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Du mercenariat aux entreprises de services de sécurité et de défense : la question de l'externalisation dans les forces armées françaises

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par François Le Gallic
Ecole de l'air - Sciences Po Aix - Diplôme de Sciences Po Aix 2013
  

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C) Le protestantisme : la doctrine de la prédestination comme déculpabilisation de la richesse

« Celui qui sait que son salut est dans les mains de Dieu, renonce à ses propres forces, ne choisit plus ses propres moyens, mais attend l'action de Dieu en lui. », Luther, Du serf arbitre, 1525

Selon la doctrine de la prédestination, Dieu décide seul de notre salut ou de notre perte, indépendamment de nous-mêmes et de nos actions. Dans ces conditions, même si l'individu prédestiné n'a aucun moyen de savoir si Dieu l'a choisi ou non, des preuves matérielles peuvent signifier qu'il sera sauvé. Ainsi, la réussite sociale dans le protestantisme doit être vue comme une promesse d'élection. Contrairement au catholicisme où l'accumulation des richesses constitue un obstacle au salut209, celle-ci s'avère ici positive puisqu'elle témoigne de l'amour de Dieu et du salut à venir.

a) Luther et la lutte contre les indulgences

Dans le protestantisme, la prédestination a pour origine la lutte contre les indulgences. Dans l'Antiquité, l'indulgence désignait la suppression d'une pénitence publique imposée par l'Eglise aux grands pécheurs. En effet, pour l'Eglise, tout péché, même pardonné, entraîne un devoir de réparation appelé pénitence. En outre, à partir du VIIe siècle, des tarifs d'amendes ont été élaborés en fonction des péchés commis. On parle alors de « pénitences tarifée ». D'où l'idée que le pécheur peut, dès ici-bas, se racheter des peines de l'au-delà par un effort financier (aumône) ou physique (pèlerinage ou croisade), au risque, dénoncé à la fin du Moyen Age, d'une fausse assurance de son salut.

Les papes Jules II en 1507, puis Léon X en 1511, publièrent des indulgences dont le revenu fut affecté à la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome. La moitié des sommes rassemblées en Allemagne servit en fait à payer la taxe due au Saint-Siège pour l'élection d'Albert de Brandebourg comme archevêque de Mayence. Ce fut le scandale dénoncé par Luther en 1517 sous le nom d' « affaire des indulgences ». Pour le Réformateur, les

209 « Il sera plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux. » (Matthieu, 19.24).

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indulgences sont infâmantes car le salut ne peut pas s'acheter. Il n'y a pas de commerce entre Dieu et les hommes. Dieu choisit les élus et les damnés, sans possibilité d'intervention humaine dans le salut personnel de chacun.

b) La réussite sociale comme signe d'élection

S'il n'est plus possible d'acheter son salut par les indulgences et si Dieu a déjà choisi ceux qu'il sauverait et ceux qu'il condamnerait, alors la vie peut apparaître pour le protestant comme bien triste car déterminée à l'avance. Cependant, le croyant peut chercher des preuves ici-bas de son élection à travers la réussite sociale. Sa vie peut-être le reflet du salut qui l'attend. Dès lors, l'enrichissement terrestre et l'activité de profit se transforment positivement en profession, prise au sens honorable de vocation (Beruf). Le protestantisme opère donc un renversement paradigmatique, car comme le note Max Weber : « Le gain est devenu la fin que l'homme se propose, il ne lui est plus subordonné comme moyen de satisfaire ses besoins.210 »

Toutefois, le protestant doit se garder des jouissances de la vie. Investissement professionnel total et ascétisme sont donc les deux faces d'une même pièce au sein du protestantisme et plus particulièrement du calvinisme. Etudiant les écrits théologiques de Richard Baxter, Weber constate que « la dénonciation de l'avidité, de la jouissance liée à la possession et de la consommation, la bénédiction divine à l'aspiration au gain, l'encouragement à l'honnêteté et l'apologie du travail `sans relâche, continu, systématique dans une profession séculière211 ' que ces textes expriment, sont autant d'éléments incitant à la `formation du capital par l'épargne forcée de l'ascèse212 ' 213 ».

Au final, même si la thèse wébérienne expliquant le développement du capitalisme à partir du développement de l'ethos protestant a essuyé maintes critiques, il faut néanmoins retenir que la Réforme est parvenue à déculpabiliser la richesse, « inversant à bien des égards le discours du Christ lui-même. Car que lit-on sur l'argent dans les Evangiles ? Pour l'essentiel

210 WEBER Max, L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme, 1905, trad. J. Chavy, Plon, 1964.

211 Op. cit., p. 236.

212 Op. cit., ibid.

213 LETONTURIER Eric, « L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme », Universalis 2011.

ceci : qu'il est un moyen, certes légitime en soit, mais cependant dangereux, car la logique qui conduit à l'accumuler tourne toujours à l'idolâtrie.214 »

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214 FERRY Luc, « Sur la religion catholique et l'argent », Le Figaro, 22 août 2008.

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