WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Transmission de la politique monétaire dans l'UEMOA: une étude empirique par le canal du taux d'intérêt

( Télécharger le fichier original )
par Théodore-Mennas Hinnoutondji YETONGNON
Université d'Abomey Calavi Bénin - Master économie monétaire bancaire et financière 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2-2-3 : Les autres canaux de transmission

L'étude des canaux peut être complétée par d'autres développements sur les prix de différents actifs (devises et actions) et sur les effets d'annonce. Les monétaristes examinent les mécanismes de transmission dans lesquels les prix relatifs d'autres actifs et la richesse réelle transmettent des effets monétaires dans l'économie.

2-2-3-1 : Canal du taux de change

Il joue un rôle non négligeable dans le cadre de l'internationalisation croissante des économies. Dans un régime de change flexible, les variations des taux directeurs sont susceptibles d'induire des fluctuations des taux de change. En agissant sur les prix et la compétitivité des entreprises nationales, cette modification de change exerce alors un impact sur l'économie réelle. Toutes choses égales par ailleurs, une baisse des taux entraîne une dépréciation du cours de la monnaie, ce qui stimule les exportations nettes et la production nationale. Cet effet ne se fait ressentir qu'au bout de quelques années. La diminution des taux rend la monnaie nationale moins attractive et provoque une sortie de capitaux. La dépréciation augmente le prix des produits importés et améliore le commerce extérieur en volume.

L'efficacité de ce canal dépend aussi du degré d'ouverture des économies au commerce international. Les effets du taux de change sont moins importants pour une grande zone

21 L'accélérateur financier représente des mécanismes amplificateurs des cycles qui proviennent de la présence d'imperfections financières.

monétaire relativement fermée telle que la zone euro que pour une petite économie largement ouverte.

2-2-3-2 : Canal du cours des actions

Ce canal s'exerce par l'intermédiaire de la théorie de l'investissement de Tobin (1969)22 et par les effets de richesse sur la consommation.

D'après l'approche du ratio « q » de Tobin, la politique monétaire affecte l'économie par le biais de ses effets sur la valorisation des actions. Une politique monétaire expansionniste (baisse des taux directeurs) entraîne une hausse du cours des actions (valeur actualisée) ce qui conduit à une augmentation du coefficient q et donc des dépenses d'investissement et donc de la croissance de la production. Le coefficient « q » se définit comme le rapport entre la valeur boursière des entreprises et le coût de renouvellement du capital. Un ratio élevé signifie que la valeur boursière est élevée par rapport au coût de renouvellement et les nouveaux investissements productifs sont donc peu onéreux par rapport à la valeur boursière. Les entreprises peuvent ainsi émettre des actions et en obtenir un prix élevé. Ainsi, les dépenses d'investissement augmentent puisque les entreprises peuvent acquérir de nombreux biens d'équipement en émettant peu d'actions nouvelles. Dans le cas inverse, quand le coefficient « q » est faible, les entreprises réalisent peu de dépenses d'investissement.

Un autre canal de transmission du cours des actions agit par le biais des effets de richesse sur la consommation. Ce canal a été mis en évidence par F. Modigliani23 dans son modèle MPS. Les actions constituent une composante majeure du patrimoine financier. Ainsi, l'augmentation de leur cours accroît ce patrimoine, donc les ressources globales des consommateurs pendant leur durée de vie s'accroissent, ce qui entraîne une augmentation de la consommation et donc de la production.

D'après une étude de la BCE, l'ampleur de l'incidence sur la consommation dépend de trois facteurs : l'ampleur de l'exposition directe ou indirecte des ménages aux risques liés à la détention d'actions par rapport à leur revenu disponible, leur propension marginale à consommer via les effets de richesse liés aux actions et la façon dont ils intègrent les

22 J. Tobin (1969), « A general equilibrium approach to monetary theory », Journal of Money, Credit and Banking,

feb. N°1, p. 15-29.

23 F. Modigliani (1971), « Monetary policy and consumption » dans Consumer spending and monetary policy: the linkages, Boston, Federal Reserve Bank of Boston, p. 9-84

variations des cours de bourse dans leur revenu permanent24. Il est aussi possible d'intégrer dans l'analyse le mécanisme de transmission de la politique monétaire agissant par le biais des canaux des prix des terrains et des logements.

2-2-3-3 : Canal de l'information

Depuis le début des années 90, les banques centrales prennent en compte un autre canal, celui de l'information. Elles diffusent des informations que les agents vont ensuite traiter. Dans le cadre de leurs décisions, les agents y intègrent de nombreuses anticipations sur la consommation future, les capacités de production futures, les rémunérations futures... Ils vont faire de la projection à partir d'indicateurs anticipés comme l'évolution du PIB estimé, le taux d'inflation estimé. Les banques centrales vont utiliser des effets d'annonce. Par cette action, la banque concernée indique aux agents par avance ses intentions. Il s'agit d'un signal envoyé en direction des agents financiers, et surtout des agents non financiers. Le message, avant tout effet quantité et/ou prix, essaye d'influencer le comportement des acteurs économiques. Cette action permet aussi de rendre plus crédible les actions de la banque centrale ; elle doit permettre de la renforcer. Il faut noter que la perception des effets d'annonce est complexe.

Par exemple, comment isoler l'effet de « feed back », c'est-à-dire l'effet en retour des actions par rapport aux autres variables ? Un phénomène « d'overshooting effect » traduit-il une action délibérée des opérateurs (par exemple, sur les taux longs) avec amplification plus ou moins fort des résultats attendus ou bien une action propre due à des facteurs internes (ajustements de portefeuille) ?

Actuellement, nous pouvons dire que l'impulsion des taux directeurs ne peut plus s'étudier sans intégrer dans l'analyse les taux longs. Comme le dit M. Aglietta, ils sont devenus directeurs25, « Ces taux directeurs sont mus par des anticipations qui n'obéissent pas simplement aux intentions des autorités monétaires. Lorsque les autorités infléchissent leur politique, (...), l'incidence sur les taux longs dépend du jugement des marchés sur le mouvement futur des taux courts ». Le taux long représente une moyenne des prévisions relatives aux taux d'intérêt futurs à court terme (théorie des anticipations). Les agents peuvent très bien juger l'action à court terme de la banque centrale insuffisante, donc considérer qu'il n'y aura pas d'effets à moyen et long terme de cette action et ne pas modifier leurs

24 Bulletin Mensuel de la BCE, « L'importance des effets des mouvements boursiers sur l'activité économique de la zone euro », septembre 2002.

25 M. Aglietta, Macroéconomie financière, op. cit.

anticipations (pas de baisse des taux longs). Les agents peuvent aussi sanctionner une politique de baisse des taux courts par une augmentation de la prime sur les taux longs.

2-2-3-4 : Canal du prix des logements

L'effet de richesse et la théorie du q de Tobin s'appliquent également au marché de l'immobilier. En effet, selon la théorie de Tobin, une hausse du prix des logements accroît leur valeur par rapport au coût du renouvellement, d'où hausse du q de Tobin et augmentation des dépenses d'investissement sur le marché de l'immobilier. Pour ce qui concerne l'effet de richesse, une hausse des prix de logement accroît la valeur du patrimoine d'où hausse de la consommation. En effet, et comme le font remarquer McLennan et al. (1998), le patrimoine immobilier représente une part très important dans le patrimoine total net des ménages : la fluctuation des taux d'intérêt produit donc des effets notables sur les dépenses des consommateurs, à travers les changements dans le patrimoine immobilier. Si l'on s'en tient à une théorie simple en termes de cycle de vie, une augmentation continue du prix réel des habitations a à la fois un effet de richesse positif (pour les propriétaires qui occupent euxmêmes leur logement) sur la consommation de biens non immobiliers, et des effets de revenu et de substitution négatifs (pour les locataires).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery