même les activité des paysans, il importe de donner un plus grand dynamisme à cette pratique. Cette réintroduction de l'arbre de manière artificielle et systématique a connu une phase importante dans les années 1980 dans la communauté rurale de Fandène avec le PDDF. Cette période coïncide avec l'introduction des premières approches participatives basées sur le développement de la foresterie rurale. Il s'agit « de promouvoir le reboisement, tout azimuts, le développement de l'arbre sous toutes ses formes, en associant les populations. »(Ba I, 1999). C'est ainsi que l'on a assisté dans la communauté rurale de Fandène à l'établissement des premiers bois de village dans les années 1980. Il s'agit de Same Ndiaye (1984-1985) avec 10 hectares d'eucalyptus, de Keur Mamarame en 1985, de Mbayène 1987. Ces bois de villages sont réalisés avec le concours du service des Eaux et Forêts et de la population locale. « Les arbres seront choisis parmi les espèces utiles ou rémunératrices et occuperont une surface volontairement limitée pour être compatible avec la production agricole souhaitée » (Weigel Jean, 1994)

Tableau 18 Les espèces proposeés par les programmes

Espèces

Emplacement

Euphobia balsamifera

Haies vives

Prosopis chilensis

Haies vives

Eucalyptus alba

Dans les champs

Accacia senegal

Haies vives

Borassus aethiopum

Dans les champs

Manguifera indica

Dans les champs

 

De plus cette lutte contre la dégradation des ressources végétales va connaître une deuxième phase très dynamique surtout avec le PNAE en 1997. C'est une phase où on note une réelle volonté d'implication des populations dans cette lutte, d'où la décentralisation de la planification forestière. Dans le cas de la communauté rurale de Fandène, le POGV, en collaboration avec le service des Eaux et Forêts était responsable de cette politique. Il a privilégié la démarche participative qui consiste à traiter les populations locales comme des partenaires. En effet, « La démarche participative est une innovation majeure en matière de gestion des ressources naturelles. Elle a besoin de s'appuyer sur des populations averties et bien formées pour maîtriser leur environnement.»(Ba I. , 1999). Ainsi, on a deux groupes (voir annexe); un pôle assistant qui réunit les responsables des projets et un pôle assisté qui regroupe généralement les populations locales. Dans tous les villages où il est intervenu le POGV a procédé à une sensibilisation des paysans par rapport aux problèmes environnementaux. Dans la plupart des cas, il crée un bois de village avec un puits. De même, les populations sont formées aux techniques de pépinière. Ces populations formées vont produire les plantes et les vendre au projet. Ces mêmes plantes serviront à reboiser le bois de village. Ces mesures d'intéressement sont conjuguées à une apparition d'un certain nombre de textes administratifs issus de la décentralisation et des mesures juridiques comme la révision en 1998 du code forestier. Ce code forestier et notamment l'alinéa 3 de l'article L2 confère aux populations un droit de propriété sur les espèces qu'elles ont plantées. Toutes ces mesures constituent une motivation pour les inciter à mieux s'investir dans la protection des ressources végétales et, par delà, dans la foresterie rurale. Le POGV est intervenu dans beaucoup de villages : Keur Mor Ndiaye, Tawa Fall, Keur Demba Ngoye Diakhaté, Keur Mamarame, Same Ndiaye, Keur Mory Mbaye, Koussoune.

Par ailleurs, le Conseil Rural de Fandène s'est aussi impliqué dans la protection des ressources végétales à travers ce développement de la foresterie rurale. Il a privilégié "l'approche territoire" qui est définie selon Ba I. (1999) « Comme une philosophie qui vise la réalisation par les populations rurales dans un espace rural appelé "terroir", d'un programme de gestion des ressources naturelles (eau, sol, végétation) conciliant les aspects de production et de conservation/restauration des potentialités du milieu naturel ».

Cette volonté de la communauté rurale se voit à travers les objectifs spécifiques de développement (O.S.D) dégagés dans le PLD 2002-2006 (voir annexe). En effet, avec le volet environnemental, un certain nombre d'objectifs est dégagé, qui prônent une meilleure implication des populations locales dans la protection des ressources végétales à travers une bonne formation environnementale et l'établissement de structures organisationnelles de base.

I-III-3 Le rôle des ONG

Les ONG aussi dans leur intervention ont privilégié la démarche participative pour la promotion de la foresterie rurale. Elles s'attachent à donner une culture environnementale aux populations locales mais aussi des moyens de faire face à la dégradation des ressources végétales. On peut en citer :

> GREEN Sénégal

C'est une ONG qui par la protection et la préservation de l'environnement et la promotion d'une agriculture durable vise à contribuer à la sécurité alimentaire. GREEN a parmi ses objectifs un volet d'appui par des méthodes participatives à toute initiative communautaire oeuvrant pour la protection des ressources naturelles.

Elle a commencé à intervenir en 2000. Elle a d'abord oeuvré à une meilleure diffusion de la culture environnementale chez les populations locales. Puis, elle a assuré à plusieurs personnes une formation en technique de pépinière dans les villages de Touba Peycouck, Keur Demba Ngoye Diakhaté et Keur Mor Ndiaye.

> Réseau Afrique 2000 en partenariat avec le PNUD

Le réseau Afrique 2000 est un programme de micro finance du PNUD qui est lancé au Sénégal entre 1989- 1990. Son objectif est orienté vers l'appui des initiatives de base servant à protéger l'environnement. Il procède par une sensibilisation sur la nécessité de protéger l'environnement et un renforcement de capacité des populations en matière de protection

environnementale. C'est dans cette logique qu'il est intervenu dans la communauté rurale de Fandène (dans le village de Touba Peycouck) pour l'amélioration du cadre environnemental à travers des actions de reboisement en compagnie des populations. Ainsi, en 2001, il a procédé avec le financement du PNUD à un reboisement de plus d'un hectare dans le village. Mais aussi, la formation d'un nombre assez important de personnes en technique de pépinière.

> ENDA GRAIM

ENDA s'est impliqué dans le développement de la foresterie rurale dans les années 2000 avec un projet de 80.000.000f CFA. Il faut noter que ce projet prenait en compte d'autres volets comme la réhabilitation des sols. L'ONG a réalisé un bois de 10 ha entièrement clôturé par un grillage de fer. Les espèces plantées sont l'Eucalyptus et le Prosopis chilensis. De plus, deux puits ont été creusés et il y'avait un espace réservé aux activités de maraîchage. Les populations étaient aussi formées aux techniques d'agroforesterie. Tous les villages du centre étaient impliqués dans ce projet (Koussoune, Mbayène, Diayane et Ndiamdiorokh pour les villages enquêtés).

> Heifer International

C'est une ONG qui parallèlement à ses activités fait la promotion du reboisement. Elle incite les populations locales à s'adonner à cette pratique. Elle leur fournit aussi des plantes.

> Niil Jam

C'est une ONG qui a contribué à l'amélioration de la culture environnementale chez les populations. Par ailleurs, elle a mis en place des pratiques visant à protéger les ressources végétales. La construction de foyers améliorés pour optimiser la production énergétique est illustrative à ce sujet. Elle est intervenue dans tous les villages enquêtés tous de la zone centre ; à Keur Mamarame, Keur Mory Mbaye, Same Ndiaye (zone nord) et Keur Demba Ngoye Diakhaté, Keur Mor Ndiaye, Tawa Fall (zone sud).

Chapitre II : L'efficience des techniques

Comme il a été déjà signalé, l'importance des ressources naturelles dans la vie des populations rurales et de manière générale dans le développement fait qu'un ensemble de mesures sont prises pour lutter contre leur dégradation. Mais, ces mesures sont-elles assez efficaces pour faire face à ces phénomènes de dégradation ?

II-I Les effets de la protection des ressources hydriques

Les réalisations d'infrastructures destinées à la protection de ces ressources sont les diguettes mais aussi la retenue de Keur Saïb Ndoye.

La construction de cette retenue a permis de stocker les eaux pendant quelques mois après l'hivernage. Elle a en outre contribué à relever le niveau de la nappe et a permis aux populations de cette partie d'intensifier leur activité de maraichage (construction de puits filtrant et des puits cimentés). De même, les populations soutiennent que depuis ce temps, la disparition des arbres a considérablement diminué. Cela aussi est lié à la recharge de la nappe.

Les diguettes antiérosives, bien qu'elles soient un moyen important de lutte contre la dégradation des sols, ont également joué un rôle prépondérant dans la protection du bas-fond et des marigots contre l'ensablement. Ainsi on a assisté au moins à une diminution de l'apport de sable provenant des terres hautes à travers l'érosion en nappe. Cela a permis dans la zone centre où ces réalisations sont présentes de réaménager la mare qui est du côté de Mbayène. L'eau y demeure jusqu'à près de quatre mois après l'hivernage, favorisant les activités maraîchères.

II-II L'efficience des techniques de lutte contre la dégradation des sols

L'importance de la couverture pédologique dans les activités agricoles justifie un ensemble de techniques mises en pratique pour remédier à la dégradation des sols. Toutefois, il importe de voir si ces techniques ont eu un effet positif.

II-II-1 L'efficience des savoir-faire locaux

1' La fumure organique est une technique pratiquée de manière individuelle par la majeure partie des ménages enquêtés. C'est une solution biologique destinée à restaurer la fertilité des sols. Toutes les personnes utilisant cette technique sont d'accord sur l'influence positive qu'elle a sur la fertilité des sols. En effet, selon le témoignage de ces paysans,

elle garantie la fertilité des terres où elle est appliquée au moins pour la saison en cours et dans une moindre mesure l'année suivante.

v' La plantation de haies vives est une technique traditionnelle très importante dans la lutte contre la dégradation des sols. Elle constitue un type de protection efficace contre l'érosion éolienne. En effet, la communauté rurale de Fandène étant fortement caractérisée par cette forme de dégradation surtout dans la partie sud, ces haies vives diminuent considérablement l'action du vent sur les terres de culture. Les ménages qui l'utilisent reconnaissent qu'elle a une double utilité. D'une part, elle constitue un rempart contre l'effet négatif de l'érosion éolienne. D'autre part, elle protège les cultures contre les animaux en divagation surtout en saison sèche. Par ailleurs, il est facile de constater sur le terrain des différences dans l'évolution des cultures entre les champs clôturés par des haies vives et ceux qui n'en disposent pas.

v' La pratique de la jachère est une technique culturale servant aussi à maintenir la fertilité des sols ; elle est gage d'un renouvellement correct de la matière organique qui est une condition indispensable au maintien de la fertilité. Les paysans qui la pratiquent reconnaissent son rôle fertilisant. En effet, ils ont constaté qu'au niveau des champs ayant subi un repos, les rendements son meilleurs.

v' La rotation des cultures, bien que pratiquée par peu de personnes, est une technique efficace de lutte contre la dégradation des sols. D'après Edwards, cité par Slaymaker et Blench (2002),

Les [...] autres avantages de ce système sont : une utilisation complémentaire des éléments nutritifs du sol, l'amélioration de certaines propriétés physiques du sol telles que l'agrégation, la capacité de rétention de l'eau et l'infiltration, la conservation des sols, la restauration de la matière organique, la lutte contre les parasites et les maladies.

Par ailleurs, les paysans s'adonnant à cette pratique jugent qu'elle permet d'augmenter la quantité des rendements.

v' La culture contre la pente qui est une technique culturale visant à réduire les effets de l'érosion hydrique. C'est un moyen important utilisé par les agriculteurs dont les champs se situent sur des pentes relativement faibles. En effet, en mettant les cultures

perpendiculairement à la pente, l'eau au lieu de ruisseler entièrement s'infiltre en partie. Alors qu'avec le ruissellement, l'essentiel de la partie arable du sol est décapé.

1' « Le paillage » est une technique pas aussi vulgarisé mais qui très importante pour la protection des sols. Les paysans qui utilisent la méthode témoignent que les résidus des récoltes laissés sur les camps de culture en saison sèche jouent un rôle important dans l'atténuation de l'action érosif du vent. Elle permet ainsi de maintenir les éléments nutritifs des plantes en les protégeant contre le phénomène de vannage.

II-II-2 L'efficience des techniques introduites

1' Le compostage est une technique biologique utilisée pour augmenter la fertilité des terres. Elle est la technique introduite la plus vulgarisée. Selon les personnes interrogées et qui la maîtrise, elle constitue un excellent moyen de lutte contre la baisse de fertilité des sols en améliorant leur stabilité structurale c'est-à-dire la porosité. Son efficience peut être mesurée à travers le projet conduit par le PNVA dans la zone. En effet, ce projet avait un volet suivi-évaluation. Pour les paysans qui avaient subi la formation, et qui étaient passés à la pratique, on leur demandait de scinder leurs champs en trois parties égales ; dans la première partie, on appliquait du fumier brut, dans la deuxième du compost amélioré avec du cendre et la troisième est améliorée avec de l'engrais chimique. Ainsi, les rendements obtenus étaient variables d'une partie à l'autre. La partie qui avait accueilli le fumier brut présentait un rendement moins important que la deuxième partie alors que la troisième disposait d'un rendement supérieur aux deux autres. Ceci peut constituer une preuve de l'efficacité de cette technique. Par ailleurs, d'après le constat des paysans, les effets du compost peuvent durer jusqu'à six ans après.

1' Les diguettes antiérosives sont des aménagements structuraux servant à lutter contre le phénomène érosif. Elles sont construites avec des blocs de pierres entourés par un grillage de fer. Ces diguettes permettent aux particules de sable charriées par les eaux de ruissellement de se déposer. En effet, le barrage laisse passer l'eau et retient ces particules qui se déposent petit-à-petit pour reconstituer le sol. C'est donc des infrastructures dont leur rôle sur la lutte contre la dégradation des sols est effectif. En effet, selon les populations, avant l'installation des diguettes, l'affleurement de la cuirasse avait complètement gagné la zone (le Gol). La végétation était presque absente. Mais actuellement, avec le dépôt progressif des particules, le sol a tendance à se reconstituer

lentement tout autour des diguettes. D'où la présence d'une végétation composée essentiellement d'herbes pour le pâturage.

1' Les cordons pierreux sont aussi des aménagements structuraux destinés aux mêmes effets. Elles permettent un ralentissement de la vitesse de l'écoulement des eaux de pluies. Ainsi, la majeure partie de celles-ci va s'infiltrer, induisant du coup le dépôt des particules fines et les débris de végétaux. Ceci peut constituer un facteur de fertilisation des sols.

1' Les diguettes de sable jouent dans une moindre mesure le même rôle que les cordons pierreux, mais ici il s'agit particulièrement de l'érosion en nappe. En effet, l'aménagement de ces bandes de sable sur des pentes relativement douces permet de ralentir l'intensité du ruissellement et favoriser l'infiltration. Ainsi, l'emportement des éléments nutritifs du sol par l'érosion hydrique est faible.

II-III Les végétaux

Il s'agit ici d'évaluer la portée des moyens mis en place pour lutter contre la dégradation des ressources végétales

III-1 les techniques de lutte traditionnelles

Ces méthodes traditionnelles, si elles sont respectées, peuvent jouer un grand rôle dans la protection des végétaux. En effet, elles ont au moins permis de protéger les espèces qui ont une grande importance économique. Ainsi, avec les techniques consistant à marquer les espèces à protéger par une croix ou une corde faite de feuilles de rônier attachées autour de la tige, beaucoup d'espèces ont pu survivre face à l'ampleur de la dégradation anthropique. Dans la zone centre ou ces deux techniques sont exclusivement développées, il est facile de constater une plus grande diversité du paysage.

La protection est très souvent axée sur le baobab, le tamarinier et le rônier. Elle a permis à ces espèces de s'épanouir et de garder leur importante concentration même si de manière générale elles sont gravement atteintes par les phénomènes de dégradation. De plus, cette protection fait qu'elles sont caractérisées par une productivité conséquente. Ce qui permet aux populations de développer des activités de cueillette, alors que dans les autres zones où ces techniques sont absentes, de tels avantages sont presque inexistants. Il est possible de croire que ces méthodes de lutte ne sont pas étrangères à cette situation.

II-III-2 Les effets de l'intervention de l'Etat et des organismes

Les enquêtes menées ont montré que l'Etat à travers un cadre juridique et institutionnel, et ses organismes, a joué une part importante dans la protection des ressources végétales.

Ainsi, le cadre juridique avec la législation forestière permet de disposer de lois aptes à protéger l'environnement. De plus, le cadre institutionnel actuel avec la décentralisation offre de plus grandes possibilités d'exercer une surveillance beaucoup plus rigoureuse de ces ressources végétales. Ceci est donc rendu possible par une plus grande responsabilisation du Conseil Rural qui est en collaboration avec le service des Eaux et Forets. Ainsi, les demandes de coupe par exemple permettent d'exercer un contrôle efficace sur les ressources et surtout sur celles qui sont les plus menacées. Elle a donc permis une plus grande réglementation de l'exploitation des produits forestiers. Ainsi, l'action néfaste des exploitants forestiers (bucherons, charbonniers...) a été en partie maîtrisée et surtout avec l'exploitation de l'Acacia albida (le kad), de l'Adansonia digitata (baobab).

De même, le développement de la foresterie rurale est une phase importante dans la communauté rurale de Fandène, par les organismes étatiques et les ONG. Elle a permis une meilleure implication des populations locales dans la lutte contre la dégradation des espèces végétales. Ce développement de la foresterie rurale a permis aux organismes d'inculquer aux populations une culture environnementale à travers la sensibilisation. Mais aussi de renforcer leurs capacités en technique de pépinière. Ainsi, les paysans sont mieux outillés pour faire face à la dégradation des ressources végétales. Près de 80% des ménages enquêtés pratiquent au moins le reboisement de manière individuelle. Ceux qui ne reboisent pas, exploitent des terres qui leur sont louées ou prêtées.

Tableau 19 : pratique du reboisement de manière individuelle dans la communauté rurale de
Fandène

Zones

Personnes pratiquant le reboisement

Pas de reboisement

Centre

91%

9%

Nord-est

80%

20%

Sud

66,2%

33,8%

moyenne

79,1%

20,9%

 

Sources : Les enquêtes de Bâ, Y. 2010

Chapitre III : Les limites des techniques

Qu'elles soient traditionnelles ou modernes, des techniques sont mises en pratique par les populations pour lutter contre la dégradation des ressources naturelles. Toutefois, ces techniques mises en oeuvre comportent certaines limites qui entravent leur efficacité dans le cadre pratique. Ainsi, il s'agira dans ce chapitre d'exposer les limites inhérentes à la lutte contre la dégradation des ressources naturelles.

III-I Les limites de la lutte contre la dégradation des ressources

hydriques

La protection des ressources hydriques se voit à travers la lutte contre la baisse des nappes et l'ensablement des marigots et des bas-fonds. Mais ces infrastructures réalisées pour les sécuriser ont apporté des désagréments dans certains endroits.

C'est le cas de la retenue de Keur Saïb Ndoye construite à la fin des années 1980. En effet, cette réalisation a permis aux populations en aval de constater un relèvement du niveau de la nappe. Alors que celles situées plus en amont ont eu des effets contraires. Le projet qui était chargé de l'exécution avait prévu une autre retenue. Mais, face à la réticence des populations riveraines de ce tronçon de bas-fond, la deuxième n'a pas été construite. C'est surtout pour des raisons crypto-personnelles de certains propriétaires de vergers qui risquaient de voir leurs plantations de manguiers disparaître avec la crue que créerait l'infrastructure. Le financement qui lui était destiné avait été donné aux paysans des villages qui devaient en bénéficier pour la construction de puits cimentés leur permettant de s'adonner au maraîchage. La deuxième retenue n'étant pas construite, le peu d'eau qui quitte celle de Keur Saïb Ndoye ruisselle et passe très rapidement sans grande possibilité d'infiltration. Ainsi, non seulement la recharge de la nappe ne se fera pas correctement mais aussi l'écoulement sera faible. Cela a eu comme conséquence de paralyser l'activité maraîchère dans les villages situés en amont. En effet, les enquêtes ont montré que depuis les années 1990 coïncidant avec la réalisation de l'infrastructure, le village de Diamdiorokh a définitivement abandonné ce type d'activité. Celui de Koussoune a vu une réduction drastique des paysans qui le pratiquaient.

III-II Les insuffisances inhérentes à la lutte contre la dégradation des sols

Il s'agit ici de montrer les limites des savoir-faire locaux et des techniques introduites pour lutter contre la dégradation des sols.

III-II-1 Les limites des savoir-faire locaux

> L'épandage de fumure organique est pratiqué par beaucoup de personnes et son efficacité est prouvée. Toutefois, la plupart des agriculteurs n'en disposent pas assez pour couvrir toutes leurs terres qui ont des problèmes de fertilité. Généralement, seuls les champs situés pas trop loin des habitations en bénéficient puisqu'il faut les transporter de la maison vers les terres de culture.

> Les haies vives aussi ont un rôle déterminant dans la lutte contre l'érosion éolienne. Cependant, 65% des ménages enquêtés affirment que les espèces utilisées (Euphorbia balsamiféra, le Prosopis chilensis) contribuent à accentuer l'étroitesse des terres. En effet, pour la première espèce, là où elle est plantée, sur deux mètres de rayon, aucune culture ne peut pousser correctement. Il en est de même du deuxième (le Prosopis) qui peut empiéter jusqu'à 3m de rayons (voir photo 7)

Photo 9 Haies vives faites de Prosopis

Par ailleurs, 20% conçoit que ces haies vives abritent de rongeurs qui détruisent les cultures (les graines enfouies dans le sol et les petits semis).

Toutefois, ils sont tous d'accord que ces insuffisances sont négligeables au regard des avantages que cette technique apporte.

> la pratique de la jachère est une technique courante dans la communauté rurale de Fandène. Elle produit beaucoup de résultats. Mais elle est confrontée à un problème de pérennité. Ainsi, dès lors que « le sol est fait pour produire et pour nourrir » (Ruellan, 1994), la lutte contre la dégradation des sols ne doit pas se faire au détriment de la production agricole. Or, la pression sur les terres est sans cesse croissante. S'il n'y a plus assez de terres, ce qui est indubitable avec la dynamique actuelle, cette pratique aura tendance à disparaître. Ainsi, avec cette pression sur les terres, le recul de la pratique a commencé dans certaines parties comme le Nord et le Sud (cf. tableau n°18).

> la rotation des cultures est une technique dont l'inconvénient qui lui est rattaché est son manque d'appropriation par les populations. Et cela malgré son rôle important dans le rétablissement de la fertilité des sols. De plus en plus, les paysans se tournent vers la monoculture : l'arachide ou le manioc (les cultures de rente)

> « le paillage » est aussi une technique dont les avantages sont prouvés. Pourtant elle ne jouit pas de la même notoriété que les autres à cause de sa mise en pratique. En effet, comme il est déjà expliqué, ce sont les résidus des récoltes et les herbes fauchées qui sont laissés sur les champs de culture et qui servent de bouclier contre les effets du vent. Or, la zone sahélienne est caractérisée par un hivernage de courte durée. Par conséquent, le tapis herbacé est généralement faible et disparaît au bout de quelques mois dans la saison sèche. Ainsi, le fourrage va faire défaut. Alors ces résidus de récoltes ou les herbes mortes qui devaient protéger les champs contre l'érosion sont soit enlevés par les paysans pour le fourrage soit pâturés par les troupeaux auxquels la nourriture fait défaut.

II-2 Les insuffisances des systèmes introduits

> Le compost est selon les populations enquêtées l'une des meilleurs techniques face à la baisse de la fertilité des sols. Cependant, il comporte quelques insuffisances qui entravent sa mise en pratique. Les enquêtes menées sur le terrain ont montré que 71% des personnes qui ont été formées aux techniques de compostages ne le pratiquent plus pour diverses raisons (voir tableau 20).

Tableau 20 Le délaissement du compostage

Nombre de personnes formées en techniques de compostage

Fréquence
en %

Nombre ayant abandonné le
compostage

Fréquence
en %

52

100

37

71

 

Parmi ceux qui l'ont abandonné, 30% évoque des motifs économiques et 70%, des difficultés de la réalisation par rapport à leur âge (figure 8).

Figure 8 Les raisons du délaissement du compostage

·

70% 60% 50% 40% 30%

20%

10%

0%

Des problèmes économiques Difficulté de réalisation par

rapport à l'âge

65%

35%

Série1

Pour ceux qui l'ont abandonné pour des raisons économiques, ils avaient à leur disposition une vache dont les déjections étaient ramassées et mises dans les fosses compostières. La plupart d'entre eux, pour des difficultés économiques, ont vendu leurs vaches, d'où l'arrêt du compostage. Cela fait ressortir un point important à savoir, l'étroite relation entre la pérennité des méthodes de lutte et la situation économique des ménages.

· Pour les autres, ils affirment que leur âge ne leur permet plus d'exécuter certains travaux. Or le compostage est une pratique relativement éprouvante. En effet, les jeunes n'étant plus attirés par l'agriculture finissent par migrer pour exercer d'autres types d'activités dans les grandes villes. De ce fait, il ne reste pratiquement que des vieux qui finissent par abandonner la pratique.

> Les aménagements structuraux sont aussi très efficaces dans leur rôle de lutte contre l'érosion hydrique. Mais, avec le manque de contrôle et de suivi, cette efficacité risque d'être perdue.

· Les diguettes ont une longueur de 300m chacune. Puisque que la zone ou elles sont implantées est actuellement réservée au bétail, les bergers, au lieu de les contourner y créent des brèches permettant ainsi aux animaux de passer (photo10).

Photo 10 Brèche ouverte sur l'une des diguettes antiérosives

De plus, il n'y a pas de colmatage de ces brèches. Donc, si on n'y prend pas garde, l'infrastructure risque de ne plus jouer son rôle de protection sous peu de temps.

· Pour les cordons pierreux, qui ont été posés, les populations ramassent les blocs de pierres qui étaient disposés le long des pentes. Elles en font plusieurs usages comme le remblaiement des fosses sceptiques. De ce fait, la plupart des cordons sont disloqués. Ainsi ils ne pourront plus atténuer l'intensité des eaux de ruissellement.

Il importe donc de trouver des stratégies de contrôle et de suivi pour le maintien des infrastructures destinées à la lutte contre la dégradation des sols.

III-II-3 Les limites de l'intervention des ONG

Les organismes ont joué un rôle important dans la protection des ressources naturelles. Toutefois, on note quelques insuffisances dans leur démarche qui entravent l'efficacité de leur intervention.

En fait, pour l'intervention des organismes, les enquêtes menées nous permettent de conclure qu'il n'y a pas d'approche globale de lutte contre la dégradation des ressources

naturelles. Hormis le POGV qui a couvert un nombre assez important de villages, tous les autres se sont intéressés à trois villages tout au plus. De ce fait, on note une absence de coordination au niveau des acteurs intervenant dans la communauté rurale de Fandène. En effet, chaque organisme arrive avec sa propre politique et sans tenir compte des actions qui sont déjà réalisées par ceux qui ont précédé. Selon Slaymaker et Blench (2002), « Cette situation entraine dans certains cas une répétition inutile des efforts entrepris et explique en partie la faiblesse des résultats ». Selon les populations, il n'y a pas de diagnostic préalable des difficultés liées à la mise en pratique des techniques introduites. Par conséquent, les mêmes problèmes refont surface. Il en est ainsi de la technique de compostage qui est qui est proposée par tous les organismes avec un nombre assez important de paysans formés. Mais, dans tous les cas, la mise en pratique diminue drastiquement avec l'arrêt des appuis. D'où la nécessité de coordonner les interventions et ensuite de procéder à une planification à long terme au lieu de répondre à des urgences en matière de gestion des ressources naturelles.

III-III-Les insuffisances de la protection des ressources végétales

Il s'agit de faire ressortir les insuffisances des méthodes traditionnelles ou introduites par l'Etat ou les organismes.

III-III-1 Les limites des techniques traditionnelles

Comme il est déjà signalé, les stratégies traditionnelles de lutte contre la dégradation des ressources végétales ont une certaine efficacité. Mais cette efficacité a pour soubassement une cohésion sociale gage d'une bonne hiérarchisation de la société. Ainsi, les différentes règles édictées peuvent être suivies sans grand risque de transgression. Mais actuellement le changement des valeurs et de comportements des populations vis-à-vis des ressources végétales fait que celles-ci sont désormais considérées comme une ressource à valeur marchande. Ainsi, même s'il y a cette forme de protection, les difficultés économiques dues a la crise du monde rural fait que, selon Ba I. (1999) « Les relations de l'homme et de la nature se fondent [désormais] sur des considérations et des valeurs d'appropriation et d'exploitation qui induisent des comportements prédateurs et des genres de vies ravageurs vis-à-vis de l'environnement ».

En effet, 66% des personnes interrogées dans le centre qui pratiquent cette forme de protection soutiennent qu'elle n'est plus aussi efficace qu'elle l'était d'antan. Selon elles, c'est le baobab qui en souffre le plus. Même s'il ya un signe distinctif indiquant qu'il est

défendu de le couper, les gens le font de manière clandestine pour satisfaire leur besoins ponctuels.

III-III-2 Les limites de l'intervention de l'Etat

III-III-2-1 Cadre législatif

La législation forestière pendant la période coloniale ou au lendemain des indépendances a permis de mettre en place des conditions destinées à la protection des végétaux. Cependant, ces lois étaient de types dirigistes et contribuaient à atteindre les objectifs du colonisateur qui étaient une exploitation beaucoup plus efficace des produits forestiers au profit de la métropole.

Au lendemain des Indépendances jusque dans les années 1970, cette même politique était perpétuée. Les populations locales, étant considérées comme les principales responsables de l'état de dégradation des ressources végétales, les textes relatifs à la protection forestière sont forcément dirigés contre elles. De ce fait, celles-ci étaient marginalisées et « n'avaient qu'un rôle de pourvoyeuse de main d'oeuvre, si elles n'étaient pas cible d'action répressives. » (Ba I. 1999). Cette marginalisation a fait naître au niveau des populations rurales un sentiment de désaffection vis-à-vis des ressources naturelles qu'elles ne contrôlaient plus. D'où la naissance de « l'esprit de prédation ». Autrement dit, l'apparition des pratiques dévastatrices néfastes pour l'environnement contraires à l'esprit qui prévalait avec la gestion traditionnelle des ressources naturelles. Ces lois mettaient un terme à la gestion coutumière des ressources végétales. Elles échappent ainsi au contrôle des populations rurales.

III-III-2-2 Cadre institutionnel

Comme le conçoit la plupart des personnes enquêtées, la surveillance exercée par les institutions étatiques chargées de la protection des ressources végétales a eu un effet relativement positif. Mais, les populations reconnaissent que ce système de contrôle de l'exploitation forestière connaît des failles. En effet, 70% des personnes interrogées reconnaissent qu'elles font parfois des coupes sans aviser les autorités compétentes. Elles justifient cette action par les tracasseries administratives liées à la demande du permis de coupe. Ainsi, pour éviter cela, elles préfèrent la réaliser clandestinement. De plus, ces coupes clandestines sont rendues possibles par le manque de personnel auquel le service des Eaux et Forets responsable de la surveillance est confronté.

III-III-3 Les limites de la foresterie rurale

Le concept de foresterie rurale renvoie à la planification participative qui prône une réelle implication des populations locales dans la gestion environnementale. Mais, pour que cette implication soit effective, il faut impérativement que la stratégie participative prenne en compte les savoir-faire traditionnels, ce qui permet aux populations locales d'apporter leur contribution effective. Ainsi, dans le cas précis de la Communauté Rurale de Fandène, les populations n'ont été impliquées que pour la réalisation des objectifs. Les politiques ont été entièrement définies par les organismes et proposées aux populations.

Par ailleurs, les personnes interrogées à ce sujet soulignent le manque d'efficacité de cette approche. Selon elles, au moment de la réalisation des programmes, on note une grande mobilisation des populations. Mais cette synergie disparait avec l'arrêt des projets. A l'heure actuelle, les structures de base mises en place par ces organismes pour la gestion des ressources naturelles fonctionnent au ralenti quand elles n'ont pas complètement disparu. La plupart des bois de village implantés ont cessé de fonctionner. C'est le cas de celui de 10 ha réalisé pour les villages du centre. Après l'arrêt du projet, le grillage de fer a été enlevé par les populations et les vaches ont pâturé les petites plantes. Seuls les arbres qui avaient une certaine taille ont pu échapper. Toutefois, de manière isolée, les gens continuent de reboiser.

CONCLUSION GENERALE

Il est clair que l'étude réalisée dans la Communauté Rurale de Fandène permet de conclure qu'elle est caractérisée comme toutes les collectivités locales du Sénégal par une instabilité climatique surtout par rapport aux précipitations. Par conséquent, il y a des variations interannuelles très importantes des totaux pluviométriques. Elle englobe cinq types de sols dont les deux sont intermédiaires. De plus, son appartenance à l'une des trois bassins versant qui dépendent du Plateau de Thiès, en l'occurrence celui du Sine Saloum, lui confère un réseau hydrographique assez important.

On note aussi que l'essentiel de la population s'active dans le secteur primaire comme la plupart des communautés rurales avec l'exploitation des ressources naturelles. Aussi l'agriculture sous toutes ses formes occupe-t-elle une place importante dans les activités des populations. Mais aussi, l'élevage et l'artisanat sont des occupations importantes pour les habitants de la zone.

Il est donc évident que les ressources naturelles occupent une place importante dans la vie des populations et sont sujettes à plusieurs formes d'exploitation. Mais, qu'il s'agisse de la végétation, des ressources pédologiques ou hydriques, les ressources naturelles sont caractérisées par une forte dégradation.

Il ressort aussi de notre étude que le facteur de dégradation des ressources naturelles et surtout la végétation le plus indexé est le mode d'exploitation. Pour cette raison, les facteurs physiques (la péjoration des conditions climatiques) n'ont fait qu'accentuer le phénomène. Les choses fonctionnant comme un système, l'évolution du paysage de la communauté rurale va influencer la couverture pédologique qui à son tour sera en partie responsable de la dégradation des ressources hydriques.

Il est tout aussi clair que les populations locales sont loin d'être des acteurs passifs face au phénomène de dégradation des ressources naturelles. En effet, conscientes de leur importance dans les activités économiques à travers leur mise en valeur, les populations prennent des mesures pour lutter contre la dégradation qui les affecte. Il est vrai aussi que et les ONG ont participé à cette lutte contre la dégradation des ressources naturelles à travers un encadrement mais aussi par l'apport de techniques visant à renverser la tendance.

Cependant, on voit bien que ces mesures adoptées pour remédier au phénomène de dégradation sont dans l'ensemble relativement efficaces, car comportant certaines lacunes.

Ces insuffisances font que, malgré les efforts considérables fournis, le problème de la lutte contre la dégradation des ressources naturelles se pose toujours avec acuité dans la Communauté Rurale de Fandène. Il importe donc de les relever et de trouver des solutions durables à cette protection des ressources naturelles, gage d'épanouissement économique de ces populations. Du reste, nous savons que le concept d'environnement-développement a puisé principalement son crédit actuel du seul constat que tout développement durable repose fondamentalement sur une bonne politique environnementale.

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Vitesse et direction dominante des vents de la station de Thiès de 1977 à
2000 ..14

Tableau 2 : Caractéristiques de l'hivernage dans la communauté rurale de Fandène de 1978 à
2007 (station de Thiès) . ..15

Tableau 3 : Répartition par sexe de la population de la communauté rurale de Fandène 22 Tableau 4 : la productivité des superficies emblavées de la communauté rurale de Fandène .25

Tableau 5 : Niveau de la nappe dans les différents villages enquêtés 36

Tableau 6 : pratique de la jachère dans la zone centre 51

Tableau 7 : Pratique de la jachère dans la zone Sud 52

Tableau 8 : la dégradation des sols de la zone sud de la communauté rurale de Fandène 54

Tableau 9 : la dégradation des sols de la zone centre de la communauté rurale de Fandène 55

Tableau 10 : La dégradation des sols dans la zone Nord-est de la communauté rurale de Fandène 55

Tableau 11 : l'abandon de terres dans la zone Nord-est 56

Tableau 12 : l'abandon des terres dans la zone Centre ....56

Tableau 13 : Classification de l'Ecart Moyen annuel de 1961 à 2000 .59

Tableau 14 : Les techniques traditionnelles de la lutte contre la dégradation des sols dans la communauté rurale de Fandène 71

Tableau 15 : La pratique de la jachère dans la communauté rurale de Fandène 73

Tableau 16 : Taux d'adoption du "Paillage dans la communauté rurale de Fandène 74

Tableau 17 : Vulgarisation des techniques introduites chez les populations 79

Tableau 18 : Les espèces proposées par les programmes 86

Tableau 19 : pratique du reboisement de manière individuelle dans la communauté rurale de Fandène 93

Tableau 20 : Le délaissement du compostage ..97

Liste des figures
Figure 1 : Caractéristiques de l'hivernage dans la communauté rurale de Fandène de 1978 à

2007 (station de Thiès) .16

Figure 2 : Les températures moyennes mensuelles de 1977 à 2000 (station de Thiès).....16 Figure 3 : Répartition par âge de la population de Fandène 23

Figure 4 : la répartition ethnique de la communauté rurale de Fandène 24
Figure 5 : L'évolution de la population de la communauté rurale de Fandène de 1981 à

2006 50

Figure 6 : Evolution de l'Ecart Moyen annuelle de 1961 à 2000 (station de Thiès) 59

Figure 7 : L'écart moyen annuel 1961-2000 60

Figure 8 : Les raisons du délaissement du compostage 97

Liste des photos

Photo 1 : Mare semi permanente dans le Gol du côté de Mbayène 33

Photo 2 : Retenue de Keur Saïb Ndoye 34

Photo 3 : Pratique du maraîchage dans la retenue de Keur Saïb Ndoye . 34

Photo 4 : Le forage de Touba Peycouck 37

Photo 5 : Affleurement des cuirasses dans le Gol 57

Photo 6 : Une des diguettes antiérosives réalisée par ENDA dans le Gol .78

Photo 7 : Fosse compostières réalisées par l'INP dans le village de Touba Peycouck 80

Photo 8 : Un baobab protégé de manière traditionnelle dans le centre 82

Photo 9 : Haies vives faites de Prosopis 95

Photo 10 : Brèche ouverte sur l'une des diguettes antiérosives 98

Liste des cartes

Carte 1 : Localisation de la communauté rurale de Fandène 5

Carte 2 : Répartition des sols dans la communauté rurale de Fandène 19

Liste des schémas

Schéma 1 : Démarche administrative pour une demande d'un permis de coupe 85

Annexe 1 : les données cimatologiques Tableau 21 La pluviométrie de la station de Thiès de 1961 à 2008

