INTRODUCTION GENERALE
Le Sénégal à l'image de la plupart des pays
sahéliens est un pays à vocation agropastorale et
l'élevage occupe une place de choix dans l'économie nationale.
Le cheptel du Sénégal est important et
varié, l'essentiel sur le plan économique étant
constitué par le cheptel bovin. Ce dernier est caractérisé
par une faible productivité, justifiée par des contraintes
d'ordre génétique, climatique et alimentaire.
En effet, les races bovines locales ont des faibles
potentialités génétiques, et leur production
laitière reste insuffisante pour les besoins de la population.
Cette situation contraint le Sénégal à
importer des grandes quantités de lait et produits laitiers afin de
couvrir les besoins de la population. En 2007, la facture laitière
s'élevait à 52 milliards de FCFA (SOLEIL,
2009).
A ces dépenses s'ajoutent les risques d'ordre
sanitaire, liés à l'importation du lait et des produits laitiers
frauduleusement enrichis par des substances dangereuses telle que la
mélamine, qui provoqua en 2008 des nombreux décès chez des
nourrissons (OMS, 2008).
C'est pour pallier ces problèmes que l'Etat du
Sénégal s'est engagé dans un vaste projet
d'amélioration génétique des races bovines autochtones,
afin d'augmenter leur production laitière, à travers des vastes
campagnes d'insémination artificielle. Le projet d'appui à
l'élevage (PAPEL), coordonne depuis lors, toutes les activités
liées à ces campagnes.
Bien que ces campagnes ont permis d'augmenter sensiblement la
production laitière chez des métisses nées de
l'insémination artificielle, le taux de réussite de
l'insémination reste faible : 38,1% dans les
régions de Saint Louis, Louga, Tambacounda et Kolda (KABERA,
2007), 46,91% dans les départements de Dakar
et de Mbour (MOUICHE, 2007), 44,3% dans la région de
Thiès (NISHIMWE, 2008).
Les facteurs mis en cause sont d'ordre nutritionnel,
zootechnique et environnemental, ainsi que l'insuffisance du personnel
compétent pour bien mener ce programme.
Selon un rapport des nations unies, la crise alimentaire
observée depuis 2007, notamment avec la flambée des prix des
denrées alimentaires, a fait monter le nombre des personnes
menacées par la faim à 923 millions dont une bonne partie en
Afrique (UN, 2008). Devant une telle situation, le
gouvernement du Sénégal a mis en place depuis l'hivernage 2008,
un grand projet visant à une autosuffisance alimentaire. Il s'agit de la
Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance
(GOANA) dont le volet élevage vient
renforcer le projet PAPEL.
La GOANA accorde une importance particulière au volet
élevage. En effet d'après la direction nationale de
l'élevage, la GOANA vise à augmenter la production
laitière locale (140 millions de litres en 2008) par
l'insémination de 50000 vaches, ce qui porterait la production
laitière à 400 millions de litres, et la production de viandes
à 435 milles tonnes à l'horizon de l'an 2012 (SOLEIL,
2008).
L'objectif général de notre travail est
d'évaluer les résultats de la campagne d'insémination
artificielle, réalisée dans le cadre du projet GOANA dans le
département de Mbour (région de Thiès) au cours de
période allant de Décembre 2008 à Avril 2009.
De façon spécifique, nous avons :
- déterminé le taux de réussite de
l'Insémination Artificielle ;
- identifié et analysé des facteurs
influençant l'Insémination Artificielle ;
- proposé des solutions d'amélioration du taux de
réussite de l'insémination artificielle au
Sénégal.
Cette étude comporte deux parties. La première
partie qui est une synthèse bibliographique porte sur l'élevage
bovin au Sénégal, la maîtrise de la reproduction chez la
vache, l'amélioration génétique bovine, et l'alimentation
de la vache. Quant à la seconde, elle est consacrée à la
présentation du cadre et du milieu de l'étude, de la
méthodologie, des résultats, de la discussion, et enfin des
contraintes et recommandations.
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN AU SENEGAL
CHAPITRE II : MAITRISE DE LA REPRODUCTION
CHAPITRE III : AMELIORATION GENETIQUE BOVINE
CHAPITRE IV : ALIMENTATION DE LA VACHE
CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN AU SENEGAL
I. CHEPTEL BOVIN AU SENEGAL
Le cheptel du Sénégal est important et
varié. Les statistiques font état de 3,137 millions de
têtes de bovins sans compter les autres espèces animales
(MEF/DPS, 2006). L'élevage occupe une place de choix
dans l'économie nationale, puisqu'il représente environ 35 % de
la valeur ajoutée du secteur agricole et qu'il participe pour 7,5 %
à la formation du PIB national. Ainsi la production nationale
laitière en 2006 est estimée à 210,269 millions de litres
de lait, dont 35% de lait des petits ruminants et 65 % de lait de vache
(MEF/DPS, 2006).
II. RACES BOVINES EXPLOITÉES AU
SÉNÉGAL
Les bovins exploités au Sénégal sont de
races locales d'une part et de races exotiques d'autre part. Divers
métissages se sont opérés entre ces différentes
races et les produits métissés représentent une fraction
non négligeable du cheptel bovin.
1. Races locales
Les races locales exploitées au Sénégal sont
essentiellement la race N'dama, le zébu Gobra, le zébu maure et
la métisse Diakoré.
1.1. Zébu Gobra
Le zébu Gobra est un bovin à bosse. Il est de
grande taille (1,25 à 1,40 m au garrot) et de format moyen
(PAGOT ,1985). Le poids de l'adulte est estimé en
moyenne entre 400 et 500 kg. Les cornes en forme de lyre sont courtes chez la
femelle et longues chez le mâle. La bosse est très
développée, la robe est généralement blanche ou
blanc rayé. Le fanon est large et plissé près des membres.
La production laitière de la femelle zébu Gobra est
estimée entre 1,5 et 2 litres de lait par jour et la durée de
lactation entre 150 et 180 jours (PAGOT ,1985).
1.2. Taurin N'dama
Le taurin N'dama est caractérisé par sa
trypanotolérance et vit en zone soudanoguinéenne. Au
Sénégal, il est rencontré dans les régions du Sud
et de l'Est.
C'est un bovin sans bosse, de taille moyenne de 0,95 à
1,10 m au garrot. Il porte une robe de couleur variable,
généralement unie, allant du noir au froment en passant par
diverses nuances de brun fauve. Le poids moyen à l'âge de 4 ans
est estimé à 382,6 #177; 20,0 kg chez le mâle et 286,7
#177; 8,3 kg chez la femelle (DIADHIOU, 2001).
1.3. Zébu Maure
Le zébu Maure est très résistant et peut
s'abreuver tous les deux jours. Il a des cornes courtes et sa robe est
généralement noire ou pie noire.
La femelle est considérée comme une bonne
laitière et produit en élevage extensif 800 à 1000 litres
en 240 jours.
Outre le Sénégal, on le retrouve en Mauritanie et
dans la boucle du Niger (TRAORE, 1973).
2. Races exotiques
La plupart des races exotiques sont importées au
Sénégal pour la production laitière et dans une moindre
mesure pour la production des viandes. Il s' agit des races
Montbéliarde, Holstein, Jersiaise, Brune des alpes et Gouzerat.
2.1. Montbéliarde
La vache montbéliarde est un animal bien
conformé à robe pie rouge pouvant être vif ou pâle
avec des taches blanches à la tête et aux
extrémités. La taille est comprise entre 1,38 m et 1,44 m pour un
poids vif de 600 à 1000 kg.
Les cornes sont courbées vers l'avant.
D'après (DENIS et al. ,1986) sa
production laitière a été estimée au
Sénégal entre 2000 et 3500 litres de lait pour 305 jours de
lactation.
2.2. Holstein
La vache Holstein est un animal de grande taille à robe
pie noire, avec des taches blanches et noires bien délimitées.
C'est la vache laitière par excellence.
Sa production laitière moyenne au Sénégal
est de 4541 litres en 305 jours de lactation (BA DIAO, 2005).
Le tableau I montre les performances laitières de la vache Holstein.
Tableau I: Performances laitières de la vache
Holstein
Pays
|
Production lait (l/lactation)
|
Durée de lactation (j)
|
Source
|
Cameroun
|
4284 1626
|
315 36
|
NJWE et al., 2002
|
Maroc
|
3300
|
338
|
BOUJENANE, 1986
|
Kenya
|
4477
|
305
|
STAAL et al., 1998
|
Sénégal
|
4541#177;1730
|
305
|
BA DIAO, 2004
|
2.3. Jersiaise
Elle est originaire de l'île de Jersey dans la manche
(France) et mesure 1,25 m à 1,32 m au garrot pour un poids moyen de 300
kg. La robe est généralement fauve. Au Sénégal, sa
production annuelle a été estimée par SOW (1997)
à 3217 #177;77 Kg de lait en 310 jours de lactation. Dans
d'autres pays sa production en 305 jours est de l'ordre de 4080 litres (USA) et
4870 litres (Danemark).
2.4. Brune des Alpes
Elle est originaire des montagnes de l'Est de la Suisse. C'est
une vache à grand format avec 1,4 à 1,5 m au garrot pour un poids
de 650-750 kg. Sa robe est brune uniforme allant du gris foncé au gris
argenté, sauf le mufle plus clair.
2.5. Guzérat
Vache d'origine indienne, elle est importée du
Brésil et fait partie des races bovines les plus lourdes avec 1,3
à 1,5 m de hauteur au garrot. Sa robe varie du gris argent ou gris fer
au noir acier. Ses cornes sont en forme de lyre. Sa production laitière
varie de 201 litres en 133 jours de lactation à 1875 litres en 348
jours.
Malgré leur adaptation relativement difficile au
Sénégal, toutes ces races étrangères ont une
production laitière et de paramètres de reproduction meilleurs
comparés aux races locales. (NJONG, 2006).
3. Métis rencontrés au
Sénégal
Les métis sont des produits de croisement entre les
races locales ou entre une race locale et une race exotique. C'est le cas de la
race Diakoré résultant du croisement entre la race Ndama et la
race Gobra, ainsi que plusieurs produits de croisement entre les races locales
et les races exotiques.
La race Diakoré est issue du métissage
entre le zébu Gobra dont elle a hérité la taille et le
taurin N'dama de qui elle tient sa rusticité et sa
trypanotolérance. Son poids adulte est compris entre 300 et 400 kg. Sa
robe, le plus souvent unie et assez claire, varie du blanc au gris. Elle est
rencontrée dans le bassin arachidier en compagnie du zébu Gobra
et dans la zone de transition entre N'dama et Gobra. Sa production
laitière est améliorée par rapport à celle de la
N'dama.
Le tableau II montre les performances laitières de
quelques métisses bovines rencontrées au
Sénégal.
Tableau II: performances laitières des quelques
métisses bovines
Métisse
|
Production laitière (l)
|
Nombre de jours de lactation
|
Ndama x Montbéliarde
|
1302,8
|
256
|
Ndama x Jersiaise
|
1239
|
326
|
Source : (DAHEL, 1995)
III. TYPOLOGIE DES SYSTÈMES D'ÉLEVAGE
Selon la disponibilité des ressources fourragères
et du type de conduite associé, trois systèmes de production
laitière sont rencontrés au Sénégal.
Il s'agit des systèmes agro-pastoral et pastoral qui sont
essentiellement de type extensif et du système péri urbain de
Dakar qui est intensif.
La figure 1 montre les principaux systèmes de production
laitière au Sénégal.
Figure 1 : Principaux systèmes de production
laitière au Sénégal (Source : BA DIAO, 2004)
1. Système agro-pastoral
Le système agro-pastoral se fonde sur l'association de
l'élevage aux cultures pluviales (mil, arachide, coton, etc.) et
irriguées (riz, tomate et oignon). Ce système se rencontre
principalement dans le bassin arachidier, la vallée du fleuve
Sénégal et la zone Sud (de la Casamance au Sud Est du pays) et
intéresse 67% des bovins et 62% des petits ruminants (BA DIAO,
2004).
En général, l'association de l'agriculture et de
l'élevage se traduit par le recours à la culture attelée,
l'utilisation de la fumure animale pour fertiliser les champs et l'exploitation
des résidus de récoltes pour nourrir des animaux.
Cette forme récente d'élevage sédentaire
accompagne les progrès de
l'intensification de l'élevage et contribue à la
stabilisation de la migration pastorale. Selon toujours le même auteur,
les paysans prennent l'habitude de nourrir à l'étable les animaux
destinés à la traction du matériel agricole et des
charrettes. Il en est de même pour les animaux en engraissement
achetés par les
producteurs en début de la saison sèche pour les
revendre comme animaux de boucherie selon les besoins du marché.
Pour les petits troupeaux gérés dans le cadre
des systèmes agropastoraux, le rayon des déplacements est
généralement réduit, les animaux pouvant trouver dans leur
zone de séjour habituelle une alimentation suffisante en saison
sèche (champs récoltés et zones impropres à
l'agriculture). Ils sont conduits, en hivernage, soit dans les zones plus
boisées, soit sur des parcours maintenus temporairement en
jachère.
2. Système à dominante pastorale
Ce système concerne 32% des bovins et 35% des petits
ruminants. Il se rencontre généralement dans le bassin du Ferlo,
domaine d'élevage extensif.
Dans cette région, les contraintes liées au
milieu naturel, notamment la dispersion dans l'espace des ressources en eau et
en pâturages de même que leur variabilité dans le temps,
imposent une grande mobilité des groupes humains et du bétail.
Dans la logique de ce système, le mode de vie et l'ensemble des
activités productives sont subordonnés à la
sécurisation du cheptel. C'est ainsi que face à une menace de la
sécheresse, les éleveurs de la zone sylvopastorale
n'hésitent pas à abandonner leurs parcelles pour conduire les
animaux en transhumance vers les régions du Sud (SONED,
1999).
3. Système périurbain
Ce système localisé dans la zone des Niayes,
intéresse l'embouche, et la production laitière. Il concerne 1%
des bovins et 3% des petits ruminants. Les élevages y sont intensifs et
semi-intensifs.
Le développement des activités
périurbaines est lié à une forte urbanisation et la
démographie galopante de la région de Dakar. Ce processus est
favorisé par la concentration des industries et du commerce, sources
potentielles d'emplois, mais aussi par des conditions de vie
considérées clémentes (accès à l'eau
potable, électricité et aux services sociaux) par rapport
à celles qui prévalent dans certaines régions agricoles
affectées par la sécheresse et la désertification
(BA, 2001).
IV. DIFFÉRENTS TYPES DE PRODUCTION
Selon NESSEIM (1995), pour la
productivité de la vache au Sénégal, seuls la viande et le
lait sont analysés. Les autres productions comme le fumier, la traction,
les cuirs et peaux bien que non négligeables sont
considérés comme faisant partie des avantages non quantifiables.
On note également la production du bétail à travers la
reproduction et la croissance. En effet, puisque le troupeau se reproduit, le
croît doit être considéré comme un produit de
l'élevage.
1. Production laitière
Les vaches africaines sont généralement des
mauvaises laitières bien qu'elles soient pour la plupart
exploitées pour la production laitière. Cependant le lait produit
possède un taux élevé de matière grasse. Les vaches
en stabulation produisent beaucoup plus de lait que dans les élevages
extensifs où la traite est généralement suspendue durant
la saison sèche. La production nationale laitière en 2006
était estimée à 210,269 millions de litres de lait, dont
35% de lait des petits ruminants et 65 % de lait de vache (MEF/DPS,
2006).
2. Production bouchère
L'aptitude principale du Zébu Gobra largement
exploitée au Sénégal est la production de viande. Le poids
moyen des males adultes se situe entre 400 et 500 kg avec un rendement de la
carcasse de 48 à 56% (PAGOT, 1985).
Dans les zones infectées de glossines, la vocation
principale de la Ndama est la production de viande. Le poids et le rendement de
la carcasse obtenus varient avec l'âge, le mode d'élevage, mais
surtout, avec l'état de finition des animaux FAYE
(1992). Au Sénégal, DIOUF (1991)
signale que la croissance des Ndama est lente et irrégulière. Le
rendement moyen de la carcasse chez la femelle et le mâle est
respectivement de 38,9% et 48,7%. Toutefois, un animal bien alimenté
peut avoir un rendement de 52 à 54%.
3. Productions annexes
Les productions annexes sont la traction, le cuir et la fumure.
3.1. Trait
Les taureaux sont très appréciés comme
bêtes de trait et ils sont castrés entre 18 mois et 2 ans. Le
Zébu Gobra est souvent utilisé dans le bassin arachidier du
Sénégal où il est mis à profit dans les travaux
champêtres et le transport en charrette. Son rendement au travail est
comparable à celui des ânes et des chevaux. Malgré son
petit format, la Ndama s'est révélée comme un animal de
trait très performant. Sa puissance de traction est supérieure
à celles de plusieurs races. Elle est capable de fournir un effort de
traction équivalent à 14% de son poids corporel comparé
à 10-12% pour les autres races (FALL, 1987).
3.2. Cuir
Le cuir est d'excellente qualité lorsqu'il est bien
conditionné. Pour la Ndama, le cuir est commercialisé sous le nom
de « Vachette de Guinée » et pèse de 3 à 4 kg
(FALL, 1987).
3.3. Fumure
Elle est utilisée par les agro-pasteurs pour fertiliser
leurs champs. Les résidus de récolte sont utilisés dans
l'alimentation des animaux, montrant l'intégration
agriculture-élevage (DIOUF, 1991).
V. CONTRAINTES DE L'ÉLEVAGE AU
SÉNÉGAL
L'élevage occupe une place de choix dans l'économie
du pays, bien que plusieurs contraintes limitent son rendement
économique.
Les principales contraintes sont d'ordre climatique, alimentaire,
sanitaire, génétique, politique, socio culturel et commercial.
1. Contraintes cimatiques
Le climat est certainement la contrainte la plus
déterminante car il conditionne les ressources alimentaires du
bétail.
La forte variabilité de la pluviométrie dans
l'espace et dans le temps, fait que la disponibilité des pâturages
est très limitée en quantité et en qualité, surtout
dans le système traditionnel qui caractérise l'élevage au
Sénégal. D'après PAGOT, (1995) les
températures tropicales élevées sont de loin une
contrainte importante à la production laitière intensive, qui est
essentiellement axée sur l'exploitation des races originaires des zones
à climat tempéré. En effet le séjour pendant un
temps prolongé à des températures supérieures
à 25°C, particulièrement en ambiance humide entraîne
une réduction de l'ingestion alimentaire des vaches et, par
conséquent, une chute de la production et de la fertilité des
animaux.
2. Contraintes alimentaires
L'une des causes des infertilités des vaches en zone
tropicale est le facteur alimentaire. L'aspect quantitatif et qualitatif de
l'alimentation sont mises en cause. Ce facteur alimentaire peut être
analysé à deux niveaux :
+ La suralimentation
Très rare en milieu tropical, la suralimentation peut
être à l'origine d'une infiltration graisseuse au niveau de
l'ovaire. Cette suralimentation associée à un syndrome hypo
hormonal, retarde considérablement l'involution utérine sans
laquelle la vache ne peut à nouveau concevoir.
+ La sous alimentation
Elle revêt un caractère endémique en zone
tropicale surtout lorsqu'elle est associée à une
difficulté d'abreuvement. Cette sous alimentation est surtout
liée à la rareté et à la pauvreté des
pâturages en saison sèche. Sur le plan hormonal, on observe en
saison sèche une pseudo-hypophysectomie fonctionnelle ayant comme
conséquence un trouble de la gamétogenèse, voire une mise
en veille de l'activité ovarienne.
Selon CHICOTEAU (1991), la principale
contrainte à la productivité du Zébu est la sous
alimentation. Elle empêche les animaux d'extérioriser leur
potentiel génétique en touchant leur fonction de reproduction.
La sous alimentation du Zébu Gobra en élevage
extensif retarde la reprise de l'activité ovarienne. En station, ce
délai de reprise de l'activité ovarienne est beaucoup moins long
; 54% des Zébu Gobra ont repris leur activité ovarienne entre 36
et 48 jours après le part (MBAYE, 1993).
3. Contraintes sanitaires
Elles sont particulièrement constantes en
élevages traditionnels. Il s'agit essentiellement des pathologies
infectieuses notamment, la dermatose nodulaire, la fièvre de la
vallée du Rift, et la fièvre aphteuse. A ces maladies il faut
ajouter le problème de parasitisme quasi constant en milieu rural et le
rôle joué par les glossines dans le Sud et le Sud Est du pays dans
la transmission des maladies parasitaires comme la trypanosomose.
En revanche, le pays dispose d'une bonne couverture sanitaire
contre les grandes épizooties.
4. Contraintes génétiques
La plupart des races bovines exploitées en Afrique sont de
faible potentialité génétique.
Pour exemple le zébu Gobra largement exploité au
Sénégal, ne pèse qu'entre 400 et 500 kg chez l'adulte et
le rendement de sa carcasse est de l'ordre de 48 à 56 % (PAGOT,
1985). Le taurin Ndama exploité surtout en Casamance et au
Sénégal oriental quant à lui pèse à
l'âge de 4 ans un poids estimé à 382,6 #177; 20,0 kg chez
le mâle et 286,7 #177; 8,3 kg chez la femelle (DIADHIOU,
2001).
De plus, on note la faiblesse du potentiel laitier des races
locales dont la production oscille entre 1 et 3 litres de lait par jour avec
une période de lactation de 180 jours.
5. Contraintes politiques et socio-économiques
En Afrique, on note une défaillance du système
d'encadrement des éleveurs. En effet dans très peu de pays
africains seulement, l'intensification des productions animales est une
priorité. Le crédit agricole est difficilement accessible avec le
taux d'intérêt très élevé (AMAHORO,
2005).
Pour l'éleveur traditionnel, le critère
numérique constitue le facteur prépondérant par rapport
à la production par tête. Dès lors, la maximisation du
profit par la production laitière plus rationnelle ne constitue pas la
préoccupation majeure. A cela s'ajoute le manque de formation des
éleveurs et leur faible niveau de technicité (KABERA,
2007).
6. Contraintes commerciales
Le manque de maîtrise des circuits de commercialisation,
associé à la dépendance du producteur vis à vis des
intermédiaires intervenant dans la filière et la fixation du prix
à la consommation font que le système de commercialisation du
bétail n'offre pas de débouchés sûrs. Concernant la
production laitière, l'enclavement des zones de productions rend sa
commercialisation difficile.
En système intensif, le coût élevé des
intrants et du crédit rend les produits peu compétitifs par
rapport aux produits importés.
Malgré toutes ces contraintes, les perspectives
d'amélioration de la filière laitière au
Sénégal sont nombreuses et passent entre autres par le
développement des centres de collecte de lait et des mini laiteries,
ainsi que le développement des unités de transformation du lait
en d'autres produits laitiers.
Une meilleure production du lait doit passer par une bonne
maîtrise de la reproduction, laquelle met la vache en état de
lactation après mise bas.
CHAPITRE II : MAITRISE DE LA REPRODUCTION
I. RAPPELS ANATOMIQUES DE L'APPAREIL GÉNITAL
FEMELLE
L'appareil génital de la femelle comporte trois grandes
portions:
· Une portion glandulaire constituée par les
ovaires jouant une double fonction :
gamétogénèse assurant l'ovogénèse,
et endocrine commandant (sous le contrôle
hypothalamo-hypophysaire) l'activité génitale par la
sécrétion des hormones oestrogènes et progestative ;
· Une portion tubulaire constituée par
l'utérus (qui reçoit l'oeuf fécondé,
permet son implantation et assure sa nutrition pendant la gestation), les
trompes utérines (qui captent les ovocytes et sont le siège
de la fécondation) ;
· Le sinus uro-génital formé du
vagin et une région orificielle qui constitue la
vulve. Le vagin est le lieu de copulation et la porte de sortie du
veau à la naissance. (Figure 2)
Figure 2: Schéma de l'appareil génital
de la vache en place (Source : CIRAD, 2009)
II. RAPPELS PHYSIOLOGIQUES SUR LA REPRODUCTION CHEZ LA
VACHE
1. Etapes de la vie sexuelle et la puberté
Quatre périodes chronologiques correspondant chacune
à un état particulier de l'ovaire sont décrites chez la
vache. Il s'agit d'une période pré-pubertaire, une période
pubertaire, une période adulte et une période sénile.
La puberté est la période au cours de laquelle
se met en place la fonction de reproduction. C'est l'âge auquel l'animal
devient apte à produire les gamètes fécondants. C'est donc
le moment d'apparition des premières chaleurs.
La puberté est atteinte en général
lorsque la vache atteint un poids moyen minimum équivalent aux 2/3 de
son poids adulte ; soit 60% de celui-ci. L'âge à la puberté
varie en fonction du niveau alimentaire, de l'environnement et des facteurs
génétiques (ROBERT C.J. et al. 1993).
A partir de la puberté et durant la période
adulte, il apparaît chez la femelle une manifestation cyclique
dénommée cycle sexuel. Selon NIBART (1991),
cette cyclicité chez la vache, une fois déclenchée, n'est
interrompue que par la gestation, le postpartum et les troubles
alimentaires.
2. Cycle sexuel de la vache
Chez tous les mammifères, l'appareil génital
femelle est sujet à des modifications histo-physiologiques au cours de
la vie de la femelle. Elles se produisent toujours dans le même ordre et
reviennent à intervalle périodique suivant un rythme bien
défini pour chaque espèce. Ces modifications ou cycle sexuel
commencent au moment de la puberté, se poursuivent tout au long de la
vie génitale et ne sont interrompues que par la gestation, le postpartum
et le déséquilibre alimentaire. Elles dépendent de
l'activité fonctionnelle de l'ovaire, elle-même tributaire de
l'action hypothalamo-hypophysaire (DERIVAUX ,1971). Ainsi,
trois composantes caractérisent le cycle sexuel qui dure 21 jours chez
la vache:
· une composante cellulaire ;
· une composante comportementale ou psychique ;
· une composante hormonale.
2 .1. Composante cellulaire du cycle sexuel
Elle traduit l'ensemble des phénomènes cellulaires
cycliques qui se produisent au niveau de l'ovaire, avec un
événement exceptionnel qui est l'ovulation.
Le cycle ovarien se définit comme l'intervalle entre
deux ovulations. Les événements cellulaires du cycle sexuel se
subdivisent en deux phases que sont la phase folliculaire et la phase
lutéale.
-La phase folliculaire est
caractérisée par la sécrétion des
oestrogènes par les cellules de la thèque interne du follicule
ovarien. Cette phase se divise en prooestrus et oestrus.
*Le pro-oestrus
Cette période dure environ 3 à 4 jours chez la
vache. Elle est caractérisée par les processus de croissance et
maturation folliculaire qui amènent un follicule du stock cavitaire au
stade de follicule mûr. C'est également pendant cette
période que se termine la lyse du corps jaune du cycle
précédent.
*L'oestrus
C'est la période de maturité folliculaire
suivie de l'ovulation. Elle se caractérise par des modifications
comportementales dites chaleurs ; période où la femelle accepte
le chevauchement par le mâle ou par ses congénères. Sa
durée est brève chez la vache ; environ 13 à 23 heures
(CISSE, 1991).
-La phase lutéale est
caractérisée par la sécrétion de la
progestérone par le corps jaune. Cette phase comporte également
deux étapes : le met-oestrus et le di-oestrus. *Le
met-oestrus
Cette période appelée aussi post-oestrus
correspond à la formation et développement du corps jaune (C.J).
Cette étape a une durée d'environ quatre (4) jours chez la
vache.
*Le di-oestrus
Cette étape correspond à la période de
fonctionnement du corps jaune, avec sécrétion de la
progestérone. Dans certains cas, cette étape peut se prolonger.
Il devient alors un anoestrus ou repos sexuel qui peut être lié
à la gestation, au déficit alimentaire ou au postpartum.
Cet anoestrus est important chez le zébu et on note 62
% d'anoestrus chez la femelle non gestante (CUQ, 1973). A la
fin du repos sexuel, un nouveau cycle reprend par le pro-oestrus (Figure 3).
Figure 3 : Le cycle ovarien chez la vache (Source :
WATTIAUX, 2006)
2 .2. Composante comportementale
Les modifications de comportement sont des indices les plus
importants à considérer dans la pratique parce qu'étant
les seules visibles du cycle.
En effet, l'oestrus est la seule phase visible du cycle
sexuel de la vache et se caractérise par l'acceptation du chevauchement.
Par ailleurs, des signes secondaires sont parfois observés. Il s'agit
:
· de la tuméfaction vulvaire ;
· du beuglement ;
· de l'agitation ;
· de l'écoulement d'une glaire translucide.
La durée de l'oestrus est particulièrement
brève chez les bovins tropicaux.
En effet, DIOP et al. (1994) ont noté
une durée de 10,1 #177; 2,81 heures chez la race Ndama alors que
CUQ (1973) note 14 à 16 heures chez la race Gobra.
2.3. Composante hormonale
Les événements cellulaires du cycle sexuel de
la vache sont sous contrôle hormonal. Ainsi, le complexe
hypothalamo-hypophysaire, l'ovaire et l'utérus, par les
sécrétions hormonales, assurent la régulation du cycle
sexuel de la vache. Ce mécanisme hormonal fait intervenir trois groupes
d'hormones :
-Les hormones hypothalamiques qui
contrôlent la synthèse et la libération des hormones
hypophysaires. Il s'agit essentiellement de la Gonadolibérine ou
Gonadotropin Releasing Hormone (GnRH) ;
-Les hormones hypophysaires ou hormones
gonadotropes qui assurent la maturation des gonades et la
sécrétion des hormones ovariennes. Il s'agit de la FSH qui
intervient dans la croissance et la maturation folliculaire et la LH qui
intervient dans la maturation des follicules, l'ovulation et la
lutéinisation des follicules ;
-Les hormones stéroïdes d'origine
gonadique responsables de la régulation du cycle sexuel et
de la gestation. Les oestrogènes et la progestérone sont les
principaux produits de l'activité ovarienne.
Les oestrogènes sont sécrétés
principalement par les follicules ovariens. Le véritable
oestrogène d'origine ovarienne est le 17 â-oestradiol. Les
oestrogènes sont sécrétés secondairement par le
placenta et les surrénales. Le maximum des oestrogènes est
atteint au moment de l'oestrus. Les oestrogènes conditionnent l'instinct
sexuel et les manifestations oestrales.
La progestérone est sécrétée
essentiellement par le corps jaune. Elle est également
synthétisée par la corticosurrénale et le placenta de
certains mammifères. THIBIER et al. (1973) rapportent
que le taux de progestérone est maximal en phase lutéale. La
progestérone empêche toute nouvelle ovulation, prépare la
muqueuse utérine à la nidation et favorise le maintien de la
gestation.
En dehors de ces trois groupes d'hormones, la
PGF2á (Prostaglandine F2á)
d'origine utérine a une activité lutéolytique. Elle assure
la régression du corps jaune et participe ainsi à la
régulation du cycle sexuel.
3. Contrôle hormonal du cycle sexuel
Les hormones hypophysaires et ovariennes interagissent les
unes avec les autres sous le contrôle du complexe
hypothalamo-hypophysaire, assurant ainsi la régulation du cycle sexuel.
Partant de la fin de la phase lutéale, les principales actions
hormonales sont les suivantes (figure 4) :
· les prostaglandines produites par l'utérus
provoquent la lutéolyse et la chute du taux de progestérone (1)
;
· les hormones gonadotropes FSH et LH, principalement la
FSH, assurent la croissance folliculaire (2) ; il en résulte une
production d'oestrogènes en quantité croissante (3) ;
· les oestrogènes permettent l'apparition du
comportement d'oestrus. En outre, ils exercent un rétrocontrôle
positif sur le complexe hypothalamohypophysaire (4) ;
· l'autosensibilisation de l'hypothalamus à des
quantités croissantes d'oestrogènes permet une production massive
de GnRH (5) ;
· sous l'action de GnRH, l'hypophyse réagit par une
production massive de FSH et LH, les pics (sécrétion
pulsatile) de LH (6) provoque l'ovulation ;
· sous l'action de LH, le corps jaune se forme (8) et
secrète la progestérone (9), la progestérone exerce sur le
complexe hypothalamo-hypophysaire un rétrocontrôle négatif
(10) bloquant toute production de GnRH ; le complexe hypothalamo-hypophysaire
et l'appareil génital restent au repos tant que la production de
progestérone persiste.
Outre les contrôles exercés par la gonade sur le
complexe hypothalamohypophysaire, il existe des facteurs externes qui affectent
la sécrétion de la GnRH. Ces facteurs sont l'alimentation,
l'allaitement, les phéromones, le stress et l'environnement.
Figure 4: Régulation hormonale du cycle sexuel
chez la vache (Source : INRAP, 1995)
III. MAÎTRISE DE LA REPRODUCTION CHEZ LA
VACHE
1. Définition et intérêts
Elle a pour objectif de déclencher les chaleurs à
une période donnée chez les femelles de manière à
réaliser une planification des naissances dans le troupeau.
2. Moyens et méthodes de maîtrise de la
reproduction bovine
Les moyens et méthodes utilisés pour la maitrise
de la reproduction sont d'ordre médical, zootechnique et chirurgical.
2.1 Moyens et méthodes médicaux
Ils font recours aux progestagènes et aux prostaglandines
pour la synchronisation des chaleurs.
2.1.1. Principe de l'induction hormonale des
chaleurs
Le principe consiste à bloquer momentanément la
décharge cyclique de FSH (Folliculine stimulating hormone) et de LH
(luteinizing hormone) en vue d'induire ou de synchroniser la venue des
chaleurs. L'induction des chaleurs repose donc sur deux actions :
- L'établissement d'une phase lutéale artificielle
par administration de la progestérone ou ses analogues ;
- Le raccourcissement de la phase lutéale normale par
administration des prostaglandines ou leurs analogues.
Par ailleurs, dans l'optique d'augmenter le degré de
synchronisation, de réduire l'incidence des chaleurs silencieuses, le
traitement à base des progestagènes ou des prostaglandines est
associé à l'administration d'oestrogènes, de
gonadotropines et de PMSG (Pregnant Mare Serum Gonadotropin) en vue de stimuler
l'activité ovarienne.
2.1.2. Méthode de synchronisation des
chaleurs
Deux méthodes de synchronisation de l'oestrus sont
utilisées actuellement : - l'administration de la progestérone ou
de progestagènes ;
- l'administration des prostaglandines ou de leurs
analogues.
Néanmoins, dans l'optique d'optimiser la
synchronisation des chaleurs, ces substances sont le plus souvent
utilisées en association. Ainsi, le protocole le plus utilisé
combine les progestagènes, les oestrogènes, la PG2á
(prostaglandine F 2á) et la PMSG.
· L'administration de la progestérone ou ses
analogues
Cette méthode consiste à administrer un
progestatif qui va bloquer l'évolution du cycle en phase lutéale.
La suspension du traitement provoquera l'oestrus en 2 à 3 jours. Si la
femelle n'est pas cyclée, le progestatif aura un rôle de corps
jaune artificiel et l'arrêt du traitement entraînera la maturation
folliculaire et donc l'oestrus. L'association au traitement par les
progestatifs de :
- la PMSG stimulera la maturation folliculaire et l'ovulation
;
- la PGF2á assurera la lutéolyse d'un
éventuel corps jaune.
Dans la pratique, les protocoles impliquant la spirale intra
vaginale (PRIDND) et l'implant sous cutané
(CRESTARND) sont les plus utilisés :
- La spirale vaginale ou PRID (Progesterone
Release Intra-vaginal Device) : c'est une spirale
métallique recouverte d'un élastomère siliconé dans
laquelle est incorporée da la progestérone et à laquelle
est fixée une gélule renfermant du benzoate d'oestradiol. La
spirale est placée dans le vagin à l'aide d'un applicateur de
spirale. Le retrait de la spirale s'accompagne de l'oestrus dans les 48 heures
qui suivent (DERIVAUX, 1989). En pratique, son protocole
d'utilisation est le suivant :
· J0 : pose de la spirale ;
· J10 : injection de PGF2á ;
· J12 : retrait de la spirale et injection de PMSG ;
· J14 : apparition des chaleurs et insémination.
- L'implant sous-cutané ou Norgestomet
(CRESTARND) : la mise en place derrière
l'oreille d'un implant de 3 de Norgestomet est associée à une
injection de Valérate d'oestradiol. En pratique, son protocole
d'utilisation est le suivant :
· J0 : pose d'implant et injection de valérate
d'oestradiol ;
· J7 : injection de PGF2á ;
· J9 : retrait d'implant et injection de PMSG ;
· J11 : apparition des chaleurs et insémination.
Ces protocoles sont souvent réalisés sans
utilisation de PGF2á. Dans ce cas, les animaux
bénéficieront uniquement de l'action lutéolytique de
l'oestradiol.
~ L'administration des prostaglandines naturelles ou
leurs analogues Elle s'applique aux animaux cyclés en phase
lutéale. La prostaglandine F2á entraîne la destruction du
corps jaune(CJ) ou lutéolyse ; ce qui provoque ainsi une chute de la
progestéronémie. La prostaglandine F2á n'est active que
sur le corps jaune fonctionnel. En pratique, à l'échelle du
troupeau, il est nécessaire de réaliser deux injections à
11 jours d'intervalle (PAREZ, 1993).
A la première injection, la prostaglandine assurera la
lutéolyse chez les vaches en phase lutéale (C.J > 5 jours) et
un nouveau cycle redémarrera ; alors qu'elle n'aura aucun effet chez les
vaches à corps jaune non fonctionnel. Onze jours plus tard, les deux
lots seront au même stade du cycle et la deuxième injection
entraînera la lutéolyse chez toutes les vaches et le groupage des
oestrus. En pratique, son protocole d'utilisation est le suivant :
· J0 : première injection de prostaglandines ;
· J11 : deuxième injection de prostaglandines ;
· J13 - J15 : apparition des chaleurs et
insémination.
2.1.3. Intérêts de la
synchronisation
Il existe trois principaux intérêts :
+ dans un troupeau où toutes les femelles sont
cyclées, le traitement permet de grouper les chaleurs ;
+ dans un troupeau où toutes les femelles ne sont pas
cyclées, le traitement permet d'induire et de synchroniser les oestrus
;
+ la synchronisation permet d'inséminer au jour et
à l'heure voulu afin d'éliminer l'effet de détection des
chaleurs incomplètes ou des chaleurs silencieuses (PAREZ ,1993)
et (SOW ,1997).
2.2 Moyens et méthodes zootechniques
Plusieurs facteurs de variation de la reproduction du
bétail ont été mis en évidence. Ils sont
liés ou non à l'animal et intéressent les deux sexes. Les
principaux sont :
- Le Climat : La température
ambiante élevée est défavorable à la reproduction
aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Chez plusieurs
espèces animales, elle peut provoquer des anoestrus courts, des cycles
oestraux anormaux, une chute du taux de fertilité et une
mortalité embryonnaire élevée ABILAY et al.
(1974).
-L'alimentation : L'alimentation
apparaît comme le facteur essentiel de variation de la reproduction du
bétail. La sous alimentation provoque la pseudo hypophysectomie
fonctionnelle à l'origine de l'anoestrus, l'hypoplasie ovarienne et de
bien d'autres affections.
Une alimentation satisfaisante au moment de la mise en place
de la gestation permet une amélioration des taux d'oestrus, d'ovulation,
de fécondation et une baisse de mortalité embryonnaire.
-L'animal : Certains facteurs
directement liés à l'animal tel que la race, l'âge,
l'état de santé et du mode d'élevage influencent
l'activité de reproduction.
2.3 Moyens et méthodes chirurgicaux
Souvent traumatiques ils ne sont pas fréquemment
utilisés chez les bovins. 3. Détection des
chaleurs
La finalité de la maîtrise de la reproduction est
l'apparition des chaleurs chez la femelle. Une bonne détection des
chaleurs conditionne la rentabilité de l'élevage. Elle permet
surtout un choix judicieux du moment de l'insémination. Selon
BANES et HULTNES, (1974) puis TRAORE et BAKO
(1984), les signes de chaleurs sont en général discrets
chez les bovins tropicaux.
Plusieurs méthodes de détection sont
proposées aujourd'hui et sont basées sur:
· l'observation directe ;
· l'observation indirecte.
3.1. Observation directe
Elle peut être continue ou discontinue. Lorsqu'elle est
continue, l'éleveur doit suivre continuellement son troupeau et ceci
pose un problème de temps. Néanmoins c'est la méthode de
choix permettant de détecter 90 à 100 % de vaches en chaleurs
(DIOP, 1995). Quant à l'observation directe
discontinue, les chaleurs sont détectées à des moments
précis comme au moment de la traite, au moment du repos à
l'étable, pendant l'alimentation, etc. Cette observation permet de
détecter 88% de vaches en chaleurs (DIADHIOU, 2001). Le
tableau III montre les principaux signes de chaleurs.
Tableau III : Principaux signes de chaleurs chez la
vache
Début des chaleurs (6-10 heures)
|
Chaleurs proprement
dites (16-18heures)
|
Fin des chaleurs
|
Renifle les autres vaches ;
|
Se laisse monter ;
|
Ne se laisse plus monter ;
|
Chevauche ses compagnes ;
|
Beugle et nerveuse ;
|
Flaire encore les autres ;
|
La vulve est moitié rouge et
|
Diminution de la
|
Décharge du mucus ;
|
légèrement gonflée.
|
production laitière ;
|
Mucus toujours clair.
|
|
Monte les autres ;
|
|
|
Tuméfaction vulvaire ;
|
|
|
Décharge du mucus clair ;
|
|
|
Pupille dilate.
|
|
|
L'efficacité de l'observation directe est fonction du
lieu, moment et fréquence d'observation :
- le lieu d'observation : la stabulation libre
offre des conditions optimales pour la détection des chaleurs ;
- le moment d'observation: la plupart des
tentatives de monte se produisent la nuit, aux premières heures de la
journée et en fin de soirée. De manière à pouvoir
détecter plus de 90% des chaleurs dans un troupeau, les vaches doivent
être observées attentivement aux premières heures de la
matinée, aux heures tardives de la soirée et à intervalle
de 4 à 5 heures pendant la journée (WATTIAUX, 2006)
;
- la fréquence d'observation: le
nombre et le moment d'observation des chaleurs influencent
énormément le pourcentage des femelles détectées en
oestrus. En outre, pour un même nombre d'observations par jour, le temps
consacré à la détection des chaleurs affecte aussi ce
pourcentage.
3.2. Observation indirecte
Elle utilise des marqueurs ou révélateurs de
chevauchement ; outils permettant d'augmenter l'efficacité de la
détection des chaleurs.
· Les révélateurs de
chevauchement
Plusieurs systèmes ont été proposés
pour mettre en évidence l'acceptation du chevauchement
caractéristique de l'état oestral.
- l'application de peinture : la peinture
plastique ou le vernis est appliqué sur le sacrum et les
premières vertèbres coccygiennes des femelles. L'animal
chevauchant son partenaire en état d'acceptation effacera ou dispersera
ces marques colorées lors de sa retombée ;
- les systèmes « Kamar » et «
Oesterflash » : il s'agit d'appareils sensibles à la
pression et qui peuvent être collés sur la croupe des vaches dont
on veut détecter les chaleurs. Lorsqu'un animal en chaleur est
complètement chevauché par une congénère, la
pression exercée provoque un changement de coloration dans la capsule de
teinture se trouvant dans le dispositif. La capsule, sous la pression d'un
chevauchement, se colore en rouge dans le système Kamar et en rouge
phosphorescent dans le système Oesterflash (SAUMANDE, 2000)
;
- le système Mater-Master : il est
basé sur le même principe que le précédent. Il
permet une quantification indirecte du nombre et de la durée des
chevauchements. Le liquide coloré contenu dans un réservoir
progressera de façon plus ou moins importante selon le nombre et
l'intensité des chevauchements dans les deux systèmes tubulaires
prolongeant le réservoir de colorant.
· Les licols marqueurs
Ces systèmes s'adressent aux animaux détecteurs.
Il s'agit entre autres :
- de l'utiisation de peinture : de bons
résultats ont été obtenus en enduisant chaque matin le
sternum et la face interne des membres antérieurs de l'animal
détecteurs au moyen d'une substance colorée ;
- du système Chin-Ball : le marquage
est effectué lors de la monte à l'aide d'un réservoir
encreur dont l'orifice inférieur est fermé par une bille
maintenue en place par un ressort interne lorsque aucune pression n'est
exercée (Modèle Chin-Ball) ;
- de harnais marqueur : il s'agit de la
fixation d'un crayon marqueur par l'intermédiaire d'un harnais au
sternum de l'animal détecteur (taureau vasectomisé, à
pénis dévié ou femelle androgénisée) ;
- du système Sire-Sine : dans ce
modèle, les marques sont tracées par un bloc de paraffine de
couleur vive inséré dans une logette métallique et
maintenu par ne goupille.
Ces deux derniers systèmes sont fixés au niveau
de la région sous-maxillaire de l'animal détecteur. Il convient
d'accoutumer l'animal détecteur au port du licol marqueur dont le bon
fonctionnement sera vérifié quotidiennement.
· Les méthodes annexes de
détection
D'autres dispositifs d'assistance ont été
testés, mais ils ne sont pas utilisés couramment. Il s'agit :
- des caméras reliées à un poste de
télévision situé dans la maison ou le bureau. Elles
permettent d'allonger la période d'observation et facilitent la
détection des vaches en chaleurs ;
- d'une sonde qui mesure la baisse de la résistance
électrique du vagin et des sécrétions vaginales (ou
vagino-cervicales) au cours de l'oestrus ;
- des podomètres mesurant l'activité physique de la
vache qui, au commencement des chaleurs, augmente de 2 à 3 fois ;
- des changements dans la consommation alimentaire, la
température du lait et dans la production de lait sont des indices
utiles pour prévoir le début des chaleurs.
Ces mesures sont moins laborieuses pour l'éleveur car
elles peuvent être effectuées par voie électronique.
Cependant, elles ne sauraient remplacer l'observation visuelle d'une vache en
oestrus. En effet, c'est le seul indicateur qui permet à
l'inséminateur de déterminer le moment optimal de
l'insémination.
CHAPITRE III : AMELIORATION GENETIQUE BOVINE
L'amélioration génétique permet
d'augmenter les performances zootechniques des races en modifiants les
aptitudes génétiques des animaux (HOSTE et al,
1993). Les méthodes utilisées dans l'amélioration
génétique sont la sélection et le croisement.
I. METHODES D'AMELIORATION GENETIQUE
L'amélioration génétique est
réalisée à travers deux techniques que sont la
sélection et le croisement de races (IEMVT/CIRAD,
1989).
La sélection est un processus qui,
sous la pression des facteurs du milieu au cours de l'évolution, permet
d'isoler et de multiplier une mutation dans le but d'améliorer une
espèce. Dans une population, elle permet d'augmenter la valeur moyenne
d'un ou de plusieurs caractères, choisies au préalable pour
améliorer le potentiel génétique des animaux de cette
population.
Le croisement consiste à un accouplement
des individus de races différentes permettant ainsi de combiner les
avantages de ces races.
En effet, les limites de la sélection et de
l'élevage en race pure (consanguinité augmentée, manque
d'efficacité de la sélection des caractères à
faible héritabilité, etc.), ont conduit à rechercher des
possibilités d'accouplement entre les représentants de races
différentes.
II. PRINCIPALES ETAPES DE L'AMELIORATION GENETIQUE DES
CARACTERES QUANTITATIFS
L'amélioration génétique requiert une
démarche méthodique dont la finalité doit être
précisée. D'après BONNES et al. (1991),
l'amélioration génétique des caractères
quantitatifs comporte quatre (4) étapes qui se succèdent toujours
dans le même ordre. Il s'agit :
· Du choix du (ou des) caractère(s)
génétiques à améliorer;
· De la description de la population cible ;
· De l'évaluation génétique des
reproducteurs ;
· Du choix d'une méthode d'amélioration
génétique.
III. L'INSEMINATION ARTIFICIELLE : BIOTECHNOLOGIE DE LA
REPRODUCTION ET OUTIL DE L'AMELIORATION GENETIQUE
Les biotechnologies animales visent à produire des
individus possédant un potentiel de production supérieur à
celui des parents, et dans des conditions de moindre coût (DIOP
1993).
Les biotechnologies de la reproduction comptent classiquement
quatre générations successives :
-L'insémination artificielle ;
-Le transfert d'embryon ;
-Le sexage des embryons, la fécondation in vitro et le
clonage;
-Le transfert de gènes ou la transgénèse.
Nous développerons dans la partie suivante
l'insémination artificielle , qui est de loin la biotechnologie de la
reproduction la plus utilisée en Afrique.
1. Définition et historique
1.1 Définition
L'insémination artificielle est une technique de
reproduction, qui consiste à déposer la semence du mâle
dans la partie la plus convenable des voies génitales d'une femelle et
au moment le plus opportun à l'aide d'un outil approprié, sans
qu'il n y ait un acte sexuel. La semence est obtenu à l'aide d'artifices
variables chez le mâle ayant reçu préalablement un
agreement zootechnique et sanitaire.
L'IA est un outil indispensable pour le progrès
génétique, et elle est considérée comme la
première génération des biotechnologies animales
(DIOP, 1993).
1.2 Historique
L'insémination artificielle n'est pas une technique
récente, puisque les historiens arabes relatent des applications sur des
juments en 1322.
En 1779, LAURO et SPALLANZANI réalisèrent la
première IA chez la chienne. En 1902, SAND au Danemark, indique que
l'importance caractéristique de cette technique, est l'emploie
économique d'un reproducteur de haut potentiel génétique.
Chez les bovins, les premiers essais ont été
réalisés au début de ce siècle avec notamment
l'équipe russe d'IVANOV (1907) et MILLOVANOV (1932), et l'équipe
danoise de SAND et ROWENSEN (1936).
En 1936 au Danemark, SORENSEN crée la première
coopérative d'IA et 1700 vaches sont inséminées la
1ère année avec un taux de fécondité de
51%.
Cependant, ce n'est que vers la fin de la
2ème guerre mondiale qui l'IA bovine a connu un essor
véritable, à la suite des progrès réalisés
par l'équipe de CASSOU et LAPLAU à Rambouillet. Ces derniers ont
travaillé sur les techniques de dilution et de conservation de la
semence, qui permettent de valoriser les semences d'animaux de haute valeur
génétique sur le plan:
* local (en multipliant les doses)
* dans le temps (conservation des doses)
* dans l'espace (transport des doses)
En Afrique noire, les premiers essais ont été
réalisés au Kenya et en Afrique du Sud avec l'équipe
d'ANDERSON. Au Sénégal, cette technologie est largement t
utilisée en milieu paysan depuis 1995, année de la
première campagne d'insémination artificielle. Dans d'autres pays
son usage est resté très limité à la station de
recherche.
De nos jours l'insémination artificielle reste l'outil
biotechnologique qui contribue incontestablement à l'intensification de
la production laitière.
2. Avantages et inconvénients
2.1 Avantages
Les avantages se situent à plusieurs niveaux :
+ Avantages d'ordre génétique :
L'IA permet d'améliorer le progrès
génétique. En effet, elle permet une
précision élevée par le choix des mâles sur
descendance et une forte intensité de sélection
pour les mâles. En effet le besoin en mâles
reproducteurs pour un nombre déterminé de femelles est beaucoup
plus faible qu'en monte naturelle.
La supériorité génétique des
taureaux ainsi sélectionnés est largement diffusée
grâce à l'IA. En comparaison avec la monte naturelle, l'IA permet
d'augmenter le nombre de descendants par mâle et de dissocier, dans le
temps et dans l'espace, les lieux de production et de mise en place de la
semence. En effet, un éjaculat permet de saillir environ 300 vaches et
se conserve longtemps (environ 10 ans).
+ Avantages d'ordre sanitaire :
L'insémination artificielle est un outil de
prévention de propagation de maladies contagieuses et/ou
vénériennes grâce au non-contact physique direct entre la
femelle et le géniteur. Cependant, il y a certains agents infectieux qui
peuvent être transmis par la semence lors de l'IA. C'est le cas du virus
aphteux, du virus bovipestique, du virus de l'IBR, de la Brucella abortus,
du campylobacter, etc.
Toutefois le contrôle de maladies, grâce aux
normes sanitaires strictes exigées au niveau des centres producteurs de
semences, a permis de réduire considérablement le risque de
transmission de ces agents par la voie "mâle".
Par l'insémination artificielle, il est possible
d'éviter l'apparition des maladies génétiques liées
à l'utilisation prolongée d'un seul reproducteur dans une
même ferme. L'insémination artificielle permet aussi d'exploiter
des reproducteurs performants souffrant d'impotence à la suite
d'accident ou d'engraissement, par l'application des méthodes de
collecte avec un électro-éjaculateur.
+ Avantages d'ordre économique :
L'IA dispense l'éleveur d'entretenir un taureau au profit
d'une semence de taureau sélectionné.
L'éleveur n'aura plus de souci de nourrir un taureau (qui
présente parfois un danger) ;
Grâce à l'IA, on peut réaliser le
croisement et bénéficier ainsi d'un
phénomène d'hétérosis. Cependant dans le
contexte tropical, son utilisation reste liée à celle
des techniques de groupage des chaleurs (synchronisation et/ou induction des
chaleurs).
En effet, si elle est judicieusement combinée aux
techniques de groupage des chaleurs, l'insémination artificielle peut
contribuer à une meilleure gestion de l'élevage à travers
:
- la réduction de l'intervalle entre mises bas ;
- le groupement des naissances en fonction des saisons.
L'insémination artificielle contribue à
l'amélioration de la productivité du troupeau (lait - viande) qui
se traduit par l'amélioration du revenu de l'éleveur. Cet aspect
est particulièrement perceptible chez les animaux croisés
(obtenus par insémination artificielle des vaches locales) dont la
production s'améliore de 100% par rapport au type local ;
Enfin, l'IA contribue à la sécurité
alimentaire à travers l'amélioration de la production nationale
en lait et en viande.
+ Avantages d'ordre technique et pratique :
Au-delà d'un certain effectif, il devient indispensable
de conduire son troupeau en bande, pour une meilleure organisation et
rentabilité. L'IA permet une organisation plus rigoureuse des
productions par une planification, une organisation du travail et un suivi
permanent.
L'IA offre une grande possibilité à
l'éleveur du choix des caractéristiques du taureau qu'il
désire utiliser en fonction du type de son élevage et l'option de
production animale à développer.
2.2 Inconvénients
Les inconvénients de l'insémination artificielle
sont notamment les dangers qui tiennent à un mauvais choix du
géniteur, une perte possible de gènes (c'est le cas de la
sélection du caractère de haute production laitière qui a
été obtenu au détriment de la rusticité, de la
longévité, de la fécondité...) et la
consanguinité.
3. Préparation de la semence
La semence est obtenue après récolte, examen,
dilution et conditionnement du sperme. Une bonne qualité de la semence
est indispensable pour optimiser le taux de réussite de l'IA.
3.1. Récolte du sperme
3.1.1. Récolte au moyen du vagin
artificiel
Cette méthode a été mise au point en 1914
par AMANIGA sur le chien. Elle fut améliorée par la suite par
KAMAROU NAGAEN en 1930 pour le taureau. Le modèle de vagin actuellement
utilisé a été mis au point par WALTON en 1940 (Figures 5
et 6).
Figure 5: Vagin artificiel Figure 6 : Vagin artificiel,
coupe longitudinale
Cette méthode consiste à faire éjaculer
le taureau dans un vagin artificiel au moment de la monte sur une vache en
chaleurs ou non, sur un autre taureau ou sur un mannequin (figure 7). Le vagin
artificiel offre toutes les conditions du vagin naturel au moment du coït
; la température doit être d'environ 40 à 42°C, la
pression est assurée par insufflation de l'eau tiède par
l'orifice du robinet, la lubrification doit être faite par une substance
insoluble dans le plasma séminal et non toxique pour le sperme.
Figure 7 : Collecte de la semence au moyen du vagin
artificiel Source : R.G. Elmore, 1996.
3.1.2. Electro-éjaculation
L'électro-éjaculation est une méthode de
récolte de sperme par stimulation des vésicules séminales
et des canaux déférents à l'aide d'électrodes
bipolaires implantées par voie rectale permettant d'obtenir
l'érection et l'éjaculation. Cette méthode permet
d'obtenir régulièrement les sécrétions accessoires
puis, le sperme pur, riche en spermatozoïdes (MBAINDINGATOLOUM,
1982). Les figures 8 et 9 montrent la sonde et la méthode
d'électro-éjaculation.
Figure 8 : Electro-éjaculation Figure 9 :
Sonde d'électro éjaculation
Source : R.G. Elmore ,1996. Source : R.G. Elmore,
1996.
3.2. Examen du sperme
L'examen du sperme a pour objectif d'apprécier la
qualité et la quantité du sperme pour son utilisation en
situation artificielle.
3.2.1. Examen macroscopique de la semence
Cet examen permet d'apprécier son volume, sa couleur et
son aspect général -Le volume varie de 0,5 à 15 ml ;
-La couleur et l'aspect général : le sperme est
blanchâtre de consistance lactocrémeuse. Il ne doit y avoir ni de
trace de sang ni de pus. Les vagues macroscopiques des spermatozoïdes
permettent l'appréciation de l'aspect général des
spermatozoïdes.
3.2.2. Examen microscopique
Il permet d'apprécier la motilité, la
concentration en spermatozoïdes et la morphologie des spermatozoïdes
d'un échantillon. La motilité des spermatozoïdes est
estimée à l'aide d'un microscope à plaque chauffante
(37°C) immédiatement après son prélèvement. Il
faut distinguer la motilité massale et la motilité
individuelle.
La motilité massale se fait à faible
grossissement (x100 à x 200). Elle détermine la proportion de
spermatozoïdes mobiles. Elle est affectée d'une note de 0 à
5 variant selon l'ampleur des vagues ondulatoires (Tableau IV):
Tableau IV : Motilité massale du
sperme
Motilité
|
Note
|
Absence de mouvement
|
1
|
Mouvement net sans vague
|
2
|
Début de vague
|
3
|
Vague très net
|
4
|
Tourbillon
|
5
|
La motilité individuelle est réalisée au
fort grossissement (x400). Elle permet d'évaluer le pourcentage de
spermatozoïdes mobiles. Ne seront retenues que des semences ayant au moins
60% de spermatozoïdes mobiles.
L'appréciation et la notation de la semence sont faites
à partir d'une grille d'appréciation de la motilité
(Tableau V). Les éjaculats de notes supérieures à 3 sont
retenus.
Tableau V: Grille d'appréciation de la
motilité
Note
|
Appréciation des spermatozoïdes
|
0
|
Absence de spermatozoïdes (azoospermie)
|
1
|
Absence de spermatozoïdes vivants
|
2
|
25 % de spermatozoïdes vivants
|
3
|
50 % de spermatozoïdes mobiles
|
4
|
75% de spermatozoïdes mobiles
|
5
|
100 % de spermatozoïdes mobiles en ligne droite
|
Un échantillon de 0,1 ml de sperme est diluée au
100ème dans du sérum physiologique formolé
à 2%. Le comptage de spermatozoïdes se fait à l'aide d'un
hématimètre ou un photomètre. La concentration moyenne est
de 1 000 000 000 de spermatozoïdes/ml.
L'étude morphologique se fait après la
coloration à l'encre de chine ou à l'éosinenigrosine, afin
de détecter les anomalies de forme de la tête et de la queue du
spermatozoïde (duplication de la tête, macrocéphalie, queue
courte ou enroulée, duplication de la queue). Ne sont retenus pour l'IA
que les spermes ayant moins de 25% de spermatozoïdes anormaux et plus de
60% de spermatozoïdes vivants (PAREZ et DUPLAN, 1987).
3.2.3. Examen biochimique
Cet examen porte sur le pH du sperme frais et l'activité
métabolique des spermatozoïdes. Le pH du sperme normal est de 6,2
à 6,6.
L'étude de l'activité métabolique utilise
plusieurs tests dont le plus répandu est l'épreuve à la
réductase. Il consiste à déterminer le temps mis par un
échantillon de sperme pour décolorer une certaine quantité
de bleu de méthylène. Plus ce temps est long, plus la
qualité est réduite.
Au total un bon sperme doit être blanchâtre de
consistance lacto-crémeuse, avoir une bonne motilité massale
et une bonne motilité individuelle (> 3). Il doit avoir
une concentration moyenne 1 000 000 000 de spermatozoïdes/ml
avec au moins 60% de spermatozoïdes vivants.
3.3. Dilution du sperme
Le sperme récolté contient un nombre de
spermatozoïdes supérieur à ce qui est requis pour une
fécondation, et peut donc être dilué avant utilisation en
semence fraiche ou congelé. Cela permet d'une part d'accroître le
nombre de femelles à inséminer avec une récolte, et
d'autre part d'incorporer des conservateurs pour protéger les
spermatozoïdes lors des différentes opérations de
congélation.
La dilution se fait en deux temps : la prédilution et la
dilution finale.
La prédilution consiste à ajouter au sperme
récolté la moitié du volume total du dilueur non
glycérolé puis le refroidir à 4°C pendant 30
minutes.
La dilution finale quant à elle, consiste à
ajouter goutte à goutte au sperme prédilué, le dilueur
à 7,5 ou 9 % de glycérol. L'objectif de cette rigueur est
d'éviter le choc thermique. Les dilueurs les plus utilisés sont
à base de lait ou de jaune d'oeufs (Tableau VI). Néanmoins les
dilueurs à base de LDL (Low density lipoprotein) extraits du jaune
d'oeuf seraient les meilleurs (AMIRAL et al. 2004).
Tableau VI: Composition de dilueurs à base de
jaune d'oeuf et à base de lait
Milieu citrate jaune d'oeuf
|
Milieu à base de lait
|
Citrate de soude 3,6 %
|
Lait 54 %
|
Jaune d'oeuf 20 %
|
Jaune d'oeuf 10 %
|
Glycérol 7,5 %
|
Glycérol 6 %
|
Pénicilline 500 000 I
|
Deshydrostreptomycine 1
|
Streptomycine 0,5 g
|
|
(Source : NAGASE et NIWA, 1968)
3.4. Conditionnement et conservation
3.4.1. Conditionnement
Le sperme dilué en doses est conditionné en
paillette de CASSOU avant d'être
congelé. Il est recommandé d'avoir 15 000 000 de
spermatozoïdes par dose fécondante.
3.4.2. Conservation par congélation
Le principe de la conservation consiste à placer les
paillettes sur une rampe métallique à 5°C, puis dans un
récipient cryogénique (-196°C) en contact avec les vapeurs
de l'azote liquide. Enfin, le contrôle qualité est effectué
avant sa mise dans des bonbonnes d'azote liquide à - 196°C.
4. Technique de l'insémination artificielle
4.1. Moment de l'insémination artificielle
L'insémination doit être pratiquée
à un moment assez proche de l'ovulation. En admettant que la
durée de l'oestrus est de 12 à 24 heures, que l'ovulation a lieu
10 à 12 heures après la fin de l'oestrus et que les
spermatozoïdes doivent séjourner pendant environ 6 heures dans les
voies génitales femelles, le meilleur moment pour obtenir une
insémination fécondante est la deuxième moitié de
l'oestrus (HASKOURI, 2001).
DIOP (1994) conseille de réaliser des
inséminations 9,5 + 3,5 heures après le début des
chaleurs. Dans la pratique, les vaches reconnues en chaleurs le matin sont
inséminées le soir du même jour, et celles en chaleur le
soir sont inséminées le lendemain matin (BROES, 1995).
Par ailleurs, cette insémination doit de
préférence être réalisée pendant les
périodes fraîches de la journée.
Cependant, OUEDRAOGO et al. (1996) ont
révélé la nécessité de considérer le
génotype de bovin avant de choisir le moment optimal pour l'IA.
4.2. Procédé d'insémination
artificielle
Dans la pratique d'insémination artificielle, les
précautions suivantes doivent être prises :
· le matériel doit être en bon état
pour ne pas blesser la femelle ;
· le matériel doit être stérile ;
· l'intervention doit être faite avec douceur car
l'utérus est fragile.
La semence en paillette est décongelée dans
l'eau tiède (35°- 37°C) pendant 15-30 secondes. Puis elle
est introduite dans le pistolet de CASSOU ; le bout thermo-
soudé vers l'avant est sectionné et le pistolet
est revêtu d'une gaine plastique puis d'une chemise sanitaire.
Dans sa réalisation, une main gantée saisit le
col de l'utérus par la voie rectale pendant que l'autre main saisit le
pistolet de « CASSOU » et l'introduit au travers des lèvres
vulvaires ; le col de l'utérus est ainsi
cathétérisé et la semence est déposée au
niveau du corps utérin (Figure 10).
Figure 10 : Dépôt de la semence dans les
voies génitales de la vache (Source : BARRET, 1992)
4.3. Lieu de dépôt de la semence
Le dépôt de la semence dans les voies
génitales femelles tient compte non seulement des conditions
d'éjaculation, mais aussi du fait que la semence est diluée. Ce
dépôt peut être réalisé à
différents niveaux: cervix, corps, les cornes utérines ou alors
dans certain cas au niveau de la jonction utéro-cervicale
(3ème repli).Cependant, le lieu préférentiel
reste le corps utérin.
Selon KAMGA (2002), le dépôt dans
les cornes utérines présente plus de risques de traumatisme et
d'infection de l'utérus.
4.4. Facteurs de réussite de
l'insémination artificielle
L'insémination artificielle donne une pleine
satisfaction avec des taux de réussite équivalents à
ceux de la saillie naturelle de l'ordre de 60-70%, lorsqu'elle est bien
conduite. Toutefois, en zone tropicale, la réussite
dépend de plusieurs facteurs que sont :
· le déroulement de l'induction hormonale des
chaleurs ;
· la qualité de la semence : une bonne
qualité de la semence est indispensable pour optimiser le taux de
réussite;
· la décongélation de la semence : c'est une
étape important qu'il faut maîtriser ;
· l'habileté de l'inséminateur ;
· le moment de l'intervention : il est important de
connaître ce moment opportun pour minimiser le taux
d'infécondité. En effet, le moment idéal se situe entre
12h et 18h après le début des chaleurs. Aussi, le protocole de
synchronisation des chaleurs doit être réalisé de sorte que
les chaleurs apparaissent pendant les moments de la journée où la
température est basse ;
· la bonne alimentation des vaches : avant et
après IA, les vaches doivent recevoir une alimentation riche et
suffisante. Ainsi, il est indispensable de les stabuler. Une divagation de ces
vaches pourrait être à l'origine de mortalité embryonnaire.
Le tableau VII, récapitule les facteurs de réussite de
l'insémination artificielle.
Tableau VII: Tableau récapitulatif des facteurs
de réussite de l'IA
Liés à l'animal
|
Facteurs zootechniques : race, âge, etc.
Facteurs endocriniens : insuffisance
sécrétoire.
Pathologie de la reproduction : métrite, brucellose, etc.
Stade physiologique : puberté, post-partum, cyclicité, etc.
|
Liés à la semence
|
Qualité, Conservation, Concentration, Mobilité, %
des
spermatozoïdes normaux, Doses d'insémination
|
Liés à l'inséminateur
|
Technicité, Décongélation de la semence,
Matériels, Moment et site d'insémination
|
Liés à l'éleveur et
aux conditions d'élevage
|
Niveau d'instruction de l'éleveur, Nutrition du
troupeau, Conduite du troupeau, Effet du milieu (climat, saison,
lumière, hygiène, etc.), Méthode de détection des
chaleurs
|
|
(Source: HASKOURI, 2000-2001)
IV. FÉCONDATION ET DIAGNOSTIC DE GESTATION
1. Fécondation
La fécondation correspond à une fusion de
gamètes mâle et femelle donnant naissance à l'embryon. Elle
a lieu dans les voies génitales femelles au niveau du tiers
supérieur de l'ampoule de l'oviducte.
Après ovulation, l'ovule demeure fécondable
pendant 8 à 12 heures. Les spermatozoïdes restent fécondants
pendant 24 à 48 heures dans les voies génitales femelles. La
migration des spermatozoïdes dure 8 heures. L'ovule atteint le lieu de
fécondation environ 6 heures après ovulation. Vu le temps de
survie des spermatozoïdes et de l'ovule, l'IA ou la monte se
réalise de façon à ce que les spermatozoïdes arrivent
les premiers au lieu de fécondation et attendent l'ovule.
La pénétration du spermatozoïde dans
l'ovule se fait par un mécanisme enzymatique au cours duquel le cumulus
oophorus est lysé par l'hyaluronidase, alors que la membrane est
lysée par la trypsine et l'acrosine.
L'oeuf ainsi fécondé, descend dans
l'utérus et y arrive au bout de 4 jours au stade de morula (8 à
16 cellules). Il mènera, à ce niveau, une vie libre pendant 19
à 20 jours ; puis, suivront les phases de nidation et de gestation
proprement dite.
2. Diagnostic de gestation
Compte tenu des enjeux économiques, l'éleveur ne
peut plus aujourd'hui se passer du diagnostic de gestation, dans le cadre d'une
parfaite conduite de son élevage. Il est très important de
détecter le plus tôt possible les vaches non gestantes. Connaitre
tôt et avec certitude l'état physiologique des femelles est
essentiel pour la gestion de la reproduction dans un troupeau. Le diagnostic de
gestation permet : - de prévoir les animaux à réformer;
- de réduire les périodes improductives ;
- de planifier la vente des animaux non gestants ;
- de remédier aux problèmes
d'infécondité ;
- de faire un bon choix des médicaments
administrés aux femelles ;
- d'alimenter les femelles en fonction du stade physiologique.
Il existe plusieurs méthodes de diagnostic de gestation
et le choix du moyen de diagnostic dépend du stade de la gestation.
2.1. Diagnostic précoce de gestation
Il peut utiliser les moyens cliniques ou paracliniques. Les
moyens cliniques reposent sur l'absence de retour de la vache en chaleur. Les
moyens paracliniques reposent sur l'échographie, le dosage de la
progestérone et des protéines associées à la
gestation.
v' L'absence de retour en chaleurs
Le retour en chaleurs des femelles trois semaines
après l'insémination est le signe le plus fréquent d'une
non gestation. Il consiste à observer les chaleurs entre le
18ème et le 23ème jour après IA.
Cependant, c'est un moyen peu fiable, étant donné que 2 à
5 % des chaleurs sont silencieuses chez de races bovines locales et que des
femelles gestantes peuvent aussi présenter des manifestations de
chaleurs. Par ailleurs, une persistance du corps jaune peut être
observée en absence de gestation chez la vache qui présente un
kyste ovarien.
v' L'échographie
C'est une méthode à partir de laquelle les
structures foetales sont visualisées grâce à un
écran. On peut ainsi apprécier la survie d'un embryon chez les
bovins par la détection des battements cardiaques, ceci dès la
4ème semaine après IA. C'est également un moyen
fiable qui donne 96% d'exactitude à 40 jours après IA. Cependant,
son coût élevé empêche son utilisation courante chez
les bovins.
v' Le dosage de la progestérone
Il s'agit d'un diagnostic précoce de non gestation. La
technique consiste à estimer les taux de progestérone dans le
sang ou dans le lait. Elle est utilisable entre le 21ème et
23ème jour après IA. Les vaches supposées
gestantes ont un taux de progestérone qui se maintient à un
niveau supérieur à 1 ng/ml dans le sang et 3,5 ng/ml dans le
lait. Un niveau inférieur à 1 ng/ml dans le sang ou 2 ng/ml dans
le lait indique l'absence du corps jaune et exclut par conséquent la
gestation (VANDEPLASSCHE, 1985). Ce diagnostic constitue une
technique de certitude
pour la non gestation et seulement une présomption de
gestation. Par conséquent, le diagnostic positif par dosage de
progestérone doit être confirmé par exploration rectale
vers la fin du 2ème mois de gestation.
v' Le dosage des protéines foetales
Il s'agit du BPAG (Bovine Pregnancy Associated Glucoprotein)
et de la PSPB (Pregnancy Specific Protein B). L'utilisation du BPAG est
controversée en raison de sa rémanence même après la
mise bas. Le dosage de la protéine B de SASSER (PSPB) est le
plus utilisé. La protéine B est un signal spécifique
produit par l'embryon et témoin de sa visibilité. Elle peut
être mise en évidence dès le 26ème jour
de la gestation à partir d'un prélèvement sanguin. Ce
signal de nature protéique permet le maintien du corps jaune de
gestation chez la mère.
2.2. Diagnostic tardif de la gestation
C'est un diagnostic de confirmation de la gestation. Il utilise
les moyens cliniques reposant sur la palpation transrectale.
La palpation transrectale donne un bon diagnostic mais la
fiabilité est bonne à partir de la 7ème semaine
après la date d'insémination pour les génisses et de la
8ème semaine pour les vaches. Elle peut non seulement déceler la
présence d'un foetus dans l'utérus, mais aussi, identifier
d'autres structures associées à la gestation et en particulier la
présence d'un corps jaune sur l'ovaire.
L'avantage de la palpation transrectale est d'avoir une
réponse immédiate en absence de gestation et de pouvoir
intervenir utilement. Toutefois, elle demande un examinateur
expérimenté.
En conclusion, l'insémination artificielle reste le
moyen le plus couramment et le plus facilement utilisé, et son
efficacité est prouvée en milieu paysan. Le développement
de l'insémination artificielle depuis plus de quarante ans,
coïncide à l'évidence avec le progrès
génétique que l'utilisation de cette technique de reproduction
permet aujourd'hui de maîtriser. Cette biotechnologie permet une
utilisation rationnelle dans l'espace et dans le temps des hautes
capacités génétiques d'un mâle par le biais de la
récolte et de la conservation de son sperme.
Elle constitue la clé de voûte de tout
système d'amélioration génétique susceptible
d'être mis en place dans les pays en développement
(THIBIER, 1994), et représente l'un des outils de
diffusion rapide du progrès génétique (LOFTI et
al. 1996).
Elle est appliquée principalement pour assurer
l'amélioration génétique rapide et sûre des animaux
domestiques (BENLEKHAL, 1993). Deux cent taureaux
sélectionnés suffisent pour féconder plus de trois
millions de vaches laitières (BODEN et al. 1988).
Cependant la réussite de l'insémination
artificielle repose sur beaucoup d'autres facteurs. L'alimentation joue un
rôle particulièrement important dans la réussite de
l'insémination artificielle.
CHAPITRE IV : ALIMENTATION DE LA VACHE
INTRODUCTION
La gestation est l'état physiologique qui s'étend
de la fécondation à la mise bas.
Au cours de cette période, l'embryon issu de la
fécondation se développe dans l'utérus de la mère
jusqu'à la formation d'un foetus viable. Le développement du
foetus entraine de la part de la vache gestante des besoins particuliers qui
s'ajoutent à ceux nécessaires pour l'entretien et la
production.
I. BESOINS NUTRITIFS DE LA VACHE
Il existe de façon général, deux types
de besoins chez les animaux : les besoins d'entretien, et les besoins de
productions. Selon leur nature on distingue les besoins
énergétiques, besoins protéiques et azotés, besoins
en eau, besoin en minéraux et oligo éléments, besoins en
vitamines.
1. Besoins énergétiques
L'apport énergétique est nécessaire pour
l'entretien et les productions (gestation, la croissance, lait).
1.1. Besoins énergétiques
d'entretien
On parle d'un état d'entretien lorsque l'animal ne
fournit pas d'énergie et n'assure aucune production. Dans cette
situation, l'animal n'a besoin d'énergie que pour assurer son
métabolisme de base et d'autres fonctions indispensables à sa
survie (déplacement et autres efforts liés à la recherche
de nourriture). On parle alors du métabolisme de repos. Selon
MAYER et DENIS (1999), on peut estimer d'une manière
générale les besoins théoriques d'entretien de la vache
par la formule suivante :
UFL=1,4 + 0,006 X Poids vif
Selon VERMOREL (1988), ces besoins sont
majorés de 10 % en stabulation libre et de 20 % si la vache est au
pâturage. De même, les dépenses d'entretien d'une vache en
lactation sont de 15 à 20 % plus élevées que celles d'une
vache tarie.
Pour une vache de 500 kg produisant 20 litres de lait par
jour, les besoins énergétiques pour l'entretien
représentent 30 % des besoins énergétiques totaux La
méthode la plus utilisée pour l'estimation de ces besoins est
« la méthode d'essais d'alimentation » qui consiste à
maintenir les animaux à un poids constant pendant une période
assez longue et en déduire les besoins énergétiques
nécessaires à cet effet.
Il existe des facteurs extrinsèques tels que les
caractéristiques de la ration, les déplacements, le broutement,
la température ambiante ainsi que des facteurs intrinsèques comme
la température corporelle, le niveau de production, le sexe, le type de
production etc. qui concourent à la variation des besoins
énergétiques d'entretien.
Les standards en besoins énergétiques
d'entretien sont donnés dans le tableau VIII. Tableau VIII:
Standards actuels en besoins énergétiques d'entretien
Catégorie d'animal
|
Energie métabolique en kcal /kg P0.75
|
Veau pré-ruminant à l'engrais
|
90 à 110
|
Bovin d'élevage à partir de 150kg
|
100 à 120
|
Bovin en croissance en dessous de 150kg
|
110 à130
|
Vache tarie
|
105#177;10
|
Vache en lactation
|
117#177;10
|
|
(Source INRA, 1988)
1.2. Besoins énergétiques de
production
1.2.1. Croissance
La croissance des animaux correspond globalement à
l'augmentation du poids vif,
inégalement repartie sur les différentes parties
du corps : os, muscle, gras,...
De façon générale l'énergie
nécessaire pour la croissance est estimée selon la formule :
Energie ingérée/kg P 0,75 = a+b.G
1,4
Les coefficients a et b
étant variables selon l'âge et le sexe de l'animal. Pour
le coefficient a, la valeur moyenne pour des femelles et mâles en
croissance est de 0.0493UFL/ Kg P 0.75
L'énergie nécessaire pour la croissance varie
selon l'âge : importante chez les primipares, elle devient
négligeable chez les multipares.
1.2.2. Lactation
Les besoins énergétiques pour la lactation sont
très élevés et varient suivant la quantité et la
composition chimique du lait produit.
La production laitière de la vache allaitante est peu
sensible à une réduction des apports énergétiques
ou globaux. Cependant, la production laitière des jeunes vaches est
nettement influencée par une réduction des apports alimentaires
(AGABRIEL et PETIT, 1987).
Il existe des variations de la qualité et de la
quantité du lait produit selon la race, l'âge, le stade de
lactation etc.
L'énergie du lait est calculée selon la
composition chimique de ce dernier. Le lait standard contenant 4 % de
matières grasses, on peut calculer l'énergie du lait à
l'aide de la relation de GAINES :
L= 0,40+15G
L = quantité de lait produite
G = taux butyreux constaté
Le lait standard de la vache contient 40g de matières
grasses, 31g de protéine, 48g de lactose et 740 Kcal par Kg
(JARRIGE, 1988).
2. Besoins en azote
Chez les ruminants, le besoin en azote s'explique par la
nécessité de compenser les diverses pertes d'azote
observés dans les fèces, l'urine, la peau, le lait etc.
Ces pertes occasionnent des besoins en acides aminés ; la
seule forme d'azote absorbable par l'animal pour son métabolisme. Ce
besoin en acide aminé est double
chez les animaux : quantitatif et qualitatif ; cependant, chez
les ruminant le besoin qualitatif n'a de signification que chez des jeunes
animaux avant le sevrage.
L'azote apporté doit donc remplir deux rôles :
+ L'alimentation azotée de la microflore pour sa
croissance, sa multiplication et les activités métaboliques, tout
en récupérant secondairement un maximum de PDIM (WOLTER,
1997) ;
+ La couverture complémentaire des besoins
protéiques propres à la vache, sous forme de PDIA assurant
quantitativement et qualitativement la satisfaction des exigences en acides
aminés indispensables pour l'entretien et la
protéosynthèse mammaire.
Ainsi pour la vache laitière, les besoins en azote sont
les suivant :
Pendant l'entretien : PDI= 100+ (0.5X Kg de poids vif)
Pour la production : PDI= 48X kg de lait à 4 % de MG
Pour la gestation : PDI= 75g de PDI au septième mois,
135g au huitième mois et 205g de PDI au neuvième mois.
En entretien, le besoin en matières azotées
constitue un minimum à satisfaire sous peine de voir se manifester des
troubles divers : perte d'appétit, amaigrissement et fonte
musculaire.
Pendant la gestation, les besoins en azote pour assurer
l'entretien augmentent. La première gestation se produit
généralement avant que la femelle n'ait atteint l'âge
adulte ; les besoins de gestation s'ajoutent alors aux besoins d'entretien.
En début de lactation, contrairement aux
réserves énergétiques, les réserves
protéiques sont peu abondantes et dépendent peu du niveau de
production laitière. Le muscle utérin fournit l'essentiel de ces
réserves au cours de l'involution. La mobilisation des protéines
musculaires squelettiques reste tolérable, sans toutefois
dépasser un déficit PDI cumulé supérieur à
10 kg au cours du premier mois de lactation. On conçoit la faiblesse
relative de cette valeur comparée au déficit
énergétique toléré chez des vaches à haut
potentiel. Les apports recommandés sur les rations complètes
proposent une teneur en PDI de 120 g/kg MS en début de
lactation, contre 110 g/kg MS chez des vaches en milieu de
lactation (CHENAIS, 1990).
Lorsque le déficit azoté concerne l'apport en
PDI, c'est-à-dire un manque d'acides aminés absorbés, on
observe en début de lactation, une diminution de la production
laitière, expliquée par une moindre utilisation des
réserves énergétiques. Ce déficit est rare durant
le tarissement. L'excès d'azote dégradable entraîne d'une
part une sollicitation supplémentaire du foie (une
néoglucogenèse importante en postpartum et une éventuelle
stéatose, activation des processus hépatiques de
détoxification de l'ammoniac absorbé au niveau ruminal). D'autre
part, la transformation de l'ammoniac en urée est coûteuse en
énergie, ce qui n'est pas souhaitable en période de
déficit énergétique.
3. Besoin en eau
D'après MAYER et DENIS
(1999), la quantité d'eau consommée par l'animal est
fonction de la composition de l'aliment qu'il ingère, de sa production
et des conditions climatiques.
Un abreuvement insuffisant diminue la consommation alimentaire
et la production du lait (WOLTER, 1977).
L'eau est apportée par les aliments et par les boissons.
La quantité d'eau consommée est d'autant plus faible que l'herbe
est riche en eau.
4. Besoins en minéraux et vitamines
4.1. Les minéraux
Chez tous les animaux en général et chez la
vache laitière en particulier, l'apport en minéraux est
important. Le besoin accru en minéraux chez la vache laitière se
justifie par les échanges internes entre le squelette très riche
en calcium et phosphore et les autres tissus, ainsi que par des
réactions biochimiques des différentes cellules, l'exportation
par le lait, le foetus les fèces, les urines etc. (MAYER et
DENIS, 1999). Le tableau IX montre les besoins en principaux
minéraux de l'organisme.
Tableau IX : Besoins en principaux minéraux chez
la vache
Minéral
|
Entretien (mg/Kg de poids vif)
|
Croissance g/kg de poids vif)
|
K
|
-
|
1.6 à 1.8
|
Na
|
-
|
0.9 à 14
|
P
|
25
|
5à8
|
Ca
|
18
|
15
|
Mg
|
5
|
0.4
|
|
(Source : GUEGEN et LAMAND, 1988)
4.2. Vitamines
Dans l'organisme, les vitamines interviennent comme des
véhicules chimiques pour plusieurs réactions biochimiques.
L'organisme animal ne synthétisant pas ces
éléments, il faut les apporter dans l'alimentation. La
quantité de vitamines dans les rations est faible, mais la carence ou
l'absence d'une vitamine entraîne une pathologie ou une mort
prématurée (CHESWORTH, 1996).
La vitamine A est particulièrement importante pour la
gestation.
Pendant les derniers mois de gestation, les besoins en vitamines
augmentent et peuvent atteindre 50000UI/J.
Lorsque l'animal consomme en abondance de l'herbe verte, les
besoins en vitamine A et E sont totalement couverts, ce qui n'est pas le cas
lorsque la ration est à base de fourrage sec. Les besoins en vitamine A
et D pour une vache de 600 kg de poids vif à l'entretien sont de 45000
UI/animal/jour pour la vitamine A et 18000 UI pour la vitamine D
(WOLTER ,1988). Le tableau X montre les apports vitaminiques
recommandés pour la vache.
Tableau X: Apports vitaminiques recommandés
chez la vache (UI/kg MS de la ration)
Catégorie selon état
physiologique
|
Vitamine A
|
Vitamine B
|
Vitamine E
|
Vaches taries 600 kg
|
4000
|
1200
|
15
|
Vaches laitières début de lactation (0-3
semaines)
|
4000
|
1000
|
15
|
Vaches laitières en pleine lactation
|
3200
|
1000
|
15
|
Vaches allaitantes
|
3900
|
-
|
-
|
|
(Source INRA, 1988)
II. BESOINS PARTICULIERS AU COURS DE LA GESTATION
Les besoins énergétiques de la gestation sont
peu importants au début de la gestation ; ils augmentent progressivement
au cours de la gestation pour devenir très importants dans le derniers
tiers de la gestation. Ces besoins correspondent à l'énergie
fixé par le foetus, le placenta, les enveloppes foetales, le
développement de la glande mamelle, le métabolisme du foetus
ainsi que celui de ses tissus et ses organes.
L'augmentation de besoins énergétiques au cours
de la gestation est de l'ordre de : 10%, 20% et 40 à 50 % respectivement
vers le milieu, les deux tiers et le dernier mois de la gestation
(RIVIERE, 1978).
C'est surtout vers la fin de la gestation que les effets de
l'alimentation sur la gestation sont plus perceptibles. Chez une vache gestante
les besoins particuliers sont justifiés par les besoins pour la
croissance du foetus, le développement mammaire, le métabolisme
de base de la mère, la croissance extra utérine de la mère
qui augmentent, etc.
Tableau XI: Besoin en certains éléments
selon l'âge du foetus et le
développement de la glande mamelle
Nombre de jours après conception
|
Utérus et contenu / jour
|
Mammaire et Protéines en g/j
|
|
Protéines(g)
|
Ca(g)
|
P(g)
|
|
40
|
5
|
|
|
|
150
|
100
|
14
|
0.1
|
|
|
200
|
235
|
34
|
0.7
|
0.6
|
7
|
250
|
560
|
83
|
3.2
|
2.7
|
22
|
280
|
940
|
144
|
8.0
|
7.4
|
44
|
Besoins net d'entretien 7000 300 8.0 12.0
d'une vache de 450kg
|
|
(Source INRA, 1988)
Les besoins nécessaires pour la croissance mammaire sont
appréciables vers la fin de gestation et ne dépassent guerre 45 g
de protéines par jour.
Le métabolisme basal augmente au cours de la gestation,
suite à la production de la chaleur par le foetus, et une
modification hormonale de la vache. Ainsi vers la fin de la gestation, les
besoins d'entretien et de gestation seraient 1.5 fois plus élevés
que
ceux d'une vache non gestante, ce qui est de loin
supérieur à la seule énergie stockée dans le
foetus.
Par ailleurs on assiste pendant la gestation à des gains
de poids vif largement supérieurs à ceux des produits de
conception.
III. EFFETS DES PARAMETRES NUTRITIONNELS SUR LA
REPRODUCTION
1. Influence de la nutrition sur l'initiation et le
maintien des conditions de la reproduction
Le niveau de nutrition influence l'apparition de la
puberté (tableau XII). Chez les bovins où les dimensions du corps
sont plus déterminantes que l'âge des individus, la
précocité sexuelle est en relation directe avec la croissance.
Tableau XII : Age d'apparition de la puberté
selon le niveau de nutrition
Sexe
|
Niveau
de nutrition
|
Apparition de la puberté
|
|
Poids en kg
|
Femelles
|
Haut
|
37
|
270
|
|
49
|
271
|
|
72
|
241
|
Males
|
Haut
|
37
|
292
|
|
43
|
262
|
|
51
|
236
|
|
(Source : A. DIENG, 2007)
Bien que les dépenses nutritionnelles afférant
à la production de l'ovule et des secrétions qui l'accompagnent
soient négligeables par rapport à celles de l'entretient et de la
croissance, il apparaît clairement que la fonction ovarienne est sensible
à l'apport alimentaire qualitatif et quantitatif qui agirait par le
biais du complexe hypothalamo-hypophysaire.
Une ration insuffisante conduit à une baisse de
fertilité chez la femelle, par cessation des fonctions ovariennes lors
des restrictions très sévères.
Une suralimentation conduit à une surcharge de la
graisse qui augmenterait les cas d'infertilités par des effets moins
certains et constants. Certains auteurs pensent que
cette infertilité serait due à la fixation des
hormones par les graisses ainsi que par la production des ovules en absence
d'oestrus.
2. Effets de la balance énergétique
2.1. Sur la reproduction
Au niveau de la reproduction, le déficit
énergétique dont l'un des signes caractéristiques est
l'hypoglycémie, provoque une hyposécrétion de la GnRH, une
atrophie des ovaires et un anoestrus avec hypoprogestéronémie
(SOW, 1991).
La fécondation paraît également sensible
à la glycémie et d'après LOISEL
(1977), la période critique se situe autour de
l'insémination (une semaine avant et deux semaines après). La
carence énergétique durant cette période s'accompagne
d'une forte mortalité embryonnaire précoce.
Selon WATTIAUX (1995), le
taux de conception est bas pour les vaches inséminées pendant la
phase d'équilibre énergétique négatif (vaches qui
perdent du poids). Par contre, ce taux s'améliore nettement chez les
vaches dont l'équilibre énergétique est positif (vaches
qui gagnent du poids).De plus, on a longtemps considéré qu'une
vache devait être en bilan énergétique nul ou positif pour
avoir une cyclicité ovarienne normale, compatible avec une
fécondation.
La première ovulation peut survenir alors que le
déficit énergétique est encore très négatif,
tout en étant plus tardive sur les vaches dont le bilan
énergétique reste longtemps très
négatif.
Chez la vache allaitante, les effets du niveau alimentaire
post-partum sur la reprise de cyclicité sont plus controversés.
De plus, la durée de l'anoestrus post-partum dépend de la balance
énergétique mais également du lien de la mère
à son veau, ce qui rend plus compliquée l'étude de
l'impact strict de la nutrition.
Ainsi, AGABRIEL et PETIT (1987) observent
qu'une réduction des apports alimentaires post-partum n'a pas d'effet
sur la proportion de vaches cycliques 65 jours post-partum. D'autres travaux
sur d'autres génotypes, montrent qu'un accroissement des niveaux
alimentaires post-partum chez des vaches présentant un
état corporel critique au vêlage, permet de
réduire significativement la durée de l`intervalle
vêlage-reprise de cyclicité (RICHARDS et al,
1986).
2.2. Sur l'expression des chaleurs
Au premier cycle post-partum, les vaches dont la balance
énergétique est négative expriment significativement moins
leurs chaleurs que les vaches dont la balance est positive. Par contre au
second cycle, la différence n'est pas très significative entre
les deux états énergétiques
2.3. Sur la mortalité embryonnaire
La progestéronémie augmente du 1er
au 3ème cycle ovulatoire post-partum avec une augmentation
moins forte chez les vaches au déficit énergétique plus
marqué, et ce relatif défaut hormonal pourrait limiter les
chances de survie de l'embryon, (VILLA-GODOY et al.
1988). De plus, l'activité hépatique augmentée
exacerbe ce déficit en progestérone par un catabolisme
accrû de cette hormone lorsque la balance énergétique est
négative. La perte d'état corporel entre 0 et 60 jours postpartum
semble liée au profil de cyclicité et au taux de
non-fécondation ou mortalité
embryonnaire précoce (FRERET et al.
2005). On observe que les vaches quimaigrissent le plus
après vêlage ont le plus fort taux de mortalité
embryonnaire tardive, (SILKE et al. 2002).
3. Effets de l'alimentation protéique sur la
reproduction
L'équilibre de la ration protéique peut avoir
un impact très significatif sur les performances de la
reproduction. Selon WATTIAUX (1995) en
début de lactation, une ration pauvre en protéines réduit
la production laitière et la fertilité de la vache. En
règle générale, les rations avec des niveaux
élevés de protéines diminuent l'efficacité de la
reproduction (Tableau XIII).
Tableau XIII : Effets du niveau de protéines
brutes sur les performances de la reproduction
Critères
|
Niveau de protéines
|
|
Moyen (16,3 % P.B.)
|
Elevé (19,3 % P.B.)
|
Intervalle vêlage -1er chaleur
|
36
|
45
|
72
|
Intervalle vêlage-conception
|
69
|
96
|
106
|
Saillies par conception
|
1,47
|
1,87
|
2,47
|
|
(Source : BRISSON, 2003)
4. Influence de l'alimentation azotée sur la
reproduction
4.1 Carences en azote
Les carences azotées ne peuvent être
impliquées dans des troubles de la reproduction que lorsqu'elles sont
fortes et prolongées. Elles rentrent alors dans le cadre d'une
sous-nutrition globale, telle qu'on la rencontre parfois en troupeau allaitant.
Un déficit d'azote dégradable entraîne indirectement un
déficit énergétique de par une moins bonne digestion
ruminale.
4.2 Excès d'azote
Les excès d'azote non dégradable agissent
également par le biais d'un accroissement du déficit
énergétique dû à une stimulation de la production
laitière. Les conséquences d'un excès d'azote
dégradable sont plus marquées. Il provoque un déficit
énergétique accru, en raison de la consommation d'énergie
par le foie pour la transformation en urée de l'ammoniac absorbé
par la muqueuse ruminale. D'autre part, les augmentations de l'urémie et
de l'ammoniémie induites par ce type de ration ont pour
conséquences :
· une diminution du pH utérin, affectant la survie
des spermatozoïdes (ELROD et al. 1993) ;
· un effet cytotoxique sur ces mêmes
spermatozoïdes ainsi que sur l'ovocyte, voire sur l'embryon, en limitant
la capacité des oocytes à devenir blastocytes (ELROD et
al. 1993) ;
· une diminution de la progestéronémie
(BUTLER, 1998) ;
· une augmentation de la sécrétion de
PGF2á (BUTLER, 1998).
Ces divers effets ont davantage de conséquences sur la
réussite de l'insémination que sur la durée de l'anoestrus
post-partum. En effet, plus l'urémie augmente, plus le taux de
réussite de l'insémination artificielle est faible.
5. Effets des minéraux et
oligo-éléments sur la reproduction
5.1. Zinc
Le zinc est essentiel dans des cellules comme les gonades
(ovaires, testicules). C'est pourquoi les fonctions reproductrices sont
sérieusement affectées par une déficience en zinc. La
spermatogenèse, le développement des organes sexuels primaires et
secondaires du mâle et toutes les phases du processus de reproduction de
la femelle, de l'oestrus jusqu'à la gestation et la lactation peuvent
être affectées (BRISSON, 2003). Une
déficience en zinc peut également modifier la synthèse des
prostaglandines et donc affecter la phase lutéale.
5.2. Cuivre
Le cuivre est un constituant de plusieurs enzymes dans
l'organisme. Les symptômes reliant carence en cuivre et reproduction sont
: chaleurs retardées, intervalle vêlage-premier chaleur plus long,
infertilité associée à l'absence de chaleur, à
l'avortement ou à la résorption du foetus ; taux de conception
plus bas ; mortalité embryonnaire.
5.3. Calcium
Le calcium joue un rôle dans la contraction musculaire. Si
l'on sait que l'utérus est constitué d'une paroi de tissu
musculaire lisse, on peut faire le lien tel que rapporté par
PUGH, (1985) entre une déficience en calcium et les
paramètres suivants : -Vêlage difficile (contractions non
efficaces pour assurer l'expulsion du veau) ; -Rétention placentaire
(contractions non efficaces pour assurer l'expulsion du placenta dans des
délais raisonnables) ;
-Prolapsus utérin chez les multipares ;
-Retard de l'involution utérine.
Des excès en calcium pourraient interférer avec
l'absorption des minéraux mineurs, notamment le zinc.
5.4. Phosphore
Plusieurs symptômes sont rapportés comme
étant le résultat d'une déficience en phosphore : taux de
conception réduit, chaleurs irrégulières, absence de
chaleurs, diminution de l'activité ovarienne, augmentation de
l'incidence des kystes folliculaires.
Des recherches récentes ont montré que les
chances de régler un problème de fertilité en apportant du
phosphore en quantité très supérieure aux besoins sont
minces (BRISSON, 2003).
5.5. Magnésium
Parmi les symptômes associés à une
déficience en magnésium, il n'est jamais fait mention de
reproduction. Cependant, certains cas de paralysie au vêlage s'expliquent
par une déficience en magnésium (cas de la tétanie de
lactation). La vache qui est paralysée risque davantage d'avoir un
vêlage difficile, de ne pas délivrer, de faire une infection
utérine et par conséquent, d'avoir des problèmes de
reproduction (BRISSON, 2003).
6. Effets de la b-Carotène et des vitamines A, D3,
et E sur la reproduction
Le bêta-carotène est un
précurseur de la vitamine A, ce qui signifie que la vache peut le
convertir en vitamine A. Outre cette fonction, le bêta-carotène
aurait d'autres fonctions spécifiques. Parmi celles-ci, il agirait comme
antioxydant. Il joue aussi un rôle précis dans le fonctionnement
de l'appareil génital des vaches et des génisses.
MEISSONNIER, (1981) a indiqué que chez
les génisses carencées en carotène, l'ovulation est
retardée de 24 heures à 48 heures après le pic sanguin de
LH (Luteinizing Hormone) ; ce qui compromet gravement la réussite de
l'insémination artificielle. Chez les vaches gestantes, le manque de
carotène se traduit par une faible sécrétion de
progestérone, ce qui les prédispose aux avortements.
La vitamine A est incontestablement celle dont
les besoins sont essentiels pour la santé, la croissance et la
reproduction des bovins.
Chez les vaches gestantes en état de subcarence
vitaminique A, on observe des avortements spontanés, une augmentation de
l'incidence des rétentions placentaires et des durées de
gestation réduites.
La vitamine A stimule également l'apparition des
chaleurs et renforce leur manifestation. Elle agit en préservant
l'intégrité des épithéliums germinatif et
utérin (MAIKANTI, 1995). Chez la femelle, une
déficience en vitamine A se traduit par la kératinisation de
l'épithélium du vagin, une absence de conception et une baisse de
la réponse aux oestrogènes indispensables à la
sensibilité à l'ocytocine.
La vitamine D 3 est retrouvée
au niveau de l'ovaire, l'utérus, le placenta, les
testicules et de l'hypophyse (BRISSON, 2003).
Elle joue un rôle capital, quiconsiste à corriger les
déséquilibres phosphocalciques néfastes sur la
fertilité. La vitamine E joue essentiellement le
rôle d'antioxydant cellulaire. Elle est impliquée dans le
maintien des membranes cellulaires, l'immunité et les
fonctions reproductives. BRISSON (2003) indique les effets
potentiels de l'ajout de la vitamine E: diminution de l'incidence des
rétentions placentaires et des métrites, diminution du nombre
de jours ouverts, diminution de saillies par conception.
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPÉRIMENTALE
CHAPITRE I : MILEU D'ETUDE ET CADRE DU RPOJET
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODE
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE IV : CONTRAINTES ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE I : MILIEU D'ETUDE ET CADRE DU PROJET
I. PRÉSENTATION DU DÉPARTEMENT DE
MBOUR
1. Situation géographique du département de
Mbour
Le département de Mbour constitue avec ceux de Tivaouane
et Thiès, la région de
Thiès (Figure 11).
Situé dans le bassin arachidier, le département
de Mbour est formé de huit communes (Joal-Fadiouth, Mbour, Ngaparu,
Nguekhokh, Popenguine, Saly Portudal, Somone, et Thiadiaye) et de huit
communautés rurales (Fissel, Malicounda, Ndiass, Ndiaganiao, Ngueniene,
Sandiara, Sessene, et Sindia).
Localisé à 80 km environ au sud de Dakar, la
ville de Mbour se situe entre 16° 58' longitude Ouest et 14° 25'
latitude Nord. Elle comprend plusieurs sites touristiques et hôtels qui
constituent des débouchés potentiels pour l'écoulement des
produits laitiers.
Figure 11 : Carte administrative de
Thiès (Source :
http://www.au-senegal.com/-Senegal-administratif-.html)
2. Climat
Le climat est marqué par une saison sèche de
sept mois au cours de laquelle la zone est soumise, d'une part à
l'alizé maritime humide issu de l'anticyclone des Açores et
d'autre part à l'harmattan ; vent sec venant de l'Est.
L'amplitude thermique est très accusée,
entraînant une fraîcheur nocturne et une chaleur diurne. Les
températures moyennes au cours de cette saison varient entre 18 et
30°C.
La saison des pluies s'étend de Juin à Octobre
avec des températures moyennes de l'ordre de 25 à 31 °C., la
période de Juillet et Août étant la plus pluvieuse.
La pluviométrie annuelle varie de 500 à 800 mm
avec une humidité relative assez constante (METEO MSN,
2009).
3. Végétation
La végétation comprend des strates
herbacée, arbustive et arborée et on reconnait plusieurs
associations au sein de chaque strate. Il s'agit de :
· La strate arborée qui présente trois
associations à Adansonia digitata, Azadirachta indica
et Eucalptus alba ;
· La strate arbustive qui présente six associations
à Calotropis procera, Combretum sp, Feretia
apodenthera, Grewia bicolor, Tamarix senegalensis et
Ziziphus mauritania;
· La strate herbacée avec quatre associations
à Digitaria abyssinica, Sesbania sesban,
Blainvillea gayana et Cassia tora
4. Activité socio-économique
La population est estimée à environs 181 825
habitats en 2007 et vit essentiellement des activités agricoles occupant
75 % de la population active, avec les cultures comme l'arachide, le mil, le
sorgho, le maïs, le sésame, le riz, le haricot et les cultures
maraîchères. Cette agriculture offre ainsi des sous produits
à l'élevage.
L'élevage y est pratiqué en extensif surtout
par les Peuls venus du nord du Sénégal mais, aussi des
Sérères et quelques autres ethnies comme les Wolofs, les Bambaras
et les Lébous. Il concerne les bovins, les caprins, les ovins, les
équins, les porcins et la volaille. Il est de type extensif avec
l'utilisation des parcours naturels et des forages pastoraux. La pratique de la
transhumance est fréquente.
La coexistence agriculture-élevage pose de nombreux
problèmes pour concilier alimentation du bétail et manque de
terres, faisant que les rares pâturages existant s'appauvrissent et
deviennent insuffisants pendant le reste de l'année. Les zones de
parcours du bétail sont de plus en plus restreintes vu la forte pression
des terres cultivées par certains fils de marabouts et fonctionnaires,
Le cheptel bovin comporte surtout les races locales à savoir le
zébu Gobra, le taurin Ndama et le métis Djakoré. Par
ailleurs, on signale la présence de races exotiques Montbéliardes
vers Popenguine et des métis F1 à Nguérigne, Ngaparou,
Gandidal et Keur Macoumba au niveau des fermes pilotes (NDOUR,
2003).
II. CADRE DU PROJET GOANA
1. Introduction
Le projet GOANA (La Grande Offensive Agricole pour la
Nourriture et l'Abondance) est le fruit d'une étude poussée sur
les possibilités d'une autosuffisance alimentaire au
Sénégal. En effet, face au fléau de faim qui sévit
dans plusieurs régions du monde surtout depuis ces deux dernières
années, il était nécessaire de prévenir cette
situation au Sénégal par la révision et la redynamisation
des secteurs d'agriculture et d'élevage, les seuls capables de contenir
rapidement et efficacement ce fléau.
Lancée officiellement en Avril 2008, la GOANA est sans
doute l'un des projets les plus ambitieux du Sénégal, tant il
implique une grande partie de la population et il mobilise des fonds
très importants.
Ce projet destiné à être une réponse
au problème d'autosuffisance alimentaire, se divise en deux volets
essentiels :
- le volet agriculture qui porte notamment sur la mise en
valeur de toutes les terres arables pour augmenter la production des
céréales, tubercules, coton etc. ;
- le volet élevage qui porte essentiellement sur
l'augmentation des productions nationales laitières et bouchère.
(Tableau XIV)
2. Objectifs de la GOANA
La GOANA prévoit en l'espace de 6 mois, en partant du
mois d'octobre 2008, une production de deux millions de tonnes de maïs,
trois millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz paddy et deux
millions de tonnes pour les autres céréales (mil, sorgho,
fonio).
Pour l'élevage, les objectifs portent sur une
production de 400 millions de litres de lait et 435 000 tonnes de viande
à l'horizon de l'an 2012. La production laitière bovine avant le
début de la GOANA est estimée à 140 millions de litres. Le
Coût global du projet est de 344,7 milliards. Le tableau XIV montre les
objectifs prévus par la GOANA.
Tableau XIV : Objectifs de la GOANA
Dénomination
|
Objectifs 2008-2009
|
Réalisations 2007-2008
|
Unité
|
Riz
|
500 000
|
195 000
|
Tonne
|
Maïs
|
2 000000
|
160 000
|
Tonne
|
Mil
|
1 000000
|
320 000
|
Tonne
|
Sorgho
|
500 000
|
100 000
|
Tonne
|
Blé
|
25 000
|
0
|
Tonne
|
Fonio
|
25 000
|
1 000
|
Tonne
|
Manioc
|
3 000000
|
310 000
|
Tonne
|
Arachide huilerie
|
1 000000
|
330 000
|
Tonne
|
Coton
|
60 000
|
45 000
|
Tonne
|
Cultures horticoles
|
720 000
|
570 000
|
Tonne
|
Lait
|
400 000 000
|
140 000 000
|
Litres
|
Viande
|
435 000
|
37 962
|
Tonne
|
|
(Source :
www.au-senegal.com/+Grande-offensive-pour-la+.html)
3. Stratégies de la GOANA sur le volet
élevage.
Pour atteindre ses objectifs, la GOANA élevage
s'appuie sur des prestataires des services d'insémination dont la
société pour la promotion et le développement de
l'élevage (SOPRODEL), avec laquelle nous avons réalisé
cette étude.
Ainsi plusieurs stratégies seront mises en oeuvre pour la
réalisation des objectifs prévus. Il s'agit entre autres de :
+ L'organisation des sessions de formation de plus de trois
cent formateurs et superviseurs, pour renforcer les capacités en
matière d'organisation de campagne d'insémination artificielle de
masse ;
+ L'organisation des campagnes et la mise en place des
unités d'insémination artificielle ;
+ L'importation des génisses reproductrices de l'Europe
et du Brésil ; + Le développement de la filière caprine au
Sénégal ;
+ La formation de 1000 jeunes en conduite des motofaucheuses et
de tracteurs pour l'utilisation du matériel moderne de culture de
fourrage,
+ La formation de 500 jeunes au métier de collecteur
de lait, pour l'acheminer vers les centres de collecte et de refroidissement
qui seront installés à travers le pays.
4. Réalisations de la GOANA
En 2008, le nombre de vaches à inséminer est de
50.000 vaches ; 52.000 ont été mobilisées et parmi elles
32.000 ont été retenues. Au total, environs 26.000 vaches ont
été inséminées. Le taux de réussite est de
l'ordre de 50 %. Sur l'ensemble du territoire sénégalais
l'information et la sensibilisation des éleveurs pour la mobilisation et
la participation à la campagne d'insémination de la GOANA a
été un succès.
Parallèlement, deux unités de transformation
laitière d'une capacité de 300 litres ont été
lancées à Kaolack et à Dahra (SOLEIL,
2008).
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODE
I. MATÉRIEL
1. Matériel animal
Le matériel animal utilisé au cours de notre
étude comprend les animaux inséminés et la semence issue
des taureaux reproducteurs.
1.1. Animaux inséminés
Notre étude a porté sur 602 vaches
sélectionnées dans le département de Mbour sur la base de
critères de sélection fixés pour adhérer au
programme d'IA. 92,35 % de ces vaches sont de race Gobra, le reste étant
de race Diakoré, Mbororo, Maure, Ndama, Guzérat, et quelques
métisses F1 Montbéliarde et Holstein (Annexe 7).
Toutes les femelles sont conduites au pâturage naturel
ou sont nourries avec de la paille de riz pendant la journée. Elles
retournent en enclos au coucher du soleil où elles sont suivant les
moyens des éleveurs : soit complémentées avec de l'aliment
bétail commercial pour certaines ou alors non
complémentées pour les autres.
1.2. Semences utilisées
Les semences utilisées lors de notre programme sont
celles des taureaux d'élites sélectionnés (de race
Montbéliarde et Holstein) ; elles sont conservées dans des
bonbonnes contenant de l'azote liquide à - 196°c (Annexe 8).
2. Description du troupeau
Dans le département de Mbour, le système
traditionnel ou extensif est dominant.
Il est caractérisé par la transhumance avec
comme objectif primordial la recherche de pâturage et de points d'eau.
Cette pratique est très fréquente chez les éleveurs
d'ethnie peuhle.
Cependant, dans certaines communes, on note le
développement de quelques élevages semi-intensifs où les
animaux disposent des zones de pâturages mais aussi des étables ou
ils bénéficient d'une complémentation alimentaire en
concentrés.
Le cheptel bovin comporte surtout les races locales à
savoir le zébu Gobra, le taurin Ndama et le métis Diakoré,
un petit nombre d'animaux de race Montbéliarde à Popenguine et
des métis Montbéliarde F1 à Nguérigne, Ngaparu,
Gandidal et Keur Macoumba au niveau des fermes pilotes (NDOUR,
2003).
3. Matériel d'identification
L'étape d'identification des animaux est importante,
car elle permet de pouvoir suivre l'animal tout au long de la campagne
d'insémination et bien après lors du suivi des animaux
inséminés.
Le matériel utilisé pour l'identification comprend
des boucles auriculaires en métal ou en plastique avec la mention du
numéro d'identification de la vache.
4. Médicaments et matériel utiisés
pour la synchronisation des chaleurs
L'induction et la synchronisation médicamenteuse des
chaleurs nécessitent trois composés hormonaux. D'autres produits
ont été utilisés notamment pour le nettoyage et l'asepsie
de la zone de manipulation et du matériel, ainsi que pour lubrifier les
voies génitales des vaches.
Il s'agit des composés suivant :
-PRID ND; (Progesterone Releasing
Intravaginal Device with Oestradiol). C'est un dispositif en acier inoxydable
en forme de spirale. Il est composé de 1,055g de progestérone
uniformément répartie dans un élastomère en
silicone inerte. Il contient 10 mg de benzoate d'oestradiol contenu dans une
capsule de gélatine ;
-ENZAPROST ND ; solution injectable de
Dinoprost. C'est un analogue de synthèse de PGF2á. Le
Dinoprost possède une double action (lutéolytique et
utérotonique). Il se présente sous forme de flacon de 5ml d'une
solution contenant 25mg de principe actif et il est administré en
intramusculaire ;
-SYNCRO-PART ND : solution injectable
contenant 500 UI de PMSG. Selon la dose il peut soit induire les chaleurs et
favoriser l'ovulation normale (500 UI) ; soit induire une super ovulation (2000
UI). Il se présente sous forme de flacon contenant un lyophilisat de
PMSG (gonadotrophine sérique) destiné à recevoir 2ml d'une
solution physiologique. Il est administré en intramusculaire. Pour
induire les chaleurs, nous avons utilisé la dose de 500 UI de PMSG en
intramusculaire ;
-Gel PRID ND : c'est un gel lubrifiant ;
-BETADINE ND : solution antiseptique
iodée;
-Savon de Marseille : pour nettoyer le
matériel et la zone génitale de la vache ; -Applicateur PRID
ND pour la mise en place des spirales ;
-Eponges en mousse.
5. Matériel pour l'insémination
artificielle
Le matériel pour l'insémination artificielle est
constitué de:
Un pistolet de Cassou ; Une gaine protectrice ; Une chemise
sanitaire ; Une pince ;
Une paire de ciseaux ;
Un thermos avec de l'eau tiède pour décongeler la
semence et un testeur de température ;
Des gants de fouille légère et sensible ;
Autre matériel : bottes et corde pour la contention des
animaux.
6. Fiches d'enquêtes
Les animaux sélectionnés, synchronisés et
inséminés sont enregistrés sur deux types des fiches.
La fiche de sélection dont les
informations concernent l'identification de la vache et de son
propriétaire, les paramètres de reproduction de la vache
(âge, race, nombre des JPP, NEC, état ovarien) la localisation du
centre d'insémination (région, département, commune) ainsi
que la date de la sélection (Annexe 1).
La fiche de synchronisation et
insémination dont les informations concernent le protocole de
synchronisation, les dates de mise en place de la spirale, d'injection de PG,
de retrait de la spirale, d'insémination artificielle, du diagnostic de
gestation, les informations sur l'identification des animaux, la
synchronisation des chaleurs et l'insémination artificielle (Annexe
2).
Ces informations enregistrées vont nous permettre
d'apprécier l'influence des différents paramètres
étudiés sur le taux de gestation.
II. MÉTHODE
Notre étude s'est réalisée pendant les
mois de Décembre 2008 à avril 2009. C'est une période de
l'année pendant laquelle les températures moyennes diurne et
nocturne restent relativement fraîches et comprises entre 18 et
26°C.
La méthodologie comprend plusieurs étapes qui se
suivent dans l'ordre chronologique.
Il s'agit des étapes de :
> La sensibilisation des producteurs sur la campagne
d'insémination artificielle ;
> la sélection et le traitement des vaches à
inséminer ;
> la synchronisation des chaleurs chez vaches
sélectionnées;
> l'insémination des vaches;
> le diagnostic de gestation.
1. Sensibilisation des éleveurs sur
l'insémination artificielle
L'Insémination artificielle n'est pas toujours
acceptée dans son principe. Certains éleveurs veulent leurs
propres taureaux sous prétexte que l'insémination artificielle
entraîne des problèmes de reproduction. Ainsi, il est important de
procéder à une organisation des séances de sensibilisation
et d'information sur l'insémination artificielle. Ces séances de
sensibilisation des éleveurs sont organisées bien avant le
démarrage des inséminations. A cet effet, on assiste à une
mobilisation des inséminateurs en collaboration avec les agents des
services régionaux d'élevage, les inspecteurs des services
départementaux d'élevage et les éleveurs. Les objectifs
du
programme, les critères de sélection et la
conduite des vaches inséminées ainsi que des produits de
l'insémination sont également abordés au cours de ces
rencontres. Les éleveurs désirant bénéficier de
l'insémination artificielle doivent respecter les conditions suivantes
:
· être volontaire et intéressé par
l'insémination artificielle ;
· s'engager à respecter le calendrier du travail et
ses contraintes ;
· accepter la stabulation ;
· faire une complémentation alimentaire et assurer
les soins aux animaux (déparasitage, vaccination, etc.) ;
· avoir de la main d'oeuvre pour la contention des
animaux.
2. Sélection et traitements sanitaires des vaches
à inséminer
2.1. Sélection des vaches
Après une campagne de sensibilisation et d'information,
une sélection des vaches a été réalisée sur
la base d'un contrôle individuel des animaux.
Les conditions de sélection des vaches sont :
· être âgées de plus de trois (3) ans
;
· avoir un bon embonpoint ;
· être non gestantes ;
· disposer d'un appareil génital fonctionnel et
être en bonne santé ;
· un minimum de quatre vingt dix (90) jours post-partum.
Tous les renseignements ont été obtenus sur la
base de l'anamnèse, des commémoratifs et d'un examen clinique
effectué sur chaque vache.
Ainsi, une fouille rectale a été
réalisée sur tous les animaux sélectionnés et nous
a permis de confirmer le statut physiologique de la vache.
Les animaux sélectionnés sont identifiés
grâce aux boucles auriculaires pour pouvoir les suivre tout au long de la
campagne.
L'appréciation de l'état corporel a
été faite suivant une échelle à 6 points (Tableau
XV).
Tableau XV : Echelle d`appréciation de la
NEC
Note
|
Catégorie
|
Caractéristiques
|
0
|
Cachectique
|
Animal très émacié, squelettique
|
1
|
Trop maigre
|
Animal trop maigre
|
2
|
Maigre
|
Aspect général assez maigre
|
3
|
Bon
|
Aspect général bon
|
4
|
Très bon
|
Aspect général bien couvert
|
5
|
Trop gras
|
Aspect général gras et lisse
|
|
(Source : VAL et al., 2002)
2.2. Traitement des animaux
Toutes les vaches sélectionnées ont subi un
traitement de déparasitage et des conseils sur la conduite alimentaire
ont été prodigués. Ainsi un déparasitage à
base d'ivermectine a été effectués et la pratique du
«flushing» a été recommandée aux éleveurs
afin d'optimiser la fertilité. Elle consiste à faire passer les
animaux sélectionnés d'un régime alimentaire d'entretien
à un régime à niveau élevé, en
commençant 2 à 3 semaines avant l'insémination et sur une
période de 4 à 6 semaines.
3. Protocole de synchronisation et d'insémination
artificielle
La sélection est suivie par les étapes de
synchronisation des chaleurs et d'insémination qui prennent au total 14
jours.
Toutes les manipulations sur des vaches nécessitent au
préalable une bonne contention pour éviter des accidents par des
coups de sabot. En pratique, les éleveurs utilisent une corde en huit
pour entraver les jambes au niveau des jarrets.
3.1. Synchronisation des chaleurs
La synchronisation des chaleurs a été
réalisée suivant le protocole utilisant la spirale vaginale PRID
ND, la PGF2á et la PMSG.
Le protocole arrêté est le suivant:
-J0 : pose de spirale (PRIDND) dans le vagin à
l'aide d'un applicateur de spirale;
-J10 : injection de prostaglandines (PGF2á);
-J12 : retrait de la spirale suivi de l'injection de PMSG.
3.2. Surveillance des chaleurs
Après le retrait de la spirale, intervient la
surveillance des chaleurs. Les chaleurs apparaissent 40 à 46 heures
après le retrait de la spirale. Elles se manifestent par
l'écoulement d'une glaire cervicale au niveau de la commissure
inférieure de la vulve, la congestion vulvaire, la déviation de
la queue et surtout l'acceptation du chevauchement.
3.3. Insémination artificielle
Les vaches sont inséminées suivant la
méthode recto-vaginale en utilisant un pistolet d'insémination de
type CASSOU. La semence conditionnée en paillette est
préalablement décongelée en plongeant les paillettes dans
l'eau à entre 35 et 37°C pendant 15 à 30 secondes.
L'insémination a été faite avec les
semences des taureaux de races exotiques Montbéliarde et Holstein.
4. Diagnostic de gestation
Il s'agit d'un diagnostic de gestation tardif, qui se fait
par la palpation transrectale de l'appareil génital des femelles
inséminées à partir du 60ème jour
après la réalisation de l'IA.
5. Saisie et analyse des données
Les données sur la sélection, la
synchronisation des chaleurs, l'insémination et le diagnostic de
gestation, sont collectés sur le terrain et enregistrées sur des
fiches avant d'être traitées plus tard dans les tableaux Excel de
Microsoft. Le logiciel R Commander 2.8.0 a été utilisé
pour l'analyse statistique des résultats et le test KHI DEUX PEARSON
pour analyser la signification des résultats. Le seuil de signification
p de ce test a été fixé à une probabilité de
5%. L'effet obtenu est significatif si p < 0,05
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
I. PRESENTATION DES RESULTATS
1. Sélection, synchronisation,
insémination
Au total notre étude a porté sur 602 vaches
sélectionnées dans 14 localités du département de
Mbour (Annexe 8).
Des 602 vaches sélectionnées, 551 ont suivi le
programme de synchronisation des chaleurs jusqu'à la dernière
étape et ont été inséminées soit un taux de
synchronisation des chaleurs de 91,52%. Les 51 autres ont été
éliminées soit parce qu'elles ont perdu la spirale au cours de la
synchronisation soit qu'elles étaient absentes à une étape
quelconque de la synchronisation.
Seules 295 vaches des 551 inséminées, se sont
présentées pour le diagnostic de gestation 60 jours après
l'insémination, alors que 256 étaient absentes au moment du
diagnostic de gestation.
Sur les 295 diagnostiquées, 136 se sont
révélées gestantes au diagnostic par palpation
transrectale, soit un taux de gestation de 46,10%. Les 159
autres ont été diagnostiquées vides après ce
délai. Le tableau XVI récapitule les résultats obtenus
lors de notre étude.
Tableau XVI : Tableau récapitulatif des
résultats d'insémination artificielle
Phase
|
Effectif
|
Taux en %
|
Sélection
|
602
|
|
Synchronisation
|
551
|
91,52
|
Insémination
|
551
|
100
|
Diagnostic de gestation
|
295
|
53,54
|
Non diagnostiquées
|
265
|
46,46
|
Résultats du DG : Gestantes
Non gestantes
|
136
|
46,10
|
|
53,90
|
|
2. Variables intrinsèques influençant le
taux de réussite de l'insémination artificielle
Nous avons travaillé sur 5 variables
intrinsèques à la vache à savoir : la race, l'âge,
le nombre de jours post partum (JPP), la note d'état corporel à
la sélection (NEC) et le nombre de lactations.
2.1. Race de la vache
Notre étude a porté essentiellement sur les
vaches de race Gobra représentant 92,35% du nombre total de l'effectif
étudié. Nous avons également travaillé sur la race
Diakoré (4,65%), les métisses F1 Montbéliarde et Holstein
(2%), et d'autres races minoritaire à savoir les zébus Mbororo,
Guzerat, et Maure, et le taurin Ndama qui représentent ensemble une
fréquence de 1% (Annexe 7). Chez les métisses F1 Holstein et
Montbéliardes, le taux de gestation est de 62,5% alors qu'il est de
46,54% pour la race Gobra et de 38,1% pour la race Diakoré.
Chez les autres races minoritaires (Mbororo, Guzerat, Ndama,
Maure) ce taux est de 33,33% (Figure 12).
Cependant, la race de la vache n'influence pas le taux de
gestation (p>0,05). La figure 12 montre la relation entre le taux de
gestation et la race de la vache
Taux de gestation
40
60
20
70
50
30
10
0
Metisses Gobra Djakoré Autres
Race de la vache
62,5
46,54
38 1
,
33,33
Figure 12 : influence de la race de la vache sur le taux
de gestation
2.2. Age de la vache
Nous avons regroupé les vaches en trois classes selon
leur âge :
- la classe des vaches âgées de 3 à 5 ans
;
- la classe des vaches âgées de 6 à 9 ans
;
- la classe des vaches âgées de 10 à 20
ans.
Le taux de gestation de 48,35% est observé chez les
vaches âgées de 3 à 5 ans. Chez les vaches
âgées de 10 à 20 ans le taux de gestation observé
est de 36,36 %. Les vaches d'âge moyen (6 à 10 ans) quant elles,
ont un taux de gestation de 46,02%.
Toutefois, il n y a pas de différence significative du
taux de gestation selon l'âge des vaches (p>0,05).
La figure 13 montre la relation entre le taux de gestation et
l'âge de la vache.
Taux de gestation
45
40
50
35
30
25
20
15
10
5
0
3 A 5 6 A 9 10 A 20
Classe d' âge
48,35
46,02
36,36
Figure 13 : Taux de gestation et âge de la
vache
2.3. Nombre de lactations
Il s'agit du nombre de cycles de lactation que la vache a
déjà fait au moment de la sélection. Chez les vaches ayant
4 à 8 cycles de lactation le taux de gestation observé est de
47,73%, alors que les jeunes vaches et les génisses (0 à 1 cycle)
présentent un taux de 42,68 %. Les vaches ayant 2 à 3 cycles
quant à elles, ont un taux de 43,8 % (Figure 14).
Cependant, il n y a pas de différence significative du
taux de gestation selon le nombre de lactations (p>0,05).
Taux de gestation
48
47
46
45
44
43
42
41
40
4 A 8 2 A 3 0 A 1
47,73
Nombre de lactation
43,8
42,68
Figure 14 : Taux de gestation et nombre de lactations
2.4. Nombre des jours post partum (JPP)
Trois classes ont étés formées selon le
nombre des jours post partum (nombre de jours écoulés
après la dernière mise bas).
Une classe de 3 à 4 mois de post partum, une de 5
à 11 mois et une dernière de 12 à 24 mois.
Nous avons observé un taux de gestation de 47,44 %
chez les vaches à post partum compris entre 3 et 4 mois et 46,67 % chez
les vaches à post partum compris entre 5 et 11 mois. Chez les vaches
à post partum compris entre 12 et 24 mois, le taux de gestation est de
44,83 %.
L'analyse des résultats ne montre pas de variation du
taux de gestation en fonction de la durée du post partum.
La figure 15 montre la relation entre le taux de gestation et
les classes de JPP.
Taux de gestation
47,5
46,5
45,5
44,5
43,5
47
46
45
44
3 A 4 5 A 11 12 A 24
JPP en nombre de mois
47, 44
46, 67
44, 83
Figure 15 : Taux de gestation et nombre de jours post
partum 2.5. Note d'état corporel (NEC) à la
sélection
La note d'état corporel est un paramètre qui
renseigne sur l'état d'embonpoint de l'animal en utilisant une
échelle allant de 1 à 5 points.
Nos animaux ont été regroupés en trois
classes selon leur NEC :
- classe d'animaux ayant de 1,5 à 2 points,
- classe d'animaux ayant de 2,5 à 3 points ;
- classe d'animaux ayant de 3,5 à 4,5.
Globalement, on constate que les vaches dont la NEC est
comprise entre 1,5 et 2 ont un taux de gestation qui se situe à 51,35 %.
Le taux de gestation est de 48,21% pour les vaches ayant une note comprise
entre 3,5 et 4,5, alors qu'il est 44,55% pour celles ayant une note de 2,5
à 3.
Cependant, la NEC à la sélection n'a pas d'effet
significatif sur le taux de gestation (p>0,05).
La figure 16 nous présente la relation qui existe entre
le taux de gestation et la NEC à la sélection.
Taux de gestation
48
46
44
42
40
52
50
1, 5 A 2 3, 5 A 4, 5 2, 5 A 3
NEC à la séléction
51,35
48,21
44,55
Figure 16 : Taux de gestation et la note d'état
corporel à la sélection
3. Variables extrinsèques influençant le
taux de réussite de l'insémination artificielle
Nous avons cherché à savoir si les
paramètres extrinsèques tels que l'heure d'insémination
artificielle, l'inséminateur, l'intervalle retrait
spirale-insémination artificielle, taureau inséminateur, race du
taureau inséminateur, commune ou communauté rurale,
complémentation alimentaire influençaient le taux de gestation.
Les résultats obtenus sont présentés dans la partie
suivante.
3.1. Heure d'insémination artificielle
Les vaches ont été regroupées en trois
classes selon l'heure d'insémination artificielle :
Celles inséminées la journée de 10h00
à 17h59, celles inséminées en début de
soirée de 18h00 à 19h59 et enfin celles inséminées
pendant la nuit jusqu'au matin de 20h00 à 9h59.
L'insémination artificielle s'est déroulée
en saison froide et sèche (Décembre à Avril 2009).
Un taux de gestation de 51,09% est obtenu chez les vaches
inséminées la nuit jusqu'en début de journée (20h
à 9h59), alors que pour les vaches inséminées la
journée (10h à 17h59) ce taux est de 40%.
Il n y a pas de différence significative de taux de
gestation selon l'heure d'insémination artificielle (p>0,05).
La figure 17 montre la relation entre le taux de gestation et
l'heure d'insémination artificielle.
Taux de gestation
40
20
60
50
30
10
0
20:00 A 9:59 18:00 A 19:59 10:00 A 17:59
51,09
Heur de l'insémination
41,51 40
Figure 17: Taux de gestation et heure
d'insémination artificielle
3.2. Taureau inséminateur
La semence utilisée pour l'insémination
artificielle a été produite à partir de 9 taureaux
d'élite.
Il s'agit des taureaux de race montbéliarde (Njacaar et
Jurabétail) ainsi que des taureaux de race Holstein (Rogl, Right, Sos,
Rambour, Boy Melakh, Tramway).
Les vaches inséminées par le taureau Rogl
présentent un taux de gestation de 85,71%, alors que ce taux est de
33,33% pour Jurabetail. (Figure 18)
Cependant l'analyse des résultats ne montre pas de
différence du taux de gestation selon le taureau inséminateur.
Taureau inseminateur
Taux de gestation
40
20
90
80
70
60
50
30
10
0
Rogl
85,71
Right
57,14
Sos
52,7
Njacaar
49,02 47,83
Rambour
43,48
Tramway
35,38
Boy Melakh
33,33
Jurabetail
Figure 18: Taux de gestation et le taureau
utilisé.
3.3. Race du taureau inséminateur
Les taureaux utilisés pour l'insémination
artificielle appartiennent à deux races exotiques ; à savoir la
race Holstein et la race Montbéliarde.
Un taux de gestation de 48,15% a été obtenu avec
les taureaux de race Montbéliarde, alors que pour les taureaux de race
Holstein ce taux est 46,85%. L'analyse des résultats ne montre pas de
différence significative de taux de gestation selon la race du taureau
inséminateur (p>0,05).
La figure 19 montre la relation qui existe entre le taux de
gestation et la race du taureau producteur de la semence.
Taux de gestation
48,2
47,8
47,6
47,4
47,2
46,8
46,6
46,4
46,2
48
47
Montberialde Holstein
Race du taureau inseminateur
48,15
46,85
Figure 19 : Taux de gestation et race des taureaux
reproducteurs
3.4. Commune ou communauté rurale
Les vaches inséminées proviennent des 14 communes
ou communautés rurales du département Mbour.
La commune de Mbodiene présente un taux de gestation de
100%, alors que les communes de Fissel et la Foua présentent
ensemble, présentent un taux de gestation de 21,43%. Les autres
communes présentent successivement les taux de
71,43% pour Mbour, 64,71% pour Popenguine , 34,78% pour
Joal-Fadiouth, 28,57% pour Thiadiaye; et enfin 27,78 % pour Kawasara (Figure
20).
L'analyse des résultats ne montre pas de
différence significative de taux de gestation selon la commune ou
communauté rurale d'origine des animaux (p>0,05).
Taux de gestation
100
40
20
90
70
60
50
30
80
10
0
Mbodiene
10 0
71,43
64,71
Mbour
Popenguine
Nguekhokh
53,57
51,72 50
Nianda
Commune ou communauté rurale
Ndiagagnao
Somone
46,6745,45
Sandiara
36,84
35,14 34,78
Ngueniene
Sindia
Joal Fadiouth
28,57 27,78
21,43
Thiadiaye
Kawasara
Fissel et Foua
Figure 20 : Taux de gestation et commune ou
communauté rurale
3.5. Inséminateur
Deux inséminateurs que nous désignerons par les
lettres A et B ont exécuté les travaux d'insémination
artificielle.
L'inséminateur A a obtenu un meilleur taux de gestation
(60,42%) par rapport à l'inséminateur B qui n'a obtenu qu'un taux
de 43,09 %. (Figure 21)
L'analyse des résultats nous montre que la
différence de taux de gestation obtenu par l'inséminateur A et
celui obtenu par l'inséminateur B est significative (p<0,05).
Taux de gestation
40
60
20
70
50
30
10
0
B A
60,42
Inseminateur
43,09
Figure 21 : Taux de gestation et inséminateur 3.6.
Intervalle retrait spirale - insémination artificielle
Trois classes ont été formées pour
regrouper les vaches selon l'intervalle entre le moment de retrait de la
spirale et le moment d'insémination artificielle.
La première classe regroupe les vaches à
intervalle de 36 heures à 55 heures, la deuxième celles des
vaches inséminées 56 heures après le retrait de spirale,
et la dernière classe pour les vaches à intervalle de 57 heures
à 63 heures.
Le meilleur taux de gestation (48,72%) se retrouve dans la
classe d'intervalle retrait spirale - insémination artificielle de 38
heures à 55 heures, le plus faible (41,3%) étant celui obtenu
dans la classe de 57 à 63 heures d'intervalle. (p<0.05)
Les vaches inséminées 56 heures après le
retrait de la spirale, ont présenté un taux de gestation de
47,26%. (Figure 22)
Taux de gestation
48
46
44
42
40
50
38
36
38h A 55h 56h 57h A 63h
Intervalle retrait spirale-insemination
artificielle
48,72
47,26
41,3
Figure 22 : Taux de gestation et intervalle retrait
spirale - insémination
artificielle
3.7. Complémentation de l'alimentation de la
vache
Deux groupes d'animaux ont été
constitués selon la complémentation de la ration
fourragère par les concentrés énergétique : Ceux
qui complémentent l'alimentation de façon régulière
(élevages du milieu urbain ou péri urbains) et ceux qui la
pratiquent de façon irrégulière et occasionnelle, ou
jamais.
Nous avons obtenu le meilleur taux de gestation (53,08%) chez
les vaches recevant régulièrement un complément
énergétique alimentaire, alors que chez les vaches n'en recevant
pas, ce taux est de 40,61%. (p<0.05)
La figure 23 montre la relation entre le taux de gestation et
complémentation énergétique de la ration.
Taux de gestation
40
20
60
50
30
10
0
Complémentation Absence de complémentation
Complémentation energetique de la
ration
53,08
40,61
Figure 23 : Taux de gestation et complémentation
énergétique de la ration
II. DISCUSSION
1. Synchronisation des chaleurs
La sélection a porté sur 602 vaches, et parmi
elles 551 ont suivi la phase de synchronisation des chaleurs jusqu'à la
fin, soit un taux de synchronisation de 91,52 %. Ce taux est assez satisfaisant
mais reste néanmoins inférieur aux taux obtenu par
DIEDHIOU (100%, en 2002), TCHEUFO (99,98%, en
2007),
NISHIMWE (99,27%, en 2008), de
même qu'aux taux de 93% et de 91,8%, obtenus respectivement par
OKOUYI (2000), et KAMGA (2002).
En rétrécissant la cordelette de la spirale,
ABONOU (2007) a obtenu un taux de 100 %.
Cette faiblesse du taux de synchronisation par rapport
à ceux obtenus par nos prédécesseurs serait due
essentiellement à l'absence des éleveurs à certaines
étapes de la synchronisation et aux pertes de spirales au cours de la
synchronisation.
2. Taux de réussite de l'insémination
artificielle
Le diagnostic de gestation tardif ( méthode de
palpation transrectale) réalisé 60 jours après
l'insémination, nous a permis d'identifier 136 vaches gestantes sur les
395 diagnostiquées, soit un taux de gestation de 46,1%.
Ce taux est proche de ceux obtenus par BADJI (2007)
dans le bassin arachidier et MOUICHE (2007) à
Mbour et en périphérie de Dakar, qui sont respectivement de
44,93% et de 46,91%.
Il est supérieur aux taux de 35,66 % obtenu par
KOUAMO (2006) à Louga, 37,11 % par HAKOU (2006)
dans les régions de Fatick, Kaolack et Louga , 38,1% par
KABERA (2007) à Saint Louis, Louga et Tambacounda.
Il est néanmoins inférieur aux taux de 54,9% et
54,3% obtenus respectivement par THCEUFO (2007) dans la
région de Thiès et ABONOU (2007) dans la
région de Dakar
Lors du diagnostic de gestation, 46,46% des vaches
inséminées ne se sont pas présentées pour le
diagnostic.
Les raisons de cette absence au moment du diagnostic de
gestation sont nombreuses, mais il s'agit surtout du manque
d'intérêt pour cette étape pour certains éleveurs,
d'autant plus que certains font des longues distances avec leurs troupeaux pour
arriver sur le lieu de rendez-vous.
3. Etude des paramètres influençant le taux
de réussite de l'insémination artificielle
3.1. Variables intrinsèques à la
vache
3.1.1. Race
L'analyse de nos résultats nous a montré que la
race de la vache n'influence pas le taux de réussite d'IA, cependant
nous avons observé un taux de 62,5 % chez les métisses alors que
la moyenne globale est de 46,1%.
Ce taux de 62,5% est proche de celui de 57,1% obtenu par
ABONOU (2007) et 57,14% obtenu par NISHIMWE
(2008).
Il est supérieur au taux de 50,3% obtenu par
AMOU'OU (2005) et au taux de 55% recommandé en
insémination artificielle.
3.1.2. Age
D'après nos résultats, le paramètre
âge de la vache n'influence pas le taux de gestation.
En effet, l'élevage en Afrique au sud du Sahara est
caractérisé par la rareté et la pauvreté des
pâturages, surtout en saison sèche. Ainsi, la puberté et la
mise à la reproduction des animaux sont retardées ; ce qui
expliquerait l'absence de l'influence de l'âge sur le taux de gestation
dans notre étude.
Nos résultats diffèrent de ceux obtenus par
HUMBLOT(1986) qui a constaté une diminution de la
fertilité avec l'âge, et attribue cette baisse de la
fertilité à l'augmentation des mortalités embryonnaires
tardives avec l'âge mais aussi à des échecs observés
lors des gestations à âgé précoce.
Dans notre étude, l'absence d'influence de l'âge
sur le taux de gestation est justifiée par rigueur appliquée lors
de la sélection des vaches, avec élimination systématique
du programme d'insémination des vaches suspectées infertiles.
3.1.3. Nombre de lactations
Dans notre étude, le taux de gestation n'est pas
influencé par le nombre de lactations.
Ces résultats concordent avec ceux de DIENG (2003)
qui n'a remarqué aucune influence du nombre de lactation sur le
taux de gestation.
Par ailleurs, GRIMARD et al. (2001)
cité par DIENG (2003) n'a constaté
aucune baisse de la fertilité en fonction du rang de vêlage (59,5%
chez les primipares contre 48,1% chez les multipares).
3.1.4. Nombre de jours post partum
L'analyse de nos résultats nous montre que le nombre
des jours post partum n'a pas d'influence sur le taux de gestation. Cette
observation partagée avec celle de NISHIMWE (2008) et
celle de KABERA (2007) se justifierait par le fait que la
sélection a été rigoureuse et l'insémination bien
faite sur des vaches dont l'involution utérine était
complète.
3.1.5. Note d'état corporel à la
sélection
De même que pour les paramètres
intrinsèques précédemment analysés (âge, race
JPP, nombre de lactations), la note d'état corporel à la
sélection n'a pas d'influence sur le taux de gestation.
Ceci serait dû en partie au fait que les vaches trop
maigres dont le NEC est inferieur à 1,5 et les vaches trop grasses
à NEC supérieur à 4,5 ont été
éliminées du programme lors de la sélection. La faiblesse
de la fréquence de la classe dont la NEC est de 1,5 à 2 pourrait
justifier un taux de gestation élevé comparé aux autres.
En effet plus la fréquence de la classe est faible plus la
précision du TG est faible. En résumé, les variables
intrinsèques étudiées n'ont pas d'influence sur le taux de
réussite de l'insémination artificielle. Ceci pourrait être
attribué à la rigueur avec laquelle la sélection des
vaches a été réalisée.
3.2. Variables extrinsèques
3.2.1. Heure d'insémination
artificielle
L'analyse statistique de nos résultats nous montre que
l'heure d'insémination n'influence pas le taux de gestation obtenu. Ceci
concorde avec les observations faites par nos prédécesseurs ;
NISHIMWE (2008), KABERA (2007), KAMGA(2002).
L'absence d'influence de l'heure d'insémination sur le
taux de gestation s'expliquerait par les conditions climatiques favorables
observées au cours de la période de la campagne
d'insémination. En effet la période de Décembre à
Avril a une température moyenne relativement basse.
3.2.2. Race du taureau inséminateur
La race du taureau inséminateur n'influence pas le
taux de gestation de même que le taureau lui même. Cet observation
est la même que celle de NISHIMWE (2008). Ainsi une
campagne d'insémination bien conduite en utilisant une bonne semence est
un atout majeur pour l'amélioration des productions animales.
3.2.3. Commune ou communauté rurale
Nous avons noté une absence de différence
significative entre les différents taux de gestation obtenus selon les
communes d'origine des animaux.
Nos résultats concordent avec ceux obtenus par
KABERA (2007) qui n'observe aucune différence selon
l'origine des animaux (régions de Louga, Tambacounda et Saint Luis) et
NISHIMWE (2008) dans les départements de la
région de Thiès.
3.2.4. Inséminateur
L'inséminateur influence significativement le taux de
gestation obtenu chez les vaches. Nos résultats concordent avec ceux de
LAMINOU (1999) mais diffèrent de ceux de
NISHIMWE (2008).
Dans notre cas, plusieurs raisons pourraient expliquer
l'influence de l'inséminateur sur le taux de gestation des vaches,
notamment :
· la différence d'expérience entre les deux
inséminateurs ;
· la différence du nombre des vaches
inséminées par chacun ;
· l'habileté et le professionnalisme des
inséminateurs.
3.2.5. Intervalle retrait spirale-insémination
artificielle
L'analyse de nos résultats montre que l'intervalle
retrait spirale-insémination artificielle influence le taux de
gestation. Ceci concorde avec les résultats obtenus par NISHIMWE
(2008), qui obtient le meilleur taux (50%) chez des vaches
inséminées entre 54 et 56h après le retrait de la spirale.
Ces résultats concordent également avec les recommandations de
DIOP (1994) qui conseille d'inséminer 9,5 + 3,5
après le début des chaleurs et celles du symposium sur les bovins
laitiers
qui préconise une insémination artificielle vers
la fin de la période des chaleurs (CRAAQ, 2003).
3.2.6. Complémentation énergétique
de la ration
La pratique de complémentation de la ration
fourragère avec du concentré énergétique influence
significativement le taux de gestation obtenu chez les vaches. Ceci concorde
indirectement avec les résultats obtenus par BOFIA
(2008).
Cet auteur a remarqué que chez les vaches à
glycémie élevée, donc ayant reçu une ration riche
en énergie, la différence de taux de gestation observée
était significative.
D'après LOISEL
(1977), la fécondation paraît sensible
à la glycémie, la période critique se situant autour de
l'insémination (une semaine avant et deux semaines après). La
carence énergétique durant cette période s'accompagne
d'une forte mortalité embryonnaire précoce.
Selon WATTIAUX (1995), le
taux de conception est bas pour les vaches inséminées pendant la
phase d'équilibre énergétique négatif (vaches qui
perdent du poids). Par contre, ce taux s'améliore nettement chez les
vaches dont l'équilibre énergétique est positif (vaches
qui gagnent du poids).
CHAPITRE V : CONTRAINTES ET RECOMMANDATIONS
Notre travail nous a permis de nous rendre compte des
problèmes généraux auxquels sont confrontés les
éleveurs du département de Mbour, et des problèmes
particuliers rattachés au programme d'insémination artificielle.
En général les problèmes observés sont liés
à la stabulation, l'alimentation, l'information, la législation,
aux éleveurs et aux prestataires d'insémination.
Plusieurs paramètres influençant la
réussite d'insémination artificielle ont été
également identifiés.
1. Acteurs de la campagne d'insémination :
contraintes et recommandation
La campagne d'insémination artificielle faisant
intervenir plusieurs acteurs, nous énumérerons les contraintes
rencontrées au cours de notre étude, et nous donnerons des
recommandations nécessaires à chaque niveau pour améliorer
les activités d'insémination artificielle bovine.
1.1. Etat
L'état est l'acteur le plus important lors d'une
campagne d'insémination artificielle tant il est impliqué dans
toutes les activités de la préparation à
l'exécution de la campagne, en passant par le financement de la
quasi-totalité de toutes les étapes de la campagne.
+ Contraintes liés à l'Etat
Certaines contraintes liées à l'Etat ont
été décelées au cours de notre étude. Il
s'agit notamment :
- Du retard de fourniture du matériel et des intrants
liés au programme d'insémination par rapport au délais
initialement prévus ;
- L'implication limitée des responsables locaux de la
santé animale dans la sensibilisation de la population ;
- L'insuffisance de l'assistance et de l'encadrement des
éleveurs par l'Etat dans leur volonté de s'organiser dans des
structures d'élevages plus modernes et plus performantes ;
- La vétusté des voies d'accès aux
éleveurs ce qui les rend difficilement joignables - L'insuffisance du
nombre d'inséminateurs prévus par département, ce qui a
rendu le travail trop difficile ;
- Absence d'un cadre de suivi des produits issus de
l'insémination artificielle.
·. Recommandations
Face aux contraintes liées à l'Etat nos
recommandations sont les suivantes : - Amélioration des infrastructures
et des voies d'accès aux éleveurs ;
- Faciliter l'accès aux intrants alimentaires pour la
complémentation des animaux ; - Faciliter l'accès au
crédit pour les coopératives d'éleveurs;
- Organiser des formations régulières de mise
à niveau des inséminateurs.
- Renforcer les capacités des producteurs pour une
meilleure gestion de leurs troupeaux (utilisation courante de
l'insémination artificielle comme moyen de reproduction,
complémentation de la ration par les concentrés
énergétiques, bonne couverture médicale des animaux).
- Mettre les moyens nécessaires à la
sensibilisation des producteurs quant aux avantages de l'insémination
artificielle, et à l'importance du respect de toutes les étapes
du programme de l'insémination artificielle ;
- Augmenter le nombre des prestataires de service
d'insémination lors des prochaines campagnes pour s'assurer d'un travail
bien fait ;
- S'assurer de la présence effective de tous les
intrants avant le début du programme afin d'éviter des
perturbations possibles du déroulement normal de la campagne ;
- Création d'un cadre de suivi par les inspections
régionales des services vétérinaires, des vaches
inséminées ainsi que leurs produits. Ceci permettrait de
se rendre comptes des problèmes éventuelles d'adaptation de
ces produits aux
conditions locales, et une meilleure exploitation de leurs
performances de production.
- Prendre en compte les préoccupations liées
à la commercialisation du lait.
1.2. Prestataires d'insémination
Les prestataires sont les exécutants directs de
l'insémination artificielle. A ce titre ils sont confrontés aux
problèmes d'ordre technique, organisationnel et informationnel. Nous
avons constaté quelques contraintes liées aux prestataires et
nous formulerons des recommandations pour l'amélioration de leur
service.
+ Contraintes liées aux prestataires
Il s'agit essentiellement de :
- L'insuffisance en matière d'organisation et
d'exécution des taches liées à l'insémination ;
- La communication et la collaboration limitées avec les
agents d'élevage dans les différents villages, ce qui rend la
coordination des activités difficile ;
+ recommandations
- Se former et faire des recyclages de manière continue
en matière d'insémination artificielle afin d'assurer une bonne
coordination des activités ;
- Sensibiliser davantage les éleveurs à participer
aux campagnes d'insémination artificielle ;
- Mieux collaborer avec les responsables locaux d'élevage
pour mobiliser tous les éleveurs lors de l'insémination
artificielle ;
- Mener des campagnes d'information particulière sur
les avantages de l'insémination artificielle dans certaines
communautés d'éleveurs qui restent réticents à la
participation à toutes les campagnes organisées.
1.3. Eleveurs
Les éleveurs sont des bénéficiaires
directes des programmes nationales d'insémination artificielle. A ce
titre un minimum des conditions leur est exigé
pour le bon déroulement de ces programmes. Cependant la
majorité des contraintes rencontrées sur terrain leur est
directement imputable.
· . Contraintes liées aux
éleveurs
Il s'agit notamment de :
- Non respect du programme prévu dans le cadre des
activités d'insémination artificielle notamment avec des retards
ou absences à certaines étapes critiques de l'insémination
;
- Faible participation à l'étape de diagnostic de
gestation ;
- Absence des propriétaires des animaux sur le lieu
d'insémination. En effet ces derniers délèguent souvent
des bergers, ou parfois des enfants qui ne connaissent rien par rapport aux
paramètres recherchées sur les animaux
sélectionnés. Cette situation rend la collecte des données
insuffisante et les manipulations des animaux difficiles lorsque ces derniers
sont conventionnés par des enfants par exemple ;
- Refus de participation à la campagne pour certains
éleveurs (surtout dans les villages peulhs) par ignorance des avantages
de l'insémination artificielle ou à cause des
préjugés qu'ils ont par rapport à cette dernière
;
- Non respect des recommandations prodiguées par des
inséminateurs notamment sur la séparation des taureaux des vaches
et l'amélioration de l'alimentation tout au long de la campagne.
· . Recommandations
- Nécessité pour les éleveurs de se
regrouper en coopératives pour mieux rentabiliser leur métier et
défendre leurs intérêts. Ce regroupement leur permettrait
d'échanger les expériences et de bien profiter des projets de
développement ;
- Adoption et vulgarisation de l'outil d'insémination
artificielle comme moyen d'amélioration génétique de leur
troupeaux et donc de la rentabilité de leur élevage. - Participer
massivement aux campagnes de vaccination, aux traitements prophylactiques et
curatifs afin d'assurer une couverture sanitaire appropriée;
- Assurer une bonne alimentation aux animaux pour éviter
les problèmes de reproduction liés à l'environnement
alimentaire.
- Apprêter les aires de stabulation ou les animaux
devraient rester pour toute la période d'insémination. En effet
des longs trajets effectués par certains éleveurs avant d'arriver
aux centres d'insémination empêchent certains de venir à
tous les rendez- vous prévus durant la campagne d'insémination
mais aussi fatiguent les animaux diminuant les chances de réussite d'IA
;
- S'occuper particulièrement des produits issus de l'IA
en assurant une alimentation et une couverture médicale
adéquates.
4. Chercheurs
L'amélioration génétique des bovins au
Sénégal se déroule depuis plus d'une décennie. Les
produits d'insémination artificielle sont présents sur tout le
territoire national, mais il est impossible de donner avec certitude les
productions des métis. Ainsi il importe que les chercheurs :
- Assurent le suivi des produits d'insémination
artificielle ;
- Evaluent les performances de production des produits de
l'insémination artificielle ;
- Evaluent la qualité des productions (lait, viande) de
ces produits.
- Comparent ces productions à celles des races bovines
locales.
La mise en place de ces projets de recherche pourrait
permettre à terme de mettre à la disposition du consommateur des
produits respectant les normes officielles de qualité. Le
Sénégal pourrait ainsi produire un label de qualité viande
et lait.
CONCLUSION GENERALE
Depuis plus de 10 ans, le Sénégal a
initié des projets visant à améliorer le patrimoine
génétique du cheptel bovin local. Le projet PAPEL a
coordonnée l'ensemble des activités liées aux campagnes
d'insémination artificielle, outil d'amélioration
génétique.
Bien que ces efforts aient permis d'augmenter les productions
laitières et bouchère du Sénégal, la facture
laitière ne cesse de croitre et a atteint 52 milliards de FCA en 2007.
De même les importations des viandes venant d'étranger n'ont
guerre baissées.
Le projet GOANA lancé en hivernage 2008, vient comme
solution à ce problème récurent et au fléau de faim
qui menace les populations africaines en général. L'objectif
général de la GOANA est de permettre une autosuffisance
alimentaire au Sénégal.
Le volet élevage de ce projet, vise
spécifiquement une production laitière de 400 millions de litres
et une production bouchère de 435 milles tonnes de viande par an. En
pratique, ces objectifs doivent passer par la réalisation de vastes
campagnes d'insémination artificielle portant sur 50 000 vaches au lieu
5 000 inséminées habituellement chaque année sur
l'ensemble de l'étendue du territoire national.
A ces vastes campagnes d'insémination artificielle,
seront associées la promotion des cultures fourragères et la
facilitation des éleveurs à l'accès au crédit.
Toutes ces mesures devraient permettre au pays d'être
autosuffisant en lait et viande à l'horizon de l'an 2012.
Notre travail qui s'est déroulé de
Décembre 2008 à Avril 2009, consiste en une évaluation des
résultats de la campagne d'insémination artificielle,
organisée dans le cadre du projet GOANA dans le département de
Mbour (région de Thiès).
De façon spécifique nous avons :
· déterminé le taux de réussite
de l'IA ;
· identifié et analysé les facteurs
influençant l'IA ;
· proposé des solutions pour l'amélioration
du taux de réussite de l'IA au Sénégal.
Notre travail de terrain nous a permis de suivre effectivement
la campagne d'insémination artificielle et de collecter les informations
sur les paramètres de reproduction. Ces informations ont
été ensuite classées, traitées et analysées
afin d'évaluer l'influence de ces paramètres sur la
réussite de l'insémination artificielle. Après la
sensibilisation des éleveurs à participer massivement à la
campagne, nous avons commencé nos activités de sélection,
synchronisation puis insémination artificielle avant de finir par le
diagnostic de gestation.
Les vaches sélectionnées devaient :
· avoir au moins 3 ans ;
· avoir vêlées au moins une fois et un
post-partum supérieur à 90 jours ;
· être non gestante ;
· avoir une intégrité de l'appareil
génital ;
· avoir une bonne note d'état corporel et être
en bonne santé.
Les vaches ont été inséminées sur
chaleurs induites. Le protocole de synchronisation des chaleurs associe la
spirale vaginale (PRID ND) à la prostaglandine F2á et
le PMSG. La semence utilisée lors de l'insémination est celle des
taureaux de race Holstein et Montbéliarde.
Au total :
· 602 vaches ont été
sélectionnées, parmi lesquelles 551 ont été
synchronisées alors que 51 étaient absentes à une
étape quelconque de la synchronisation, soit un taux de synchronisation
de 91,52%.
· La totalité des 551 vaches synchronisées,
ont été inséminées, soit un taux
d'insémination de 100%.
· Sur les 551 vaches inséminées, 295
se sont présentées pour le diagnostic de gestation 60 jours
après l'insémination et 136 ont été
diagnostiquées gestantes, soit un taux de réussite
d'insémination artificielle de 46,10 %.
De l'analyse de nos résultats il en ressort que :
- Les facteurs intrinsèques à la vache
(âge, race, nombre de lactations, nombre de jours post partum, note
d'état corporel) n'influencent pas le taux de gestation, probablement en
raison de la rigueur de la sélection ;
-Par contre, certains facteurs extrinsèques notamment
l'habileté de l'inséminateur, l'intervalle de temps entre le
retrait de la spirale et le moment de l'insémination ainsi que la
complémentation de l'aliment de la vache influencent le taux de
gestation.
Les résultats obtenus avec un taux moyen de gestation
de 46,10 % sont assez satisfaisants ; cependant, de nombreuses contraintes
entravent le développement de l'insémination artificielle en
milieu paysan. Il s'agit notamment des contraintes alimentaires, climatiques,
sanitaires, génétiques, politiques, commerciales et
socioéconomiques.
A ces dernières s'ajoutent les difficultés
d'ordre financier, logistique, technique et organisationnel rencontrées
au niveau de différents acteurs de l'insémination
artificielle.
Ainsi nous recommandons vivement de :
· faire les inséminations pendant les saisons
favorables à l'alimentation et aux moments les plus frais de la
journée ;
· procéder à la vulgarisation du principe de
l'insémination artificielle bovine et de ses bénéfices
;
· insister sur la stabulation des animaux et la
complémentation alimentaire des animaux par des concentrés ;
· faciliter les initiatives de regroupements des
éleveurs et l'accès de ces derniers au crédit ;
· promouvoir des cultures fourragères,
associées aux techniques de conservation telles que le traitement de la
paille à l'urée, l'ensilage ;
· faciliter les soins et le suivi sanitaire du cheptel par
les vétérinaires ;
· faire régulièrement des recyclages des
inséminateurs ;
· faire une formation des éleveurs sur la conduite
et le suivi des vaches inséminées.
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