WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Transmission de la politique monétaire dans l'UEMOA: une étude empirique par le canal du taux d'intérêt

( Télécharger le fichier original )
par Théodore-Mennas Hinnoutondji YETONGNON
Université d'Abomey Calavi Bénin - Master économie monétaire bancaire et financière 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II

La politique monétaire dans l'UEMOA

SECTION 1 : Historique de la politique monétaire dans l'UEMOA

Dans cette section, nous allons présenter le bilan de la politique monétaire dans l'UEMOA. Il s'agit pour nous d'exposer la manière dont la politique monétaire a été menée depuis 1963. La première partie est consacrée à la caractéristique monétaire de l'UEMOA, la deuxième parle de l'évolution de la politique monétaire, et la dernière partie décrit le comportement des autres indicateurs de politique économique dans l'union.

1-1 : Caractéristique monétaire de l'UEMOA

L'appartenance à une union monétaire intégrale depuis plus de 50 ans constitue une source majeure de convergence des effets de la transmission monétaire dans les pays de l'UEMOA. Cette union est définie par un ensemble d'arrangements institutionnels qui déterminent entièrement la politique monétaire appliquée dans les différents pays membres. Les caractéristiques principales de cette union monétaire sont les suivantes16 :

- la parité entre le franc CFA et l'Euro (via le franc français) est fixe - mais ajustable - afin de prévenir l'inflation ;

- les avances de la BCEAO aux Trésors nationaux sont limitées à 20 % des recettes fiscales de la dernière année ;

- les réserves en devises étrangères sont centralisées par la BCEAO, chaque pays membre étant tenu de céder à celle-ci jusqu'à 65 % de ses devises étrangères ;

- les réserves de change de la BCEAO sont déposées dans un compte d'opérations ouvert auprès du Trésor français ;

- le Trésor français s'engage à mettre à la disposition de la BCEAO les quantités de devises dont elle aurait besoin en cas de difficulté ;

- en contrepartie de la garantie accordée au franc CFA, la France est membre du Conseil d'Administration et du Conseil des Ministres, les deux instances qui définissent la politique de la BCEAO. Chaque pays membre a une voix dans chacune de ces deux instances.

16 Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES)

Bien que ces arrangements institutionnels soient demeurés immuables, des réformes ont néanmoins été introduites afin d'adapter la politique monétaire à un contexte sans cesse changeant. La mise en oeuvre de la politique monétaire a été source de différences avec le temps bien que celle-ci soit commune aux huit pays membre de l'union.

1-2 : Evolution de la politique monétaire dans l'UEMOA

Depuis 1963, la politique monétaire dans les pays de l'UEMOA n'a cessé d'évoluer. Ainsi, on peut distinguer trois périodes au cours de l'évolution de la politique monétaire appliquée par la BCEAO :

La première, qui prend fin en 1973, est caractérisée par la poursuite de bonnes performances économiques, un contrôle très étroit de l'Institut d'Emission par une direction française et une politique monétaire orthodoxe dont le principal objectif est la préservation de la valeur interne et externe de la monnaie. Le Conseil d'Administration (CA) décide des politiques de monnaie et de crédit en déterminant notamment les plafonds de réescompte et les autres facilités de crédit que la BCEAO peut accorder aux banques et aux Trésors nationaux. C'est au Comité monétaire national, créé dans chaque pays membre, de mettre en application les décisions prises par le CA, en particulier de répartir les concours globaux entre l'économie et le Trésor national. Cette prérogative peut être une source de différenciation des effets de la politique monétaire si certains pays recourent moins que d'autres au financement monétaire de leur déficit budgétaire, du fait de la bonne santé de leurs finances publiques.

Comme l'écrit Honohan (1990 : 10), le refinancement de la Banque Centrale dans un pays provoquera un accroissement du crédit bancaire dans ce pays et non dans les autres pays. Ceci permet à la Banque Centrale de poursuivre des objectifs de crédit indépendants pour chaque pays membre.

La deuxième période, qui part de 1975 à 1989, est marquée par la première réforme d'après indépendance (1973-75) et le transfert à Dakar (Sénégal) du siège de l'Institut d'Emission (1978). Elle est clôturée par la deuxième réforme intervenue en 1989. La première réforme a redéfini les objectifs de la politique monétaire. Désormais, on a par ordre de priorité, la monnaie au service du développement, la promotion et la mobilisation de l'épargne et la stabilité monétaire. L'africanisation complète de la gestion de l'Institut d'Emission est intervenue au cours des années 1970 et 1980. On enregistre aussi la forte montée et la chute

des cours des produits de base, la généralisation d'une crise profonde des économies et des systèmes bancaires des pays de l'Union et la mise en oeuvre, par tous les pays membres, de programmes d'ajustement structurel conclus avec la Banque mondiale et le FMI.