Station

Année

Janv.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Total

Thiès

1961

0

0

0

0

0

45,9

185,3

204,9

127,7

0

0

0

563,8

Thiès

1962

0

0,1

0

0

0

18,6

98,9

540,9

61,8

18,5

0

0

738,8

Thiès

1963

0

0

0

0

0

4,4

93,9

171,8

232,4

83,9

0

0

586,4

Thiès

1964

1,5

0,2

0

0,6

0

23,8

190,7

410,6

169,1

7,2

0

0

803,7

Thiès

1965

0

0

0

0

0

27,5

50,4

190,6

208,4

17,1

0

0

494

Thiès

1966

0

0

0

0

0

20,1

0

144,1

178

159,7

0

0

501,9

Thiès

1967

0

0

0

0

0

0

115,8

144,1

293,4

112,5

0

0

665,8

Thiès

1968

0

2

0

0

0

0

54,8

13,5

145,6

19,8

0

0

235,7

Thiès

1969

0

0

0

0

0

0

202,8

288

289,9

38,6

0

0

819,3

Thiès

1970

0

0

0

0

0

0

81

176,7

176,2

9,9

0

0

443,8

Thiès

1971

0

0

0

0

0

33,2

107,7

242,4

139,3

0

0

0

522,6

Thiès

1972

1,7

0

0

0

0

37,9

9,1

68,7

65,2

45,4

0

0

228

Thiès

1973

0

0,2

0

0

0

55

67,8

85

58,5

0

0

0

266,5

Thiès

1974

0

0

0

0

0

1,2

118,7

329,4

174,3

31,8

0

0

655,4

Thiès

1975

0

0

0

0,4

0

0

163

296,7

112,5

6,1

0

0

578,7

Thiès

1976

0

0

0

0

0

0

35,5

148

125,6

36,8

51

76,8

473,7

Thiès

1977

0

0

0

0,8

0

5,7

15,2

135,4

131,1

0

0

0,8

289

Thiès

1978

0

0

0

0,7

0

0,1

179,1

178,9

154,9

53,5

29,3

9,1

605,6

Thiès

1979

23,1

0

0

0

0,3

193,4

38,2

181,9

158,9

30,1

0

0,6

626,5

Thiès

1980

0

3,2

0

0

0

0

31,4

192,9

164,8

16,8

0

0

409,1

Thiès

1981

1,5

0

0

0

0,1

40,1

63,9

196,9

162,6

18,7

0

0

483,8

Thiès

1982

0,2

0

0

0

0

0

128,2

177,4

95,5

58,8

0

0

460,1

Thiès

1983

0

0

0,2

0

0

5,8

39,3

142,3

53,2

0

0

0

240,8

Thiès

1984

0

0

0

0

0

10,5

131

44

109,6

24,7

0

0

319,8

Thiès

1985

2,5

0

0

0

0

27,1

82

158,9

123,5

5,6

0

4,7

404,3

Thiès

1986

0

0

0

0

0

0

58,2

69,3

238,7

1,1

0

0

367,3

Thiès

1987

0

0

0

0

0

2,1

88,9

131,6

148

46,3

0

0

416,9

Thiès

1988

4,7

5,4

0

0

0

19,5

44,3

330,1

104,6

0

0

0

508,6

Thiès

1989

0

0

0

0

0

78,1

143,8

251,3

106

27

0,6

0

606,8

Thiès

1990

6,7

0

0

0

0

4

80

163,9

128,9

25,3

0

0

408,8

Thiès

1991

0,5

0

0

0

0

22,6

21,3

89,5

133,3

67,9

0

0

335,1

Thiès

1992

0

5,9

0

0

0

0

46

130,7

109,1

9,3

0

1,2

302,2

Thiès

1993

0

2,7

0

0

0

0

81,1

81,1

140,1

0,9

0

0

305,9

Thiès

1994

0

0

0,3

0

0

10,3

33,6

242,5

131,2

6

0

0

423,9

Thiès

1995

0

0,1

0

0

0

16

47,2

216,1

169,1

44,3

0

22,3

515,1

Thiès

1996

0

0

0

0

0

6,3

86,2

103,4

175

18,5

0

0

389,4

Thiès

1997

0,3

0

0

0

0

17,5

26,8

181,7

186,3

1,3

0

0

413,9

Thiès

1998

0

0

0

0

0

0

22,4

143,2

157,3

13,5

0

0

336,4

Thiès

1999

0

0

0

0

0

14

143,9

209

147,3

104,3

0

0

618,5

Thiès

2000

0

0

0

0

0

0

58,3

286,7

102,1

160,8

0

0

607,9

Thiès

2001

0

0

0

0

0

0

195,4

154,7

191,5

52,6

0

0

594,2

Thiès

2002

56

0

0

0

0

35,3

18,3

144,8

74,4

61,8

0

0

390,6

Thiès

2003

0

0

0

0

0

10,6

116,6

102,4

108,2

66,2

0

0

404

Thiès

2004

0

0

0

0

0

0

0

156,3

111,6

3,5

0

0

271,4

Thiès

2005

0

0

0

0

0

0,8

160,8

245,8

135,1

14,2

0

0

556,7

Thiès

2006

0

0

0

0

0

10,5

46,8

165,9

61,1

33,6

0

0

317,9

Thiès

2007

0

0

0

0

0

0

116,6

283,3

161,4

16,7

0

0

578

Thiès

2008

0

0

0

0

0

22,7

96,4

366,5

 
 
 
 

485,6

 

Tableau 22 La température de la communauté rurale de Fandène de 1991 à 2000

années

Jan

FEV

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

SEPT

OCT

NOV

DEC

1991

24,4

24,8

24,7

25,7

25,4

27,5

28,3

28,5

28,6

29,5

28,3

26,2

1992

24,3

23,6

26,3

24,8

26,8

28,3

27,7

28,3

28

28,7

27,8

25,2

1993

24,8

25,1

25,5

26,1

26,8

28,3

28,6

28,4

28,6

28,9

26,7

25,3

1994

22,9

26,1

26,1

25,8

26,4

27,7

28,2

27,5

27,7

28,8

28

25,9

1995

24,4

26,4

24,2

24,4

26,7

28,1

29,4

28,2

28,2

28,6

27,8

24,4

1996

25

26

25,3

26,5

27,8

28,1

28,9

28,2

27,7

28,9

27,4

25,4

1997

25

28,4

26,6

25,8

28

29

28,8

28,6

28,5

29,6

28,5

25

1998

25

27,6

28

26,3

27

28,1

28,6

28,1

28,4

29,5

28

25,9

1999

23,3

24,9

24,6

26,3

26,9

29,2

28,4

27,8

27,8

26,9

24,8

22,8

2000

22,7

23,6

25,2

25,6

23,5

26

26,5

26,4

26,4

25,6

24,8

22,1

 

Tableau 23 Vitesse (m/s) et direction du vent dominant de la communauté rurale de Fandène

An

Eléments

Jan

Fév.

Mars

Avril

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept

Oct.

Nov.

Déc.

1997

DD

N

N

N

N

N

W

W

W

N

N

N

E

 

4,5

5,2

5,5

5,5

4,5

4,6

4,0

4,2

3,3

3,0

3,1

3,6

1998

DD

NE

NE

N

N

N

N

W

W

N

N

N

NE

 

4,4

4,7

4,3

5,2

5,0

4,3

4,2

2,6

2,9

3,6

3,8

3,6

1999

DD

NE

N

N

N

N

 

W

W

W

N

N

N

 

4,2

5,1

5,5

6,3

5,5

4,6

3,7

4,1

4,0

4,0

5,1

5,0

2000

DD

E

E

N

N

N

W

W

W

N

N

N

N

 

5,3

2,6

3,0

4,3

3,0

2,9

2,3

1,7

2,3

1,6

2,0

2,8

2001

DD

N

N

N

N

N

N

W

W

N

N

N

N

 

2,4

3,6

3,0

4,0

3,4

2,6

2,2

2,1

2,2

3,2

2,1

2,5

2002

DD

N

N

N

N

N

N

W

W

NW

ENE

NE

NE

 

2,0

3,6

3,0

4,0

3,4

2,6

2,2

2,1

2,2

3,2

2,1

2,5

2003

DD

E

E

E

NE

E

NW

N

NE

NE

NE

NE

E

 

2,8

3,2

3,2

3,6

3,5

3,6

3,2

3,1

2,4

2,5

3,2

2,4

2004

DD

E

E

E

NE

NE

NE

NW

NE

NE

N

NE

NE

 

2,6

2,5

3,2

3,8

3,6

3,2

3,2

3,1

2,2

2,4

1,9

2,4

2005

DD

NE

NE

E

NE

NE

NE

NW

NW

NW

NE

NE

NE

 

2,6

3,4

4,1

4,5

3,6

3,7

3,5

2,6

1,9

2,2

2,2

2,2

2006

DD

NE

NE

NE

NE

NE

NE

NW

NE

NE

NE

NE

NE

 

2,4

3,5

3,8

4,1

4,1

3,4

3,3

3,0

2,8

2,5

1,8

2,8

2007

DD

NE

NE

NE

NE

N

NW

NW

NW

NW

NE

NE

NE

 

3,3

3,1

3,4

3,1

3,1

2,4

2,2

1,9

1,7

1,3

2,2

1,9

2008

DD

N

N

N

N

N

NE

NE

NE

NW

NW

N

N

 

2,7

3,2

2,8

3,6

3,5

3,1

2,5

1,8

0,9

1,4

1,3

1,8

 

Annexe 2 : Exploitation des ressources végétales

Tableau 24 Utilisation des divers sous-produits du rônier

Parties utilisées

Pour quoi ?

Par qui ?

Comment ?

A quelle période ?

Le tronc : partie supérieure

Confection des parcs pour les
cochons et piquets de clôture.

Les femmes et les hommes du

village

En fendant le tronc à l'aide de haches et de marteaux.

Souvent pendant la saison sèche, quelquefois l'hivernage

Le tronc : partie inférieure

Pour la charpente des maisons et commercialisation

Les hommes et quelques femmes.

Abattage ou vente des rôniers à des commerçants venant de Lalane ou de Thiès.

Saison sèche.

Les feuilles de rônier.

Confection, charpente de case, commercialisation, confection de corbeilles (« damba »)

Les hommes, les femmes, les Wolofs.

Récolte et séchage des feuilles. Les paysans de Fandène les vendent à l'extérieur.

Saison sèche.

Les nerfs.

Pour attacher de l'herbe. Confection de nattes.

Par les hommes et les femmes.

En détachant les nerfs de la partie la plus molle au moyen d'un coupe-coupe

Toute l'année. Saison sèche.

Les feuilles.

Confection de nattes, de

petites corbeilles, éventail de cuisine.

Les femmes Wolofs, les femmes.

Elles achètent à Fandène et transportent dans leur village.

Saison sèche.

Les conis (fruits de rôniers)

Commercialisation, alimentation du bétail.

les jeunes et les commerçants extérieurs

Location des champs, transport par camion en direction des villes

Saison sèche.

Les fruits de rôniers mûrs

Alimentation du bétail

Les villageois

En épluchant la noix

Saison sèche.

Les coques de conis

Bois de chauffe

Les femmes

Ramassage dans la nature

Saison sèche.

Les noix de conis

Semence

Les hommes

Enfouissement pendant les premières pluies

Premières pluies

Le porte-régime

Bois de chauffe

Les femmes

Séchage et utilisation

Saison sèche.

Les pétioles

Rouleaux de tamis, meubles, tabourets, tables

Les hommes

Coupe-coupe

Saison sèche.

Les fleurs du rônier mal

Peut remplacer le bicarbonate.

Les femmes

Pour la cuisson des aliments

 

Le vin de rônier

Pour la boisson et l'argent

Les hommes

En saignant le rônier

Saison sèche.

Les pétioles et le tronc

Confection de cercueils traditionnels

Les hommes

Coupe-coupe, hache, et marteau

 

Le coeur du rônier

Consommation alimentaire

Les hommes et les femmes

En épluchant la partie supérieure du rônier après abattage

Saison sèche.

 

Source : Enda Graf Sahel

Annexe 3: La gestion des ressources naturelles
LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES :
DEMARCHE PARTICIPATIVE ET LOGIQUE DES ACTEURS

Le model actuel en matière de gestion des ressources cherche à faire entrer dans une démarche de partenariat des acteurs dont les logiques ne sont pas convergentes au départ. D'un côté, se trouve une composante que nous pourrons désigner par le terme Pôle Assistant en opposition au Pôle Assisté.

Le Pôle Assistant regroupe l'Etat et ses démembrements (les Services administratifs), les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les Bailleurs de fonds. Ce pôle s'attribue les principales fonctions dans le cadre du partenariat :

- identification des besoins des populations

- identification des problèmes environnementaux - élaboration des stratégies

- mobilisation des moyens techniques et financiers - distribution des rôles

- planification des activités

- évaluation des résultats

Le Pôle Assisté est formé par les communautés de base. Il offre le cadre où se réalise le programme d'action environnemental. Il fournit les moyens humains (pour ne pas dire la main-d'oeuvre) nécessaires à l'exécution des activités physiques du programme (aménagements de pépinières, plantations, etc.).

Mais, de façon générale, les communautés de base sont considérées par le Pôle Assistant comme insuffisamment outillées pour gérer leur environnement d'où le volet "renforcement des capacités" que l'on retrouve au coeur du dispositif stratégique des programmes et projets d'action environnementale.

Les principales mesures qui permettent de réaliser ce volet ont pour noms :

- mobilisation d'un financement extérieur pour satisfaire la demande en formation - importation de technologie (et parfois d'experts)

- recours à la pédagogie de la motivation par des mesures incitatives pour encourager les populations à animer le partenariat (facilité d'accès à de petits crédits, à des équipements collectifs comme les moulins à mil, les cases de santé, les banques céréalières, etc.).

Source :

Serigne Modou FALL, cité par Ba Ibrahima (1999)

O.S-D. PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT ET GESTION RATIONNELLE DES
RESSOURCES NATURELLLES

Objectifs spécifiques

Stratégies et activités

Niveau d'intervention

Acteurs

Périodes

 
 
 

Locaux

Appui ext.

 
 
 

Rétablir les équilibres

Création et

Villages

GREEN

Eau Vive

 
 
 

des

formation de

 

CERP

CERP

 
 
 

écosystèmes

comités villageois

Zones dégradée

GRAIM

GRAIM

 
 
 

· Régénérer les sols

de GRN

Exploitation

CVD

GREEN

 
 
 

au rythme de

- Réalisation de

agricole

 

RHODALE

 
 
 

500ha/an

cordons pierreux

Axes routiers et

Matrones

Autres ONG

 
 
 

· Réduire l'érosion

- Cloisonnement

parcelles

CVD

GREEN

 
 
 

hydrique et

en salane des

agricoles

Villages

CERP

 
 
 

éolienne

parcelles

Ravitaillement et

 

CERP

 
 
 

· Reconstruire le

agricoles

bordure de la

ASC

GRAIM

 
 
 

couvert végétal

- reboisement de

vallée

GPF

GREEN

 
 
 

De la communauté

protection

 

CVD

CARITAS

 
 
 

rurale

- Réalisation de

 

CIVD

Autres ONG

 
 
 

· Création de 10

retenues

 

C rurale

GRAIM

 
 
 

pépinières

collinaires et

 
 

CERP

 
 
 

villageoises par an

mini barrages

Ecole test

 

CERP

 
 
 

· Produire un

- Protection du

CVD-village

 

GREEN

 
 
 

million de plantes

baobab et rônier

CIVD

 

ANDA

 
 
 

par an

- Education

Village centre

 

CARITAS

 
 
 

· Promouvoir la

environnement des

CVD

 

Autres ONG

 
 
 

foresterie

OCB

CIVD

 

CERP

 
 
 

scolaire

- Mise en oeuvre

CR

 

GREENGRAIM

 
 
 

· Décentraliser le

de pépinières (10

 
 

CARITAS

 
 
 

système de

par an)

 
 

Eau Vive

 
 
 

GRN au niveau village pour

mieux protéger le baobab et le

rônier. Doter les villages de

PAGTV

· Créer un CVD dans

- Formation des

maitres

- Réalisation de

plan

d'aménagement de

gestion des terroirs villageois 5 plans/an

 
 

C rurale

 
 
 

chaque

village et des CIVD par zone

- Création d'un

réseau d'auxiliaires de GRN

 
 
 
 
 
 

· Former 4

auxiliaires par village

- Séminaires

locaux de

formation

 
 
 
 
 
 
 

Sources : Plan d'orientation pour le développement économique et social de la communauté rurale de Fandène 2002-2006

QUESTIONNAIRE

I) Identification sociologique

Communauté rurale de Fandène

Zone : Village : Ancienneté :

Prénom :
Nom :

Age :

Sexe :
Profession :

II) Le système d'exploitation des ressources naturelles

1) Quel est le mode d'acquisition des terres ?

2) Qui assure la gestion des terres ?

3) Rencontrez-vous des problèmes relatifs au foncier ?

L'agriculture

1) Quelles sont les cultures que vous pratiquez ?

2) Quelles sont vos méthodes de cultures ?

3) Quels sont les outils que vous utilisés ?

4) Pratiquez-vous la jachère ?

5) Disposez-vous d'aménagements agricoles ?

L'élevage

1) Qui pratiquent ce type d'activité ?

2) Quels sont les animaux concernés ?

3) Disposez-vous de parcours pour le bétail ?

4) Comment satisfaire la demande en alimentation du bétail ?

5) Avez-vous des problèmes entres agriculteurs et éleveurs ?

III) Dégradation des ressources naturelles L'eau

1) Quelles sont vos sources d'approvisionnement en eau ?

2) L'eau est-elle suffisante ?

3) Avez-vous remarqué la baisse des nappes ?

4) L'eau est-elle de bonne qualité ?

5) Y a-t-il des marigots d'eau douce ?

6) Remarquez-vous un ensablement de ces marigots ?

7) Existe-t-il des vallées fossiles ?

8) Quels sont les villages reliés par ces vallées fossiles ?

9) Qu'est-ce qui particularise ces vallées (salées, douces, profondes ou ensablées) ?

Sols

1) Avez-vous des problèmes liés à la dégradation des sols ?

2) Comment avez-vous remarqué cette dégradation (baisse de la fertilité, apparition de cuirasse) ?

3) Depuis quand avez-vous remarqué cette dégradation ?

4) Avez-vous abandonné des champs pour cause de dégradation (ensablement, érosion...) ?

