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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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Chapitre 2 - Les limites de l'externalisation

Les limites liées au processus d'externalisation sont nombreuses. Elles touchent aussi bien à la question de la souveraineté nationale, aux domaines économique et social qu'à la culture française.

1 / Limites liées à la souveraineté nationale

« La paix et la sécurité se conquièrent et ne s'implorent pas. On n'a de droits que ceux qu'on sait défendre. Tout individu qui se sait menacé prend ses dispositions en conséquence, et, ces dispositions prises, vaque à ses affaires, à la fois tranquillement et sur le qui-vive. Tout peuple menacé fait de même. S'il ne le fait pas, par lâcheté, et est écrasé demain, qu'il ne s'en prenne qu'à lui. », Henry de Montherlant, L'Equinoxe de septembre, 1938

A) La question de la perte de compétences

a) La réversibilité

Si on laisse de côté l'externalisation définie comme un processus additionnel et que l'on prend l'externalisation sous l'angle de la substitution, c'est-à-dire comme un processus qui consiste à faire effectuer une tâche autrefois accomplie en interne par un prestataire privé, alors la question de la réversibilité se pose. En effet, l'acte par lequel on délègue une compétence porte en lui le risque de perte de cette compétence. C'est notamment le cas lorsque celle-ci nécessite un savoir-faire rare. Ainsi, plus la fonction ou le service externalisé s'avère technique, plus sa réversibilité est faible. Tout l'enjeu de l'externalisation consiste donc pour l'Etat à circonscrire les domaines où la réversibilité est la plus forte possible.

Par ailleurs, cette question de la réversibilité pose également problème aux prestataires privés. En effet, les ESSD recrutent bien souvent d'anciens militaires en raison de leurs compétences et de leur savoir-faire. Or, si l'on externalise complètement certains services, alors même le secteur privé ne pourra plus répondre aux besoins du ministère de la Défense.

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Autrement dit, les prestataires privés n'ont aucun intérêt à ce que l'armée perde des compétences puisque cela reviendrait à « tuer la poule aux oeufs d'or ». Un exemple souvent cité est celui du déminage. Comme le note Philippe Chapleau : la formation initiale et continue d'un spécialiste NEDEX (Neutralisation Enlèvement et Destruction d'Explosifs) est exigeante, longue, coûteuse... Les nombreuses sociétés spécialisées ont tout intérêt à ce que cette formation reste dispensée au sein de l'Institution. C'est pour elles l'assurance de recrutements de qualité et d'économies sur la formation en interne. 176 » Toutefois, ce problème de la réversibilité ne se pose pas si la société privée en question décide de faire appel à de la main-d'oeuvre étrangère...

b) Le coût de la ré-internalisation

Dans le cadre d'une démarche d'externalisation réversible, il importe également de se demander si le coût de la ré-internalisation de la fonction externalisée n'est pas dissuasif. Le coût de la ré-internalisation n'est d'ailleurs pas qu'un coût économique. En effet, dans le cadre de la récupération en interne de fonctions externalisées, il faut prendre en considération la formation du personnel, les structures, l'équipement et le matériel... Comme le note l'ancien député PS Michel Dasseux, « rebâtir un service qui aurait été externalisé pendant dix ou vingt ans représenterait une gageure, une mission quasiment impossible.177 »

D'autre part, la question de la ré-internalisation se révèle compliquée dans les domaines exigeant un haut degré de technicité : transmissions, soutien médical, ravitaillement en vol, informatique, maintenance des avions et des systèmes radars... Comme nous l'avons mentionné auparavant, l'externalisation du ravitaillement en vol en Grande-Bretagne a été un fiasco. A l'opposé, l'externalisation du soutien médical en Australie semble bien fonctionner. Le problème de la ré-internalisation se pose donc sous la forme de la question suivante : est-il raisonnable d'externaliser une fonction qu'il sera presque impossible de ré-internaliser en raison de son degré de technicité ?

176 CHAPLEAU Philippe, Les nouveaux entrepreneurs de la guerre - Des mercenaires aux sociétés militaires privées, Editions Vuibert, Paris, 2011, p. 155.

177 Rapport d'information n° 3595, Sur l'externalisation de certaines tâches relevant du ministère de la Défense, Michel Dasseux, 12 février 2002, p. 32.

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Préconisation n°6 : les comparaisons économiques doivent faire apparaître les coûts de ré-internalisation du service concerné.

Préconisation n°7 : l'externalisation au sein des forces armées ne doit pas être guidée par l'urgence économique et la réalisation de gains financiers immédiats. C'est pourquoi, il importe de se demander si ce qui est intéressant à court terme présente un intérêt sur le long terme. La véritable question à se poser n'est donc pas : est-il judicieux d'externaliser aujourd'hui eu égard aux conditions environnementales actuelles ? Mais plutôt : sera-t-il toujours judicieux dans X années d'avoir externalisé aujourd'hui eu égard aux conditions environnementales de demain ?

Préconisation n°8 : les contrats d'externalisation doivent être suffisamment précis concernant la possibilité d'une ré-internalisation. Cette nécessité passe notamment par l'insertion de clauses facilitant la ré-internalisation telles que les clauses de propriété intellectuelle (propriété industrielle et propriété littéraire & artistique).

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