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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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IX.1.4. La creation d'emplois et la reduction du chômage

Lorsque l'on confine son observation sur les licenciements effectués entre 1983 et 1987, l'on est facilement enclin à une déduction selon laquelle la logique révolutionnaire n'a rien fait pour déchoir le phénomène socio-économique du chômage.

Un statisme analytique a amené certaines personnes à affirmer que le fléau avait même connu sa pire aggravation sous le CNR.

Certes, il est incontestable que la dynamique austère dans laquelle le CNR exerçait sa politique avait conduit de nombreux fonctionnaires au chômage par l'entremise des licenciements incités par les CDR. Mais, doit-on limiter l'analyse lorsqu'on parle de chômage à l'administration ou à la fonction publique de façon globale ? Est-ce que c'est la majorité des Burkinabé qui était employée dans cette fonction publique ?

La distillation d'une analyse objective sur la question commande que l'on ne particularise pas, puisque l'Etat ne gère pas que des fonctionnaires ; en plus, être travailleur, ce n'est pas seulement être fonctionnaire.

De ce point de vue, les thèses qui soutiennent l'amplification du fléau professent plus d'exagération que d'authenticité, car la réalité est que le CNR a travaillé dans le sens d'une résorption du problème. Pour s'en convaincre, il faut se référer d'abord à la libération des consciences que le CNR avait réussie. En effet, le problème qui se posait avant la révolution était que les gens se laissaient aliéner par un sentiment de dépendance ; ils attendaient que les opportunités viennent de l'extérieur à l'état mûr ou de façon surfaite. Pour d'autres, il fallait attendre bonnement une intégration dans la fonction publique pour sortir de l'ornière. Une troisième catégorie de personnes imaginait que le bonheur ne se trouvait qu'au-delà des confins du pays, d'où leur exode massif vers les pays voisins, notamment la Côte-d'Ivoire.

589 Pascal ZAGRE, 1989, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement structurel, Paris, Karthala, page 158.

590 Ibidem.

Le CNR oeuvra à la déchéance de ces idées et mentalités, en inculquant dans la conscience de la population que c'était à elle-même de poser les jalons de son développement, en faisant comprendre aux jeunes qu'ils pouvaient améliorer leur train de vie en s'investissant dans leurs propres terroirs et que la fonction publique n'était pas le seul domaine pour s'assurer une vie économique stable.

Grâce à cette nouvelle approche, plusieurs personnes au niveau des collectivités rurales s'investirent dans le secteur agropastoral. Par exemple, la mise en valeur de 39790 hectares irrigables au Sourou ouvrit l'opportunité d'investir dans la production agricole à plusieurs individus. « En fin de parcours, le Sourou livrera 240 000 tonnes de céréales soit 21,8% de la récolte moyenne de 1979 a 1985 ».591 Il y a également la réalisation du barrage hydro électrique de la Kompienga avec un lac artificiel de 210 Km2 permettant l'irrigation de 2000 hectares592 dans lesquels des producteurs agricoles s'étaient investis. Les travaux de réalisation et l'assistance technique avaient généré déjà un certain nombre d'emplois. La réalisation de ces barrages dans le cadre du PPD et la vulgarisation des techniques d'irrigation favorisèrent l'investissement dans le secteur agricole. Ainsi, malgré une pluviométrie relativement précaire dans son ensemble, le Burkina Faso enregistra une croissance agricole de l'ordre de 6,4% entre 1983 et 1988 et selon un classement de la Banque mondiale, il occupait le 2ème rang africain après le Maroc.593 Notons que ce dynamisme agricole insufflé par le CNR en même temps qu'il marquait des retombées économiques heureuses pour les producteurs résolvait un tant soit peu la problématique de l'auto suffisance alimentaire qui se posait crucialement dans la période d'avant 1983. Une expérience qui a prouvé que le pays n'a pas besoin d'une dépendance étrangère pour solutionner la faim de sa population. La volonté politique peut amener cette dernière à promouvoir par ses propres efforts son autonomie alimentaire. Bref, l'ensemble des différents programmes populaires initiés a donné des emplois, ce qui a sans doute amenuisé le chômage.

Même le secteur informel avait connu un rayonnement jamais atteint. « La révolution, qui a transformé le pays en chantier a tous les niveaux, a provoqué un choc libérateur dans les circuits du secteur informel. L'Etat a ouvert des voies et créé des conditions socio-économiques propices ».594 L'ouverture d'antennes commerciales par les CDR en collaboration avec Faso Yaar, l'aménagement d'auberges ou de buvettes595

591 Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, page 166.

592 Idem, page 167.

593 Basile GUISSOU, 1989, Burkina Faso : un espoir en Afrique, Paris, L'Harmattan, page 130.

594 Idem, page 139.

595 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala, page 337.

200 vitalisaient ce secteur. Certains secteurs comme le 19, le 17 et le 30 avaient obtenus leurs marchés grâce à l'investissement des CDR.596

Au regard de tous ces constats, que dire des allégations qui dénient l'effort du CNR pour la diminution du chômage en brandissant les licenciements opérés ? « Les licenciements des instituteurs dont on parle, c'est un millier de personnes, plus un autre millier du aux sanctions révolutionnaires. ll ne faut pas exagérer. Ce n'est pas impressionnant. Qu'est-ce que cela représente par rapport au nombre de chomeurs qui était déjà sur le terrain ? Peut-être 2 ou 3%. Le fait d'avoir licencié des gens ne peut pas constituer a contrario un mouvement d'exagération du taux de l'augmentation du chomage. lême ceux qui ont été licenciés se sont reconvertis dans d'autres initiatives pour assurer leur survie. Certes, les licenciements ont renvoyé beaucoup de gens, mais les fonctionnaires représentent combien pour cent de la population ? ».597 L'évidence du reflux du chômage entre 1983 et 1987 est une réalité qui s'impose.

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