Lorsque les cours des matières premières ont brutalement augmenté entre 1974 et 1978, les rentrées de devises ont connu une forte pression haussière dans certains pays. La Côte d'Ivoire a dû mettre en oeuvre une politique de stérilisation de ses réserves pour contenir les pressions inflationnistes. Lorsque les cours ont chuté, les Trésors nationaux ont été confrontés à d'importants déficits. Les Comités monétaires nationaux de Crédit ont alors changé radicalement de politique. Certains Trésors nationaux absorbent désormais une part maximale des concours globaux, tandis que certains pays - Bénin et Niger - sont dispensés du respect de la limite des 20 % fixée aux avances de la BCEAO aux Trésors nationaux.

Le recours inégal au financement monétaire indirect des déficits budgétaires des pays de l'union constitue une autre source de différenciation (Stasavage, 1997). Les Trésors nationaux ont contourné la règle des avances inférieures ou égales à 20 % des recettes fiscales à travers les crédits des banques commerciales et de développement aux entreprises publiques qui accumulaient elles-mêmes des créances sur leurs Etats respectifs. La BCEAO a refinancé à son tour une grande partie de ces créances bancaires à des taux préférentiels et avec diverses facilités de remboursement. La Côte d'Ivoire, le Bénin et le Sénégal ont le plus bénéficié de cette modalité de financement. Lorsque les systèmes bancaires ont été restructurés dans les différents pays, les dettes dues à la BCEAO par les banques liquidées ont été reprises par les gouvernements sous forme de crédits consolidés à des taux fortement subventionnés (3%).

Cette situation a entraîné des effets différenciés dans les pays membres. Parmi ces effets, citons les avances aux Trésors nationaux qui ont alimenté une création monétaire excessive dans certains pays membres ou encore la répartition des droits de seigneuriage favorisant les pays les plus endettés auprès de la BCEAO, mais aussi les plus importants du point de vue économique.

La réforme de 1989 qui inaugure la troisième période, a consacré un réaménagement complet du dispositif de gestion de la monnaie et du crédit. Appliqué progressivement depuis octobre 1989, ce nouveau dispositif s'articule autour de trois principales exigences qui sont :

-la réduction du rôle de la monnaie centrale au profit d'une mobilisation accrue de l'épargne intérieure,

- l'abandon graduel des mécanismes administratifs au profit de moyens d'action plus simples et plus incitatifs, et enfin,

- le renforcement de la surveillance bancaire avec notamment l'institution d'une structure supranationale de contrôle, la Commission bancaire de l'UEMOA.

C'est à partir d'octobre 1993 que les autorités monétaires ont décidé l'application du nouveau dispositif de gestion monétaire qui marque l'abandon total, par la Banque Centrale, des instruments de contrôle administratif. Désormais, on met en oeuvre les mécanismes de marché qui comportent trois volets : le marché monétaire par adjudications d'enchères régionales, le système des réserves obligatoires, le régime des accords de classement. Face à l'accentuation de la crise économique dans tous les pays membres, les politiques mises en oeuvre sont passées d'un ajustement réel à un ajustement monétaire. La dévaluation du franc CFA en 1994 est l'événement majeur de la troisième période tant la fixité du taux de change du franc CFA par rapport au franc français semblait être un trait institutionnel de la Zone Franc et de l'UEMOA.

La mise en oeuvre du nouveau dispositif monétaire continue de se heurter à l'absence de coordination des politiques budgétaires. Les concours à l'Etat sont demeurés à des niveaux élevés. Mais la situation varie d'un pays à un autre. L'analyse par pays révèle que l'essentiel de la dégradation de la position nette des Gouvernements est imputable aux Etats ivoirien et togolais, tandis que l'Etat béninois s'est fortement désendetté et que l'Etat sénégalais a encore amélioré sa position. Le Bénin et le Mali ont, quant à eux, une position nette créditrice à l'égard du secteur bancaire. Leurs partenaires ivoirien, nigérien, togolais et, dans une moindre mesure, sénégalais restent très endettés auprès du système bancaire. Par exemple, l'encours de la dette ivoirienne vis à vis de ce dernier est équivalent à sept mois des recettes fiscales en 1998 (Rapport annuel de la Zone Franc, 1998 : 107). Dans les pays à déficit budgétaire élevé, on a fait reposer sur la politique monétaire un poids excessif en matière d'ajustement au cours des dernières années. En revanche, dans les pays qui ont pu maintenir une position créditrice auprès du système bancaire, le financement de l'économie peut aller au-delà du concours global prévu par l'Institut d'Emission.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault