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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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C) Limites statutaires

Lorsqu'on décide d'externaliser un service ou une fonction, il faut garder en mémoire le fait que le salarié dépend du Code du travail alors que le militaire dépend du Code de la défense.

a) La notion de sacrifice

S'agissant du statut général des militaires, l'article L4111-1 du Code de la défense dispose que « l'état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité ». Le salarié, quant à lui, a « seulement » une « obligation de loyauté à l'égard de son employeur. » (article L1222-5 du Code du travail). Cette différence concernant le degré d'engagement entre le militaire et le salarié ne doit pas être prise à la légère. En effet, on ne pourra jamais exiger du salarié qu'il fasse preuve d'esprit de sacrifice. Or, le mode de fonctionnement de l'armée l'impose, notamment parce que le militaire intervient en situation d'urgence et de danger.

D'autre part, le civil déployé sur un théâtre d'opération non pacifié devra accepter la possibilité d'être tué. Or, « Comment faire cohabiter dans ces conditions des personnels dont le statut prévoit explicitement la nécessité de faire preuve d'esprit de sacrifice et des salariés civils bénéficiant des 35 heures et du droit de retrait en cas de danger grave et imminent ?185 »

185 Rapport d'information n° 3595, Sur l'externalisation de certaines tâches relevant du ministère de la Défense, Michel Dasseux, 12 février 2002, p. 37.

b) La question de la mobilité

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La question de la mobilité doit également être prise en compte. L'article L4121-5 du Code de la défense précise que « les militaires peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu. » A ce titre, on comptait 18 800 militaires déployés hors métropole en mai 2012, dont 7 000 en OPEX186. Au total, environ 8,2 % des forces armées françaises étaient stationnées en dehors de l'Hexagone en 2012. Toutefois, ce pourcentage est supérieur si l'on retire le nombre de militaires n'étant pas projetables. Dans tous les cas, les interrogations de Michel Dasseux s'avèrent pertinentes : « que se passerait-il en cas de refus de la part de civils de se rendre en opération extérieure aux côtés des militaires ? Quelles seraient les conséquences d'une grève, qui demeurerait licite, de la part des employés civils ? Que devient, dans ces conditions, le droit de retrait, ce droit individuel pour tout salarié confronté à un péril immédiat de se retirer de son lieu de travail ? Pourrait-on envisager une restriction, nécessairement législative, des droits habituellement considérés comme fondamentaux pour les employés des sociétés travaillant pour la défense ? Une modification en ce sens de notre droit du travail est difficilement imaginable.187 »

Les questions précédentes ne sont pas purement théoriques. En effet, lors de la guerre du Kosovo (1999), des avions ravitailleurs américains stationnés sur la base de Mont-de-Marsan décollaient tous les matins très tôt. Dans ce cadre, les pilotes devaient prendre leur petit-déjeuner vers une heure du matin. Or, la société privée à laquelle l'Armée de l'air avait décidé de confier la restauration fit valoir qu'un tel horaire n'était pas prévu dans le contrat initial. Il y eut donc une renégociation qui s'acheva par une surfacturation particulièrement élevée de la prestation.

186 Ministère de la Défense, Les chiffres clés de la défense, 2012

187 Rapport d'information n° 3595, Sur l'externalisation de certaines tâches relevant du ministère de la Défense, Michel Dasseux, 12 février 2002, p. 37.

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Préconisation n° 11 : il faut différencier le recours à des ESSD dans le cadre du fonctionnement courant des armées de celui effectué dans le cadre d'opérations militaires exécutées depuis la Métropole ou un théâtre extérieur. Dans le dernier cas, le ministère de la Défense ne peut se permettre aucune défaillance. Or, les ESSD, aussi professionnelles soient-elles, ne présenteront jamais le même niveau de garanties que les forces armées et cela pour deux raisons principales : tout d'abord, toute entreprise privée peut faire faillite, ce qui n'est pas le cas d'un Etat ; ensuite, les ESSD françaises sont régies par les principes du Code du travail ( droit de retrait, droit de grève, semaine de 35 heures...) et non par ceux du Code de la défense (« esprit de sacrifice », disponibilité « en tout temps et en tout lieu »...). C'est pourquoi, il nous apparaît essentiel que les forces armées françaises conservent les capacités humaines et matérielles nécessaires à l'accomplissement autonome de missions opérationnelles relevant de la souveraineté nationale. Compte tenu des contraintes budgétaires pesant sur le ministère de la Défense, cette autonomie ne pourra pas dépasser quelques mois, durée à partir de laquelle il sera possible de recourir à des prestataires privés.

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