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Le pouvoir de Standard and Poor's, illustration de la raison néolibérale

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par Elise Fraysse
Université Lumière Lyon 2 -  2012
  

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Section 3. Standard and Poor's, fruit du néolibéralisme ?

Si le néolibéralisme s'euphémise au point de disparaitre, s'il est partout sans être pour autant distinctement visible, il est pourtant certain que certaines choses le révèlent de façon plus évidente. Le néolibéralisme n'est pas une idéologie, de sorte qu'il n'épargne rien. Il s'infiltre dans tous les domaines, même ceux que l'on croyait relever du naturel.Le néolibéralisme a profondément modifié la façon de gouverner ; il a modifié le pouvoir et la façon de l'exercer. Dès lors, le pouvoir, à l'instar du néolibéralisme lui-même, est de moins en moins perceptible ; il n'est plus centralisé28(*) comme il l'était sous l'ère de la souveraineté29(*). L'effondrement de la souveraineté dans le génocide30(*) a en effet mené à ce que les Etats ne soient plus les seuls à être détenteurs du pouvoir.Le pouvoir n'est plus aussi entier qu'il ne l'était auparavant : il ne s'illustre plus par la discipline, l'injonction ou le statique. La souveraineté procède de la croyance en une source unique du pouvoir31(*). Le néolibéralisme, au contraire, procède de la croyance que le pouvoir est partout si bien que « la raison du pouvoir n'est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des règles de fonctionnement inhérentes à celles-ci »32(*). Il n'y a plus que des forces qui circulent ; le pouvoir n'est plus extrinsèque, il n'est par là même pas réellement identifiable. Dès lors, peut-être que le néolibéralisme a tout simplement fait échouer la notion même de pouvoir, si bien qu'il pourrait être remplacé par la notion de force33(*).

On l'a compris, le néolibéralisme, c'est le règne de l'immanence contre la transcendance. Or, quoi de plus immanent que Standard and Poor's ? Standard and Poor's, qui est née pour le marché, dans le marché, pourrait presque d'instinct être rattachée au néolibéralisme, dans la mesure où celui-ci considère le marché comme modèle de la société. Sentinelle des marchés financiers34(*), les agences de notation pourraient ainsi être également considérées comme la sentinelle de la raison néolibérale, car les marchés sont le lieu même où le néolibéralisme est le plus exacerbé. Si tel était pleinement le cas, le pouvoir de Standard and Poor's ne serait à peine visible, conformément aux présupposés néolibéraux. Or, aux yeux de nombreux citoyens et dirigeants, le pouvoir de Standard and Poor's est pleinement visible et parfois, condamnable de sorte que la question de savoir si Standard and Poor's s'inscrit dans le paradigme néolibéral peut se poser.

Si avènement du paradigme néolibéral il y a, celui-ci se révèle surtout par rapport à l'Etat car c'est celui-ci que le néolibéralisme bouscule en premier lieu. Ce sont donc les rapports de pouvoir entre Standard and Poor's et l'Etat qui seront le plus révélateur de l'avènement du paradigme néolibéral. C'est donc non seulement dans le fonctionnement et la pensée même de Standard and Poor's, mais également dans la réception de ce modèle par l'Etat que pourra se déceler le néolibéralisme chez Standard and Poor's - c'est-à-dire tant dans son comportement que dans ce qu'elle inculque.En prenant le marché pour modèle de société, en ce qu'il tend à une meilleure efficacité - en réduisant au maximum les externalités négatives de chaque comportement - et à une maximisation des richesses, il semble que la ligne de conduite de Standard and Poor's prenne majoritairement deux directions - qui vont d'ailleurs dans le même sens : le néolibéralisme. D'une part, elle fait de la concurrence son axiome de pensée, car en elle réside l'essentiel du marché35(*) (Chapitre 1). D'autre part, elle prône la fuite de la chose politique, qui caractérisait le modèle précédent de souveraineté36(*) (Chapitre 2).

* 28Ibid., p. 226

* 29 L'emploi de cette formule ne signifie pas que les Etats ne sont plus souverains ; elle renvoie à l'ère où les Etats étaient au centre du monde, avant l'avènement du néolibéralisme.

* 30 Garapon (A.), La raison du moindre Etat, op. cit., p. 156

* 31Supiot (Alain), Homo juridicus. Essai sur la fonction anthropologique du droit, Paris, Editions du seuil, coll. « La couleur des idées », 2005, p. 224

* 32Ibid., p. 227

* 33 Garapon (A.), La raison du moindre Etat, op. cit., p. 226

* 34Idem.

* 35Foucault (M.), Naissance de la biopolitique, op. cit., p.122

* 36Ibid., p. 21

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