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De la psychanalyse du sujet connaissant à  l'objectivité scientifique dans l'épistémologie Bachelardienne

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par Merleau NSIMBA NGOMA
Université chrétienne Cardinal Malula RDC - Licence en philosophie et lettres 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

Nous voici au terme d'une longue dissertation philosophique centrée essentiellement sur la pensée de Gaston Bachelard. Que dire ?

Nous pensons dire qu'héritière de la philosophie d'Auguste Comte et d'Ernst Mach, l'épistémologie empiriste de des philosophes viennois du début du siècle dernier a fortement et suffisamment alimenté les grands débats et les discussions philosophiques qui ont jalonné toute l'histoire de la philosophie des sciences du XXème siècle.

Deux thèses essentielles soutiennent l'idéologie de l'empirisme logique : celle d'un désengagement ontologique radical qui peut être rattaché à toute l'entreprise philosophique d'Ernst Mach, thèse selon laquelle la science doit éviter de s'immixer dans la métaphysique en évitant en même temps de s'interroger sur le `'pourquoi `' des phénomènes, elle ne doit s'acharner qu'à n'en saisir que le `'comment'' à propos duquel elle effectue ses calculs à des fins de prévision rationnelle ; l'interprétation de cette thèse en conclura à un phénoménisme intégral ou à un empirisme radical187(*).

Quant à la seconde thèse, elle s'attellera sur un certain justificationnisme ou un vérificationnisme ; elle voudrait que la philosophie des sciences ne se préoccupe plus vraiment du contexte de la découverte mais qu'elle s'interroge sur le contexte de justification de ses énoncés. Parties des contestations antinazies de ses membres, ces deux thèses trouveront leur terrain d'érection dans les terres anglo-américaines.

Beaucoup de philosophies des sciences traditionnelles, en effet, y trouvent leur compte : les philosophes conventionnalistes, justificationnistes, verificationnistes ou phénoménistes.

Et un des traits caractéristiques de ces épistémologies est justement, « La nette prédominance de la théorie cumulative dans le développement historique des sciences, accentuant davantage le principe d'induction».188(*) Nous notons, sous la remarque de Bachelard, qu'avec ces épistémologies traditionnelles, en fait, la structure évolutive des connaissances ou des théories scientifiques accroîtrait par une sorte de sédimentation progressive.

C'est principalement autour de ces contextes presque `'tumultueux'' et `'polémiquant'' que nous avons construit l'ensemble de notre dissertation philosophique que nous avons articulé autour de trois principaux chapitres.

Dans le premier chapitre où nous nous sommes concentré à la relecture des théories ou des questions épistémologiques relatives à la croissance et surtout à la conception de la connaissance scientifique, nous avons pour le besoin de la cause, remonté cette relecture avec le positivisme que la tradition reconnaît à Auguste Comte.

Pour ce dernier, avons-nous souligné au chapitre introductif, l'esprit ne saurait atteindre le fond des choses et doit se borner à la seule recherche des lois de la nature, conçue comme des relations invariables de succession et de similitude. C'est sur la loi des trois états que ce positivisme reposait. Dans la description de ces trois états, Comte a retenu `'l'état positif'', qui, selon lui, est le point culminant de sa théorie. Il est, en effet, caractérisé par l'abandon du `'pourquoi'' et le seul attachement au `'comment'' à la recherche des lois effectives gouvernant les phénomènes.

Kant, abordant dans la même perspective, soutient que seule les phénomènes peuvent être saisis par la raison car le noumène reste jusque là inconnaissable.

Quant à Jürgen Habermas, la seule méthode susceptible de conférer à une science sa scientificité, mieux, son objectivité, c'est la méthode expérimentale. Il poursuit en disant qu'il n' y a que l'intérêt qui guide la connaissance.

La lecture de ces épistémologies traditionnelles nous ont permis de comprendre que Descartes et ses prédécesseurs ont plongé l'épistémologie dans une crise d'identité. Les uns ont fait de la science en posant des questions renvoyant à la `'transphénoménologie'', les autres par contre, ont baigné dans un empirisme radical.

Il fallait attendre, autour des années 30, l'émergence d'une nouvelle discussion visant à dépasser l'empirisme logique et l'idéalisme pour que la science se tourne vers une nouvelle perspective, celle des découvertes. Nous avons remonté cette discussion avec la justification du rationalisme critique que l'on attribue à Popper, pour donner le ton à une nouvelle direction de la problématique dans l'étude des sciences de la nature.

Nous avons montré que, ne souscrivant pas aux thèses fondamentales et majeures du positivisme logique, Karl Popper montre le « progrès de la connaissance scientifique ne passe pas par un principe inductif comme le soutenaient les héros éponymes du cercle de vienne. Ce n'est pas non plus par un cumul des connaissances qu'on arriverait à une structure de la connaissance scientifique... C'est essentiellement, d'après Popper, par la falsifiabilité, c'est par la réfutabilité, la connaissance scientifique est marquée par de conjectures et des réfutations... »189(*).

Revenons à la discussion que Bachelard a entretenue avec les philosophes de l'épistémologie classique, courant dans lequel il insère son compatriote Emile Meyerson à qui il s'oppose directement.

En accord avec les réalistes190(*) (dont Meyerson est le patron, selon Bachelard), Bachelard montre que l'épistémologie peut concéder l'existence d'une réalité perceptible. Cependant, il est un fait qu'avec les idéalistes il est d'accord de la puissance formelle de la pensée discursive. Mais aux uns et autres, Bachelard reproche farouchement en bloc leur incapacité de se rendre compte véritablement du dialogue de la raison et du réel dans les nouvelles sciences physiques contemporaines ; il étale incisivement leur impuissance à rendre justice à l'ontologie discursive implicite qui caractérise ces sciences. Il les accuse impitoyablement de ne pouvoir accéder à la puissance de la déformation et réforme qui caractérise la pensée créatrice à l'oeuvre dans les sciences.

Bachelard, lisons-nous, chez Schotte, « dénonce très souvent l'inadéquation des philosophies traditionnelles de la connaissance, aussi bien du point de vue du réel que du point de vue de la raison »191(*). « L'empirisme, non seulement il s'attarde sur un réalisme immédiat, mais aussi il exalte le donné empirique sans trop juger de sa valeur formative pour la valeur de la connaissance »192(*). Mais il y a quand même plus : sa considération de la pensée comme une redondante pléonastique de l'expérience amène Bachelard à penser qu'aucune pensée d'origine empiriste ne saurait à elle seule suffire à la construction d'une vue cohérente des choses aussi performante qu'une théorie scientifique193(*).

Quant à sa critique contre l'idéalisme, notre philosophe montre qu'il s'endort le plus souvent sur un rationalisme immobile et parce que, à ses yeux, il cache mieux « une impuissance heuristique d'une raison close dont les axiomes présumés éternels résument en fait un savoir acquis »194(*).

Bachelard fait encore remarquer que la grosse erreur de l'idéalisme est de considérer, en dernière analyse, toute réalité comme source d'irrationalité195(*). Bachelard pense qu'une telle approche du donné scientifique n'est pas profitable.

L'objet scientifique, nous l'avions souligné plusieurs fois, n'est pas, pour notre penseur, ce donné gratuit et immédiat, mais ce conglomérat de résistance196(*). En conséquence, « l'esprit qui va vers l'objet doit apprendre à poser des problèmes, à interroger les choses »197(*).

L'accession au monde de l'objet relève d'une certaine secondarité et le donné scientifique, si tant est qu'il faut encore parler de donné, est tardif198(*), démontre l'auteur. Tardif, il est le résultat des rectifications et des réajustements de nos erreurs premières, il est le résultat d'un redressement d'hypothèses erronées, il est la marque d'un présent scientifique qui a su retravailler un passé historique. Il est dans les mots de Schotte, « hypothétiquement construit et reconstruit, il arrête d'être un objet pour devenir un objectif rationnellement construit qu'il faut réaliser, et qu'on peut théoriquement rapporter à d'autres objectifs. Il peut même être un objectif invraisemblable, très éloigné de ce qu'on a déjà vu ou déjà techniquement réalisé, il peut en ce sens paraître `'irréel'', sans arrêter d'être intéressant »199(*).

En ce qui concerne son réalisme propre, il est un réalisme de réalisation. Non pas immédiat, il prévoit le phénomène. En tant que tel, il déclasse la réalité immédiate qu'on trouve au gré des occasions200(*), Bachelard s'explicite en notant que « la réalisation prime la réalité. Cette primauté de la réalisation déclasse la réalité. Un physicien ne connaît vraiment une réalité que lorsqu'il l'a réalisée, quand il est maître ainsi de l'éternel recommencement des choses et qu'il constitue en lui un retour éternel de la raison »201(*).

Ces grandes thèses de l'épistémologie contemporaine nous ont aidé à comprendre et à contextualiser les préoccupations épistémologiques de Gaston Bachelard.

Comme ses contemporains, en effet, nous avons voulu montrer comment Gaston Bachelard à participer à l'anéantissement d'un patrimoine classique : la philosophie du positivisme logique, héritière des grands systèmes traditionnels.

Contre ses contemporains, Bachelard a voulu nous montrer que la science n'évolue pas par une sorte de cumul des connaissances, moins encore par « une réduction de la multiplicité des phénomènes à des groupes, à des ordres et, finalement, à une certaine unité »202(*) ; Comme l'avez bien soutenu Emile Meyerson. « La réduction, pense Bachelard, faussant l'esprit, entrave le développement extensif de la pensée »203(*). La science, par contre, fait essentiellement preuve de ruptures et de sauts. Elle est réorganisatrice et réformatrice. Elle est révolutionnaire et évoluante.

Nous avons, en effet, explicité, dans notre deuxième chapitre que, chez notre philosophe, toute première objectivité est la première erreur dont on doit se débarrasser. Dans notre approche de la réalité, Bachelard indique qu'il y a toujours des obstacles épistémologiques qui réorganisent et régissent notre inconscient. Et la véritable connaissance scientifique est justement une connaissance contre les obstacles épistémologiques.

Bachelard démontre ainsi que toute connaissance scientifique est une connaissance approchée. Il écrit  à ce propos, « scientifique, on pense le vrai comme rectification historique d'une longue erreur, on pense l'expérience comme une rectification de l'illusion commune et première»204(*).

Voilà le sens d'une dialectique d'erreur du passé et hypothèse nouvelle et heureuse du présent, voilà le sens s'une philosophie du non essentiellement caractéristique du nouvel esprit scientifique, voilà surtout le sens de toutes ces dialectiques enveloppantes205(*) qui sont au principe de tous les développements progrès et succès que les sciences physiques contemporaines ont enregistrés.

Pour Bachelard, ainsi que nous l'avions montré, la valeur de la nouveauté qu'apportent les dialectiques enveloppantes se dessine à travers son caractère rectificatif, réformatif d'un passé à partir d'un présent, de l'examen d'un fond, à partir d'un sommet presque icebercien. Du fond, il invite tout scientifique à travailler à l'avenir des sciences à partir des erreurs que nous avons appelé `'les obstacles épistémologiques'', en montrant que « l'esprit scientifique est essentiellement une rectification d'un savoir, un élargissement des cadres de la connaissance. Il juge son passé historique en le condamnant »206(*).

C'est donc ainsi toutes ces thématiques d'une épistémologie relative à la nécessité d'une conversion des connaissances antérieures vers une objectivité qui a pris en charge tout l'ensemble du chapitre deuxième.

Nous y avons découvert, en ce sens-là, que la place prépondérante que le philosophe accorde à la notion d'obstacles épistémologiques, non seulement, elle constitue pour notre auteur, un dépassement par rapport aux autres, quant à la sphère de la connaissance purement objective, mais permet aussi au sujet connaissant de prendre conscience de ces derniers afin de se libérer de ces idées préconçues afin qu'il atteigne la vérité tant cherchée autrement appelée `'l'objectivité scientifique'' Bachelard s'explicite à propos, « en revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel »207(*).

En ce sens, le profond souci de Bachelard est de montrer avec insistance comment le présent scientifique illumine le passé historique.

L'entreprise épistémologique de Gaston Bachelard invalide donc les notions de l'épistémologie antérieures, elle disqualifie les problèmes des épistémologies traditionnelles qu'elle met hors du jeu et qu'elle accuse d'un certain immobilisme et d'un certain fixisme pour le progrès de la science.

C'est donc une philosophie dissidente qui s'acharne contre tout réalisme naïf et immédiat et contre tout idéalisme à vide.

La psychanalyse de l'esprit, qu'il nous propose, a une grande importance par le simple fait que le problème qui handicape le progrès de la connaissance scientifique se trouve lié à la personne qui veut connaître. C'est pourquoi il y a nécessité d'une catharsis pour purifier cet esprit qui doit s'adapter aux nouvelles théories scientifiques en vogue.

Gaston Bachelard a signalé ce qui empêche l'esprit humain de progresser scientifiquement, grâce à la psychanalyse de l'esprit, donnant lieu à une coupure ou rupture épistémologique, l'esprit humain sera à même d'atteindre la vérité désignée scientifiquement par `'objectivité''.

L'objectivité est, pour ainsi dire, un idéal que l'on poursuit. On ne peut la définir que négativement car un mouvement ne se définit pas, il s'accomplit ; ici, il faut comprendre la réflexion comme retour sur ce qui est premier, possibilité de dire non au découpage de la langue, aux impulsions premières, à l'éducation.

Eu égard à ce qui précède, l'objectivité scientifique n'est peut-être qu'un souci, celui de la réflexion. Mais pas n'importe quelle réflexion, c'est celle qui est dépourvue des idées préconçues, constituant un obstacle à l'évolution de la science. C'est tout ce que nous nous sommes proposé de démontrer dans un tout dernier chapitre de notre étude. Bachelard opère, au demeurant, un dépassement et un déclassement des paradigmes classiques de l'empirisme et du rationalisme.

Dépassement et déclassement qui veulent que l'esprit scientifique contemporain s'émeuve dans un champ épistémologique qui prend en compte les deux pôles du savoir : il plaide pour une épistémologie concordataire en considérant qu'il faut nettement dépasser l'opposition entre empirisme et rationalisme. « Pas de rationalisme à vide, pas d'empirisme décousu »208(*). L'activité scientifique suppose nécessairement, d'après Bachelard, la mise en oeuvre d'un rationalisme appliqué ou d'un matérialisme rationnel209(*).

Mais que pouvons-nous dire nous-même de Bachelard que nous venons d'étudier ?

En effet, Gaston Bachelard est intimement porté par le mouvement de la science tel que décrypté dans les ébranlements de sciences physiques de son temps et dans les émerveillements que les sciences nouvelles apportent pour déterminer le nouveau mécanisme et de nouvelles gammes dans l'études et la compréhension des phénomènes de la nature. Il réalise de manière incisive que la science est la véritable école de la raison, qu'elle distend par un effet de retour, et dont elle ne cesse de multiplier les lieux de fécondité.

Ayant découvert ce qui est à la cause de stagnation de la science, en tant que résident dans l'inconscient du chercheur, nous avons été amené à dégager l'importance d'une psychanalyse de l'esprit pour ouvrir la voie à l'objectivité scientifique.

La recherche de l'objectivité qui meut Gaston Bachelard se justifie par le fait que le postulat de l'objectivité guide le prodigieux développement de la science ; « il est consubstantiel à la science »210(*).

Dans cette perspective, l'entreprise de Bachelard est sans nul doute d'une haute portée épistémologique. Cependant, elle semble déjà laisser en nous un certain nombre de malentendu.

S'il est vrai que la science doit progresser en surmontant les obstacles épistémologiques pour créer l'objectivité scientifique, il n'est pas moins vrai que c'est le sujet connaissant qui est appelé à créer cette objectivité. Nous nous sommes posé la question de savoir si `' on peut psychanalyser totalement le sujet connaissant de sorte que la science ne soit vraiment qu'une connaissance objective'' ?

Nous pensons, quant à nous, que dans toute recherche scientifique il y a possibilité de motivations extra-scientifiques du chercheur, par exemple ce qu'il refoule ou sublime, ce qu'il déteste ou ce qu'il chérit, dans sa relation à ses interlocuteurs, fait partie de sa recherche, sans nécessairement que cela bloque la science.

Nous sommes convaincu que l'objectivité scientifique ne peut en aucun cas être purement objective mais toujours la marque du sujet qui réalise cette objectivité. Notre observation, nous la faisons remonter essentiellement sur la systématisation de sa philosophie du non ou de sa notion des dialectiques enveloppantes en rapport avec la notion de discontinuité scientifique et le sens du progrès.

En effet, la tradition philosophique nous a toujours présenté un Bachelard discontinuiste : tout le monde en serait du moins d'accord là-dessus et c'est cette même particularité qu'il partagerait avec Popper, Kuhn, Lakatos et avec tous ceux qui ont adopté l'idéal de la discontinuité dans le progrès des sciences de la nature. Mais la manière bachelardienne de présenter ces progrès, discontinuités pourtant, cache encore mal, à nos yeux l'idée d'une continuité.

Nous savons, par exemple que Kuhn s'est finalement révisé en montrant que, quel que soit le degré de révolutions que subissent de temps en temps les paradigmes, quelle que soit la persistance des crises présidant à ces révolutions et quelle qu'en soient les conséquences, les changements des sciences portent toujours la marque de la tradition.

Et l'herméneutique que nous avons pouvons faire de Lakatos parait la même. Chez lui aussi, en effet, autant que chez Kuhn mais par des voies nettement différentes, il n'est pas difficile de trouver une idée de tradition. De tous les bouleversements que connaissent les sciences, Lakatos montre que seules les hypothèses qui forment la ceinture qui sont convoquées à la révision, à la reformulation et à la réorganisation ; elles sous-tendent et soutiennent ainsi la pertinence du noyau dur, de peur que la science ne devienne qu'une simple structure chancelante sous le coup des révisions interminables.

Notre philosophe, cependant, est resté intransigeant jusqu'à la fin de son oeuvre. Ce que nous ne contestons pas. Par contre, nous trouvons chez lui, l'idée que l'acquis scientifique présent insère l'acquis scientifique passé afin de faire de la science une mémoire rationnelle. C'est cela même la caractéristique fondamentale de la notion des dialectiques enveloppantes dont soutient Bachelard. C'est d'ailleurs, à notre avis, avec cette thèse de progrès par négations dynamisantes où la négation ne perd pas la confiance de la formation première et beaucoup d'autres thèses que nous ne pourront expliciter ici, qu'il s'avère de nous interroger.

« Ces thèses ne portent-elles pas une moindre idée de continuité des sciences ? Le paradigme d'Einstein, s'est-il vraiment dépassé le paradigme newtonien pour faire ses preuves dans l'explication des phénomènes physiques ? A-t-il réussi à piétiner la physique newtonienne ? Newton serait-il réellement mort parce qu'Einstein a su faire renom ?211(*)

Autant des préoccupations et d'interrogations qui ne cessent de rester lancinantes et obsédantes en nous et nous mènent à croire, toute réserve faite, que Bachelard a peut-être aussi professé la continuité mais sous une autre forme : nous laissons cette problématique ouverte.

Quant à ce qui concerne la psychanalyse bachelardienne, elle est, celle qui, conduisant certes le scientifique à un effort d'objectivité dans la recherche, mais nous pensons qu'il y a lieu, là aussi, de repenser certains aspects notamment l'objectivité, elle est, à notre avis, le fruit de l'intersubjectivité pour ne pas tomber dans le `'subjectivisme scientifique'' ni dans ce que nous appelons `'l'illusion d'une objectivité sans sujet'' comme nous le semble suggérer l'épistémologie bachelardienne.

Nous ouvrons, des lors le couvercle d'une marmite contenant notre projet des recherches ultérieures...

* 187 G. Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, p. 121.

* 188 G. BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, p. 123.

* 189 K. POPPER, Op. Cit., p. 202.

* 190 Le réalisme est, suivant Bachelard, toute doctrine qui maintient l'organisation au niveau des impressions elles-mêmes et, qui, place le général après la particulier. Et Meyerson de « professer que la raison doit se faire violence elle-même pour s'adapter aux formes que lui imposent le relativisme. Cfr. La déduction relativiste, p. 366.

* 191 J.-C. SCHOTTE, Op. Cit., p.167.

* 192 G. BACHELARD, Le rationalisme appliqué, p. 40-43.

* 193 Idem, L'activité rationaliste de la physique contemporaine, p.29.

* 194 G. BACHELARD, La philosophie du non, p.105.

* 195 Idem, Le rationalisme appliqué, p. 114.

* 196 Idem, Le matérialisme rationnel, p.10.

* 197 Idem, La formation de l'esprit scientifique, p.14.

* 198 Idem, Essai sur la connaissance approchée, p.275.

* 199 J.-C. SCHOTTE, Op. Cit., p.168-169.

* 200 G. BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, chapitre premier (la notion d'obstacle épistémologiques, plan de l'ouvrage. p. 13-22.

* 201 Idem, Le rationalisme appliqué, p. 53.

* 202 E. MEYERSON, Du cheminement de la pensée, p. 17.

* 203 G. BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, p.139.

* 204 Ibid., p. 172.

* 205 La notion des dialectiques enveloppantes dont il est question ici se situe au coeur du système épistémologique de Gaston Bachelard. Ce dernier stipule que les théories ne sont discontinues au sens de la réfutabilité ou de la falsifiabilité poppériennes, ni au sens des révolutions paradigmatiques, telles que Kuhn le pensera plus tard, au sens d'un développement.

Chez lui, les théories scientifiques ne se développent pas mais au contraire, elles s'enveloppent ; elles ne se contredisent pas, elles se contractent ; elles ne se succèdent pas non plus, elles s'emboîtent. C'est le sens d'une épistémologie historique. L'acquis scientifique présent insère l'acquis scientifique passé pour le retravailler et le réorganiser, et c'est cette réorganisation que Bachelard justement `'dialectique'' pour désigner la démarche spécifiquement progressive de la pensée scientifique. Cfr. Le nouvel esprit scientifique, p.177.

* 206 G. BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, p.178.

* 207 IG. BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, p. 13-14.

* 208 G. BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, p. 179.

* 209 Ibid., p. 183.

* 210 J. MONOD, Op. Cit., p.33.

* 211 Nous nous référons ici aux enseignements du Séminaire de Logique et d'Epistémologie, 2008 - 2009.

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