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La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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II.2.3. Un moyen de compromission du coup d'État de 1984: l'importance du rôle de Gabriel Ebili

Le 04 novembre 1982, le président Ahmadou Ahidjo démissionne du pouvoir, dans un discours diffusé par la radio nationale du Cameroun. Il passe le témoin à son successeur dit constitutionnel, Paul Biya. Le nouveau président Paul Biya prête serment le 06 novembre 1982. Un an et 05 mois plut tard, survient au sein du pays un « p99(*)utsch » orchestré par l'armée nationale. Les acteurs du putsch annonce notamment la suspension des télécommunications. Cela signifiait que même la radio nationale qui avait servi à la retransmission du discours des radicaux devait être fermée, « jusqu'à nouvel ordre ». La tentative de coup d'État échouera, grâce à la contribution exceptionnelle de Gabriel Ebili, technicien de Radio-Cameroun. Avant le 06 avril 1984, Gabriel Ebili est contacté par des hommes qui lui demandent de coopérer. Selon ces hommes, Ebili se devait de céder, au risque de faire l'objet des représailles. Ebili ne savait ni le jour, ni l'heure de l'opération. Il était alors âgé de 27 ans. Quelques jours avant le coup d'État, il prit le soin de mettre sa famille à l'abri, en l'envoyant à Lolodorf à Bibondi, son village natal. Ayant pris peur, il se garda d'informer sa hiérarchie. Aux premières heures de la matinée du 06 avril 1984, des tirs d'obus retentissaient à Yaoundé, capitale du pays. Comme à l'accoutumée, Gabriel Ebili se rendit à son lieu de service au petit matin. Sans anicroche, il atteignit l'enceinte de Radio-Cameroun. Mais lorsqu'il franchissait le portail, il réalisa que la radio était envahie par les militaires armés. L'un d'eux lui administra une sévère bastonnade. Traîné de force par les mutins, Gabriel Ebili mit les émetteurs en marche. Il se garda discrètement de mettre le C.D.M. en marche. Les mutins se montrèrent de plus en plus menaçants, et le conduisirent au studio. Chemin faisant, Ebili rencontra ses collègues Hyppolite Nkengué et Jean Vincent Tchiénéhom, croupissant dans la torture. Les mutins récupérèrent la bande et ordonnèrent Ebili de faire passer leur discours à l'antenne. Ebili s'y était soumis. Voici un extrait du message des fomenteurs du putsch :

L'armée camerounaise vient de libérer le peuple camerounais de la bande à Biya, de leur tyrannie, de leur escroquerie, et de leur rapine incalculable. Oui, l'armée a décidé de mette fin à la politique criminelle de cet individu contre l'unité nationale de notre cher pays. En effet, le Cameroun vient de vivre au cours de ces quinze derniers mois qu'a duré le régime Biya les heures les plus noires de son histoire. Son unité mise en péril, la paix interne troublée, sa prospérité économique compromise, la réputation nationale ternie...Dès maintenant, le Conseil militaire supérieur est amené à prendre un certain nombre de décisions au regard de la sécurité nationale. Et le Conseil militaire supérieur demande au peuple camerounais de le comprendre. En premier lieu, les liaisons aériennes, terrestres, maritimes et les télécommunications sont suspendues jusqu'à nouvel ordre. Le couvre-feu est institué sur l'ensemble du territoire national de 19 heures à 5 heures ...Par ailleurs, la Constitution est suspendue, l'Assemblée nationale est dissoute, le Gouvernement est démis ; tous les partis politiques sont suspendus ; tous les gouverneurs de provinces sont relevés et, enfin sur le plan militaire, les officiers supérieurs exerçant le commandement d'unités opérationnelles sont déchargés de leurs fonctions. L'officier subalterne le plus ancien dans le grade le plus élevé prend le commandement99(*).

Les mutins étaient convaincus du passage effectif de leur message sur l'ensemble du réseau national. Or par les manoeuvres secrètes de Gabriel Ebili, le discours des mutins n'avait été écouté qu'à Yaoundé. Jusqu'à 16 heures, l'entrée de la radio était encore envahie par les mutins. C'est alors qu'arriva le colonel Samobo pierre et ses troupes restée fidèles au régime. Gabriel Ebili lui fit état de la situation. Ebili et Samobo furent rejoints par le capitaine Ivo. Les mutins étaient dispersés. Dès lors, Ebili restaura les branchements des émetteurs, et diffusa le discours du Président de la République qui stipulait que la situation est redevenue à la normale, et que la radio ne pourrait reprendre son fonctionnement que le dimanche. Le 29 septembre 1984, Gabriel Ebili, Alexandre Kokoh, directeur de la radio, et Francis Achu Samba, ingénieur des télécommunications, recevaient la médaille de la vaillance de l'ordre national, pour avoir « sauvé les institutions du pays ».

Les événements ci-dessus font état de la place de la radio nationale dans la communication politique à l'époque. Ils démontrent à suffisance l'importance de son rôle dans la définition des stratégies des acteurs du putsch. Ils laissent entrevoir le rôle important qu'elle avait joué dans l'échec du coup d'État. Selon les stratèges des questions militaires, les mutins auraient réussi leur coup si leur message avait été diffusé sur l'ensemble du territoire100(*).

En tant vecteur de développement, la radio devait avoir pour cible de ces activités les populations locales. Ses émissions devaient tenir compte des enjeux sociaux et des situations des auditeurs potentiels. La radio allait ainsi devenir un moyen de promotion du bien-être de ces derniers.

* 99 I. A. Ngounou, « Cameroun : Coup d'État manqué du 06 avril 1984, rappel des faits », consulté sur www.journal.com/article.plip?aid=8555, le 27 juillet 2011.

* 100 C. Ateba Eyene, Lettre au Président de la République, consultée sur http// www.Camer.be/index1.Php?art=18977&rub=6:1, le 17 juillet 2011.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand