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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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3 / Délégation ou perte de souveraineté ?

« Le roi promet aussi de conserver la souveraineté, les droits et noblesses de la couronne de France, sans les
aliéner ou transporter à personne. », Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte, 1709

(posthume)

A) L'Etat comme décideur ultime

Comme l'a démontré le sociologue allemand Norbert Elias dans son ouvrage intitulé Sur le processus de civilisation (1939), l'Etat moderne est le fruit d'un processus de monopolisation de la violence physique, d'abord entamé par les princes pour leur profit personnel et

84 Op. cit., p. 4

85 5e rapport RGPP : partie défense, mars 2011, p. 7.

86 Op. cit., ibid.

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parachevé par la puissance publique. En d'autres termes, la sociogenèse de l'Etat est liée au renforcement des grandes monarchies, qui désarment les seigneurs féodaux en obtenant le monopole de la violence légitime avec le contrôle de l'armée et de la justice.

Max Weber ne dit pas autre chose lorsqu'il définit l'Etat comme le détenteur du « monopole de la violence physique légitime » (Le Savant et le politique, 1919). Cependant, Weber reconnaît que l'Etat peut exercer lui-même ce monopole ou le déléguer. Il s'agit là d'une précision extrêmement importante puisqu'elle autorise l'Etat à ne pas faire « tout par lui-même ».

Dans ces conditions, il apparaît difficile de voir dans l'externalisation une tentative de déconstruction de la souveraineté étatique. En effet, l'Etat n'est pas remis en cause dans sa capacité décisionnelle. Comme le dit Philippe Chapleau, il « reste le décisionnaire / décideur ultime. 87 » De même, pour Eric Delbecque, actuel directeur du département sécurité économique de l'Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice (INHESJ), « refaire l'Etat », c'est redéfinir « les modalités et non l'essence de la souveraineté » et c'est accepter que « la puissance souveraine (puisse) choisir de déléguer, plus ou moins temporairement, un pouvoir, c'est-à-dire une capacité particulière.88 »

B) Le risque de la perte de souveraineté

Cependant, le discours précédent est fortement critiquable car l'externalisation n'est pas un processus uniforme. Soit l'externalisation est un processus additionnel, soit elle est un processus substitutionnel.

Dans le cas où elle est un processus additionnel, l'externalisation est un moyen pour un organisme d'acquérir des capacités qu'il ne possède pas. Il s'agit d'ajouter des capacités externes aux capacités internes. Dès lors, aucune perte de souveraineté ne peut être déplorée. Dans le cas où elle est un processus substitutionnel, l'externalisation est un moyen pour un

87 CHAPLEAU Philippe, Les nouveaux entrepreneurs de la guerre : des mercenaires aux sociétés militaires privées, Vuibert, Paris, 2011, p. 36.

88 DELBECQUE Eric, L'Europe puissance ou le rêve français, Editions des Syrtes, Paris, 2006

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organisme de faire effectuer par une structure externe une fonction qu'il assurait antérieurement. Il s'agit de substituer des capacités externes aux capacités internes.

Dès lors, il y a risque de perte de souveraineté. En effet, en déléguant à une structure externe une certaine fonction, l'organisme court le risque de ne plus être capable de se la réapproprier lorsque le besoin s'en fera sentir (nous reviendrons plus tard sur cette question de la ré-internalisation). Par conséquent, si sur le plan théorique l'Etat reste le décideur ultime, en pratique, il se pourrait bien qu'il n'eût pas toujours le choix.

Après avoir défini ce qu'était l'externalisation, étudié sa genèse et précisé ce qu'elle qu'impliquait en termes de souveraineté étatique, il convient maintenant de s'attacher à la dimension concrète qu'elle revêt.

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