La végétation

1) Y a-t-il des forêts classées ?

2) Disposez-vous d'aires protégées ? De quand datent-elles ?

3) Y a-t-il des vergers dans le village ?

4) Quels usages faites-vous de la végétation ?

5) Comment appréhendez-vous la dégradation des espèces végétales ?

6) Y a-t-il des espèces d'arbres qui ont disparu ?

7) A quand remonte cette disparition ?

IV) Stratégies de lutte contres la dégradation des ressources naturelles Les sols

1) Quels sont les moyens de lutte contre la dégradation des sols ?

2) Etes-vous assistés dans cette lutte contre la dégradation des sols ? Par qui ?

3) Ces méthodes sont-elles efficaces ?

4) Quelles sont les limites de ces méthodes ?

L'eau

1) Comment luttez-vous contre le ruissellement ?

2) Que faites-vous pour lutter contre l'ensablement ?

3) Que faites-vous pour régler le problème de la surexploitation de l'eau

4) Des actions sont-elles entreprises pour régler le problème de la baisse des nappes ?

La végétation

1) Disposez-vous d'aires protégées?

2) Des reboisements ont-ils été effectués ?

3) Depuis quand remonte ces reboisements ?

4) Les autorités étatiques et locales ont-elles joué un rôle dans la protection de la végétation ?

5) Cette protection a-t-elle eu les effets escomptés ?

Table des matières

Sommaire 1

Liste des acronymes 2

Introduction générale 3

Problématique 6

Méthodologie 9

La recherche documentaire 10

Les enquêtes de terrain 10

Le traitement des données 11

1ère Partie: Le cadre physique et humain 11

Chapitre I: CADRE PHYSIQUE 13

I-I Le relief 13

I-I-1 Le bas plateau cuirassé : 13

I-I-2 La zone basse ou vallée fossile 13

I-I-3 Le système dunaire ogolien 14

I-II Climat : 14

I-II-1 Les facteurs généraux 14

I-II-2 Les éléments du climat 15

I-II-2-1 Les vents 15

I-II-2-1-1 l'Alizé maritime 15

I-II-2-1-2 l'Harmattan 15

I-II-2-1-3 La Mousson 15

I-II-2-2 Les précipitations 16

I-II-3 La température 17

I-III Hydrographie : 18

I-IV Les sols : 18

I-IV- 1 Les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés : 18

I-IV-2 Les sols ferrugineux lessivés sur cuirasse : 19

I-IV-3 Lithosols : 19

I-IV-4 Les sols hydromorphes Deck ») 19

I-IV-5 Les sols hydromorphes (« Deck-Dior ») 20

V- Végétation : 21

Chapitre II : LE CADRE HUMAIN 22

II-I Historique du peuplement 22

II-II Structure de la population 23

II- II-1 Structure par sexe 23

II-II-2 Structure de la population par âge 23

II-III Composition ethnique 24

II-III-1 Les Sérère none 24

II- III-2 Les Wolof 24

II-III-3 Les peuhl 25

II-III-4 Les bambara 25

II-IV Configuration religieuse 25

II-V Les activités économiques 26

II-V- 1 L'agriculture 26

II-V- 1-1 L'agriculture sous pluie 26

II-V-1-2 Le maraîchage 27

II-V-1-3 Arboriculture 28

II-V-2 L'élevage 29

II-V-3 L'artisanat 30

2ème Partie: Ressources naturelles et dégradation 31

Chapitre I : Ressources naturelles et exploitation 32

I-I Les ressources en eau 32

I-I-1 Les eaux de surface 32

I-I-2 Les eaux souterraines 35

I-3 L'exploitation des ressources en eaux 36

I-I-3-1 L'exploitation traditionnelle : 36

I-I-3-2 l'exploitation de type moderne 37

I-II Les ressources pédologiques 39

I-III Les ressources végétales 40

Chapitre II : Dégradation des ressources naturelles 43

II-I Les ressources hydriques 43

II-I-1 Les facteurs de la dégradation 43

II-I-1-1 Facteurs physiques 43

II-I-1-2 Facteurs anthropiques 44

II-I-2 La dégradation des ressources hydriques 44

Cette dégradation se voit à travers la baisse des nappes mais aussi l'ensablement des bas-fonds

et des marigots. 44

II-I-2-1 La baisse des nappes 44

II-I-2-2 L'ensablement 45

II-I-3 Impact de la dégradation 45

II-II Les terres agricoles 46

II-II-1 Les causes de la dégradation 46

II-1-1 Les causes physiques 46

II-1-1-1 L'érosion 46

II-II-1-2 L'ingérence anthropiques 48

II-II- 1-2-1 Le système d'exploitation des terres 48

II-II- 1-2-1-1 Bouleversement du système traditionnel 48

II-II- 1-2-1-2 Les méthodes de culture : 49

II-II- 1-2-1-3 L'abus de la monoculture 49

II-II-1- 2-2 La pression sur les sols 50

II-II- 1-2-2-1 La croissance démographique 50

II-1-2-2-2 L'avancée du front urbain 50

II-II-2 Les formes de dégradation des sols: 53

II-II- 3 L'impact de la dégradation 55

II-III Le couvert végétal : 58

II-III-1 Les facteurs de la dégradation 58

II-III-1-1 Les facteurs physiques 58

II-III-1-2-1 Méthode : 58

II-I-1-2-2 Résultats 60

II-III-1-2-3 Impact de la pluviométrie 61

II-III-1-2 Facteurs anthropiques : 61

II-III-1-2-1 La mise en valeur agricole : 62

II-III-1-2-2 Les activités de cueillette 62

II-III-1-2-3 L'élevage 64

II-II-2 L'évolution du paysage de la communauté rurale 64

II-II-3 L'impact de la déforestation 66

3ème Partie : Les stratégies de lutte contre la dégradation, leurs efficiences et limites 68

Chapitre I : La lutte contre la dégradation des ressources naturelles 69

I-I La lutte contre la dégradation des ressources hydriques 69

I-I-1 Le rôle de la population locale. 69

I-I-2 L'intervention de l'Etat 70

I-I-3 Les ONG 70

I-II La lutte contre la dégradation des sols 70

I-II-1 Les méthodes traditionnelles 71

I-II-1-1 La fumure organique 71

I-II-1-2 Les haies vives 72

I-II-1-3 Pratique de la jachère 72

I-II-1-4 La rotation des cultures 73

I-II-1-5 La culture contre la pente 73

I-II-1-6 Le « Paillage » 74

I-II-2 L'intervention de l'Etat 75

I-II-3 L'intervention des Organisations Non Gouvernementales (ONG) 76

I-II-4 Les techniques modernes 78

I-II-4-1 Le compostage 79

I-II-2-3-2 Les cordons pierreux 80

I-II-4-2 Les diguettes de sable 81

I-III La protection des ressources végétales 81

I-III-1 Méthodes traditionnelles de lutte contre la dégradation des végétaux 81

I-III-2 L'intervention de l'Etat 83

I-III-2-1 Cadre juridique 83

I-III-2-2 Cadre institutionnel 84

I-III-2-3 La foresterie rurale 85

I-III-3 Le rôle des ONG 87

Chapitre II : L'efficience des techniques 89

II-I Les effets de la protection des ressources hydriques 89

II-II L'efficience des techniques de lutte contre la dégradation des sols 89

II-III Les végétaux 92

III-1 les techniques de lutte traditionnelles 92

II-III-2 Les effets de l'intervention de l'Etat et des organismes 92

Chapitre III : Les limites des techniques 94

III-I Les limites de la lutte contre la dégradation des ressources hydriques 94

III-II Les insuffisances inhérentes à la lutte contre la dégradation des sols 95

III-II-1 Les limites des savoir-faire locaux 95

II-2 Les insuffisances des systèmes introduits 96

III-II-3 Les limites de l'intervention des ONG 98

III-III-Les insuffisances de la protection des ressources végétales 99

III-III-1 Les limites des techniques traditionnelles 99

III-III-2 Les limites de l'intervention de l'Etat 100

III-III-2-1 Cadre législatif 100

III-III-2-2 Cadre institutionnel 100

III-III-3 Les limites de la foresterie rurale 101

Conclusion générale 102

Bibliographie 104

Liste des tableaux 107

Liste des figures 108

Liste des photos 108

Liste des cartes 108

Liste des schémas 108

Annexes 109

Table des matières 119






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